AG/10863

Assemblée: le Président malgache privé de parole à un débat qui continue d’être marqué par les tensions régionales et la lutte contre les changements climatiques

Le débat général de l’Assemblée générale, qui a continué d’être dominé par les tensions régionales et la lutte contre les changements climatiques, a été interrompu pendant plusieurs minutes aujourd’hui par une discussion sur l’opportunité de laisser monter à la tribune le Président de la Haute Autorité de la Transition du Madagascar, Andry Nirina Rajoelina.

Les délégations ont suivi la motion d’ordre de la République démocratique du Congo (RDC) qui, au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a nié au Président malgache le droit de s’exprimer.  La contre-proposition que le Président de l’Assemblée générale a faite conformément à l’avis du Conseiller juridique des Nations Unies a donc été rejetée par 23 voix contre, 4 voix pour et 6 abstentions; la très grande majorité des États Membres ayant choisi de ne pas participer au vote.

La SADC considère la prise de pouvoir de M. Rajoelina comme un coup d’État et réclame le retour à l’ordre constitutionnel.  Le nouveau Président tient son pouvoir d’un directoire militaire qui le lui a remis après le départ forcé, le 17 mars dernier, du Président Marc Ravalomanana, pourtant réélu en 2006.

Au troisième jour de son débat général, l’Assemblée générale a entendu plus d’une trentaine d’autres chefs d’État et de gouvernement, dont les dirigeants de la Palestine, du Liban, du Pakistan, de la Somalie, du Zimbabwe et de l’ex-République yougoslave de Macédoine, évoquer, à leur tour, les tensions ou conflits régionaux auxquels leur pays est en proie.

Les dirigeants de plusieurs petits États insulaires en développement ont également été nombreux à prendre la parole pour tirer, une fois de plus, la sonnette d’alarme au sujet des changements climatiques.

« Tous les efforts internationaux de ces derniers jours, qui ont été salués par le peuple palestinien et les pays arabes, se heurtent à l’intransigeance d’Israël qui refuse d’accepter les conditions préalables à la relance du processus de paix », a dénoncé le Président palestinien, Mahmoud Abbas. 

Hier, le Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait réitéré ses conditions préalables à la paix, à savoir la reconnaissance d’Israël comme « État-nation du peuple juif » et la démilitarisation de tout futur État palestinien. 

Aujourd’hui, le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s’est demandé comment poursuivre des négociations sur le tracé des frontières et sur Jérusalem « pendant que des bulldozers changent la réalité des choses sur le terrain pour imposer des frontières voulues par Israël ».

Venant de la même région, le Président libanais, Michel Sleiman, a jugé « indispensable » que des efforts se poursuivent en vue d’amener Israël à se conformer à toutes les dispositions de la résolution 1701 du Conseil de sécurité.  Il a appelé la communauté internationale à prendre les mesures contraignantes adéquates pour amener Israël à dédommager « convenablement » le Liban pour les dégâts occasionnés par ses attaques contre son pays.

Son homologue du Pakistan, Asif Ali Zardari, qui, comme l’année dernière, a collé une photo de son épouse défunte, feu Benazir Bhutto, sur son téléprompteur, a affirmé son intention de travailler avec l’Afghanistan pour une « restauration rapide » de la paix et de la stabilité dans ce pays ».  Il a également manifesté son désir d’établir des « relations amicales » avec l’Inde.

Le Président pakistanais a en outre dénoncé le « virus » du terrorisme et de l’extrémisme qui a pénétré la société pakistanaise en raison, selon lui, d’une instrumentalisation de la religion.  « Pour éliminer cette mouvance, il faut frapper à ses racines et nous exhortons les démocraties de la planète à faire plus pour la paix et le développement des peuples affectés par l’activisme armé et la terreur », a-t-il lancé.

Le Président du Gouvernement fédéral de transition de la Somalie, Cheikh Sharif Cheikh Ahmed, a rappelé que son pays a surtout besoin d’une assistance dans le secteur de la sécurité, sous la forme d’un renforcement des forces et de la police nationales; du renforcement de la Mission de l’Union africaine (AMISOM); et du déploiement d’une force de maintien de la paix des Nations Unies.

Dans les mois à venir, a-t-il promis, nous continuerons à promouvoir un dialogue politique ouvert avec tous les segments du peuple somalien dont les insurgés, pour reconstruire une Somalie en paix avec elle-même et ses voisins.

De son côté, le Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine a regretté « l’absurdité du différend » qui oppose son pays à la Grèce, seul obstacle qui l’empêche d’accéder à la famille euroatlantique.  Affirmant son attachement au « pouvoir du dialogue », il a néanmoins prévenu que son pays accepterait toute solution raisonnable pour autant qu’elle n’affecte pas son identité nationale, culturelle et linguistique. 

Le Président du Zimbabwe, Robert Mugabe, a regretté, quant à lui, que les États-Unis et l’Union européenne refusent de lever les sanctions contre son pays.  « S’ils ne veulent pas promouvoir la relance de l’économie zimbabwéenne, peuvent-ils au moins arrêter leur sale besogne? », a supplié le Président, soupçonnant ces deux pays de semer la zizanie parmi les membres du Gouvernement inclusif. 

Depuis sa formation en février, a-t-il affirmé, le Gouvernement inclusif fait preuve de conviction, d’unité et d’un engagement sans faille à offrir au pays une nouvelle vision de l’avenir.

De leur côté, les dirigeants des petits États insulaires en développement ont incité le Conseil de sécurité à passer à l’action face au « lent tsunami » que sont les changements climatiques, en adoptant une résolution sur ses implications sécuritaires. 

Le Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, Baldwin Spencer, a avoué attendre « avec anxiété » les conclusions du Sommet de Copenhague, prévu en décembre 2009, sur le successeur du Protocole de Kyoto relatif à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Conscient que les problèmes écologiques des pays comme le sien ne se limitent pas à l’élévation du niveau de la mer, le Président des Palaos, Johnson Toribiong, a annoncé, sous les applaudissements, que son pays allait devenir le premier sanctuaire de requins au monde. 

Son homologue de Kiribati, Anote Tong, a indiqué que son pays compte préserver en temps que patrimoine commun de l’humanité, la zone protégée des îles Phoenix qui constitue, avec leurs 400 000 kilomètres carrés, le plus vaste espace marin protégé au monde.

Le débat général se poursuivra demain, samedi 26 septembre, à partir de 9 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. ROBERT MUGABE, Président du Zimbabwe, a rappelé que son pays a toujours soutenu la nécessité pour les Nations Unies de servir les intérêts de tous ses États Membres.  Toutes les institutions internationales doivent respecter les principes universels qui fondent le multilatéralisme, en particulier le principe d’égalité entre les États Membres et le droit au développement.  C’est pourquoi, a-t-il précisé, son pays soutient le thème de cette session et espère la tenue d’un débat sincère.

Le Zimbabwe, a encore déclaré M. Mugabe, est en faveur de la revitalisation de l’Assemblée générale pour qu’elle soit plus efficace et à même d’honorer son mandat.  Il s’est dit préoccupé par la tendance des autres organes à empiéter sur les prérogatives de l’Assemblée.  En conséquence, tout principe de revitalisation doit renforcer le principe de reddition des comptes de tous les organes principaux et subsidiaires devant l’Assemblée.  Le Président a donc espéré que les négociations sur la réforme du Conseil de sécurité permettront de détruire les barrières qui empêchent parfois les États Membres de faire des progrès dans des domaines d’un intérêt stratégique pour l’Afrique. 

Cette réforme, a-t-il insisté, est non seulement souhaitable mais impérative pour que le Conseil puisse assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales, au nom de tous les États Membres.  Il a dénoncé le fait que l’Afrique y soit sous-représentée, ce qui, a-t-il estimé, est une violation « indéfendable » du principe démocratique dans les relations internationales.

Revenant sur la Conférence des Nations Unies sur la crise financière en 2009, il a noté que cette crise a démontré la folie qui consiste à laisser la gestion de l’économie mondiale aux mains de pays et groupes autoproclamés gestionnaires.  Il est urgent, a-t-il dit, que le Groupe de travail de l’Assemblée parvienne à un accord prévoyant un plan de relance pour répondre à la crise.  Mais ce plan ne réussira que s’il est accompagné d’une réforme globale des institutions de Bretton Woods, réforme qui devrait conduire à l’entrée de l’Afrique subsaharienne dans leur Conseil d’administration.

Poursuivant, M. Mugabe a appelé à plus de financements dans le secteur agricole africain et exhorté les pays développés à supprimer ou à réduire leurs subventions et à ouvrir leurs marchés.  Sur le front du VIH/sida, il a appelé la communauté internationale et les compagnies pharmaceutiques à faciliter l’accès aux antirétroviraux.

Le Président s’est attardé sur la situation dans son pays.  Depuis sa formation en février, a-t-il dit, le Gouvernement « inclusif » a fait preuve de conviction, d’unité et d’un engagement sans faille à offrir une nouvelle vision au pays et améliorer la vie des gens de paix et d’harmonie.  Il a donc regretté qu’alors que les pays de la région ont fait des efforts pour aider le Zimbabwe, les pays occidentaux, les États-Unis et l’Union européenne, aient refusé de lever les sanctions imposées à son pays.

« Quelles sont leurs raisons », a-t-il demandé, en se déclarant convaincu que certains d’entre eux s’acharnent à semer la zizanie parmi les membres du Gouvernement inclusif.  « S’ils ne veulent pas aider le Gouvernement à relancer l’économie, peuvent-ils au moins arrêter leur sale besogne? », a supplié le Président. 

Au vu de la portée globale des défis que connaît le nouveau millénaire, M. MARCUS STEPHEN, Président de la République de Nauru, a estimé que le système de gouvernance multilatérale devait être revitalisé afin d’être plus réactif et plus représentatif.  « Les pays les plus importants ont tendance à nous noyer, et ce au sens littéral du terme en ce qui concerne les petits États insulaires », a-t-il observé.  « Quand les géants vacillent, ce sont souvent les plus petits qui souffrent le plus », a-t-il souligné.

Pour le Président Stephen, la communauté internationale doit renouveler son engagement envers les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a souligné que 40% de la population du Pacifique vivaient avec moins d’un dollar par jour, et que la région connaissait une série de défis particuliers.  Ceux-ci, a-t-il précisé, sont exacerbés par le fait que l’isolation géographique dont souffre la région rend d’autant plus difficile l’accès aux marchés de ses produits.  À titre d’exemple, à Nauru, un sac de riz coûte 60 dollars, contre moins de 25 dollars dans le reste du monde, a-t-il expliqué. 

Après avoir déploré la chute des montants des ressources de l’assistance et de l’aide au développement, M. Stephen a engagé l’ONU à renforcer sa présence dans le Pacifique en y ouvrant un bureau spécial.  « Il est d’une importance critique que les agences de l’ONU travaillent de manière plus rapprochée avec nos gouvernements », a-t-il ajouté.  Le Président Stephen a également engagé la communauté internationale à réformer le secteur financier international afin de permettre à tous les pays en développement de jouir d’un partage équitable de la prospérité économique mondiale.

M. Stephen a ensuite engagé les États Membres à prendre un engagement ferme à Copenhague.  Les changements climatiques présentent une menace « gravissime » pour Nauru et d’autres, a-t-il affirmé.  Il a également invité le Secrétaire général à se rendre dans les îles du Pacifique pour y constater par lui-même l’impact des effets des changements climatiques.  Il a par ailleurs qualifié d’inacceptable le fait que les pays développés aient proposé des limites d’émissions insuffisantes qui provoqueraient, selon lui, une concentration bien plus importante de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.  Il les a engagés à fournir l’équivalent de 1% de leur PIB aux pays qui sont dans le besoin pour financer « d’urgence » les efforts d’adaptation et d’atténuation des pays en développement.

« Les changements climatiques sont une menace imminente pour la sécurité internationale et le Conseil de sécurité doit suivre de près l’évolution de la situation », a-t-il enchaîné.  M. Stephen a ensuite estimé que cet organe devait devenir plus représentatif de toutes les composantes de la communauté internationale et a proposé que l’Inde, le Japon, l’Allemagne et le Brésil occupent des sièges permanents.  Il a également jugé que Taïwan devait pouvoir participer au travail des agences spécialisées de l’ONU.

M. JOHNSON TORIBIONG, Président des Palaos, s’est félicité des engagements pris par la communauté internationale, le Japon notamment, pour répondre aux défis que posent les changements climatiques.  « Nous devons déployer tous nos efforts pour arrêter ce lent tsunami qui menace de tous nous engloutir », a-t-il dit.  Il importe, selon lui, d’examiner tous les aspects des changements climatiques, notamment leur impact sur la sécurité, a-t-il affirmé, se félicitant de la perspective de voir le Conseil de sécurité se pencher sur la résolution 63/281 qui porte sur les implications sécuritaires des changements climatiques.

Les Palaosiens ont toujours vécu en symbiose avec la mer, mais son niveau augmente « avec rage » pour nous détruire, a-t-il enchaîné.  Il a demandé qu’un moratoire soit imposé aux pratiques de pêches destructives comme le chalutage, la récolte non durable d’ailerons de requins et la surexploitation des stocks de thon.  Il a par ailleurs dénoncé la pratique « odieuse » qu’est, selon lui, le chalutage, laquelle détruit les récifs de coraux.  Il a plaidé pour une « solution internationale » à ce problème.  La résolution adoptée en 2007 au sujet de la pêche durable engageait les États Membres à y mettre un terme d’ici à 2009.  Il a renouvelé son appel pour que cette pratique fasse l’objet d’un moratoire international, a-t-il ajouté.

S’agissant de l’exploitation des ailerons de requins, le Président Toribiong a précisé que cette pratique était interdite dans les Palaos et a engagé la communauté internationale à agir pour sauver ce poisson de l’extinction.  Il a également annoncé, sous les applaudissements, que les Palaosiens allaient devenir le premier sanctuaire de requins au monde.  « Nous ne pouvons plus rester les bras croisés, a-t-il dit, alors que des navires étrangers viennent illégalement dans nos eaux pour s’emparer de notre ressource la plus importante, nos stocks de thon, et ce sans égard pour l’environnement », a ensuite lancé le Président des Palaos.  Il a indiqué qu’il œuvrerait pour la création d’une organisation de pays exportateurs de thon, sur le modèle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).

S’agissant de la crise économique, le Président Toribiong a affirmé que son pays avait besoin de capitaux et d’expertise afin de promouvoir son secteur privé.  Il a également plaidé en faveur de la création de partenariats afin d’établir une économie viable aux Palaos.  « Mettons fin une fois pour toute à la fiction selon laquelle nous avons besoin de dons », a-t-il dit.  « Ce dont nous avons besoin, ce sont des partenaires afin de faire avancer notre économie et de mettre un terme à la migration de notre population. »

M. TOOMAS HENDRIK ILVES, Président de l’Estonie, a noté qu’au courant de l’année écoulée, comme l’ont fait plusieurs autres leaders, il s’est plusieurs fois exprimé sur les effets de la crise économique et financière mondiale.  Cependant, a-t-il remarqué, même si cette crise a des impacts réels sur les questions de sécurité, de droits de l’homme et de développement, il ne faudrait pas qu’elle éclipse les autres défis auxquels le monde doit faire face.  Et même si un an après la crise, l’économie mondiale est en voie de stabilisation, a noté le Président estonien, elle est loin d’être terminée, le besoin de reconstruire le système financier international demeurant aussi vif qu’il l’était avant.  M. Ilves a estimé que les dirigeants et les gouvernements devraient se garder d’élever des barrières commerciales aux frontières de leur pays, afin d’éviter que de nouveaux déséquilibres n’apparaissent.

Évoquant la question des changements climatiques, il s’est félicité de ce que le monde ait enfin pris conscience de l’ampleur des défis qu’ils posent.  « Nous ne courons pas un 100 mètres, mais un marathon », a averti le Président de l’Estonie. « Nous devons donc garder le rythme », a-t-il préconisé.  Il a rappelé qu’il n’y avait plus de temps à perdre, au moment où la fonte des glaciers est devenue une réalité et que les ouragans, les inondations et les vagues de canicule sont plus fréquents et anormaux par leur ampleur.  « Ce n’est pas le monde que nous voulons laisser à nos enfants», a-t-il fait remarquer. 

M. Ilves a estimé que des efforts collectifs et unis étaient nécessaires afin de parvenir à un accord ambitieux, contraignant et équilibré, pour la période post-Kyoto, qui commence en 2012, à l’issue de la Conférence de Copenhague, qui aura lieu en décembre prochain.  Il s’est dit en faveur de l’application du principe du pollueur-payeur.  Il a estimé que les énergies « vertes », renouvelables et efficaces, ainsi que la diversification de leurs sources contribueront non seulement au développement durable et au développement économique, mais aussi à la promotion de la paix et de la sécurité.  Le Président estonien a annoncé que son pays envisage d’accroître son usage des énergies renouvelables, et en particulier la biomasse et l’énergie éolienne.  D’ici la fin de l’année, l’Estonie mettra en place une agence de l’énergie afin d’aider ses citoyens à mieux utiliser les nouvelles énergies, a-t-il indiqué.

Abordant la question de la sécurité internationale, M. Ilves a plaidé afin que les Nations Unies disposent de davantage de ressources afin d’accomplir les missions qui leur sont confiées et qui ont un caractère « unique ».  Il a lancé un appel au respect des principes centraux de la Charte, et en particulier au respect du principe de non-agression contre l’intégrité et l’indépendance des États Membres.  C’est dans ce sens, a indiqué M. Ilves, que l’Estonie soutient les efforts en faveur de la paix et de la sécurité en Géorgie, qui doivent être déployés en tenant compte du principe de souveraineté dont jouit chaque État.

Le Président estonien a exprimé sa préoccupation face à la situation en Afghanistan.  « Il est essentiel que le processus électoral aboutisse à des résultats qui soient légitimes aux yeux du peuple afghan », a-t-il dit.  L’avenir de ce pays dépend de ses citoyens, et la communauté internationale ne peut apporter qu’une aide, a-t-il constaté.  Il a noté que l’Estonie a renforcé sa contribution en matière de sécurité et sa présence militaire en Afghanistan, et a salué le rôle que joue l’ONU dans ce pays, estimant que l’Organisation y a un « impact positif ».

Parlant d’autres types de conflits, le Président estonien a noté la prolifération des menaces cybernétiques, qui s’attaquent de plus en plus aux systèmes électroniques et à l’Internet et mettent en danger non seulement les installations techniques mais aussi les communautés humaines.  Les attaques cybernétiques deviennent de plus en plus complexes et fréquentes, a-t-il relevé.  Elles nécessitent une approche internationale plus coordonnée et un cadre juridique pour criminaliser ces attaques.  Il nous faut créer un environnement cybernétique plus sûr, a recommandé M. Ilves.

Évoquant ensuite les enjeux humanitaires, il a noté que les défis sont, dans ce domaine, tout aussi importants que dans les autres secteurs déjà évoqués.  Les conflits qui perdurent vont encore augmenter les besoins humanitaires, a-t-il dit.  Mais nous sommes prêts à y faire face.  Il a appelé la communauté internationale à honorer les engagements qu’elle prend sur ces questions, en dépit des préoccupations économiques actuelles.  Le prix à payer à long terme sera énorme si on n’agit pas maintenant, a-t-il prévenu, tout en se félicitant des efforts déployés à cet égard par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).  Le Président estonien a également exhorté les pays donateurs à rendre l’aide humanitaire plus accessible et plus flexible, en respectant les principes et bonnes pratiques de l’action humanitaire.  Il a noté que son pays jouait un rôle de chef de file au Conseil économique et social sur les questions humanitaires, mais a déploré que le soutien apporté à la résolution des problèmes humanitaires soit parfois sélectif.  Abordant la question des réformes en cours à l’ONU, il a averti que ne pas réformer le Conseil de sécurité serait risqué. « Il est de notre devoir de faire en sorte que la réforme du Conseil devienne réalité », a-t-il souligné.

Le Président de la Côte d’Ivoire, M. LAURENT GBAGBO, a rappelé que la date de l’élection présidentielle dans son pays a été fixée au 29 novembre 2009, en affirmant qu’« il n’y avait plus d’obstacle politique à la tenue du scrutin ». Je voudrais, a-t-il ajouté, dire notre volonté à tout mettre en œuvre pour sortir définitivement de la crise par les élections.

Revenant sur la crise énergétique, alimentaire et financière qui a secoué le monde, Laurent Gbagbo a relevé que les plans de sortie de crise qui en ont découlé sont d’ordres différents.  Cela montre, a-t-il dit, qu’il y a des limites au multilatéralisme et que les États conservent leurs prérogatives et prennent leurs responsabilités en matière économique », a déclaré Laurent Gbagbo.

Le Président ivoirien a remarqué que la mobilisation en Afrique et autour de l’Afrique a été timide, comme si le secteur financier africain n’était pas suffisamment intégré au secteur financier international.  Il a insisté sur le fait que c’est pourtant en Afrique que la crise financière est devenue une crise économique, accentuant la fragilité socioéconomique. « Il n y a pas de pays qui sont à l’abri des crises », a soutenu Laurent Gbagbo, appelant à la surveillance du système financier et à la réforme du système monétaire et financier international.

Dans un tel contexte, a-t-il poursuivi, la réforme des Nations Unies est essentielle.  Pour Laurent Gbagbo, la seule voie efficiente d’une paix durable demeure le traitement équitable des conflits au sein d’un Conseil de sécurité réformé, plus démocratique et plus crédible.  En conséquence, a-t-il estimé, il est mieux indiqué de confier la prévention, la gestion et le règlement des conflits locaux aux organisations régionales, voire sous-régionales.

Cette approche, a-t-il insisté, qui a été consacrée en avril 2008 par le Conseil de sécurité gagnerait à être approfondie par une véritable mise à jour du mécanisme de coopération avec les organisations régionales tel que prévu par la Charte de l’ONU.  S’appuyant sur l’expérience de la gestion et du règlement de la crise ivoirienne, le Président a estimé que le dialogue direct à l’ivoirienne offre en effet des pistes de réflexion que pourraient utilement exploiter les Nations Unies.

Alors que son pays vient de subir d’importantes inondations qui ont entraîné des pertes en vies humaines et de nombreux dégâts matériels, M. BLAISE COMPAORÉ, Président du Burkina Faso, a attiré l’attention de la communauté internationale sur la question des changements climatiques.  Il a rappelé l’importance de prendre des mesures importantes et appropriées pour faire face à ces changements.  Il a, à cet égard, salué la tenue en décembre de la Conférence de Copenhague.  Engagé dans ce combat, le Burkina Faso accueillera en octobre le septième Forum mondial sur les opportunités pour un développement durable dans le contexte des changements climatiques, a indiqué le Président. 

M. Compaoré a, par ailleurs, exprimé ses inquiétudes concernant la situation au Darfour.  Il a rappelé que son pays, en tant que fournisseur de contingents, était engagé dans l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD).  La situation en Somalie, en Guinée et à Madagascar reste pour lui une source de préoccupations, a-t-il ajouté.  Il a salué la tenue récente des élections en Guinée-Bissau, et a mis en avant l’engagement des acteurs politiques à assurer l’application effective des Accords de sortie de crise en Côté d’Ivoire et au Togo. 

M. Comparoé a, par ailleurs, évoqué la situation au Sahara occidental, le bon déroulement des élections au Liban et la contribution de la République de Chine au développement des pays les moins avancés.  Le Président burkinabé a conclu son propos en évoquant les questions de désarmement et de la réforme de l’ONU.  Il a appelé à une représentation juste et équitable de toutes les régions du monde, au renforcement de l’efficacité du Conseil de sécurité et à la revitalisation de l’Assemblée générale.  

M. MICHEL SLEIMAN, Président du Liban, a indiqué que son pays aspirait à être élu membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2010-2011, et en tant que membre fondateur de cette Organisation, il abordait cette échéance avec confiance.  Le Liban réaffirme la disposition de son pays à prendre part aux délibérations du Conseil de sécurité et aux résolutions qui en émaneront, notamment celles relatives au Proche-Orient, a ajouté M. Sleiman, qui a réitéré son attachement à la Charte des Nations Unies.  Il a rappelé que toutes les solutions à la question du Proche-Orient étaient consignées dans les termes de référence de la Conférence de Madrid et l’Initiative arabe de paix.  Selon lui, les parties concernées doivent exprimer une réelle volonté d’avancer vers la paix.  Cependant, a-t-il déploré, une telle volonté n’existe pas du côté d’Israël, ce pays, a-t-il dit, ne cessant de lancer des menaces d’agression et de guerre comme moyen d’imposer sa domination et son hégémonie.  Il a appelé la communauté internationale à prendre les mesures contraignantes adéquates pour amener Israël à honorer ses obligations internationales à l’égard du processus de paix, dans les délais définis et raisonnables, conformément aux recommandations du dernier Sommet arabe de Doha. 

Alors que cette année marque le soixantième anniversaire de la création de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), M. Sleiman a souhaité qu’une solution soit trouvée au problème des réfugiés palestiniens.  Il a estimé qu’une solution passait par leur droit naturel et légitime au retour dans leur terre et leur pays d’origine.  C’est la raison pour laquelle le Liban a refusé l’implantation des réfugiés palestiniens sous toutes ses formes sur son territoire, dans le souci de préserver leur droit au retour, a-t-il ajouté.  Concernant les récentes élections législatives « transparentes et intègres », le Président a souhaité que soit formé, le plus tôt possible, un gouvernement d’union nationale. 

M. Sleiman a jugé indispensable que des efforts se poursuivent en vue d’amener Israël à se conformer à toutes les dispositions de la résolution 1701 adoptée par le Conseil de sécurité.  M. Sleiman a enfin souhaité que la communauté internationale œuvre afin d’amener Israël à dédommager convenablement le Liban pour les dégâts considérables occasionnés par ses attaques contre son pays.  Le Président libanais a enfin salué le rôle de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) dans le sud du pays, et a affirmé son attachement à la sécurité de cette Force.

CHEIKH SHARIF SHEIKH AHMED, Président de la Somalie, a tout d’abord remercié les parties qui apportent une aide à son pays pour l’aider à assumer son intégrité et son indépendance.  Il a également remercié l’Union africaine pour ses efforts, avant de faire le point sur les progrès accomplis par son pays depuis le Processus de paix de Djibouti.  La Somalie s’attache à promouvoir la sécurité et à promouvoir la réconciliation, tout en s’efforçant de subvenir aux besoins des populations déplacées, a-t-il expliqué. 

Malheureusement, a-t-il dit, une opposition violente a décidé de faire tomber le Gouvernement, et aujourd’hui tout le monde sait que des extrémistes étrangers ont rallié les rangs des insurgés.  Malgré tous les efforts, on ne peut dire, a reconnu le Président, que tous les Somaliens ont rejoint le processus de réconciliation.  On voit bien que des groupes et des individus veulent préserver les avantages qu’ils tirent du chaos. 

Faut-il rester passif face à eux? Non, a répondu le Président, en appelant à une action immédiate qui servirait aussi de leçons à d’autres.  S’agissant de la lutte contre la piraterie dans laquelle il voit un symptôme de la situation générale en Somalie, il s’est félicité de la baisse des actes de piraterie grâce aux efforts de la communauté internationale. 

La Somalie, a poursuivi le Président, a surtout besoin d’assistance dans le secteur de la sécurité, sous la forme d’un renforcement des forces et de la police somaliennes; d’un renforcement de la Mission de l’Union africaine (AMISOM); et d’un déploiement d’une force de maintien de la paix des Nations Unies.

Dans les mois à venir, a promis le Président, nous continuerons à promouvoir un dialogue politique ouvert avec tous les segments du peuple somalien dont les insurgés, pour reconstruire une Somalie en paix avec elle-même et ses voisins, soucieuse de coopérer à la lutte contre le terrorisme et l’insécurité.

Le Président a conclu par la question de l’embargo sur les armes imposé à son pays par le Conseil de sécurité.  Il l’a appelé à réexaminer la question à la lumière des circonstances actuelles.  Maintenant que le pays est confronté à une insurrection violente qui a pour objectif de renverser le Gouvernement, avec l’aide d’Al-Qaida et d’autres groupes violents, la Somalie, a dit son Président, espère que le Conseil l’aidera à rétablir ses forces de sécurité sans lesquelles il est impossible de restaurer la stabilité nécessaire à la reconstruction du pays. 

Le Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, M. GJORGE IVANOV, a rappelé devant la soixante-quatrième Assemblée générale des Nations Unies la « priorité absolue » qu’était la mise en œuvre des Objectifs du millénaire pour le développement.  Soulignant la nécessité urgente d’établir des critères durables en matière de respect de la nature et de l’environnement, Gjorge Ivanov a indiqué que son pays est activement engagé dans la réalisation des buts que s’est fixés la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), il y a plus de 10 ans.

Se félicitant du thème de la session, le Président a fait valoir l’exemple unique que représente son pays en matière de cohabitation multiethnique et multiconfessionnelle.  Il a rappelé les « progrès impressionnants » réalisés par son pays, qui désormais espère engager les négociations sur son accession à l’Union européenne.  « Mon pays a rempli toutes les conditions préalables pour appartenir à l’OTAN », a ajouté le Président, réitérant son soutien à la coopération régionale et son engagement à de bonnes relations de voisinage et au dialogue.

« Tous les gouvernements de mon pays se sont concentrés sur les deux stratégies primordiales que sont l’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN », a martelé Gjorge Ivanov, qui partage les « valeurs euroatlantiques » et la vision commune sur l’élargissement de la zone de stabilité et de sécurité en Europe du Sud-Est.   Dans cette optique, le Président a souligné que « l’acte de notre voisin du sud qui a empêché l’entrée de mon pays à l’OTAN est contraire à l’Accord intérimaire de 1995 ». 

Cet acte était motivé, a-t-il constaté, par la volonté d’influencer les résultats des négociations tenues sous les auspices des Nations Unies.  Cependant, le Président a insisté sur le fait que son pays était sincèrement engagé dans le processus de règlement du différend qui l’oppose à son voisin du sud, dans le cadre du mécanisme mis en place par les résolutions de l’ONU.

Mon pays, a ajouté le Président, espère que malgré « l’absurdité du différend », le seul obstacle qui l’empêche d’accéder à la famille euroatlantique sera levé.  Malgré, a-t-il poursuivi, la violation flagrante des obligations internationales perpétrée par le voisin du sud et à propos de laquelle le pays a fait appel devant la Cour internationale de Justice (CIJ), mon pays demeure convaincu du pouvoir du dialogue et continue de participer au processus de négociations avec la Grèce.

En l’occurrence, a-t-il précisé, le seul cadre demeure les résolutions de l’ONU.  Mon pays, a prévenu le Président, acceptera toute solution raisonnable qui n’affectera ni ne niera son identité nationale, culturelle et linguistique.  Il n’est pas de droit plus souverain que le droit à l’autodétermination et à l’auto-identification, a insisté le Président, en espérant que la Grèce abandonnera sa politique consistant à prendre des décisions, « en se prévalant de son pouvoir », pour influencer négativement les résultats des négociations. 

M. NICHOLAS JOSEPH ORVILLE LIVERPOOL, Président du Commonwealth de Dominique, a affirmé que l’impact de la crise économique, financière et sociale mondiale sera le plus lourdement ressenti par les ressortissants des petits États insulaires.  Par conséquent, ces pays méritent une attention particulière de la communauté internationale.  En juillet, les Gouvernements du CARICOM ont créé une équipe spéciale chargée de mobiliser des fonds et de présenter un ensemble de mesures pour faire face à la crise. 

Ces mêmes Gouvernements ont également convenu d’un programme d’amélioration collective du secteur financier qui prévoit de meilleurs systèmes nationaux de réglementation et de supervision.  Pour M. Liverpool, il est essentiel, dans le contexte actuel de crise, que les petits États insulaires et les pays les moins avancés (PMA) puissent disposer d’une aide internationale sous la forme d’une aide économique pour pouvoir diversifier leurs économies et s’adapter aux conséquences négatives des changements climatiques; d’un appui budgétaire compte tenu de la lourdeur de leurs dettes; d’une contribution pratique des différents organismes des Nations Unies; et d’un octroi bilatéral ou multilatéral de fonds pour stimuler la relance économique.

M. Liverpool a aussi dénoncé le fait que la crise alimentaire mondiale est loin d’être dépassée même si on assiste à une reprise du secteur financier.  « Plus d’un milliard de personnes se couchent toujours avec le ventre vide tous les soirs, a-t-il rappelé.  C’est à la fois inacceptable et insoutenable », a-t-il estimé, appelant à plus d’investissements dans le secteur agricole des pays en développement.  Il s’est félicite de l’annonce du G-8 de débloquer un montant de 15 milliards de dollars au cours des trois prochaines années pour améliorer la sécurité alimentaire dans le monde, mais il a prévenu que l’objectif souhaité ne pourra être atteint que si les régimes de subventions agricoles des pays développés sont abandonnés.

Passant à la question des changements climatiques, qui représentent un défi majeur pour les petits États insulaires, M. Liverpool a rappelé que la Dominique, à l’instar des autres îles de la région, est touchée chaque année par les ouragans qui causent des dégâts considérables.  Tous les efforts de développement économique et humain sont systématiquement sapés par ces catastrophes naturelles.  Pour M. Liverpool, il est urgent de parvenir à des résultats concrets à la Conférence de Copenhague.  Il y va de la survie des petits États insulaires. 

M. ANOTE TONG BERETITENTI, Président de Kiribati, a estimé que la question des changements climatiques est « le plus grand défi moral de notre temps ».  Il a promis que les générations futures se poseront la question suivante: « Comment ça se fait qu’ils n’ont rien fait alors qu’ils savaient?».  Tout en réitérant l’attachement de son pays à sa souveraineté, le Président a dit privilégier des stratégies d’adaptation pragmatiques.  Notre stratégie de réinstallation, a-t-il souligné, exige l’appui de la communauté internationale.  Il a remercié la Nouvelle-Zélande et l’Australie pour leurs initiatives. 

Tout en constatant qu’obtenir un consensus à Copenhague serait difficile, il a estimé que cela était possible et impérieux.  « Si nous pouvons mobiliser des milliards de milliards de dollars pour faire face aux défis de l’économie mondiale, alors nous sommes capables de prendre les mesures nécessaires pour faire face aux défis de l’environnement », a-t-il tranché. 

Il faut profiter de la volonté politique ambiante, a encouragé le Président.  Nous ne pourrons nous mettre d’accord sur tout, a-t-il reconnu, mais il est des questions fondamentales sur lesquelles nous ne pouvons nous permettre le luxe de ne pas nous mettre d’accord.  « Copenhague est peut-être notre dernière chance », a dit craindre le Président.

Évoquant la question de la zone protégée des îles Phoenix qui constituent, avec ses 400 000 kilomètres carrés, le plus vaste espace marin protégé du monde, M. Tong, a déclaré que même si son peuple est contraint d’envisager la possibilité de voir son territoire devenir inhabitable au cours de ce siècle, en raison de l’élévation du niveau de la mer, il reconnaît l’importance de préserver quelque chose qu’il croit faire partie du patrimoine commun de l’humanité. 

La vulnérabilité économique et écologique particulière des petits États insulaires doit être prise en compte, a-t-il dit, lorsqu’on étudie la gradation d’un pays de la liste des PMA.  La perte de l’aide offerte à cette catégorie de pays, a souligné le Président, serait dramatique pour le développement de Kiribati.  Il a donc appelé l’ONU à réexaminer le cas de son pays et ceux d’autres pays du Pacifique. 

M. ASIF ALI ZARDARI, Président du Pakistan, a affirmé que ce monde interdépendant exigeait un retour sur le chemin des Nations Unies et une réforme de l’Organisation autour des principes d’égalité souveraine et de consolidation du consensus.  Au Pakistan, la volonté du peuple a prévalu, le peuple a été le témoin d’une profonde transformation démocratique, a souligné M. Zardari, qui s’exprimait, accompagné, comme l’an dernier à cette même tribune, de la photo de son épouse Benazir Bhutto, l’ancien Premier Ministre pakistanais, tuée dans un attentat en décembre 2007.  Le Pakistan, a-t-il ajouté, est entré dans une nouvelle ère de démocratie, d’état de droit et des droits de l’homme.  La démocratie au Pakistan est d’une importance fondamentale, non seulement pour le pays, mais pour toute la région et le monde entier.  M. Zardari a remercié le Secrétaire général d’avoir constitué une Commission internationale d’enquête sur l’assassinat de Benazir Bhutto.  Le vrai défi est désormais de faire de la démocratie un processus durable et irréversible, a expliqué le Président pakistanais.

M. Zardari a dénoncé le « virus » du terrorisme et de l’extrémisme, qui a pénétré la société pakistanaise et la région en raison d’une instrumentalisation de la religion qui a encouragé certains musulmans dans le monde entier à livrer le jihad.  Pour éliminer ce mouvement, il faut frapper à ses racines, a insisté le Président pakistanais, pour qui un traitement chirurgical ne suffira pas.  Il convient, selon lui, de prendre en compte les causes des privations, de la pauvreté et de l’illettrisme.  Le Président pakistanais a rappelé les progrès effectués par son pays dans son combat contre l’extrémisme et le terrorisme.  Les forces de l’ordre ont, dans un laps de temps très court, nettoyé une large part du territoire du Malakand de ses hommes armés, s’est-il félicité.  En l’espace de 10 semaines, la plupart des personnes déplacées étaient revenues à leur domicile.

M. Zardari, qui s’est dit déterminé à éliminer l’extrémisme et le terrorisme du territoire pakistanais, a jugé essentiel le retour de la paix et de la stabilité en Afghanistan.  La circulation des armes dans la région doit cesser, de même que le financement et le soutien aux activistes par les barons de la drogue et d’autres éléments, a-t-il dit, défendant les efforts régionaux en faveur de la paix et de la stabilité, ainsi que la coopération régionale contre le terrorisme et l’extrémisme.  Le Pakistan continuera de travailler avec l’Afghanistan et la communauté internationale pour une restauration rapide de la paix et de la stabilité dans ce pays, a ajouté M. Zardari.  Il a également demandé l’aide de la communauté internationale au retour, en toute sûreté, des réfugiés dans leurs foyers.

Le Président du Pakistan a déclaré que son pays désirait des relations amicales avec l’Inde, estimant que l’absence de dialogue menait à des tensions qui pouvaient être évitées.  Le Pakistan recherche une résolution pacifique de tous les conflits en suspens avec l’Inde, a-t-il assuré, soulignant que des progrès significatifs sur la question du Cachemire étaient nécessaires pour une paix et une stabilité durables en Asie du Sud.  M. Zardari a par ailleurs renouvelé son soutien aux efforts pour le contrôle des armes, le désarmement et la non-prolifération.  Cependant, a-t-il dit, le principe de sécurité égale est d’une importance fondamentale pour atteindre ces objectifs.  L’équilibre en matière de sécurité dans la région doit être, selon lui, rétabli.  Il a précisé que le Pakistan continuerait de jouer un rôle constructif dans le règlement des conflits en Asie du Sud, ainsi que dans la promotion d’initiatives sur le désarmement nucléaire et la non-prolifération, sur le principe de la non-discrimination.

M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’Autorité palestinienne, a déclaré que les importants défis auxquels est confrontée la communauté internationale ne devaient pas occulter les « graves problèmes » que connait le Moyen-Orient.  Tout le monde admet la nécessité de réaliser la paix au Moyen-Orient, d’y combattre l’extrémisme et d’y créer une zone exempte d’armes nucléaires.  Pourtant, a dénoncé le Président, la plus plaie la plus profonde reste les souffrances du peuple palestinien auxquelles l’ONU assiste, comme en attestent non pas les dizaines mais les milliers de résolutions qui sont restées lettres mortes. 

« Nous sommes face à une situation unique », a estimé le Président.  Si le droit international stipule l’inadmissibilité de l’acquisition d’un territoire par la force, comment gérer le fait que les politiques d’implantation d’Israël saperont la création d’un État palestinien géographiquement continu, conforme au consensus international, s’est interrogé le Président. 

Tous les efforts internationaux de ces derniers jours qui ont été salués par le peuple palestinien et les pays arabes, se heurtent néanmoins, a dénoncé le Président, à l’intransigeance d’Israël qui refuse d’accepter les conditions préalables à la relance du processus de paix.  Comment entamer des négociations sur les frontières et sur Jérusalem alors que des bulldozers changent la réalité des choses sur le terrain pour imposer des frontières voulues par Israël?, a-t-il notamment lancé. 

Comment concevoir des négociations, a-t-il poursuivi, sans un accord sur les termes de référence et en écartant l’objectif agréé par le monde entier, à savoir la fin de l’occupation israélienne des territoires pris en 1967 pour créer un État palestinien avec Jérusalem pour capitale et en mettant de côté les questions du retour des réfugiés palestiniens sur la base de la résolution 194, de la paix avec tous les Palestiniens, et du règlement des différends avec la Syrie et le Liban ? s’est encore demandé le Président. 

Il s’est donc félicité du discours prononcé par le Président Obama lors de l’ouverture du débat général.  Il a prévenu que la poursuite de l’occupation et de la construction du mur de séparation fera avorter toutes les chances de relancer le processus de paix. 

Le Président a ensuite indiqué que malgré toutes ses souffrances, le peuple palestinien continuait d’édifier ses institutions nationales afin de faire respecter l’état de droit et l’ordre public et promouvoir le développement social et économique. Nous déployons tous les efforts possibles pour appuyer nos frères d’Égypte qui s’efforcent de mettre un terme au « coup continu » dans la bande de Gaza et de restaurer notre unité nationale grâce à la tenue d’élections présidentielle et législatives.

M. BALDWIN SPENCER, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a estimé que le monde faisait face à la plus grande crise de son histoire depuis la grande dépression.  Il a noté qu’il était cependant confronté à d’autres défis parmi lesquels diverses pandémies, l’aggravation de la pauvreté et de la famine qui touche des millions de personnes, les conséquences des changements climatiques ainsi que les tensions politiques.  Rappelant les défis auxquels sont confrontés les petits États insulaires comme Antigua-et-Barbuda, M. Spencer a noté qu’en plus des conséquences des changements climatiques, ils doivent faire face aux effets de la crise financière.  Cette crise, tel un « visiteur inattendu », a-t-il déclaré, remet en cause les progrès réalisés pendant des décennies par son pays.  Dans ce contexte difficile, il a appelé les dirigeants du monde à éviter d’agir seul.  Estimant que les anciennes méthodes, comme celles mises en œuvre par le consensus de Washington sont désormais obsolètes, M. Spencer a invité le monde à s’inspirer des principes de solidarité et de coopération – qui s’opposent à ceux de domination et d’exploitation – et qui sont ceux de l’alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA).

M. Spencer, de même que des représentants d’autres pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), s’est félicité du changement de paradigme qui caractérise les mesures prises par des agences telles que le Fonds monétaire international (FMI).  Après avoir regretté que le privilège de décision sur les questions économiques internationales appartienne toujours à quelques uns alors que celles-ci ont un impact sur le sort de millions de personnes à travers le monde, le Président d’Antigua-et-Barbuda a souhaité une meilleure coopération internationale sur les questions des évasions fiscales.

Notant que face à la crise, une réponse mondiale était nécessaire, M. Spencer a souhaité que l’Assemblée générale se charge de la mise en œuvre des recommandations de la Conférence de l’ONU sur la crise financière et économique.  Il est de notre devoir de changer les principes du capitalisme mondial afin que la prospérité économique soit équitablement partagée par tous les pays et dans tous les pays du monde, a-t-il encore noté.

Dans le cadre des efforts de développement, M. Spencer a évoqué les divers regroupements dont Antigua-et-Barbuda est membre.  Il s’est dit fier des relations entre son pays et Cuba et a lancé un appel en faveur de la levée de l’embargo américain contre cet État.  Sur la question des impacts des changements climatiques, M. Spencer a noté qu’une fois encore son pays subissait les conséquences d’une crise à laquelle il n’avait pas contribué mais qui menaçait la survie d’Antigua-et-Barbuda et celle d’autres petits États insulaires.  Il a exprimé le soutien de son pays à l’appel de la République populaire de Chine sur la responsabilité des pays développés dans la lutte contre les changements climatiques.  M. Spencer a également souligné que son pays attendait avec anxiété les conclusions du sommet de Copenhague de décembre prochain.

Évoquant la question de la traite transatlantique des esclaves, M. Spencer a espéré la mise en place de programmes d’éducation sur cet événement.  Il a souhaité la construction d’un mémorial permanent aux victimes de la Traite.  Il a enfin espéré que la communauté internationale se montrerait à la hauteur des défis actuels.

CHEIKH NASSER AL-MOHAMMAD AL-AHMAD AL JABER AL-SABAH, Premier Ministre du Koweït, a estimé que face aux défis multiples du monde d’aujourd’hui, y compris le terrorisme, la lutte contre la pauvreté, le combat contre le VIH/sida, le paludisme et même la grippe A(H1N1), les drogues, sans parler des questions régionales et internationales, il est de la responsabilité de tous les États de soutenir l’ONU et de lui fournir les moyens financiers nécessaires pour lui permettre de s’acquitter au mieux de sa tâche.  Ces questions supposent des réponses communes non-conventionnelles. 

Le Koweït se félicite en outre de l’adoption du document final de la Conférence des Nations Unies sur la crise financière et économique mondiale en juin dernier qui prévoit des engagements pour venir en aide aux pays en développement, notamment l’augmentation du niveau de l’aide au développement, l’amélioration du système de commerce international et l’insistance sur la nécessité de réforme des institutions financières internationales.  Constatant que l’on assiste aux premiers signes de reprise économique mondiale, le Cheikh a cependant insisté sur l’urgence du succès de la Conférence de Copenhague sur les changements climatiques. 

Pour sa part, le Koweït s’apprête à accueillir en décembre prochain une conférence au sommet du Conseil de la Coopération des États Arabes du Golfe, à laquelle un projet vital pour l’intégration régionale sera soumis, à savoir celui d’un réseau électrique commun.  Un autre projet à l’étude est celui d’une monnaie commune aux États du Golfe.  Le Cheikh a rappelé les progrès importants de son pays sur le plan du développement humain et de la lutte contre le trafic illicite de drogues.  Il a aussi souligné qu’en dépit du fait que le Koweït soit un pays en développement, le niveau de son aide au développement sur le plan régional et international demeure important.

Le Cheikh n’a pas manqué de rappeler que  suite aux élections parlementaires de juin au Koweït, quatre femmes font désormais partie du Parlement.  Passant à la question du conflit palestino-israélien, il a de nouveau condamné l’agression israélienne contre Gaza de décembre dernier.  Insistant sur les conclusions de la mission d’enquête des Nations Unies qui « prouvent que les forces israéliennes ont commis des crimes de guerre », le Cheikh a estimé qu’il incombait au Conseil de sécurité d’assumer la responsabilité de mettre un terme à ces crimes contre l’humanité et de punir les responsables, conformément aux dispositions du droit international. 

Pour sa part, le Koweït a répondu à l’appel à contribution de l’UNRWA en lui fournissant 34 millions de dollars, et a promis 200 millions supplémentaires pour la reconstruction de Gaza.  Par ailleurs, il reste disposé à soutenir tout effort visant à aider l’Iraq à retrouver son rôle naturel tant sur le plan régional qu’international, et en vue de construire un Iraq démocratique, unifié et en paix avec les pays voisins.

S’agissant des îles émiraties occupées, le Cheikh a émis l’espoir que le différend sera résolu par des moyens pacifiques.  Il a appelé l’« amicale » République islamique d’Iran à résoudre la question par des négociations « fraternelles » ou à saisir la Cour internationale de justice (CIJ). 

Le Premier Ministre de Maurice, M. HAVINCHANDRA RAMGOOLAM, a tout d’abord exprimé, devant la soixante-quatrième Assemblée générale des Nations Unies, son inquiétude devant les « secousses secondaires de la crise économique » qui continueront de se faire ressentir.  Dotée d’une petite économie ouverte, Maurice a été exceptionnellement exposée aux effets négatifs de la crise, a affirmé son Premier Ministre.  Cependant, a-t-il ajouté, alors que le secteur manufacturier et l’industrie du tourisme ont été touchés, le pays a enregistré une croissance positive, grâce aux réformes que le Gouvernement applique depuis 2005. 

Pour le Premier Ministre, qui a dénoncé un « déficit démocratique » dans la gouvernance économique mondiale, la crise a révélé que les institutions issues de Bretton Woods nécessitent une réforme fondamentale.  Il a cependant tenu à rappeler que de la perspective des petits États insulaires en développement, donc vulnérables, il est vital que les marchés restent ouverts et que les flux de commerce international ne soient pas interrompus. 

M. Ramgoolam a émis l’espoir que la communauté des donneurs ne se contentera pas d’honorer ses engagements précédents car les Objectifs du Millénaire pour le développement ont été « dépassés » par les événements économiques de l’an dernier.  Le Premier Ministre a réclamé « un plan Marshall » pour les pays en développement.

M. Ramgoolam a dit avoir fait de la sécurité alimentaire une de ses priorités.  Il a souhaité que soient renforcés les mécanismes pour aider le Programme alimentaire mondial (PAM) à alléger les famines et la malnutrition.  Le Premier Ministre a appelé de ses vœux un accord à Copenhague sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Les contraintes inhérentes aux petits États insulaires en voie de développement ne peuvent être ignorées. Dans cette perspective, il a estimé que ceux qui ont pollué le plus devaient porter le fardeau le plus lourd et que les pays en développement avaient besoin d’une aide supplémentaire afin de ne pas interrompre leur cycle de développement.

M. Ramgoolam a remercié les Membres de l’ONU pour la réélection de Maurice au Conseil des droits de l’homme.  S’attardant sur la situation à Madagascar, M. Ramgoolam espère que le processus engagé à Maputo permettra de mettre fin aux troubles.  « Nous ne pouvons appuyer des gouvernements anticonstitutionnels, que ce soit à Madagascar ou au Honduras », a-t-il souligné.

Le Président a conclu en soulignant notamment la souveraineté de Maurice sur l’archipel de Chagos, séparé avant son indépendance par le Royaume-Uni.  Deux cycles de négociation ont été tenus cette année avec les autorités britanniques, et le Gouvernement mauricien a par ailleurs débuté des discussions avec la France sur la cogestion de l’île de Tromelin.

M. BORIS TADIĆ, Président de la Serbie, a affirmé que la sauvegarde des principes de la Charte restait plus importante que la politique de n’importe quelle nation prise individuellement.  En cette période de grands changements et de modification des équilibres de pouvoir, les relations internationales sont moins prévisibles.  Il est donc essentiel de réaffirmer ensemble les règles qui président au système international, de renforcer l’intégrité territoriale des États Membres, d’affirmer l’interdépendance et d’achever la transition de l’ordre ancien fondé sur la domination politique et économique vers un nouvel ordre qui repose sur une coopération équitable entre les nations.

M. Tadić a rappelé que son pays se trouvait pris au cœur de l’un des plus grands défis portés à l’universalité du système international depuis la fondation des Nations Unies, à savoir la « déclaration unilatérale d’indépendance prononcée par les autorités de souche albanaise de la province serbe du Kosovo-Métohija ».  Certains prétendent que cette déclaration constitue un « cas unique », a déclaré M. Tadić, mais en fait, a-t-il ajouté, il s’agit d’une tentative pour imposer une partition à un État Membre des Nations Unies contre sa volonté et en dépit de la ferme opposition du Conseil de sécurité.  Dénonçant dans la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo « une tentative pour imposer une solution du XIXe siècle à un problème du XXIe siècle », M. Tadić a réaffirmé que la Serbie ne reconnaîtrait « jamais, en aucune circonstance, implicitement ou explicitement, la déclaration unilatérale d’indépendance des autorités de souche albanaise de la province méridionale de la Serbie ».

Rappelant que son pays avait exclu d’emblée tout recours à la force mais qu’il utiliserait tous les moyens pacifiques à sa disposition, M. Tadić a justifié par cette volonté la décision de contester la déclaration d’indépendance devant la Cour internationale de Justice (CIJ).  Les conclusions de la CIJ constitueront, a estimé le Président, « un puissant précédent juridique, aux conséquences considérables pour le système des Nations Unies ».  « Soit le résultat dissuadera puissamment les autres mouvements séparatistes de faire sécession », soit, dans le cas où la Déclaration unilatérale d’indépendance ne serait pas jugée illégale par la Cour, « la porte sera ouverte à la mise en cause de l’intégrité territoriale de n’importe lequel des États Membres », a averti M. Tadić.  Le Président serbe a en outre invité les États Membres à attendre que la CIJ rende son avis, sans préjuger de ses délibérations et sans s’opposer à son travail.

Parallèlement à cette action en justice, la Serbie pratique une politique d’engagement constructif avec tous les acteurs légitimes présents au Kosovo, a affirmé M. Tadić.  Il a rappelé que son pays soutenait la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK) dans sa nouvelle configuration, jugeant cette mission « indispensable ».  De même, a-t-il ajouté, Belgrade soutient, sur la base de la résolution 1244 du Conseil de sécurité, sous l’autorité des Nations Unies et dans le cadre d’une position neutre face à la question du statut du Kosovo, le travail de la Mission EULEX de l’Union européenne.  Il a appelé toutes les parties concernées à travailler en étroite collaboration avec la Serbie pour mettre en œuvre le plan en six points du Secrétaire général qui, a-t-il rappelé, a reçu en novembre 2008 l’aval du Conseil de sécurité.

« La démocratie serbe est sûre, notre société est solide et nos valeurs sont fortement ancrées dans le droit », a déclaré M. Tadić, qui a affirmé que la « priorité stratégique centrale » de son pays demeure, « malgré les écueils », d’entrer dans l’Union européenne.  Il a souhaité concrètement que, dans le cadre du processus d’adhésion à l’Union européenne, les citoyens serbes puissent effectivement, à partir du 1er  janvier 2010, se déplacer librement dans l’espace Schengen.  Rappelant que, 20 ans après la chute du Mur de Berlin, l’objectif de réunir toutes les nations d’Europe sous un même toit n’avait pas encore été atteint, il a souhaité que « la fatigue face à l’élargissement » de l’Union européenne « ne devienne pas une nouvelle réalité en Europe ».

M. Tadić a affirmé que son pays était sur le point d’achever sa coopération avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).  Il a insisté sur le renforcement de la coopération  régionale et a rappelé que son pays était l’un des garants des Accords de Dayton sur la Bosnie-Herzégovine, affirmant que la Serbie est attachée à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de ce pays.  Soulignant que la Serbie était « le plus important État successeur d’un État fondateur du Mouvement des non-alignés » –la défunte Yougoslavie– il a proposé que le cinquantième anniversaire du Mouvement soit célébré à Belgrade, dans le cadre d’un sommet extraordinaire placé sous la présidence de l’Égypte.

M. EMANUEL MORI, Président des États fédérés de Micronésie, a félicité l’Assemblée générale pour l’adoption, en juin dernier, de la résolution 63/281 sur les changements climatiques et ses impacts sur la sécurité.  Il a noté qu’elle a été rendue possible par les efforts collectifs de tous les pays et les a appelés à afficher la même unité à Copenhague. 

Rappelant le caractère historique de cette résolution, M. Mori a estimé que les changements climatiques représentent l’enjeu central du monde d’aujourd’hui.  Il a rappelé la mobilisation internationale, il y a un an, pour faire face à la crise économique mondiale et a souhaité qu’elle soit de nouveau là, face aux défis des changements climatiques.

M. Mori a relevé que pour son pays tout comme pour les autres îles du Pacifique, la question des changements climatiques est un enjeu de survie, tant pour les peuples, pour les cultures que pour les nations.  La Micronésie subit d’ores et déjà les effets de ce phénomène: le niveau de la mer monte, les phénomènes climatiques sont plus changeants et les catastrophes naturelles plus fréquentes et plus intenses.  « Que se passerait-il si la fonte des glaces de l’Arctique atteignait le seuil critique? », a-t-il demandé, en répondant « la Micronésie et tous les petits États insulaires disparaitraient ».  Ce seront ensuite les villes côtières du monde entier qui seraient touchées, y compris Manhattan, a-t-il prévenu.

M. Mori a fait état des actions prises par son pays pour lutter contre les effets des changements climatiques.  Il a évoqué la mise en place du plan de développement pour lequel il a dit qu’il avait besoin du soutien des Nations Unies et de la communauté internationale.  Dans ce contexte, le Président a noté la difficulté pour la Micronésie de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

À quelques mois du Sommet de Copenhague, il a estimé que la conclusion d’un accord ne sera pas facile, mais « nous ne devons pas échouer ».  En tant que membre de l’Alliance des petits États insulaires, la Micronésie, a dit son Président, soutient un accord commun fort.  « Discourir ne nous coûte rien, seules les actions comptent.  Allons tous à Copenhague et signons cet accord », a-t-il conclu.

M. DENIS SASSOU-NGUESSO, Président de la République du Congo, a estimé que l’ONU représente plus que jamais l’espérance face aux grands défis qui menacent notre planète.  Il a noté qu’aucun pays ne peut relever seul ces défis, ainsi que le rappelle le Sommet sur les changements climatiques, convoqué lundi dernier par le Secrétaire général.

Le Président congolais a noté que l’Afrique qui contribue à 3,8% des émissions mondiales des gaz à effet de serre est aussi la plus visée par ses conséquences. Lorsque votre principale ressource est la forêt, la responsabilité qui vous incombe est immense, a reconnu le Président.  Nous représentons, a-t-il dit, le deuxième poumon écologique de la planète après l’Amazonie, a-t-il noté.  Nous sommes conscients de notre responsabilité en tant que gardiens de forêts qui représentent le trésor vital de l’ensemble de l’humanité, a ajouté le Président.

Depuis 1999, les pays du Bassin du Congo ont initié une expérience unique en matière forestière, a rappelé le Président en soulignant que le plan qui en découle est un des volets stratégiques du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Malheureusement, a-t-il plaidé, les fonds nécessaires à la mise en œuvre de ce programme ne sont pas tous encore au rendez-vous.  L’Afrique demande aujourd’hui, a indiqué le Président, que la prochaine conférence de Copenhague se prononce sur des mécanismes d’adaptation, d’atténuation, de renforcement des capacités et de transfert des technologies et de financement sur la base d’un principe d’équité.

Revenant sur l’enjeu de la crise économique mondiale, le Président du Congo a souligné qu’elle doit nous mener à une prise de conscience.  « Elle autorise une refondation de l’architecture financière internationale » a-t-il précisé, estimant que le temps presse en Afrique plus qu’ailleurs.

Au sujet de sa réélection, en juillet dernier, le Président a indiqué que la confiance de son peuple repose sur un projet qu’il a appelé « chemin d’avenir » et qui veut ouvrir le Congo à la modernisation et à l’industrialisation, à la consolidation de la paix, au renforcement de la démocratie et de l’état de droit, à la bonne gouvernance et la protection des droits de l’homme.

M. MSWATI III, Roi du Swaziland, a pointé le doigt sur les multiples problèmes qui handicapent le développement de l’Afrique dans plusieurs domaines tels que la santé, l’économie, la pauvreté et la protection sociale.  Le souverain du Swaziland a appelé les nations développées à reconnaître les « durs » efforts des pays en développement; à élargir l’accès de ces derniers à des crédits préférentiels et à des dons pour soutenir les programmes de développement et les stratégies de réduction de la pauvreté.

Le Roi Mswati III a souligné que les effets secondaires de la crise frappent désormais durement des pays comme le Swaziland dont les exportations sont largement dépendantes de la performance des marchés du Nord.  Alors que les pays africains, a-t-il regretté, travaillent pour améliorer leurs économies, ils continuent à faire face à des tensions dont des conflits et des coups d’État. 

Le souverain s’est félicité de l’appui et de l’assistance dont a bénéficié le Gouvernement inclusif et le peuple du Zimbabwe par les nations du monde, dont les organisations internationales.  Il fait écho à l’appel de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) pour une levée immédiate de toutes les sanctions contre le Zimbabwe afin de contribuer à une relance rapide de l’économie nationale. 

Heureux du sommet sur les changements climatiques tenu avant le début du débat général, en prévision de la Conférence de Copenhague, le souverain a espéré que ces efforts mèneront au transfert des compétences et des technologies permettant aux pays en développement de préserver leur croissance économique, tout en évitant les erreurs du passé. 

Il a appuyé l’idée d’un fonds pour les changements climatiques chargé de financer tous les projets pertinents.  Il s’est dit confiant que la Conférence de Copenhague trouvera les moyens d’assurer un financement prévisible, accessible et souple.

      M. ELBEGDORJ TSAKHIA, Président de la Mongolie, a souhaité que la présente session de l’Assemblée générale soit en mesure de relever les nombreux défis actuels, tous aussi implacables, mais pour lesquels existe la solution de la relance du multilatéralisme.  Il s’est félicité de la ferme direction qu’imprime le Secrétaire général pour transformer les Nations Unies en centre d’un nouveau multilatéralisme.  À Copenhague, il faut aboutir à un accord et celui-ci est à portée de main, a-t-il dit.  En tant que pays touché dans sa chair par les effets des changements climatiques, il a proposé la tenue d’un sommet du Nord-Est asiatique sur cette problématique.  Il est devenu évident, a-t-il souligné, que les effets étendus des changements climatiques ont déjà eu lieu dans cette partie de la sous-région.  Il est nécessaire d’agir d’urgence et de poursuivre l’engagement actif de tous les pays, a-t-il ajouté.

Citant des chiffres récents de la Banque mondiale, il s’est dit encouragé du fait que les pays vulnérables, y compris ceux en développement sans littoral, doivent être soutenus, ce qui a été appuyé par les pays du G-20 en particulier.  L’absence d’accès territorial à la mer et les coûts élevés de transport sont autant de défis pour ce groupe de pays, a-t-il affirmé.  La marginalisation inadéquate du monde en développement exige une refonte de la structure mondiale.  Il a invité à une réforme du multilatéralisme, et a souhaité qu’à la présente session, l’Assemblée générale fasse un autre pas en demandant d’accroître le nombre des pays en développement au sein des membres non permanents du Conseil de sécurité. 

M. PAUL BIYA, Président du Cameroun, a constaté que la communauté internationale restait sous le choc d’une crise économique qui n’avait épargné aucun pays.  La mobilisation face à cette crise a été « prompte, résolue et conséquente », a-t-il dit, avant de regretter qu’autour des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), la communauté internationale n’eût pas fait preuve de la même solidarité.  M. Biya a cependant estimé que si le monde s’est mobilisé face à la crise, il peut le faire également contre les défis de la pauvreté et du sous-développement.  L’Afrique, qui n’est pourtant pas responsable du déclenchement de la crise, en subit néanmoins ses impacts, au rang desquels il a noté le déclin des transferts de fonds vers le continent, la chute drastique des cours des produits africains, un net recul de l’investissement, l’aggravation des déficits budgétaires et un ralentissement de l’activité économique.  Tous ces faits s’accompagnent, a relevé M. Biya, de graves conséquences au plan social.

Toujours à propos des conséquences de la crise économique mondiale sur les pays africains, le Président camerounais s’est inquiété du fait qu’elle mettait en cause les progrès issus de « longues années d’efforts de redressement de nos économies ».  Face à cette éventualité, il a appelé à un « apport en ressources financières substantielles, dénué autant que possible de conditionnalités ».  De cette aide dépendent le développement et l’amélioration des conditions de vie, la paix et la sécurité internationales, a ajouté le Président.

M. Biya s’est félicité de la décision du G-20 prise en avril dernier à Londres recommandant au Fonds monétaire international (FMI) de soutenir les économies les plus fragiles par l’octroi de prêts à des conditions avantageuses.  Il a évoqué la mise en place, dans la région Afrique centrale, de mesures visant à amortir le choc de la crise.  Il a par ailleurs souhaité la mise en place au sein des Nations Unies d’un comité mondial pour l’éthique.  En plus de la crise économique, M. Biya s’est dit également préoccupé par d’autres enjeux tout aussi importants: la crise alimentaire; la lutte pour la réduction de la pauvreté; la paix et la sécurité internationales et les changements climatiques.

L’enjeu des changements climatiques dont l’Afrique subit les conséquences se manifeste notamment, a indiqué le Président camerounais, par l’assèchement du lac Tchad qui a vu sa superficie passer de 26 000 kilomètres carrés dans les années 1960 à 1 500 kilomètres carrés à ce jour.  Ce problème, a-t-il indiqué, nécessite une mobilisation de la région Afrique centrale avec le soutien de la communauté internationale.  M. Biya a par ailleurs évoqué les actions entreprises au Cameroun et dans la sous-région pour lutter contre les conséquences des changements climatiques.  Mais, en raison des coûts financiers notamment qu’engendrent ces efforts, il a appelé à une compensation de la part de la communauté internationale.  M. Biya a espéré que le Sommet de Copenhague apporterait des réponses satisfaisantes aux cas spécifiques de l’Afrique.

S’agissant des enjeux de paix et de sécurité internationales, M. Biya a regretté la persistance  des conflits en République démocratique du Congo (RDC), au Darfour et en Somalie.  Il a relevé l’action du Cameroun pour mettre fin à ces conflits, notamment par l’envoi de troupes.  Le Président camerounais s’est félicité du rôle joué par les Nations Unies sur ces terrains et a plaidé pour qu’elles disposent de davantage de ressources.

Il a souhaité, évoquant la réforme de l’ONU, qu’elle reflète la volonté commune de tous ses Membres.  Ceci renforcerait son efficacité et sa crédibilité, a-t-il souligné.  En renforçant le principe du multilatéralisme au sein des Nations Unies, a suggéré M. Biya, l’on renforcerait également le dialogue des civilisations et des cultures.  Le Président Biya a conclu en réitérant l’appel à une réforme du Conseil de sécurité, à une revitalisation de l’Assemblée générale et au renforcement des moyens d’action du Secrétaire Général.  Seule une ONU rénovée, plus démocratique, plus crédible et plus efficace continuera de focaliser les espoirs et la confiance des peuples, a déclaré M. Biya.

M. NGUYEN MINH TRIET, Président du Viet Nam, a constaté d’emblée que toutes les régions du monde avaient pâti des méfaits de la crise financière et de la récession économique, ce qui n’a pas manqué de poser des défis en matière de sécurité alimentaire, énergétique et des changements climatiques pour les pays en développement.  De tels défis ont également incité la communauté internationale à jeter les bases  d’une paix et d’une prospérité communes durables, a-t-il dit.  Selon le Président du Viet Nam, il est évident qu’aucun pays ne peut répondre individuellement aux défis mondiaux actuels, comme il est tout aussi évident que les politiques et les mesures d’imposition ou d’utilisation unilatérale de la force pour résoudre les problèmes politiques et de sécurité internationale ne pourront que donner lieu à davantage de tension de confrontation et à une impasse, a affirmé le Chef de l’État vietnamien.

L’année prochaine, les États Membres vont commémorer le soixante-cinquième anniversaire des Nations Unies, passer en revue les activités de l’Organisation et commémorer le dixième anniversaire de l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il rappelé.  Au cours des préparatifs en vue des recommandations à soumettre aux chefs d’État, a indiqué le Président du Viet Nam, il s’agit de tirer les leçons des résultats des activités de l’ONU dans toutes les sphères et de décider des activités prioritaires et des conditions nécessaires pour que l’Organisation s’acquitte pleinement de son mandat et de ses fonctions dans l’intérêt de toutes les nations.  Le Président Minh Triet a ensuite procédé à une description des initiatives nationales visant à pallier les effets des crises financière et économique en particulier.

M. RAMDIEN SARDJOE, Vice-Président du Suriname, a plaidé pour un multilatéralisme effectif rendant « indispensable » que l’ONU continue sa réforme. « Cette réforme devrait inclure celle du Conseil de sécurité pour le rendre plus efficace et plus responsable face aux défis du monde.  L’urgence qu’implique la menace climatique, a-t-il estimé, rend nécessaire un engagement aussi fort que dans des domaines tels que les droits de l’homme, le maintien de la paix ou la lutte contre le terrorisme international.

Le Vice-Président a dit espérer un accord à Copenhague, en ajoutant que les pays historiquement responsables des émissions de masse devraient prendre la tête du mouvement », et a assuré que le Suriname, en tant que pays à haute forêt et à faible déforestation continuerait ses efforts pour exploiter ses forêts de manière durable.

Il a attiré l’attention de l’Assemblée sur le rapport du groupe de travail sur le financement provisoire de la réduction des émissions dues à la déforestation.  Le rapport estime, a-t-il rappelé, qu’une somme de 15 à 25 milliards de dollars, pour la période allant de 2010 à 2015, permettrait une réduction de 25% des taux de déforestation annuels d’ici à 2015. 

Le Vice-Président a insisté sur le rôle important de l’éducation pour le développement. Une coopération internationale accrue vers la création de meilleurs systèmes éducatifs aidera les pays en développement à progresser plus rapidement sur la voie des Objectifs du Millénaire pour le développement », a souligné le Vice-Président.

Il a conclu son intervention par la question des droits de l’homme.  S’agissant du « crime international suprême », à savoir le crime d’agression, le Vice-Président a émis l’espoir de voir rapidement une décision sur les éléments constitutifs de ce crime.  Il a dit attendre beaucoup de la prochaine Conférence d’examen du statut de la Cour pénale internationale qui doit se tenir en Ouganda, l’année prochaine.

M. JOSEPH BOAKAI, Vice-Président du Libéria, a indiqué que le premier Gouvernement démocratiquement élu dans son pays ayant à sa tête une femme, Ellen Sirleaf-Johnson, a pris un certain nombre d’initiatives depuis janvier 2006 en vue d’améliorer le dialogue et la réconciliation.  En dépit du fait que deux membres de la Commission Vérité et réconciliation n’y ont pas totalement souscrit, le rapport de la Commission a fait l’objet de débats nourris à l’échelle nationale depuis sa parution au mois de juin dernier.  La Présidente s’est engagée à œuvrer de concert avec toutes les parties prenantes en vue de l’application de ses recommandations. 

D’autre part, les membres de la Commission indépendante sur les droits de l’homme, qui devront veiller à la mise en œuvre des dispositions du rapport de la Commission Vérité et réconciliation, ont été nommés mais leur nomination doit encore être approuvée par le Sénat.  Il s’est félicité de l’achèvement en juillet dernier, du Programme de désarmement, démobilisation, relèvement et réintégration, même si le taux élevé de chômage chez les jeunes demeurent un défi majeur. 

Il a salué les progrès dans la reconstitution des forces armées du pays, en ajoutant cependant que la police continue de rencontrer des difficultés.  Il s’est félicité de l’aide des Nations Unies et des partenaires de son pays, comme l’Inde. Après avoir passé en revue les efforts faits par son pays pour garantir la parité entre les sexes, le Vice-Président s’est prononcé pour la nomination par le Secrétaire général d’un envoyé spécial pour les femmes, la paix et la sécurité, pour améliorer la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.

Passant également en revue les progrès économiques, y compris dans la lutte contre la corruption, le Vice-Président a rappelé que les pays du fleuve Mano continuent d’accueillir un nombre important de réfugiés.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il dit, le Libéria réclame un allègement des conditionnalités liées à l’aide au développement.  Le Vice-Président a salué la prorogation du mandat de la Mission des Nations Unies au Liberia (MINUL) qu’elle prie d’assurer un environnement favorable aux élections générales et présidentielles de 2011. 

Compte tenu de la porosité des frontières régionales, le Vice-Président a prié instamment les Nations Unies et la communauté internationale de rester engagée auprès de la Guinée et de l’exhorter au respect du premier accord afin d’assurer une transition sans heurt vers l’état de droit.  Il a aussi attiré l’attention sur une autre menace sous-régionale, celle du trafic de drogues, de la traite des êtres humains et des autres formes de criminalité transnationale organisée.

M. RAILA AMOLLOODINGA, Premier Ministre du Kenya, a estimé que l’ONU devait être mieux équipée pour répondre aux défis actuels.  Il a notamment estimé que la composition du Conseil de sécurité devrait être élargie afin d’assurer deux sièges permanents avec droit de véto à l’Afrique.  Le monde ne peut plus se permettre de continuer de marginaliser un continent qui est le foyer de près d’un milliard de personnes, a-t-il dit.

Le Premier Ministre a ensuite jugé « inacceptable » que la décision prise en 2005 lors du Sommet mondial de l’ONU d’envisager un cadre institutionnel plus cohérent de la gouvernance environnementale mondiale n’ait pas porté de fruits.  Il a donc appelé à un renforcement du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), dont le siège est à Nairobi, pour qu’il devienne l’institution centrale chargée des différentes conventions pertinentes.  L’Office de l’ONU à Nairobi devrait être hissé au même rang que les Offices de Genève et de Vienne.   

Au nom d’un pays qui est compté parmi les grandes victimes de la dégradation de l’environnement, le Premier Ministre a estimé que le plus grand défi pour son pays est malheureusement de nature externe.  Le Kenya comme les autres pays d’Afrique ne produit qu’une infime partie des émissions de gaz à effet de serre.  Le monde doit s’accorder sur des actions concrètes à Copenhague, a-t-il plaidé. 

Le Kenya a déjà pris le taureau par les cornes mais il aura besoin d’aide et d’investissements, a prévenu le Premier Ministre.  L’aide est surtout nécessaire pour nourrir les 10 millions de Kenyans qui souffrent ou risquent de souffrir de la faim.  Le Premier Ministre a indiqué que son pays a besoin de 250 millions de dollars de la part des donateurs. 

Évoquant ensuite la Somalie, M. Odinga a indiqué que le flux continu de réfugiés et d’armes légères est une grande source de préoccupations, de même que la piraterie.  Malgré tout, le Kenya a offert des installations pour la détention et la traduction en justice des pirates.  Il s’est également proposé d’accueillir une conférence de l’ONU sur les moyens de coordonner la lutte contre la piraterie.

Le Premier Ministre a donc demandé à la communauté internationale d’aider son pays à surmonter ces défis.  Il a appuyé la proposition de l’Union africaine de demander au Conseil de sécurité de créer une zone interdite aux vols aériens et de localiser l’aéroport et les ports tenus par les insurgés pour enrayer l’afflux d’armes.  S’agissant de la Somalie, a-t-il préconisé, il faut une approche globale qui encouragerait le Gouvernement fédéral de transition à lancer un processus beaucoup plus inclusif. 

M. JOHN KEY, Premier Ministre de la Nouvelle-Zélande, a estimé qu’avec 130 chefs d’État et de gouvernement réunis cette semaine, cette Assemblée générale représentait la plus grande occasion depuis le Sommet mondial de 2005 pour réaffirmer la détermination collective de la communauté internationale.  Il a ainsi insisté sur la nécessité de stabiliser l’économie mondiale pour la rendre capable de revenir à une croissance stable.  La Nouvelle-Zélande, qui accueille avec bienveillance les actions du G-20, l’appelle à tenir compte de la voix des économies des petits pays et de faire en sorte qu’elle soit entendue dans le processus global de prise de décisions. 

M. Key a estimé qu’un commerce libre et juste serait le principal moteur pour sortir les pays en voie de développement de la pauvreté.  Une composante essentielle de la réponse à la crise doit être, selon lui, un accord équilibré et ambitieux à l’issue du cycle de discussions de Doha sur le commerce mondial.  La Nouvelle-Zélande soutient l’appel du Secrétaire général de l’ONU pour une suspension immédiate du contrôle des prix et des autres restrictions au commerce des produits agricoles, afin de réduire le prix des denrées alimentaires et de venir en aide à tous ceux qui ont été confrontés avec des prix alimentaires élevés ces trente dernières années. 

Pour le Premier Ministre, le monde ne peut se permettre d’envisager un échec lors du Sommet de Copenhague sur les changements climatiques.  Il a pris l’engagement de réduire les émissions de gaz à effet de serre de son pays de 10 à 20% d’ici à 2020 si un accord global était atteint.  Le défi est de trouver un équilibre entre la croissance de la production agricole et la nécessité de réduire les émissions et d’atteindre les objectifs liés aux changements climatiques, a-t-il dit. 

Par ailleurs, évoquant la réunion au sommet d’hier du Conseil de sécurité sur la non-prolifération et le désarmement nucléaires, il a exprimé la fierté de son pays d’avoir longtemps promu le désarmement nucléaire.  M. Key s’est déclaré touché par les déclarations visant à un monde sans armes nucléaires.  Il faut profiter de ce moment historique pour avancer vers le désarmement nucléaire et sur l’ordre du jour de la non-prolifération, a estimé le Premier Ministre néo-zélandais.  Il a souligné que son pays continuerait de travailler en vue d’un résultat solide cette année à la seconde Conférence d’examen de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel.  Le Premier Ministre néo-zélandais a également rappelé le rôle joué par son pays dans la promotion et le maintien de la paix.  Les troupes néo-zélandaises sont ainsi présentes en Afghanistan, aux Îles Salomon et à Timor-Leste.

Le Premier Ministre a enfin confirmé que son pays se porterait candidat aux élections de 2014 des membres non permanents du Conseil de sécurité pour la période 2015-2016.  La Nouvelle-Zélande, a-t-il dit, s’engage à promouvoir l’état de droit ainsi qu’à porter une voix pacifique au nom des petits pays qui ont un intérêt pour un monde plus juste et plus sûr.

M. MILO DUKANOVIĆ, Premier Ministre du Monténégro, a affirmé que ce n’est que par des efforts coordonnés et concertés sur le plan mondial que la communauté internationale réussira à surmonter les crises financière, économique, alimentaire, les incidences des changements climatiques et la pandémie de la grippe A(H1N1) sur le développement et la croissance économique.  En conséquence, les réponses aux défis actuels signifient qu’il faut mettre en commun toutes les capacités et toutes les ressources disponibles et faire montre d’une forte volonté politique, a indiqué M. Dukanović, qui a donné pour exemple la coopération avec les pays voisins et les progrès « dynamiques » enregistrés depuis la demande d’adhésion du Monténégro aussi bien à l’Union européenne qu’à l’OTAN.

Au plan national, le Monténégro a mis en place un train de mesures de politique économique visant à soutenir la stabilité macroéconomique, améliorer la productivité et préserver un climat économique propice favorable, a-t-il souligné.  Le Premier Ministre a vivement appuyé le processus de négociations relatif à un nouveau cadre concernant les changements climatiques après 2012 et la conclusion d’un accord à Copenhague.  Il a également mis l’accent sur l’importance de la coopération régionale visant à la mise en œuvre de mesures d’adaptation et d’atténuation des changements climatiques.

Le Monténégro, a-t-il souligné, accorde une grande importance à la promotion et au respect du droit international dans le développement des relations internationales actuelles.  Il a ajouté que la promotion de l’état de droit et des droits de l’homme avait un rôle fondamental dans la lutte contre le terrorisme.  À ce propos, le Premier Ministre s’est dit convaincu que seuls les efforts coordonnés et concertés de la communauté internationale pouvaient permettre de gagner la bataille contre cette menace.  Il a soutenu à cet effet la Stratégie mondiale des Nations Unies de lutte contre le terrorisme, sans oublier les mesures établies par l’Organisation face à la traite des êtres humains et la corruption.

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Premier Ministre de la République centrafricaine, a annoncé, que depuis le mois de mars 2009, suite à une demande formulée par le Gouvernement centrafricain, une configuration pays de la Commission de la consolidation de la paix (CCP) avait été mise en place sous la présidence de la Belgique.  Cette configuration travaillant de concert avec les autorités centrafricaines devrait accompagner le processus conduisant aux élections générales de 2010.  Pour le Chef du Gouvernement centrafricain, le multilatéralisme apparaît aujourd’hui comme le seul moyen de régler les problèmes du monde.  Revenant sur les enjeux de la crise économique mondiale, M. Archange Touadera a estimé que d’autres voies de sortie de la crise pourraient être le développement des capacités de production, le renforcement des capacités commerciales en faveur des États en voie de développement et la mise en place de partenariats stratégiques entre les différentes régions membres de l’Organisation.

Le Premier Ministre a indiqué que la hausse des prix des denrées alimentaires avait entraîné une détérioration significative des termes d’échange entre les pays dans les régions les plus affectées, au rang desquelles le continent africain, et singulièrement la République centrafricaine.  Il a réclamé la contribution des communautés économiques régionales de même que des agences de l’ONU, ainsi que de la Banque mondiale, pour sortir de manière coordonnée de cette crise.

M. Archange Touadera a également évoqué le défi climatique.  Il a indiqué que son pays était engagé dans le combat mondial contre les changements climatiques, comme le témoigne la ratification de plusieurs instruments internationaux relatifs aux questions du climat.  Il a néanmoins souligné que le coût de l’adaptation chiffré à plusieurs dizaines de milliards de dollars par an grèvera encore davantage des ressources limitées et accentuera la pauvreté.  Il a affirmé que l’Afrique continuerait ses efforts de préservation de ses écosystèmes forestiers, mais, a-t-il dit, les pays riches doivent prendre leurs responsabilités pour aboutir à des propositions concrètes pour l’après-Kyoto.  La République centrafricaine soutient la proposition de la France de créer une organisation mondiale de l’environnement, a-t-il dit, souhaitant également qu’à Copenhague la position des pays ayant en partage des forêts du bassin du Congo, deuxième massif forestier au monde, soit prise en compte.

Après avoir dénoncé le terrorisme comme « violation la plus flagrante du droit international », le Chef du Gouvernement centrafricain a soulevé la question cruciale de la maîtrise des armes classiques au niveau régional, en tant que moyen le plus efficace de venir à bout de la criminalité transfrontalière et des groupes armés, problèmes récurrents en Afrique centrale.  C’est dans cette perspective que l’Accord global de paix signé à Libreville, au Gabon, le 21 juin 2008, a permis à la République centrafricaine de conjurer ce funeste destin comme mode d’expression de la conquête du pouvoir, a-t-il affirmé.  M. Archange Touadera a particulièrement stigmatisé les « agissements criminels » de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) dans son pays, en République démocratique du Congo (RDC), en Ouganda et au Soudan.

Le Premier Ministre a par ailleurs évoqué le mode d’organisation de l’ONU et a appelé de ses vœux des « aménagements » dans le Conseil de sécurité et à l’Assemblée générale.  Cette dernière doit connaître une « revitalisation », en tant qu’organe délibérant et représentatif des États Membres.  Ses prérogatives d’organe fondamental doivent être respectées, même dans le domaine du maintien de la paix.  M. Archange Touadera a, de même, réclamé plus de transparence et d’équilibre au sein d’un Conseil de sécurité élargi, pour une meilleure représentativité de toutes les régions.

M. EDWARD NIPAKE NATAPEI, Premier Ministre de Vanuatu, a indiqué que le principal objectif de la réforme entreprise dans son pays depuis les années 1990 est la justice sociale, en particulier pour intégrer les besoins très divers de populations sur le plan culturel et ceux des communautés géographiquement éloignées dans les priorités de développement national.  Il a exprimé sa reconnaissance à ses partenaires de développement pour leur soutien, tout en reconnaissant qu’après avoir reçu cette aide pendant de nombreuses années, le développement économique des petits États insulaires en développement reste faible.

Beaucoup de pays de notre région, comme Vanuatu, ne sont pas en mesure d’espérer atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d’ici à 2015, a-t-il déploré.  Il a cependant indiqué travailler étroitement avec le Secrétariat du Forum des îles du Pacifique et d’autres instances multilatérales, pour s’assurer que toutes les ressources obtenues pour la région soient consacrées au progrès dans la réalisation des OMD.

Le Premier Ministre a aussi appelé les institutions financières internationales à aider les États insulaires du Pacifique à faire face à la crise économique mondiale.  Il a craint que sa récente croissance économique, qui a atteint 6% entre 2006 et 2007, retombe à 3-4% en 2009 à cause de la récession mondiale, comme les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) l’indiquent.  Il a annoncé que son pays accueillera en février 2010 la Conférence des Nations Unies sur la face humaine de la crise économique mondiale dans le Pacifique.

Le Premier Ministre a salué les efforts menés par toutes les nations insulaires pour arriver à l’adoption en juin dernier par l’Assemblée générale de la résolution 63/281 sur les répercussions éventuelles des changements climatiques sur la sécurité.  Il a rappelé que les petits États insulaires en développement (PEID) sont les premiers touchés par les effets des changements climatiques, avant de réitérer que la Convention-cadre des Nations Unies est l’institution essentielle dans ce domaine.  Les PEID sont d’accord pour dire que la communauté internationale doit en faire davantage pour tenir ses promesses, a-t-il ajouté.

Plus de 80% de la population de Vanuatu est dépendante de la terre pour vivre, a poursuivi le Premier Ministre, qui a souligné les conséquences pour les agriculteurs de la diminution de la surface arabe.  Il a expliqué que son pays, qui figure parmi la liste des pays les moins développés (PMD), est en effet rendu plus vulnérable à cause des cyclones, l’érosion des côtes, les inondations, les tremblements de terre, les glissements de terrain, les tsunamis et les éruptions volcaniques.  Il a enfin appelé de ses vœux la conclusion d’un accord sur les changements climatiques à Copenhague, en décembre prochain.  Il s’est aussi félicité de l’adoption hier de la résolution du Conseil de sécurité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

M. JEAN ASSELBORN, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, a annoncé que son pays continuerait à maintenir ses efforts en matière d’aide publique au développement et à insister sur l’amélioration de la qualité de la coopération luxembourgeoise afin d’en augmenter l’efficacité; le tout, dans le cadre d’un développement durable intégrant les éléments économiques, sociaux et environnementaux.  Il a lancé un appel à tous les États Membres pour tenir les engagements pris au niveau international, réitérés au Sommet du Millénaire, à Monterrey et plus récemment à Doha.  Tirant des enseignements d’une crise multidimensionnelle, il a recommandé d’envisager une réforme plus systémique du système multilatéral existant, y compris de l’architecture financière et économique, en les adaptant aux réalités politiques et socioéconomiques d’aujourd’hui.  Le Luxembourg qui préside le Conseil économique et social (ECOSOC), considère que toutes ces actions nécessitent un cadre multilatéral fort se basant sur des règles de droit solide qui lient tous les États Membres, a ajouté le Ministre luxembourgeois.

Sur le conflit au Moyen-Orient, il a profondément regretté qu’Israël persiste dans sa politique de colonisation et a réitéré que les activités d’implantation de colonies de peuplement sont illégales au regard du droit international et constituent aussi un obstacle à la paix.  Il a exhorté toutes les parties à prendre leurs responsabilités et à créer, par leurs actions, un contexte favorable pour la reprise des négociations, pour un règlement du conflit.  Dans ce contexte, il a souligné également à quel point il était urgent de trouver une solution durable à la crise de Gaza par la mise en œuvre intégrale de la résolution 1860 du Conseil de sécurité.  Concernant la République démocratique du Congo (RDC), il a vivement salué le projet de résolution du Conseil de sécurité qui donne un suivi concret à la résolution 1820 sur les femmes, la paix et le développement.  Il importe que le système de l’ONU tout entier s’attaque au phénomène de la violence sexuelle qui est utilisée de plus en plus comme une arme de guerre dans les conflits armés et encore après la fin des hostilités, a-t-il dit. 

M. Asselborn s’est aussi félicité des développements encourageants observés actuellement dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.  Il a salué l’initiative du Président américain Barack Obama d’avoir engagé le Conseil de sécurité dans une discussion plus large sur ces questions.  Il a également accueilli avec satisfaction la décision des États-Unis et de la Fédération de Russie de mener des négociations en vue de la conclusion d’un nouvel accord global suite à l’expiration du traité sur la réduction des vecteurs d’armes nucléaires stratégiques (START II,) en décembre prochain.  Il s’est finalement félicité de « l’heureuse décision » de l’Administration américaine de renoncer au projet de mise en place d’un bouclier antimissile.

M. BRENT SYMONETTE, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et Procureur général des Bahamas, a prévenu que les crises financière et économique mondiales risquent de contrecarrer les efforts déjà accomplis dans l’agenda du développement.  Décrivant les conséquences négatives de ces crises sur l’économie de son pays, il a expliqué que son gouvernement avait agi rapidement pour amenuiser leurs effets sur les populations.  Toutefois, les mesures prises à l’échelon national, en matière de santé financière doivent être complétées par des réponses internationales appropriées, a cependant estimé M. Symonette.  

Abordant la question de la contribution des États au budget des Nations, il a argué qu’on ne devrait pas donner trop de poids au PNB pour déterminer la « capacité à payer »; cette façon de faire pouvant conduire à des « distorsions » de la réalité.  Et nulle part ailleurs, ces distorsions ne sont visibles que dans les quotes-parts des contributions aux opérations de maintien de la paix, a insisté le Vice-Premier Ministre. 

Le système actuel place les Bahamas, un petit État insulaire en développement, dans la même catégorie que les économies développées à l’exception des membres permanents du Conseil de sécurité.  Cette formule « injuste » crée un fardeau très lourd, a-t-il estimé, en demandant l’examen de cette « iniquité ».  Il est clair, a-t-il poursuivi, que le critère du PNUD ne reflète en aucune façon la vulnérabilité des économies comme celle des Bahamas ou les coûts extraordinaires associés à la duplication des infrastructures rendue nécessaire par la configuration de l’archipel. 

En tant que petit État insulaire en développement, a poursuivi M. Symonette, les Bahamas subissent les conséquences des changements climatiques et ont déjà consacré d’importantes ressources aux efforts de reconstruction et de relèvement après le passage de violents ouragans.  Il est tout de même important, a mis en garde le Vice-Premier Ministre, que les initiatives liées à la protection de l’environnement ne fassent plus de mal que de bien.  L’introduction d’une taxe sur les billets d’avion a compromis une industrie touristique déjà affaiblie, une industrie qui, pour les Bahamas, est vitale.  La proposition d’imposer des taxes sur les chargements des navires aurait les mêmes effets sur la compétitivité du Registre de la marine.

M. FREDERICK FONO, Vice-Premier Ministre des Îles Salomon, a souligné que la crise économique et financière avait causé des difficultés immenses à la communauté internationale et que son pays avait en particulier souffert de la faiblesse des prix des matières premières, de la baisse de ses recettes et d’un déficit public accru.  Le pays a riposté en gelant les embauches dans le secteur public, en réduisant de 35% les dépenses publiques, a-t-il rappelé.  M. Fono a salué le résultat de la Conférence des Nations Unies sur la crise financière de juin, appelant à une plus grande coopération internationale et préconisant une réforme des institutions de Bretton Woods.  Il a exprimé son espoir que les mesures de soutien économique puissent atteindre « les plus pauvres des pays pauvres ».

S’agissant des conséquences des changements climatiques, le Vice-Premier Ministre a affirmé que ces derniers créaient de nouvelles poches de pauvreté dans le monde.  Sans une issue ambitieuse du Sommet de Copenhague, nous allons perdre la bataille, a-t-il lancé, appelant en particulier à une action urgente en faveur des petits États insulaires en développement et des pays les moins avancés (PMA).

Les Îles Salomon adhèrent pleinement à la déclaration de l’Alliance des petits États insulaires en développement, conclue cette semaine, a indiqué M. Fono, rappelant que ces îles seraient gravement menacées par le réchauffement climatique et la montée du niveau des mers si les émissions de gaz à effet de serre ne seraient pas réduites de 45% en 2020 par rapport a 1990 et de plus de 95% en 2050 par rapport aux niveaux de 1990.  À cet égard, la question de la déforestation, qui contribue pour 20% aux émissions de gaz à effet de serre dans le monde, doit être l’une des solutions à la lutte contre le réchauffement climatique, a-t-il dit, insistant pour que ce chapitre fasse partie intégrante des négociations de Copenhague en décembre.  Les Îles Salomon sont prêtes à participer à un marché du carbone dans cette perspective, a-t-il assuré.

Le Vice-Premier Ministre a appelé à la réalisation dans les temps des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Les Îles Salomon sont en passe de faire des progrès dans la réalisation de certains de ces objectifs, a-t-il affirmé, citant plusieurs partenariats, notamment avec la Chine et la Nouvelle-Zélande.  Les Îles Salomon développent également le secteur du tourisme pour pallier une réduction de l’activité minière et forestière.  Le développement humain reste un point d’orgue dans notre lutte contre la pauvreté, a-t-il poursuivi.

M. KANAT SAUDABAYEV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a rappelé que son pays avait soutenu, dès le début, le combat mondial contre le terrorisme en apportant notamment son soutien aux efforts de la force internationale en Afghanistan.  Une aide humanitaire considérable a été fournie à l’Afghanistan, a-t-il précisé.  Selon lui, la stabilité à long terme du pays est impossible sans que des mesures effectives soient prises pour combattre le trafic de drogues.  Le Kazakhstan ayant été le terrain d’essais nucléaires et ayant volontairement renoncé à son arsenal missile et nucléaire, il a un droit moral pour appeler à des actions plus décisives dans le domaine du désarmement et du renforcement du régime de la non-prolifération des armes nucléaires, a affirmé M. Saudabayev.  La prolifération des armes nucléaires et notamment le risque de leur acquisition et de leur utilisation par des organisations terroristes restent l’une des menaces les plus sérieuses, a-t-il ajouté.  Il a souligné que son pays souhaitait le renforcement du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a salué les initiatives prises par les Présidents américain et russe qui font écho aux propositions exprimées par le Président du Kazakhstan.  Il est nécessaire, a-t-il dit, de prendre aujourd’hui des actions plus décisives.

Le Ministre des affaires étrangères a, par ailleurs, exprimé ses préoccupations concernant la crise économique et financière mondiale, qui a été la plus importante depuis plusieurs décennies.  Le fossé entre les riches et les pauvres continue de se creuser, a-t-il déploré, notant que plus d’un milliard de personnes vivent aujourd’hui avec moins d’un dollar par jour.  Le Kazakhstan, à la croisée de l’Europe et de l’Asie, qui a maintenu la paix dans un pays multiethnique et multireligieux, souhaite aujourd’hui faire partager son expérience, a déclaré le Ministre.  Il a ajouté que son pays était aujourd’hui prêt à devenir un « pont » pour la compréhension et la tolérance entre l’Est et l’Ouest.  À l’initiative du Kazakhstan, a rappelé le Ministre, la soixante-deuxième session de l’Assemblée générale a adopté une résolution déclarant 2010 Année internationale pour le rapprochement des cultures.  Le Kazakhstan supporte pleinement les objectifs de l’Alliance des civilisations et appelle les États Membres et le système de l’ONU à contribuer au renforcement de la tolérance et de la compréhension mutuelle dans le monde.  Enfin, le Ministre a précisé que son pays soutenait la réforme des Nations Unies, et notamment la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale et le renforcement de l’efficacité du Conseil de sécurité.

M. JEAN-MARIE EHOUZOU, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine, de la francophonie et des Béninois de l’extérieur, a appelé au rétablissement de la capacité de l’ONU de remplir sa vocation quant à la recherche des solutions aux problèmes globaux de l’humanité.  À cette fin, le dialogue des civilisations est une condition essentielle pour le renforcement du multilatéralisme, a-t-il plaidé.

S’exprimant sur le réchauffement climatique, le Ministre a incité l’espèce humaine à repenser son comportement de fauteur de la biosphère, à se ressaisir et à assumer pleinement ses responsabilités. 

Il nous faut revenir aux valeurs fondamentales que sont le respect de la vie et de la nature, la conscience de notre communauté de destin, la recherche de l’avantage réciproque et le sens de la pérennité, a martelé le Ministre, appelant à « une alliance nouvelle entre l’homme et la nature afin de pouvoir inverser les tendances et les perspectives peu reluisantes que les scientifiques nous dépeignent ».  À ce titre, le Sommet de Copenhague, en décembre prochain, est une occasion exceptionnelle à ne pas manquer, a-t-il insisté, rappelant que l’État et la puissance publique ont un rôle crucial à jouer aux côtés des partenaires sociaux.

Le Ministre a poursuivi son intervention en évoquant la lutte résolue engagée par son pays contre les mutilations génitales féminines, au moyen d’une campagne de sensibilisation de proximité, de la reconversion des exciseuses et de l’exécution d’une législation appuyée par un nouveau Code de la famille.  Il a formulé le souhait que les Nations Unies soient plus efficaces dans l’accompagnement des politiques nationales pour la réalisation des normes internationales.

S’agissant de la récession mondiale et des conséquences des changements climatiques qui risquent d’hypothéquer les efforts nationaux pour accéder au statut de pays émergant d’ici à 2025, M. Ehouzou a exprimé l’intention du Bénin de préserver la dynamique de progrès malgré les chocs externes fort éprouvants qu’impose la crise économique et financière.  Il a toutefois averti que les conséquences des changements climatiques compliquent considérablement la donne.

« Aidez nous à acquérir les technologies et les moyens requis pour combattre l’érosion côtière », a-t-il demandé, évoquant de grands travaux d’infrastructures indispensables à l’échelle de la région de l’Afrique de l’Ouest, projets qui nécessitent des ressources colossales.  Face à ce problème, il a proposé la création d’un fonds multilatéral d’investissements pour financer, sous l’égide des Nations unies et de l’Union africaine, les grands travaux d’aménagement nécessaires.

« Il nous faut une ONU capable de coordonner la réponse à de tels défis de développement », a-t-il martelé, évoquant la levée des fonds nécessaires mais aussi la supervision des transferts de ressources financières.  Le Ministre a aussi plaidé en faveur d’une Organisation ayant l’autorité morale requise pour engager les pays nantis en faveur d’une réforme en profondeur de l’architecture et de la gouvernance de la globalisation économique et financière.  Sur ce point, il a jugé les initiatives du G-20 louables mais insuffisantes.

Il a aussi appelé à ce que les pays émergents assument pleinement les engagements internationaux liés à leur nouveau statut, dans la perspective de faire progresser les Objectifs du Millénaire pour le développement et d’une meilleure adaptation aux changements climatiques.

M. ALBERTO G. ROMULO, Ministre des affaires étrangères des Philippines, a rappelé que 40% de la population mondiale vivait encore avec la modique somme de 2 dollars par jour, et que, pour l’instant, la communauté internationale n’avait pas encore résolu les problèmes des changements climatiques et de la crise alimentaire qui oppressent des centaines de millions d’êtres humains.  Il a par ailleurs estimé que plusieurs nations n’atteindraient jamais les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à l’échéance prévue de 2015.  Le Ministre a ensuite présenté ce qu’il considère comme les défis de notre temps, sur lesquels le monde devrait se concentrer.  S’agissant du premier, la promotion du désarmement nucléaire et la non-prolifération, il a estimé que la décision du Président américain Barack Obama de conduire son pays à la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), et son engagement avec la Fédération de Russie d’arriver à la réduction de leurs arsenaux stratégiques offensifs constituaient des développements positifs.

Pour le second défi, la gestion de la crise économique, afin d’aller vers une relance mondiale équitable et une rapide élimination de la pauvreté, M. Romulo a indiqué que l’interdépendance actuelle du monde obligeait à des actions communes.  Les Philippines se joignent aux autres nations pour appeler à un effort unifié au sein des Nations Unies afin d’agir pour le bien-être des peuples, a-t-il dit.  Le troisième défi est, pour le Ministre, celui de la protection et de la promotion des droits des travailleurs migrants.  À ce sujet, il a appelé les États à devenir partie à la Convention des Nations Unies pour la protection des droits des travailleurs migrants.  Il faut aussi, a dit M. Romulo, prendre des mesures urgentes face aux changements climatiques, en espérant que les résultats de la récente rencontre sur l’économie verte, qui s’est tenue à Manille, fournisse des éléments de réflexion pour la prochaine Conférence de Copenhague sur les changements climatiques.

M. ELMAR MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères d’Azerbaïdjan, a affirmé que la question de la sécurité dans tous les pays du monde était, plus de 60 ans après la création des Nations Unies, toujours d’actualité.  Il s’est interrogé sur la validité de l’architecture contemporaine de la sécurité internationale, alors que les menaces à la paix dépassent aujourd’hui les frontières nationales et les continents.  Il faut reconsidérer le concept même de sécurité, et ce, en des termes plus larges que le traditionnel aspect militaire de la sécurité, a plaidé le Ministre, citant les champs politique, économique, énergétique, culturel et de l’information.

La paix et la sécurité internationales dépendent de l’application par tous les États des principes du droit international, a poursuivi M. Mammadyarov, qui a déploré les entorses aux normes et aux principes du droit international dans le monde.  Il a insisté sur le conflit qui oppose son pays à l’Arménie dans la région du Nagorno-Karabakh depuis bientôt deux décennies.  Ce conflit est « une menace majeure pour la paix et la sécurité dans le monde et dans la région », a-t-il averti, soulignant que l’Arménie occupait un cinquième du territoire d’Azerbaïdjan, ce qui avait entraîné le déplacement d’environ un million d’Azerbaïdjanais.  Rappelant que la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan avaient été de nouveau affirmées par le Conseil de sécurité des Nations Unies dans sa quatrième résolution, et que ce dernier avait appelé à un retrait immédiat, total et inconditionnel des forces occupantes dans la région du Nagorno-Karabakh, le Ministre a exigé le retrait des forces arméniennes « de tous les territoires occupés ».  Il a aussi appelé à la réhabilitation de ces territoires occupés et au rapatriement des populations déplacées.

Ces étapes clefs, a-t-il dit, ouvriront la voie à une paix durable et à la stabilité dans la région, et déboucheront sur l’élaboration d’un statut légal pour la région du Nagorno-Karabakh au sein de l’Azerbaïdjan, a-t-il plaidé.  Il a aussi rappelé que l’Arménie avait accepté une approche « étape par étape » du règlement du conflit, sur la base des principes et des normes du droit international, et il s’est dit, dans ce contexte, prêt à continuer de discuter avec l’Arménie sur la stabilité de la région.

Sur le chapitre économique, le Ministre a souligné que l’impact de la récession au niveau mondial avait été minimisé dans son pays, avec une croissance d’environ 4% actuellement, une chute de 44% à 13% du taux de pauvreté depuis 2003 et une croissance des activités hors hydrocarbures à son plus haut niveau en cinq ans, de 16%.  L’Azerbaïdjan a été reconnu par la Banque mondiale comme l’un des pays de pointe en matière de réforme, a-t-il souligné, rappelant que son pays prenait « inéluctablement un rôle moteur » dans la région, fort de sa population jeune et formée, de ses ressources variées et du dynamisme de son économie, au carrefour des besoins énergétiques Est-Ouest et Nord-Sud.  Il a, à ce titre, vanté les projets d’infrastructures dans le secteur énergétique et celui des transports.  M. Mammadyarov a par ailleurs apporté son soutien aux initiatives des Nations Unies pour favoriser un meilleur respect entre cultures, civilisations et religions. 

M. PAUL TOUNGUI, Ministre des affaires étrangères du Gabon, a rappelé que son pays venait de traverser une phase critique avec la disparition du Président Omar Bongo et la période de transition politique qui a permis à M. Ali Bongo Ondimba d’être proclamé Président par la Cour constitutionnelle, laquelle dispose désormais d’un délai d’un mois pour examiner les réclamations ou recours issus de l’élection.  Pour M. Toungui, la Conférence des Nations Unies de juin sur la crise économique et financière a marqué une étape importante dans l’expression des préoccupations et l’engagement de la communauté internationale à mener une lutte concertée contre la crise et ses répercussions.  Il faut maintenant veiller à ce que les mesures prises et les interventions menées bénéficient d’un financement adéquat et soient exécutées dans les délais et coordonnées à l’échelle internationale, a poursuivi M. Toungui. 

S’agissant de la crise alimentaire, le Ministre a appelé à la mise en œuvre des différentes déclarations et mesures adoptées à l’issue de la Conférence de haut niveau sur la sécurité alimentaire, tenue à Rome en juin 2008, et de la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, organisée à Syrte en juillet 2009.  Constatant que la sécurité alimentaire était intimement liée à la question environnementale et aux changements climatiques, M. Toungui a réaffirmé l’appui de son pays à la position commune de l’Afrique sur les changements climatiques, adoptée à Addis-Abeba par les Chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine en août 2009.  Le Gabon a décidé d’assumer sa part de coresponsabilité en consacrant 11% de son territoire à l’humanité avec la création de 13 parcs nationaux.

L’interdépendance des crises auxquelles la communauté internationale fait face met en exergue, selon M. Toungui, la nécessité d’insuffler un nouvel élan aux efforts en faveur de la paix et de la sécurité internationales, et celle de mener une action collective à l’échelle mondiale.  Fort de cette conviction, le Gabon a soumis sa candidature pour un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies pour la période 2010-2011, a ajouté le Ministre.

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