APRÈS LE SUCCÈS DE SES ÉLECTIONS PROVINCIALES, L’IRAQ DOIT MAINTENANT S’ENGAGER DANS LE REDRESSEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL, SOULIGNENT LES MEMBRES DU CONSEIL DE SÉCURITÉ
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Conseil de sécurité
6087e séance – matin
APRÈS LE SUCCÈS DE SES ÉLECTIONS PROVINCIALES, L’IRAQ DOIT MAINTENANT S’ENGAGER DANS LE REDRESSEMENT
ÉCONOMIQUE ET SOCIAL, SOULIGNENT LES MEMBRES DU CONSEIL DE SÉCURITÉ
Le Représentant spécial du Secrétaire général, Staffan de Mistura,
estime que l’amélioration des conditions de vie des Iraquiens est une priorité
L’Iraq, pays qui a retenu le plus l’attention du Conseil de sécurité au cours des 20 dernières années, a fait un grand pas en avant avec le « succès » des élections provinciales du 31 janvier dernier dans 14 de ses 18 gouvernorats, se sont félicités ce matin, tous les membres du Conseil, réunis pour entendre la présentation du rapport périodique* du Secrétaire général sur la Mission d’assistance des Nations Unies dans ce pays(MANUI).
Dans son exposé, le Représentant spécial pour l’Iraq, M. Staffan de Mistura, a expliqué que le peuple et le Gouvernement iraquiens avaient démontré leur capacité à conduire un processus électoral à grande échelle: en l’absence notable d’actes de violence, 7,5 millions d’électeurs se sont ainsi rendus aux urnes pour élire leurs 440 représentants parmi 14 000 candidats et plus de 400 entités politiques, a-t-il souligné, faisant observer qu’environ un quart des 440 sièges seront occupés par des femmes.
Le rôle joué par la Commission électorale indépendante iraquienne, avec le soutien de la MANUI, a été crucial, a souligné M. de Mistura. La tenue de ces élections témoigne surtout de la confiance que les Iraquiens accordent désormais à leurs institutions démocratiques et de leur volonté de mener à bien le processus politique, a-t-il précisé. Pour le rendre crédible, les Iraquiens doivent maintenant œuvrer pour la réconciliation nationale dans ce pays, déchiré par les violences sectaires.
L’un des problèmes qui se pose, a-t-il fait remarquer, est celui des tensions persistantes entre Arabes et Kurdes, qui touchent l’ensemble du spectre politique. Il a tout particulièrement attiré l’attention sur la question des « différends frontaliers internes » et sur le statut de Kirkouk, rappelant que la MANUI travaille en collaboration avec le Comité créé en vertu de l’article 23 de la loi de septembre 2008 sur les élections provinciales.
Dans son rapport, le Secrétaire général indique que ce Comité est chargé d’établir une formule de partage du pouvoir avant la tenue d’élections provinciales dans le gouvernorat de Kirkouk; d’examiner la question des litiges fonciers avant et après le début de l’intervention militaire américaine; et d’examiner également les questions démographiques.
L’Iraq a également été encouragé par les membres du Conseil à consolider les quelques progrès qu’il a accomplis dans le cadre des efforts de reconstruction, tandis que la communauté des donateurs a été invitée de son côté à maintenir son aide, d’autant plus nécessaire à l’heure où les revenus pétroliers sont en baisse en raison de la chute du prix du baril.
Le représentant iraquien a expliqué que l’investissement, en particulier dans les infrastructures, était une priorité des politiques économiques et financières de son gouvernement, qui a alloué 12 milliards de dollars à l’ensemble des ministères et établi un mécanisme national de contrôle des fonds ainsi dégagés. Le représentant du Japon a annoncé des contributions d’un montant de 3,5 milliards en vue de financer la réhabilitation des infrastructures endommagées.
À la lumière de ses obligations découlant du Pacte international pour le pays, le Gouvernement iraquien, a poursuivi son représentant, a aussi signé un certain nombre d’accords bilatéraux avec les pays du Club de Paris par lesquels ceux-ci s’engagent à annuler près de 45 milliards de dollars sur les plus de 52 atteints par la dette nationale.
Alors que les conditions de sécurité s’améliorent et que le sentiment de responsabilité nationale s’accentue, la pénurie de services sociaux de base continue de léser des millions d’Iraquiens, a-t-il cependant fait remarquer. Les Iraquiens attendent de plus en plus des pouvoirs publics pour goûter enfin aux fruits du redressement, a-t-il dit, citant notamment l’emploi, l’approvisionnement en eau potable et les services d’assainissement, l’approvisionnement ininterrompu en électricité, l’amélioration des écoles et la prestation de soins de santé adéquats.
S’exprimant pour la première fois à ce sujet en sa qualité de représentante des États-Unis, pays qui dirige la Force multinationale en Iraq, Mme Susan Rice a rappelé que le retrait responsable des forces américaines s’accompagnerait d’une coopération accrue pour faire de l’Iraq une nation plus démocratique, coexistant dans la paix et la sécurité avec les pays voisins.
Dans ce contexte, a-t-elle assuré, les États-Unis mettront en œuvre une stratégie globale au Moyen-Orient, qui tiendra notamment compte des intérêts légitimes des Israéliens et des aspirations politiques et économiques des Palestiniens. Son pays cherchera également à mettre fin aux ambitions de l’Iran pour acquérir une capacité nucléaire illicite et à son soutien au terrorisme, a précisé Mme Rice. Dans ce cadre, l’Iran et la Syrie seront encouragés à devenir des acteurs régionaux plus constructifs et à renforcer les liens avec les partenaires américains dans la région dans les efforts communs en vue d’instaurer une paix plus vaste et plus viable, a-t-elle ajouté.
LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ
Rapport du Secrétaire général, présenté en application du paragraphe 6 de la résolution 1830 (2008) (S/2009/102)
Dans son rapport sur la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), le Secrétaire général indique que le bon déroulement des élections provinciales, le 31 janvier, constitue une autre réalisation encourageante pour l’Iraq. Il se réjouit que des millions d’Iraquiens aient pu exercer leur droit de vote dans un environnement largement dépourvu de violence. C’est une réalisation remarquable, compte tenu du conflit qui a déchiré le pays ces dernières années. L’Iraq est de plus en plus en mesure de gérer ses propres affaires, indique-t-il, précisant que ces élections ont été les premières à être entièrement organisées par et pour les Iraquiens.
Le Secrétaire général estime que ces élections marquent un tournant décisif car, au niveau local, le processus politique est désormais plus représentatif et ouvert à tous. Il revient maintenant à ceux qui vont siéger dans les conseils des gouvernorats d’engager un dialogue politique constructif afin de traduire en actes les avantages découlant de l’amélioration des conditions de sécurité, dans le but d’obtenir des résultats concrets et d’offrir au peuple iraquien des services de base. Les Iraquiens n’auront le sentiment que leur vote aura eu de l’importance que s’ils constatent un renforcement de la responsabilité, de l’efficacité et de la transparence, précise le rapport.
Le Secrétaire général espère que les dirigeants iraquiens, dans le souci d’instaurer une paix durable, saisiront cette occasion de générer une dynamique positive en faveur du dialogue national et de la réconciliation. Pour cela, toutes les parties concernées devront rester disposées à faire des concessions et œuvrer ensemble dans un esprit d’unité nationale, estime-t-il. Lors des réunions auxquelles il a pris part à Bagdad, il a jugé encourageantes les déclarations qu’ont faites divers responsables politiques iraquiens, qui ont manifesté leur volonté de jouer un rôle constructif.
Au cours des prochains mois, on s’intéressera vraisemblablement davantage aux différends frontaliers internes et au statut de Kirkouk. Les travaux préliminaires que la MANUI a entrepris auprès de ses principaux interlocuteurs à Bagdad et dans les zones faisant l’objet de différends demeurent une priorité pour la Mission. L’ONU est résolue à contribuer en toute impartialité et en toute neutralité au renforcement de la confiance entre les parties concernées, en favorisant le dialogue et en aidant à dégager un consensus. Le Secrétaire général soutient fermement le Représentant spécial dans sa mission de bons offices, qui vise à permettre la réalisation de ces objectifs conformément au mandat de la MANUI et en concertation avec le Gouvernement iraquien.
Le Secrétaire général salue en outre la création de la Commission indépendante des droits de l’homme, qui devra être suffisamment solide pour pouvoir examiner les préoccupations que suscitent actuellement les droits de l’homme et faire respecter les normes internationales en vigueur en la matière, au profit de tous les citoyens iraquiens. L’ONU reste fermement décidée à aider le Gouvernement iraquien dans ce sens.
Les problèmes économiques que connaît actuellement l’Iraq contraindront le Gouvernement à faire des choix difficiles en 2009. Les fonds publics, qui sont indispensables pour assurer la reconstruction et le développement, semblent diminuer, situation qui risque d’entraver la prestation des services de base ainsi que la mise en œuvre des mesures visant à réduire la pauvreté et à atteindre dans le pays les Objectifs du Millénaire pour le développement, prévient le rapport. Alors que les conditions de sécurité s’améliorent et que le sentiment de responsabilité nationale s’accentue, les Iraquiens attendent de plus en plus des pouvoirs publics –aux niveaux national et provincial– qu’ils leur permettent de goûter aux fruits du redressement: emploi, approvisionnement en eau potable et nettoiement des rues, approvisionnement ininterrompu en électricité, amélioration des écoles et prestation de soins de santé adéquats.
L’ONU demeure décidée à aider le peuple et le Gouvernement iraquiens à la faveur d’initiatives clefs, notamment le Pacte international pour l’Iraq, la stratégie d’aide à l’Iraq et la procédure d’appel global, poursuit le Secrétaire général. Il engage donc les États Membres à continuer d’appuyer l’action des organismes, programmes et fonds des Nations Unies opérant en Iraq. M. Ban se réjouit en outre que la Mission continue de s’employer à étendre ses activités à Bassorah, Kirkouk, Nadjaf, Ramadi et Mossoul. Au cours de l’année à venir, il faudra d’ailleurs impérativement renforcer le soutien logistique qui est apporté dans ces gouvernorats et les dispositifs de sécurité qui y sont en place si l’on entend donner plus d’impact aux activités de sensibilisation qu’y mène l’ONU.
L’application de l’accord de sécurité bilatéral a non seulement renforcé la souveraineté de l’Iraq en mettant fin au mandat des forces multinationales conformément à la résolution 1546 (2004) du Conseil de sécurité, mais aussi mis en évidence le fait que les Forces de sécurité iraquiennes étaient de plus en plus aptes à maintenir l’ordre. En novembre 2008 toutefois, la MANUI a été endeuillée lorsqu’une roquette de gros calibre a été tirée sur les logements provisoires de l’ONU dans la Zone internationale, tuant deux membres du personnel d’appui et blessant 15 autres personnes. Globalement, les conditions de sécurité se sont sensiblement améliorées, mais cet incident met en lumière le fait que les fonctionnaires des Nations Unies continuent de vivre et de travailler dans un environnement potentiellement dangereux et demeurent la cible de certains groupes. C’est pourquoi la sécurité du personnel doit rester l’une des premières priorités, souligne le Secrétaire général.
Conformément à ce qu’a demandé le Conseil de sécurité dans sa résolution 1859 (2008), l’ONU est résolue à établir, après avoir consulté l’Iraq, un rapport sur les faits propres à permettre au Conseil d’envisager les mesures à prendre pour permettre à l’Iraq de retrouver la stature internationale qui était la sienne avant l’adoption de la résolution 661 (1990), conclut le Secrétaire général.
Déclarations
M. STAFFAN DE MISTURA, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, a déclaré que la tenue, le 31 janvier dernier, des élections provinciales, les premières en quatre ans, a été sans aucun doute l’évènement récent le plus important pour le pays. L’Iraq s’est montré à la hauteur des attentes de la communauté internationale, 42 000 bureaux de vote ayant été ouverts sous la supervision de la Commission électorale indépendante, et sans violence, ce qui est remarquable, a-t-il dit. Les Iraquiens ont démontré leur capacité à conduire un processus électoral de grande ampleur: 7,5 millions d’électeurs se sont présentés aux urnes pour élire leurs 440 représentants, parmi 14 000 candidats et plus de 400 entités politiques, s’est félicité le Représentant spécial. Au nombre de ces candidats, 3 900 femmes se sont montrées déterminées à améliorer la prestation de services publics en Iraq, qu’il s’agisse de l’électricité, de l’eau et de l’assainissement, de l’éducation et des soins et de santé. Avec l’appui de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), la Commission a rempli les objectifs qui étaient les siens dans les délais convenus, a relevé M. de Mistura. Bien qu’il reste encore à interpréter et analyser les résultats finaux de ces élections, il est encourageant de constater qu’environ un quart des 440 sièges seront occupés par des femmes, a-t-il déclaré, avant de souligner que le bon déroulement de ces élections reflétait la confiance que les Iraquiens placent dans leurs institutions. Il a affirmé qu’il importait désormais aux élus d’assumer leurs responsabilités.
Évoquant ensuite la question de la réconciliation nationale, le Représentant spécial a affirmé que les Iraquiens devaient saisir l’opportunité présentée par le succès de ces élections pour rejeter définitivement les violences sectaires et privilégier la recherche du consensus et du compromis. Ceci implique la volonté de surmonter les tensions à tous les niveaux, a-t-il rappelé, ajoutant que la MANUI était prête à soutenir les efforts du Gouvernement iraquien dans l’exercice de sa souveraineté et la mise en œuvre de ses responsabilités. Une des principales préoccupations porte sur la persistance de tensions entre les Arabes et les Kurdes dans le pays, a poursuivi M. de Mistura, qui a insisté sur la nécessité de trouver une solution acceptable aux différends frontaliers internes et au statut de Kirkouk. Lors de son déplacement dans la région en décembre dernier, il avait discuté des travaux du Comité de l’article 23 (Comité créé en vertu de la loi de septembre 2008 sur les élections provinciales), chargé d’arbitrer ce litige frontalier, mais qui avait été critiqué pour sa lenteur, a-t-il indiqué. La MANUI a tout mis en œuvre, ce mois-ci, pour lever les obstacles qui se posent à l’accomplissement des tâches confiées au Comité chargé de la question et lui prêter assistance dans les domaines de l’expertise technique et de la médiation en cas de désaccords. En outre, la Mission reste engagée à soutenir les organes législatifs indépendants nouvellement établis, tels que la Commission indépendante des droits de l’homme, qui devra être suffisamment solide pour pouvoir examiner les préoccupations que suscitent actuellement les droits de l’homme et faire respecter les normes internationales en vigueur en la matière, au profit de tous les citoyens iraquiens.
Abordant ensuite la question du partenariat international, le Représentant spécial a assuré que la Mission continuerait aussi d’aider le peuple et le Gouvernement iraquiens à la faveur d’initiatives clefs, notamment le Pacte international pour l’Iraq, la stratégie d’aide à l’Iraq et la procédure d’appel global. Des ambassades ont été ouvertes ces derniers mois dans plusieurs pays de la région, notamment au Koweït, à Bahreïn, à Oman, dans les Émirats arabes unis, en Jordanie et en Syrie, s’est félicité M. de Mistura. L’amélioration des relations avec le Koweït se poursuit, tandis qu’un comité conjoint a été établi entre l’Iran et l’Iraq sur la question du déminage et de la sécurité frontalière, auquel participent les Ministres de la défense, de l’intérieur, de l’environnement et des affaires étrangères des deux pays. En outre, au cours de la période à l’examen, le pays a continué de faire des progrès dans son relèvement économique et social. Les réformes entreprises par le Gouvernement ont permis, tout récemment, l’annulation de la dette du Club de Paris, a relevé le Représentant spécial, qui a estimé qu’il faut maintenant traduire cet effort par de véritables changements dans la vie des Iraquiens, a-t-il souhaité.
Il reste beaucoup à faire, a prévenu M. de Mistura, citant la nécessité de rétablir les services sociaux et l’économie de marché, qui doivent se relever d’un quart de siècle de conflits et de difficultés. Près d’un tiers des jeunes sont au chômage et les classes sont surchargées, avec parfois près de 70 élèves par professeur, a-t-il fait remarquer. L’eau potable n’est disponible que dans 40% des foyers, alors que les changements climatiques et la sècheresse menacent les réserves aquifères de l’Iraq. Par ailleurs, la baisse des prix du pétrole rend indispensable l’établissement de stratégies de développement. Le budget 2009 est de 21% inférieur à ce qu’il était prévu initialement et les investissements de capitaux ont été réduits de 38%, a précisé le Représentant spécial. Ces défis pourront être relevés, a-t-il assuré, mais il faudra pour cela un secteur public plus efficace et transparent et un secteur privé renforcé. Dans ce contexte, la générosité des donateurs et le soutien du système des Nations Unies sont plus que jamais indispensables, a-t-il ajouté avant de conclure.
M. HAMID AL-BAYATI (Iraq) a, en premier lieu, abordé la question politique et sécuritaire de son pays. Aujourd’hui, a-t-il dit, le peuple et le Gouvernement de l’Iraq sont fiers du bon déroulement des élections provinciales qui se sont tenues à la fin du mois de janvier dans un environnement démocratique et sécuritaire stable. Ces élections provinciales, dont il a rappelé les résultats et le taux de participation de 51%, très bon, a-t-il précisé au regard de scrutins locaux dans d’autres pays, ont constitué un tournant dans les progrès réalisés par l’Iraq vers l’édification d’une nouvelle démocratie en raison de la participation active de nombreux Iraquiens qui avaient boycotté les élections provinciales en 2005. Le succès de ce scrutin représente un développement important en faveur de la promotion de la réconciliation entre les différentes composantes du peuple iraquien, a-t-il dit. Ce succès, qui est une étape importante dans le développement politique du nouvel Iraq, a suscité l’admiration de nombreuses personnes face à la capacité et au potentiel du peuple iraquien à préparer, à organiser, à gérer et à protéger le système électoral, a-t-il ajouté. Le bon déroulement des élections a démontré le développement important des capacités des Forces de sécurité iraquiennes, ainsi que les gains solides obtenus en matière de sécurité.
Le représentant a en outre rappelé que le Gouvernement de l’Iraq et les États-Unis avaient signé un accord de sécurité pour organiser un partenariat bilatéral futur entre les deux nations indépendantes et souveraines, par lequel celles-ci partagent des objectifs communs de protection et de promotion de leurs intérêts, et de renforcement de la souveraineté et de l’indépendance de l’Iraq. Il a de même estimé que le terme du mandat de la Force multinationale constituait un tournant important pour l’Iraq et marquait la fin d’une ère pour l’ONU et les pays contributeurs. La Force multinationale en Iraq a fourni, a-t-il dit, un appui vital à l’Iraq dans les efforts en vue d’assurer la sécurité et la stabilité du pays et vers l’édification d’une démocratie souveraine, fédérale et unie. Le représentant a par ailleurs souligné que l’accélération de l’amélioration de la sécurité à Bagdad et dans d’autres provinces avait permis d’aider au retour à une vie normale dans de nombreux secteurs. Les familles déplacées de retour dans leurs régions d’origine s’élevaient à environ 40 000 à la fin de 2008, tandis que l’un des plus grands camps de personnes déplacées, dans la province de Najjaf, a été fermé après le départ de 300 familles, a-t-il affirmé.
Le représentant a notamment déclaré que son gouvernement attachait une attention particulière à la question des droits de l’homme pour les détenus iraquiens de droit commun, comme le démontre, a-t-il précisé, la création d’établissements conformes aux dispositions juridiques pour les prévenus et leur permettant de bénéficier de procès équitables. Il a indiqué que le 22 février 2009, la prison centrale de Bagdad avait été ouverte à la presse afin de montrer la politique de grande transparence suivie par le Gouvernement concernant les conditions de détention dans les prisons iraquiennes. Dans le domaine économique et social, l’amélioration concrète de la situation politique et sécuritaire a eu des conséquences positives sur la stratégie nationale de développement, a-t-il poursuivi. Par exemple, le taux de croissance était à la fin de 2008 de 44,2%, tandis que l’inflation avait diminué de 16% en 2007 à 12% lors du dernier trimestre de 2008. De même, le taux de chômage est passé de 17% en 2008 à 15% au début 2009. L’investissement est une priorité des politiques économiques et financières du Gouvernement iraquien, a-t-il expliqué, notant qu’il avait alloué 12 milliards de dollars du budget national aux activités d’investissement concernant l’ensemble des ministères et avait établi un mécanisme national de contrôle des fonds ainsi dégagés. Il a ajouté que le Gouvernement, à la lumière de ses obligations découlant du Pacte international pour le pays, avait signé un certain nombre d’accords bilatéraux avec les pays du Club de Paris par lesquels ils s’engagent à annuler près de 45 milliards de dollars des plus de 52 milliards de la dette nationale. S’agissant de l’industrie pétrolière, le Gouvernement a adopté de nouvelles politiques en vue de la reconstruire et de la développer, a-t-il ajouté. Selon les derniers rapports du Ministère iraquien du pétrole, la production pétrolière a progressé de 11% en 2008, et la production quotidienne de barils est passée de 1,85 million à 2,2 millions, a-t-il souligné. Dans le domaine des services de base, le Gouvernement a réduit le nombre des personnes privées d’eau et d’assainissement de 10% dans les zones urbaines et de 30% dans les régions rurales, a-t-il ajouté.
Le représentant a, par ailleurs, affirmé que son gouvernement poursuivait ses efforts en vue de contrôler et de coordonner le travail des commissions sur les réfugiés, l’énergie et la sécurité dans le cadre adopté lors des réunions des Ministres des affaires étrangères des pays voisins de l’Iraq qui s’étaient tenues à Charm el-Cheikh et à Istanbul. Il a précisé que les derniers mois avaient été marqués par la visite en Iraq de plusieurs responsables internationaux, comme celles, en février, du Président français, M. Nicolas Sarkozy, et du Ministre allemand des affaires étrangères, M. Frank-Walter Steinmeier. De même, a-t-il précisé, le Président iraquien, M. Jalal Talabani, s’est rendu au Koweït pour participer au Sommet économique des États arabes, tandis que le Premier Ministre, M. Nouri al-Maliki, est allé en Iran et en Turquie afin de développer des mécanismes de coopération bilatéraux.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) s’est réjoui de la conclusion le 27 novembre dernier de l’Accord de sécurité bilatérale entre les États-Unis et l’Iraq, et de sa mise en exécution visant le retrait progressif des forces américaines et le transfert d’autorité au Gouvernement iraquien. L’organisation réussie des élections a fourni une preuve palpable de la pertinence de cet Accord et de la capacité du Gouvernement iraquien d’assumer cette autorité, a-t-il dit. Le représentant s’est en outre félicité que la MANUI continue à apporter une importante contribution aux efforts de reconstruction nationale de l’Iraq ainsi qu’une assistance technique dans le cadre des différends frontaliers internes, et de la recherche d’un consensus concernant le statut de Kirkouk. Il a salué de même son investissement pour un dialogue régional, à travers le renforcement des relations bilatérales entre l’Iraq et ses voisins, ainsi que la poursuite de son appui constitutionnel et législatif dans le cadre du développement des institutions nationales iraquiennes. Il a estimé que l’ONU et la communauté internationale tout entière devraient continuer à épauler le Gouvernement iraquien qui doit actuellement faire face à un déficit budgétaire. Le représentant a en outre jugé indiqué, comme le mentionne le Secrétaire général dans son rapport, de donner à la MANUI une nouvelle base opérationnelle, couplée de moyens logistiques conséquents, pour renforcer son autonomie et sa capacité à assumer efficacement son mandat.
M. CLAUDE HELLER (Mexique) s’est félicité du rapport du Secrétaire général, le premier depuis la signature de l’Accord bilatéral de sécurité entre les Gouvernements de l’Iraq et des États-Unis, par lequel les Forces américaines sont désormais placées sous la tutelle des autorités iraquiennes. Il a également salué le déroulement pacifique des élections provinciales, auxquelles a participé la population sunnite, qui avait boycotté les scrutins précédents. Notant l’amélioration des conditions de sécurité, le représentant a émis l’espoir que les gains obtenus en ce domaine se traduiraient aussi par une amélioration des conditions de vie des Iraquiens, y compris des rapatriés qui retournent maintenant dans leur foyer. M. Heller a ensuite déclaré que seul le renforcement des institutions permettrait de faire fructifier les acquis politiques pour l’Iraq. Au fur et à mesure que le soutien international diminuera, le rôle de la MANUI continuera à jouer un rôle actif pour prêter assistance au Gouvernement iraquien à tous les niveaux, a souligné M. Heller. Il a conclu en estimant qu’elle devrait continuer, dans ce contexte, de participer au processus de révision constitutionnelle en cours.
M. IBRAHIM O. A. DABBASHI (Jamahiriya arabe libyenne) s’est notamment félicité du bon déroulement des élections provinciales et de leur taux de participation. Il s’est en outre réjoui de l’amélioration de la situation en matière de sécurité. Il a exhorté la MANUI et le Représentant spécial du Secrétaire général à continuer de jour le rôle neutre qui est le leur, à encourager le dialogue et à aider le Gouvernement iraquien à parvenir au consensus avec toutes les parties concernées. Il est important que le Gouvernement iraquien continue de dialoguer avec les uns et les autres sur la question du fédéralisme, importante pour les intérêts à long terme du pays, a-t-il dit. M. Dabbashi a félicité le Gouvernement iraquien d’avoir signé des accords bilatéraux avec des pays du Club de Paris par lesquels ceux-ci s’engagent à annuler une grande partie de la dette iraquienne. Il s’est réjoui du fait que de nombreuses familles déplacées puissent regagner leurs foyers. Il s’est dit néanmoins préoccupé par le fait que des millions de réfugiés demeurent à l’extérieur du pays, en particulier dans les pays voisins. Il s’est félicité aussi de l’amélioration de la situation des droits de l’homme, grâce en particulier à la constitution d’une Commission indépendante des droits de l’homme. Il s’est néanmoins dit préoccupé par des incidents survenus pendant les dernières élections, au cours desquels des personnalités politiques ont perdu la vie, et que près de 15 000 personnes soient toujours détenus dans des prisons de la » force occupante », dont 58 enfants. L’Iraq doit réoccuper la place qui lui revient sur la scène internationale et qui était la sienne avant que des sanctions ne lui soient imposées en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, a-t-il également dit.
M. THOMAS MAYR-HARTING (Autriche), évoquant le succès des récentes élections en Iraq et, en particulier, la participation importante des Iraquiens à ces élections en dépit du climat sécuritaire difficile, a félicité le travail du Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq et de la MANUI, mais surtout le peuple iraquien qui a ainsi permis à son pays de faire un pas important vers la consolidation du processus démocratique et la réconciliation nationale. L’Autriche espère que les autorités iraquiennes sauront saisir cette opportunité pour dépasser les obstacles qui continuent d’entraver la voie vers la réconciliation nationale. À cet effet, il a jugé encourageant que la MANUI ait été sollicitée pour apporter de l’aide à la Commission parlementaire chargée des questions de répartition du pouvoir, de propriété et de démographie pour la région de Kirkouk. Il a encouragé les autorités locales à également faire appel à la MANUI pour ce qui est du processus de révision constitutionnelle, en particulier concernant la législation des hydrocarbures afin de faciliter à terme les investissements étrangers dans ce secteur. Prenant note de l’amélioration du climat sécuritaire en Iraq, M. Mayr-Harting a estimé qu’il ne faut cependant pas perdre de vue la situation difficile du peuple iraquien qui doit toujours faire face à des attaques-suicide comme l’a montré la récente attaque contre des pèlerins en route vers Karbalah.
Abordant la question des droits de l’homme, le représentant a rappelé le problème des détenus, y compris ceux qui doivent passer sous contrôle iraquien, la situation des femmes et des enfants et des minorités ethniques et religieuses. À cet égard, il a souhaité que le retour significatif de familles chrétiennes à Mossoul montre qu’elles ont davantage confiance pour leur sécurité dans le pays. La mise en place d’une Commission indépendante pour la défense des droits de l’homme par les autorités iraquiennes, et la priorité accordée à la lutte contre la violence à l’égard des femmes par les institutions des Nations Unies opérant sur place sont, a estimé le représentant, des mesures encourageantes pour faire avancer la cause des droits de l’homme sur le terrain. M. Mayr-Harting a également appelé les autorités iraquiennes à faciliter le retour des personnes déplacées et des réfugiés dans la dignité et la sécurité. Dans ce contexte, il a salué le travail et les efforts des Nations Unies et des pays voisins comme la Jordanie et la Syrie.
M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a rappelé qu’aucun pays n’avait sollicité autant l’attention du Conseil de sécurité depuis 20 ans que l’Iraq et qu’à cet égard, il était encourageant de constater les progrès réalisés à la fois par le Gouvernement et les Forces de sécurité iraquiennes. Se félicitant lui aussi de la tenue des élections, il a souligné qu’elles avaient été à la fois compétitives et inclusives, ce qui montre, a-t-il dit, que la démocratie est en train d’asseoir solidement ses bases en Iraq. La délégation a ensuite appuyé les efforts de la MANUI pour trouver une issue aux « différends frontaliers internes », en particulier à Kirkouk. Les Nations Unies, a estimé M. Sawers, font un travail vital à tous les niveaux, qu’il s’agisse de la restauration de l’état de droit, de la promotion des droits de l’homme ou du renforcement des institutions démocratiques. De son côté, le Conseil de sécurité envisagera les mesures nécessaires à prendre pour permettre à l’Iraq de retrouver la stature internationale qui était la sienne avant l’adoption de la résolution 661 (1990), a-t-il assuré. En conclusion, M. Sawers a estimé que le rétablissement de relations diplomatiques et pacifiques avec ses voisins était également indispensable pour parvenir à cet objectif.
M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a estimé que la tenue des élections provinciales le 31 janvier dernier avait constitué une étape importante sur la voie de la consolidation de la démocratie et de la réconciliation. Ces élections, a-t-il ajouté, constituent une victoire pour le peuple iraquien qui a montré qu’il s’était pleinement approprié ce processus démocratique. De même, le Gouvernement iraquien doit être félicité pour avoir assuré l’organisation de ce scrutin, a-t-il dit. Comme l’ont indiqué les Ministres des affaires étrangères de l’Union européenne, le 23 février dernier, il importe désormais de mettre à profit le résultat de ce scrutin pour réaliser de nouveaux progrès concernant l’amélioration des conditions de vie du peuple iraquien ainsi que le processus de réconciliation nationale, a-t-il souligné, notant que cela passait par la poursuite de l’engagement positif du Gouvernement iraquien, de la communauté internationale et des États voisins.
Le représentant a ainsi jugé que la MANUI devrait continuer à apporter son expertise au Gouvernement iraquien pour avancer sur la question des limites intérieures disputées, en particulier s’agissant de Kirkouk, comme sur celle du processus de révision constitutionnelle. En outre, la reconstruction et la croissance économique seront un deuxième défi majeur en 2009, a-t-il ajouté, précisant que la France avait procédé à l’annulation de la dette iraquienne à hauteur de 4 milliards d’euros. La MANUI devra également, a estimé M. Ripert, continuer à appuyer les efforts du processus des pays voisins pour parvenir à des avancées concrètes sur l’énergie, la sécurité et les frontières, les réfugiés et déplacés internes. Enfin, les efforts concernant la question du respect des droits de l’homme doivent se poursuivre, notamment pour ce qui est de la situation des prisonniers. Le représentant a par ailleurs souligné que la visite du Président français, M. Nicolas Sarkozy, en Iraq le 10 février dernier, avait marqué solennellement le soutien résolu de la France à l’ancrage démocratique, à la restauration de la souveraineté et aux efforts de reconstruction de l’Iraq. De manière plus générale, a-t-il conclu, il importe que le cycle positif actuel permette à l’Iraq de recouvrer sa pleine souveraineté.
M. RUHAKANA RUGUNDA (Ouganda) s’est félicité de l’inclusivité et de la représentativité qui ont marqué les récentes élections provinciales et a salué le rôle croissant de la Mission d’assistance des Nations Unies en Iraq (MANUI) dans le renforcement de l’état de droit. Il a cependant fait observer que des progrès restent à faire dans les domaines des services de sécurité et de services sociaux de base, dans la protection des droits de l’homme, dans la réconciliation nationale et dans le retour des personnes déplacées et des réfugiés. Le représentant a appelé le Gouvernement iraquien et les donateurs à veiller à ce que les projets approuvés puissent être financés complètement, de manière à ce que le peuple iraquien puisse goûter aux fruits de la reconstruction du pays, à savoir l’emploi, l’approvisionnement en eau potable et les services d’assainissement, l’approvisionnement ininterrompu en électricité, l’amélioration des écoles et la prestation de soins de santé adéquats.
M. BAKI İLKIN (Turquie) s’est félicité de la bonne tenue des élections provinciales à la fin du mois de janvier et a estimé que l’Iraq avait pris cette année un bon départ. Toutefois, a-t-il ajouté, ces élections provinciales ne représentent qu’un premier pas dans la consolidation de la démocratie dans le pays et la voie vers la stabilité et la sécurité. Il a relevé diverses difficultés auxquelles le pays reste confronté: le réexamen de la Constitution de manière à réellement unifier les Iraquiens, le règlement des différends sur les limites administratives internes, le transfert pacifique des responsabilités en matière de sécurité aux forces iraquiennes sans créer de vide après le départ des forces internationales, la promulgation d’une loi sur les hydrocarbures qui bénéficie à tous les Iraquiens et les élections parlementaires de la fin de l’année. Le représentant a estimé que trois niveaux sont à considérer pour réussir en Iraq. Le premier, a-t-il ajouté, dépend des Iraquiens eux-mêmes: c’est l’obligation pour tous les partis politiques du pays de travailler ensemble de bonne foi, de manière à ce que les décisions soient prises par consensus plutôt que par la confrontation. À cet égard, M. İlkin a estimé que le message fondamental issu des élections de janvier est en faveur de l’unité et de la bonne gouvernance. Le peuple iraquien a récompensé ceux qui transmettaient le bon message; il faut maintenant le mettre en œuvre, a-t-il ajouté.
Le second niveau de responsabilité incombe aux pays de la région, a estimé M. İlkin. Affirmant que son pays avait représenté depuis longtemps une ligne de vie essentielle pour l’acheminement de l’aide humanitaire et de la reconstruction à l’Iraq, il a estimé que la coopération bilatérale entre la Turquie et l’Iraq avait atteint un niveau sans précédent dans divers domaines, y compris dans la lutte antiterroriste. Il s’est, à cet égard, réjoui que les autorités iraquiennes manifestent des signes de coopération dans la lutte contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu’il a qualifié d’organisation terroriste vicieuse. Le représentant a enfin estimé que le troisième niveau de responsabilité incombe à la communauté internationale tout entière. L’Iraq ne peut être considéré essentiellement comme un problème régional, a-t-il fait remarquer, et les Nations Unies doivent continuer à jouer un rôle important dans la période critique à venir. Outre l’assistance humanitaire et à la reconstruction des différentes institutions des Nations Unies, il a ainsi jugé de la plus haute importance le soutien apporté par la MANUI à la révision constitutionnelle, ainsi que son intervention dans le différend sur les « frontières internes » et le statut de Kirkouk. Qualifiant Kirkouk de « microcosme doté d’une grande diversité ethnique », le représentant a ajouté que cette ville ne devait pas devenir le point de départ d’un nouveau conflit en Iraq et a apporté le ferme soutien de la Turquie au « rôle neutre et impartial » de la MANUI.
M. NEVEN JURICA (Croatie) a affirmé que les dernières élections provinciales avaient constitué un jalon important sur la voie de la démocratisation de l’Iraq. Le succès de ce scrutin témoigne de l’amélioration de la sécurité obtenue depuis l’an passé, a-t-il estimé. De même, la conclusion de l’Accord bilatéral de sécurité entre l’Iraq et les États-Unis est un autre événement phare, a-t-il souligné. Le représentant a également noté que l’augmentation et l’expansion des activités de la MANUI s’étaient avérées justifiées, compte tenu de l’amélioration de la sécurité.
M. ZHANG YESUI (Chine) a estimé que les récentes élections iraquiennes s’étaient déroulées de manière remarquable, grâce notamment au soutien de la Commission électorale indépendante et de la MANUI. Pour asseoir les progrès du pays dans le domaine politique, il est maintenant indispensable pour l’Iraq de réaliser des progrès dans le domaine économique et social, a-t-il souligné. Le représentant de la Chine a également souhaité que le pays normalise ses relations avec les pays voisins et que, sous la houlette du Gouvernement iraquien, la MANUI et la Force multinationale continuent d’aider l’Iraq à poursuivre les efforts de reconstruction.
M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a expliqué que durant la période considérée, des progrès significatifs avaient été accomplis dans les domaines politique, de la sécurité et de la reconstruction, avec notamment la réduction de la violence et de la criminalité, l’amélioration des capacités des forces de sécurité iraquiennes et le retour progressif des personnes déplacées et des refugiés. Le délégué a par ailleurs accueilli avec satisfaction la récente tenue, le 31 janvier 2009, d’élections provinciales dans 14 des 18 gouvernorats que compte l’Iraq, et la décision du Gouvernement iraquien d’allouer la somme de 25 millions de dollars à la construction du siège intégré de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI). Le représentant s’est cependant dit préoccupé par les défis que continue à faire face l’Iraq, en relevant notamment les cas de tirs de roquettes contre les installations des Nations Unies, les actes de violence commis avant la tenue des récentes élections. Il s’est également dit préoccupé par le taux de chômage élevé, la détérioration des conditions de vies des groupes vulnérables dont la vaste majorité sont les femmes, les enfants, les refugiés et les personnes déplacées. « La situation pourrait s’aggraver du fait de la présente crise financière internationale et des fluctuations du prix du pétrole », a-t-il ajouté.
Le représentant du Viet Nam a, en outre, souligné l’importance de consolider les acquis actuels, en mettant en exergue la nécessité de promouvoir le dialogue et la réconciliation nationale, et d’en finir avec les clivages sectaires. Il a conclu en soutenant les efforts entrepris par les Nations Unies en appui au Gouvernement iraquien visant le renforcement des institutions nationales et la restauration de la confiance. Sa délégation, a-t-il ajouté, appuie également le règlement du statut de Kirkouk et des autres questions de frontières internes, ainsi que le processus de révision constitutionnelle et la promotion du dialogue régional, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que la situation en Iraq avait évolué de manière positive, notamment en matière de sécurité. Il s’est félicité du déroulement, sans difficultés particulières, des dernières élections provinciales en Iraq. Le scrutin, a-t-il dit, représente un jalon important vers le processus inclusif de réconciliation intérieure. Le représentant a toutefois relevé le faible taux de participation, qui était de 40% à Bagdad, ainsi que le fait que des catégories importantes de la population, comme les réfugiés et les personnes déplacées, n’aient pas pu se rendre aux urnes. Le représentant a en outre fait part de sa préoccupation concernant les problèmes liés aux droits de l’homme, à la violence, aux conditions de détention dans les prisons iraquiennes. Ces problèmes, s’ils ne sont pas réglés, a-t-il prévenu, risquent de constituer, notamment, un terreau fertile à d’éventuelles activités terroristes.
M. JORGE URBINA (Costa Rica) a félicité la MANUI pour le rôle crucial qu’elle a joué, aux côtés de la Commission électorale iraquienne, dans le succès des récentes élections provinciales. Il a affirmé que la communauté internationale devrait concentrer maintenant son aide sur les zones où les indices humanitaires restent les plus faibles, en particulier dans le sud du pays. Ce soutien doit aussi s’accompagner d’un renforcement des institutions démocratiques et des organes judiciaires, a prévenu le représentant. Le représentant s’est dit ensuite préoccupé par la persistance de violations des droits de l’homme en Iraq, considérant en particulier comme essentielle la répression des crimes d’honneur. Il a espéré, avant de conclure, que la Commission nationale des droits de l’homme permettra de réaliser des progrès à cet égard.
Mme SUSAN RICE (États-Unis) a affirmé que l’Iraq était une question de très grande importance pour son pays, où des milliers d’Américains continuent d’y risquer leur vie. Elle a fait état du futur redéploiement des forces américaines qui, a-t-elle dit, sera dans l’intérêt de l’Iraq au fur et à mesure que le pays pourra assumer ses responsabilités en matière de sécurité. Elle a souhaité qu’une série de mesures en matière de sécurité plus large puisse être prise afin d’éliminer la menace que représentent les groupes terroristes d’Al-Qaida et associés. Rappelant que les États-Unis avaient signé l’an dernier un accord bilatéral de partenariat avec l’Iraq, elle a souligné que le Gouvernement iraquien espérait toujours, malgré tout, la poursuite de l’appui de la communauté internationale. Elle a ainsi encouragé tous les États à aider l’Iraq à renforcer la démocratie et l’état de droit, à renforcer ses relations avec les États voisins et à favoriser le retour des réfugiés et des personnes déplacées.
La représentante des États-Unis a salué l’action essentielle des Nations Unies en Iraq. La MANUI a élargi et étoffé sa présence en Iraq, a-t-elle ainsi rappelé, notant que son travail était aussi diversifié qu’important. Elle a exprimé la fierté des États-Unis à promettre tout leur appui à la MANUI. De même, la représentante a estimé que les dernières élections provinciales, qui se sont déroulées de manière pacifique, et qui ont joui d’une très grande légitimité, avaient constitué un moment important de la démocratie iraquienne. La Commission électorale indépendante iraquienne a été à la hauteur de ce défi, a-t-elle ajouté, saluant à nouveau le travail d’appui de la MANUI. Elle a espéré qu’avec l’aide de la MANUI et du Gouvernement iraquien, les Iraquiens pourront participer dans les mêmes conditions aux scrutins futurs. La représentante s’est également attardée sur le sort des millions de réfugiés et de personnes déplacées, dont le nombre, a-t-elle dit, est l’un des plus importants au monde. Elle a exhorté la communauté internationale à redoubler d’efforts pour accueillir les plus désespérés et les plus vulnérables, aider à cet égard le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que le Gouvernement iraquien à se doter des capacités nécessaires.
La représentante a par ailleurs assuré que les États-Unis aideraient l’Iraq à devenir un pays de plus en plus démocratique, coexistant dans la paix et la sécurité avec les pays voisins. Ils agiront de manière responsable compte tenu de la situation sécuritaire pour réduire leur présence en Iraq, a-t-elle dit. Un accord à long terme est en cours d’application pour aider l’Iraq en matière énergétique, technique et d’éducation, a-t-elle expliqué. Elle a également souligné que le retrait responsable des troupes américaines leur donnerait davantage de souplesse en Afghanistan. Les États-Unis mettront en œuvre une stratégie globale au Moyen-Orient, qui tiendra compte notamment des intérêts légitimes des Israéliens et des aspirations politiques et économiques des Palestiniens, a-t-elle déclaré. Elle a ajouté que son pays chercherait à mettre fin aux ambitions de l’Iran à acquérir une capacité nucléaire illicite et à son soutien au terrorisme. Les États-Unis vont également encourager l’Iran et la Syrie à devenir des acteurs régionaux plus constructifs et renforcer les liens avec les partenaires américains dans la région dans les efforts communs en vue d’une paix plus vaste et plus viable.
M. YUKIO TAKASU (Japon) a salué, à la suite des autres membres du Conseil, le déroulement pacifique des élections provinciales iraquiennes, souhaitant que les élections nationales connaissent un succès comparable. L’amélioration des conditions de sécurité est également encourageante, a ajouté le représentant, qui a cependant regretté la persistance d’actes de violence. De l’avis de sa délégation, il faudrait accorder la priorité à la réhabilitation, à la reconstruction et au développement, afin d’améliorer les conditions de vie des Iraquiens. C’est la raison pour laquelle son pays a porté à hauteur de 1,6 milliard de dollars l’aide d’urgence qu’il prête à l’Iraq pour rétablir l’électricité et fournir des soins de santé, a précisé le représentant. Par ailleurs, outre six milliards de dollars pour alléger la dette iraquienne, le Japon a fait des annonces de contributions d’un montant de 3,5 milliards pour réhabiliter les infrastructures endommagées, a-t-il poursuivi. Soulignant ensuite les défis à relever en Iraq, le représentant a estimé qu’il faudrait relancer la croissance économique et améliorer les services sociaux de base, dans un contexte où les revenus du pétrole sont en baisse. Il a aussi mentionné les « différends frontaliers internes », la révision de la Constitution et la tenue des élections nationales. Il est également indispensable pour l’Iraq de normaliser ses relations avec la communauté internationale et de rendre à ce pays la place qui était la sienne avant l’adoption de la résolution 661 (1990).
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