DES PARTICIPANTS AU SYMPOSIUM DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’APPUI AUX VICTIMES DU TERRORISME APPELLENT AU RENFORCEMENT DU STATUT ACCORDÉ À CES PERSONNES
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Symposium du Secrétaire général
sur l’appui aux victimes du terrorisme
Matin et après-midi
DES PARTICIPANTS AU SYMPOSIUM DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’APPUI AUX VICTIMES DU TERRORISME APPELLENT AU RENFORCEMENT DU STATUT ACCORDÉ À CES PERSONNES
Des divergences se font jour sur la pertinence de prendre certaines mesures tant
qu’une définition du terrorisme n’a pas été négociée avec succès par les États Membres
Réunis aujourd’hui à l’occasion du symposium convoqué par le Secrétaire général sur l’appui aux victimes du terrorisme, M. Ban Ki-moon et les États Membres ont pu entendre les témoignages de survivants d’attaques terroristes perpétrées à travers le monde.
Ils ont, à l’aune de ces nombreux récits, dont celui de la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, exprimé des suggestions et des recommandations concernant les mesures à mettre en œuvre pour combler les lacunes existant au niveau des Nations Unies et des pays en ce qui concerne la prise en charge des victimes du terrorisme, un phénomène qui a été qualifié de « fléau mondial s’attaquant à l’humanité elle-même » par Ban Ki-moon.
Ce symposium, qui est le premier du genre sur ce thème aux Nations Unies, intervenait une semaine après la tenue d’un débat de l’Assemblée générale sur la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU. Tout au long de la journée, ponctuée de témoignages de victimes du terrorisme, et d’interventions d’experts et d’acteurs de la société civile exerçant dans le domaine de l’aide à apporter à ces personnes, les participants au symposium ont souligné qu’il est nécessaire que soit renforcé le statut juridique des personnes et des populations affectées par la violence terroriste.
Plusieurs intervenants ont également à maintes reprises estimé qu’il fallait que les pays partagent les expériences qu’ils ont accumulées sur la question considérée, et qu’ils s’efforcent de protéger davantage les victimes en améliorant la qualité des soins qui leur sont apportés ainsi que les conditions de leur réhabilitation professionnelle. Des intervenants ont préconisé la création d’un fonds international de solidarité aux victimes du terrorisme qui viendrait appuyer les fonds de prise en charge et d’indemnisation existant déjà dans certains pays, comme la France ou l’Espagne. Cette proposition a provoqué une expression de réserves de la part de certains participants qui ont estimé qu’il fallait faire avancer la discussion sur le terrorisme de manière plus graduelle et consensuelle en tenant compte de tous les avis et sensibilités.
SYMPOSIUM DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR « L’APPUI AUX VICTIMES DU TERRORISME »
Déclarations liminaires
Dans ses remarques liminaires, le Secrétaire général des Nations Unies, M. BAN KI-MOON, s’est adressé directement aux victimes du terrorisme invitées à témoigner de l’expérience qui a affecté leur vie. Saluant leur dévouement à dénoncer sans relâche le « démon du terrorisme », Ban Ki-moon a déclaré que les intervenants du symposium venaient de tous les horizons culturels et religieux, et, qu’à travers eux et cette diversité, les centaines de milliers de victimes du terrorisme vivant à travers le monde étaient représentées.
Le Secrétaire général de l’ONU a ensuite évoqué le souvenir des atrocités perpétrées, de Bali à Beslan, de Bombay à Alger, en passant par Kaboul, New York, Madrid, Londres, Bagdad, Istanbul ou Jérusalem. Après avoir lu une liste de noms, M. Ban Ki-moon a souligné la dimension mondiale du terrorisme, qui est un fléau visant aveuglément tous les groupes ethniques et religieux, toutes les nationalités et toutes les sphères de civilisations, a-t-il dit. Le terrorisme s’attaque à l’humanité elle-même, a résumé le Secrétaire général. Il a également fait part de l’émotion qu’il éprouva en se rendant à Alger sur le lieu de l’attentant qui a été perpétré en décembre 2007 contre les locaux de l’ONU. Rappelant que dans la capitale algérienne et ailleurs « la famille des Nations Unies » avait payé un lourd tribut au terrorisme, il a déclaré qu’en ce jour l’ONU était fière d’exprimer sa solidarité avec les victimes de ce fléau et d’ouvrir un dialogue avec les États Membres sur les moyens à mettre en place pour les aider plus efficacement.
Dans son intervention, le Président de l’Assemblée générale, M. SRGJAN KERIM, est revenu sur le débat organisé la semaine dernière sur la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU. « La mise en œuvre de cet instrument adopté par les 192 États Membres en 2006 est l’une des priorités de mon mandat », a-t-il ajouté. M. Kerim a notamment estimé qu’il était important que la Stratégie mette l’accent sur le sort des victimes du terrorisme. Comment la communauté internationale devrait exprimer sa solidarité à leur égard? a-t-il demandé. Il a répondu qu’avant tout, les États Membres devaient continuer de condamner sans équivoque tous les actes de terrorisme, qu’aucune motivation ne saurait justifier. Nous devons en outre reconnaître la nécessité de partager les expériences nationales en matière de lutte antiterroriste en usant des puissants moyens de coordination d’action collective dont dispose le système des Nations Unies, a encore dit Srgjan Kerim.
Témoignages de victimes du terrorisme
« Il y a tout juste plus de deux mois de cela, j’étais enchaînée à un arbre, et mes tortionnaires nous traitaient, mes compagnons et moi, sans la moindre compassion… » C’est par ces mots forts que l’ex-otage franco-colombienne des Forces armés révolutionnaires de Colombie (FARC), Mme INGRID BETANCOURT, a entamé son allocution. Au cours d’une longue déclaration, ponctuée d’hommages à d’anciens otages et à des victimes d’hier et d’aujourd’hui du terrorisme mondial, Mme Betancourt a souligné qu’il était du devoir de la communauté internationale de reconnaître un statut juridique particulier aux victimes du terrorisme. Cela permettrait de centraliser l’information sur chaque victime, alors que de nombreux États totalitaires feignent d’ignorer leur existence pour éviter d’être redevables de leurs agissements aux yeux du monde, a expliqué Ingrid Betancourt. Selon elle, montrer au plus grand nombre cette réalité souvent cachée est le meilleur moyen de combattre l’indifférence et l’abandon.
En second lieu, si une personne est reconnue officiellement comme une victime du terrorisme par les Nations Unies, elle pourra bénéficier de l’appui d’un État, d’une municipalité ou d’une organisation, pour que le traitement de son cas fasse l’objet d’un suivi et d’un appui soutenus, a indiqué Mme Betancourt. Elle a estimé que dans un tel contexte, chaque État Membre de l’ONU serait encouragé à développer une législation en vue de renforcer la protection des familles et d’éveiller les consciences sur la cause des victimes.
Ingrid Betancourt a aussi déclaré qu’il fallait que, toujours, la justice ait le dernier mot face aux terroristes. Elle a ensuite appelé ardemment les États à faire à chaque fois le choix du dialogue et de la vie, au-delà de toute considération politique. Si la vie et la liberté d’un être humain nécessitent d’ouvrir le dialogue, alors, il faut que ce dialogue ait lieu, même avec des terroristes, a lancé Mme Betancourt, précisant que la négociation ne devait cependant pas être, quel que soit le cas, un passe-droit pour l’impunité. Elle a également exhorté les États à démanteler plus activement les réseaux de financement des groupes terroristes. Soulignant les liens entre narcotrafic, corruption politique et activités terroristes, Ingrid Betancourt a souhaité que soit mis fin à l’« entreprise juteuse » qu’est également le terrorisme.
Les États Membres et autres participants au symposium ont entendu les témoignages d’autres victimes du terrorisme, dont Mme SANETA SABANOVA etMme ALETA GASINOVA, victimes de l’attaque terroriste contre l’école de Beslan. Toutes deux subirent, pendant trois jours, le siège de l’école de Beslan, dans la République russe d’Ossétie du Nord, en septembre 2004. Elles ont rappelé qu’au terme de cette prise d’otage et de la libération qui s’ensuivit, 334 personnes trouvèrent la mort, dont 186 enfants. Jeune élève à l’époque des faits, Mme Sabanova a salué les efforts déployés par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour venir en aide aux centaines de victimes, ajoutant qu’aujourd’hui encore, de nombreux enfants avaient toujours besoin de soins à long terme. Ce serait formidable si l’ONU pouvaient les aider eux-aussi, a-t-elle déclaré.
M. ASHRAF AL-KHALED, une victime de nationalité jordanienne, a, quant à lui, raconté la tragédie qui a transformé son mariage en une tragédie pour sa famille et celle de son épouse. Le 9 novembre 2005, jour de la cérémonie nuptiale, « tout ce qui était blanc est devenu rouge », a-t-il dit. Ma femme et moi avons perdu 27 des nôtres ce jour-là, au cours des trois explosions qui ont causé la mort de 57 personnes et fait plus de 100 blessés, a expliqué M. Al-Khaled. Il a évoqué le travail de l’association qu’il a montée depuis ce drame. S’appuyant sur l’apport des organisations non gouvernementales (ONG), du Gouvernement jordanien et de sa Majesté le Roi de Jordanie lui-même, « Victims of the Terrorist Attacks Association » fournit une aide à la fois financière, morale et humanitaire aux victimes du terrorisme, et contribue à sensibiliser l’opinion en faveur de la paix nationale, a fait savoir Ashraf Al-Khaled.
Échange interactif
Des États Membres ont réagi aux nombreux témoignages et fait part de leurs initiatives nationales au titre de l’appui aux victimes du terrorisme. La Colombie a notamment indiqué, à l’adresse d’Ingrid Betancourt, qu’elle avait mis sur pied un projet de loi et des mesures destinés à clarifier les modalités d’indemnisation des victimes de la violence terroriste.
La France a également réagi aux propos de Mme Betancourt en indiquant que la législation française reconnaissait aux victimes du terrorisme un statut équivalent à celui des victimes de guerre. Le représentant de la France a ainsi estimé qu’il fallait aller au-delà de la seule question de l’indemnisation et renforcer le statut international des victimes du terrorisme, en particulier en matière de soutien psychologique.
Sur ce dernier point, M. SANDRO GALEA, chercheur spécialiste de la santé publique de l’Université du Michigan, est intervenu pour signaler qu’il fallait tenir compte des différences et des similarités des réactions des victimes du terrorisme à l’évènement qu’elles ont subi. Pour mieux répondre aux besoins des victimes, qui peuvent varier d’un individu ou d’un groupe restreint à un autre, il nous faut aller plus loin dans l’étude des conséquences à long terme du terrorisme, même si des tendances se dégagent, a-t-il signalé.
Le représentant de l’Algérie a estimé pour sa part que la prise en charge accrue des victimes, leur réhabilitation, et la nécessité de compenser les dommages durables endurés, était un devoir moral de l’État pour, in fine, assurer la cohésion sociale des populations touchées. Il a également tenu à souligner que l’Algérie, victime du terrorisme sous toutes ses formes depuis des décennies, ne « hiérarchisait pas les souffrances ».
Le représentant d’Israël a quant à lui attiré l’attention sur le fait que la réhabilitation des victimes du terrorisme était fondamentale pour signifier aux terroristes qu’ils ne l’emporteront jamais dans le combat qu’ils mènent contre la vie. Il a ajouté qu’il était indispensable que chaque État touché ou susceptible de l’être mette à la disposition des victimes une aide institutionnelle. C’est sur cette base qu’il sera ensuite possible de partager nos expériences en vue de former collectivement une capacité mondiale de réponses aux besoins des victimes du terrorisme, a jugé le représentant israélien.
Le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que la protection des victimes faisait pleinement partie de la législation nationale de son pays. Il s’agit d’un droit inaliénable qui est traduit dans de nombreuses lois et mesures, a-t-il dit, suggérant de plus une coopération interétatique accrue en matière de pratique juridique dans le contexte de la lutte antiterroriste et de l’appui aux victimes.
Les États-Unis ont souhaité que le thème du symposium soit appréhendé de façon plus approfondie aux Nations Unies, car un nombre croissant d’États Membres ont été touchés par les terroristes d’Al-Qaïda et les entités qui lui sont affiliées. Le représentant américain a précisé que le rôle de l’ONU devait être d’évaluer les besoins des pays et de coordonner le partage des expériences nationales en matière de prise en charge des victimes, les gouvernements abordant le problème du contre-terrorisme en fonction de leur situation propre.
Représentant la société civile, Mme FATMA-ZOHRA FLICI, Présidente de l’Organisation nationale algérienne des victimes du terrorisme, a, elle aussi, préconisé l’obtention d’un statut spécial pour les victimes du terrorisme. Elle a de plus estimé que des moyens humains et financiers adéquats devaient être réunis pour prendre pleinement en charge le traitement des troubles psychologiques et assurer la réhabilitation professionnelle des victimes. Mme Flici a suggéré à cette fin d’utiliser les fonds des entités dont les avoirs ont été gelés par le Conseil de sécurité.
Elle a également plaidé pour l’établissement d’une journée commémorative des victimes du terrorisme.
L’Observateur de la Palestine a fait une déclaration dans laquelle il a exprimé sa solidarité aux victimes présentes dans la salle. Nous, peuple palestinien, comprenons leur souffrance, que nous connaissons et vivons, a-t-il signalé. L’histoire des victimes du terrorisme doit être dite, a estimé le représentant palestinien, avant d’affirmer que tuer des civils innocents, quel que soit les raisons avancées, était du terrorisme. Il a également déclaré qu’aucun pays ou groupe humain n’avait le monopole de la souffrance.
Mme FRANÇOISE RUDETZKI, victime de l’explosion d’une bombe en décembre 1983 à Paris, a décrit les innombrables séquelles qu’elle a subies depuis 25 ans. Elle a fait état des 66 opérations chirurgicales qu’elle a subies et de sa contamination par le VIH/sida, contracté lors d’une transfusion sanguine reçue lors de la première de ces opérations. Face au manque de considération envers les victimes, en 1986, Mme Rudetzki et son mari ont décidé de créer une association, « SOS Attentats », qui est à la pointe du combat législatif en faveur des victimes d’attentats.
Son action s’est notamment traduite par la création d’un Fonds de solidarité: ainsi, en France, une contribution de solidarité nationale sur les contrats d’assurance finance l’indemnisation intégrale des préjudices physiques, psychologiques et économiques subis par les victimes, quelle que soit leur nationalité, et par les Français de l’étranger. Mme Rudetzki a plaidé pour l’établissement d’un Fonds international chargé de l’indemnisation des victimes, de leur réinsertion sociale et professionnelle. Cette proposition a été vigoureusement défendue par plusieurs autres intervenants.
M. JOSE MANUEL RODRIGUEZ URIBES qui dirige la Direction générale d’appui aux victimes du terrorisme en Espagne, a repris cette idée, ainsi que sa délégation. Si des divergences persistent quant à une définition internationale du terrorisme, il faut en revanche reconnaître les victimes, dont les droits fondamentaux ont été violés, a-t-il estimé.
Le représentant du Qatar a cependant estimé que c’était aux États Membres d’assumer le coût de l’indemnisation de leurs ressortissants affectés par un acte terroriste et non à un Fonds d’affectation, en particulier en l’absence d’une définition commune du terrorisme. Il a rappelé l’impossibilité qui existe d’assimiler les auteurs d’attentats terroristes à une civilisation ou une religion particulière.
Invoquant ensuite l’urgence d’un encadrement juridique international, Mme RUDETZKI a aussi souhaité l’adoption rapide par l’ONU d’une Convention générale sur le terrorisme international et l’inclusion du terrorisme dans les compétences de la Cour pénale internationale (CPI). La Présidente de « SOS Attentats » s’est dite convaincue que seule la justice permet de lutter contre le terrorisme et que l’impunité devait être rejetée : « Justice doit être rendue », a-t-elle dit, « car elle participe à la prévention du crime et à la reconstruction de la psyché des victimes qui doivent faire entendre leurs voix dans les procédures judiciaires » Pour soutenir ces victimes, a expliqué Françoise Rudetzki, une loi de 1990 a permis à son association de se porter « partie civile » contre les auteurs de crimes et les membres de réseaux terroristes. Elle a cependant estimé qu’une meilleure coopération policière et judiciaire doit être mise en place au sein de l’Union européenne et de la communauté internationale tout en respectant les droits de la défense et des victimes.
Prenant la parole à l’issue de ces témoignages, M. FRANK GITAU NJENGA, psychiatre kényan, a présenté les activités auxquelles il a pris part pour venir en aide aux victimes de l’attentat commis contre les locaux de l’ambassade des États-Unis à Nairobi, en 1998. Son collègue du Japon, M. NOZOMU ASUKAI, a fait part de sa propre expérience à la suite de l’attaque au gaz sarin perpétrée dans le métro de Tokyo en 1995. Il a souligné les problèmes posés par la crainte d’effets secondaires de long terme, qui a compliqué la vie de nombreuses victimes en proie à des crises d’hypocondrie aigue ou redoutant, des années après l’attaque, l’apparition de symptômes transmissibles sur le plan génétique.
Psychiatre algérien, M. NOUREDDINE KHALED, a expliqué que son pays avait adopté une loi qui consacre la notion de « réconciliation » pour tenter de résoudre le problème du terrorisme. En effet, en Algérie, tout terroriste qui décide de déposer les armes et de se réinsérer socialement peut être pardonné, a-t-il indiqué. En outre, depuis la première vague d’attentats qui a ensanglanté le pays depuis 1992, aucun responsable n’est ouvertement désigné, le terrorisme étant qualifié de « tragédie nationale », a-t-il dit. Cette conception, qui semble éluder le fait terroriste lui-même, se heurte à l’incompréhension des victimes d’attentats, dont les auteurs peuvent être relâchés. Dans ce contexte, a noté M. Khaled, il faudrait s’employer à corriger les effets pervers de cette loi et à ne pas renoncer à faire juger les responsables et les commanditaires d’attentats terroristes. Le droit à la justice et à la vérité doit être rétabli, a dit M. Khaled. Comme l’a d’une autre manière dit M. JOAQUIN VIDAL ORTIZ, lui-même victime du terrorisme, « le pardon oui, mais pas l’oubli ».
L’État a été encouragé par Nourredine Khaled à renforcer l’éducation, car trop souvent l’échec scolaire fait de jeunes en rupture des recrues faciles pour les cellules terroristes.
Mme RULA AHMAD MOHAMMAD AL FARRA, psychologue jordanienne, a elle aussi insisté sur l’importance de hisser l’éducation au plus haut niveau, pas seulement en revisitant les curricula, mais aussi en promouvant la primauté des valeurs morales.
Témoin de l’attentat perpétré à Bali en octobre 2002, et qui a fait plus de 200 morts, M. HAJI AGUS BAMBANG PRIYANTO a évoqué quant à lui son effroi devant la découverte du charnier de l’attentat. Il a affirmé que le terrorisme prenait racine dans l’incompréhension des valeurs religieuses. « En tant que musulman, a-t-il confié, je ne peux tout simplement pas comprendre comment le fait de perpétrer des actes terroristes peut être perçu comme relevant du djihad. » Selon lui, il n’existe pas une seule religion au monde qui enseigne à ses adeptes de commettre des actes haineux comme celui-ci.
Psychologue dans un centre de santé mentale spécialisé dans l’accueil d’enfants palestiniens, M. MARWAN DIAB a pour sa part prévenu que de nombreux enfants palestiniens étaient traumatisés par les échanges de tirs, les explosions, et les vols en rase-motte des avions de combats F-16 dans la bande de Gaza. Ces enfants, a-t-il dit, ce sont aussi les victimes du terrorisme et il ne faut pas sous-estimer leur souffrance.
Après avoir évoqué la mort de sa sœur, Reham, décédée dans l’attentat perpétré le 19 août 2003 contre le siège de l’ONU à Bagdad, Mme AL FARRA a attiré l’attention sur la dérive médiatique consistant à accorder plus d’attention aux auteurs d’attentats plutôt qu’aux victimes. Un ancien journaliste de CNN, CHRIS CRAMER, a d’ailleurs suggéré aux médias de mieux préparer leurs personnels à couvrir les sujets relatifs au terrorisme, en tenant compte des besoins spécifiques des victimes.
Mme LAURA DOLCI, veuve de Jean-Sélim Kanaan, diplomate employé de l’ONU lui aussi tué dans l’attentat de Bagdad, a émis l’espoir qu’à l’issue de ce symposium, les États Membres œuvreraient à l’établissement d’un Fonds international de solidarité et à l’élaboration d’une Convention sur les droits des victimes du terrorisme. Il faut revendiquer le droit des victimes à la vérité, à la liberté et à la justice, qui est loin d’être acquis, a-t-elle préconisé. De nombreuses ONG ont en effet dénoncé sans relâche les procédures inéquitables qui se font parfois au détriment des droits des personnes suspectées de terrorisme, a-t-elle rappelé. Ces procédures extrajudiciaires, qui se déroulent dans le plus grand secret, non seulement violent les droits des accusés, mais elles privent aussi les victimes de leur droit à la justice. C’est aussi à ce prix, a ajouté Mme Dolci, que sera remportée la victoire contre le terrorisme.
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