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CS/9243

MM. GUÉHENNO ET ELIASSON DÉCRIVENT DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ UNE SITUATION ALARMANTE AU DARFOUR

8/2/2008
Conseil de sécuritéCS/9243
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

5832e séance – matin


MM. GUÉHENNO ET ELIASSON DÉCRIVENT DEVANT LE CONSEIL DE SÉCURITÉ UNE SITUATION ALARMANTE AU DARFOUR


L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Darfour, M. Jan Eliasson, et le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Marie Guéhenno, ont, aujourd’hui devant le Conseil de sécurité, brossé un tableau complet de la situation politique, humanitaire et sécuritaire au Soudan.  Tous deux ont décrit un contexte préoccupant qui rend particulièrement difficile le déploiement de l’Opération hybride Union africaine/ONU au Darfour (MINUAD), confronté déjà à un manque cruel de ressources, et ont appelé à une cessation unilatérale des hostilités.


M. Guéhenno a estimé que les combats récents de part et d’autre de la frontière entre le Soudan et le Tchad, de même que les retards dans le déploiement de la MINUAD, constituaient une source de profonde inquiétude au Darfour.  Les opérations menées par des mouvements rebelles tchadiens soutenus par le Gouvernement soudanais et par des mouvements rebelles soudanais soutenus par le Gouvernement tchadien ne font qu’ajouter au sentiment d’insécurité et de méfiance mutuelle, a-t-il assuré.  La communauté humanitaire ne peut pas apporter aux populations civiles qui se trouvent prises dans cet étau l’aide dont elles ont besoin, a-t-il affirmé, précisant que cette situation était également imputable au déplacement incessant de ces populations qui fuient les violences.


Les populations en détresse pourraient également perdre leur confiance à l’égard des Nations Unies si la MINUAD qui, à l’heure actuelle, manque cruellement de ressources nécessaires, n’est pas en mesure de s’acquitter de son mandat.  M. Guéhenno a ainsi rappelé que la MINUAD avait besoin d’unités aériennes, en particulier des hélicoptères permettant aux troupes de se déplacer rapidement dans une région accidentée.  Le Conseil de sécurité doit aussi se préparer à l’éventualité pour la MINUAD de travailler dans un environnement hostile continu, a-t-il souligné.


La lenteur du déploiement de la MINUAD sape l’occasion de démontrer au peuple du Darfour que la communauté internationale leur apporte la sécurité, avait auparavant observé M. Eliasson.  L’Envoyé spécial du Secrétaire général a estimé que si les parties avaient sans aucun doute fait des progrès depuis le lancement de la première phase des pourparlers, le 27 octobre à Syrte, celles-ci n’étaient pas toutefois prêtes à engager des négociations de fond.  Les mouvements manquent encore de positions et n’ont toujours pas formé d’équipe conjointe, a-t-il expliqué. 


De l’avis de M. Eliasson, l’expérience de ces derniers mois démontre plus que jamais que la situation au Darfour rend nécessaire l’existence d’un environnement propice à la paix.  Tandis que la population du Darfour n’est plus en mesure d’attendre éternellement, il faut accepter le fait que les étapes vers un éventuel accord de paix seront graduelles et prendront plus de temps qu’initialement prévu, a-t-il prévenu.  Il a également jugé indispensable, après une année de préparation des pourparlers, de pouvoir compter sur un médiateur en chef conjoint de l’ONU et de l’Union africaine, à plein temps, sur une base constante et dirigeant le travail au quotidien de l’équipe d’appui mixte.


De son côté, l’Observatrice de l’Union africaine a réaffirmé le ferme engagement DE celle-ci à assumer ses devoirs et responsabilités, à œuvrer en tandem avec les Nations Unies en vue du succès du déploiement effectif de la MINUAD et de l’Opération hybride dans son intégralité.  Cette Opération sans précédent n’a pas droit à l’échec, a-t-elle lancé.


Lors du débat qui a suivi, au sein du Conseil de sécurité, la plupart des délégations ont plaidé en faveur d’un déploiement rapide de la MINUAD.  Le représentant des États-Unis a exhorté le Gouvernement soudanais à coopérer pleinement avec la MINUAD afin de finaliser sans délai l’accord sur le statut des forces et à inclure les questions en suspens de l’aviation et des mouvements de terrain.  Si les autorités soudanaises ne respectent pas ces étapes de façon opportune, le Conseil de sécurité devra prendre les mesures appropriées, a-t-il dit.


Le représentant de la France a également souhaité un déploiement rapide de la Force de l’Union européenne et de la Mission des Nations Unies dans l’est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine.  L’Opération hybride au Darfour d’une part, l’EUFOR et la MINURCAT d’autre part, ont pour vocation de répondre à la même crise humanitaire qui ne s’est pas limitée au seul Soudan, a-t-il déclaré.


Pour sa part, le représentant de l’Afrique du Sud a souhaité que le Conseil de sécurité soit apte à prendre des mesures fermes contre ceux qui retardent leur participation aux négociations et choisissent de mener des actions violentes contre le peuple innocent du Darfour.


Par ailleurs, les chefs de délégation ont rendu hommage à leur collègue de la Croatie, Mirjana Mladineo, qui participait aujourd’hui à sa dernière séance publique du Conseil de sécurité.


Les représentants du Burkina Faso, de la Chine, de l’Indonésie, du Costa Rica, de l’Afrique du Sud, de la France, de la Jamahiriya arabe libyenne, de la Fédération de Russie, de la Croatie, de l’Italie, du Royaume-Uni, de la Belgique, des États-Unis, du Viet Nam et du Panama ont pris la parole.  L’Observatrice permanente de l’Union africaine s’est également exprimée.


RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN


Rapport du Secrétaire général sur le Soudan (S/2008/64)


Le Secrétaire général, dans ce rapport en date du 31 janvier 2008, rend compte de la situation générale dans le pays au cours des trois derniers mois tout en faisant le point des activités de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS).  Il estime que le dénouement de l’impasse entre les deux parties à l’Accord de paix global représente un fait positif et satisfaisant.  Félicitant le Président El-Béchir et le Premier Vice-Président Kiir d’avoir réglé leurs différends par le dialogue, il demande instamment aux deux parties d’appliquer à présent les décisions convenues d’un commun accord dans le même esprit de partenariat.


Selon M. Ban Ki-moon, bien que le Gouvernement d’unité nationale ait été rétabli, sa capacité de survie dépendra de son aptitude à assurer la mise en œuvre de l’Accord de manière soutenue.  L’application intégrale de cet instrument répond aux intérêts des deux parties et est une condition indispensable pour l’instauration d’une paix et d’une stabilité durables au Soudan et dans la région, écrit-il.


La paix au Soudan est indivisible, rappelle-t-il, plaidant en faveur d’une coordination étroite entre la MINUS, l’Opération hybride Union africaine/ONU au Darfour (MINUAD) et les envoyés spéciaux, afin de faire en sorte que les activités des organismes des Nations Unies soient complémentaires et intégrées dans notre action en faveur de la paix au Soudan.  Si l’Accord de paix global aboutit à un échec, cela entraînera de graves répercussions pour l’ensemble du pays, y compris l’action qui vise à mettre fin au conflit au Darfour, prévient M. Ban Ki-moon.


Le Secrétaire général constate que depuis le 23 octobre 2007, la situation est restée généralement calme sur le plan de la sécurité dans la zone d’opérations de la MINUS.  En octobre, la tension s’est accrue sur le terrain à la suite du retrait du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) du Gouvernement d’unité nationale, les Forces armées soudanaises et les éléments de l’Armée populaire de libération du soudan (SPLA) se retrouvant alors en état d’alerte avancée.  Toutefois, il ne s’est pas produit d’affrontements entre les forces armées des parties, précise-t-il. 


Pour le Secrétaire général, il reste des défis majeurs auxquels il faudra faire face dans les semaines et les mois à venir.  Si des progrès importants ont été faits dans le processus de redéploiement des forces, les deux parties n’ont pas réussi à le mener à bonne fin dans les délais qu’elles ont fixés, observe-t-il en effet.  La frontière n’étant pas clairement définie, toutes les opérations de redéploiement devraient être effectuées dans des zones non contestées, sélectionnées sur la base d’un commun accord, ajoute-t-il.


M. Ban Ki-moon demande instamment aux parties de progresser sur la question de la constitution des unités mixtes intégrées.  Ces unités constituent un rouage important de l’appareil de sécurité du Soudan du fait qu’elles sont chargées de combler le déficit de sécurité qui résulte du désengagement et du redéploiement des Forces armées soudanaises et de l’Armée populaire de libération du Soudan, et qu’elles formeraient le noyau d’une nouvelle armée nationale au cas où le Sud-Soudan voterait en faveur de l’unité en 2011, souligne-t-il, invitant la communauté internationale à dégager les ressources voulues pour donner une formation solide aux membres des unités mixtes intégrées.


La question d’Abyei demeure l’un des défis les plus importants que les deux parties doivent affronter, poursuit le Secrétaire général.  Depuis la signature de l’Accord de paix global, la région ne dispose pas de structures de gouvernance administrative et ses habitants se trouvent ainsi privés d’accès aux services de base, écrit-il, se déclarant extrêmement préoccupé par les accrochages qui ont eu lieu récemment entre la SPLA et des tribus locales.  Il est nécessaire de stabiliser la situation sur le terrain et de rétablir des relations pacifiques entre les communautés traditionnelles, mais les instances dirigeantes nationales des deux parties doivent aussi engager un dialogue politique, affirme-t-il.


La démarcation de la frontière nord-sud est une autre question qui devrait être résolue en priorité.  Les retards constants enregistrés dans ce processus ont des répercussions sur d’autres points importants de l’Accord de paix global, tels que le recensement, les élections et les mécanismes de partage du pouvoir et des richesses.  Je demande instamment aux parties d’entreprendre l’opération de démarcation dès que possible.  La délimitation rapide des zones non contestées donnerait une impulsion au processus et, de surcroît, elle susciterait la confiance des communautés locales et apaiserait les craintes que la frontière nord-sud leur inspire en tant qu’obstacle potentiel pour leurs modes de vie et leurs mouvements traditionnels.


S’agissant du processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, élément essentiel de l’Accord de paix global, et qui n’a enregistré que peu de progrès jusqu’à présent, il exhorte les parties au plus haut niveau à prendre part aux consultations que son Représentant spécial a proposé d’organiser en vue d’établir un budget et un calendrier réalistes et de définir un rôle pour la MINUS.


Les parties devront également avancer sur la voie du recensement, faute de quoi il sera difficile de s’atteler à la préparation des élections qui doivent avoir lieu en 2009 aux termes de la Constitution, affirme M. Ban.  Il demande en outre instamment au Gouvernement d’unité nationale d’honorer son engagement de faire voter la loi électorale devant instituer la commission électorale.


Le Secrétaire général souligne que, pour l’heure, l’évaluation stratégique de la MINUS fait notamment apparaître la nécessité d’une révision des effectifs de la composante militaire de la Mission, ainsi que d’une clarification des tâches qui lui sont confiées en ce qui concerne la démarcation de la frontière, le recensement et les élections et d’une analyse des ressources nécessaires à leur accomplissement.


Déclarations


M. JAN ELIASSON, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Darfour, a affirmé qu’au cours des derniers mois, la situation sécuritaire et humanitaire au Darfour et dans la région s’était considérablement détériorée, tout récemment encore du fait des événements liés au Tchad.  Au cours de cette période, les parties n’ont pu finaliser la préparation de négociations de fond ou d’engager des mesures de confiance dans le but d’améliorer les perspectives de négociations.  À ces problèmes, s’est ajoutée la lenteur du déploiement de l’Opération hybride Union africaine/ONU au Darfour (MINUAD), sapant l’occasion de démontrer au peuple du Darfour que la communauté internationale leur apporte la sécurité.  Les tensions continues entre le Tchad et le Soudan ont des conséquences négatives sur le processus politique au Darfour, a-t-il souligné.  De même, des acteurs de la situation humanitaire demeurent préoccupés par la sécurité de leurs personnels et leur capacité à fournir l’assistance à la population civile.


Le lancement de la première phase des pourparlers, le 27 octobre à Syrte, a servi de catalyseur pour accélérer les mouvements pour les préparatifs de la négociation, a-t-il dit, notant que M. Salim Ahmed Salim, son homologue de l’Union africaine, et lui-même, étaient encouragés par les efforts de réorganisation et d’unification entrepris par les mouvements.  L’Envoyé spécial du Secrétaire général a souligné que M. Salim et lui-même estimaient que la convocation dans les semaines à venir d’une réunion préparatoire de « type Arusha », avec les mouvements et en étroite coordination avec les partenaires régionaux afin de coordonner leurs positions, suivie d’ateliers de finalisation des préparatifs de pourparlers, serait prématurée, en raison, en particulier, de la situation fragile en matière de sécurité, les relations tendues entre le Tchad et le Soudan et leurs effets sur la région et le processus politique au Darfour.


L’Envoyé spécial du Secrétaire général a estimé que  si les parties avaient sans aucun doute fait des progrès dans les préparatifs, celles-ci n’étaient pas toutefois prêtes à engager des pourparlers de fond.  Les mouvements manquent encore de positions et n’ont toujours pas formé d’équipe conjointe, a-t-il expliqué.  M. Eliasson a invité le NCP et le SPLM à résoudre leurs différences et à reprendre la coopération avec le Gouvernement d’unité nationale.  Il manque encore une stratégie commune incorporant les positions du NCP, du SPLM et de Minni Minnawi sur la façon de résoudre la crise au Darfour.  Davantage doit être fait par toutes les parties pour améliorer la situation en matière de sécurité et la situation humanitaire sur le terrain, a-t-il dit.  Le Gouvernement a certes la responsabilité première pour garantir la sécurité, la justice et le respect du droit international, a-t-il soutenu.  De l’avis de M. Eliasson, l’expérience de ces derniers mois démontre plus que jamais que la situation au Darfour nécessite un environnement propice à la paix.  Tandis que la population du Darfour n’est plus en mesure d’attendre éternellement, il faut accepter le fait que les étapes vers un éventuel accord de paix seront graduelles et prendront plus de temps qu’initialement prévu.  La question la plus pressante pour la population est celle de la sécurité, a-t-il assuré, indiquant que des appels répétés ont été lancés aux parties afin qu’elles fassent preuve de retenue, et qu’elles s’abstiennent en particulier d’exercer leurs activités militaires sur le terrain, et à accepter le fait que seule une solution politique constitue la voie vers un règlement du conflit.


Les parties doivent maintenant décréter unilatéralement une cessation des hostilités et participer aux efforts en vue de réformer les mécanismes existants de cessez-le-feu, a insisté M. Eliasson.  Il a également jugé indispensable, après une année de préparation des pourparlers, de pouvoir compter sur un médiateur en chef conjoint Union africaine-ONU, à plein temps, sur une base constante et dirigeant le travail au quotidien de l’équipe d’appui mixte. 


M. Eliasson a également souligné la nécessité de rester fermement engagé et de poursuivre sur la base des progrès réalisés jusqu’ici pour aboutir à des pourparlers de fond.  Cependant, a-t-il ajouté, la détérioration de la situation sur le terrain au Darfour et dans la région implique désormais des efforts plus intenses de la part de la communauté internationale pour réduire les tensions.  L’absence de relations de confiance et de coopération entre le Tchad et le Soudan est selon lui un obstacle à la paix et un préjudice à la cohésion et à la coopération parmi les partenaires régionaux.  Le sentiment de sécurité et le calme au Darfour doivent être instaurés grâce à la fois au déploiement d’une véritable force de maintien de la paix et à des engagements crédibles de la part de toutes les parties en faveur d’une cessation des hostilités.  Il a indiqué qu’avec M. Salim ils travailleraient étroitement avec la MINUAD en vue d’assurer une plus grande synergie entre les composantes politiques, humanitaires et de maintien de la paix.  À cette fin, il convient de continuer de bénéficier du soutien de la communauté internationale et, en particulier, du Conseil de sécurité, a-t-il conclu.


M. JEAN-MARIE GUÉHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a rappelé qu’il s’était rendu en janvier dernier au Darfour, une visite qui s’était avérée selon lui fort utile.  Les hostilités récentes, de même que les difficultés qui se posent dans le déploiement de la MINUAD, dans la région, demeurent l’une des principales inquiétudes au Darfour, a-t-il indiqué.  Les opérations menées par des mouvements rebelles tchadiens soutenus par le Gouvernement soudanais et par des mouvements rebelles soudanais soutenus par le Gouvernement tchadien de part et d’autre de la frontière entre ces deux pays ne font qu’ajouter au sentiment d’insécurité et de méfiance mutuelle.  La communauté humanitaire ne peut pas apporter aux populations civiles qui se trouvent prises dans cet étau l’aide dont elles ont besoin, a-t-il fait remarquer, précisant que cette situation est aussi imputable au déplacement incessant de ces populations, qui fuient les violences.


La MINUAD manque cruellement de ressources nécessaires pour accomplir son mandat, notamment des contingents policiers et militaires nécessaires, a ensuite indiqué le Secrétaire général adjoint.  Malgré cela, la MINUAD explore toutes les voies possibles par lesquelles elle pourra apporter une amélioration tangible en dépit des moyens humains et matériels limités dont elle dispose.  Elle s’efforce ainsi d’être présente autant que possible dans les camps de réfugiés et de personnes déplacées, en y multipliant les patrouilles et en construisant des postes de police dans l’enceinte même de ces camps.  La MINUAD ne pourra cependant pas assurer la sécurité de ces personnes si elle n’est pas dotée des ressources qui sont indispensables à l’accomplissement de son mandat.  Il est donc plus que jamais urgent de les lui accorder, sous peine de voir les Nations Unies perdre la confiance des populations en détresse.  Il faut par ailleurs impérativement améliorer les services de base offerts dans les camps et renforcer la sécurité des personnels et des populations civiles.  À peine 23% des effectifs initialement prévus sont actuellement déployés au Darfour, a fait observer M. Guéhenno.


Comme les membres du Conseil le savent, a poursuivi M. Guéhenno, l’une des questions principales porte sur la composition de la MINUAD.  Au cours d’une entrevue récente, le Secrétaire général a indiqué au Président soudanais que l’ONU accordait une priorité au déploiement intégral de la MINUAD, ce qui a amené ce dernier à donner son accord de principe pour que soient déployés les contingents népalais et thaïlandais.  Nous avons maintenant besoin d’une décision définitive du Gouvernement soudanais pour autoriser le déploiement de ces bataillons, a souligné M. Guéhenno.  Le Secrétaire général adjoint a d’ailleurs affirmé qu’il était nécessaire de veiller à ce que la force de la MINUAD ne soit pas « essentiellement composée d’Africains » comme l’indiquait la résolution 1769, sous peine de ne pas pouvoir réunir tous les effectifs dont elle a besoin.  Des progrès sont cependant accomplis dans le cadre des négociations sur l’accord sur le statut des forces de la MINUAD, s’est réjoui M. Guéhenno.  Mais, a-t-il rappelé, il manque à la MINUAD les unités aériennes dont elle a besoin pour mener à bien sa mission, en particulier des hélicoptères qui permettraient aux troupes de se déplacer rapidement dans une région accidentée.  Le Conseil de sécurité doit aussi se préparer à l’éventualité pour la MINUAD de travailler dans un environnement hostile continu, ce qui porterait à la fois atteinte à son rôle et à la conclusion d’un accord politique global entre les parties au conflit.


Mme LILA RATSIFANDRIHAMANA, Observatrice permanente de l’Union africaine auprès des Nations Unies, a réaffirmé le ferme engagement de l’Union africaine à assumer ses devoirs et responsabilités, à œuvrer en tandem avec les Nations Unies en vue de la réussite du déploiement effectif de la MINUAD et de l’Opération hybride dans son intégralité: cette opération sans précédent n’a pas droit à l’échec, a-t-elle prévenu.  Elle a déclaré qu’elle était présente au Conseil de sécurité pour rappeler le long et difficile chemin parcouru, les multiples obstacles, les difficultés rémanentes, avant le tournant décisif du 31 décembre 2007.  Cette date marque le transfert d’autorité de la MUAS vers la MINUAD, qui est un jalon remarquable dans la quête de paix au Darfour.  Nous sommes ici aussi, a poursuivi l’Observatrice permanente, pour partager l’optimisme qui prévalait déjà au dernier Sommet de l’Union africaine, avec l’espoir de voir enfin la paix se profiler à l’horizon au Darfour.  Les chefs d’État et de gouvernement y ont adopté une décision qui met l’accent sur la relance des pourparlers de paix depuis le 27 octobre 2007 à Syrte, en Libye.  Nous saisissons cette occasion pour saluer et encourager les troupes composant la MINUAD et remercier les pays contributeurs, les pays donateurs, pour leur générosité, a ajouté Mme Ratsifandrihamana, et plus particulièrement les pays africains pour leur élan panafricaniste.


L’Observatrice a cependant indiqué qu’il restait encore beaucoup à faire pour atteindre l’objectif partagé par tous: la paix et le retour effectif à la normalité de la situation au Darfour, au Soudan et dans toute la région.  En effet, de nouvelles préoccupations nous assaillent, comme en témoignent les derniers évènements en date au Tchad et au Kenya.  Pour Mme Ratsifandrihamana, la MINUAD représente un témoignage concret du nouveau type de partenariat entre l’ONU et les organisations régionales comme l’Union africaine dans la recherche de la paix et de la sécurité internationales.  Elle a ensuite encouragé le Conseil de sécurité à renforcer son soutien aux organisations régionales dans les efforts que celles-ci déploient au nom de ce même Conseil.  C’est pourquoi, l’Union africaine appelle aussi la communauté internationale à soutenir le processus actuel et à prendre toutes les mesures qui s’imposent pour relever les défis auxquels fait face le déploiement des capacités dont a besoin la MINUAD pour être vraiment efficace.  Nous demandons également au Gouvernement soudanais à poursuivre la coopération dont il a fait preuve au cours des derniers mois.  Le succès de l’Opération hybride dépendra largement de la conclusion et de la mise en œuvre d’un accord politique global, a souligné l’Observatrice en conclusion.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a déclaré que le compte rendu du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix laissait entrevoir une évolution positive pour le déploiement de la MINUAD, dans la mesure où certains indicateurs jusque-là opaques, deviennent de plus en plus visibles.  Il en est ainsi, a-t-il précisé, de l’acceptation par les autorités soudanaises d’élargir le contingent de la Mission par la participation de troupes thaïlandaises et népalaises et de l’engagement du Président soudanais de signer l’Accord sur le statut des contingents de la MINUAD.  Autre fait, a-t-il encore fait valoir, le redressement De la situation au Tchad, même encore précaire, indique qu’il y a de fortes chances que l’EUFOR/MINURCAT puissent être déployés d’ici-là, pourvoyant ainsi la MINUAD de contrefort appréciable.  Toutefois, en dépit de signes encourageants, a estimé le représentant, il importe de rester vigilant, tant la situation humanitaire continue de se détériorer.  Les populations civiles qui en sont victimes fondent leurs espoirs sur un déploiement rapide de la MINUAD, a fait observer le représentant du Burkina Faso, qui a rappelé la disponibilité de son pays à prendre part à cette opération.  Avant de conclure, il a souligné la nécessité pour les différentes parties d’opter pour le dialogue comme voie privilégiée de règlement de leurs différends politiques et fassent prévaloir l’intérêt général.


M. GUANGYA WANG (Chine) a affirmé que son pays appuyait fermement une stratégie à deux volets basée sur la mise en œuvre du processus politique et le déploiement d’une opération de maintien de façon équilibrée.  Grâce aux efforts des parties, des progrès ont été obtenus, a-t-il dit, exprimant à cet égard sa gratitude au Secrétariat des Nations Unies, à l’Union africaine et au Soudan pour les efforts accomplis.  Il a estimé qu’avec de la patience, de la bonne foi de part et d’autre et un esprit de consultation réciproque toutes les questions trouveront des solutions.  Le représentant a reconnu la lenteur du déploiement de la MINUAD, la dégradation de l’environnement en matière de sécurité et le fait que l’équipement n’avait pas été complètement livré.  Tous les problèmes qui se sont produits doivent être trouvés par le biais de consultations, a-t-il dit.


Le représentant a estimé que la mise en œuvre de la résolution 1769 du Conseil de sécurité ne relève pas de la responsabilité exclusive du Secrétariat, de l’Union africaine ou du Gouvernement du Soudan.  La communauté internationale doit aussi participer en fournissant les ressources indispensables, comme les éléments de transport aérien, a-t-il souligné.  Les menaces de tout type ne sont pas acceptables.  La Force hybride doit renforcer efficacement les mesures de sécurité, a-t-il déclaré, précisant que le processus politique et le déploiement de l’opération de maintien de la paix allaient de pair en l’absence d’un accord de paix politique.  Le représentant a, de même, appuyé les pourparlers lancés à Syrte en octobre dernier, même si, a-t-il constaté, le processus reste pour l’instant bien en deçà des attentes.  Il a appelé les groupes rebelles à prendre en compte le bien être national de la population du Darfour et à répondre favorablement aux appels de la communauté internationale.  Le représentant a également souligné les efforts de contribution de son pays en faveur de la population du Darfour.  Il a indiqué, par exemple, que l’assistance humanitaire chinoise s’élevait à 18 millions de dollars et avait été pour l’essentiel acheminée.


M. MARTY NATALEGAWA (Indonésie) a relevé dans le rapport du Secrétaire général que les groupes rebelles s’étaient rassemblés dans cinq factions principales, s’offrant ainsi la possibilité de présenter une plate-forme commune aux négociations.  Il a souligné l’importance pour ces groupes de participer pleinement au processus que s’efforcent de faciliter les Envoyés spéciaux de l’Union africaine et des Nations Unies.  Il est également essentiel que toutes les parties au conflit cessent les hostilités et qu’à cette fin, les mécanismes existants de cessez-le-feu soient revitalisés.  Le processus politique reste la pierre angulaire des efforts de la communauté internationale pour aider le Soudan à résoudre la crise du Darfour, a ajouté le représentant.  Le déploiement de la MINUAD et le processus politique devraient se renforcer mutuellement, a prévenu l’Indonésie, qui a souhaité que l’Opération hybride crée des conditions de sécurité favorable à la reprise des négociations.  À cet égard, la délégation a salué l’accord sur le statut des forces et sa composition, qui constitue selon lui un pas significatif dans cette direction.  Comme l’a fait remarquer le Secrétaire général, les États Membres doivent maintenant hâter leurs préparatifs en vue de permettre aux personnels de la MINUAD d’être présents sur le terrain le plus rapidement possible.


M. SAÙL WEISLEDER (Costa Rica) a déclaré que la situation au Darfour était un grave motif de préoccupation pour son gouvernement.  Il a estimé que le seul moyen de résoudre la crise actuelle était de mettre en place un processus politique de concertation.  À cette fin, le Costa Rica a lancé, à la suite du Secrétaire général et de ses Envoyés spéciaux, des appels aux parties pour qu’elles prennent part à un tel dialogue.  Le Gouvernement du Costa Rica a également demandé au Soudan d’exercer sa souveraineté en protégeant les populations civiles placées sous sa responsabilité.  Le remplacement de la MUAS par la MINUAD a représenté une étape importante pour la recherche d’une solution efficace à la crise qui sévit au Darfour, a fait ensuite observer le représentant.  Sa réussite dépendra toutefois dans une large mesure du respect des conditions nécessaires à son déploiement.  Malheureusement, c’est un défi qui reste encore à relever, a ajouté M. Weisleder.  C’est pourquoi, notre pays renouvelle ses appels au Gouvernement soudanais pour qu’il coopère en ce sens, ainsi qu’aux États Membres pour qu’ils dotent la MINUAD des personnels et des équipements dont elle a besoin pour s’acquitter de son mandat.  Le Costa Rica a ensuite réitéré son soutien à la Cour pénale internationale (CPI), avec laquelle le Soudan a été encouragé à coopérer pour tout ce qui relève des allégations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.


M. DUMISANI SHADRACK KUMALO (Afrique du Sud) s’est félicité des efforts de consultations et de médiations avec les parties non signataires des Envoyés spéciaux de l’ONU et de l’Union africaine, M. Jan Eliasson et M. Salim Ahmed Salim, mais a relevé avec préoccupation que certaines de ces parties imposaient des conditions préalables à leur participation.  Notre délégation appelle de tels dirigeants à rejoindre le processus politique en adoptant des positions communes.  Il est clair que le Conseil de sécurité devrait être en mesure de prendre des mesures fermes contre ceux qui retardent leur participation aux négociations et choisissent au contraire de mener des actions violentes contre le peuple innocent du Darfour.  Au titre de ses autres préoccupations, le représentant a aussi mentionné le manque de capacité en matière de transport aérien et terrestre ainsi que les menaces faites à la sécurité de la population civile le long de la frontière avec le Tchad et les tentatives récentes de déstabiliser le Tchad par la force.  Toutes les mesures devraient être prises pour garantir la sécurité des populations civiles et des personnes déplacées ainsi que des femmes et enfants du Darfour.  Il a précisé que seule une solution politique est envisageable au Darfour et a insisté sur l’indivisibilité du Soudan.


M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a estimé que la sécurité des populations constituait la préoccupation première de son pays.  Il s’est dit en effet préoccupé par la poursuite des violences contre les civils et les attaques contre le personnel humanitaire qui tente de leur porter assistance.  La France condamne avec la plus grande fermeté ces attaques qui ont augmenté de 150% en 2007, a-t-il dit, appelant les parties à cesser les hostilités.  L’insécurité généralisée doit inciter, a-t-il dit, à redoubler d’efforts pour assurer un déploiement rapide de la MINUAD.  Il a ainsi appelé les autorités soudanaises à apporter leur aide aux Nations Unies et à l’Union africaine comme si elles s’y étaient engagées à plusieurs reprises, et à respecter leur parole.  Les propositions faites par le Département des opérations de maintien de la paix sont réalistes et le Conseil de sécurité doit les appuyer clairement, a-t-il également affirmé.  Le représentant a souhaité un déploiement rapide de la MINUAD, de même que de la force de l’Union européenne et de la mission des Nations Unies dans l’est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine.  L’Opération hybride au Darfour d’une part, l’EUFOR et la MINURCAT d’autre part, ont pour vocation de répondre à la même crise humanitaire qui ne s’est pas limitée au seul Soudan, a-t-il expliqué.  Il y a urgence, a-t-il déclaré, se réjouissant des intentions de l’Union européenne de reprendre ses activités dans les prochains jours, ainsi que de l’appel lancé par le Président Idriss Deby en faveur de la poursuite de l’opération humanitaire à l’est du Tchad.  Il est clair que le Darfour ne parviendra pas à une stabilité durable sans l’aboutissement du processus conduit par MM. Jan Eliasson et Salim Ahmed Salim.  Enfin, le représentant a souhaité que les crimes commis au Darfour ne restent pas impunis. 


M. GIADALLA A. ETTALHI (Jamahiriya arabe libyenne) a affirmé que l’exposé de M. Jan Eliasson reflétait les efforts déployés pour rassembler les mouvements rebelles et relancer les négociations relancées à Syrte.  La difficulté majeure est, de l’avis de M. Ettalhi, la non-intégration de certains mouvements au processus de paix.  Afin que le processus aboutisse, tous les acteurs doivent y participer sans conditions préalables et en évitant d’ajuster leurs positions à la vitesse de déploiement de la MINUAD.  M. Ettalhi s’est dit préoccupé par la position intransigeante de certaines factions rebelles, que le Conseil de sécurité doit exhorter à participer au processus de paix.  La Libye suit avec attention la situation au Soudan, dans la mesure où elle a une frontière commune avec ce pays, et continuera d’apporter son soutien aux Envoyés spéciaux de l’Union africaine et des Nations Unies.  Pour ce qui a trait au déploiement de la MINUAD, le représentant a salué les efforts déployés à cette fin, en particulier de la finalisation de l’accord sur le statut des forces, dont il a espéré qu’il serait signé demain.  La délégation s’est dite toutefois préoccupée par l’incapacité de la communauté internationale à répondre aux besoins de l’Opération hybride, en particulier en lui fournissant les unités terrestres et aériennes dont elle a besoin.  M. Ettalhi a insisté sur le caractère africain de cette force, en particulier en ce qui concerne son commandement, conformément à la résolution 1769 (2007).  Se déclarant inquiète des violences qui sévissent de part et d’autre de la frontière entre le Tchad et le Soudan, la délégation a appelé ces deux pays à mettre en œuvre l’Accord de Tripoli sur leur sécurité commune.


M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) a affirmé que le règlement de la crise au Darfour procédait d’un règlement politique.  Une des tâches prioritaires est la reprise des pourparlers commencés à Syrte en octobre dernier.  Sans progrès dans les négociations, il ne sera pas possible d’améliorer la situation humanitaire ni pour la MINUAD de s’acquitter de son mandat, a-t-il dit.  Le représentant a jugé encourageant d’entendre que des progrès ont été faits pour unir les différents partis au Darfour.  Un travail minutieux doit en revanche être réalisé pour que l’opposition convienne de plateformes pour les négociations, a-t-il affirmé.  Il s’est en outre dit favorable à la nomination d’un seul médiateur afin d’assurer une meilleure efficacité du processus.  La Fédération de Russie est prête, avec ses partenaires et le Secrétariat, à travailler plus avant aux options permettant de régler le problème délicat de la fourniture des hélicoptères.  Le représentant a conclu en estimant également que la situation au Darfour ne pourra être réglée sans la normalisation de la sécurité dans la région et sans la mise en œuvre des accords de paix existants.


Mme MIRJANA MLADINEO (Croatie) a réitéré le soutien de son gouvernement au travail mené par les Envoyés spéciaux du Secrétaire général et de l’Union africaine afin de relancer le processus politique et réunir toutes les factions rebelles à la table de négociations.  Elle a déclaré que sa délégation était d’accord avec M. Jan Eliasson lorsqu’il souligne qu’une solution politique ne sera pas envisageable sans un climat de sécurité acceptable.  À cette fin, le déploiement intégral de la MINUAD est impératif et l’accord sur le statut des forces constitue un pas encourageant en ce sens.  La Croatie continue par ailleurs de penser que la démarche à trois volets -sécuritaire, humanitaire et politique- est importante, mais qu’elle doit aussi s’accompagner d’une dimension judiciaire à travers le respect de l’état de droit.  À cette fin, les crimes de guerre perpétrés au Soudan, en particulier contre les femmes et les enfants, doivent être punis.  Enfin, Mme Mladineo a souligné qu’il était indispensable de parvenir à une solution globale, faisant remarquer que la paix au Darfour ne pourra pas être atteinte sans une paix dans l’ensemble du Soudan.


M. ALDO MANTOVANI (Italie) a affirmé que son pays appuyait un déploiement rapide de l’Opération hybride ONU-Union africaine, se félicitant notamment de la participation de pays non africains à la MINUAD.  Il a réitéré l’appui de son pays aux efforts de médiation réalisés à la fois par les Nations Unies et l’Union africaine.  Le représentant a invité les mouvements rebelles à l’occasion qui leur est offerte d’avoir des pourparlers avec le Gouvernement.  Il a estimé, de même, que la société civile devait intervenir et indiqué la voie à suivre.  Il s’est ainsi félicité de sa participation à la séance d’ouverture des pourparlers à Syrte, en octobre dernier.  Le représentant s’est dit en outre préoccupé par la situation humanitaire, notamment pour les femmes et les enfants.  Il est essentiel, a-t-il estimé, que le Tchad et le Soudan s’engagent tous les deux dans le processus.  Le représentant a par ailleurs souligné qu’il ne saurait y avoir d’impunité pour les crimes commis au Darfour.  


M. JOHN SAWERS (Royaume-Uni) a déclaré qu’il venait de recevoir des informations selon lesquelles des attaques auraient été commises aujourd’hui par le Gouvernement soudanais dans l’ouest du Darfour et a demandé à M. Eliasson s’il pouvait apporter des précisions à ce sujet.  Ces luttes continuelles ne font que souligner le besoin d’avancer dans le règlement de la crise, a-t-il ajouté.  Or, nous nous trouvons face à un manque cruel de troupes et d’équipement pour permettre à la MINUAD de mener à bien son mandat, une situation qui résulte également, selon lui, du manque de coopération et de volonté politique du Gouvernement soudanais.  Il a aussi souligné la nécessité de prendre en compte les difficultés dans lesquelles se trouve le processus politique.  Ce processus, a-t-il ajouté, constitue la seule voie envisageable vers la paix.  Malgré tout, il faut maintenir l’élan donné à Syrte, a déclaré le représentant britannique, qui s’est félicité des efforts déployés par les Envoyés spéciaux pour ramener toutes les factions rebelles à la table des négociations.  M. Sawers s’est également dit préoccupé par la situation humanitaire qui règne au Darfour et par les problèmes de sécurité auxquels sont exposés les personnels humanitaires.  Il a enfin dénoncé, à la suite des autres membres du Conseil, l’impunité dont jouissent des individus sur lesquelles pèsent des allégations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ou qui sont visés par les sanctions du Conseil de sécurité.  Une paix durable ne sera pas possible sans justice, a-t-il conclu.


M. JOHAN VERBEKE (Belgique) a exprimé les préoccupations de son pays vis-à-vis des récents événements au Tchad.  Il a ainsi estimé que le calme et la paix au Darfour ne pourraient revenir que si le Soudan et le Tchad, soutenus par tous les pays de la région, travaillent de manière urgente à une normalisation de leurs relations.  Le représentant a rappelé que la Belgique est fermement attachée à l’action de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) et de l’EUFOR dont « nous voulons voir le déploiement se dérouler comme prévu, dès que les conditions sur le terrain le permettent », a souligné le représentant.


Pour ce qui est du déploiement de l’Opération hybride ONU-Union africaine au Darfour (MINUAD), M. Verbeke a déclaré qu’il restait un défi pour la communauté internationale, le nombre de troupes actuellement sur le terrain ne suffisant pas, selon lui, pour faire face à l’ampleur de la tâche.  Rappelant l’originalité de la MINUAD, « mission hybride » organisée conjointement avec l’Union africaine (UA), il a invité les nouveaux dirigeants élus de l’Union africaine à s’investir pour assurer le succès de l’Opération, en usant notamment de leur influence auprès du Gouvernement soudanais afin que le déploiement soit assuré sans heurts.


M. Verbeke a ensuite noté que le mécanisme tripartite de négociation avec le Gouvernement du Soudan a porté ses fruits, notamment dans la négociation des termes de l’accord sur le statut des forces (SOFA).  Il a ajouté que, compte tenu de la montée des tensions dans les camps de réfugiés, il est « impératif » que le Gouvernement soudanais s’engage davantage pour honorer la promesse faite par le Président El-Béchir au Secrétaire général d’accélérer le déploiement de la Mission.  « La Belgique lance un appel aux autorités de Khartoum de mettre en œuvre rapidement l’accord sur le statut des forces et à régler tous les obstacles concrets liés au déploiement », a encore dit M. Verbeke.


Le représentant a également jugé inacceptable que les parties au conflit prennent en otage la population civile en poursuivant, a-t-il dit, des agendas qui ne permettent pas d’aboutir à une vraie paix.  Il a souhaité, à la lumière du rapport de M. Jan Eliasson, que le processus politique en cours soit « inclusif et crédible ».  C’est en ce sens qu’il a déploré que plusieurs mouvements rebelles ne soient pas pour l’instant prêts à s’investir dans ce processus.  Appelant les dirigeants de ces mouvements à prendre leurs responsabilités en faveur du déploiement progressif de la MINUAD, M. Verbeke a émis le souhait que soit bientôt nommé un médiateur conjoint capable de donner un nouvel élan aux négociations.  « La paix au Soudan est indivisible et la question du Darfour est intrinsèquement liée au processus de paix global au Soudan », a enfin souligné le représentant de la Belgique.


M. ZALMAY KHALILZAD (États-Unis) a jugé essentiels le déploiement rapide d’une force de maintien de la paix efficace au Darfour et le processus en vue de trouver un règlement durable au conflit.  Il s’est félicité de l’exposé, devant le Conseil de sécurité, le 5 février, du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, faisant état de progrès dans les discussions avec le Président El-Béchir sur le déploiement de la MINUAD.  Il a espéré qu’une percée a ainsi été réalisée.  La preuve de l’engagement du Gouvernement du Soudan, a-t-il estimé, se traduira par ses actions et non par ses promesses.  Le représentant a espéré, de ce fait, la signature, d’ici au 9 février, de l’accord sur le statut des forces.  Il a exhorté le Gouvernement soudanais à coopérer pleinement avec la MINUAD afin de finaliser sans délai cet accord, à inclure les questions en suspens de l’aviation et des mouvements de terrain.  Cet accord doit incorporer les mêmes principes qui s’appliquent à toutes les missions de maintien de la paix à travers le monde.  M. Khalilzad a espéré également que le Gouvernement du Soudan coopèrera totalement avec le prochain déploiement des forces de la MINUAD.


Si le Gouvernement soudanais ne respecte pas ces étapes de façon opportune, le Conseil de sécurité devra prendre les mesures appropriées afin d’en assurer le respect, a déclaré M. Khalilzad.  Il en va de la crédibilité du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté.  Le représentant a également indiqué que les États-Unis s’étaient engagés à apporter leur aide au déploiement de la MINUAD, grâce, notamment, à la formation et à l’équipement de pays africains contributeurs de troupes.  Il a exhorté les autres États Membres à se joindre de façon coordonnée aux efforts en vue de permettre aux forces de la MINUAD de se déployer au Darfour avec la formation et l’équipement requis pour assurer leur mission.  S’agissant des pourparlers de paix, il a invité les factions rebelles à se réunir afin d’aboutir à une solution pacifique.  Ces efforts nécessitent une attention plus poussée de la part de la communauté internationale, a-t-il souligné, exhortant l’ONU et l’Union africaine à s’entendre sur la nomination immédiate d’un seul médiateur commun afin de diriger les négociations et aider les parties à aboutir à un règlement négocié de leur conflit.  Le représentant a appelé au déploiement le plus tôt possible de la MINURCAT dans l’est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine.  Il a en outre appelé le Soudan, le Tchad et les groupes rebelles à cesser leurs incursions à travers la frontière, leurs attaques et leur ingérence dans les affaires internes de chacun des autres.


M. HOANG CHI TRUNG (Viet Nam) a salué le fait que les autorités soudanaises et les Nations Unies soient parvenues à un consensus sur le projet initial de l’accord sur le statut des forces et de l’annonce faite par Khartoum de le signer dès demain.  Toutefois, nous ne pouvons ignorer le fait que le manque actuel de troupes et d’équipements empêche la MINUAD de s’acquitter efficacement de son mandat, a souligné le représentant.  C’est pourquoi, le représentant a appelé la communauté internationale et les pays qui peuvent le faire à contribuer de manière significative à l’Opération hybride ONU-Union africaine au Darfour.  Toutes les parties concernées doivent également coopérer pour résoudre les questions en suspens et permettre le déploiement intégral de la MINUAD, a poursuivi le représentant du Viet Nam, qui a exhorté en particulier les mouvements rebelles au Darfour à renoncer à la violence et à prendre part au processus de paix et au processus politique.  Le représentant a également souhaité souligner le fait que l’élan créé par les pourparlers de paix d’Arusha sous les auspices des Nations Unies, ainsi que par le processus de Syrte en octobre dernier, devait se poursuivre.  Il a réitéré le soutien de son Gouvernement au déploiement intégral de la MINUAD, à laquelle tous les pays de la région doivent coopérer.  Le Viet Nam a indiqué que le processus politique et de paix au Darfour est indissociable de celui qui existe entre Nord et le Sud-Soudan et en particulier de la mise en œuvre de l’Accord global de paix.  Sa délégation, a-t-il dit, se rallie pleinement à la déclaration du Secrétaire général du 5 février dernier, selon laquelle le déploiement de la MINUAD ne sera efficace que dans la mesure où le processus politique qu’elle est chargée de soutenir est solide.  Gardant ces propos à l’esprit, le Viet Nam s’est dit encouragé par les récents évènements, tels que le retour du Mouvement de libération du peuple soudanais au Gouvernement d’unité nationale en décembre dernier, la signature par le Président El-Béchir du Plan stratégique de désarmement, de démobilisation et de réinsertion et le retour de plus de deux millions de réfugiés et de personnes déplacées au Sud-Soudan depuis la signature de l’Accord global de paix en 2005.


M. RICARDO ALBERTO ARIAS (Panama) a rappelé que le 31 juillet dernier, le Conseil de sécurité avait adopté à l’unanimité une résolution 1769 qui autorisait le déploiement de la MINUAD.  Alors que le déploiement de cette Opération hybride UA-ONU et le processus politique doivent se faire de manière parallèle, ils sont aujourd’hui confrontés à des difficultés de taille.  Toutefois, il y a lieu de se féliciter de l’Accord sur le statut des forces, qui semble démontrer une certaine souplesse de la part du Gouvernement soudanais en ce qui concerne la composition de la force de la MINUAD.  Par ailleurs, a poursuivi le représentant du Panama, le moment est venu pour les pays qui exercent une influence sur les groupes rebelles opérant au Soudan de redoubler d’efforts pour inciter ces derniers à reprendre les négociations.  En outre, a-t-il fait observer, la crise tchadienne pourrait affecter tout le processus politique au Darfour, et c’est pourquoi sa délégation a lancé un appel au Soudan comme au Tchad pour qu’ils s’efforcent de rétablir la sécurité à leur frontière commune.


Reprenant la parole, l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Darfour, a jugé nécessaire, lors de ses remarques de clôture, une normalisation des liens entre le Tchad et le Soudan.  Il faut exiger plus que jamais des parties une cessation des hostilités, a-t-il également souligné, indiquant qu’il venait à l’instant d’être informé d’une attaque de l’armée soudanaise d’un village qui aurait fait une centaine de victimes.  Il faut donner un sentiment de sécurité à la population au Darfour, sinon elle perdra confiance dans le processus politique et le maintien de la paix.  M. Eliasson a dit observer une évolution dangereuse de la situation.  Il faut reculer par rapport à cette escalade des hostilités, a-t-il déclaré, affirmant avoir perçu de la colère au sein des camps de personnes déplacées.  Les grands massacres sont passés, mais il est nécessaire de faire face aux nouveaux problèmes qui pourraient dégénérer en une autre tragédie, a-t-il estimé.  L’Envoyé spécial a jugé qu’il ne saurait y avoir de paix au Darfour sans coopération des pays voisins de la région.  Il a enfin mis l’accent sur la nécessité de poursuivre l’assistance humanitaire.


Reprenant la parole, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix s’est félicité de l’offre faite par le Gouvernement éthiopien de prêter des hélicoptères.  Cette offre doit maintenant être examinée pour déterminer si elle correspond aux besoins de la MINUAD.  Alors que nous sommes réunis ici au Conseil de sécurité, des informations indiquent qu’une attaque a été lancée au nord de N’Djamena, appuyée par des hélicoptères et par d’autres moyens de transport aériens, a fait remarquer M. Guéhenno.  Malheureusement, pour ceux qui suivent la situation de près, il ne s’agit pas d’une surprise, a-t-il déclaré, puisque le DJEM a déjà organisé des offensives dans la région, suivies de contre-offensives, créant ainsi un environnement hostile et délicat pour le déploiement de la MINUAD.  Nous espérons sincèrement que ces attaques ne se développeront pas, car dans ce conflit, ce sont les populations civiles qui sont les premières victimes des combats, a-t-il fait observer.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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