AG/10862

L’Assemblée évoque plusieurs conflits territoriaux et entend le Premier Ministre israélien fustiger les propos du Président iranien

24/09/2009
Assemblée généraleAG/10862
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-quatrième session

5e et 6e séances plénières – matin et après-midi


L’ASSEMBLÉE ÉVOQUE PLUSIEURS CONFLITS TERRITORIAUX ET ENTEND LE PREMIER MINISTRE ISRAÉLIEN FUSTIGER LES PROPOS DU PRÉSIDENT IRANIEN


Après qu’une dizaine de délégations ont quitté, hier soir, la salle de l’Assemblée générale pour protester contre les propos du Président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, le Premier Ministre israélien a demandé aujourd’hui aux autres délégations si elles n’avaient pas « honte » d’être restées à leur siège. 


Aux côtés de Benjamin Netanyahu, plus d’une trentaine de chefs d’État et de gouvernement ont pris la parole au deuxième jour du débat général dont les dirigeants de l’Iraq, des Comores, de Chypre, de la Turquie et de la Géorgie.  Le Premier Ministre japonais, élu à la faveur de la première alternance politique depuis 60 ans, est également intervenu.


Son homologue israélien a fustigé les « mensonges » et les « diatribes antisémites » que le Président iranien a jetés « à la face de la communauté internationale », hier.  Se demandant si le monde était prêt à faire face aux « forces terroristes dirigées par l’Iran », le Chef du Gouvernement israélien a estimé que l’acquisition de l’arme nucléaire par Téhéran représente la plus grave menace actuelle à la paix et à la sécurité internationales.


Benjamin Netanyahu a rejeté les conclusions « biaisées » du rapport de la Commission d’enquête diligentée par le Conseil des droits de l’homme pour faire la lumière sur les allégations de violations du droit international commises à Gaza, en décembre et en janvier derniers, lors des affrontements entre le Hamas et les forces israéliennes.


Face à des adversaires qui, « depuis des années », dirigent « délibérément » des tirs de roquettes et de mortiers vers les populations israéliennes, tout en se servant de leurs propres civils comme boucliers humains, Israël n’a pas eu d’autre choix que de riposter, a plaidé M. Netanyahu.  Et pourtant, qui est condamné aujourd’hui par le Conseil des droits de l’homme? « Israël, bien sûr », a-t-il ironisé. 


Le Premier Ministre israélien, qui a eu mardi dernier un entretien avec les Présidents palestinien et américain, a affirmé que son pays fera la paix si les Palestiniens la veulent.  Il a réitéré ses deux conditions préalables à savoir, la reconnaissance de l’existence d’Israël comme « État-nation du peuple juif » et la démilitarisation complète d’un futur État palestinien. 


C’est vers le Conseil de sécurité que s’est tourné le Président de l’Iraq, Jalal Talabani, pour réclamer une mission internationale indépendante chargée d’enquêter sur les « crimes terroristes » commis dans son pays avec l’appui, selon lui, de « forces étrangères ».


Ce deuxième jour du débat général a été largement dominé par les conflits ou litiges territoriaux, comme en a témoigné l’intervention du Président de l’Union des Comores, qui a condamné « la présence française dans l’île comorienne de Mayotte ». 


Ahmed Abdallah Mohamed Sambi a présenté à la France une proposition de règlement du différend, l’invitant à reconnaître la vocation des quatre îles de l’archipel des Comores à rester une nation indivisible gérée sur la base du principe d’« un pays, deux administrations ».  En contrepartie, la France pourrait accompagner le développement économique des trois autres îles pour rétablir un certain équilibre dans l’ensemble de l’archipel, a-t-il suggéré.


La situation d’un autre territoire divisé a été abordée dans la journée: celui de Chypre dont le Président a estimé que les progrès réalisés vers la création d’un État fédéral ne permettent pas d’envisager, dans un avenir proche, un règlement définitif de la situation.  M. Demetris Christofias a regretté que les demandes de « la communauté chypriote turque soutenue par la Turquie, sortent du cadre prévu par les résolutions pertinentes des Nations Unies ».


En réponse, le Premier Ministre de la Turquie, Recep Tayyip Erdoğan, a affirmé qu’avec la bonne volonté de toutes les parties, il serait possible de trouver une solution à la fin de 2009 et de la soumettre à un référendum en 2010.  Si toutefois, a-t-il prévenu, en raison de l’intransigeance de la partie chypriote grecque, une solution ne peut être trouvée, alors la normalisation du statut de la « République de Chypre du Nord » deviendrait une « nécessité que l’on ne saurait reporter ».


Le peuple géorgien a prévenu, pour sa part, que son Président, Mikheil Saakashvili, n’acceptera pas une ligne de division dans son pays.  C’est un engagement inamovible, a-t-il assuré, avant d’appeler la communauté des nations à affirmer que le droit international n’autorise pas la modification des frontières par la force.  Le Président géorgien a fait appel « au pouvoir des idées et à la force des convictions », les changer, tout en admettant que « cela prendrait du temps ».


Tout nouveau Premier Ministre du Japon, pays qui vient de changer de majorité politique pour la première fois en 60 ans, Yukio Hatoyama a fait un geste d’ouverture en direction de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Après avoir réaffirmé l’intention du Japon de normaliser ses relations avec la RPDC, conformément à la Déclaration de Pyongyang, le Premier Ministre a estimé qu’une enquête approfondie sur les enlèvements de ressortissants japonais dans les années 70 contribuerait à l’amélioration des relations entre ce pays et le sien.


Le débat général de l’Assemblée générale se poursuivra demain, vendredi 25 septembre, à partir de 9 heures.


SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL


M. AHMED ABDALLAH MOHAMED SAMBI, Président de l’Union des Comores, a déclaré qu’il allait aborder un « sujet sensible » qui touche à l’unité et à l’intégrité des Comores.  Il a rappelé que l’Assemblée générale a, à maintes reprises, « réprouvé la présence française dans l’île comorienne de Mayotte ».  Mais, a-t-il regretté, malgré de nombreuses résolutions allant en ce sens et des consultations dans l’île, la France continue de tenir des référendums à Mayotte pour ancrer définitivement cette île à la République française.  Il a rappelé que le statut de l’île comorienne de Mayotte en droit français a ainsi changé plusieurs fois jusqu’à ce qu’elle devienne le 101e département français.


Il faut noter que les relations entre la France et les Comores sont particulières, a relevé le Président, qui a noté, que malgré la séparation de l’île de ses trois sœurs et contrairement à ce que l’on pourrait penser, la France est toujours associée dans les grandes décisions internationales qui engagent l’avenir des Comores.  C’est le premier partenaire économique des Comores et un des plus grands partenaires de développement, a-t-il précisé, avant de rappeler que plus de 200 000 Comoriens vivent sur le sol français.  Il n’y a donc aucune hostilité entre nos deux pays, a-t-il assuré, se disant prêt à raffermir davantage les relations entre les deux États. 


Le Président des Comores a ensuite présenté à la France, de façon solennelle, une proposition de règlement de ce différend, l’invitant à reconnaître la vocation des quatre îles de l’archipel des Comores à rester une nation indivisible gérée sur la base du principe d’« un pays, deux administrations ».  Il a souhaité que les parties parviennent à un compromis sur la durée de la présence française sur l’île comorienne.  En contrepartie, a-t-il ajouté, nous demandons à la France d’accompagner activement le développement économique des trois autres îles pour qu’un certain équilibre soit trouvé dans l’ensemble de l’archipel.  Ce processus permettra à nos frères et sœurs mahorais de préserver leurs acquis sociaux, leur niveau de vie, et aux trois autres îles de relever les défis du développement.  Il s’est dit persuadé que cette proposition sera accompagnée par la communauté internationale.


Le Président comorien a poursuivi son intervention en expliquant les défis à relever par son pays, qui restent nombreux.  Nos peuples continuent à souffrir de la faim, de la malnutrition et de la maladie; les enfants n’ont pas un enseignement de qualité, et les soins de santé restent un luxe pour la plupart des citoyens, a-t-il indiqué.  Il a aussi signalé que beaucoup n’ont pas accès à des services sociaux de base et sont menacés par les catastrophes naturelles.  Le Président comorien a appelé à ce que soit menée au niveau mondial une action concrète, urgente et concertée, pour pouvoir faire face aux conséquences des crises économique et financière, en faisant preuve de pragmatisme.


Notre Organisation a un grand rôle à jouer pour satisfaire les aspirations légitimes des peuples en développement, a-t-il noté, appelant à rendre l’ONU plus représentative et plus équitable.  Il a demandé de lutter contre l’utilisation abusive de la « compétence universelle », dans le respect de la bonne gouvernance internationale.  Il convient ainsi de mieux définir le concept de la « responsabilité de protéger », en réfléchissant à sa mise en œuvre, a-t-il aussi proposé.  Il s’est enfin réjoui de l’engagement des États-Unis en faveur de la justice, de la paix et du développement dans le monde.  Il a par ailleurs soutenu la Chine et le Maroc dans « leurs efforts légitimes de recouvrer leur intégrité territoriale ».


M. JOHN EVANS ATTA MILLS, Président de la République du Ghana est d’abord revenu, au cours de sa déclaration, sur les contradictions de la mondialisation.  Elle a accéléré l’interdépendance des économies nationales mais ses bénéfices sont négligeables pour la majorité des pays en développement, a-t-il constaté.  M. John Evans Atta Mills a regretté notamment qu’en dépit d’une croissance mondiale moyenne de 5% depuis une décennie, seulement une minorité de pays en développement ait pu réduire la proportion de leur population vivant avec moins de 1 dollar par jour.  Pour le Président de la République du Ghana, les économies des pays en développement dépendent grandement des exportations de minerais et de matières premières, ce qui les expose à des problèmes de sécurité alimentaire.  C’est en particulier le cas des pays de l’Afrique subsaharienne dont la croissance modeste de ces dernières années est menacée par la crise financière internationale, a-t-il déploré.


Pour M. Atta Mills, de nombreux pays développés et émergents, dont certains en Afrique, ont pu prendre des mesures significatives pour limiter l’impact de la crise internationale.  Pour répondre aux défis posés par la crise, l’Afrique souhaite donc que les pays les plus riches fassent plus d’efforts pour remplir leurs engagements dans les domaines de l’aide publique et de la réduction de la dette, a-t-il dit, en demandant également une amélioration de l’accès et de la participation de l’Afrique aux institutions financières existantes.  Il a exhorté le FMI à mettre en place un nouveau mécanisme qui assouplisse les conditions de soutien aux économies africaines.  John Evans Atta Mills a aussi demandé une augmentation du capital de la Banque africaine de développement (BAD) afin de lui permettre de renforcer ses interventions et son soutien au pays d’Afrique.  Il a suggéré également que le FMI vende une partie de ses réserves en or pour libérer des ressources supplémentaires.  Revenant sur les négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) menées dans le cadre du Cycle de Doha, le Président du Ghana a rappelé que la libéralisation des échanges internationaux est destinée, en principe, à bénéficier surtout aux pays pauvres.  Un développement durable implique notamment que les pays pauvres puissent augmenter leurs exportations vers les pays riches.  Malheureusement, a noté le Président du Ghana, le système multilatéral commercial actuel ne leur bénéficie pas, car il limite leur participation aux échanges internationaux.  Les subventions versées par les pays riches à leurs producteurs faussent le fonctionnement des marchés; et les tarifs douaniers imposés par la plupart des pays riches ont empêché l’accès au marché international aux produits africains.  Pour des pays en développement comme le Ghana, une libéralisation du commerce international doit donc être accompagnée de mesures facilitant l’accès aux marchés, a préconisé M. Atta Mills.


Évoquant ensuite les conséquences des changements climatiques en Afrique, M. John Evans Atta Mills a indiqué que le continent avait besoin de mesures concrètes et décisives.  Il a rappelé que lors de la Conférence de Copenhague en décembre, la question du financement de l’aide à l’adaptation aux effets des changements climatiques sera centrale dans les négociations, et même cruciale si l’on veut parvenir à un quelconque accord.


À propos des opérations de maintien de la paix, M. John Evans Atta Mills a demandé une coopération croissante entre l’ONU et les organisations régionales pour renforcer la coopération et l’efficacité de ces missions sur le continent africain.  Évoquant le quinzième anniversaire de la Déclaration du programme d’action de Beijing pour la promotion de la femme, qui aura lieu l’année prochaine, le Président ghanéen a rappelé les efforts entrepris par son pays pour assurer l’égalité des sexes et le renforcement de la représentation des femmes.  Le Gouvernement du Ghana poursuit ainsi une politique dont l’objectif est d’assurer 40% de représentation féminine à des positions clefs au sein des institutions nationales.  Le Président du Ghana est enfin revenu sur le problème du trafic d’êtres humains et de la protection des victimes, en précisant que son pays appuyait l’action de ceux qui soutiennent l’élaboration et l’adoption d’un Plan global d’Action des Nations Unies dans ce domaine.


Pour conclure, M. John Evans Atta Mills a réitéré le soutien de son pays à l’action des Nations Unies qui restent « l’instrument multilatéral idéal pour maintenir la paix et la sécurité internationales et promouvoir une coopération internationale fructueuse ».  Il a cependant demandé un renforcement de la volonté politique pour rendre les Nations Unies plus efficaces et éviter à la majorité des peuples de connaître la guerre, la maladie et la pauvreté. 


M. ŽELJKO KOMŠIĆ, Président de la présidence de la Bosnie-Herzégovine, s’est exprimé sur la crise économique et financière mondiale, qui représente « la plus grande menace pour la paix et la stabilité ».  « Le temps de récupération sera long », a-t-il averti, estimant que cette crise mondiale requiert « des solutions au niveau mondial ».  Il a salué l’adoption du document de l’Assemblée générale qui découle de la Conférence de haut niveau sur la crise économique et financière.


Cette crise a gravement mis en péril la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a souligné M. Komšić, qui s’est inquiété pour les pays les plus pauvres, dont ceux d’Afrique subsaharienne, pour lesquels il a appelé à des efforts continus de la communauté internationale.  Concernant la Bosnie-Herzégovine, il a estimé qu’en dehors des difficultés engendrées par la crise économique, il ne devrait pas y avoir d’autre obstacle à la réalisation dans les temps des objectifs fixés pour le pays d’ici à 2015.


S’exprimant sur la lutte contre le réchauffement climatique, M. Komšić a appelé à des négociations fructueuses lors du prochain Sommet de Copenhague, en décembre.  Il a rappelé que les changements climatiques sont « un problème et une menace universels » contre lesquels les intérêts économiques et politiques ne doivent pas faire obstruction.


Le Président a évoqué la question de la réforme « nécessaire » des Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, réforme qui doit être faite de manière « prudente » afin de s’assurer d’un large consensus des États Membres.  Il a plaidé pour une plus grande participation des États membres au sein du Conseil, dont la Bosnie-Herzégovine; et pour un développement de la « diplomatie préventive ».


Mon pays, a-t-il dit, reste engagé à coopérer pleinement avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).  Un cadre juridique a été mis en place et la Cour du pays a commencé les procès pour crimes de guerre, ce qui est une des conditions préalables au rétablissement de la confiance mutuelle et de la réconciliation dans le pays, a souligné le Président.


Invoquant l’expérience de son pays, le Président a jugé que les Nations Unies et en particulier le Conseil de sécurité, devraient s’engager plus avant dans la diplomatie préventive.  L’initiative et l’active participation de la Bosnie-Herzégovine dans l’Alliance des civilisations contribuent à un tel modus operandi, a souligné le Président.  Il a annoncé que la première Conférence régionale des Balkans, organisée dans le cadre de l’Alliance, se tiendra à Sarajevo d’ici la fin de l’année.


M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a déclaré que cette session de l’Assemblée générale donnait l’occasion de réfléchir aux meilleurs moyens de réconcilier développement socioéconomique et respect de l’environnement.  Selon lui, nous vivons une époque d’innovations scientifiques, technologiques et entrepreneuriales extraordinaires qui peuvent nous aider à surmonter ce défi.  Le G-20 joue un rôle crucial dans le rétablissement de la stabilité économique; mais ne devrions-nous pas élargir ce Groupe à d’autres nations qui sont plus vulnérables aux décisions prises par quelques-uns? s’est demandé M. Kagame.  Toutes les nations devraient être parties prenantes à ces discussions importantes, parce que chacune a une contribution à faire, a estimé le chef de l’État rwandais.  « Il est temps d’embrasser le vrai multilatéralisme », a-t-il insisté, avant de dire que les pays en développement appréciaient les mesures correctives prises par le G-8 et le G-20 pour accélérer le redressement économique, mais qu’il était évident que la plupart des propositions faites jusqu’à présent étaient loin de correspondre aux actions concrètes exigées pour aider les pays à faible revenu.


L’amélioration de la gouvernance mondiale doit aussi prendre en compte la question de la justice internationale, a poursuivi M. Kagame, qui a annoncé que son Gouvernement accorderait une attention particulière aux résolutions présentées par l’Assemblée générale sur cette question au cours de cette session.  Évoquant ensuite la situation dans la Communauté d’Afrique de l’Est, le Président rwandais a jugé qu’il n’y avait pas de meilleure solution aux difficultés économiques actuelles autre que la création de larges marchés régionaux susceptibles de relancer la productivité des États Membres.  Rappelant ensuite les droits et obligations qui incombent à tous en matière de lutte contre les changements climatiques, Paul Kagame a évoqué les contributions « modestes mais proportionnées » faites par son pays à l’approche de la Conférence de Copenhague et les mesures prises s’agissant de la reforestation.


En ce qui concerne la paix et la sécurité, il a estimé que des progrès significatifs avaient été accomplis pour répondre aux problèmes qui se posent dans la région des Grands Lacs.  Les dirigeants de la région reconnaissent que des solutions locales, à commencer par un effort régional conjoint, peuvent ramener une paix durable.  « C’est dans ce contexte, qu’avec nos collègues et voisins de la République démocratique du Congo (RDC), nous faisons face à la cause profonde de l’instabilité dans notre région, à savoir les forces négatives qui posent une menace depuis 1994 », a-t-il précisé.


En conclusion, le Président Kagame a jugé que la tâche la plus urgente de la communauté internationale était de renforcer l’avenir de toutes les nations en promouvant la prospérité économique –« notre objectif moral »-, d’améliorer la paix et la stabilité de toutes les régions en comptant sur les acteurs régionaux, et d’engager le monde dans le vrai multilatéralisme – « notre vision partagée ».


Mme DALIA GRYBAUSKAITÉ, Présidente de la Lituanie, a noté que la crise financière et économique mondiale n’est pas le seul problème qui se pose aujourd’hui.  Elle a ainsi cité le terrorisme, la prolifération des armes, les défis relatifs à l’énergie et les changements climatiques, qui exigent des réponses globales.  Nous sommes dépendants les uns des autres, a-t-elle insisté.  Les Nations Unies doivent jouer le rôle de chef de file pour renforcer les sociétés qui partagent les valeurs de la tolérance et de l’humanité, a poursuivi la Présidente, qui a appelé à lutter contre la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme.


Mme Grybauskaité a aussi appelé tous les pays, petits et grands, à remplir leurs devoirs non seulement à l’égard de leurs citoyens mais aussi vis-à-vis de la société mondiale.  Ce sont habituellement les pauvres et les plus vulnérables qui sont les principales victimes des troubles économiques, a-t-elle noté, avant de rappeler que la crise actuelle risque de retarder la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Pour éviter que les objectifs de développement ne soient la première victime de la crise économique et financière, la Présidente a donné des exemples d’actions concrètes, comme la contribution aux opérations de maintien de la paix.  Son pays continuera à s’engager sur ce front, comme il l’a déjà fait pour les missions de l’Union européenne au Kosovo, en Bosnie-Herzégovine et en Afghanistan, a-t-elle assuré.


La Présidente a également invité les gouvernements à renforcer leurs politiques de lutte contre la prolifération des armes, tout en permettant le développement du nucléaire civil.  Elle a encore souhaité que le protectionnisme et l’isolationnisme n’aient plus cours dans un monde responsabilisé.  En ce qui concerne les changements climatiques, elle a indiqué faire son possible pour l’aboutissement des négociations en prévision de la Conférence de Copenhague, avant d’appuyer l’engagement de l’Union européenne de réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020.


La Lituanie assume sa responsabilité aux niveaux régional et mondial, a ajouté Mme Grybauskaité, considérant que les organisations régionales doivent assumer de plus grandes responsabilités.  Elle a ainsi précisé que son pays préside cette année le Conseil des États des Balkans ainsi que la Communauté des démocraties.  La Lituanie assumera aussi en 2011 la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et celle de l’Assemblée générale de l’ONU, en septembre 2012, puis celle de l’Union européenne au deuxième semestre 2013.  Les progrès réels dans le développement sont indissociables du respect de la démocratie, a-t-elle enfin estimé.


M. DEMETRIS CHRISTOFIAS, Président de Chypre, a d’abord évoqué la crise financière internationale qui montre « la faiblesse de notre système économique ».  Pour lui, c’est « seulement au travers d’actions collectives et globales » que le monde peut aujourd’hui y faire face.  Pour le Président de la République de Chypre, il en est de même de la réduction de la pauvreté, des maladies et de la lutte contre le réchauffement climatique.


Apportant son soutien aux pays en développement qui ont rappelé à la tribune les conséquences de la crise financière sur leurs économies, le Président a regretté que la mondialisation soit « conduite par la quête de profits excessifs » et qu’elle rende « les riches plus riches et les pauvres plus pauvres ».  Pour M. Demetris Christofias, les Nations Unies représentent aujourd’hui l’organe international le plus important pour faire face aux effets de la crise financière.


Énumérant ensuite les défis auxquels la communauté internationale doit faire face, tels que les changements climatiques, la diminution des ressources naturelles, les violations des droits de l’homme, la multiplication des conflits régionaux, la prolifération des armes de destruction massive et les pandémies, le Président a insisté sur l’importance d’entreprendre des actions collectives efficaces.  C’est en particulier le cas pour la lutte contre les changements climatiques, selon lui.  « Des mesures doivent être prises immédiatement et la réunion de Copenhague doit marquer un tournant historique », a-t-il indiqué.


Revenant ensuite sur les négociations sur le statut de Chypre, M. Demetris Christofias a rappelé que des « discussions intenses » étaient engagées avec le dirigeant de la communauté chypriote turque, M. Mehmet Ali Talat.  Des progrès ont été faits, a-t-il estimé, pour la création d’un État fédéral comprenant « deux régions largement autonomes, administrées chacune par les communautés turque et grecque ».  Toutefois, ces progrès ne permettent pas de croire « à une solution finale proche ».  Le Président a notamment regretté que « la communauté chypriote turque soutenue par la Turquie, continue d’avoir des positions ou de faire des propositions qui sortent du cadre des résolutions des Nations Unies ».


Remerciant une nouvelle fois le Secrétaire général pour ses missions de bons offices, M. Demetris Christofias a dit toutefois espérer que le second cycle de négociations qui vient de commencer soit « l’occasion pour la Turquie de reconsidérer ses positions », car la solution doit émaner des Chypriotes pour les Chypriotes.  Il a aussi demandé à la Turquie de normaliser ses relations avec Chypre et de procéder à sa reconnaissance comme le demande l’Union européenne.


Chypre, a rappelé le Président, a toujours appuyé l’accession de la Turquie à l’Union européenne mais cet appui, a-t-il prévenu, n’est pas « inconditionnel ».  Qualifiant de paradoxe la position de la Turquie, qui soutient notamment une solution confédérale passant par la création de deux États indépendants à Chypre, M. Demetris Christofias a néanmoins exprimé sa disposition à engager un dialogue avec les dirigeants turcs, parallèlement aux négociations avec le dirigeant chypriote turc, ce qui augmenterait les chances d’un résultat positif des négociations.


M. FRADIQUE BANDEIRA MELO DE MENEZES, Président de Sao Tomé-et-Principe, a estimé que le plus grand défi à l’heure actuelle est d’assurer l’avenir de la planète, pas seulement d’un point de vue économique mais aussi du point écologique.  Il a indiqué que le niveau de la mer provoque déjà l’érosion de côtes de son pays.  Le temps joue contre nous et nous ne pouvons continuer à ignorer ces problèmes écologiques et à ne pas appliquer le Protocole de Kyoto, a-t-il averti, ajoutant que ce n’est pas un problème des pays en développement contre les pays développés. 


Le Président a souhaité le succès des négociations en prévision de la Conférence de Copenhague.  Nous espérons que les objectifs de 2020 pourront être formalisés lors de ce sommet, a-t-il dit.  Il a ensuite appelé à réformer le système des Nations Unies, de toute urgence.  Les objectifs de paix et de sécurité, combinés au développement économique, ne peuvent être réalisés que grâce à des efforts multilatéraux, a-t-il souligné.  Seuls ces efforts, basés sur le droit international, peuvent garantir la sécurité alimentaire et énergétique, la disparition des maladies infectieuses et des solutions aux problèmes des réfugiés dans le monde.  Mais, selon le Président, on ne peut réussir dans cette voie qu’avec une ONU plus égalitaire et plus solidaire, ce qui est aussi valable pour d’autres organisations internationales.


Abordant la question de la réforme du Conseil de sécurité, le Président a demandé qu’une plus grande justice soit faite à l’Afrique pour qu’elle soit représentée et prenne part aux grandes décisions, soutenant ainsi la proposition de l’Union africaine.  Sao Tomé-et-Principe fait preuve de détermination dans ses efforts en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier en matière d’éducation et de santé, a ensuite expliqué le Président.   


Il a exprimé sa satisfaction de voir se réchauffer les relations entre la Chine et la République de Chine à Taïwan, espérant voir celle-ci participer davantage aux travaux des Nations Unies et se réjouissant qu’elle soit maintenant observateur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).  Il s’est, en revanche, dit déçu du peu de progrès en ce qui concerne la levée du blocus dont Cuba est victime.


Pour conclure, le Président a appelé à une plus grande coopération entre les pays développés et ceux en développement, entre les donateurs et les bénéficiaires de l’aide internationale.  Il a aussi souhaité que les communautés rurales, les enseignants, le personnel de santé, les agriculteurs et les pêcheurs soient davantage consultés sur les programmes de développement.


M. ERNEST BAI KOROMA, Président de la Sierra Leone, a rappelé que les années de conflits qui ont frappé son pays avaient considérablement augmenté la pauvreté, rendant la population vulnérable.  Cependant, la croissance économique stable, et le soutien sécuritaire et financier international ont permis une amélioration sensible de la situation, a poursuivi le Président.  La crise économique qui a frappé le monde, mais également l’Afrique et plus particulièrement la Sierra Leone a eu des conséquences néfastes sur l’économie du pays et sur la population, a-t-il ajouté. 


Le Président a indiqué que les exportations ont considérablement chuté, entrainant un déficit de la balance commerciale, et rendant difficile l’importation de produits de base.  M. Koroma a souligné que de nombreux pays d’Afrique, et notamment la Sierra Leone, ont enregistré, ces dernières années, d’importants progrès politiques, économiques et sociaux.  La Sierra Leone est parvenue à mettre en place un régime démocratique stable, a noté le Président.  Il a ajouté que tous les indicateurs ont montré que le pays avait fait des progrès rapides dans la stabilité politique.  Mais, il a rappelé que son pays n’aurait pu obtenir ces résultats sans un appui multilatéral. 


M. Koroma s’est par ailleurs dit concerné par les changements climatiques qui menacent le développement humain et les nations africaines.  Il a rappelé que les récentes pluies torrentielles qui se sont abattues sur Freetown ont provoqué d’importants dégâts.  Sécheresse, ouragan, inondations, élévation du niveau de la mer demeurent des sujets de préoccupation, a-t-il poursuivi.  Le Sommet sur les changements climatiques qui se tiendra à Copenhague en décembre représente selon M. Koroma, une occasion unique de jeter les bases d’un avenir meilleur, plus durable et plus stable.  M. Koroma a, par ailleurs, ajouté sa voix à celle des autres nations africaines pour appeler à une réforme en profondeur de l’ONU qui tienne compte de la demande de représentation des peuples d’Afrique.  


M. RICARDO MARTINELLI BERROCAL, Président du Panama, a expliqué que le réchauffement climatique était la plus édifiante manifestation de la crise causée par l’exploitation excessive des ressources et qu’il fallait, dorénavant, appliquer de nouvelles formules, changer de comportement et avoir une meilleure relation avec la nature.  Si nous n’agissons pas avec grande prudence, les conséquences seront irréversibles, a-t-il prévenu.


Le Président, qui a rappelé que son pays a toujours joué un important rôle auprès des États voisins et ailleurs dans le monde, a exprimé sa détermination à privilégier, durant son mandat, l’intérêt du peuple panaméen, au détriment des intérêts partisans.  À ce propos, il a fait mention des réalisations en cours et à venir au Panama, citant au passage, la construction de lignes de métro, d’habitations à loyer modéré, d’infrastructures routières et ferroviaires, et l’extension du canal de Panama. « Malgré la crise, le Panama est en situation de croissance », s’est réjoui le chef de l’État.


Le Président Berrocal, qui a plaidé en outre pour la paix, a dit suivre avec attention, le processus de réconciliation au Honduras.  L’Accord de San José constitue la meilleure méthode pour former un gouvernement consensuel capable de superviser de nouvelles élections et de garantir un retour pacifique à la démocratie, a-t-il affirmé.  « Laissons les Honduriens décider de leur destinée et de leur avenir ensemble », a-t-il, par ailleurs déclaré.


M. Berrocal a également exprimé son refus de la prolifération nucléaire et de la production d’armes de destruction massive.  Il a aussi rappelé la bataille menée par son pays contre le trafic de drogues et le blanchiment d’argent, soulignant que les succès réalisés, à cet effet, ont déjà été reconnus par le Fonds monétaire international (FMI).  C’est par la description de la riche biodiversité de son pays que le Président Berrocal a conclu son allocution.


M. HANS-RUDOLF MERZ, Président de la Confédération suisse, a déclaré que nous vivons dans un monde interconnecté dans lequel des questions comme les changements climatiques, la crise alimentaire, les migrations, les pandémies, le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive ne s’arrêtent pas aux frontières.  « Faire face à ce genre de défis globaux exige une action déterminée et coordonnée aux niveaux national, régional et international » a poursuivi M. Merz, soulignant que la coopération internationale était devenue vitale, et que le monde avait plus que jamais besoin de l’ONU. 


À cet égard, il a estimé que les Nations Unies devaient poursuivre sur le chemin de la réforme afin de renforcer leur légitimité et qu’il fallait renforcer leur coopération avec le G-20.  Passant à la question de la crise financière et économique qui préoccupe le monde, M. Merz a affirmé qu’en plus des mesures de stabilisation prises à ce jour, il fallait que l’activité économique revienne à des valeurs et à des vertus fondamentales.  Le FMI, la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’ONU disposent selon lui des connaissances et des instruments nécessaires pour combattre cette crise, et il est essentiel d’assurer que les voix de ces institutions soient entendues au sein du G-20. 


Pour M. Merz, cette crise ne suffit cependant pas pour remettre en cause l’économie de marché et la mondialisation.  Il faut des réformes certes, a-t-il reconnu, tout en partageant les inquiétudes face à la nouvelle tendance au protectionnisme qui mènerait, selon lui, au désastre.  La Suisse salue dès lors l’appel à la conclusion du Cycle de Doha, exprimé lors de la Conférence de l’ONU sur la crise économique et financière.  Abordant la question du retard possible dans la réalisation des Objectifs du Millénaire, M. Merz a expliqué que son pays maintiendrait le niveau de son aide malgré des contraintes budgétaires. 


Pour la Suisse il est important que la Conférence de Copenhague soit un succès.  Mon pays, a affirmé le Président, veut et peut montrer l’exemple en termes de réduction des émissions de CO2 puisqu’elle atteindra ses objectifs de 2012, et est prête à réduire ses émissions de 20% d’ici à 2020.  Compte tenu du coût élevé des adaptations aux changements climatiques, la Suisse est en faveur d’une taxe carbone à l’échelle mondiale fondée sur le principe du pollueur-payeur afin de faire face à ces nouveaux besoins. 


Rappelant que cette année marque le soixantième anniversaire de la Convention de Genève, M. Merz a indiqué que la Suisse organisait une rencontre ministérielle ce samedi à New York afin d’identifier les moyens de renforcer le respect des Conventions de Genève, et qu’elle accueillera en novembre une conférence internationale d’experts ouverte à tous les États parties à ces Conventions, qui portera sur les défis présents et futurs auxquels le droit international humanitaire doit répondre. 


La Suisse présentera aussi sa candidature pour un second mandat au Conseil des droits de l’homme, en 2010.  M. Merz a également annoncé la candidature de la Suisse à la présidence de la soixante-cinquième session de l’Assemblée générale, en proposant comme personnalité, Joseph Deiss, ancien Président de la Confédération.


M. JOSÉ LUIS RODRÍGUEZ ZAPATERO, Premier Ministre de l’Espagne, est d’abord revenu sur la crise financière internationale qui a montré, selon lui, la faiblesse des normes et des règles qui encadrent le système économique mondial.  Pour M. Zapatero, cette crise « n’est pas la première crise de la mondialisation mais la première crise de la gouvernance mondiale, la crise d’une mondialisation insuffisamment gouvernée ». 


« Il faut en tirer les leçons », a-t-il insisté, « faire preuve d’une détermination collective pour trouver les outils d’une politique coordonnée ».  Pour M Zapatero, ce sont aussi des politiques collectives coordonnées qui permettront de résoudre les autres défis qui se présentent à la communauté internationale comme la misère, la pauvreté, la criminalité, la piraterie, le terrorisme ou les changements climatiques.


La crise financière internationale offre donc une occasion de bâtir un meilleur système de gouvernance mondiale basé sur le multilatéralisme. « Le multilatéralisme n’est pas seulement la prise de décisions communes », a ajouté M. Zapatero, « pour être efficace et durable, il implique aussi deux postulats ».


Le multilatéralisme est d’abord inséparable du respect des valeurs démocratiques, des droits de l’homme et de l’égalité entre les sexes.  José Luis Zapatero s’est félicité de la récente résolution de l’Assemblée générale prévoyant de traiter toutes les questions liées à l’égalité des sexes au sein d’une seule et même institution.  Le chef du Gouvernement espagnol a également condamné le coup d’État au Honduras, qu’il a qualifié d’« antidémocratique ».


Le multilatéralisme implique ensuite « la connaissance de l’autre, la tolérance et le respect mutuel » entre communautés, régions ou pays.  « C’est ce qui m’a poussé, a confié le Premier Ministre, à lancer en 2005, avec mon homologue turc, Recep Tayip Erdoğan, l’Alliance des civilisations. »  M. Zapatero s’est félicité que les débats de la soixante-quatrième session de l’Assemblée générale tournent autour du dialogue entre civilisations.  L’Espagne, a-t-il annoncé, soutiendra le vote d’une résolution entérinant la dimension structurelle de l’Alliance au sein de l’ONU.


Le Premier Ministre a ensuite estimé que le monde pouvait « faire un grand pas en éliminant les armes nucléaires ».  Il a salué les efforts des États-Unis et de la Fédération de Russie.


M. Zapatero a ensuite relevé qu’un milliard de personnes, soit 1/6 de la population mondiale, ne mangeait pas à sa faim.  « Ce déséquilibre est injuste et inacceptable.  C’est une source de tension, d’instabilité, de menace sur la sécurité et la paix internationales », a déclaré le chef du Gouvernement espagnol, qui a mis en garde contre la tentation de réduire l’aide, dans le contexte de crise internationale. 


Il a conclu son intervention par la question de la lutte contre les changements climatiques.  La prise de conscience a eu lieu; l’heure est désormais à l’action.  Le Sommet de Copenhague doit répondre à deux questions centrales: « Quand? et comment? ».  Le Premier Ministre a insisté sur le potentiel des nouvelles technologies, rappelant que l’Espagne investit 0,7% de son PIB à la recherche et au développement.  


M. YUKIO HATOYAMA, Premier Ministre du Japon, a rappelé que le 30 août dernier, le peuple japonais avait choisi l’alternance politique pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.  Ce « Nouveau Japon », a-t-il assuré, ne se détournera pas des défis auxquels fait face le monde, affirmant qu’il redoublerait au contraire d’efforts pour jeter une passerelle entre Orient et Occident, pays développés et pays en développement et entre toutes les civilisations.


Le Premier Ministre a identifié cinq problèmes principaux, dont le premier est lié aux mesures à prendre pour répondre à la crise économique mondiale.  Le Japon, a-t-il dit, estime que la coordination internationale est nécessaire pour forger des systèmes qui vont dans le sens de la lutte contre la pauvreté et des disparités économiques.  En la matière, le Japon jouera son rôle de « pont » dans les fora internationaux, y compris au sein du G-20, en vue de formuler de nouvelles règles communes à cette fin.  


Le deuxième problème étant les changements climatiques, le Premier Ministre, à la suite d’autres dirigeants, a indiqué que son gouvernement s’est fixé des objectifs « très ambitieux » pour réduire de 25%, d’ici à 2020, ses émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux atteints en 1990. 


Le troisième défi évoqué par M. Hatoyama a été celui de la non-prolifération et du désarmement nucléaires.  Il a salué les progrès dans les négociations entre les États-Unis et la Fédération de Russie et les initiatives prises par la France et le Royaume-Uni.  Il a estimé urgent que d’autres puissances nucléaires prennent des mesures concrètes.  Le Japon a aussi l’ambition de servir de passerelle entre les pays dotés et non dotés de l’arme nucléaire.


Le Premier Ministre a ensuite déclaré que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) devait pleinement respecter les résolutions du Conseil de sécurité.  Le Japon poursuivra de son côté ses efforts en vue de réaliser la dénucléarisation de la péninsule coréenne dans le cadre des pourparlers à Six.  Mon gouvernement, a ajouté M. Hatoyama, a l’intention de normaliser ses relations avec la RPDC, conformément à la Déclaration de Pyongyang.


S’agissant de la question des enlèvements, le Premier Ministre a estimé que des actions constructives de la part de la RPDC, dont le lancement d’une enquête approfondie telle qu’agréée l’année dernière, assurerait une amélioration des relations entre ce pays et le sien. 


Évoquant ensuite le quatrième défi, celui de la consolidation de la paix, du développement et de la pauvreté, le Premier Ministre a annoncé que son pays avait l’intention de renforcer le processus de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) et de redoubler d’efforts pour réaliser les OMD et promouvoir la sécurité humaine.  Il a aussi mentionné les initiatives prises par l’Agence japonaise de coopération internationale en faveur de la reconstruction de l’Afghanistan.


En ce qui concerne le cinquième et dernier défi, l’établissement d’une communauté d’Asie de l’Est, M. Hatoyama a indiqué que « le Japon a longtemps hésité à jouer un rôle proactif dans la région, compte tenu des circonstances historiques découlant de ses « erreurs du passé ».  Il a dit attendre avec impatience la naissance d’une communauté qui serait l’extension d’une coopération renforcée, au fil du temps, dans les domaines commercial, financier, monétaire, énergétique, écologique ou encore humanitaire. 


M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Premier Ministre de la Turquie, a estimé que les défis à relever aujourd’hui dans le monde ne sont pas insurmontables.  Mais pour les résoudre, a-t-il dit, il nous faut un ordre juste et inclusif, avec un leadership différent.  Il a en effet appelé les nations à travailler ensemble pour renforcer l’efficacité des Nations Unies.  Pour le Premier Ministre, la réforme de l’ONU doit passer par celle du Conseil de sécurité.  Il a précisé être en faveur de l’élargissement du nombre de ses membres non permanents.  Il faut aussi améliorer le système de maintien de la paix, a-t-il ajouté. 


La Turquie, a-t-il affirmé, fait tous les efforts possibles pour résoudre ses différends avec ses voisins.  Nous essayons maintenant de passer d’une relation passive de bon voisinage à une coopération active d’amitié et de coopération, a-t-il indiqué, mentionnant le dialogue avec la Grèce et avec l’Arménie.  Il est temps, a-t-il dit, que des solutions durables fondées sur l’intégrité territoriale soient trouvées pour les pays du Caucase.  Il a estimé que la plateforme pour la stabilité et la coopération du Caucase, lancée après la crise d’août 2008, fera une contribution substantielle aux efforts dans ce sens.


Passant à la question de l’Iraq, le Premier Ministre a rappelé le processus des pays voisins relatif à l’Iraq qui a été lancé par la Turquie ainsi que le mécanisme de dialogue stratégique entre son pays et l’Iraq, qui est notamment destiné à lutter contre le terrorisme.  Après avoir plaidé pour la cause palestinienne, le Premier Ministre a rappelé la contribution de son pays au processus de paix au Moyen-Orient sous la forme des négociations indirectes entre la Syrie et Israël.  La Turquie, a-t-il dit, est prête à reprendre un rôle actif dans ce processus.


Le Premier Ministre a aussi parlé des efforts de son pays concernant l’Afghanistan et le Pakistan.  Il a rappelé la tenue de la réunion ministérielle des Amis du Pakistan démocratique que son pays a organisée, à Istanbul en août dernier et a exprimé l’intention de son pays, qui coordonne les efforts du Conseil de sécurité sur l’Afghanistan, d’assumer en 2010 la présidence du Comité contre le terrorisme du Conseil. 


La Turquie et la « République de Chypre du Nord » appuient tous les efforts visant à trouver une solution globale à la question de l’île, a affirmé le Premier Ministre.  Si toutes les parties agissent de manière constructive, il sera possible de trouver une solution à la fin de 2009 et de la soumettre à un referendum en 2010, a-t-il aussi affirmé. 


Si, a-t-il prévenu, en raison de l’intransigeance de la partie chypriote grecque, une solution ne peut être trouvée, alors la normalisation du statut de la « République de Chypre du Nord » deviendrait une « nécessité que l’on ne saurait reporter ».  Les négociations ne peuvent durer indéfiniment et l’occasion qui se présente aujourd’hui peut s’éloigner, a insisté le Premier Ministre.


M. BENJAMIN NETANYAHU, Premier Ministre d’Israël, a rappelé qu’il y a 62 ans, les Nations Unies reconnaissaient aux juifs le droit de fonder un État sur leur terre ancestrale.  Cette Organisation a été créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de l’Holocauste.  Pourtant, pas plus tard qu’hier, le Président de l’Iran a craché à la face de la communauté internationale ses diatribes antisémites.  Le mois dernier, a confié le Premier Ministre, je me suis rendu dans une villa de la banlieue de Berlin où, le 20 janvier 1942, des représentants des autorités nazies avaient décidé d’exterminer mon peuple. 


Un compte rendu détaillé de cette réunion existe, a-t-il déclaré, en le brandissant devant l’Assemblée générale et en affirmant qu’il contenait les modalités du projet d’extermination des juifs.  Il a ensuite montré un plan du camp de Birkenau signé d’Himmler.  Ces plans d’un camp où un million de juifs ont été assassinés, est-il un mensonge?  Le Président Obama, qui s’est recueilli le mois dernier sur le site d’Auschwitz, a-t-il salué un mensonge?  Le code barre tatoué sur le corps des juifs déportés, est-il aussi un mensonge?, a martelé le Premier Ministre israélien. 


Hier, l’homme qui qualifie l’Holocauste de mensonge s’est pourtant exprimé devant cette tribune, a-t-il accusé, avant de dire: « à tous ceux qui ont quitté leur siège, j’adresse ma gratitude.  Mais à tous ceux et celles qui ont choisi de rester, je vous demande si vous n’avez pas honte, si vous avez perdu tout sens de la décence pour écouter un homme qui nie le meurtre de six millions de juifs ».  Le Premier Ministre a estimé qu’il s’agit là d’une insulte à la Charte des Nations Unies.


L’Histoire nous a pourtant montré que lorsque l’on commence à s’attaquer aux juifs, on finit nécessairement par s’attaquer aux autres.  La pérennité de ce credo s’impose à toute société, a soutenu le Premier Ministre.  « On ne peut permettre que le passé triomphe de l’avenir », a-t-il dit.  Mais si le fanatisme le plus obscur accueille les armes les plus mortelles, la marche de l’Histoire pourrait être renversée, a-t-il prévenu. 


Le plus grand danger aujourd’hui, a assuré M. Netanyahu, est que les dirigeants fanatiques d’Iran acquièrent l’arme nucléaire.  Il a fustigé ce Gouvernement qui a tiré sur des manifestants pacifiques à l’occasion de la dernière élection présidentielle.  Le peuple iranien se soulève courageusement contre ses dirigeants, soutenu par les peuples du monde entier, a-t-il lancé.


Les derniers signes ne sont pas vraiment encourageants, a relevé le Premier Ministre, « car certains ici aux Nations Unies condamnent les victimes ».  C’est ce qu’un rapport récent des Nations Unies a fait en mettant à pied d’égalité terroristes et victimes.  Des milliers de roquettes et de tirs de mortiers ont été tirés, année après année, en direction d’Israël, prenant délibérément pour cible des populations civiles. 


Pourtant, rien n’a jamais été dit à ce sujet au Conseil des droits de l’homme, « qui porte si mal son nom ».  Nous, a insisté le Premier Ministre, nous avons achevé notre retrait de Gaza en 2005, et avions expulsé de leur domicile plus de 8 000 Israéliens » et ce que nous avons obtenu en échange, c’est « un camp fortifié de terroristes ».  Après huit ans d’attaques inlassables, Israël n’a pas eu d’autre choix que de réagir.  Face aux terroristes qui prennent pour cible des civils et se cachent derrière d’autres civils, nous avons choisi de privilégier des frappes chirurgicales et d’éviter autant que possible de toucher les populations locales en les enjoignant, par l’envoi de milliers de tracts et de textos, à quitter les lieux. 


Et pourtant, qui a été condamné par le Conseil des droits de l’homme? « Israël, bien sûr ».  Vous avez maintenant une décision à prendre, a déclaré le Premier Ministre en s’adressant à l’Assemblée générale: allez-vous accepter que cette farce se poursuive, alors que les pires violateurs des droits de l’homme continuent leurs actions en toute impunité?  Les Nations Unies doivent rejeter les conclusions de ce rapport biaisé, a-t-il martelé.  Sinon, ce sera une manière de dire à tous les terroristes du monde entier qu’ils sont libres de tirer sur des zones peuplées.


Ces Nations Unies qui nous ont applaudis quand nous avons quitté Gaza nous accusent maintenant d’être des criminels!  Israël s’est défendu à juste titre contre les terroristes, a plaidé M. Netanyahu.  Ce rapport est une mise à l’épreuve de la communauté internationale.  « Allez-vous vous ranger du côté des terroristes ou du côté d’un État qui assure son autodéfense »?, a-t-il encore demandé, en affirmant qu’à chaque fois qu’un dirigeant arabe a souhaité la paix, Israël l’a faite, comme avec l’Égypte et la Jordanie. 


Si les Palestiniens veulent vraiment faire la paix, nous la ferons, a-t-il assuré.  Nous demandons aux Palestiniens d’accepter ce qu’ils refusent sans cesse depuis 60 ans: reconnaître l’existence de l’État-nation du peuple juif.  Israël est la terre de nos ancêtres, a insisté le Premier Ministre.  Nous souhaitons vivre dans la paix et la prospérité avec le peuple palestinien, mais aussi dans la sécurité. 


C’est la raison pour laquelle l’État palestinien doit être démilitarisé, pour que ne soit pas créé un nouveau Gaza.  La dernière question qui se pose aujourd’hui à la communauté internationale, c’est de savoir si elle est prête à faire face aux forces terroristes dirigées par l’Iran ou à s’en accommoder, a conclu M. Netanyahu.


M. HUGO RAFAEL CHÁVEZ FRÍAS, Président du Venezuela, a commencé son intervention en décrivant un film d’Oliver Stone qu’il a vu hier, dont le titre, « Au Sud de la frontière », « force à la réflexion ».  Dans ce film, on aperçoit des présidents sud-américains, dont le Président Morales mâcher de la coca et préciser que ce n’est pas de la cocaïne, a-t-il raconté. 


Ce film, a commenté le Président, peut aider à déchiffrer des codes.  Une grande révolution qui dépasse l’idéologie et qui s’enracine dans l’histoire est en effet en cours en Amérique du Sud, et il faut que le monde en soit témoin, a affirmé le Président.  C’est une « révolution morale et spirituelle », en invitant le monde à soutenir « ce qui est le début du salut de la planète, d’un monde menacé par la faim et le capitalisme ».


Il n’y a jamais eu de socialisme en Union soviétique, a ensuite affirmé le Président, avant de déclarer que le XXIe siècle sera celui du socialisme.  Albert Einstein a tiré la conclusion qu’il n’y a que le socialisme qui puisse sauver l’espèce humaine, a-t-il indiqué.  En effet, a-t-il insisté, le capitalisme condamne la société à la mort.  On ne peut pas se leurrer et espérer voir changer le capitalisme.  En revanche, seul le socialisme peut apporter ce changement, a estimé le Président.


Juste avant son assassinat, a-t-il encore raconté, John Kennedy a dit qu’il y avait une révolution au Sud, à cause de la faim.  Qualifiant le Président Kennedy d’« homme intelligent », M. Chávez a aussi prié pour que le Président Obama soit protégé des balles.


Hier, a-t-il cru comprendre, le Président brésilien a frappé du poing sur la table, mû par sa véritable volonté de changement.  Mais cette volonté doit se développer partout, surtout chez les jeunes, a-t-il souhaité.  Il a donné l’exemple de l’Équateur où la révolution est en marche avec le Président Correa.


Le Président vénézuélien a aussi lancé des vivas, à l’adresse du Honduras et de la volonté des peuples.  Il a demandé aux militaires du Honduras de ne pas sacrifier le peuple de ce pays, déplorant ce qui a été fait au Président Zélaya.  « Les auteurs de ce coup d’État seront balayés par l’histoire, et aucune force ne pourra s’opposer à la révolution en marche en Amérique latine », a-t-il martelé. 


Il a reproché à Israël d’avoir soutenu les putschistes et de leur avoir fourni du matériel.  Les putschistes du Honduras représentent la bourgeoisie du pays, a précisé M. Chávez.  L’État bourgeois contrôle tout, pendant que le peuple est dans la rue et est massacré.


Le Gouvernement américain n’a pas reconnu l’existence d’un coup d’État militaire au Honduras, a indiqué M. Chávez, expliquant le désaccord, à cet égard, entre le Département d’État et le Pentagone.  Il a même accusé le Pentagone d’être à l’origine du coup d’État, relevant de ce fait la contradiction du Président Obama.  « Y aurait-il deux Obama? », s’est-il interrogé.


Revenant sur les raisons de fond qui ont entraîné le coup d’État au Honduras, Hugo Chávez a expliqué que cette révolution ne naissait pas dans les montagnes ni dans les maquis, mais dans les masses.  C’est une révolution pacifique et profondément démocratique, a-t-il ajouté, avant d’exprimer le souhait de voir la fin de l’impérialisme. 


Il a ensuite demandé au Président américain la levée du « blocus assassin contre Cuba ».  « Obama, who are you? », a-t-il lancé en anglais à l’adresse du Président américain.  Au nom de qui les États-Unis continuent d’imposer ce blocus à Cuba?, a-t-il voulu savoir.


Parlant ensuite de la Colombie, il s’est demandé si le Président Obama espère favoriser la paix avec des bases militaires.  Le Président Chávez a poursuivi son long discours, en espérant que la Conférence de Copenhague aboutirait aux décisions nécessaires et en tirant, une nouvelle fois, à boulets rouges sur le capitalisme, ennemi de l’environnement.  « N’ayons pas peur de Karl Marx, l’Einstein de la politique », a lancé le Président Chávez. 


M. DANILO TÜRK, Président de la Slovénie, a appelé les États Membres à faire en sorte que les Nations Unies soient efficaces et animées d’un objectif commun.  Il a estimé que le monde a besoin d’une stratégie globale qui traite des principaux défis du moment comme la crise alimentaire, les changements climatiques, la crise énergétique et la propagation des maladies contagieuses. 


Quel est le rôle des Nations Unies dans ce contexte?  Certaines des réponses, a estimé le Président, figurent dans le Document final de la Conférence sur la crise économique et financière mondiale et son impact sur le développement.  Il reste beaucoup à faire, a-t-il prévenu, pour apporter plus de discipline et de responsabilité dans le système financier mondial.  Il est également nécessaire d’ajuster les institutions de Bretton Woods et d’en augmenter les ressources pour le financement du développement.


Si les questions de développement occupent une large partie de l’ordre du jour de l’Assemblée générale, il faut aussi, a poursuivi le Président, penser aux droits de l’homme dans les circonstances actuelles marquées par l’aggravation de la pauvreté et la montée du chômage.  Toutes ces questions sont des défis à la stabilité sociale et peuvent causer des problèmes de sécurité si rien n’est fait. 


Les décideurs politiques doivent veiller à la coordination des droits de l’homme et des politiques économiques et à la mise en place de mécanismes nationaux et internationaux.  Après avoir salué le débat sur la responsabilité de protéger, M. Türk a insisté sur le fait que les questions de l’environnement, du développement et des droits de l’homme soient au cœur de l’Agenda des Nations Unies.


Mais, a-t-il estimé, c’est dans le domaine du maintien de la paix que les actions les plus urgentes sont nécessaires.  En plus de la réforme du Conseil de sécurité, le Président a jugé qu’il faut renforcer le rôle des Nations Unies dans le maintien de la paix et la sécurité internationales.  M. Türk a salué le rapport du Département des opérations de maintien de la paix, en particulier l’idée d’élargir les partenariats pour renforcer les capacités opérationnelles et affiner l’action politique de ces opérations.


S’agissant du désarmement, de la non-prolifération et du contrôle des armes, il a jugé que le rôle des Nations Unies doit être renforcé, laquelle Organisation demeure un forum indispensable pour les consultations politiques, a insisté M. Türk, en soulignant le potentiel de l’ONU pour résoudre la situation en Afghanistan.


M. BHARRAT JAGDEO, Président de Guyana, a abordé la question de la crise financière et de son impact sur les Caraïbes, en recensant ses effets négatifs, comme les pertes d’emplois et le ralentissement de la lutte contre la pauvreté.  Nous avons besoin d’aide pour faire face à la situation, a-t-il demandé, car nous avons un niveau d’endettement qui figure parmi les plus élevés au monde. 


Il faut donc de nouveaux flux d’aide au développement dans le cadre d’accords bilatéraux et multilatéraux, a-t-il suggéré.  Il a regretté que l’aide supplémentaire dont les petits États ont besoin ne se soit pas concrétisée.  Le Président a dit craindre que la volonté de changer l’architecture financière internationale ne soit pas aussi forte que prévue.  Nous craignons en effet que cette nouvelle architecture ne prenne en compte que les intérêts des grands pays, a-t-il dit.


En ce qui concerne les changements climatiques, il a appelé à une solution qui prenne en compte l’intérêt de tous les pays.  Le défi pour la Conférence de Copenhague est de parvenir à un accord qui permette de réduire les émissions de gaz à effet de serre, a-t-il dit.  Mais ce défi est maintenant autant politique que technique.  Beaucoup de pays en développement se demandent si les mesures de lutte contre les changements climatiques ne vont pas aboutir au ralentissement de leur développement au moment même où ils arrivent enfin à progresser, a expliqué le Président. 


La lutte contre les changements climatiques risque de peser lourd sur les budgets nationaux, a-t-il aussi insisté, en ajoutant que certains pays ont aussi peur de devoir porter un plus grand fardeau que les pays développés.  Le Président a ensuite salué les propositions du Royaume-Uni, appuyées par l’Union européenne, de consacrer 100 milliards de dollars par an à la lutte contre les changements climatiques dans le monde en développement. 


Si les pays développés donnent le bon signal, les pays en développement sont prêts à jouer leur rôle, en particulier dans la réduction des 17% de gaz carbonique qui résultent de la déforestation et de la dégradation des forêts.  La seule façon durable de gérer le problème est une action nationale conjuguée à des incitations internationales, a estimé le Président. 


Le monde peut dès maintenant stopper la déforestation, a-t-il argué, en soulignant combien son pays était heureux de participer aux discussions du G-20 sur ces questions.  Le Président a particulièrement appuyé le rapport qui décrit la manière dont le monde peut diminuer de 25% les taux de déforestation, d’ici à 2015, en investissant moins de 25 milliards d’euros.  La question est de savoir si le monde développé comprendra l’énorme potentiel d’une telle initiative et s’il veillera à générer le financement requis. 


La somme peut paraître énorme, mais sur une période de cinq ans, a estimé le Président, elle ne représente pour le citoyen du Nord que moins de 1,5 cent par jour.  Tourner le dos à cette proposition sera une erreur aux dimensions historiques, a prévenu le Président.


M.ÓSCAR ARIAS SÁNCHEZ, Président du Costa Rica, a d’abord rendu hommage à tous ceux qui ont bâti la démocratie en Amérique latine ces dernières décennies.  Constatant cependant que la pauvreté continue de frapper un tiers de la population du sous-continent, qu’un jeune latino sur trois mourra avant d’atteindre l’âge du collège, que des centaines de milliers de personnes meurent de maladies évitables et que le nombre de morts par balle est supérieur à celui d’un pays en guerre, le Président costa-ricien a mis en garde contre le risque d’un « retour en arrière ».


Pour Óscar Arias Sánchez, l’Amérique latine fait face à trois défis majeurs: le renforcement de la démocratie, le développement humain et la participation à l’édification d’un ordre international nouveau pour lutter contre les changements climatiques.  À propos du renforcement de la démocratie, le Président a salué l’édification des démocraties d’Amérique latine en quelques décennies, alors qu’il a fallu plusieurs siècles aux pays développés pour y parvenir.


Mais, selon lui, l’Amérique latine « manque d’une véritable culture citoyenne ».  Il y a des élections libres mais les structures ne sont pas assez ouvertes pour que chacun puisse faire son offre politique.  Il y a séparation des pouvoirs, mais il y a un monopole que se partagent les différentes instances publiques.  Il y a un État de droit, mais les gouvernements le mettent à rude épreuve.  Il y a une société civile mais les citoyens sont prêts à échanger des valeurs contre des biens matériels.


En Amérique latine, comme dans tous les pays en développement, les citoyens ne s’identifient pas à l’État.  Ils attendent beaucoup de l’État mais ne remplissent par leurs obligations et se laissent séduire par des discours tendant à imputer à l’extérieur des problèmes nationaux, a-t-il déploré.  Pour M. Óscar Arias Sánchez, « si nous continuons dans cette voie, nous risquons de gâcher nos chances ».


À propos du développement humain, le Président costa-ricien a déploré l’ampleur des dépenses militaires en Amérique Latine, citant le chiffre de 165 millions de dollars chaque jour, « alors que les armées ne servent qu’à faire des coups d’État ».  S’interrogeant sur la nature de la menace susceptible de justifier de telles dépenses, M. Óscar Arias Sánchez a cité l’exemple de son pays, le premier à avoir renoncé à une armée pour investir dans des priorités plus essentielles comme l’éducation, le développement durable et la santé. 


Le Président a donc demandé à l’Assemblée générale de soutenir l’adoption d’un traité visant à interdire le transfert des armes à des États, des groupes ou des individus, dès lors qu’il y a des risques qu’elles soient utilisées en violation du droit international.


La lutte contre les changements climatiques peut être liée au désarmement, a poursuivi le Président.  Ceux qui s’investissent dans l’amélioration des armes ont leur place dans les laboratoires de recherche scientifique sur les énergies renouvelables, ou auprès des gouvernements qui ont besoin d’eux pour protéger les populations des effets des changements climatiques, s’est expliqué le Président.  Il a rappelé que la disparition de l’armée dans son pays avait permis de créer une institution chargée de trouver des énergies alternatives qui assurent aujourd’hui 80% des besoins énergétiques du pays.


Parlant de la Conférence de Copenhague, le Président a prévenu que chaque pays devra assumer des responsabilités plus lourdes.  Le Costa Rica y développera une initiative baptisée « Paix et Nature », et annoncera son intention d’arriver à la « neutralité carbone » en 2021. 


M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie, a abordé la question de la sécheresse et de la sécurité alimentaire dans son pays.  Depuis plus de cinq ans, les pays de l’est de l’Afrique, dont la Tanzanie, ont connu une sécheresse sans précédent.  La conséquence en est que la production agricole a été affectée, ce qui a causé des pénuries alimentaires.  Il est important que les Nations Unies soient conscientes de ce problème et aident l’Afrique, a plaidé le Président.


La productivité agricole en Afrique est basse, a-t-il insisté.  La révolution verte prend trop de temps.  Des efforts concertés de la part des gouvernements africains et des donateurs sont nécessaires.  Malheureusement, a déploré le Président, les donateurs ne portent pas aux autres secteurs le même intérêt qu’ils portent au secteur agricole.  Nous nous tournons vers les Nations Unies pour qu’elles inversent cette tendance, a dit le Président.


M. Jakaya Mrisho Kikwete a ensuite souligné le fort taux de chômage chez les jeunes africains, qui pousse certains d’entre eux à devenir « l’huile sur le feu » de nombreux conflits en Afrique.  Les « Amis du continent » et le secteur privé devraient avoir un rôle plus actif dans la création d’emplois.  Le Président a salué l’action de la Commission danoise pour l’Afrique, avant de proposer à l’Assemblée générale de proclamer une décennie de l’emploi des jeunes en Afrique.


Le Président a rappelé le lancement, hier, de l’Alliance des leaders africains contre le paludisme (ALMA).  Venant aux questions de paix et de sécurité en Afrique, il s’est félicité de ce que le Burundi connaisse désormais la paix, avant d’indiquer que néanmoins quelque 160 000 réfugiés ont choisi de rester en Tanzanie et de demander la nationalité tanzanienne, ce que le pays a accepté. 


Le Président a donc demandé la permission de retirer ces réfugiés des camps et de les installer dans différents endroits du pays.  Nous ne voulons pas, s’est-il expliqué, qu’ils gardent une « mentalité de réfugiés » et que les Tanzaniens continuent à les considérer comme tels.  Il s’agira d’un exercice onéreux qui nécessitera l’appui des Nations Unies, a prévenu le Président.


M. VALDIS ZATLERS, Président de la Lettonie, a exprimé ses préoccupations au sujet de la crise économique.  Les conséquences de la crise se font ressentir dans chaque État et chaque économie, et ont un effet sur la politique internationale, a–t-il dit.  M. Zatlers a indiqué que les pays en développement sont particulièrement touchés par les effets négatifs de la crise qui risque de compromettre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. 


Le Président de la Lettonie a mis l’accent sur la question des changements climatiques, en insistant sur l’importance de parvenir à un accord global et juste à la Conférence de Copenhague.  Il s’est également dit concerné par un certain nombre de crises dans le monde et plus précisément par la situation en Afghanistan, au Moyen-Orient et en Géorgie.  La communauté internationale doit poursuivre ses efforts en Afghanistan, mais également auprès d’autres pays dans le monde afin de prévenir la menace terroriste, a-t-il souligné.


Le Président a rappelé que son pays combattait également la prolifération des armes de destruction massive.  À l’occasion du soixantième anniversaire de la quatrième Convention de Genève, M. Zatlers a indiqué qu’il restait encore beaucoup à faire et que son pays apportait un soutien appuyé à la Cour pénale internationale (CPI). 


Soutenant le renforcement de l’ONU, il a estimé que la réforme du Conseil de sécurité est une partie intégrante de la réforme globale de l’ONU.  La composition du Conseil doit refléter les réalités et les dynamiques actuelles, a-t-il dit.  Il a confirmé la candidature de son pays pour siéger au Conseil économique et social (ECOSOC), en 2010.  Nous voulons faire partager notre expérience sur les thèmes tels que le développement durable et l’éradication de la pauvreté, a-t-il conclu.


M. BINGU WA MUTHARIKA, Président du Malawi, a débuté son intervention en affirmant qu’il était impératif que les pays en développement aient une voix au chapitre des questions qui les concernent.  Pour cela, a-t-il déclaré, le Conseil de sécurité doit s’ouvrir à l’Afrique mais aussi à l’Asie, à l’Amérique latine et au Moyen-Orient pour que ces régions y soient dûment représentées.


Les superpuissances ne peuvent continuer à avoir le monopole de l’ONU et les pays en développement à être des observateurs sur les questions qui les concernent, a-t-il insisté.  Abordant les questions de sécurité alimentaire, le Président du Malawi a estimé que les crises alimentaires menaçaient les fondations mêmes de la démocratie et de la bonne gouvernance. 


Le monde, a-t-il plaidé, doit trouver un système de production qui garantisse à tous des produits agricoles à des prix acceptables.  Il a réitéré sa confiance dans la capacité des Nations Unies à jouer un rôle majeur dans la réalisation de cet objectif.  Il a notamment proposé le concours de son pays, en la matière.


S’agissant des questions climatiques inscrites à l’ordre du Sommet de Copenhague, le Président a estimé qu’il était temps d’agir et de trouver des solutions adéquates aux problèmes de déforestation, de dégradation de l’environnement et de productivité agricole.  Pourquoi le reste du monde continue-t-il de marginaliser l’Afrique, a-t-il demandé à propos du Cycle de Doha. 


Il a dénoncé l’attitude des pays industrialisés qui adoptent des pratiques protectionnistes contre les biens et produits manufacturés africains, alors qu’ils appellent, dans le même temps, à la libéralisation des marchés.  Le Malawi, a-t-il dit, a proposé un système économique mondial juste qui garantit le développement économique de l’Afrique et du reste du monde.  Cela sera possible, s’est-il dit convaincu, si les pays du G-8 consentent à engager un dialogue sincère sur les problèmes du monde.


M. JALAL TALABANI, Président de l’Iraq, a indiqué que des changements fondamentaux avaient été réalisés dans son pays depuis son intervention, l’an passé.  Il a notamment évoqué la signature d’un accord avec les États-Unis pour le retrait de leurs troupes, ainsi que l’amélioration des conditions de sécurité dans le pays.  Il a également signalé que l’Iraq continuerait d’approfondir sa coopération dans le but de rétablir son rôle au sein de la communauté arabe, régionale et internationale, et, par ailleurs, que le Gouvernement iraquien avait promulgué une nouvelle série de lois destinées à améliorer les revenus et le pouvoir d’achat des Iraquiens. 


Ces progrès ont encouragé un nombre « significatif » de personnes déplacées et de réfugiés à rentrer en Iraq, s’est–il félicité, avant de souligner l’importance que revêtent les prochaines élections législatives de janvier 2010.  Le succès de ces élections permettra d’assurer la permanence et la stabilité du processus politique et de promouvoir la stabilité et la sécurité en Iraq, a-t-il notamment dit.


Le Président Talabani a enchainé en affirmant que le principal danger auquel fait face l’Iraq est l’ingérence dans ses affaires intérieures et les crimes qui en découlent.  Dénonçant le « niveau génocidaire » de ces crimes, qui s’apparentent, selon lui, à des crimes contre l’humanité, le Président iraquien s’est dit convaincu que, compte tenu de leur complexité et de leur magnitude, ces actes ne pouvaient être financés et mis en exécution sans un appui de forces extérieures. 


Il a demandé au Conseil de sécurité de créer une mission internationale indépendante chargée d’enquêter sur ces « crimes terroristes », en vue de les catégoriser comme génocide.  Il a aussi réclamé la nomination d’un haut fonctionnaire chargé d’évaluer l’étendue de la menace des interventions étrangères, ainsi qu’une meilleure coopération avec les États pour assurer le respect des frontières iraquiennes.


Évoquant ensuite la résolution 1859, adoptée par le Conseil de sécurité en 2008; et le rapport du Secrétaire général qui y a fait suite, le Président Talabani a déclaré qu’il était temps pour le Conseil d’examiner les résolutions adoptées dans le cadre du Chapitre VII, en commençant par la résolution 661 de 1990, afin de rétablir le statut international de l’Iraq. 


Depuis la chute de l’ancien régime en 2003, a-t-il ajouté, l’Iraq s’est toujours employé à respecter la légitimité internationale, à honorer les résolutions du Conseil de sécurité et à traiter de la situation entre l’Iraq et le Koweït avec le plus haut degré de responsabilité et de respect.  Nous demandons au Conseil d’adopter une résolution claire pour rendre caducs tous les textes adoptés en vertu du Chapitre VII, lesquels portent atteinte à la souveraineté de l’Iraq et impliquent des obligations financières.  La situation qui a justifié l’adoption de ces textes n’existe plus, a-t-il martelé.  Le peuple iraquien attend le jour où l’Iraq sera débarrassé des sanctions imposées en vertu du Chapitre VII.  Le dirigeant iraquien a par ailleurs demandé aux agences de l’ONU de renforcer leur présence en Iraq.


CHEIKH ALHAJI YAHYA JAMMEH, Président de la Gambie, a consacré son discours à la défense des droits de l’Afrique.  Affirmant que les Africains sont les peuples les plus pauvres alors que l’Afrique est l’un des continents les plus riches, il s’en est pris aux invasions de « criquets » et à leur présence permanente sur le continent, qu’il a accusé de dévorer 90% des ressources utiles du continent, qu’il s’agisse de ressources agricoles ou minières de la faune ou de la flore.  Ces criquets, a-t-il lancé, ce sont les entreprises multinationales occidentales.


Affirmant que seuls quatre pays d’Afrique obtiennent des royalties supérieures à 3% sur les ressources minières prélevées, et que peu reçoivent plus de 15% sur l’exploitation pétrolière, il a ajouté que les États concernés ne pouvaient rien faire, du fait du monopole technologique de ces entreprises et d’un « traité » imposé unilatéralement, qui les protège.  Ce traité, a-t-il ajouté, c’est la mondialisation, qui signifie l’exploitation des ressources de pays pauvres par les pays riches.  Le Président a également accusé l’Occident de ne même pas respecter les morts, en citant l’exhumation et « le vol » des momies.  Plutôt que de nous respecter, « on nous traite de dictateurs, de dirigeants corrompus, d’États faillis et même d’États voyous », a-t-il lancé.  « La nouvelle génération de dirigeants africains mettra fin à ce traitement humiliant, dégradant et raciste par tous les moyens, a menacé Cheikh Jammeh, qui a appelé les Nations Unies à venir au secours de l’Afrique, sans quoi les Africains se libéreront eux-mêmes, « par la force si nécessaire ».


Rappelant que son pays soutient le Fonds mondial sur la lutte contre VIH/sida, le paludisme et la tuberculose, Cheikh Jammeh a appelé à une mobilisation internationale en faveur de la recherche sur les médecines traditionnelles et alternatives, qu’il a jugées «  la plupart du temps efficaces en termes de coût, et pourtant délaissées » du fait des critiques des multinationales qui craignent pour leurs profits.  Celles-ci, a-t-il accusé, « sont plus soucieuses de leurs gains financiers que de la vie humaine ».


Le Président a demandé une coopération internationale « plus honnête et plus forte » en matière de prévention et de résolution pacifique des conflits, ainsi que de respect des autres cultures et modes de vie.  Nous devons respecter le fait que l’humanité a été créée pour être diverse, de la même manière que la terre a différentes régions, a-t-il affirmé, tout en ajoutant: « Aussi divers que nous soyons, nous sommes parties d’une seule famille humaine créée par un Dieu unique ».


Cheikh Jammeh a demandé la résolution rapide des souffrances des Palestiniens et a demandé que le Conseil de sécurité veille à ce que ses résolutions soient respectées par tous.  Il doit « mettre fin à ce système malheureux de deux poids deux mesures ».  Le Président a également affirmé que Taïwan, un « État démocratique de 23 millions d’habitants » a un « droit légitime » de participer, en temps que membre de plein droit, à toutes les agences spécialisées des Nations Unies.  Il a demandé que l’Assemblée générale invite les États-Unis à mettre fin immédiatement et sans condition à leur embargo sur Cuba.  Il a apporté le soutien de son pays à « l’intégrité territoriale et à la souveraineté du Maroc » et s’est dit convaincu que sur la question du « Sahara marocain », la proposition du Gouvernement marocain d’accorder une autonomie substantielle à la région du Sahara sur la base des négociations lancées par le Conseil de sécurité », pourrait mener à une résolution pacifique et durable du conflit. 


M. MOHAMED NASHEED, Président des Maldives, s’est déclaré heureux d’être là parce qu’il s’agit de la première déclaration d’un Président des Maldives démocratiquement élu, à savoir lui-même.  Il a remercié la communauté internationale pour avoir facilité cette transition démocratique aux Maldives, et s’est engagé à faire son possible pour que cette démocratie soit durable.  Il a ensuite passé en revue les trois domaines dans lesquels les Maldives comptent sur le soutien international à savoir la consolidation de la démocratie, y compris la bonne gouvernance; la protection des droits de l’homme; la liberté de la presse et DE la société civile.  Pour M. Nasheed, les bases sont désormais jetées mais il faut les consolider.  Rappelant ensuite que la séparation des pouvoirs avait été constitutionnellement établie, il a estimé qu’il restait encore des défis à relever. 


Le deuxième point évoqué par M. Nasheed a été la promotion d’un environnement économique porteur, soulignant que son pays avait été sévèrement touché par la crise mondiale.  Il faut ajouter à cette situation le fait que le Gouvernement précédent avait engagé des dépenses « irresponsables », et que l’île est toujours en train de se remettre du tsunami de 2004.  Pour sortir de cet état et de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), M. Nasheed a d’ores et déjà consulté le FMI et la Banque mondiale et a engagé un programme de réformes économiques important. 


« Cependant l’ampleur des problèmes est telle que nous ne pouvons pas les surmonter seuls », a poursuivi M. Nasheed, saisissant l’occasion pour lancer un appel à la communauté internationale.  Compte tenu de l’impact des changements climatiques sur les États insulaires, M. Nasheed n’a pas manqué d’exhorter la communauté internationale à prendre des engagements importants à la Conférence de Copenhague.  « Ne pas le faire équivaut à signer l’arrêt de mort des 300 000habitants des Maldives », a-t-il soutenu. 


Les Maldives assument leur part de responsabilité et s’engagent à devenir le premier pays sans émission de gaz à effet de serre dans les 10 ans à venir.


Abordant la question de la réforme de l’ONU, M. Nasheed a estimé que cette réforme doit passer par celle du Conseil de sécurité, et a souhaité que le troisième tour des négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil produise des résultats tangibles avant la fin de la soixante-quatrième session de l’Assemblée générale. 


Au nom de la répartition géographique équitable au Conseil de sécurité, les Maldives sont en faveur de l’inclusion de l’Inde et du Japon comme membres permanents.  M. Nasheed a aussi annoncé que les Maldives présenteraient, au cours de cette session, leur candidature au Conseil des droits de l’homme.  


M. ÁLVARO COLOM CABALLEROS, Président du Guatemala, a tenu à réaffirmer l’engagement de son pays en faveur du multilatéralisme, en général et des Nations Unies, en particulier.  Il a rappelé le « rôle de premier plan » joué par l’ONU dans l’histoire récente de son pays.  Le Président a rappelé que le Guatemala a été fortement touché par la crise économique et financière mondiale.  Cette dernière a rendu difficile la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, a affirmé le Président.


En outre, en raison de la pire sécheresse de ces 30 dernières années, l’état d’urgence a été déclaré, au début de ce mois de septembre, alors que la capacité d’action du pays se voit gravement limitée par les contraintes budgétaires.  Le Président a donc souligné « le rôle complémentaire de la coopération internationale ».  Il a souhaité que les délibérations du G-20 à Pittsburgh tiennent compte des préoccupations des petites et moyennes économies.


Le Président a ensuite stigmatisé « l’insécurité », en arguant qu’une grande partie de la criminalité organisée est de nature transnationale.  Cette criminalité devrait donc être traitée par une approche intégrée et multilatérale.  Le trafic de drogues qui transite par l’isthme d’Amérique centrale génère un tel volume de revenus que sa capacité à affaiblir les institutions démocratiques est véritablement « alarmante », a dit le Président en réclamant, ici aussi, le renforcement de la coopération internationale. 


En troisième lieu, le Président a abordé la question du réchauffement climatique, en rappelant que son pays est l’un des plus vulnérables à ce phénomène.  Il a joint sa voix à celles des autres délégations pour réclamer des « résultats tangibles et quantifiables » à l’issue de la Conférence de Copenhague.


Après avoir réitéré l’engagement de son pays en faveur des droits de l’homme, le Président a rappelé que c’est la réponse rapide de la communauté internationale et la réaction de son Gouvernement qui ont permis d’éviter « le coup d’État technique » que voulaient mener les opposants aux réformes démocratiques après le « regrettable » assassinat d’un avocat connu.


Le Président a ajouté que, grâce à la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala, les accusations dirigées contre les plus hautes sphères du Gouvernement se sont révélées injustifiées.  Il a déploré les événements qui ont secoué la « république sœur » du Honduras le 28 juin 2009.  « Nous ne pouvons ni ne devons accepter un précédent qui consiste à renverser un gouvernement par un coup d’État », a tranché le Président.  Il s’est, par ailleurs, félicité d’avoir une « issue honorable » au conflit territorial historique qui opposait son pays au Belize, avec la signature d’un Accord spécial en décembre 2008.


M. RENÉ PRÉVAL, Président d’Haïti, a d’abord fait le constat selon lequel, aux graves crises financière, alimentaire et énergétique qui frappent les pays en développement, s’ajoutent désormais des catastrophes naturelles à répétition.  « Nous devons à chaque fois reconstruire des infrastructures qui ont été détruites, rétablir des capacités de production qui ont été balayées par les cyclones et les inondations », a-t-il expliqué, regrettant que l’insuffisance des ressources empêchent ces pays de reconstruire avant l’arrivée de nouvelles catastrophes. 


Pour le Président haïtien, ce « nouveau cycle de vie » auquel les pays vulnérables doivent être préparés est la conséquence directe du modèle de développement et de gouvernance que les nations puissantes ont imposé au reste du monde.  Estimant que ce modèle était surtout préoccupé par « le bonheur de l’argent et trop peu par celui des hommes », M. René Préval a dénoncé un système imposant à la moitié de l’humanité des privations, la faim et le dénuement, un système qui met en danger la planète et rend les populations plus vulnérables face aux désastres naturels provoqués par les choix économiques d’une minorité ».


Le Président haïtien s’est interrogé: « quel contenu donner à notre appartenance à cette communauté humaine dont l’ONU se veut porteuse »?  Pour René Préval, la « mondialisation à tout prix » doit aujourd’hui céder sa place à une « mondialisation de la solidarité ».  L’aide des pays riches aux pays en développement doit notamment servir à développer des capacités de production car « c’est le seul moyen de mettre un terme au cycle de la pauvreté et de la dépendance ».  Le Président a ensuite demandé l’établissement d’un « nouveau paradigme de la coopération internationale » qui dépasse la logique de l’aide humanitaire actuelle et reconnaisse la capacité des pays pauvres à produire de la richesse grâce aux moyens qui leur seront donnés pour renforcer leurs capacités de production.  Sans ce changement radical, la paix et la stabilité ne seraient que des « conquêtes précaires et fugaces ».


Se penchant ensuite sur la situation de son pays, le Président haïtien a souligné les progrès accomplis ces trois dernières années dans plusieurs domaines, qui ont permis l’avènement « d’une société conviviale où le dialogue occupe une place centrale ».  Mais ces progrès doivent encore être soutenus et étendus, avec le soutien des Nations Unies.  Le Président haïtien a donc soutenu, sans réserve, la recommandation du Secrétaire général visant la prorogation, pour une période d’un an, du mandat de la Mission de l’ONU dans son pays.  Il a demandé qu’un dosage optimal des composantes policières, militaires et administratives soit opéré, afin que la Mission puisse assister le pays plus efficacement et indépendamment des luttes qui peuvent apparaître pendant la reconstruction.  


Le Président a, à son tour, dénoncé le renversement de son homologue du Honduras et regretté que les nombreuses résolutions condamnant ce coup d’État soient restées « lettre morte ».  Il a également regretté que chaque année, depuis 15 ans, l’Assemblée générale adopte une résolution condamnant l’embargo américain contre le peuple cubain, mais que ce dernier ne soit pas levé, quand bien même son maintien est contraire à toutes les valeurs promues pour faire du commerce international un outil du développement humain.


M. ABDOULAYE WADE, Président du Sénégal, a estimé que la crise financière invitait à un exercice partagé des responsabilités, aussi bien en ce qui concerne la gestion de ses effets immédiats que la recherche de solutions à long terme.  S’il s’est réjouit de l’élargissement progressif du cadre de concertation du G-8 et du G-20, il a regretté que sa proposition de mise en place d’un « Shadow G-20 » composé des meilleurs experts du monde, mais ouvert à tous ceux qui sont porteurs d’idées, ne se soit pas réalisée.


Reprenant le titre de la soixante-quatrième session de l’Assemblée générale, et rappelant l’OMD nº1 visant à réduire de moitié, d’ici à 2015, le nombre de personnes souffrant de la faim, il a prôné une autre approche de la coopération internationale.  Il a défendu une approche fondée sur le soutien à l’agriculture, au lieu de l’assistance alimentaire.  Cela suppose de traiter d’un certain nombre de questions qui pourraient figurer en bonne place dans l’agenda du Forum agricole des régions du monde, prévu à Dakar en Janvier 2010.


Si ces conditions sont réunies, l’Afrique pourrait assurer sa propre sécurité alimentaire.  Mais M. Abdoulaye Wade a précisé que pour cela, il fallait éviter le piège de la cession des terres à des étrangers.  Il a attiré l’attention sur les différentes initiatives de son pays concernant l’agriculture, mais a mentionné que ces efforts nécessitaient un environnement international assaini, débarrassé des pratiques spéculatives de l’économie virtuelle et des traitements asymétriques injustes, comme les subventions et autres.


S’agissant, en particulier, des spéculations dans le domaine du pétrole, le Président a réitéré sa proposition, la « Wade formula », de créer un fonds de lutte contre la pauvreté alimenté par des contributions volontaires des pays africains producteurs et des compagnies pétrolières travaillant en Afrique, au nom du principe de la responsabilité sociale.  Ce fonds, a-t-il expliqué, pourrait être géré de façon paritaire ou confié à la Banque mondiale.  


M. Abdoulaye Wade a ensuite abordé le thème des changements climatiques. Il a attiré l’attention sur le projet « la grande muraille verte ».  Il a formulé le souhait que l’ONU s’y associe.  Il a proposé la création d’un Mécanisme d’opérations de sauvegarde de l’environnement sur une base volontaire d’engagement des armées.


M. Abdoulaye Wade a évoqué la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU.  Il souhaite que, hic et nunc, un siège avec droit de veto soit octroyé à l’Afrique, un siège qui pourrait être occupé par le Président en exercice de l’Union africaine.


Toujours à propos de l’Afrique, le Président s’est réjoui des avancées significatives dans le règlement pacifique des différends et le processus d’intégration pour la constitution des États-Unis d’Afrique.  Cette unité est une condition pour l’instauration d’une paix et d’une stabilité durables sur le continent.


En tant que Président en exercice de l’Organisation de la Conférence islamique, M. Abdoulaye Wade a précisé que l’islam se voulait une religion du juste milieu et a appelé, de part et d’autre, à un effort d’apprentissage pour mieux se comprendre, vaincre la méfiance et combattre les idées obscurantistes, sources de tensions et d’affrontements.  


Mme TARJA HALONEN, Présidente de la Finlande, a débuté son intervention par un plaidoyer pour un accord sur la question climatique, condition préalable à un développement durable et à une lutte renforcée contre la pauvreté.  « Nous savons que 70% des pauvres dans le monde sont des femmes et des jeunes filles », a rappelé la Présidente finlandaise.  Nous savons aussi que la majorité des ouvriers agricoles sont des femmes.  Si nous voulons réellement combattre les changements climatiques et éviter une crise financière globale, a-t-elle poursuivi, nous devons accorder une attention particulière au rôle des femmes, en particulier dans les pays en développement. 


Tarja Halonen a également insisté sur l’impact « particulièrement grave » des changements climatiques sur les petits États insulaires en développement et sur les pays à bas littoral, menacés par l’élévation du niveau de la mer.  La chef de l’État finlandaise a appelé de ses vœux une « mondialisation juste » ainsi qu’un « nouveau consensus sur l’éthique des affaires, l’intégrité et une croissance économique durable ».


Selon Tarja Halonen, la crise économique et les changements climatiques affectent tout particulièrement l’Afrique, « le continent qui souffre le plus », à laquelle la communauté internationale doit rester attentive malgré des « développements positifs » récents, comme la baisse du nombre de conflits.  Dans son souci de trouver des solutions aux conflits récurrents, la Présidente a manifesté un « optimisme prudent » quant aux derniers développements du processus de paix au Moyen-Orient.


La Finlande, a-t-elle annoncé, est candidate au poste à un siège non permanent du Conseil de sécurité, en 2013-2014.  Nous souhaitons participer activement aux efforts pour faire de ce Conseil un organe plus représentatif et plus efficace, a indiqué la Présidente, avant de se montrer « satisfaite » que la question du désarmement revienne au cœur de l’agenda international.


Parmi les problèmes qui lui tiennent particulièrement à cœur, Tarja Halonen a évoqué le drame de la violence sexuelle dans les conflits.  « Nous devons systématiquement interdire l’utilisation du viol, comme arme de guerre », a-t-elle affirmé, appelant de ses vœux la désignation d’un représentant spécial du Secrétaire général pour les femmes et les conflits armés.  


M. RUPIAH BWEZANI BANDA, Président de la Zambie, a débuté son propos en expliquant qu’aucune nation ne pouvait à elle seule résoudre les problèmes du monde, et que seule l’unité pouvait le faire.  Il a observé que le développement économique enregistré dans son pays et en Afrique entre 2000 et 2007 est aujourd’hui en train de péricliter à cause des conséquences de la crise économique et financière.  Son pays, a-t-il dit, a entamé une diversification de son économie pour ne plus dépendre économiquement du cuivre.  Le pays a fortement investi dans le tourisme et la réponse apportée par la Zambie à la crise nécessite le soutien de la communauté internationale, a-t-il plaidé, en la pressant de tenir la promesse d’accroître l’aide internationale.


La Zambie est convaincue de la nécessité de réformer le système financier mondial, a-t-il poursuivi, en jugeant que ces réformes doivent répondre aux besoins de tous les États quel que soit leur statut.  Il a plaidé pour que les pays en développement puissent faire entendre leur voix dans les institutions de Bretton Woods.  La réforme doit améliorer la prévisibilité des flux d’aide et alléger les conditionnalités.


Abordant les questions liées aux changements climatiques, le Président a appelé à des mécanismes de partage des responsabilités qui exigeraient des pays du Nord qu’ils réduisent leurs émissions à des niveaux juridiquement établis et des pays du Sud qu’ils préviennent une dégradation plus avant de l’environnement.  Il a dit attendre de la Conférence de Copenhague, un accord qui établisse un équilibre entre les préoccupations liées aux changements climatiques et celles liées au développement.


En sa qualité de Président de la Conférence des pays des Grands Lacs, il s’est réjouit du rapprochement entre la République démocratique du Congo et le Rwanda.  Cependant, a-t-il noté, la région vit encore sous la terreur des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).  Il a exhorté la communauté internationale à exercer encore plus de pression sur ces forces négatives et à s’assurer qu’elles soient traduites en justice.  Il a aussi appelé à des pressions militaires et diplomatiques pour assurer le retour du chef de l’Armée de résistance du Seigneur (ARS) à la table des négociations, avant d’annoncer une table ronde dans la région, les 5 et 6 novembre prochain à Bujumbura.


M. FERNANDO LUGO MÉNDEZ, Président du Paraguay, a déclaré haut et fort que son pays est totalement engagé en faveur de la paix, affirmant ne pas vouloir sacrifier son pain pour satisfaire les seigneurs de la guerre.  Il a aussi appelé à la création d’un nouvel ordre économique mondial, avant de rappeler que son pays, il y a un peu plus d’un an, était passé par une transition historique après avoir vu son économie en ruines. 


Ses moyens de production étaient dépassés, ses institutions démocratiques affaiblies et ses partis politiques peu crédibles, a-t-il expliqué, soulignant aussi les contrastes de la société qui comprenait 40% de pauvres et des dizaines de milliers de chômeurs.  Il est maintenant nécessaire de penser à un nouvel ordre économique mondial, avec des objectifs simples et concrets, a-t-il ajouté.


Le Président a ainsi proposé de renforcer les économies de petite taille, en se basant sur une répartition juste et équilibrée des bénéfices.  Il a aussi appelé à renforcer le développement politique sain des nations du monde, en garantissant une non-ingérence dans les affaires des pays les plus pauvres.  Il a exprimé sa préoccupation face à la situation au Honduras, après le « coup d’État sauvage » qui a porté un coup à la démocratie dans la région.  Il faut aussi adopter des solutions pacifiques dans les conflits internationaux, avec une ferme détermination de réduire les niveaux d’armement, a-t-il encore proposé.


En ce qui concerne les changements climatiques, le Président du Paraguay a invité les pays qui ont la plus grande part de responsabilité dans ce problème à assumer leurs obligations et à payer leur dette « socioécologique ».  Enfin, il a parlé de l’égalité des sexes, en rappelant l’objectif de non-discrimination en général, que ce soit pour raison d’orientation sexuelle, pour opinions politiques ou pour différences raciales.


M. STJEPAN MESIĆ, Président de la Croatie, a déclaré qu’il n’était pas possible d’être satisfait du monde dans lequel nous vivons, tant il est marqué par des disparités entre pays développés et pays en développement.  Ce monde est toujours dominé par un modèle économique à l’évidence à bout de souffle, a-t-il ajouté, en jugeant que s’obstiner à sauver un système aussi obsolète et aussi corrompu, n’aboutira qu’à un seul résultat: un soulèvement social capable de provoquer l’insurrection à l’échelle mondiale. 


Pouvons-nous accepter de telles perspectives?  Non, nous le pouvons pas et ne le devons pas, a-t-il tonné.  C’est à nous d’entreprendre la tâche de créer un nouvel ordre mondial capable d’offrir à tout un chacun des chances égales.  C’est encore à nous de mettre fin aux préjudices, de refuser la discrimination et l’intolérance, de promouvoir le multilatéralisme et le dialogue entre les civilisations, a affirmé le Président croate.


Fort heureusement, a-t-il poursuivi, le monde a émergé d’une période potentiellement très dangereuse d’unipolarisme pour se mettre sur la voie du multipolarisme.  Pour lui cependant, le monde se trouve toujours dans une phase d’apprentissage, celle où il apprend que seul le dialogue peut renforcer la confiance mutuelle.  Avec ce passage de l’unilatéralisme au multilatéralisme, nous devons accepter de comprendre que nous ne pouvons pas établir un modèle unique de valeurs universelles applicables à tous les peuples, a-t-il encore dit. 


Un monde caractérisé par la paix, la sécurité et le développement international ne sera pas possible sans désarmement et en particulier, le désarmement nucléaire, a expliqué le Président, qui a indiqué que c’était le message qu’il a voulu transmettre ce matin au Conseil de sécurité.  Pour M. Mesić, les problèmes de développement seraient mineurs si l’argent réservé à l’armement était redirigé vers l’aide internationale. 


M. LITOKWA TOMEING, Président des Îles Marshall, a souhaité voir les États-Unis plus impliqués dans les questions liées à l’environnement et au réchauffement climatique.  Ce serait le signe, a-t-il dit, de leur intention de prendre leur place dans le combat mondial contre ce phénomène.  Le monde aura les yeux rivés sur Copenhague, a-t-il prévenu, à propos de « ce qui sera un événement de portée historique pour tous ».  Il a invité les « grandes économies » à reconnaître l’obligation morale qui découle de leurs privilèges et de leur statut.


Pour les petits États insulaires, la question est de savoir si Copenhague diminuera ou accroîtra leur sécurité et leur chance de survie, a-t-il déclaré.  Nous vous appelons, vous les leaders, à tenir vos engagements et à montrer par les actes et non par les mots, votre intention de respecter les Accords de Kyoto, a lancé le Président.  Nous vous appelons, a-t-il poursuivi, à réduire vos émissions de gaz à effet de serre de 85% d’ici à 2050 par rapport à leur niveau de 1990.


Insistant sur les actions menées par son pays dans le combat contre le réchauffement de la planète, il a affirmé qu’aujourd’hui, 40% des foyers utilisent l’énergie solaire.  Il a demandé que des perspectives financières s’ouvrent pour que son pays puisse accélérer la mise en œuvre de ses programmes d’adaptation.  Notre expérience de victimes des essais nucléaires continuera de hanter nos mémoires pour des décennies encore, et c’est un cauchemar que nous ne voulons plus vivre, a-t-il déclaré.


Nous ne sommes pas venus pour condamner ou pointer un doigt accusateur, a-t-il dit.  Mais, nous sommes poussés par notre devoir moral vis-à-vis de l’humanité d’élever notre voix et d’en appeler à la conscience du monde, a ajouté le Président, en souhaitant voir un monde débarrassé du spectre de la guerre et des armes nucléaires.  Avant de conclure, le Président a estimé qu’au regard de son rôle de chef de file dans le domaine de la sécurité humaine, le Japon mérite un siège permanent au Conseil de sécurité. 


M. LAWRENCE GONZI, Premier Ministre de Malte, a rappelé que c’est son pays qui, en 1988, a proposé lors de la quarante-troisième session de l’Assemblée générale l’inscription du thème des changements climatiques à l’ordre du jour de l’ONU.  Nul ne pensait que cette question deviendrait, au fil du temps, la préoccupation principale du siècle, a ajouté M. Gonzi, qui a rappelé l’engagement constant de son pays sur cette question depuis plus de 20 ans.  Le Sommet de Copenhague doit marquer un tournant, et Malte estime que tous les pays, grands et petits, riches et pauvres, doivent contribuer à l’effort commun qui devra être mondial pour réussir, a-t-il ajouté.


Le 16 novembre, les États Membres célèbreront le quinzième anniversaire de l’entrée en vigueur de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, a déclaré le Premier Ministre, qui a rappelé que c’est Malte qui, il y a 42 ans, avait invité les États Membres à réformer le droit de la mer de l’époque.  Aujourd’hui, il devient nécessaire de réexaminer la Convention de 1982 à la lumière de certains problèmes actuels qui ne sont pas traités dans la Convention de Montego Bay, a déclaré M. Gonzi, qui a cité la traite des êtres humains, la sécurité et la sûreté de la navigation, le transport d’armes de destruction massive et les changements climatiques.  D’autres questions ont été abordées dans la Convention, mais pas correctement, a-t-il ajouté, mentionnant parmi ces déficiences la piraterie, le trafic illicite de drogues, les questions de protection et préservation de l’environnement marin ainsi que les règles relatives aux câbles et oléoducs sous-marins.  M. Gonzi a suggéré que l’Assemblée générale envisage le réexamen de la Convention de 1982. 


M. Gonzi a estimé qu’il devenait vital de préparer une déclaration universelle des devoirs de l’homme envers la génération actuelle et de ses responsabilités envers les générations futures, dans le même esprit que la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.  Comme les droits de l’homme, ces devoirs devraient être perçus comme intrinsèques à la nature humaine et non pas comme le fruit de lois ou d’obligations, a affirmé le Premier Ministre.  Une telle déclaration constituerait un accomplissement majeur de l’Assemblée générale et des Nations Unies en ce début du troisième Millénaire, a-t-il affirmé. 


Du fait de sa position géostratégique en centre de la Méditerranée, Malte a le privilège et la responsabilité de jeter un pont entre l’Afrique et l’Europe, a affirmé M. Gonzi.  Il a rappelé que, durant l’année écoulée, son pays a renforcé le dialogue entre les pays de la Méditerranée et l’Union européenne, ainsi qu’avec la Ligue arabe.  Malte inaugurera prochainement le Bureau de liaison entre l’Union européenne et la Ligue arabe, a annoncé M. Gonzi, en rappelant l’attachement de son pays « depuis des décennies » à la résolution du conflit au Moyen-Orient par la création de deux États, palestinien et israélien, vivant en paix et dans la sécurité dans des frontières internationalement reconnues.


M. Gonzi a rappelé que, du fait de sa petite taille et de la limitation de ses ressources tant humaines que financières, Malte éprouve de grandes difficultés à faire face à l’afflux d’immigrants illégaux.  Toutefois, a-t-il ajouté, nous honorons nos engagements internationaux envers les vrais réfugiés et les personnes qui peuvent prétendre à une protection humanitaire.  Il a également rappelé qu’en proportion, son pays compte parmi ceux qui accordent le plus souvent le statut de réfugiés.  Il a remercié les États qui aident Malte à faire face à un tel fardeau, citant la France et les États-Unis.  Il a déclaré que Malte est candidate à l’accueil du Bureau européen d’aide à l’asile, par lequel il entend contribuer à la coordination et à l’action commune des États Membres de l’Union européenne.


Toutefois, a ajouté le Premier ministre, l’immigration illégale constitue un phénomène international qui dépend de facteurs externes qui ne peuvent être toujours traités, même partiellement, par les pays affectés.  C’est pourquoi il a souhaité que les Nations Unies examinent la question de manière globale.    


M. MIKHEIL SAAKASHVILI, Président de la Géorgie, a affirmé que la chute, il y a 20 ans, du Mur de Berlin était à juste titre apparue comme un des plus grands triomphes des principes de la Charte.  Elle avait mis fin à une ligne de séparation entre les nations et libéré les espérances, les aspirations et les talents de millions de citoyens vivant jusqu’alors sous la tyrannie de l’Union soviétique.  Nous pouvons aujourd’hui être fiers de ce que nous avons accompli, a-t-il ajouté.


Et pourtant, a aussitôt enchaîné M. Saakashvili, il nous faut bien admettre que le présent demeure amer.  En effet, a-t-il affirmé, tout le monde n’a pas tiré les mêmes leçons de la chute du Mur.  Alors que le souffle de la liberté emportait le Mur, peu de gens imaginaient que la répression et les menaces qu’il représentait réapparaîtraient.  Aujourd’hui encore, une Europe libre et en paix reste un objectif à atteindre, un défi non relevé, a ajouté le Président.  L’Europe d’aujourd'hui, a-t-il poursuivi, est coupée par un nouveau mur qui traverse la Géorgie en son milieu, défiant les progrès réalisés depuis 20 ans.


Il y a un an, mon pays a été envahi, a déclaré M. Saakashvili.  À cette heure, ces actes de brutalité sont restés sans réponse, en violation directe du droit international, des normes érigées par cette institution et des accords internationaux, a ajouté le Président, qui a parlé d’« agression armée », de « nettoyage ethnique », de « violations massives des droits de l’homme » et d’« occupation illégale ».


Rappelant les propos tenus hier devant l’Assemblée générale par le Président Medvedev de la Fédération de Russie, qui avait affirmé que son pays avait été « obligé » d’agir comme il l’a fait afin d’appliquer « le principe de l’indivisibilité de la sécurité » et pour « piétiner l’héritage du passé », M. Saakashvili a déclaré que « la seule chose qui avait été piétinée, c’était la frontière souveraine de son pays ».  « Ils ont dit qu’ils étaient contraints de le faire, comme leurs prédécesseurs l’ont dit quand ils ont envahi la Pologne en 1939, la Finlande en 1940, la Hongrie en 1956, la Tchécoslovaquie en 1968 et l’Afghanistan en 1978 », a-t-il lancé, avant de parler de la destruction de Grozny et de l’« extermination » du peuple tchétchène.


« Le peuple géorgien n’acceptera pas une nouvelle ligne de division dans son pays, c’est un engagement inamovible », a affirmé M. Saakashvili.  Appelant la communauté des nations à affirmer que le droit international n’autorise pas la modification des frontières par la force, il a ajouté: « Il nous appartient de faire tomber ce mur pacifiquement, avec le pouvoir de nos idées et la force de nos convictions ».  Mais il a reconnu que cela prendrait du temps.


Le Président a longuement remercié les nations qui ont soutenu le droit des déplacés à rentrer chez eux, refusé de reconnaître les « territoires géorgiens occupés par des forces étrangères », apporté une aide économique à son pays et « rejeté cette idée du XIXe siècle des zones d’influence ».  Il a remercié les Nations Unies pour « 16 années de contribution à la paix en Géorgie par une présence dans le pays, présence « brutalement arrêtée par l’action unilatérale d’un seul État Membre ».  Rappelant que l’Abkhazie est « le berceau de la culture et de la civilisation géorgienne », le Président a affirmé qu’elle « redeviendrait ce qu’elle a été: la partie la plus merveilleuse de la Géorgie ».


M. Saakashvili a ensuite énuméré les réformes démocratiques et économiques réalisées par son pays et celles qui le seraient dans les prochains mois, avant d’affirmer: « la Géorgie est en train de gagner la paix: Nous sommes-nous effondrés face à une invasion brutale? Non! Avons-nous réprimé l’opposition? Non! Avons-nous limité les libertés face à la récession? Non! »


Le Président a rappelé que son pays continuait à honorer ses engagements internationaux, y compris dans le combat contre les changements climatiques et dans la lutte contre le terrorisme, notamment par sa contribution militaire en Afghanistan.  Citant le Président Obama, l’ancien Président tchèque, Vaclav Havel, et la journaliste russe Anna Politkovskaya « si brutalement réduite au silence », M. Saakashvili a affirmé que le nouveau mur qui coupe la Géorgie a fait de celle-ci une idée et un test: « l’idée de la liberté et un test pour le monde que le monde doit réussir ».  Si ce test réussit, vous serez étonnés de la rapidité avec laquelle cette région développera son impressionnant potentiel! », a affirmé le Président de Géorgie.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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