APRÈS LES ATTENTATS CONTRE LE PRÉSIDENT ET LE PREMIER MINISTRE, LE CHEF DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ONU DRESSE LE BILAN DE LA SITUATION AU TIMOR-LESTE
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Conseil de sécurité
5843e séance – matin
APRÈS LES ATTENTATS CONTRE LE PRÉSIDENT ET LE PREMIER MINISTRE, LE CHEF DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L’ONU DRESSE LE BILAN DE LA SITUATION AU TIMOR-LESTE
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Marie Guéhenno, a présenté ce matin au Conseil de sécurité le troisième rapport du Secrétaire général sur la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT). Cette présentation intervient dans le contexte des attaques perpétrées le 11 février dernier à l’encontre du Président et du Premier Ministre timorais, MM. José Ramos-Horta et Xanana Gusmao.
Félicitant le Gouvernement timorais pour la retenue et les qualités de leadership dont il a fait preuve dans la conduite des opérations sécuritaires lancées à la suite de ces événements, M. Guéhenno a également estimé que la stabilité d’un État ne se mesure pas à l’absence ou non de violence, mais à la manière dont il y répond. Cela, a-t-il ajouté, ne fait que renforcer la détermination de la MINUT de mettre en œuvre les recommandations qui ont été faites dans quatre domaines clefs identifiés par le Secrétaire général, et qui sont: l’évaluation et la réforme du secteur de la sécurité, le renforcement de la primauté du droit, le développement socioéconomique et la promotion d’une culture de gouvernance démocratique, a indiqué M. Guéhenno.
Parmi les recommandations du Secrétaire général figure aussi la prorogation du mandat de la MINUT pour une période supplémentaire de 12 mois, ce dont s’est réjoui le représentant de Timor-Leste qui prenait part au débat du Conseil. Il a réaffirmé que le Gouvernement du Timor-Leste était convaincu qu’une présence continue des Nations Unies, compte tenu de la volatilité de la situation sur le terrain, était plus importante que jamais pour stabiliser le Timor-Leste, y renforcer les institutions nationales et mettre le pays sur la voie de la démocratie.
La majorité des délégations ayant pris la parole ce matin ont soutenu la prorogation du mandat de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste qui doit appuyer les efforts déployés par le Gouvernement pour trouver des solutions aux questions en suspens que sont les pétitionnaires et la situation des personnes déplacées. La MINUT, ont-elles souligné, devra aussi aider le Gouvernement à relever lesdéfis que posent les divisions politiques, la faiblesse des institutions, la pauvreté et le chômage.
LA SITUATION AU TIMOR-LESTE
Rapport du Secrétaire général sur la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste pour la période allant du 21 août 2007 au 7 janvier 2008 (S/2008/26)
Le Secrétaire général, dans son dernier rapport sur la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT), affirme que le fonctionnement du Parlement, du Gouvernement et des autres institutions de l’État illustre les progrès accomplis pour tirer parti des acquis du processus électoral ainsi que de la volonté d’un retour à la normale après la crise de 2006. Il note que les attentes de la population sont très élevées quant à l’amélioration tangible de la qualité de la vie quotidienne, toujours marquée par la pauvreté et le chômage généralisés. Le Secrétaire général observe que si l’adoption du programme et des budgets proposés par le Gouvernement sont des étapes préliminaires importantes vers la concrétisation des promesses faites durant la campagne électorale, leur exécution est maintenant cruciale.
Au plan de la sécurité, le Secrétaire général indique que, comme l’a fait ressortir la mission du Conseil de sécurité, à moins que les divergences de vues des dirigeants timorais ne soient réglées, l’incertitude politique persistera, et avec elle, la perspective d’une résurgence de la violence et des effusions de sang. Il estime qu’il sera essentiel, pour que la stabilité et la prospérité s’instaurent durablement au Timor-Leste, de redoubler d’efforts pour promouvoir le dialogue et désamorcer les tensions actuelles, et pour encourager le consensus politique et les processus démocratiques. Le Secrétaire général note également que, compte tenu du climat fragile qui règne actuellement au Timor-Leste, et du niveau de confiance des Timorais dans les institutions chargées de la sécurité, l’une des institutions les plus essentielles méritant une assistance soutenue est la Police nationale. En dépit de progrès considérables en termes de sélection et d’encadrement, la Police nationale a besoin de recevoir une formation plus solide et d’être consolidée en tant qu’institution et dotée de capacités accrues pour pouvoir assumer pleinement ses responsabilités face à des situations potentiellement instables, est-il recommandé dans le rapport.
Le Secrétaire général affirme que les troubles publics quotidiens mettent en évidence la nécessité d’une présence constante de la police de la MINUT pour assurer provisoirement le maintien de l’ordre jusqu’à ce que la Police nationale soit entièrement reconstituée. S’agissant toujours de la MINUT, le Secrétaire général fait savoir qu’il envisage, aux fins de l’évaluation approfondie des besoins de la Police nationale et des ajustements auxquels il faudra procéder quant aux compétences de la police de la Mission intégrée, d’envoyer au Timor-Leste une mission d’experts durant le premier trimestre de 2008, comme le lui a suggéré son Représentant spécial. Enfin, le Secrétaire général estime dans le présent rapport que la prorogation du mandat de la Mission intégrée est cruciale non seulement pour garantir que les acquis de l’année écoulée ne seront pas remis en question, mais aussi pour encourager les Timorais à parvenir à leurs propres solutions et à l’autosuffisance face aux nombreux défis qu’ils auront à relever.
Déclarations
M. JEAN-MARIE GUÉHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, présentant le rapport du Secrétaire général, a indiqué que depuis les événements du 11 février, la situation était restée calme à Dili. Pour appréhender les auteurs de l’attaque contre le Président, Ramos-Horta, a ajouté M. Guéhenno, le Parlement a mis en œuvre la décision présidentielle de proroger l’état d’urgence jusqu’au 23 février. Le Gouvernement et le Parlement en procédant ainsi ont agi avec mesure et dans le respect constitutionnel et des droits de l’homme. En étroite coopération avec la MINUT, le Gouvernement a fait preuve de ses qualités de leadership en orchestrant les opérations sécuritaires. Il a créé un « centre de commandement conjoint » des Forces armées timoraises et de la police timoraise chargées de mener des opérations sécuritaires pendant la période de siège, a indiqué M. Guéhenno.
Le Secrétaire général adjoint a détaillé les modalités de coopération entre la MINUT et les éléments de l’appareil sécuritaire du Gouvernement timorais, en précisant qu’immédiatement après l’attaque menée contre le Président et le Premier Ministre timorais, les dirigeants de tous les partis timorais ont appelé au calme. Il a également estimé, à la lumière de ces événements dont les conséquences ne sont pas encore pleinement connues, que la stabilité d’un État ne se mesure pas à l’absence ou non de violence, mais à la manière dont il y répond. Il est rassurant de constater qu’à la suite des événements du 11 février, le Gouvernement, le Parlement, les partis politiques, y compris les partis d’opposition, les institutions chargées de la sécurité et la population ont réagi dans le calme, et dans le respect constitutionnel et de la primauté du droit. Cela ne fait que renforcer la détermination de la MINUT de mettre en œuvre les recommandations dans quatre domaines clefs identifiés par le Secrétaire général: évaluation et réforme du secteur de la sécurité, renforcement de la primauté du droit, développement socioéconomique et promotion d’une culture de gouvernance démocratique, a indiqué M. Guéhenno.
Le Secrétaire général adjoint a évoqué les visites effectuées au Timor-Leste en novembre et en décembre derniers et qui sont les premières en cinq ans, date de restauration de son indépendance, par une mission du Conseil de sécurité. Ces visites ont montré la nécessité de progresser dans la mise en œuvre des accords conclus entre les parties dans le cadre de l’Accord sur les partis politiques du 26 mai 2007. Des initiatives de haut niveau ont été menées pour garantir un processus politique inclusif et participatif, notamment la réunion du 7 février à la résidence du Président, qui a vu la participation des dirigeants des quatre partis politiques. Des efforts ont également été déployés par le Président du Parlement pour établir une commission parlementaire ad hoc chargée de la question des pétitionnaires et des personnes déplacées à l’intérieur des frontières.
Revenant au mandat multidimensionnel de la MINUT, le Secrétaire général adjoint a souligné que la réforme du secteur de la sécurité est un processus à long terme qui doit être abordé de manière holistique. Il a précisé que la police de la MINUT avait consacré une attention de plus en plus soutenue au développement professionnel des éléments des Forces de police de Timor-Leste et au renforcement de l’institution de la police. Le transfert progressif des responsabilités aux Forces de Police nationales dépendra du niveau de professionnalisme de ses membres. Dans ce contexte, a-t-il précisé, le soutien et la compréhension de la population sont essentiels.
Parvenir à rendre la justice, traduire en justice les auteurs de crimes, fournir des compensations aux victimes et établir un précédent pour l’avenir constituent des éléments d’une importance considérable, a estimé M. Guéhenno. Un développement positif est la signature le 12 févier entre la MINUT et le Gouvernement du Timor-Leste d’un accord relatif à l’aide à fournir au Bureau du Procureur général afin qu’il mène à bien les enquêtes en cours. Malgré les contraintes que connaît le système judiciaire, des progrès ont été réalisés dans la mise en œuvre des recommandations de la Commission d’enquête indépendante. Il sera d’autre part crucial de renforcer les capacités institutionnelles du secteur de la sécurité, a recommandé le Secrétaire général adjoint.
Un autre secteur d’importance est la situation des 100 000 personnes déplacées, qui est une question humanitaire, mais également politique et sécuritaire. Une solution durable à la question des retours volontaires devra reposer sur une approche holistique qui dépend de nombreux facteurs, comme un environnement sécuritaire amélioré, un cadre juridique renforcé permettant de résoudre les différends fonciers, la régénération économique et les activités de subsistance. Le Secrétaire général adjoint a également relevé que le Timor-Leste souffrait de vulnérabilités aux catastrophes naturelles.
M. NELSON SANTOS (Timor-Leste) a donné des nouvelles réconfortantes concernant la santé du Président Ramos-Horta qui, a-t-il dit, poursuit son rétablissement à Darwin, en Australie. Il a remercié le Secrétaire général et les États Membres du soutien qu’ils ont apporté après les tentatives d’assassinat de M. Ramos-Horta et de son Premier Ministre commises le 11 février dernier. M. Santos a remercié en particulier le Gouvernement de l’Australie d’avoir fourni les premiers soins d’urgence à Dili, « sans lesquels, les conséquences de cette attaque auraient été bien plus tragiques encore pour tout le peuple timorais ». Poursuivant son intervention, le représentant a estimé que la présence continue des Nations Unies sur place restait cruciale pour consolider la paix et la sécurité et trouver des solutions durables aux causes de la crise. Dans le même temps, a-t-il ajouté, « nous devons nous garder d’être trop dépendants de la communauté internationale pour régler nos propres problèmes internes ».
M. Santos a ensuite souligné que son pays faisait siennes les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général, en particulier la prorogation du mandat de la MINUT pour un an qui, selon lui, contribuerait à préparer au mieux les élections prévues pour 2012. Il a également mis l’accent sur la nécessité de renforcer, comme le recommande le Secrétaire général, les forces de police et les forces de défense. M. Santos a toutefois estimé que la communauté internationale devrait faire face à des situations plus critiques que celle du Timor-Leste, exigeant une plus grande attention pour assurer le maintien de la paix et la sécurité. Mon gouvernement fait de son mieux pour libérer l’ONU du fardeau que représente le Timor-Leste, a encore dit M. Santos. Revenant sur les causes profondes de la crise d’avril 2006, il a reconnu que les dirigeants timorais devaient mettre leurs différends politiques de côté et s’atteler à résoudre les nombreux défis posés par la situation relative aux personnes déplacées et aux pétitionnaires. Le représentant a ajouté que les priorités du Gouvernement timorais étaient le renforcement des services publics, notamment le système judiciaire et le secteur de la sécurité.
M. Santos a expliqué que le calme relatif sur place avait permis à la Police nationale de prendre progressivement le contrôle de la situation. Il a cependant souhaité que les contingents onusiens de police soient effectivement maintenus pour une période d’au moins une année afin d’accompagner la transition en cours et de permettre, à terme, au Gouvernement national d’assumer toutes ses responsabilités en matière de sécurité. De nouveau, le représentant a salué les apports inestimables de la MINUT, ajoutant que « les succès comme les échecs » devaient cependant reposer uniquement sur les efforts timorais, et non pas sur la seule action de la communauté internationale. Il a néanmoins déclaré qu’il était évident que l’appui de l’ONU dans les domaines cruciaux de la bonne gouvernance, du développement socioéconomique, de l’état de droit et de la sécurité, augmentait grandement les chances de succès.
Le représentant du Timor-Leste a poursuivi son intervention en attirant l’attention sur les besoins humanitaires. En dépit des efforts consentis par le Gouvernement et la communauté internationale, a-t-il fait remarquer, le nombre de déplacés reste très élevé, autour de 100 000. Il a évoqué la stratégie adoptée le 12 décembre par les autorités nationales. Pour en permettre la réalisation, le Gouvernement timorais compte consacrer au total 20 millions de dollars à des programmes humanitaires et de redressement.
Le représentant a rappelé qu’une réunion de donateurs se tiendrait en mars prochain, le Gouvernement du Timor-Leste comptant sur l’appui de ces derniers à ce moment charnière de consolidation de la paix dans le pays. Enfin, M. Santos a réaffirmé que son gouvernement était convaincu qu’une présence continue des Nations Unies, compte tenu de la volatilité de la situation sur le terrain, était plus importante que jamais pour stabiliser le Timor-Leste, renforcer les institutions nationales et mettre le pays sur la voie de la démocratie.
M. ZALMAY KHALILZAD (États-Unis) a salué la décision de l’Australie de répondre à la crise timoraise en envoyant 200 troupes supplémentaires afin d’y renforcer la Force de sécurité internationale. Évoquant les récentes attaques lancées contre le Président Ramos-Horta et le Premier Ministre Xanana Gusmao, le représentant a souligné la nécessité de mettre un terme aux troubles persistants consécutifs à la crise d’avril 2006. Pour que prévale la règle du droit au Timor-Leste, nous encourageons les autorités nationales et leurs partenaires à mettre en œuvre les recommandations de la Commission indépendante d’enquête des Nations Unies, y compris traduire en justice les responsables des attaques, a dit M. Khalilzad. Il s’est dit d’accord sur le fait que, comme le recommande le Secrétaire général, la Mission des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT) doit être prolongée d’un an, afin de développer les capacités de la Police nationale timoraise et de renforcer le système judiciaire. Le représentant a ajouté qu’il était important que la MINUT accentue son action pour empêcher les violences sexuelles et apporter un soutien aux victimes. Il a conclu son intervention en se joignant au Secrétaire général pour demander aux dirigeants timorais de s’unir afin de répondre ensemble aux défis auxquels le Timor-Leste fait face.
M. NEVEN JURICA (Croatie) s’est dit préoccupé par la précarité de la situation actuelle au Timor-Leste en raison des incidents de la semaine dernière que sa délégation condamne fermement. Il a demandé à toutes les parties de coopérer à l’enquête en cours. Il a également souligné l’importance de mener des efforts en direction de la société civile pour renforcer la démocratie et l’état de droit. Nous sommes conscients des efforts menés pour évaluer les mesures de réforme à prendre dans le secteur de la sécurité, ce qui est essentiel à la stabilité à long terme du pays. Le représentant s’est également dit préoccupé par la poursuite de la violence sexuelle et le sort des personnes déplacées. Il a demandé à la communauté internationale d’aider le Gouvernement du Timor-Leste à faire respecter les droits de l’homme dans le pays et a soutenu l’envoi d’une mission d’experts chargés d’évaluer les progrès enregistrés jusqu’à présent par les forces de police timoraises. Dans ce contexte, son gouvernement est favorable à la prorogation du mandat de la MINUT pour une période d’un an.
M. LUONG MINH (Viet Nam) a déclaré, à la lumière du rapport du Secrétaire général, que le Timor-Leste, en dépit des progrès, continuait de faire face à de nombreux défis. Les attaques ayant visé le Président et le Premier Ministre timorais ont été fermement condamnées par les membres du Conseil de sécurité. Mais la situation sur place demeure très fragile, a poursuivi le représentant, qui a ensuite exprimé la solidarité de son pays au peuple timorais. Il a regretté que la faiblesse des institutions, le manque de coopération politique, la pauvreté endémique et le nombre important de déplacés et de crimes continuent de saper le développement d’un pays « frère ». Nous appelons toutes les parties à la crise de se garder de tout acte violent et de s’engager dans la voie du dialogue et de la réconciliation nationale et du développement, dans l’intérêt du Timor-Leste comme du maintien de la paix et de la stabilité dans la région. M. Minh a par ailleurs estimé que, dans le contexte actuel, l’assistance de la communauté internationale restait nécessaire. Nous saluons l’action de la MINUT en faveur de la paix et du développement au Timor-Leste, a-t-il encore dit, ajoutant à son tour que son pays appuyait la recommandation du Secrétaire général de proroger d’un an le mandat de la Mission.
M. MARTY NATALEGAWA (Indonésie) a condamné les attentats du 11 février qu’il a décrits comme étant une atteinte à la démocratie du pays. Pour le représentant, le défi le plus important que doit relever le Timor-Leste est la restauration de la paix et de la stabilité et l’édification de bases solides pour la stabilité à long terme. Dans ce contexte, il est de la plus haute importance que la MINUT continue à aider le pays à traiter des causes à l’origine des événements de 2006, à savoir les divisions politiques, la faiblesse des institutions, en particulier les forces de police et de sécurité, la pauvreté et le chômage des jeunes. Il est aussi important que la MINUT soutienne les efforts déployés par le Gouvernement du Timor-Leste pour trouver des solutions aux questions en suspens que sont les pétitionnaires, les fugitifs et les personnes déplacées. D’un point de vue pratique, il est important que la MINUT s’attache à soutenir les priorités à court terme définies par le Gouvernement dans son budget 2008, ce qui aura un impact durable sur la stabilisation du pays. Le représentant a soutenu par exemple le Pacte pour le Timor-Leste qui associe divers acteurs du développement et qui fournit une aide aux programmes de développement social et économique. Il est aussi important que la MINUT soutienne les efforts d’édification des capacités, ce qui implique de renforcer les institutions juridiques, politiques et économiques pour que la démocratie puisse prendre pied. Enfin, le représentant a souligné l’importance de l’appropriation par le Gouvernement de ce processus.
M. JORGE URBINA (Costa Rica) s’est félicité de l’amélioration de l’état de santé du Président timorais. Il a estimé que le sens de ce débat était de s’interroger sur le rôle des Nations Unies pour aider au mieux le peuple timorais. Il a regretté que les différends politiques empêchent pour l’heure de régler des questions essentielles, notamment socioéconomiques, cela même si la maturité politique est palpable au Timor-Leste. Pour le représentant, dans le contexte actuel, la MINUT se doit de canaliser les énergies pour renforcer la participation de tous dans tous les secteurs de la vie publique, y compris les pétitionnaires, afin de parvenir à la réconciliation nationale. Une participation maximale ne signifie pas qu’il faut accepter l’impunité, a fait remarquer M. Urbina. Le représentant a indiqué ensuite que la défense des droits de l’homme ne devrait pas être uniquement un outil rhétorique. C’est pourquoi il a estimé qu’il était urgent de sortir le Timor-Leste de la pauvreté et de la violence interne. L’appui de la MINUT à cette fin est indispensable, pour aider le Timor-Leste à développer ses capacités et le mettre sur la voie de l’indépendance. À cet égard, a-t-il dit, il faut nous interroger sur les moyens dont dispose la MINUT, alors que l’on estime qu’elle sera utile pour les cinq prochaines années afin de sécuriser le pays et de passer à la phase de consolidation de la paix. Le représentant a souhaité que le Conseil de sécurité évalue de manière détaillée cette estimation après qu’elle aura prorogé d’un an le mandat de la Mission.
M. KONSTANTIN K. DOLGOV (Fédération de Russie) a déclaré que les attentats commis le 11 février contre le Président et le Premier ministre du Timor-Leste ont constitué un défi à l’état de droit et au processus de paix. Il a condamné ces actes et a souhaité que leurs auteurs soient traduits en justice le plus vite possible. Il a noté avec satisfaction que la direction du pays a fait preuve de retenue et de professionnalisme, une situation que le représentant a attribuée en grande partie à la MINUT et aux Forces de sécurité internationales. Il faut absolument régler les causes de cette crise, notamment la question des pétitionnaires et des personnes déplacées, a recommandé le représentant. Dans ce contexte, nous estimons que le mandat de la MINUT devrait être prorogé d’un an, afin que la Mission continue à réformer le secteur de la sécurité, et que le processus de réconciliation nationale se poursuive entre toutes les parties du pays.
M. PAUL JOHNSTON (Royaume-Uni) a déclaré que les récents attentats soulignaient que la situation au Timor-Leste reste fragile, instable et susceptible d’entraîner des retours en arrière. Le Gouvernement du Timor-Leste et l’opposition doivent s’accorder sur une vision commune sur la base des recommandations du Secrétaire général et mettre pleinement en œuvre l’accord conclu par le Parlement timorais en 2006. Le représentant a ajouté que la communauté internationale était disposée à aider le peuple timorais. C’est en ce sens qu’il a appuyé la recommandation du Secrétaire général de prolonger d’un an le mandat de la MINUT. À terme, a dit le représentant, l’objectif de la communauté internationale doit être de permettre au Timor-Leste d’aller de l’avant afin de prendre notamment lui-même en main le processus de consolidation de la paix.
M. ALDO MONTOVANI (Italie) a estimé que les attentats du 11 février dernier sont un avertissement et montrent que le processus de paix au Timor-Leste n’a pas encore atteint un point de non-retour. Pour le représentant, la MINUT devrait s’attaquer en priorité à la révision des dispositions en matière de sécurité et mener un processus politique inclusif et participatif. Il est urgent de parvenir à une réconciliation politique et de permettre l’appropriation du processus par les autorités nationales, a-t-il recommandé. Aucune force internationale ne saurait se substituer à la volonté du Gouvernement et du peuple timorais de parvenir à la paix et à la stabilité. L’Italie souscrira à la prorogation pour un an du mandat de la MINUT, a dit le représentant italien, en précisant que le pire ennemi de la paix et de la stabilité est l’impunité des criminels, d’où la nécessité de traduire en justice les auteurs des attaques de 2006 et de celles de février 2007.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a déclaré qu’après les attentats commis au Timor-Leste, le Conseil de sécurité avait prononcé une déclaration présidentielle pour démonter l’appui de la communauté internationale au processus de démocratisation dans ce pays. Il a ajouté qu’il était urgent que le Gouvernement timorais et l’opposition se réconcilient par le dialogue et la finalisation de la réforme du secteur de la sécurité. Le représentant de la Chine a ajouté que d’autres menaces à la paix et à la sécurité exigeaient une coopération accrue entre tous les partis politiques du Timor-Leste. Ceux-ci doivent surmonter leurs divergences et agir rationnellement et de manière constructive pour sortir durablement leur pays de la crise, a-t-il dit.
Le représentant a ensuite estimé que la MINUT devait pleinement jouer son rôle à ce niveau, en coopération avec la Force de sécurité internationale. Il a estimé que la stabilité à long terme nécessitait une mise en œuvre des différents programmes de travail du Gouvernement timorais, pour que, notamment, l’économie redémarre progressivement. Le représentant a estimé qu’il fallait que des efforts soient faits en matière d’emploi des plus jeunes, afin que la population retrouve confiance dans ses dirigeants et ait espoir en l’avenir. Enfin, le représentant de la Chine a demandé aux membres du Conseil de sécurité de réfléchir aux activités futures de la MINUT. Pour éviter que ne se reproduisent certaines erreurs, l’accent devra être mis impérativement sur la formation de la Police nationale, a-t-il conclu.
M. GIADALLA A. ETTALHI (Jamahiriya arabe libyenne) a condamné les attaques ayant visé le Président et le Premier Ministre du Timor-Leste le 11 février. Il a estimé que les Forces de Police nationales avaient besoin de davantage de soutien et de formation pour être à même d’assumer leurs responsabilités. Les autorités timoraises, en concertation avec la MINUT, doivent mettre en œuvre une approche globale en matière de sécurité, a-t-il dit. Le représentant a ensuite estimé que le Parlement avait agi positivement lors des dernières élections démocratiques, mais s’est dit préoccupé par le manque de coopération entre les dirigeants politiques, ce qui n’a pas permis de traiter les questions en suspens, notamment celles des pétitionnaires des forces armées timoraises et des personnes déplacées. Il a également identifié d’autres problèmes à régler, notamment la paupérisation et le chômage qui touchent la population, le renforcement du cadre légal et des capacités opérationnelles, et l’encadrement sur le terrain de toutes les forces. Il a enjoint les autorités locales et la MINUT à coopérer pour pouvoir parvenir à répondre à ces questions.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a déclaré que son pays appréciait l’élaboration par le Gouvernement timorais et l’adoption du programme de développement, dans le cadre du budget de 2008, ce qui pourrait permettre de faire face aux défis cruciaux que sont la sécurité et la situation des personnes déplacées. Le représentant a ajouté que l’un des défis majeurs auquel le Gouvernement du Timor-Leste devait s’attaquer de toute urgence était la lutte contre le chômage qui, a-t-il dit, compromet l’avenir de la jeunesse. Il a estimé que sans emploi, le risque est grand que la jeunesse soit livrée aux dangers et vicissitudes de la vie, ces périls qui constituent le lit des revendications et des troubles de tous ordres. C’est pourquoi, nous saluons l’appui de l’Organisation internationale du Travail aux activités de promotion de l’emploi au Timor-Leste. Par ailleurs, le représentant s’est félicité de la signature, le 31 octobre 2007, par le Gouvernement, du « Pacte » visant à coordonner les ressources nationales et l’aide internationale en faveur du développement du pays. Les partenaires et bailleurs de fonds du Timor-Leste, singulièrement les pays de la région, se doivent par conséquent d’appuyer fortement la réalisation de ce programme, a encore dit le représentant burkinabè. Il a conclu en disant que les risques d’instabilité et la fragilité politiques qui restent prégnants sur place justifiaient que soit maintenue la présence de la MINUT, pour le maintien de l’ordre public et l’appui au secteur de la justice.
M. JEAN-PIERRE LACROIX (France) a condamné une nouvelle fois les attaques menées contre les autorités légitimes et démocratiques du Timor-Leste. Il a salué la retenue dont ont fait preuve les dirigeants du pays et l’esprit participatif qui a continué d’animer les institutions du pays. Les événements du 11 février rappellent l’importance de lutter contre l’impunité qui est un élément indispensable à la réconciliation nationale. Dans les circonstances actuelles, il est plus que nécessaire de maintenir les forces internationales. La France soutient le renouvellement du mandat de la MINUT dont les activités devront s’inscrire dans le cadre d’une stratégie de consolidation à moyen terme dans le but de l’appropriation future par le pays du processus en cours.
M. DUMISANI SHADRACK KUMALO (Afrique du Sud) s’est dit confiant que le Gouvernement du Timor-Leste traduira en justice les auteurs des attentats ayant visé le Président timorais et son Premier Ministre. Il a appelé le peuple du Timor-leste au calme et a souligné que le rapport du Secrétaire général était une source d’espoir et un moyen de prendre conscience de l’ampleur des défis à relever. Si la tenue des élections présidentielles et parlementaires a contribué à améliorer les conditions en matière de sécurité sur le terrain, les attentats du 11 février dernier indiquent que la situation reste fragile, a estimé M. Kumalo. Poursuivant son intervention, il a salué les progrès réalisés par le Gouvernement timorais pour ce qui est de la poursuite des auteurs des crimes graves ayant émaillé la crise de 2006. Il a également encouragé les parties à coopérer encore plus pour répondre aux nombreux défis urgents qui se posent dans le domaine de la promotion et de la protection des droits de l’homme. Le représentant a ensuite mis l’accent sur la nécessité de consolider la gouvernance démocratique, de promouvoir le dialogue par le biais entre autres de l’appui de la communauté internationale, d’améliorer la situation en matière de sécurité et de remettre sur pied la Police nationale timoraise. Il a de plus exprimé son soutien à la recommandation du Secrétaire général de l’ONU de proroger d’un an le mandat de la MINUT, en vue notamment de répondre aux besoins touchant à la formation de la police timoraise et à la réforme du système judiciaire. Cette prorogation de mandat est également nécessaire pour accélérer les efforts conjoints des autorités timoraises et de la communauté internationale visant à trouver une solution au problème que pose la situation des 100 000 personnes déplacées, a estimé M. Kumalo.
M. JOHAN VERKEKE (Belgique) s’est félicité de ce que, malgré cette attaque contre les symboles d’institutions démocratiquement élues, les institutions timoraises aient continué de fonctionner et aient assuré la continuité. Il a aussi rendu hommage aux pays voisins et aux amis du Timor-Leste dont la prompte intervention fut essentielle pour assurer la stabilité. Les attaques de la semaine dernière illustrent de manière tragique combien il est essentiel que les recommandations de la Commission d’enquête spéciale sur les événements de 2006 soient mises en œuvre. L’impunité n’est pas une solution mais une condition préalable à la réconciliation nationale. Le représentant a également souhaité que des solutions soient trouvées au sort des pétitionnaires et à la question des personnes déplacées et de la faiblesse des institutions, en particulier dans le secteur de la sécurité. Dans ce cadre, la MINUT doit poursuivre la formation et l’encadrement de la Police nationale tout en continuant à maintenir l’ordre public. Il a pleinement soutenu la recommandation du Secrétaire général de proroger pour une année supplémentaire le mandat de la MINUT.
M. RICARDO ALBERTO ARIAS (Panama) a noté le calme qui règne au Timor-Leste depuis les attaques du 11 février. Ces attaques soulignent que le Timor-Leste a encore un long chemin à parcourir pour remédier aux causes du conflit, a ajouté M. Arias. Il a ensuite interrogé le sens des principes de la Charte de l’ONU, en particulier le maintien de la paix et de la sécurité, qui était prévu pour mettre fin aux conflits entre États. Il nous faut évoluer en fonction des circonstances, en interprétant également les principes des droits de l’homme et de la promotion du développement consacrés également par la Charte de l’ONU à la lumière des réalités présentes. Certaines questions, comme celles que pose la crise timoraise, vont au-delà de l’objet traditionnel du maintien de la paix et de la sécurité. C’est en ce sens qu’il faut réfléchir de manière approfondie aux mandats des missions intégrées, dont fait partie la MINUT. Le représentant a ainsi fait siens les propos du Costa Rica selon lesquels il convient de se poser la question de savoir s’il est réellement nécessaire de renforcer sur le terrain les forces armées. Les exemples du Panama et du Costa Rica, pays sans armée, montrent que cette évolution n’est pas nécessairement une obligation. M. Arias a conclu en souhaitant qu’à l’avenir, le Conseil confie aux opérations de maintien de la paix des mandats vastes et ambitieux, prévoyant des stratégies d’achèvement ordonné.
M. ROBERT HILL (Australie) a félicité le Gouvernement du Timor-Leste d’avoir encouragé la retenue à la suite des événements du 11 février. L’Australie, a-t-il assuré, est un ami solide du Timor-Leste et continuera d’être en tête des efforts internationaux. Il a précisé qu’à la demande du Gouvernement du Timor-Leste, l’Australie fournissait des contingents de police et de militaires supplémentaires depuis le 11 février et discute actuellement un arrangement bilatéral permettant de renforcer les institutions sécuritaires du Timor-Leste. Le représentant a ajouté que le Gouvernement et le peuple du Timor-Leste devraient s’acquitter en premier lieu du développement économique du pays, à travers notamment des réformes politiques et économiques, le développement du secteur privé et de prestations sociales en matière de santé, de logement et d’éducation. La réconciliation politique et le soutien au processus démocratique par tous les dirigeants politiques seront également fondamentaux. L’Australie reconnaît l’importante contribution de la MINUT dans ces domaines, a-t-il encore indiqué. Les événements du 11 février montrent à quel point il est important pour le pays de renforcer son système juridique comme la base de la stabilité à long terme. La question du sous-développement est également d’une importance considérable et l’Australie est disposée à travailler étroitement avec les pays donateurs dans le cadre d’une approche coordonnée. Le représentant a enfin estimé nécessaire pour les Nations Unies de soutenir le Timor-Leste et a appuyé la recommandation du Secrétaire général visant la prorogation pour une nouvelle période de 12 mois du mandat de la MINUT.
M. HILARIO G. DAVIDE JR. (Philippines) a déclaré que les attentats du 11 février dernier avaient souligné la nécessité de maintenir la présence de la communauté internationale au Timor-Leste, en particulier des Nations Unies, pour promouvoir la paix, l’ordre et la stabilité dans ce pays. Il a à cet égard salué l’action de la MINUT et appuyé la recommandation du Secrétaire général d’en proroger le mandat d’au moins un an. Le représentant a ensuite affirmé que son pays continuerait d’aider le Timor-Leste à développer ses capacités nationales, par le biais d’un envoi supplémentaire de troupes philippines et en accentuant son action dans le domaine du développement des ressources humaines. Nous sommes prêts à examiner d’autres voies pour améliorer l’assistance au renforcement des institutions timoraises, et nous invitons instamment à la communauté internationale à faire de même, a encore dit M. Davide. Poursuivant son intervention, il a jugé à son tour qu’il fallait réformer en profondeur le secteur de la sécurité pour stabiliser durablement le pays et lutter plus volontairement contre la pauvreté, cause majeure des troubles qui secouent le pays depuis 2006. Il a souhaité que l’ONU, ses fonds et programmes, ainsi que les institutions financières internationales, travaillent en étroite collaboration avec le Gouvernement timorais pour lui permettre de mettre en œuvre les plans de développement prévus dans le cadre de son budget 2008.
Mme SANJA STIGLIC (Slovénie), s’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays associés, s’est félicitée de la réaction du Gouvernement, du Parlement et des partis politiques au Timor-Leste qui se sont acquittés de leurs obligations constitutionnelles, ce qui est un signe de progrès dans un cadre de transition postconflit. Il est vital que le Gouvernement du Timor-Leste et l’opposition maintiennent ce dialogue et que tous les Timorais œuvrent à un rapprochement. Les événements du 11 février rappellent également l’importance du soutien continu apporté par la MINUT et, en particulier, son contingent de police civile. L’Union européenne se félicite aussi des efforts déployés par la Force de stabilisation internationale. La représentante a toutefois appelé l’attention sur les défis à l’origine des événements de 2006 et que devra relever le pays, à savoir les divisions politiques, la faiblesse des institutions, la pauvreté et le chômage, et les personnes déplacées.
L’Union européenne, de son côté, est déterminée à apporter son soutien actif, à travers notamment l’aide de la Communauté européenne dont les annonces de contributions s’élèvent à 200 millions d’euros. L’Union européenne soutient en particulier le travail d’évaluation du secteur de la sécurité et encourage la mise en œuvre du Plan de réforme du secteur de la sécurité. L’Union européenne souligne aussi l’importance de la justice et appelle le Gouvernement du Timor-Leste à mettre en œuvre les recommandations de la Commission spéciale d’enquête. Alors que le Timor-Leste reste engagé sur la bonne voie, il doit en priorité traduire en justice les auteurs des attaques du 11 février, trouver une solution à la question des pétitionnaires, garantir la réconciliation nationale et la justice pour les victimes des événements de 1999 et de 2006 et venir en aide aux personnes déplacées.
Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande) a appuyé la recommandation du Secrétaire général de renouveler pour une période d’un an le mandat de la MINUT. Il est important, a-t-elle dit, que l’ONU démontre son appui continu au Timor-Leste, d’un point de vue pratique mais aussi pour rassurer la population timoraise. La représentante, qui a rappelé que son pays contribuait de manière significative à l’action de la MINUT ainsi qu’à la Force de stabilisation internationale, a noté qu’en dépit des progrès réalisés, un nombre d’obstacles sérieux continuaient de saper le développement du Timor-Leste. Elle a notamment mis l’accent sur la pauvreté, le chômage et la faiblesse des institutions qui, ensemble, a-t-elle estimé, risquent d’alimenter l’instabilité actuelle. Mme Banks a en outre estimé que l’appui à long terme de la communauté internationale serait crucial pour permettre aux autorités et au peuple timorais d’avancer sur la voie de la démocratie et du développement social et économique. Elle a, par ailleurs, souhaité qu’une attention particulière soit accordée aux compétences des officiers de la Police des Nations Unies déployés sur place, afin que celle-ci soit véritablement en mesure d’aider la Police nationale du Timor-Leste à assumer pleinement ses responsabilités en matière de sécurité.
M. YUKIO TAKASU (Japon) a déclaré que depuis la dernière prorogation du mandat de la MINUT, le Timor-Leste avait mené avec succès deux processus électoraux et achevé son premier exercice budgétaire. Le représentant a estimé que les attaques dont ont été victimes, le 11 février, les deux dirigeants élus démocratiquement n’en sont que plus regrettables. Le Timor-Leste a besoin du soutien continu de la communauté internationale et c’est la raison pour laquelle le Japon appuiera la prorogation du mandat de la MINUT. La constitution d’une force de police professionnelle est une étape essentielle vers la réconciliation nationale, a souligné le représentant, précisant que le transfert des responsabilités de la MINUT vers les Forces de la police timoraise devra tenir compte du niveau de capacités développées par ces forces de police et du niveau de confiance que leur accorde le peuple timorais. La consolidation de la paix, a ajouté le représentant, exige également un relèvement économique et pour en assurer le succès, il faudrait une plus grande participation de donateurs. La création d’opportunités d’emploi et la promotion du secteur économique devraient bénéficier d’un degré de priorité important.
M. JOÃO MANUEL GUERRA SALGUEIRO (Portugal) a estimé que les attentats du 11 février dernier illustraient une fois encore la vulnérabilité du Timor-Leste. Il a toutefois salué le calme dont fait preuve le peuple timorais depuis ces incidents. Dans le contexte actuel, a dit le représentant, nous encourageons le Gouvernement, les partis politiques et le peuple du Timor à redoubler d’efforts pour consolider la gouvernance démocratique et la règle du droit. M. Salgueiro a appelé au consensus national pour que soient réglées pacifiquement les questions les plus urgentes, notamment celles des quelque 100 000 personnes déplacées et des 600 pétitionnaires des Forces armées du Timor-Leste. Le représentant portugais a rappelé les accords bilatéraux passés entre son pays et le Timor-Leste, ainsi que la qualité de donateur du Portugal dans de nombreux secteurs, en particulier l’assistance à la gouvernance, l’administration publique, la justice, l’éducation et la réforme essentielle du secteur de la sécurité. Il est également revenu sur la nécessité d’appuyer l’action de la MINUT en matière de promotion du dialogue politique et de cohésion sociale. Reconstruire la Police nationale est un facteur important qui pourra profiter à la normalisation de la situation à laquelle aspire la population timoraise. Pour l’heure, a plaidé le représentant, le maintien de la présence de la Police de l’ONU reste nécessaire pour assurer le respect de la loi internationale. C’est pourquoi, il a appuyé l’intention du Secrétaire général d’envoyer rapidement une mission d’évaluation des capacités de la Police nationale et d’apporter des ajustements à la composante policière de la MINUT.
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a salué de manière exemplaire la manière dont les institutions et le peuple timorais ont réagi aux événements du 11 février. Malgré les difficultés auxquelles le Timor est en butte aujourd’hui, des progrès dans le domaine de la démocratie et les droits de l’homme ont été faits, a-t-elle indiqué. Elle a toutefois estimé que les événements du 11 février dictaient la nécessité de se pencher plus avant sur la question de la réforme du secteur de la sécurité. Le développement et la stabilité du Timor-Leste tiennent à cœur au Brésil, et c’est un attachement qui va au-delà de la langue que nous avons en partage, a ajouté la représentante. Nos deux chefs d’État, lors de leur dernière rencontre, ont conclu de l’importance du développement de la coopération entre nos deux pays. Ainsi, un projet d’élaboration conjoint d’un code de procédure pénal est en cours de réalisation, tandis que divers autres programmes touchent à la formation et la réinsertion des détenus. La stabilité à long terme ne pourra passer que par la mise en œuvre d’un programme de développement solide à long terme compte tenu des difficultés socioéconomiques que connaît le Timor-Leste, a estimé la représentante du Brésil.
M. JEAN-MARIE GUEHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a déclaré dans ses commentaires de clôture qu’il appréciait l’appui exprimé au cours du débat par les membres du Conseil de sécurité, en particulier les pays voisins du Timor-Leste qui, a-t-il dit, jouent un rôle essentiel dans le maintien de la sécurité et l’aide au développement au Timor-Leste. Il a ajouté que le principal enseignement des discussions d’aujourd’hui était l’importance qu’attache le Conseil au dialogue politique. Ce dialogue, dirigé d’ailleurs par le Président Ramos-Horta, est effectivement le fondement sur lequel doit reposer la recherche de solutions, non seulement aux problèmes immédiats, comme ceux des déplacés et pétitionnaires, mais aussi les solutions à long terme, en particulier aux difficultés socioéconomiques. Je me félicite qu’un consensus existe au sein du Conseil pour appuyer un tel dialogue constructif, a conclu M. Guéhenno.
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