En cours au Siège de l'ONU

AG/PKO/197

LE COMITÉ SPÉCIAL DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX ACHÈVE SON DÉBAT SUR LES EFFORTS DE RESTRUCTURATION DES CAPACITÉS DE MAINTIEN DE LA PAIX AU SEIN DE L’ONU

11/03/2008
Assemblée généraleAG/PKO/197
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Comité spécial des opérations

de maintien de la paix

Session de fond de 2008                                    

203e et 204e séances – matin et après-midi


LE COMITÉ SPÉCIAL DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX ACHÈVE SON DÉBAT SUR LES EFFORTS DE RESTRUCTURATION DES CAPACITÉS DE MAINTIEN DE LA PAIX AU SEIN DE L’ONU


Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a achevé aujourd’hui son débat général qu’il consacre depuis hier à un état des lieux des mesures de restructuration des capacités de maintien de la paix de l’Organisation des Nations Unies.  Dans un contexte marqué par le déploiement sur le terrain de 130 000 membres du personnel militaire, civil et de police originaires de 119 pays, de 18 missions en cours et deux nouvelles missions au Darfour et au Tchad/République centrafricaine, les délégations ont commenté le programme de réforme « Opérations de paix 2010 », mettant en lumière les problèmes et difficultés à résoudre pour relever le défi du maintien de la paix au cours de l’année.


La réforme élaborée en 2005 sous le nom « Opérations de paix 2010 » s’articule autour de cinq composantes essentielles: le personnel, la doctrine, les partenariats et les ressources, et l’Organisation.  Il s’agit aussi pour les Nations Unies de mener à bien la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix et du Département de l’appui aux missions, ce dernier ayant été créé le 1er août 2007, en application d’une résolution* de l’Assemblée générale.  Celle-ci précise l’importance de préserver l’unité de commandement des missions à tous les niveaux, ainsi que la cohérence des politiques et une structure de commandement qui soit claire au Siège comme sur le terrain.  Elle souligne également l’importance de l’interaction et de la coordination avec les pays contributeurs de troupes, la sécurité et la sûreté du personnel de maintien de la paix.


Ces mêmes préoccupations ont été soulevées par la vingtaine de délégations ayant pris la parole aujourd’hui, certaines comme Singapour s’inquiétant que le nouveau système de deux Départements ne génère une bureaucratie supplémentaire.  Le représentant s’est dit également préoccupé par les retards dans la nomination d’un secrétaire général adjoint pour l’appui aux missions et d’un conseiller militaire.  L’importance de coordonner le travail de ces deux Départements a été signalée également par le représentant de la Fédération de Russie, compte tenu notamment du déploiement complexe de la MINUAD au Darfour et de la MINURCAT au Tchad.  Pour l’Indonésie, le succès de toute réorganisation dépend non pas d’un nouvel organigramme mais d’améliorations qualitatives en termes de planification et de gestion au Siège, un soutien aux missions qui soit vigoureux, une communication qui soit claire, des consultations efficaces avec les pays contributeurs de troupes, une unité de commandement et des systèmes de sécurité efficaces et une formation régulière des Casques bleus. 


Le Mémorandum d’accord pour sanctionner les actes d’exploitation sexuelle a fait l’unanimité.  Le représentant du Népal a souligné l’importance pour le Secrétariat de réduire le laps de temps entre le moment où un écart de conduite sérieux a été constaté et le moment où les pays contributeurs de troupes sont informés des résultats de l’enquête.  Cela permettra, a-t-il précisé, aux autorités nationales de prendre les mesures qui s’imposent.  La nécessité du partenariat avec les organisations régionales a été signalée par le Représentant permanent de l’Afrique du Sud, qui a précisé que son pays présidera, en avril, le Conseil de sécurité dont le point culminant sera la tenue d’une réunion organisée conjointement par l’Union africaine et le Conseil de sécurité.  « Les organisations régionales sont des partenaires essentielles car elles sont plus flexibles, ont une meilleure compréhension des conflits et peuvent être impliquées dans les efforts de médiation », a-t-il dit.


Dans le cadre de ce débat, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Fédération de Russie, République islamique d’Iran, Pakistan, Indonésie, Namibie, Singapour, Chine, Israël, Afrique du Sud, Népal, Bangladesh, Géorgie, Turquie, Jordanie, Serbie, Thaïlande, Ukraine, Ghana, Inde, République arabe syrienne, États-Unis, Soudan, Fidji, Ouganda, Rwanda, Kenya, Uruguay, Costa Rica, Ethiopie, Guinée, Liban.  L’Observatrice du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est également intervenue.


Les représentants de la Fédération de Russie, de la Géorgie, d’Israël et de la République arabe syrienne ont exercé leur droit de réponse.


La prochaine réunion du Comité sera annoncée dans le Journal.


* résolution portant la cote A/RESOLUTION/61/279


Suite du débat général


M. KONSTANTIN DOLGOV (Fédération de Russie) a déclaré qu’il fallait que le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et le Département d’appui aux missions travaillent de manière plus coordonnée, en particulier s’agissant du déploiement complexe de la MINUAD et de la MINURCAT.  Il a également souhaité une coopération accrue entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes lors des premières phases de déploiement des opérations de maintien de la paix.  Après avoir suggéré que la réforme du secteur de la sécurité soit intégrée au mandat des opérations, le représentant a estimé qu’un maintien de la paix moderne passait par une interaction plus importante entre l’ONU et les organisations régionales.  Il a également souligné le rôle vital des Équipes opérationnelles intégrées en vue d’asseoir une approche systémique.  Le représentant russe a par ailleurs salué l’établissement d’une capacité opérationnelle dans le secteur de la police qui devrait faciliter le déploiement rapide et efficace de la composante police dans les missions de maintien de la paix.  En ce qui concerne les principes et lignes directrices du maintien de la paix, appelés jusque-là « Doctrine Capstone », M. Dolgov a indiqué que sa délégation ne partageait pas l’idée selon laquelle ils doivent guider les pays contributeurs de troupes.  Il a ainsi appelé à la tenue de débats généraux sur le document correspondant en vue de parvenir à un texte révisé acceptable par tous.


M. AMIR HOSSEIN HOSSEINI (République islamique d’Iran) s’est dit inquiet de certaines tendances de voir éroder la crédibilité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) en ce qui concerne sa responsabilité principale de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Il a insisté sur la nécessité pour l’ONU de rester l’instance internationale principale chargée de répondre aux problèmes de conflits et de situation postconflit.  Il est impératif, a-t-il ajouté, que l’on mette un terme aux actions unilatérales entreprises hors du cadre de l’ONU et que l’on réfléchisse à de nouvelles mesures et approches innovantes afin de prévenir de telles actions à l’avenir.  Il a souhaité que toutes les opérations de maintien de la paix observent les trois principes de base du maintien de la paix que sont: le consentement des parties, le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense et l’impartialité.  Il a salué les références que constituent les deux documents intitulés « Opérations de maintien de la paix: Principes et directives » et le rapport A/62/659 sur le rôle des Nations Unies en matière de soutien à la réforme du secteur de la sécurité (SSR).  Tout en estimant que si ces documents témoignaient de la volonté du Secrétariat de prendre en compte les attentes des États Membres, il a noté que des questions et ambigüités restaient toujours à être clarifiées.  Il s’est félicité de l’adoption d’une stratégie globale à l’échelle du système des Nations Unies d’aide et de soutien aux victimes d’actes d’exploitation et d’abus sexuels commis par des membres du personnel des Nations Unies ou de personnel apparenté.  Dans ce contexte, il a appuyé la politique de tolérance zéro mise en œuvre par l’ONU sur le terrain et dans les différents sièges de l’ONU.  Témoignant de la volonté de son pays d’appuyer les efforts de maintien de la paix, il a annoncé que l’Iran allait augmenter le nombre de ses soldats mis à disposition des missions existantes et futures.    


M. FARUKH AMIL (Pakistan) a rappelé que son pays est le plus grand fournisseur de troupes aux opérations de maintien de la paix (OMP), avec actuellement plus de 10 500 Pakistanais sur le terrain, participant à 13 missions.  Il a relevé l’augmentation rapide des demandes de création de ces opérations, qui pose des défis exceptionnels en termes de prévision, de déploiement et de gestion.  Il a aussi noté les particularités de missions hybrides au Darfour, au Tchad et en République centrafricaine, respectivement la MINUAD et la MINURCAT.  Pour M. Amil, s’il faut améliorer la capacité de gérer des missions complexes lors de crises internes, l’ONU ne doit pas perdre de vue sa mission traditionnelle de maintien de la paix dans les conflits entre États.  Tous ces sujets doivent figurer au cœur des travaux du Comité spécial dont le mandat est de formuler des politiques.  Le représentant a ensuite appelé à améliorer la nature et la qualité de la coopération avec les pays fournisseurs de contingents, non seulement pour une plus grande efficacité opérationnelle mais aussi afin d’assurer leur engagement entier au niveau politique.  Il s’est aussi inquiété des remboursements tardifs dont pâtissent ces pays.


M. Amil a exprimé le souhait que les rapports du Secrétaire général soient plus faciles à comprendre pour être discutés au sein du Comité, estimant notamment que l’annexe ne répond pas bien aux recommandations du Comité.  Il y a peu d’information sur le processus de réforme, à l’exception du recrutement, a-t-il aussi noté.  Nous devons tirer des leçons du fonctionnement de la nouvelle génération de missions, notamment par comparaison avec les missions traditionnelles des Nations Unies.  Le Pakistan continue de croire que les cellules de stratégie militaire constituent des anomalies, mais soutient le renforcement de la Division militaire pour que chaque mission soit traitée sur un pied d’égalité et dépende d’une seule chaîne de commandement.  Le représentant du Pakistan a aussi souligné le besoin de renforcer également la Division police.  S’agissant du déploiement rapide, il a regretté que la recommandation faite l’année dernière par le Comité spécial concernant le renforcement des moyens d'intervention rapide n’ait pas donné suite.  Le représentant a par ailleurs félicité le Secrétariat pour la finalisation du modèle de Mémorandum d’accord, qui devrait être mis en application, et apprécié les efforts menés pour améliorer la sécurité du personnel sur le terrain.


M. ADIYATIWIDI ADIWOSO ASMADY (Indonésie) a indiqué que son pays fournissait des troupes dans le cadre de six opérations de maintien de la paix et qu’il s’apprêtait à en faire de même pour la MINUAD.  Il a pris note des remarques contenues dans un rapport du Secrétaire général selon lesquelles le personnel sur le terrain et le personnel au Siège ne disposent pas suffisamment de directives sur des questions telles que la protection des civils, la coordination entre la composante civile et la composante militaire, l’intégration des missions et la gestion des risques.  S’agissant de l’aspect organisationnel, il a rappelé que le succès de toute réorganisation dépend non pas d’un nouvel organigramme mais d’améliorations qualitatives en termes de planification et de gestion au Siège, un soutien aux missions qui soit vigoureux, une communication qui soit claire, des consultations efficaces avec les pays contributeurs de troupes, une unité de commandement et des systèmes de sécurité efficaces et une formation régulière des Casques bleus.  Ceci est d’autant plus important que désormais, 140 000 soldats de la paix venant de 119 pays sont déployés sur le terrain. 


Le représentant, insistant sur la nécessité de fournir des ressources prévisibles, a regretté que l’augmentation du budget du maintien de la paix ne représente que 0,5% des dépenses d’armement dans le monde.  S’agissant de la sécurité du personnel, il a estimé que rien ne pouvait remplacer la neutralité des Nations Unies dont les actions doivent être perçues comme étant judicieuses.  Tout en appuyant les partenariats internationaux, il a toutefois appelé à la prudence contre les risques de fragmentation des compétences des Nations Unies en matière de maintien de la paix.  Le représentant a aussi signalé que dans le cadre de la résolution des conflits, la réforme du secteur de la sécurité, de même que le développement social et économique était importante.


M. KAIRE M. MBUENDE (Namibie) a estimé que la prévention est plus efficace que tout autre traitement.  Des ressources adaptées, a-t-il ajouté, devraient être allouées à cet effort.  Il a également jugé que les programmes de redressement postconflit devraient être davantage soutenus, par le biais notamment du renforcement des capacités de la Commission de consolidation de la paix.  À cette fin, la Namibie continuera d’appuyer le Département des affaires politiques pour lui permettre de jouer pleinement son rôle dans les domaines de la prévention des conflits et la diplomatie préventive, a encore dit le représentant de la Namibie.  Il a ensuite rappelé l’attachement de son pays à la réalisation du programme de réformes « Opérations de la paix 2010 », en soulignant notamment l’importance des mécanismes régionaux.  Il a cependant souhaité que la coopération entre l’ONU et l’Union africaine soit intensifiée et couvre plus de domaines, en particulier dans le cadre du montage problématique de la MINUAD.  M. Mbuende a poursuivi son intervention en attirant l’attention sur la formation.  Il a noté à ce propos que si la formation des troupes militaires et de police est de la responsabilité des autorités nationales, l’ONU doit appuyer les pays contributeurs de contingents à ce niveau.  Le représentant a par ailleurs insisté sur la nécessité d’appliquer une politique de tolérance zéro à l’égard des Casques bleus reconnus coupables d’abus et d’exploitation sexuels.  Pour ce qui est des questions relatives à la parité entre les sexes, il a déclaré que son pays était en phase avec la résolution 1325 du Conseil de sécurité, la Namibie ayant augmenté le taux de participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix où elle est présente. 


M. SIM TIONG KIAN (Singapour) s’est félicité que plusieurs initiatives de la réforme « Opérations de paix 2010 » aient déjà été mises en œuvre.  Notant la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix, il s’est toutefois inquiété que le nouveau système de deux départements génère une bureaucratie supplémentaire.  Il s’est dit également préoccupé par les retards dans la nomination d’un secrétaire général adjoint pour l’appui aux missions et d’un conseiller militaire.  Il a souligné le rôle vital du Service intégré de formation et également de la Section des meilleures pratiques.  Par ailleurs, il a rappelé que si le Département des opérations de maintien de la paix et celui de l’appui aux missions ne représentaient qu’un cinquième de la force du Secrétariat, le budget du maintien de la paix était trois fois plus important que le budget ordinaire.  Il a estimé que cela nécessitait une évaluation de la distribution de la tâche et des ressources à travers le système des Nations Unies.  L’ONU, a-t-il insisté, doit faire preuve de discipline et optimiser les ressources.  En outre, le Secrétariat doit être vigilant afin de rationaliser les fonctions de ces différentes entités et établir des mesures pour réduire les coûts, à la fois sur le terrain et au Siège.  De son côté, le Département des opérations de maintien de la paix devrait évaluer fréquemment ses missions afin de réduire les exigences de maintien de la paix, tout en assurant une paix durable par le biais d’efforts de consolidation de la paix, a-t-il dit.  S’agissant de la sûreté et la sécurité, le représentant s’est félicité du déclin du nombre de décès parmi les Casques bleus ces dernières années, tout en estimant que l’ONU pourrait faire davantage pour réduire le nombre de morts résultant d’accidents et de maladies.  Enfin, il a aussi salué les efforts entrepris pour traiter des problèmes de discipline et de conduite, particulièrement en ce qui concerne l’exploitation et les abus sexuels, mais a déclaré qu’il ne fallait pas perdre de vue les infractions mineures commises au quotidien, qui peuvent aussi entacher la crédibilité de la mission sur le terrain et de l’ONU dans son ensemble. 


M. LIU ZHENMIN (Chine) a estimé que les principes du maintien de la paix doivent être en accord avec ceux de la Charte de l’ONU et du Conseil de sécurité.  Il a ajouté que les positions des pays concernés doivent également être pleinement respectées, le principe de neutralité et de non-recours à la force en dehors des cas de légitime défense devant prévaloir sur le terrain.  Pour ce qui est de la restructuration du DOMP et du Département d’appui aux missions, le représentant a souhaité qu’elle puisse être assortie d’un rééquilibrage dans la distribution régionale des Équipes opérationnelles intégrées et à un meilleur partage d’information entre elles.  Il a également souhaité que, lors de la poursuite du processus de restructuration, le Secrétariat écoute avec attention les vues des États Membres, notamment ceux fournissant des troupes.  Il a également plaidé pour la tenue de discussions supplémentaires entre États Membres sur le rôle de l’ONU dans le domaine de la sécurité.  Les Nations Unies devraient continuer d’intensifier leur coopération avec les organisations régionales, en particulier en Afrique où est concentré l’essentiel des opérations de maintien de la paix, a encore dit M. Zhenmin.  Il a ainsi appelé de ses vœux un renforcement de l’appui de l’ONU à l’Union africaine aux plans institutionnel, financier, de l’information et de la formation des personnels de terrain. Enfin, il a mis l’accent sur la nécessité de solidifier la coordination entre les opérations de maintien de la paix et les efforts de consolidation de la paix.  L’action doit porter sur la recherche de solutions aux causes socioéconomiques des conflits et l’aide au développement institutionnel, a dit le représentant de la Chine.


M. DANIEL CARMON (Israël) a soutenu le processus de réforme ayant mené à la réforme du Département des opérations de maintien de la paix qui a donné lieu à deux structures, le Département des opérations de maintien de la paix et le Département d’appui aux missions.  Il a souhaité que les postes de haut niveau qui restent à pourvoir le soient rapidement.  Toujours en ce qui concerne le processus de réforme, a encore signalé le représentant, les Nations Unies ont déployé deux opérations qui disposent de mandats de protection significatifs, à savoir la MINURCAT et la MINUAD.  L’Opération hybride Nations Unies-Union africaine au Darfour est peut-être la plus complexe et la plus étendue jamais déployée dans l’histoire des Nations Unies.  Nous souhaitons que cette Force atteigne un plein déploiement le plus rapidement possible.  S’agissant de la conduite des Casques bleus, le représentant a estimé qu’il serait utile d’avoir recours de manière extensive à la formation préventive et de renforcer les capacités disciplinaires des équipes sur le terrain.  Il a aussi insisté sur la nécessité de mettre pleinement en œuvre la stratégie d’aide aux victimes et a dit soutenir l’élaboration et la codification de « directives et de principes de maintien de la paix ».  Concernant la FINUL, il a estimé que pour que la Force soit efficace, il faudrait veiller à la mise en œuvre de toutes les dispositions de la résolution 1701 (2006), y compris l’application de l’embargo sur les armes, le désarmement du Hezbollah et la libération des deux soldats israéliens.  M. Carmon s’est dit préoccupé par l’attaque menée récemment contre la FINUL que sa délégation condamne fermement.


M. DUMISANI SHADRACK KUMALO (Afrique du Sud) a noté que les demandes sont de plus en plus fortes en matière de maintien de la paix.  L’année 2007 a été marquée par la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix ainsi que par des changements fondamentaux dans la planification des missions, ce qui montre que le maintien de la paix a beaucoup progressé et s’oriente vers davantage de cohérence, a-t-il fait observer.  Les organisations régionales sont des partenaires indispensables dans ce cadre.  En avril prochain, l’Afrique du Sud aura l’honneur de présider le Conseil de sécurité dont le point culminant sera la tenue d’une réunion organisée conjointement par l’Union africaine et le Conseil de sécurité.  Les organisations régionales sont des partenaires essentielles car elles sont plus flexibles, ont une meilleure compréhension des conflits et peuvent être impliquées dans les efforts de médiation, a ajouté le représentant.  Il s’est félicité également des efforts accomplis en faveur de la parité entre les sexes au sein des missions et a réaffirmé l’engagement de son pays à pleinement mettre en œuvre la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il a estimé essentiel de mener à bien la réforme du secteur de la sécurité qui doit faciliter l’appropriation nationale, tout en respectant les spécificités des pays concernés.  L’élargissement du concept de la sécurité au renforcement des sociétés touchées par les conflits dépasse le concept classique de la sécurité et demande une réflexion approfondie.


M. HIRA BAHADUR THAPA (Népal) a appuyé les recommandations du Groupe de travail sur les équipements ainsi que les mesures prises pour améliorer les conditions de vie des troupes.  L’ajout de dispositions supplémentaires dans le Mémorandum d’accord sur les écarts de conduite du personnel et l’aide aux victimes seront utiles.  Il a souligné l’importance pour le Secrétariat de réduire le laps de temps entre le moment où un écart de conduite sérieux a été constaté et le moment où les pays contributeurs de troupes sont informés des résultats de l’enquête.  Cela permettra, a-t-il précisé, aux autorités nationales de prendre les mesures qui s’imposent.  Le représentant a aussi soutenu le concept de capacités de déploiement rapide améliorées mais a estimé qu’avant de finaliser ce concept, il faudrait en premier lieu répondre aux problèmes que rencontrent les pays contributeurs de troupes, notamment en ce qui concerne le remboursement de ce qui leur est dû par l’ONU.  Il a par ailleurs souhaité que davantage de discussions aient lieu au sujet de la réforme du secteur de la sécurité.  Le représentant a aussi estimé que les pays contributeurs de troupes devraient bénéficier de postes de haut niveau au Siège et sur le terrain qui soient à la mesure de leur contribution au maintien de la paix.


M. ILYAS IFTEKHAR RASUL (Bangladesh) a déclaré qu’en tant que pays en pointe dans le domaine du maintien de la paix, le Bangladesh attachait la plus grande importance à la sécurité du personnel déployé sur le terrain.  Il a souhaité que ce déploiement s’effectue dans des proportions correspondant au mandat des missions et à la situation sur le terrain.  Il a également insisté sur le fait que les contingents doivent se cantonner à l’exécution de leurs tâches, dans le cadre du mandat qui leur est confié.  Le représentant a ensuite noté la baisse de cas d’indiscipline, ajoutant que son pays continuait d’appuyer pleinement la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard des membres du personnel de l’ONU reconnus coupables d’abus ou d’exploitation sexuels.  Il a en outre souhaité que les organisations régionales ne se substituent pas à l’ONU dans le maintien de la paix dans les zones de conflit.  Dans le domaine de la formation, le représentant a indiqué qu’elle était une responsabilité nationale pour son pays, qui, a-t-il précisé, forme des contingents de pays amis au sein d’un institut spécialisé.  Il a également souligné l’importance, pour le succès du maintien de la paix, de discussions approfondies entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat à chaque phase de la planification et de la mise en œuvre des missions.  Le représentant a par ailleurs regretté qu’alors que son pays fournit au moins 10% du total des Casques bleus depuis 12 ans, il reste sous-représenté au niveau des postes de haut niveau au sein de l’ONU.  Il a souhaité que l’on tienne compte de ce problème dans le cadre de la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix et du Département d’appui aux missions. 


M. SHALVA TSISKARASHVILI (Géorgie) a attiré l’attention sur la situation en Abkhazie, où l’opération de maintien de la paix est en cours depuis 15 ans.  Il a déclaré que la tâche principale de l’opération était de créer les conditions d’un retour digne et sécurisé chez eux de centaines de milliers de personnes déplacées et de réfugiés victimes d’un « nettoyage ethnique ».  Le représentant a déploré qu’à ce jour aucune de ces personnes n’ait pu regagner leur terre d’origine.  La réalité est que 2 000 personnes ont été tuées depuis le début de l’opération, a-t-il encore dit, ajoutant qu’au vu de la situation sur place le format de cette opération n’est plus adapté pour permettre le retour de tous les déplacés en Abkhazie.  Le représentant a estimé que les Nations Unies possèdent la capacité d’accélérer le processus, par le biais notamment de la poursuite du déploiement sur le terrain de fonctionnaires de police internationaux dans les zones de conflit.  C’est en créant un environnement sûr que l’ONU contribuera au retour des réfugiés et déplacés dans leur foyer, a encore dit le représentant de la Géorgie.


M. FAZLI CORMAN (Turquie) a déclaré que son pays appuyait la mise en œuvre du programme de réformes « Opérations de paix 2010 ».  Il a notamment salué à ce propos l’établissement de la capacité de Police de l’ONU, chargée de contribuer à la redéfinition des mandats du maintien de la paix, dans le respect du droit.  Le représentant a estimé que compte tenu de la taille et de la complexité des nouvelles missions que sont la MINUAD et la MINURCAT, il serait judicieux de procéder à une évaluation complète des capacités et besoins de la composante police dans les différentes missions des Nations Unies.  Il a en outre salué l’utilité pratique de la codification des Principes et lignes directrices du maintien de la paix de l’ONU ainsi que le rapport du Secrétaire général sur la réforme du secteur de la sécurité.  Le représentant de la Turquie a aussi fait sienne la recommandation du Secrétaire général d’augmenter le nombre de femmes servant sur le terrain et la participation de ces dernières dans les processus de décisions et dans les services militaires et de police.  Après avoir rappelé l’attachement de son pays à l’application d’une politique de tolérance zéro à l’égard des auteurs de crimes sexuels, M. Corman a déclaré que la Turquie se tenait prête à collaborer avec le Secrétariat dans le domaine de la formation des troupes avec tout pays qui en ferait la demande.  Il a par ailleurs souligné la nécessité de joindre les efforts de maintien et de consolidation de la paix dans les contextes postconflit.


M. MOHAMMED F. AL-ALLAF (Jordanie) a réaffirmé l’importance du respect des Principes directeurs du maintien de la paix et de la Charte des Nations Unies.  Le représentant a relevé la complexité accrue de l’environnement dans lequel évolue le maintien de la paix, soulignant qu’il était urgent de parvenir à de nouvelles modalités, notamment en matière de sécurité.  Nous ne pouvons pas ignorer l’ampleur des dangers qui pèsent sur les forces de maintien de la paix et la sensibilité accrue de leur composante politique.  C’est pourquoi, il faut établir une meilleure coopération entre les organes législatifs d’une part et les pays contributeurs de troupes d’autre part, renforcer les relations entre le Conseil de sécurité, le Secrétaire général et les pays contributeurs de troupes.  En outre, le Conseil de sécurité devrait tenir des réunions auxquelles participeraient les États contributeurs de troupes pour que le rôle de ces derniers ne se limite pas à celui de simples observateurs.  La réforme du secteur de la sécurité doit se faire à la demande de l’État intéressé, en tenant compte des grandes orientations stratégiques conformément à des concepts clairs, définis et convenus à l’avance.  S’agissant des actes d’exploitation sexuelle, il a demandé la stricte mise en œuvre du Mémorandum d’accord qui doit faire l’objet d’une révision périodique.


M. PAVLE JEVREMOVIĆ (Serbie) a attiré l’attention du Comité spécial sur le déploiement de la mission de l’Union européenne, EULEX, dans la province serbe du Kosovo et Metohija administrée par la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies, conformément à la résolution 1244 du Conseil de sécurité.  Le déploiement prévu d’EULEX est contraire à la résolution 1244 et aux règles qui régissent le maintien de la paix et porte atteinte au rôle qui revient aux Nations Unies dans le déploiement d’opérations de maintien de la paix.  La Serbie ne peut pas accepter un tel déploiement sans une résolution préalable et appropriée du Conseil de sécurité.  Certaines délégations tentent de donner une base juridique au déploiement d’EULEX en interprétant de manière très libérale les dispositions de la résolution 1244.  Toutefois, la structure de la présence internationale civile est claire et tout changement doit être également approuvé par le Conseil de sécurité.  Le déploiement d’EULEX est inacceptable dans la mesure où il fournit un cadre de mise en œuvre du Plan Ahtisaari qui n’a jamais été accepté par le Conseil de sécurité, ni par la Serbie.  La Serbie appelle le Secrétaire général à donner pour instruction à la MINUK de ne pas procéder au transfert de compétence et attend de la Mission qu’elle continue de mettre en œuvre son mandat qui est de protéger les biens et la vie des Serbes et des non-Albanais du Kosovo.


M. NOPADON MUNGKALATON (Thaïlande) a encouragé les Nations Unies dans leur approche multidimensionnelle du maintien de la paix et a appuyé la restructuration en cours dans le domaine de maintien de la paix qui a donné lieu à la création du Département d’appui aux missions.  Il a toutefois précisé que pour une bonne coordination, ce Département et le Département des opérations de maintien de la paix devraient affiner leurs procédures administratives et définir clairement la chaîne de responsabilité et la chaîne de commande.  Il a aussi signalé que tous les postes n’étaient pas encore pourvus et a insisté sur une répartition géographique équitable.  Il a également relevé que la constitution des Équipes intégrées opérationnelles n’était pas encore achevée.  Le représentant a également exprimé le souhait de voir davantage de liens entre le Service de formation intégré et les capacités nationales ou régionales des États Membres.  S’agissant du secteur de la sécurité, le représentant a précisé que le succès de la réforme en matière de sécurité dépendra du succès d’autres secteurs, comme les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration et la création et le développement d’institutions nationales.  Il a par ailleurs appuyé les Principes et Directives des opérations de maintien de la paix des Nations Unies qui, de l’avis de sa délégation, sont très clairs.  Il a précisé cependant qu’un tel document ne pouvait modifier l’autorité des Nations Unies telle que définie dans la Charte de l’Organisation.  S’agissant de la coopération avec les organisations régionales, il a souhaité la définition claire du partage des responsabilités dans le cadre des opérations hybrides, rappelant que les Nations Unies ont un rôle de chef de file


M. SERGIY KYSLYTSYA (Ukraine) a noté que la nature changeante des conflits dans de nombreuses régions a eu pour conséquence d’élargir le champ des activités de maintien de la paix des Nations Unies.  Il est donc essentiel de s’assurer que l’ONU a les moyens effectifs de remplir ses obligations et de relever les défis dans ce domaine, a-t-il ajouté.  Il s’est dit satisfait des progrès accomplis dans le processus de réforme des opérations de maintien de la paix, grâce aux efforts combinés des États Membres et du Secrétariat des Nations Unies.  De l’avis de sa délégation, il s’agit d’un réel investissement dans le futur pour lequel le Secrétariat doit jouer un rôle plus actif.  Il a suggéré de suivre de nouvelles approches et d’appliquer des méthodes de travail novatrices.  À cet égard, il a déclaré apprécier le nouveau modèle de Mémorandum d’accord.


Abordant la question du recrutement du personnel du Département des opérations de maintien de la paix et du Département d’appui aux missions, le représentant a émis quelques doutes quant à la transparence de la procédure administrative en cours.  Il a aussi souligné l’importance de verser dans les délais aux pays fournisseurs de troupes les remboursements qui leur sont dus au titre des contingents et équipements fournis.  Pour le représentant de l’Ukraine, la sécurité du personnel sur le terrain est une autre question d’importance cruciale qui mérite une analyse poussée.  Il a également mis l’accent sur le partenariat avec des organisations régionales qui, de l’avis de sa délégation, pourrait aider l’ONU à relever les défis sur le terrain.  La coopération entre le Secrétariat, les pays fournisseurs de contingents et le Conseil de sécurité est un autre élément indispensable dans la conduite des opérations de maintien de la paix, a-t-il estimé.  Le représentant a enfin présenté des éléments d’un projet de déclaration pour la commémoration du soixantième anniversaire des opérations de maintien de la paix.


M. LESLIE KOJO CHRISTIAN (Ghana) a assuré que son pays appuyait fermement le programme de réforme du Secrétaire général en vue de renforcer les capacités de l’Organisation dans le domaine du maintien de la paix.  Ce domaine est celui des activités phares des Nations Unies en ce qui concerne la responsabilité de promouvoir la paix et la sécurité internationales.  Le Ghana est fier de fournir des troupes depuis 1960, participant ainsi aux succès de l’Organisation.  Le représentant a constaté la forte pression qui pèse aujourd’hui sur l’ONU en matière de maintien de la paix, alors que ses capacités sont déjà utilisées à plein.  Il faut maintenant savoir reconnaître et examiner les défis cachés, afin d’adopter les mesures adéquates et permettre aux Nations Unies de continuer à exercer de la façon la plus efficace sa noble responsabilité, a-t-il ajouté.  Il a mis l’accent sur l’importance du déploiement rapide des Casques bleus, relevant que la capacité à agir vite est souvent une question de vie ou de mort.  Il a donc appelé les États Membres à faire preuve de souplesse pour arriver à renforcer les capacités du Département des opérations de maintien de la paix, visant en particulier les pays développés dont l’aide peut s’ajouter efficacement à la contribution des pays en développement fournisseurs de contingents.  S’agissant de la sécurité du personnel des missions, il s’est félicité des efforts du Département pour la renforcer.  M. Christian a aussi encouragé le Service intégré de formation à développer des partenariats avec les centres de formation régionaux.  Il a enfin appelé la communauté internationale à renforcer les opérations de maintien de la paix menées par des organisations régionales.


M. TARANJIT SINGH SANDHU (Inde) a déclaré que les opérations de maintien de la paix étaient confrontées à des situations volatiles et peu sûres, ce qui entrave la capacité d’action de l’ONU.  Le représentant a noté que les réformes entreprises pour permettre à l’Organisation de répondre au mieux à l’ampleur du défi, notamment la création du Département d’appui aux missions, devaient encore faire leurs preuves.  Il a souhaité que le Secrétaire général et les États Membres s’inspirent des leçons apprises sur le terrain en vue de faire du maintien de la paix un secteur intégré, efficace et professionnel.  Il a noté que, en ce sens, l’Inde participerait activement à l’examen des propositions portant sur le renforcement du Bureau des affaires militaires et sur le recrutement du personnel de maintien de la paix.  Le représentant a ajouté que sa délégation était attachée à la sécurité de ces derniers, l’ONU devant, de l’avis de sa délégation, accroître sa capacité de collecte d’information et d’évaluation des situations sur place à ce niveau crucial.  Il a également plaidé pour une intensification de la coopération entre le Département de la sûreté et de la sécurité et du Département des opérations de maintien de la paix, ajoutant qu’il est essentiel de s’assurer que les Casques bleus ne sont pas déployés dans des régions qu’ils ne sont pas censés couvrir.  Le représentant de l’Inde a, à son tour, réaffirmé l’attachement de son pays à la politique de tolérance zéro contre les auteurs d’abus sexuels.  Il a, enfin, souhaité que la transparence prévale afin d’assurer une représentation accrue des pays en développement contributeurs de troupes aux postes clefs dans la Division de la Police de l’ONU.


M. MANAR TALEB (République arabe syrienne) a demandé instamment que les mandats des opérations de maintien de la paix n’excèdent pas ceux définis dans les résolutions portant création de ces missions.  Il a plaidé pour le strict respect des principes d’intégrité territoriale et d’indépendance politique consacrés dans la Charte de l’ONU et insisté pour que le déploiement des missions s’effectue avec le consentement des États hôtes.  De l’avis de sa délégation, le respect de ces principes fondamentaux est la condition exigeant que soit préservée la crédibilité de l’ONU.  Il a en outre estimé que la nature évolutive des opérations de maintien de la paix et la demande accrue les concernant ne devraient pas les substituer à un règlement durable des conflits.  C’est aux sources sociales, économiques et politiques des conflits qu’il faut s’attaquer, a-t-il dit, avant de noter que l’augmentation du budget du maintien de la paix dépassait à présent celui du budget ordinaire de l’ONU.  Il nous faut réfléchir sur le sens et les répercussions politiques de cette évolution, a ajouté le représentant, qui a appelé à la tenue d’un dialogue interactif transparent dans le cadre de l’Assemblée générale.  Il a déclaré qu’il était surpris d’entendre la déclaration qu’Israël vient de faire devant le Comité spécial, rappelant que tout le monde se souvient des attaques préméditées d’Israël contre le personnel du maintien de la paix de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).


M. RICHARD MCCURRY (États-Unis) a noté que la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix avait progressé au cours de l’année écoulée, la coordination avec ce Département et le nouveau Département d’appui aux missions devant être renforcée.  Il a souhaité que les ressources consacrées à cet effort soient utilisées le plus efficacement possible.  Il a à cet égard exprimé sa confiance quant au rôle à venir des Équipes opérationnelles intégrées dans ce cadre.  Le représentant des États-Unis a ensuite déclaré que son pays croyait fermement à une approche intégrée pour permettre aux sociétés sortant d’un conflit de reconstruire leurs institutions.  Il a estimé que les Casques bleus avaient un rôle à jouer pour accompagner les phases de transition vers la stabilité en s’appuyant, dans le cadre de stratégies à long terme, sur l’apport des agences de développement.  M. McCurry a appelé le personnel de l’ONU et tous les pays contributeurs de personnel de terrain, à œuvrer de concert pour créer une culture du maintien de la paix basée sur la confiance, la discipline et l’éthique.


M. ALI KHALID MOHAMMED (Soudan) a estimé que l’Organisation des Nations Unies devrait accorder une plus grande attention aux causes des conflits, à la diplomatie préventive et à l’élimination de la pauvreté en Afrique alors que le budget du maintien de la paix a dépassé les 7 milliards de dollars.  Il a rappelé l’importance primordiale des buts et principes des Nations Unies et de ceux qui régissent les opérations de maintien de la paix, notamment l’impartialité, la non-ingérence dans les affaires d’un État et le consentement des parties.  Abordant la résolution portant création de la MINUAD, le représentant a rappelé que la coopération entre les Nations Unies, l’Union africaine et le Soudan se renforce et a assuré que son pays avait fourni toute l’assistance nécessaire au déploiement de cette Mission.  L’Équipe de médiation de l’Union africaine/Nations Unies doit maintenant faire pression sur les rebelles pour qu’ils s’assoient à la table des négociations et fassent progresser le processus politique.  Il s’est félicité du Mémorandum d’accord au sujet de la répression des actes d’exploitation sexuelle dont, a-t-il dit, son pays a été victime dans le sud.


M. SAINIVALATI S. NAVOTI (Fidji) a salué les progrès enregistrés sur la voie de la paix au Libéria et au Timor-Leste.  Il a noté que son pays avait contribué à ces succès à travers les efforts engagés par ses personnels militaire et de police présents dans la MINULet laMINUT.  Au sujet de la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix, le représentant a souhaité que les discussions approfondies qui auront lieu au cours des prochaines semaines de la session du Comité spécial portent leurs fruits.  Il a regretté que l’examen du volet relatif à la police civile ait peu progressé depuis deux ans, l’unité concernée manquant toujours de personnel à même d’appliquer pleinement et efficacement le mandat élargi des opérations de maintien de la paix.


M. FRANCIS K. BUTAGIRA (Ouganda) a estimé que trois défis se posaient aux Nations Unies à l’heure actuelle, à savoir fournir un plein appui aux 18 missions en cours et garantir que les deux nouvelles missions –la MINUAD et la MINURCAT- soient planifiées, équipées et déployées dans les temps grâce à la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix et au fonctionnement du nouveau Département d’appui aux missions.  Le rapport du Secrétaire général, a souligné le représentant, est un élément essentiel de notre effort commun.  Le personnel du maintien de la paix doit avoir accès à des activités et programmes de loisir.  Le représentant a aussi insisté sur une meilleure coordination avec les pays contributeurs de troupes.  Il a aussi insisté sur la contribution au maintien de la paix faite par les organisations régionales, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.


M. ALFRED NDABARASA (Rwanda) a déclaré que depuis quelques années, son pays faisait partie d’opérations de maintien de la paix en Côte d’Ivoire, en Haïti, au Libéria et au Soudan.  Il a noté qu’en dépit des traumatismes passés, son peuple se consacrait « de son mieux et avec ses moyens » au maintien de la paix, guidé par la conviction que cet effort relève de la responsabilité collective de prévenir le retour de tout acte génocidaire ou de meurtre de masse.  Le représentant a indiqué qu’il faudrait renforcer l’appui aux opérations de l’ONU pour leur permettre d’honorer leur mandat.  Il a notamment souligné la nécessité de renforcer les capacités de ces opérations complexes et exigeantes par le biais de stratégies intégrées de formation des personnels de terrain.  À cet égard, il a déclaré que la recommandation du Secrétaire général d’augmenter la participation des femmes dans les missions de la paix de l’ONU était positive.  Il a ensuite appelé l’Organisation à promouvoir plus avant la paix et la sécurité internationales.


M. ZACHARY MUBURI-MUITA (Kenya) a appuyé les efforts du Secrétaire général pour créer des partenariats avec les organisations régionales comme l’Union africaine et a rappelé que son pays abritait le siège de la Brigade de réserve de l’Afrique de l’Est, avait mis en place un centre de formation international à la paix, accueille le Centre régional sur les petites armes ainsi que le Centre régional de gestion des catastrophes.  Le Kenya, pays contributeur de troupes, estime que le taux de remboursement n’est pas en accord avec les réalités économiques, a indiqué son représentant.  Il s’est donc félicité de la tenue récente du Groupe de travail sur les équipements.  Rappelant que Nairobi accueille aussi le Centre de déminage, il a demandé une harmonisation des barèmes de rémunération entre deux catégories de démineurs qui disposent des mêmes qualifications.  Le représentant a aussi soutenu le Mémorandum d’accord sur la répression des actes d’exploitation sexuelle.  Sa délégation, préoccupée par les restrictions imposées aux mouvements des membres de la MINUEE du côté érythréen, appuie la décision de rapatrier les troupes dans leur pays d’origine temporairement, a assuré M. Muburi-Muita.


M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a rappelé que son pays était le septième contributeur de contingents pour les opérations et missions de maintien de la paix des Nations Unies.  Il s’est félicité des progrès réalisés dans le domaine de la consolidation de la paix mais a déploré les faibles avancées de l’ONU au Darfour, au Tchad et en République centrafricaine.  Il n’y a pas pour l’heure de solution viable vers une sortie de crise dans ces pays, a-t-il dit.  Appelant ensuite à une meilleure planification des ressources humaines, de la formation des personnels de terrain et à une simplification des règlements à ce niveau, le représentant a plaidé pour que les vues des principaux contributeurs soient prises en considération.  Cela doit être le cas, par exemple, lors des nominations à des postes hiérarchiques au Secrétariat.  Le représentant de l’Uruguay a ensuite attiré à son tour l’attention sur la question du remboursement aux pays fournisseurs de contingents.  Le retard dans les versements considérés correspond pour l’Uruguay à un montant de 44 millions de dollars, a-t-il précisé, déplorant que ce retard résulte du non-paiement par certains membres permanents du Conseil de sécurité de leurs contributions budgétaires.  Ce comportement va à l’encontre du déploiement normal des opérations de la paix et entame la volonté politique des autres pays contributeurs de troupes, a-t-il encore dit.  Le représentant a appelé les États débiteurs à honorer leurs engagements.  Enfin, il a fait sienne la proposition du Secrétaire général d’unifier les comptes des opérations de la paix de l’ONU.


M. JORGE BALLESTERO (Costa Rica) a déclaré que le Mémorandum d’accord sur la répression des actes d’exploitation sexuelle était une source de grande satisfaction, notant que la politique de tolérance zéro y était renforcée sous l’angle de l’assistance aux victimes, de la solidarité et de la responsabilité morale.  Le Comité spécial est le seul organe de l’Assemblée générale qui procède à un examen complet des opérations de maintien de la paix.  Mais, a estimé le représentant, le Comité spécial devrait revoir comment s’acquitter de son mandat efficacement dans la mesure où il doit disposer à la fois de l’expérience civile et militaire.  Nous sommes convaincus que l’Assemblée générale, par le biais du Comité spécial, peut et doit avoir une influence positive sur la réalisation de l’objectif commun qui est de promouvoir la paix et la sécurité internationales.  Le représentant a aussi souhaité un partenariat plus étroit entre le Secrétariat, le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes.  S’agissant de la réforme du secteur de la sécurité, il a appelé à adopter une approche prudente et plus pragmatique.


M. NEGASH KEBRET BOTORA (Éthiopie) a souhaité que davantage soit fait dans le recrutement du personnel de gestion dans les opérations de maintien de la paix.  Saluant l’établissement d’une Équipe opérationnelle intégrée au Darfour, il a ensuite souhaité qu’au cours de la présente session du Comité spécial, des éclaircissements soient apportés sur les éventuelles interactions entre les autres équipes de ce type, le Département des opérations de maintien de la paix, le Département d’appui aux missions, les services chargés de la sécurité et les pays contributeurs de troupes.  Le représentant a poursuivi son intervention en exprimant sa profonde préoccupation devant la multiplication des menaces qui pèsent sur la sécurité des personnels de terrain et de leurs locaux.  Il a souhaité que l’ONU, en particulier le Conseil de sécurité, trouve une réponse déterminée et cohérente à cette situation « inacceptable ».  Il a estimé que la sécurisation des opérations était la condition de leur succès et de la restauration de la crédibilité des Nations Unies.  Le représentant a en outre appelé le Conseil de sécurité à renforcer son appui à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et lui permettre d’accompagner sa transition vers le format de force de maintien de la paix.  Il a fondé l’espoir que la collaboration entre l’Union africaine et les Nations Unies restera vitale pour la stabilité et la sécurité dans la région de la corne de l’Afrique. 


M. PAUL GOA ZOUMANIGUI (Guinée) a rappelé que la création en 1992 du Département des opérations de maintien de la paix et l’évaluation de ses activités lancée en 2000 procèdent de l’appui à la croissance des opérations et de l’amélioration de leur efficacité.  Nous nous félicitons de la réforme en cours, compte tenu de la complexité des nouvelles missions telles que la MINUAD et la MINURCAT.  Nous apprécions les efforts déployés par le Groupe de travail sur le maintien de la paix et soulignons l’importance des six principes fondamentaux identifiés.  Le représentant a insisté sur la nécessité de parvenir à une répartition géographique équitable et à la parité entre les sexes lors du recrutement.  Il s’est félicité de la mise en place des Équipes opérationnelles intégrées qui sont, de l’avis de sa délégation, essentielles à la chaîne de commandement.  Il faudra procéder à une évaluation de leurs activités en vue de prendre des mesures correctives, a-t-il ajouté.  Le représentant s’est également dit préoccupé par la sécurité du personnel et a rendu hommage au personnel des Nations Unies et au personnel associé pour leur courage et leur dévouement.  Sa délégation, a-t-il dit, appuie pleinement la stratégie de tolérance zéro face aux délits sexuels ainsi que le Mémorandum d’accord sur la répression des actes d’exploitation sexuelle.  Les questions liées à la doctrine, aux ressources et aux partenariats exigent des consultations approfondies, a estimé le représentant. 


Mme CAROLINE ZIADE (Liban) a déclaré que, pour ce qui est de la réforme du secteur de la sécurité, le rôle des Nations Unies devrait être redéfini à la faveur notamment d’une réflexion sur la relation entre les pays hôtes et l’ONU.  Elle a également souhaité que soit précisé le principe de responsabilité des pays qui lancent des attaques contre le personnel du maintien de la paix.  La représentante a ensuite indiqué que le Liban entretenait avec le Département des opérations de maintien de la paix une relation particulière, remontant à 1949 et, plus tard, à la création de la FINUL, consécutive à l’invasion du Sud-Liban par Israël.  La représentante a souligné le rôle de la FINUL dans la réduction des tensions dans une région « complexe ».  Elle a estimé que la Force avait d’autant plus de mérite, compte tenu des attaques dont elle a été l’objet, à Cana en 1996 et lors de la guerre de l’été 2006.  La FINUL est un modèle de coopération entre pays contributeurs du Nord et du Sud, a encore dit la représentante, saluant l’apport vital de la Cellule militaire stratégique pour assurer l’appui logistique continu à la FINUL.  Déplorant les violations « quasi quotidiennes » de l’espace libanais par les forces israéliennes que condamne le Secrétaire général, la représentante a par ailleurs stigmatisé le comportement d’Israël, qui, a-t-elle expliqué, refuse de livrer tout renseignement sur l’emplacement de milliers de bombes à sous-minutions larguées pendant le conflit de 2006.  Elle a estimé que ces agissements relevaient de manquements flagrants à la responsabilité des États d’assurer la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé.


Mme CRISTINA PELLANDINI, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a indiqué qu’au cours de ces dernières années, le CICR avait partagé ses observations avec les autorités compétentes en matière de maintien de la paix et les pays contributeurs de contingents, insistant particulièrement sur la nécessité pour les Casques bleus de respecter le droit international humanitaire.  Le CICR a répété à maintes reprises que l’application du droit international humanitaire était déterminée sur la base des faits sur le terrain, et non pas en fonction du mandat d’une opération de maintien de la paix et du statut juridique des parties qui s’opposent aux Casques bleus.  Dans ce contexte, le CICR accueille favorablement l’engagement en faveur du droit international humanitaire contenu dans le document intitulé « Opérations de maintien de la paix des Nations Unies: directives et principes ».  Elle a souhaité que ce document demande que des mesures soient prises pour garantir le respect de l’action du CICR, conformément au mandat qui lui est conféré par la communauté des États, y compris un plein accès à tous les individus aux mains des Nations Unies.  Avant de conclure, elle a insisté sur la nécessité de préserver la neutralité de l’action humanitaire. 


Droits de réponse


Le représentant de la Fédération de Russie a réagi à la déclaration de la Géorgie, soulignant que les propos tenus ne relevaient pas de la compétence du Comité spécial.  Notre action en matière de prévention des conflits est appuyée par les Nations Unies, comme en attestent les résolutions du Conseil de sécurité pertinentes.  Les contingents russes servent partout où ils sont déployés pour la paix et la restauration de la stabilité dans les régions visées. 


Le représentant de la Géorgie a fait observer que la situation sur le terrain avait beaucoup changé depuis le début du conflit.  Il a regretté que le dialogue politique entre les parties soit au point mort.  Il a en outre réaffirmé ses propos selon lesquels le retour des réfugiés dans le district de l’Abkhazie ne concernait, 15 ans après le déploiement de la Mission d’observation des Nations Unies, que quelques personnes. 


Le représentant d’Israël a déploré que le représentant syrien ait décidé de faire perdre du temps au Comité spécial en l’« inondant » d’arguments maintes fois entendus dans d’autres instances de l’ONU.  Au lieu de saluer les efforts de maintien de la paix de l’Organisation, dont son pays profite, il a choisi de calomnier de nouveau Israël en entachant le débat du Comité spécial de déclarations politiques.  Le représentant s’est dit honoré qu’Israël soit devenu un membre du Comité spécial cette année, ajoutant que sa délégation œuvrerait à la réalisation des objectifs de cet instrument.


Le représentant de la République arabe syrienne a qualifié de mensonges et d’allégations la campagne « désespérée » menée par Israël à l’ONU et ailleurs pour faire abstraction des crimes quotidiens qu’il commet contre le peuple palestinien depuis 1947.  Il a ensuite égrené les actes « prémédités » d’Israël contre le personnel de l’ONU sur le terrain et rappelé que les cinq opérations de maintien de la paix déployées dans sa région l’avaient été à cause des agissements d’Israël.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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