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BAN KI-MOON SOUTIENT LE DÉPLOIEMENT PLUS LARGE DES FEMMES AU SEIN DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX ET RECOMMANDE LE RENFORCEMENT DES MANDATS EN VUE D’AMÉLIORER LEUR PROTECTION

19/06/2008
Secrétaire généralSG/SM/11647
SC/9365
WOM/1685
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

BAN KI-MOON SOUTIENT LE DÉPLOIEMENT PLUS LARGE DES FEMMES AU SEIN DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX ET RECOMMANDE LE RENFORCEMENT DES MANDATS EN VUE D’AMÉLIORER LEUR PROTECTION


On trouvera ci-dessous le texte de la déclaration faite par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à l’occasion du débat du Conseil de sécurité sur les « femmes, la paix et la sécurité », aujourd’hui, à New York:


Je remercie les États-Unis d’avoir pris l’initiative d’organiser cet important débat.  Je félicite la Secrétaire d’État Rice de son dynamisme.  Il est essentiel que le Conseil accorde toute son attention à cette question.  J’attends avec intérêt d’entendre ses vues sur la voie à suivre.


Près de huit années se sont écoulées depuis l’adoption par le Conseil de sa résolution historique 1325 (2000), mais un nombre croissant et alarmant de femmes et de filles sont toujours victimes de la violence sexuelle dans des situations de conflit.  La violence sexuelle constitue une menace grave à la sécurité des femmes dans les pays fragiles qui sortent d’un conflit et sape les efforts déployés pour consolider la paix.  Elle frappe les femmes qui se battent déjà pour survivre et s’efforcent de maintenir l’unité de leur famille dans un climat de peur généralisée.  L’effondrement de l’ordre public rend les femmes plus vulnérables aux attaques et les prive de presque tout recours à la justice.


Les survivantes sont souvent si stigmatisées qu’il leur est extrêmement difficile d’espérer retrouver une vie normale.  Bannies de leur société, elles réclament rarement une réparation.  Même lorsqu’elles ont le courage de se présenter à la justice en dépit de la honte que cela peut leur causer, le système de justice n’est souvent pas à la hauteur, et les auteurs demeurent libres.  Cela contribue à une culture d’impunité qui ne décourage en rien de nouvelles attaques.  Ainsi, le cercle vicieux se poursuit.


Mais nous pouvons et devons le repousser.  En mars dernier, j’ai lancé une campagne mondiale pour mettre fin à la violence contre les femmes.  L’objectif est de s’attaquer à toutes ses manifestations, y compris la pratique abominable de la violence sexuelle dans les conflits armés.  Je nommerai prochainement un Messager de la paix uniquement chargé de promouvoir la cessation de la violence contre les femmes.


Dans le monde entier, les missions de maintien de la paix des Nations Unies font avancer les choses en assurant le suivi du programme, en aidant les victimes et en militant pour la fin de l’impunité.  La Mission des Nations Unies au Libéria a construit un bâtiment sûr pour les survivantes et les victimes d’actes de violence sexuelle et sexiste.  En Haïti, nos forces de maintien de la paix organisent des réunions sur les droits des femmes pour les membres du système judiciaire et de la police.  Notre Groupe de l’état de droit en Afghanistan aide le pays à élaborer une législation pour éliminer la violence contre les femmes.  La Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo a créé un groupe spécial chargé de veiller à ce que les victimes reçoivent une aide lorsqu’elles demandent justice.


Toutes ces initiatives sont fondées sur les mandats du Conseil de sécurité.  Lorsque le Conseil adopte des résolutions, rédigées dans un langage fort, sur la violence sexuelle et sexiste, l’ONU peut réagir avec plus de force.  Assurons-nous que tous les futurs mandats contiendront des dispositions claires sur la protection des femmes et des enfants dans les situations de conflit.


Lorsque le Conseil autorise des missions multidisciplinaires, nous pouvons produire des résultats.  Lorsque les États Membres nous envoient du personnel féminin qualifié, nous pouvons démontrer le rôle central des femmes dans le rétablissement de la stabilité dans les pays dévastés par la guerre.


Le document de réflexion dont le Conseil est saisi présente l’unité de police civile indienne au Libéria, entièrement composée de femmes, comme un modèle possible.  Je pense que cette initiative réussie constitue un excellent exemple de la contribution exceptionnelle que le personnel féminin peut apporter.  Par leur simple présence, les membres du contingent indien montrent aux femmes libériennes qu’elles aussi peuvent jouer un rôle dans le maintien de l’ordre public.  Nous disposons de chiffres pour le prouver.  Depuis que les femmes à béret bleu ont été déployées pour la première fois, on a constaté une augmentation considérable du nombre de femmes qui postulent auprès de la police libérienne.


Je tiens absolument à déployer davantage de femmes de par le monde, non seulement dans le personnel militaire, de police et civil, mais également aux niveaux les plus élevés de la hiérarchie des missions.  C’est pourquoi il faut que les États Membres proposent la candidature d’un plus grand nombre de femmes.


Envoyez-moi vos femmes soldats, vos femmes policiers, vos femmes membres du personnel civil et vos femmes diplomates de haut niveau, et je ferai en sorte qu’elles soient toutes prises en considération, que des candidates qualifiées soient inscrites sur les listes et que le plus grand nombre possible de femmes soit déployé sur le terrain aussi rapidement qu’il est humainement possible.


Les pays fournisseurs de contingents s’orientent déjà dans cette direction, et j’apprécie toutes leurs contributions au maintien de la paix des Nations Unies.  Mais, en même temps, je les exhorte à faire davantage pour fournir une formation avant le déploiement dans le domaine de la prévention de la violence sexuelle et de la lutte contre celle-ci.  Le Département des opérations de maintien de la paix réexamine son matériel normalisé pour ce projet, et nous espérons que les États fournisseurs de contingents veilleront à ce que le personnel des Nations Unies fasse partie de la solution et non du problème.


Je tiens à être clair.  L’ONU et moi-même à titre personnel sommes profondément déterminés à appliquer la politique de tolérance zéro contre l’exploitation sexuelle ou les mauvais traitements sexuels commis par notre propre personnel.  Cela signifie complaisance zéro.  Lorsque des allégations crédibles nous sont adressées, nous nous assurons qu’elles sont examinées à fond.  Cela signifie impunité zéro.  S’il s’avère que les allégations sont fondées, l’ensemble du personnel, qu’il s’agisse de personnel militaire, policier ou civil, est tenu responsable en fonction de la législation nationale applicable.  Je renforcerai l’actuel code de conduite en assurant la plus stricte discipline, non seulement les individus concernés mais également leurs superviseurs tout au long de la chaîne de commandement étant tenus responsables dans le cadre d’un système de responsabilité collective.


La violence à l’égard des femmes a atteint des proportions atroces et est devenue une véritable pandémie dans certaines sociétés qui tentent de se relever d’un conflit.  Réagir à la guerre silencieuse contre les femmes et les filles requiert une direction ferme au niveau national.  Les autorités nationales doivent prendre l’initiative de concevoir des stratégies globales, tandis que l’ONU doit aider à renforcer les capacités et appuyer les autorités nationales et la société civile.


Répondant aux appels lancés par des groupes de femmes, des survivantes de viol et des organisations non gouvernementales, nous rassemblons une dizaine d’institutions des Nations Unies dans un effort concerté qui a reçu le nom de Campagne des Nations Unies contre la violence sexuelle en temps de conflit.  L’initiative rassemble des experts qui débattent de questions telles que le maintien de la paix, le développement, le VIH/sida, la santé procréative, les droits de l’homme, les secours humanitaires et les préoccupations des femmes, afin de mettre fin au viol et à d’autres crimes sexuels dans les pays ravagés par un conflit.


Nous savons ce qu’il faut faire pour assurer la réussite d’une stratégie.  Il faut sensibiliser.  Il faut prendre des mesures de sécurité efficaces, notamment former les forces militaires et policières nationales.  Il faut assurer un suivi minutieux des droits de l’homme, et il faut poursuivre les auteurs de crimes en appliquant la loi dans toute sa force.


En même temps, nous devons considérer ce problème dans le contexte plus large de l’autonomisation des femmes.  Cela signifie qu’il faut réexaminer non seulement les lois qui traitent de la violence, mais également celles qui ont une incidence sur les droits des femmes dans d’autres domaines, comme la pauvreté, le droit successoral ou le divorce.  Cela signifie qu’il faut créer les conditions nécessaires au développement de la justice, car les meilleures lois du monde auront peu d’effet si elles ne sont pas appliquées par un système judiciaire et pénal solide.


Par-dessus tout, nous devons faire bien davantage pour promouvoir la participation des femmes à la prévention des conflits, aux négociations de paix et au relèvement après que les armes se sont tues.  Il faut que davantage de femmes soient associées à la quête de justice, à la promotion de la réconciliation, au désarmement et à la démobilisation, à l’élaboration des politiques de développement et au rétablissement des institutions.


En créant une culture qui punit la violence et élève les femmes à leur juste rôle, nous pourrons jeter les bases d’une stabilité durable, dans laquelle les femmes ne seront pas les victimes de la violence mais les agents de la paix.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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