CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. JOËL BOUTROUE, COORDONNATEUR RÉSIDENT DES NATIONS UNIES ET COORDONNATEUR DE L’ACTION HUMANITAIRE POUR HAÏTI
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CONFÉRENCE DE PRESSE DE M. JOËL BOUTROUE, COORDONNATEUR RÉSIDENT DES NATIONS UNIES ET COORDONNATEUR DE L’ACTION HUMANITAIRE POUR HAÏTI
Après les ouragans de fin août et début septembre qui ont eu des conséquences catastrophiques en Haïti, la situation humanitaire est désormais stabilisée dans le pays, y compris aux Gonaïves, a déclaré cet après-midi le Coordonnateur résident des Nations Unies et Coordonnateur de l’action humanitaire pour Haïti, M. Joël Boutroue, lors d’une conférence de presse au Siège des Nations Unies, à New York. Mais le pays, qui est encore affaibli par la crise alimentaire, est sans doute revenu, trois ou quatre ans en arrière en termes de croissance économique et de pauvreté, a-t-il ajouté.
« Au stade actuel, nous sommes en mesure de distribuer de l’eau potable, de la nourriture et diverses autres fournitures de manière assez régulière dans tout le pays, y compris dans des zones reculées et ce, malgré les difficultés logistiques », a indiqué M. Boutroue. De nombreuses routes et ponts restent détruits en Haïti, a-t-il expliqué, estimant qu’il faudra beaucoup de temps pour revenir à une situation comparable à celle que connaissait le pays avant le passage des ouragans.
Cela signifie que le pays a besoin de ressources supplémentaires importantes pour obtenir des résultats à court et moyen termes, a poursuivi le Coordonnateur résident. Les moyens mis à disposition ont permis de répondre rapidement aux événements jusqu’à présent, a-t-il assuré, faisant cependant remarquer le manque de ressources suffisantes pour poursuivre les distributions alimentaires au niveau requis. Du fait de la hausse des prix des produits alimentaires et des ouragans, environ 3 millions d’Haïtiens sont aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire. Rappelant qu’en une année, la production agricole d’Haïti n’avait couvert que 40% des besoins alimentaires de la population, M. Boutroue a estimé que 50% des cultures de la saison en cours ont été détruites par les ouragans.
En outre, les Nations Unies n’ont plus les ressources pour financer les activités de relèvement immédiat, telles que les activités à forte intensité de main d’œuvre nécessaires pour remettre sur pied les communautés, a déclaré M. Boutroue. Il faudra donc des ressources supplémentaires.
Pour réduire la vulnérabilité du pays, il faut investir beaucoup plus que ce qui a été fait jusqu’à présent dans la protection de l’environnement et dans les « filets sociaux », sous forme de services sociaux de base au profit des plus démunis. Ces conclusions ne sont pas nouvelles, a fait remarquer M. Boutroue, qui a rappelé qu’on avait tiré les mêmes enseignements après l’ouragan Jane en 2004. Pour éviter que l’on soit de nouveau confronté à la même situation, il faut mettre en œuvre ces enseignements.
Un cadre de relèvement est actuellement mis en place conjointement par les Nations Unies, l’Union européenne (UE) et la Banque mondiale sous la direction du Gouvernement, a précisé le Coordonnateur résident. Il concerne trois domaines d’actions prioritaires: la gestion de l’eau, les services sociaux de base et la sécurité alimentaire.
Mais il faut désormais agir. La population n’a aucun moyen digne de ce nom de faire face par elle-même. La déforestation est presque totale, il n’y pas d’industrie, pas d’investissement et une productivité très faible. À défaut d’investissement à court et moyen termes grâce aux ressources obtenues lors des appels d’urgence, la pauvreté va encore s’aggraver et on risque d’entrer dans un cercle vicieux d’agitation, de pauvreté et de crises politiques.
M. Boutroue a donc lancé un appel pour obtenir des ressources supplémentaires, ajoutant qu’une approche cohérente des actions à mener a été adoptée. Il a aussi souhaité donner une image différente de celle couramment véhiculée sur Haïti, en expliquant que le pays jouissait actuellement d’une stabilité politique qu’il faudrait préserver et d’un taux de criminalité parmi les plus bas de la région. Davantage de stabilité encouragera les investissements qui, seuls, peuvent assurer le développement économique à long terme et créer des emplois durables, a estimé M. Boutroue.
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