DEV/2708

CONFÉRENCE DE DOHA: TRANSPARENCE ET BONNE GOUVERNANCE POUR MAINTENIR LA CONFIANCE DES INVESTISSEURS PRIVÉS DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

1/12/2008
Communiqué de presseDEV/2708
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

CONFÉRENCE DE DOHA: TRANSPARENCE ET BONNE GOUVERNANCE POUR MAINTENIR LA CONFIANCE DES INVESTISSEURS PRIVÉS DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT


(Publié tel que reçu)


DOHA, 30 novembre -- La crise économique aura-t-elle un effet négatif sur les investissements étrangers directs dans le monde en développement?  La réponse tiendra sans doute en la capacité et la détermination des pays concernés, mais aussi de la communauté internationale et des institutions financières mondiales à consolider, dans les mois à venir, la confiance des investisseurs privés par des mesures cohérentes de réforme, de transparence et de bonne gouvernance, ont estimé aujourd’hui, au deuxième jour de la Conférence de Doha, les participants à une table ronde sur la « mobilisation internationale des ressources pour le développement ».


Au cours de cette table ronde, que présidait le Président de la République du Congo, M. Denis Sassou Nguesso, États Membres et experts ont tenté d’identifier les défis et les solutions possibles pour maintenir le rythme soutenu d’investissements privés dans les pays en développement.


Pendant ces cinq dernières années, à la faveur d’une forte croissance économique et de l’amélioration des politiques macroéconomiques et, grâce à un meilleur climat pour les investissements dans beaucoup de pays en développement, les investissements privés ont fortement augmenté.


Les données de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) montrent que les investissements directs étrangers demeurent le plus important des flux de capitaux privés allant à des pays en développement, et qu’ils ont représenté près de 500 milliards de dollars en 2007. 


Modérateur des débats, le Secrétaire général de la CNUCED, M. Supachai Panitchpadki, a précisé qu’au cours de ces années, de nombreux pays en développement ont pris des mesures visant à attirer les investissements en garantissant une stabilité macroéconomique et en mettant en œuvre des réformes pour assurer une plus grande discipline fiscale, une meilleure gestion de la dette et faciliter la privatisation et la transparence. 


Selon la Banque mondiale, plusieurs économies émergentes importantes, telles que l’Égypte, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, la Turquie et le Viet Nam, ont ainsi réussi à réformer de façon substantielle leur environnement économique.


M. Panitchpadki a observé quatre différentes caractéristiques des investissements étrangers directs depuis l’adoption du Consensus de Monterrey en 2002.  On a tout d’abord assisté à un triplement des flux de ces investissements, flux qui, a-t-il cependant précisé, n’ont pas été répartis de façon équitable parmi les pays pauvres, et sont allés vers les principales économies émergentes.  Les pays les moins avancés (PMA) n’ont ainsi pu attirer que 3% du flux global des investissements étrangers directs.


Autre phénomène décrit par le Secrétaire général de la CNUCED, l’apparition d’investisseurs du Sud.  Une part importante de ces apports de capitaux concerne en effet désormais des investissements « Sud-Sud », c’est-à-dire entre pays en développement.  M. Panitchpadki a en outre indiqué que les flux d’investissements étrangers vers les pays en développement augmentaient plus rapidement que l’aide publique au développement (APD).


Si l’année 2008 est marquée par une tendance à la hausse de ces investissements directs (plus de 7%), il faut s’attendre, a-t-il dit, à un ralentissement en raison de la récession généralisée de l’économie.  Même si malgré les tendances récessionnistes, il existe des signes de croissance positive dans les pays en développement, a-t-il expliqué.


Il est crucial, a poursuivi le Secrétaire général de la CNUCED, que les pays récipiendaires puissent exécuter leurs propres stratégies de développement et mobiliser ces fonds dans les secteurs dont ils ont le plus besoin.  Il a ainsi mis l’accent sur la nécessité de veiller à assurer une gouvernance transparente et à établir des priorités.


M. Sassou Nguesso a estimé, de son côté, que l’absence d’infrastructures de base en Afrique constituait un frein sérieux au développement.  Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), qui est pourtant salué par la communauté internationale, n’est pas exécuté et souffre gravement d’une absence de financements, a-t-il déclaré.


Le Président congolais a par ailleurs souligné l’importance de la question des changements climatiques, rappelant que le bassin du Congo était le deuxième poumon économique de la planète.  Un programme de gestion durable de l’écosystème des forêts du bassin du Congo a été mis en œuvre, a-t-il expliqué, ajoutant qu’un fonds fiduciaire ouvert à tous les donateurs avait été créé à Londres en juin 2008, et dont la gestion était confiée à la Banque africaine de développement (BAD).


LA MOBILISATION DES RESSOURCES INTERNATIONALES POUR LE DÉVELOPPEMENT: INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS DIRECTS ET AUTRES APPORTS DE CAPITAUX PRIVÉS


Déclarations


M. HIROTO ARAKAWA, Conseiller spécial principal au sein de l’Agence de coopération internationale du Japon, a souligné que la demande extraordinaire en matière d’infrastructure et les changements climatiques pourraient constituer les principaux défis auxquels nous serions amenés à faire face à l’avenir.  Se fondant sur plusieurs rapports, il a estimé que la croissance pourrait diminuer à la fois dans les économies avancées et émergentes, affectant ainsi les investissements directs étrangers.  Il a rappelé que depuis 1990, on observe une augmentation substantielle des flux privés et une légère progression de l’aide publique au développement.  Néanmoins, les flux privés ont été volatiles et ont eu tendance à se diriger vers des projets spécifiques, tandis que l’aide publique au développement est demeurée stable et axée sur les réformes politiques et institutionnelles.


M. TREVOR MANUEL, Ministre des finances de l’Afrique du Sud, a affirmé que le continent africain avait été contraint de prendre un certain nombre de décisions difficiles pour lancer les réformes, en particulier macroéconomiques, qui ont été nécessaires à la forte période de croissance pendant près d’une décennie.  Néanmoins, aujourd’hui, l’Afrique est confrontée à une crise financière dans les pays développés qui menace d’effacer les gains et les acquis obtenus en vue de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Cette crise financière pourrait se traduire par une récession mondiale, une dépression, c’est-à-dire, a-t-il précisé, lorsque les gens ont peur d’acheter et que des millions d'emplois sont perdus.  Les acteurs internationaux, a-t-il dit, doivent veiller à ne pas multiplier des actions qui produiraient les résultats les pires possibles.  Il a envisagé la possibilité qu’au cours des 12 à 18 mois prochains l’on constate un inversement de tendance des flux d'investissements étrangers vers le monde en développement et un ralentissement du développement.


Mme JOYCE H. DE GINATTA, Présidente de la Federación Interamericana Empresarial (Équateur), a expliqué les raisons qui ont conduit son pays, à la faveur d’une nouvelle présidence, à adopter en 2000 la dollarisation de l’économie.  La monnaie nationale a ainsi été abandonnée au profit du dollar, afin de retrouver la confiance des différents acteurs économiques.  De l’avis de Mme de Ginatta, il ne faut plus suivre des règles dépassées.  La seule façon d’éviter la spéculation est une réglementation mondiale, a-t-elle dit.  C’est pourquoi elle a préconisé la disparition des devises locales et de les fusionner dans certaines devises régionales, telles que le dollar, l’euro ou le yen.  Les flux d’investissements directs dépendent souvent de la sécurité juridique, de l’état de droit et de certaines situations politiques, a-t-elle souligné.  Elle a mis l’accent sur la nécessité d’harmoniser les différentes normes et de rationaliser les budgets afin que les gouvernements puissent améliorer l’économie réelle plutôt que d’avoir des dépenses en spirale.  Le moment est venu de moderniser le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement, a-t-elle également affirmé.  Enfin, Mme de Ginatta a souligné la nécessité de trouver des carburants alternatifs de manière à réduire la dépendance mondiale au pétrole. 


Mme HUGUETTE LABELLE, Présidente de Transparency International, a mis l’accent sur la nécessité de garantir une plus grande transparence des entreprises pour encourager les investissements étrangers directs et retenir ceux-ci dans les pays récipiendaires.  Les entreprises doivent donner des informations sur leurs activités, a-t-elle dit.  De même, il convient d’avoir des règles de jeu plus claires pour que les recettes parvenant dans les coffres des gouvernements soient vraiment versées aux budgets et non utilisées par des individus à d’autres fins.  Mme Labelle a estimé qu’il faudrait éviter d’encourager les pays en développement à s’enfoncer dans une nouvelle spirale de la dette.  Elle a enfin rappelé que la participation des populations locales était essentielle afin d’avoir un développement efficace, viable et sans corruption.  C’est leur développement, elles doivent se l’approprier et y participer, a-t-elle conclu.


M. AVIASH PERSAU, Président d’Intelligence Capital, a estimé que si les pays en développement souhaitaient attirer le plus de profits de la part des investissements directs étrangers, il convenait de garantir les conditions de concurrence.  La concurrence est essentielle pour obtenir de meilleurs accords, a-t-il souligné.  De l’avis de M. Persau, il ne faut pas exagérer la vertu des investissements directs étrangers.  L’investissement approprié repose sur la diversification des revenus à long terme dans les marchés émergeants, a-t-il dit, soulignant la nécessité de ne pas freiner certains de ces flux. 


M. KAMALESH SHARMA, Secrétaire général du Commonwealth, a affirmé que le Consensus de Monterrey avait mis l’accent sur la cohérence des ressources locales et nationales.  Les voix de tous les membres de la communauté internationale doivent être entendues, a-t-il dit.  Il a en particulier mis l’accent sur le rôle des jeunes entrepreneurs qui constituent la clef, a-t-il dit, de la durabilité de la croissance dans de nombreuses sociétés du monde en développement.  Ceci, a-t-il ajouté, va évidemment de pair avec l’investissement dans les domaines de l’éducation, de la formation et de la création d’emplois, notamment pour les femmes.


Échange de vues


Le représentant du Soudan a estimé que la Conférence de Doha aurait dû exprimer un esprit de partenariat entre les pays riches et les pays en développement, partenariat qui ne s’est pas reflété, a-t-il regretté, en raison de l’absence des premiers.  Son homologue de la Chine a espéré que la Conférence pourra souligner la contribution des investissements directs étrangers et de leur stabilité.


La déléguée du Sénégal a notamment affirmé qu’il était urgent que la communauté internationale s’attache à améliorer la prévisibilité des ressources à moyen terme.  Elle s’est en outre interrogée sur le type de cadre qu’il convenait de mettre en place afin de faire face à la volatilité des fonds d’investissements directs.


Le représentant de Palaos a attiré l’attention des panélistes et de ses collègues sur la question de l’impact des changements climatiques sur les économies des petits États insulaires en développement comme le sien.  Il a ainsi invité les pays développés à adopter une approche plus ciblée tenant compte de cette question.  Il a appelé la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement à se rapprocher des petits États insulaires en développement dans le but de financer des projets d’investissements et d’accorder des prêts aux entrepreneurs locaux. 


Son homologue de l’Algérie a expliqué que la crise financière et économique actuelle pourrait entraîner, pour l’Afrique, une baisse des revenus d’exportation, une diminution des envois de capitaux par la diaspora africaine, une chute des revenus touristiques, un assèchement des crédits commerciaux et une réduction des investissements privés.  L’aide publique au développement doit être augmentée, a-t-il insisté avant de conclure.

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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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