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TAD/2038

CNUCED XII: BONNE GOUVERNANCE ET RÈGLES DU JEU CLAIRES SONT INDISPENSABLES À L’ATTRACTION ET AU MAINTIEN DES FLUX D’INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS DIRECTS

21/04/2008
Conseil économique et socialTAD/2038
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Après-midi


CNUCED XII: BONNE GOUVERNANCE ET RÈGLES DU JEU CLAIRES SONT INDISPENSABLES À L’ATTRACTION ET AU MAINTIEN DES FLUX D’INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS DIRECTS


(Publié tel que reçu)


Accra, GHANA, 21 avril – La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui tient jusqu’au 25 avril sa douzième session à Accra, au Ghana, a invité cet après-midi plusieurs experts à énumérer les conditions à réunir pour attirer les investissements étrangers directs (IED), dont les flux annuels, de 3 trillions (3 000 milliards) de dollars par an, prennent une part de plus en plus importante dans le financement du développement.  Les experts ont été unanimes: la bonne gouvernance et l’établissement de règles du jeu claires sont  les conditions incontournables de l’attraction et du maintien des flux d’IED vers les pays.


Là où ces conditions sont réunies, le secteur privé peut engager des sommes considérables, ont relevé les experts.  Le Directeur général de la Société générale de l’énergie d’Abou Dhabi, Peter Barker-Honek, a, par exemple, indiqué que son entreprise a pour but d’investir dans plusieurs pays une somme de 61 milliards de dollars en moins de 10 ans.  Le Président du Conseil des investissements internationaux et du conglomérat de transport maritime SINOTRANS, Gengshu Miao, a rappelé qu’en 2007, 12 000 entreprises chinoises employant 600 000 personnes, principalement de la main-d’œuvre locale, ont investi quelque 97,4 milliards de dollars à travers le monde.  Les investissements chinois, a-t-il admis, sont motivés par l’intérêt des actionnaires et ceux des employés.  Mais les relations avec les partenaires, qui impliquent parfois un soutien financier, aboutissent toujours à « une situation gagnant-gagnant ».


Les IED dont les montants ont dépassé ceux de l’aide publique au développement (APD), continuent de se répartir de manière inégale, leur flux se concentrant principalement en Asie.  L’Afrique reste à la traîne, avec des taux qui oscillent entre 2% et 3% des IED mondiaux, soit 36 milliards de dollars en 2007 contre 2,4 en 1985.  Même sur le continent, les IED se sont concentrés en Afrique du Nord et chez les plus grands pays producteurs de ressources naturelles, comme le Nigéria et l’Afrique du Sud.


Pourquoi? Tout simplement parce que les entreprises fondent leurs investissements sur le facteur « certitude », a répondu le Directeur général de Gold Fields Ltd, Ian Cockerill.  Les entreprises ont besoin d’un environnement favorable caractérisé par une nette séparation entre le pouvoir politique et les cadres juridiques, réglementaires et fiscaux.  En l’occurrence, la qualité de la bureaucratie est très souvent un bon indicateur. 


Nous devons travailler dans un environnement où nous nous sentons à l’aise, a dit le Directeur général, en précisant, par ailleurs, que son entreprise n’a pas quitté le Burkina Faso pour des raisons de mauvaise gouvernance, mais par pure stratégie commerciale.  En revanche, « dans un pays » d’Amérique latine, c’est la prudence qui a motivé le départ de la société.


Dans ces conditions, pourquoi d’autres ont-ils pris le risque d’investir en Afrique, comme Mo Ibrahim, fondateur de Celtel, société de télécommunications revendue au Koweït?  Présent à la table ronde, celui qui est devenu depuis Président de la « Fondation Mo Ibrahim » a dit son attachement à un principe important, celui du « refus des pots-de-vin ».  Mo Ibrahim s’est lancé dans une critique acerbe des dirigeants africains.


Pourquoi cette misère? s’est-il demandé en rappelant qu’une entreprise comme la sienne a été contrainte, en raison des politiques fiscales, de payer parfois 42% de ses revenus -pas de ses bénéfices- à des gouvernements.  Cinquante ans après les indépendances, faut-il encore invoquer la colonisation et l’esclavage?  Nous sommes, a-t-il tranché, responsable de nos échecs qui ne sont imputables qu’à la mauvaise gouvernance.  C’est mon attachement à la bonne gouvernance qui m’a conduit à créer la Fondation Mo Ibrahim qui, à l’instar du prix Nobel, attribue une somme de cinq millions de dollars pour récompenser les dirigeants africains « parce qu’il faut célébrer les histoires à succès en Afrique ».


Par bonne gouvernance, j’entends, s’est-il expliqué sous les applaudissements du public, dont ceux de la Présidente de la Finlande, Tarja Halonen, un dirigeant qui aura pris les bonnes décisions pour le développement socioéconomique de son pays et qui aura quitté le pouvoir sans avoir au préalable tenté de changer la Constitution ou de rejeter les résultats des élections ».  Le monde, a-t-il poursuivi, regorge de fonds qu’il veut investir, car on sait que l’Afrique a un des retours sur investissement les plus élevés au monde.  L’aide n’est qu’un aspect du développement, il faut en réalité investir et créer des emplois et des richesses, a-t-il souligné. 


Mo Ibrahim, dont la Fondation a attribué son premier prix à Joaquim Chissano, ancien Président du Mozambique, a aussi attiré l’attention sur l’indice de la gouvernance, mis au point par la Fondation, et qui sert de base aux débats de la société civile.  Représentant un pays qui vient de célébrer le trentième anniversaire de son « ouverture au monde », le Président du SINOTRANS a affirmé que la Chine essaie d’offrir des conditions propices à tous les investisseurs comme, par exemple, un environnement stable et prévisible et des infrastructures nécessaires au fonctionnement de leurs entreprises.  Les investisseurs peuvent suivre de près, a-t-il dit, la palette des réformes lancées par le pays, qui procède continuellement à des ajustements pour assurer l’égalité de traitement entre différents investisseurs.


Mais la Chine a le droit de poser ses conditions, et elle les pose, a averti le Président de SINOTRANS en citant, en particulier l’obligation de recruter principalement la main d’œuvre locale.  Cette position a été appuyée par la Vice-Présidente d’El Salvador, Ana Vilma Albanez de Escobar, dont le pays exige le strict respect du droit, en particulier celui des droits des travailleurs et des consommateurs.  Membre de la Fondation Mo Ibrahim et ancienne Présidente de la Finlande, Mary Robinson, a insisté sur le lien important entre droits de l’homme et investissements, en soulignant particulièrement la nécessité d’investir dans les femmes. 


Le Directeur de Gold Fields Ltd a reconnu que l’un des plus grands défis qui se pose aujourd’hui est celui de la qualification professionnelle, et que tout investisseur se doit de dispenser une formation appropriée qui puisse profiter durablement à la main-d’œuvre locale. 


El Salvador s’est toujours montré réticent à accueillir des entreprises qui recherchent des rendements à court terme, a ajouté la Vice-Présidente.  Le pays exige donc que des réinvestissements durables soient effectués sur son territoire.  Cette réflexion a amené un participant à la table ronde à se demander si toutes les conditions imposées par les entreprises n’étaient pas en fait des conditions nécessaires à la promotion de rendements à court terme, ce qui ne servirait donc que leurs intérêts propres.  La communauté des affaires a-t-elle un code de conduite?  Comment mettre en place une méritocratie des affaires dans un milieu dominé par les bonus? 


La réponse à ces questions est venue de Peter Barker-Honeck, qui a affirmé que sa compagnie a pour principe de répondre à toutes les questions des gouvernements.  Nous espérons pouvoir continuer, dans 100 ans, à investir dans les mêmes pays, et si l’on se rend dans une économie qui encourage les nouveaux investissements, c’est toujours à long terme, a-t-il indiqué.


Pour l’Afrique, le processus de rattrapage ne peut se faire d’un coup, a convenu le Secrétaire général de la CNUCED, Supachai Panitchpakdi.  Il a néanmoins appelé les pays africains destinataires des IED à utiliser ces ressources là où les populations en ont le plus besoin.  Soulignant l’importance de l’intégration régionale, il s’est félicité de ce que la Banque mondiale se soit engagée à travailler sur cette question avec la CNUCED.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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