LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXAMINE LE PLAN DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR L’ENVOI EN SOMALIE D’UNE FORCE INTERNATIONALE DE STABILISATION
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Conseil de sécurité
6020e séance – matin
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXAMINE LE PLAN DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR L’ENVOI
EN SOMALIE D’UNE FORCE INTERNATIONALE DE STABILISATION
Plusieurs membres du Conseil lient les actes de piraterie au large des côtes somaliennes à la crise dans le pays
Le Conseil de sécurité a examiné aujourd’hui le rapport du Secrétaire général sur la situation en Somalie et, en particulier, son plan pour l’envoi d’une force internationale de stabilisation à Mogadishu avant l’éventuel déploiement d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies destinée à prendre le relais de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).
À cette occasion, le Secrétaire général de l’Organisation maritime internationale, M. Efthimios Mitropoulos, a dressé un état de la piraterie qui sévit au large des côtes somaliennes et contre laquelle le Conseil a décidé de sévir, notamment en adoptant, le 2 juin dernier, la résolution 1816 qui autorise les navires des États Membres, après autorisation du Gouvernement somalien, à entrer dans les eaux territoriales de la Somalie afin de réprimer les actes de piraterie et les vols à main armée en mer.
Le représentant de la France, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a rappelé que cette dernière avait créé le 10 novembre, pour un an, une mission navale au large de la Somalie, qui devrait débuter le 8 décembre avec le plein accord du Gouvernement somalien.
Faisant allusion à d’autres États qui agissent aussi dans la région, dont la Fédération de Russie et l’Inde, il a en outre remarqué que l’Union européenne « n’est pas seule et ne souhaite pas être seule » dans cette entreprise. Il a en revanche écarté l’idée d’une coordination militaire des actions des différentes forces navales sous les auspices des Nations Unies qu’a suggérée le représentant de Panama.
Nombre de représentants, comme celui du Burkina Faso, ont en outre relevé que la lutte contre ce fléau supposait de s’attaquer aux causes profondes de la crise en Somalie. Le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne s’est même dit convaincu que la piraterie « prendra fin lorsqu’un accord global aura été trouvé pour le pays ». Le représentant du Royaume-Uni a toutefois estimé que le combat contre la piraterie « ne peut pas attendre que la paix et l’harmonie reviennent en Somalie ».
Le représentant de la Somalie a ainsi expliqué que le plus grand défi à la paix et à la stabilité dans son pays ne provenait pas d’un manque de volonté politique de la part des autorités somaliennes mais plutôt d’un manque de sécurité. Une amélioration de la situation en matière de sécurité aura un impact positif sur la situation humanitaire et vice-versa, a-t-il dit, exhortant la communauté internationale à fournir l’assistance humanitaire nécessaire à la Somalie.
Les membres du Conseil ont reconnu l’existence de progrès sur le plan politique, du fait de la signature de l’Accord de Djibouti entre le Gouvernement fédéral de transition et l’Alliance pour la seconde libération de la Somalie.
Les avancées ont toutefois été jugées fragiles et le représentant de la Belgique a fait remarquer qu’elles n’avaient pas d’impact sur la situation en matière de sécurité, qui s’est au contraire aggravée, en particulier dans le centre et le sud.
Dans son rapport présenté par le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, M. Haile Menkerios, le Secrétaire général, jugeant que la situation actuelle n’est « pas propice à l’envoi d’une opération de maintien de la paix de l’ONU », propose la création d’une force multinationale de stabilisation et demande aux États Membres de fournir contingents, fonds et matériel.
Le Directeur de la Division Afrique II du Département des opérations de maintien de la paix, M. Raisedon Zenenga, a livré au Conseil de sécurité une « description » de cette force « limitée et ciblée », et « uniquement déployée à Mogadishu », qui se concentrera sur le soutien aux aspects critiques de l’Accord de Djibouti et la préparation de l’éventuel déploiement d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies chargée de prendre le relais de l’AMISOM. Seules sept réponses, sur les 50 demandes envoyées par le Secrétaire général à des contributeurs potentiels de contingents ou de financement et les trois à des organisations internationales, sont jusqu’à présent parvenues au Secrétariat, a souligné M. Zenenga. À ce jour, seul un État Membre a exprimé son soutien au projet de force multinationale, offrant la fourniture d’équipement, d’une capacité aérienne ainsi qu’une contribution financière.
Cet accueil, qualifié de « mitigé » par M. Zenenga, s’est retrouvé dans les différentes positions exprimées lors du débat. Pour le représentant russe, une telle force terrestre, à ce stade, « ne donnerait pas de résultats ». Son homologue de la Belgique a, en revanche, estimé que la proposition reviendrait actuellement à renforcer l’AMISOM.
Notant que l’AMISOM comptait actuellement environ 3 000 hommes en Somalie, alors que le déploiement maximum autorisé est de 8 000 militaires, l’Observatrice permanente de l’Union africaine a appelé la communauté internationale à soutenir le déploiement et l’équipement de cette Mission, « la seule présence internationale à peu près efficace actuellement » en Somalie, selon l’Ambassadeur du Panama.
Le représentant du Royaume-Uni a, pour sa part, encouragé le Secrétaire général à poursuivre ses efforts auprès de pays susceptibles de fournir des contingents à une force multinationale, souhaitant que les « belles paroles » entendues à ce sujet « se transforment en offres réelles de contributions militaires ».
Outre les membres du Conseil, le représentant de la Somalie s’est exprimé.
LA SITUATION EN SOMALIE
Rapport du Secrétaire général sur la situation en Somalie (S/2008/709)
Dans ce rapport, qui retrace les événements survenus depuis le 16 juillet 2008, le Secrétaire général se félicite de l’engagement qu’ont pris les parties somaliennes au processus de Djibouti et des progrès réels qu’elles ont faits et dont témoigne l’Accord de cessation des affrontements armés signé le 26 octobre. Il se félicite également que l’Éthiopie soit disposée à retirer ses troupes pour ne pas perturber le cessez-le-feu et considère comme une bonne nouvelle l’intention exprimée par les parties de se doter d’un gouvernement d’unité nationale. Le Secrétaire général dit donc attendre avec intérêt les discussions qui mèneront à la création de ce gouvernement. Rappelant que l’Accord de Djibouti reste ouvert à tous les Somaliens, il les invite à se joindre tous au mouvement qui a été lancé, à suivre fidèlement le processus et à s’engager sans condition en faveur de la paix. Il ajoute que l’Accord d’Addis-Abeba, signé par les dirigeants du Gouvernement fédéral de transition le 25 août 2008, doit être mis en œuvre parallèlement et sans retard, afin qu’une administration sérieuse et efficace puisse s’installer à Mogadishu et dans les environs.
Le Secrétaire général s’inquiète en revanche de la dégradation des conditions de sécurité, surtout dans le centre-sud, dans laquelle il voit des « difficultés gigantesques non seulement pour la réconciliation en cours mais aussi pour l’acheminement de l’aide humanitaire et la stabilité de la région ». Il constate en outre que les combats qui font rage en Somalie entravent de plus en plus le travail de l’ONU et rappellent que différentes attaques ont visé directement les Nations Unies, y compris l’attentat-suicide perpétré contre le bureau du PNUD à Hargeisa le 29 octobre, qui a fait deux morts parmi le personnel. Il rappelle que de nombreux Somaliens travaillant pour l’ONU et leur famille ont dû être transférés de leur lieu d’affectation vers d’autres endroits en Somalie après la mise en circulation d’une liste de noms de personnes dont la tête avait été mise à prix par des groupes hostiles au Gouvernement. Il estime que le personnel de l’ONU court « de plus en plus le risque d’être la cible d’un autre attentat terroriste de grande ampleur, en Somalie ou à l’Office des Nations Unies à Nairobi. » Du fait de telles menaces, les plans conditionnels relatifs au transfert en Somalie du Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie (UNPOS) et de l’Équipe de pays des Nations Unies actuellement installés à Nairobi, n’ont pu être mis en œuvre.
Rappelant par ailleurs que, dans sa déclaration présidentielle du 4 septembre, le Conseil de sécurité s’est de nouveau déclaré disposé, comme il était dit dans sa résolution 1814 (2008), à envisager, en temps utile, la création d’une opération de maintien de la paix qui prendrait la suite de l’AMISOM (l’opération de l’Union africaine en Somalie), à condition que le processus politique ait avancé et que la situation sur le terrain se soit améliorée sur le plan de la sécurité, le Secrétaire général précise ses plans conditionnels pour le déploiement d’une telle mission, qui serait précédée par la création d’une force internationale de stabilisation. Jugeant que « la situation actuelle n’étant pas propice à l’envoi d’une opération de maintien de la paix de l’ONU », il propose la création d’une force multinationale qui devrait, selon lui, être « une force expéditionnaire très performante et autonome, en mesure de faire face aux menaces ». Il estime qu’il faudrait prévoir « environ deux brigades, compte non tenu des composantes de l’AMISOM » mais ajoute que « les capacités de la force importent toutefois beaucoup plus que ses effectifs ». Il demande aux États Membres d’accéder à sa demande de fournir des contingents, des fonds et du matériel à cette éventuelle force multinationale.
Le Secrétaire général précise que cette force internationale de stabilisation opérerait exclusivement à Mogadishu et aurait pour principales tâches d’assurer la sécurité des installations stratégiques, en particulier l’aéroport et le port maritime; de superviser le retrait des Forces armées éthiopiennes de Mogadiscio, conformément aux dispositions de l’Accord de Djibouti, et s’assurer de son bon déroulement; et de faciliter le transfert à Mogadishu du Bureau politique des Nations Unies en Somalie et de l’Équipe de pays des Nations Unies. La force multinationale procéderait par étapes. Dans un premier temps, elle serait déployée à Mogadishu, éventuellement à partir d’une base maritime et on renforcerait simultanément l’AMISOM afin que celle-ci puisse assurer la sécurité de l’aéroport et du port maritime de Mogadishu ainsi que des environs. Pendant une deuxième phase, la force contrôlerait le retrait des Forces armées éthiopiennes de Mogadishu. Pendant la troisième phase, la force internationale s’emploierait à stabiliser la situation à Mogadishu afin de créer des conditions qui permettraient au Gouvernement fédéral de transition d’affermir son autorité et appuierait le transfert à Mogadishu du personnel de l’ONU. Pendant la quatrième phase, « sous réserve que la situation progresse sur le plan politique et dans le domaine de la sécurité », et une fois que le Conseil de sécurité aurait adopté une résolution sur la question, la force internationale de stabilisation céderait la place à une opération de maintien de la paix des Nations Unies pluridimensionnelle. Cela, précise le Secrétaire général, « ne devrait se faire qu’après la conclusion d’un accord de cessez-le-feu crédible et intégral ». Le transfert d’autorité de la force internationale de stabilisation à l’ONU serait effectué une fois que le siège de la mission des Nations Unies serait opérationnel et doté de contingents en nombre suffisant.
Le Secrétaire général précise que, « compte tenu de l’expérience de l’ONU en Somalie », il attache « une grande importance à la cohérence de la stratégie » adoptée par la communauté internationale pour faire face aux multiples menaces que la situation qui règne dans le pays fait peser sur la stabilité de la région et la paix internationale. Il estime donc qu’il faudra « absolument unir l’opération anti-pirates en cours, la Mission de l’Union africaine en Somalie et la force multinationale qu’il est envisagé de créer dans une action coordonnée qui s’attaque efficacement à la fois aux conséquences et aux causes de l’anarchie dans laquelle le pays est plongé », qui est devenue une grave menace contre la paix et la sécurité internationales.
Concernant la piraterie, le Secrétaire général se félicite de l’adoption par le Conseil de sécurité des résolutions 1816 (2008) et 1938 (2008). Il félicite le Canada, le Danemark, la France et les Pays-Bas de ce qu’ils font pour escorter les navires humanitaires et appelle les autres pays à faire de même. Il se félicite également de la décision prise par l’Union européenne de mettre en place le dispositif de coordination qui facilitera l’organisation par les États Membres du convoyage des navires humanitaires et demande à tous les autres États Membres de participer à cet effort. Il se réjouit enfin de la décision des Gouvernements indien et russe de coopérer avec le Gouvernement fédéral de transition pour lutter contre la piraterie et les vols à main armée en mer.
Déclarations
M. HAILE MENKERIOS, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a présenté les derniers développements survenus en Somalie depuis la publication du rapport du Secrétaire général. Après la signature de l’Accord de cessation des hostilités le 23 octobre entre le Gouvernement fédéral de transition et l’Alliance pour la seconde libération de la Somalie, le processus de retrait des forces éthiopiennes a commencé à s’opérer le 17 novembre. Les forces éthiopiennes ont remis leur poste de commandement à Mogadishu à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).
Les groupes extrémistes continuent d’étendre leurs occupations dans le centre et le sud de la Somalie et prennent localement le contrôle de la situation, tout en poursuivant leurs attaques sporadiques à Mogadishu, a déclaré M. Menkerios. En octobre, a-t-il indiqué, 30 000 personnes ont été déplacées en raison des hostilités et deux importantes organisations non gouvernementales ont dû cesser leurs opérations dans le Sud. M. Menkerios a rappelé que, lors de la réunion extraordinaire de son Conseil des ministres le 18 novembre, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) a décidé d’imposer des sanctions ciblées contre ceux qui s’opposent au processus de paix, et a demandé au Conseil de sécurité d’envisager les mêmes mesures. Il a aussi déclaré que le Bureau des Nations Unies en Somalie continue ses préparatifs en vue de la tenue d’une conférence internationale sur l’assistance à la Somalie qui devrait se tenir au cours du premier trimestre 2009.
Les actes de piraterie maritime qui sont commis au large des côtes somaliennes sont étroitement liés à la situation interne du pays et à l’absence d’autorité centrale, a affirmé M. Menkerios. Les récents événements montrent les capacités considérables des pirates et la nécessité de mettre en place des mécanismes juridiques appropriés pour tenir responsables les auteurs de ces actes et les traduire en justice. Le processus de Djibouti n’a toujours pas permis d’assurer la sécurité, a poursuivi M. Menkerios, qui a conclu en demandant à la communauté internationale de continuer à faire preuve d’une grande vigilance et à persévérer afin d’assurer un soutien constant au processus de paix.
M. RAISEDON ZENENGA, Directeur de la Division Afrique II du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), a affirmé que le DOMP avait dépêché une équipe de planification à Addis-Abeba, en septembre dernier, afin d’établir la description d’une éventuelle force multinationale conjointement avec l’Union africaine. Il est envisagé que la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) fasse partie de cette force, ainsi qu’il l’est indiqué dans le rapport du Secrétaire général, a-t-il expliqué, précisant que la force qui suivra devra absorber les éléments de l’AMISOM. À cet égard, l’équipe de 19 experts en matière de planification des Nations Unies, actuellement basés au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba, fournissent notamment des conseils sur le déploiement de contingents de l’AMISOM conformément aux normes des Nations Unies. M. Zenenga a également indiqué que le Département des opérations de maintien de la paix avait mis au point une liste d’États Membres et d’organisations internationales susceptibles de fournir des contingents, de l’équipement ou une contribution financière à une future force multinationale. Une réunion a été organisée par le DOMP le 18 septembre avec des membres du Conseil de sécurité au niveau des experts pour recueillir des suggestions et un appui concernant la mobilisation de pays susceptibles de contribuer à une force multinationale.
Comme le souligne le rapport, le Secrétaire général a écrit le 24 octobre à 50 pays identifiés comme des contributeurs potentiels et à trois organisations internationales les appelant à fournir financement et aide à la mobilisation de pays contributeurs de contingents. Les réponses envoyées avant le délai requis du 4 novembre sont mitigées, a observé le Directeur de la Division Afrique II. Sept réponses officielles ont été reçues, a-t-il dit, notant que parmi elles, seul un État Membre avait exprimé son soutien au projet de force multinationale et a offert la fourniture d’équipement, d’une capacité aérienne ainsi qu’une contribution financière. Ce pays n’a cependant pas proposé de fournir un contingent chef de file ou des troupes. Quatre États Membres ont indiqué qu’ils n’étaient pas en mesure de fournir des troupes à la force multinationale. Les trois organisations contactées ont, elles, exprimé leur volonté d’aider à financer une telle force par leurs États Membres, a expliqué M. Zenenga. Il a souligné qu’aucun pays ne s’était engagé jusqu’à présent à fournir un contingent chef de file.
Les lettres envoyées aux États Membres par le Secrétaire général s’ajoutent aux réunions bilatérales que le Secrétaire général a eues avec plusieurs dirigeants au mois de septembre dernier sur cette question, et au cours desquelles il a souligné que la situation actuelle en Somalie ne plaidait pas en faveur d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies, a ajouté le Directeur. Le Conseil de sécurité est conscient de la nécessité de veiller à ce que toute force déployée en Somalie doive disposer des capacités appropriées, a-t-il affirmé, estimant qu’une force dépourvue des capacités nécessaires serait vouée à l’échec. Il est ainsi important, a-t-il souligné, de tirer les leçons des opérations menées en Somalie dans les années 90. M. Zenenga a insisté de même sur le fait qu’une force multinationale telle que décrite dans le rapport du Secrétaire général n’était pas une approche maximaliste. Il s’agit, a-t-il dit, d’une opération limitée et ciblée, uniquement déployée à Mogadishu. Elle se concentrera sur le soutien aux aspects critiques de l’Accord de Djibouti et la préparation sur le terrain du déploiement d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies prenant le relais de l’AMISOM. Le Directeur s’est par ailleurs dit conscient du fait que la piraterie et les attaques terroristes ne représentaient que des symptômes d’un problème de fond, à savoir l’état d’anarchie en Somalie. L’approche adoptée par les États Membres dans leurs efforts pour combattre la piraterie constitue un exemple de ce qui est nécessaire pour aborder la véritable source des défis en matière de sécurité en Somalie, a-t-il ajouté, appelant les États Membres à engager une coalition similaire et à développer le même niveau de capacités militaires pour déployer une force multinationale.
M. EFTHIMIOSMITROPOULOS, Secrétaire général de l’Organisation maritime internationale (OMI), a exprimé son inquiétude face à la multiplication des actes de piraterie au large de la Somalie et dans le golfe d’Aden, et plus largement dans l’ouest de l’océan Indien. Après avoir rappelé que, dès 2005, l’OMI avait attiré l’attention de la communauté internationale sur la situation, il s’est félicité des premières résolutions adoptées par le Conseil de sécurité sur ce sujet et des premiers succès obtenus. Il a néanmoins observé que la piraterie maritime continue, rappelant que près de 440 actes de piraterie et attaques armées ont eu lieu depuis que l’OMI a commencé à compiler les données. Depuis le début de l’année, l’OMI a recensé dans la région concernée 120 attaques, 35 saisies de bateaux, et la prise en otages de quelque 600 marins. Actuellement, a-t-il ajouté, 14 bateaux et 280 marins sont aux mains des pirates, et deux marins ont déjà perdu la vie. M. Mitropoulos a estimé que la poursuite des attaques démontre que les agresseurs continuent d’ignorer les appels de la communauté internationale et de menacer les populations. C’est pourquoi, il a appelé à une action internationale cohérente.
M. Mitropoulos a décrit les différents modes opératoires des pirates. Parfois, ils attaquent les bateaux en haute mer, souvent à grande distance de la côte, à partir de bateaux-bases. Parfois, ils attaquent depuis les eaux territoriales somaliennes. Dans ce cas, même si des navires de guerre les observent, ils ne peuvent rien faire jusqu’à l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1816, par crainte de commettre une violation du droit international, a-t-il observé.
Le Secrétaire général de l’OMI a lancé un appel pour protéger les marins, pêcheurs et passagers, mais aussi pour assurer la libre circulation de l’assistance humanitaire à la Somalie, en particulier celle du Programme alimentaire mondial, rappelant que 80% de l’aide alimentaire destinée à la Somalie arrive par la mer. Il faut enfin assurer la sécurité du commerce maritime mondial, a ajouté M. Mitropoulos, qui a rappelé que 12% du volume total du pétrole transportés par mer sans oublier les produits de base ou finis transportés par conteneur, transitent par le Golfe d’Aden, ce qui démontre l’importance stratégique de ce dernier. Du fait de la longueur de la côte somalienne (3 989 kilomètres, dont 1 204 kilomètres dans le golfe d’Aden), il faut de nombreux bateaux pour assurer la surveillance et la sécurité, a estimé M. Mitropoulos. Mais à défaut, les bateaux de commerce risquent d’être détournés par le cap de Bonne espérance, ce qui entraîne des détours et délais considérables, ainsi qu’une forte augmentation de la consommation de combustibles et un renchérissement du fret transporté, dont l’environnement et les consommateurs paieront le prix, a-t-il averti.
M. Mitropoulos a remercié les pays et organisations régionales qui contribuent à la lutte contre la piraterie, y compris en escortant les navires du PAM. Il a également remercié le Gouvernement fédéral de transition de Somalie pour ses efforts. Il a demandé la mise ne place d’une juridiction pour traduire en justice les auteurs des attaques et actes de piraterie. Il a mentionné un projet de réunion à Djibouti en janvier 2009, afin de conclure un accord régional de lutte contre la piraterie.
M. ELMI AHMED DUALE (Somalie) a affirmé que les récents événements politiques importants, tels que la signature d’un Accord de paix par le Gouvernement somalien et des groupes d’opposition ou les discussions actuelles portant sur l’intégration de l’Alliance pour la seconde libération de la Somalie dans un futur gouvernement, témoignaient clairement de l’engagement du Gouvernement fédéral de transition en faveur de la réconciliation. Il a néanmoins ajouté que le plus grand défi à la paix et à la stabilité en Somalie ne provenait pas d’un manque de volonté politique de la part des autorités somaliennes mais plutôt d’un manque de sécurité. Le Gouvernement fédéral de transition n’a pas la capacité de défendre et de contrôler l’ensemble du pays, tandis que son appareil sécuritaire souffre d’un manque d’équipement et de formation adéquat, ainsi que d’une absence de ressources, a-t-il expliqué. La position du Gouvernement fédéral de transition a été rendue difficile par la faiblesse du soutien financier de la communauté internationale au renforcement de la sécurité dans le pays et au recrutement de nouvelles forces, a-t-il précisé. Une amélioration de la situation en matière de sécurité aura un impact positif sur la situation humanitaire et vice-versa, a-t-il également dit. Le représentant a ainsi exhorté la communauté internationale à fournir l’assistance humanitaire nécessaire à la Somalie.
M. Duale a de même souligné que la question de la piraterie représentait un autre défi. Il a ainsi remercié une nouvelle fois les États Membres et les organisations régionales et internationales qui aident le Gouvernement à lutter contre ce fléau au large des côtes somaliennes. Il a renouvelé la demande d’aide du Gouvernement fédéral de transition au Conseil de sécurité pour rendre sûres les eaux internationales et territoriales au large des côtes de la Somalie. Le représentant a, par ailleurs, appelé instamment les pays de la région à donner une marge de manœuvre politique au Gouvernement fédéral de transition de la Somalie afin qu’il puisse surmonter la crise constitutionnelle. Il a demandé également au Conseil de sécurité de faire de même. Il a exhorté enfin les pays de la région, ainsi que l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), l’Union africaine, la Ligue des États arabes, les institutions des Nations Unies et les États Membres, en coordination avec le Représentant spécial du Secrétaire général, comme principal interlocuteur, à œuvrer à l’appui du processus de paix.
Mme LILA RATSIFANDRIHAMANANA, Observatrice permanente de l’Union africaine auprès des Nations Unies, a rappelé le communiqué publié par l’Union africaine, le 19 novembre, faisant part de sa préoccupation face à la situation en Somalie et la piraterie au large du pays. Elle a rappelé que, le 11 novembre 2008, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a tenu une réunion sur la situation en Somalie et s’est félicité de la signature de l’Accord de Djibouti du 26 août. Elle a souligné l’appel lancé par l’Union africaine au Conseil de sécurité pour autoriser le déploiement d’une opération de maintien de la paix en Somalie, appel, qui, a-t-elle ajouté, a été à plusieurs reprises approuvé et repris par le Gouvernement fédéral de transition de Somalie et d’autres parties somaliennes.
L’Observatrice a rappelé que l’AMISOM compte actuellement environ 3 000 hommes en Somalie, pour un maximum autorisé de 8 000 hommes. Elle a appelé la communauté internationale à aider au déploiement et à l’équipement des forces de l’AMISOM. Elle a rappelé le souhait de l’Union africaine de voir les contingents de l’AMISOM intégrés dans la future force multinationale de stabilisation tout en reconnaissant les réticences de certains États face à cette proposition de force. Il faut profiter de la fenêtre d’opportunité actuelle pour relever les défis en matière de sécurité, a-t-elle ajouté. Les violences et la piraterie actuelles ne sont que les symptômes de deux décennies de souffrances en Somalie, a-t-elle ajouté, en appelant le Conseil de sécurité à réagir.
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a affirmé que la situation en Somalie s’était détériorée en raison des conflits constants entre les différents groupes en Somalie et l’inaction de la communauté internationale. Le risque que la situation ne se dégrade encore est grand, a-t-il dit, condamnant notamment les attaques perpétrées récemment contre des membres du personnel des Nations Unies. La perspective d’une paix durable est vaine tant que certains groupes resteront en dehors du processus de paix, a-t-il dit, enjoignant les groupes qui ne l’ont pas encore fait à se joindre à l’Accord de Djibouti. Le moment est également venu pour les dirigeants de la Somalie de faire preuve de la volonté politique nécessaire pour aboutir à la paix, a-t-il ajouté. Le Conseil de sécurité doit donner mandat au Secrétaire général pour élaborer un plan détaillé de l’appui qui pourrait être apporté à la Somalie. Le représentant a en outre condamné les actes de piraterie au large des côtes de la Somalie. Il est temps, a-t-il dit, que l’attention soit également accordée à la population de la Somalie. Il a espéré que les suggestions faites par le Secrétaire général de l’Organisation maritime internationale seront entendues par le Conseil de sécurité pour contribuer à rendre plus sûres les eaux territoriales de la Somalie.
M. JEAN-MAURICE RIPERT (France), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a observé que le rapport du Secrétaire général traite en fait de plusieurs sujets: la situation en Somalie et les éléments d’une éventuelle force multinationale –sur lesquels de nouvelles discussions techniques seront nécessaires, et enfin la piraterie maritime. Insistant sur cette dernière question, M. Ripert a déclaré que c’est l’ensemble des États membres de l’Union européenne qui se sont mobilisés pour mettre en œuvre la résolution 1816 du Conseil de sécurité. Il a rappelé que, le 10 novembre, le Conseil de l’Union européenne a créé, pour un an, une mission navale au large de la Somalie, qui devrait débuter le 8 décembre avec, a-t-il ajouté, le plein accord du Gouvernement somalien. Cette mission impliquera « cinq ou six navires » et des hélicoptères, a précisé le représentant, qui a ajouté que le Secrétaire général des Nations Unies avait, hier, salué cette opération. D’autres pays ont décidé d’apporter leur contribution à la mise en œuvre de la résolution, a ajouté M. Ripert, qui a notamment cité la Fédération de Russie et l’Inde. L’Union européenne « n’est donc pas seule et ne souhaite pas être seule » dans cette entreprise, a-t-il ajouté.
Rappelant que l’Union européenne avait créé une cellule de coordination, il a souhaité que le Secrétaire général désigne un point focal au sein du Secrétariat, qui serait l’interlocuteur de l’Union européenne. Il a en revanche estimé qu’il n’y avait pas de place pour une réelle coordination « au sens militaire du terme ». Le représentant a en outre lancé un appel pour que le Conseil de sécurité prolonge dans le temps la résolution 1816 qui, a-t-il rappelé, vient à échéance début décembre, afin que la lutte contre la piraterie au large de la Somalie puisse se poursuivre. M. Ripert a rappelé le lien entre la piraterie et « la situation dramatique de la population en Somalie », qu’il a attribuée aux guerres, à la faiblesse de l’État, au manque de débouchés économiques et à l’action de groupes criminels. Ce sont là les racines de la piraterie, qui ne sera éradiquée que lorsque les causes profondes de la situation auront été traitées, a-t-il affirmé. La France, a-t-il dit, appuie l’idée d’une force multinationale robuste dotée des moyens nécessaires comme la première étape d’une opération de maintien de la paix dont, a-t-il conclu, la création à terme paraît indispensable.
M. ALDO MANTOVANI (Italie) a prié toutes les parties somaliennes à renoncer à la violence et à se joindre au processus politique. Le représentant a également regretté le rythme trop lent du processus politique. Il est essentiel, a-t-il dit, que les parties surmontent leurs différences. Un échec pourrait entraîner l’effondrement de plus de six ans d’efforts de paix, a-t-il estimé. L’ONU pourrait appuyer la dynamique actuelle par, notamment, une aide financière ou un appui à la mise en place d’une force conjointe. Un calendrier clair doit être établi soit pour que la force multinationale se matérialise, soit pour choisir d’autres options, a-t-il dit.
M. ATTIA OMAR MUBARAK (Jamahiriya arabe libyenne) s’est dit gravement préoccupé par la situation humanitaire et sécuritaire en Somalie malgré les progrès politiques obtenus entre le Gouvernement fédéral de transition et l’Alliance pour la seconde libération de la Somalie. Il a de nouveau condamné les attaques perpétrées fin octobre contre l’ONU en Somalie, ainsi que les attaques ou menaces contre les travailleurs humanitaires dans le pays. La situation humanitaire dans le centre et le sud se dégrade encore du fait que ces régions sont désormais hors d’atteinte des organisations humanitaires, a-t-il affirmé, ajoutant qu’on compte désormais dans le pays plus d’un million de personnes déplacées. Il a souhaité une coordination de toutes les initiatives de la communauté internationale.
Le représentant a dit apprécier la réaction rapide de la part de plusieurs pays après l’adoption de la résolution 1816 contre la piraterie et a rendu hommage aux États qui ont assuré l’acheminement en sécurité de l’aide humanitaire à la Somalie. Il s’est néanmoins dit convaincu que la piraterie n’est que le résultat de l’instabilité en Somalie et prendra fin lorsqu’un accord global aura été trouvé pour le pays. Le représentant a jugé qu’il est urgent de déployer une force internationale sur le terrain, quelle que soit l’appellation qu’on lui donne, et a estimé que l’accord entre le Gouvernement fédéral de transition et l’Alliance pour la seconde libération de la Somalie constitue la base pour le déploiement d’une telle force. Il a estimé que les contingents de l’AMISOM devraient être intégrés dans la future force internationale et a regretté que ni le rapport du Secrétaire général ni les exposés de ce jour ne présente de calendrier pour le déploiement de la force. Il a exhorté « les pays qui en sont capables » à répondre à l’appel du Secrétaire général et à fournir des contingents à une telle force.
M. BONAVENTURE KOUDOUGOU (Burkina Faso) a condamné les attaques violentes perpétrées ces derniers jours contre des membres du personnel humanitaire, de l’AMISOM ou des Nations Unies. Le représentant a exhorté les signataires de l’Accord de Djibouti à s’engager pleinement et de bonne foi à son respect. Il a également dit attendre la pleine mise en œuvre du récent accord de cessez-le-feu. Il s’est félicité de la volonté affichée par l’Union africaine de renforcer l’AMISOM en appui à l’application de l’Accord de Djibouti. Il a pris également note du plan élaboré par le Département des opérations de maintien de la paix en vue du déploiement éventuel d’une force multinationale de stabilisation et des initiatives prises en ce sens par le Secrétaire général. Le représentant a déploré que les réponses reçues à l’appel du Secrétaire général soient faibles et mitigées. Il a souligné la nécessité d’anticiper les événements et les réponses à l’appel du Secrétaire général. S’agissant des actes de piraterie, il convient d’être conscient, a-t-il estimé, que la lutte contre cette insécurité passe par la résolution des causes profondes de la crise en Somalie.
M. HASAN KLEIB (Indonésie) a déclaré que, même s’il existe des raisons d’optimisme sur la situation politique en Somalie, il reste beaucoup à faire, et que la situation humanitaire se dégrade. Le processus de Djibouti est le bienvenu, a-t-il observé. La communauté internationale doit aider à trouver une solution et faire davantage pour aider les Somaliens à régler les problèmes. La résolution adoptée aujourd’hui par le Conseil de sécurité pour élargir le régime des sanctions devrait aider à rétablir la paix et la stabilité, a-t-il estimé. Puisque que le Secrétaire général considère que la condition au déploiement d’une opération de maintien de la paix en Somalie a le soutien du Gouvernement somalien et d’une majorité de la population somalienne, il faut d’autant plus appuyer le processus politique, a-t-il ajouté.
Le représentant a demandé que la communauté internationale appuie davantage l’AMISOM, appelée à assumer de nouvelles responsabilités après l’accord de Djibouti. Il a condamné les actes de piraterie dans lesquels il a vu une menace pour les activités maritimes, pour la Somalie et pour l’ensemble de l’Afrique. C’est pourquoi, l’Indonésie appuie les résolutions adoptées pour lutter contre la piraterie au large des côtes de la Somalie, qui sont le résultat de la situation dans le pays.
M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a exprimé son inquiétude face à l’insécurité croissante au large des côtes de la Somalie. La piraterie et les attaques contre des bateaux le long des côtes somaliennes sont alarmantes et constituent un défi au processus de paix en cours et à l’acheminement de l’aide humanitaire, a-t-il dit. Le représentant a estimé que des mesures, tant en matière de politique que de sécurité, étaient impérieuses. Les efforts de la communauté internationale doivent se poursuivre pour entreprendre une démarche commune visant à aider la Somalie à surmonter ces défis. Les Nations Unies, en coordination avec les organisations régionales, doivent fournir une assistance logistique et technique, a-t-il souligné. Il s’est félicité des efforts du Secrétaire général pour établir un calendrier de déploiement d’une force multinationale et rechercher des contributeurs éventuels.
M. RICARDO ALBERTO ARIAS (Panama) a pris note de la proposition du Secrétariat concernant la création d’une force multinationale, et des difficultés à la mettre en place. Il a jugé positive l’attitude des pays africains face au projet de cette force. Il a estimé qu’il y a peu de situations aussi graves que celle de la Somalie dans le monde et a rappelé que son pays avait demandé à plusieurs reprises que la communauté internationale appuie la seule présence internationale à peu près efficace actuellement en Somalie, à savoir l’AMISOM. Il a donc regretté que cet appui n’ait pu être fourni. Le représentant a indiqué que sa délégation appuyait le projet de force internationale, tout en prenant conscience des risques que celle-ci encourrait. C’est pourquoi, il a répété que les Nations Unies devraient aider l’AMISOM.
La piraterie est liée à la situation qui prévaut en Somalie même, a déclaré le représentant, qui a estimé qu’il ne faudrait pas chercher à trouver des solutions séparées. Rappelant que le Conseil de sécurité a, avec l’accord du Gouvernement fédéral de transition, approuvé une opération navale destinée à lutter contre la piraterie, le représentant du Panama s’est dit inquiet de voir plusieurs forces navales opérer séparément dans une zone aussi réduite, et a souhaité qu’une forme de coordination militaire de ces forces navales soit établie sous l’égide de l’ONU.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a mis notamment l’accent d’assurer la mise en œuvre rapide de l’Accord de Djibouti et d’engager le processus de réconciliation le plus tôt possible. Il a exprimé son inquiétude face à la dégradation de la situation en matière de sécurité en Somalie. Il s’est félicité du rôle important que joue l’AMISOM pour tenter d’améliorer la sécurité en Somalie. La Chine continuera de répondre favorablement à des demandes qui lui seraient faites par l’Union africaine, a-t-il ajouté. Le représentant a pris acte des négociations en cours pour trouver des contributeurs à une force multinationale de stabilisation. Il a encouragé le Secrétaire général à poursuivre ses efforts en la matière. Le représentant a par ailleurs estimé que la piraterie représentait une grave menace à la navigation maritime et à l’acheminement de l’aide humanitaire. Une coordination internationale est indispensable, a-t-il dit, espérant que les Nations Unies joueront à cet égard un rôle pilote. Il a estimé que cette menace ne pourra être éliminée si la crise en Somalie n’est pas réglée.
M. JAN GRAULS (Belgique) s’est dit très préoccupé par l’aggravation de la situation humanitaire en Somalie. Il a salué le courage des institutions des Nations Unies et des organisations non gouvernementales qui travaillent dans des conditions de plus en plus dangereuses. La Belgique, a-t-il ajouté, condamne toutes les attaques visant le personnel humanitaire qui témoignent du mépris des agresseurs pour leur propre population. Il a salué les progrès politiques pour la mise en œuvre de l’Accord de Djibouti. Aussi fragiles soient-ils, ces progrès méritent d’être soutenus, a-t-il affirmé. On ne peut pour autant oublier une réalité beaucoup plus sombre, a dit M. Grauls, qui a constaté que les institutions
sont minées par les désaccords internes. En outre, les progrès politiques n’ont pas d’impact sur la situation en matière de sécurité qui s’est au contraire aggravée, a-t-il rappelé. Il faut donc que le processus de Djibouti soit plus inclusif, a ajouté le représentant, qui a appelé tous les acteurs somaliens à s’y joindre.
M. Grauls a déclaré partager l’analyse du Secrétaire général pour qui la situation actuelle ne satisfait pas aux critères pour le déploiement d’une opération de maintien de la paix. La proposition d’une force multinationale revient actuellement à renforcer l’AMISOM, a-t-il affirmé, appelant à un soutien accru à cette force africaine. Le représentant a rappelé que les actes de piraterie prennent des dimensions qui confirment la nécessité d’une action internationale. La future opération Atalanta de l’Union européenne constituera le fer de lance de cette action internationale, a affirmé M. Grauls, qui a assuré que son pays soutiendra les efforts entrepris dans le cadre de la résolution 1816. Il a plaidé par ailleurs pour une approche pragmatique concernant la mise en place de mécanismes juridiques appropriés pour poursuivre et juger les auteurs des actes de piraterie. Il a salué l’adoption de la résolution 1844 comme un moyen d’isoler ceux qui s’opposent au processus de paix.
M. NEVEN JURICA (Croatie) a estimé que seuls des progrès sur la voie politique pourraient contribuer à une solution durable en Somalie. Il s’est ainsi félicité des progrès réalisés dans le cadre de l’Accord de Djibouti et de l’Accord sur la cessation des hostilités signé en octobre. La situation en matière de sécurité générale n’encourage pas cependant à l’optimisme, a-t-il ajouté. Le représentant s’est félicité de la description d’une éventuelle Force multinationale de stabilisation. Il a espéré que les efforts entrepris à cet égard par le Secrétaire général porteront leurs fruits et contribueront à déployer une force robuste sur le terrain à Mogadishu. Le représentant a par ailleurs estimé que la piraterie au large des côtes de la Somalie n’était qu’un symptôme d’un malaise beaucoup plus grand, mettant ainsi l’accent sur la nécessité d’adopter une approche globale.
M. KONSTANTIN DOLGOV (Fédération de Russie) a jugé importante la résolution adoptée aujourd’hui pour peaufiner le mécanisme des sanctions contre ceux qui s’opposent au processus de paix en Somalie. Il s’est félicité de la signature de l’Accord de Djibouti par le Gouvernement fédéral de transition et l’Alliance pour la seconde libération de la Somalie et a appelé d’autres parties à s’y rallier. Il a dit compter sur une interaction constructive de toutes les parties au conflit pour aboutir à une paix durable dans le pays. La responsabilité principale de la solution aux problèmes complexes de la Somalie revient sans aucun doute en premier lieu aux Somaliens eux-mêmes mais il faut aider le Gouvernement fédéral de transition à se renforcer, a-t-il observé. Or, malgré les efforts, y compris ceux de l’AMISOM, la situation reste très grave, notamment en matière de sécurité, a fait remarquer le représentant. Il a déploré la multiplication des attaques contre les organisations humanitaires ou des institutions des Nations Unies et du nombre des victimes civiles.
Le représentant a rappelé que la flotte russe participe aux opérations navales autorisées par la résolution 1816 pour lutter contre la piraterie et s’est dit convaincu que les États devaient agir de façon concertée pour assurer une lutte efficace. Les auteurs de ces attaques doivent être traduits en justice, a-t-il insisté. Le représentant a estimé qu’une force internationale terrestre ne donnerait pas de résultats. Certes, il faut des mesures « musclées » mais elles doivent être conformes aux décisions du Conseil de sécurité et il faut surtout traiter des causes profondes de la situation actuelle en Somalie, a-t-il déclaré. Le déploiement d’une opération de maintien de la paix, a-t-il dit, suppose des conditions de sécurité qui ne sont pas actuellement remplies. C’est pourquoi, il est important d’assurer d’abord la mise en œuvre de l’Accord de Djibouti et une amélioration de la situation politique générale.
Mme ROSEMARY DICARLO (États-Unis) a affirmé que le Conseil de sécurité ne pouvait pas apporter une approche au cas par cas, le problème de la piraterie constituant à cet égard un exemple. La piraterie, a-t-elle dit, est le résultat direct du manque d’état de droit et de la situation économique désespérée. La représentante s’est dite notamment encouragée par l’Accord de cessation des hostilités. La communauté internationale doit prendre des mesures immédiates pour stabiliser la situation et permettre au processus politique de se poursuivre, a-t-elle souligné. La représentante a estimé que l’AMISOM avait jusque-là travaillé de façon admirable et montré que les forces de paix pouvaient jouer un rôle de paix précieux en Somalie, et ce, même sans une force multinationale. Elle a mis l’accent sur la nécessité d’envisager toutes les options si la force multinationale ne peut être mise en place.
M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a déclaré que l’Accord de Djibouti avait donné des espoirs, ajoutant cependant que le processus politique semble fragile. Le Gouvernement fédéral de transition est divisé et la violence augmente sur le terrain. De même, les incidents de piraterie maritime ont atteint un nouveau pic, a-t-il déploré, ajoutant que le Royaume-Uni participe activement dans la lutte contre ce fléau, avec trois frégates dans la région. Le Royaume-Uni appuie en outre la future opération de l’Union européenne et a offert d’en accueillir le siège, a-t-il précisé. La lutte contre la piraterie ne peut pas attendre que la paix et l’harmonie reviennent en Somalie, a-t-il ajouté. Le représentant a observé que la situation humanitaire s’aggrave en Somalie, où désormais trois millions de personnes dépendent de l’assistance extérieure. Certes, a-t-il ajouté, la solution en Somalie ne dépend pas uniquement des aspects militaires. Il faut un cadre politique et c’est pourquoi, le Conseil de sécurité devrait envoyer un message clair selon lequel la seule solution consiste dans la mise en œuvre pleine et entière de l’Accord de Djibouti.
M. Sawers a appelé à« tenir compte de la Somalie réelle et non de la Somalie dont nous rêvons », à propos de la mise en place d’une force multinationale. Il a approuvé les analyses sur la création d’une telle force figurant dans le rapport du Secrétaire général mais a estimé difficile d’envisager une force de maintien de la paix traditionnelle de l’ONU. Il faut tirer les leçons du passé et les enseignements de ce qui se passe quand on envoie une force sous-équipée dans un lieu où le conflit persiste, a-t-il ajouté, citant la précédente opération des Nations Unies en Somalie mais aussi le Darfour. M. Sawers a encouragé le Secrétaire général à poursuivre ses efforts auprès de pays susceptibles de fournir des contingents à une telle force. Ajoutant qu’on avait entendu lors de cette séance « de belles paroles » à ce sujet, il a souhaité qu’elles « se transforment en offres réelles de contributions militaires ».
M. JORGE URBINA (Costa Rica) a notamment lancé un appel aux groupes qui ne l’ont pas encore fait à se joindre à l’Accord de Djibouti et qu’ils contribuent ainsi au processus de paix en Somalie. Les progrès du processus politique sont la base nécessaire pour la fourniture effective de l’aide humanitaire à la Somalie. Il est essentiel de protéger et de faciliter la fourniture de cette aide, a-t-il dit. Le représentant a également exprimé sa préoccupation face à la multiplication des actes de piraterie au large des côtes de la Somalie. Il est impératif, a-t-il ajouté, d’assurer une cohérence entre les efforts internationaux pour prendre en compte les différents aspects de la situation en Somalie.
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