ASSEMBLÉE: SERGEY LAVROV DONNE UN COURS MAGISTRAL DE RELATIONS INTERNATIONALES POUR JUSTIFIER L’INDEPENDANCE DE L’OSSÉTIE DU SUD ET DE L’ABKHAZIE
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Assemblée générale
Soixante-troisième session
13e et 14e séances plénières
Matin et après-midi
ASSEMBLÉE: SERGEY LAVROV DONNE UN COURS MAGISTRAL DE RELATIONS INTERNATIONALES POUR JUSTIFIER L’INDEPENDANCE DE L’OSSÉTIE DU SUD ET DE L’ABKHAZIE
C’est à un cours magistral de relations internationales que l’Assemblée générale a eu droit, cet après-midi, de la part du Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie qui a déclaré: « La reconnaissance de l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie par la Fédération de Russie était la seule mesure susceptible de garantir la sécurité et la survie même de leurs peuples ».
À l’avant-dernier jour du débat général auquel ont participé une trentaine d’orateurs, M. Sergey Lavrov a estimé que le monde avait irrémédiablement changé. La coalition antiterroriste qui s’était formée sur les cendres du 11 septembre 2001 a implosé à la suite du lancement, « sous de fallacieux prétextes », d’une guerre en Iraq. « Une profonde crise en a résulté et elle est bien loin d’être résolue », a asséné le Ministre.
Car selon lui, en lieu et place d’une coalition véritable, les mécanismes d’un monde unipolaire ont commencé à être appliqués par une seule puissance et l’élan de solidarité initialement encouragé par la mobilisation contre le terrorisme s’est en quelque sorte « privatisé ».
L’illusion que le monde était devenu unipolaire a alimenté la confusion chez certains États Membres, qui, en échange d’une loyauté totale, ont cru pouvoir tout se permettre. Ainsi, a dit le Ministre, en est-il allé de l’agression lancée le 8 août dernier contre l’Ossétie du Sud, « que mon pays a dû aider pour protéger ses citoyens et honorer ses engagements de maintien de la paix ».
Souhaitant que le Plan Medvedev-Sarkozy soit strictement appliqué par toutes les parties, M. Lavrov s’est dit toutefois inquiet « des tentatives visant à le réécrire post factum selon le bon vouloir de Tbilissi ». « Nous ne pouvons plus tolérer de nouvelles tentatives de résolution des conflits en bafouant des accords internationaux ou en procédant à un recours illégal à la force. Si de telles situations ne sont pas maîtrisées, nous courons le risque d’une réaction en chaîne », a mis en garde le Chef de la diplomatie russe.
Ces derniers propos ont été repris mot pour mot par le Ministre des affaires étrangères de la République tchèque. Karel Schwarzenberg a assimilé l’« agression militaire » dont a été victime la Géorgie et le démembrement de son territoire, aux agissements d’une puissance coloniale. Il a également exprimé son inquiétude devant la crise de confiance dans laquelle est entrée l’architecture de sécurité euro-atlantique à la suite de ce conflit.
C’est également à une lecture pessimiste de l’évolution de la situation mondiale à laquelle s’est livré le Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC). Pak Uli Chun a dénoncé les alliances militaires stratégiques des États-Unis dans la péninsule coréenne et les mesures prises pour imposer à son pays une inspection unilatérale des installations nucléaires, au mépris des engagements qu’il a pris en matière de dénucléarisation. Il a également fait état d’une dégradation des relations avec la République de Corée depuis l’arrivée au pouvoir d’un nouveau Gouvernement.
Reprenant à son compte l’idée d’une « approche internationale unifiée » contre le terrorisme évoquée par Sergey Lavrov, le Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, Abdelwaheb Abdallah, a réitéré l’appel de son Président à organiser une conférence internationale destinée à élaborer un code de conduite dans la lutte contre le terrorisme auquel toutes les parties se conformeraient.
La République islamique d’Iran, le Japon, les Émirats arabes unis et la République populaire démocratique de Corée ont exercé leur droit de réponse.
Outre ceux déjà cités, les États Membres suivants ont participé au débat général de la journée: Viet Nam, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Pérou, Égypte, Azerbaïdjan, Belgique, République arabe syrienne, Oman, Kazakhstan, Émirats arabes unis, Bahreïn, Algérie, Gambie, Mali, Roumanie, Hongrie, Zambie, Lesotho, Indonésie, Monaco, Grèce, Ouzbékistan, Togo, Trinité-et-Tobago, Uruguay et Malaisie.
L’Assemblée générale conclura son débat général lundi 29 septembre, à 9 heures.
SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA SOIXANTE-TROISIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Déclarations
M. PHAM GIA KHIEM, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a déclaré que tandis que la paix, la coopération et le développement ont continué à prévaloir, le monde a été confronté à des développements complexes au cours de l’année écoulée. Il a ainsi cité la persistance de certains conflits, alors que de nouvelles tensions ont éclaté, notamment dans les Balkans et le Caucase. En outre, le monde fait aujourd’hui face à de graves crises alimentaire, énergétique et financière ainsi qu’aux défis que posent les changements climatiques. « Plus que jamais les États sont appelés à promouvoir le dialogue et la coopération pour relever ces défis », a-t-il déclaré. Il a soutenu les efforts pour mettre fin à la violence en Afghanistan et en Iraq. Il a également souhaité que des progrès soient réalisés pour régler, par des moyens pacifiques, la question nucléaire dans la péninsule coréenne et en Iran. Le Vice-Premier Ministre a aussi appuyé les efforts du Quatuor et de la Ligue des États arabes notamment, pour trouver une solution durable à la crise au Moyen-Orient, qui repose sur le respect des droits inaliénables du peuple palestinien à disposer de son propre État.
Face au constat de la complexité des défis mondiaux actuels, M. Khiem a jugé essentiel de renforcer la coopération internationale. Il a précisé que les pays développés devraient prendre des mesures pour assurer la stabilité de leur système économique et financier, respecter leurs engagements pour améliorer les relations économiques, renforcer le commerce, alléger la dette et transférer les technologies. Soulignant le rôle crucial de l’ONU dans le contexte international actuel, il a soutenu que l’Organisation devrait être renforcée et démocratisée pour qu’elle soit plus efficace. Il a rappelé que le Viet Nam était un des pays pilotes de l’initiative « Une ONU » et a espéré que son expérience serait utile à d’autres pays bénéficiaires d’aide et au processus de réforme de l’ONU. Le Viet Nam appuie fermement la feuille de route de Bali, qui vise à établir un cadre juridique pour la coopération internationale afin de faire face aux changements climatiques après 2012. En dépit des catastrophes naturelles et des épidémies, le Viet Nam honore ses engagements pour assurer ses exportations de riz à hauteur de 4 millions de tonnes par an.
Le Vice-Premier Ministre a par ailleurs fait remarquer qu’en 2008 le Viet Nam avait, pour la première fois, assumé les responsabilités de membre non permanent du Conseil de sécurité. Il a exprimé le souhait de son pays de contribuer davantage au maintien de la paix et de la sécurité, précisant que son pays avait participé au travail du Conseil de manière responsable et constructive. Il a réaffirmé que son pays continuera à respecter les principes consacrés dans la Charte de l’ONU, en travaillant avec les autres membres du Conseil de sécurité, pour trouver des solutions dans l’intérêt de la paix internationale et de tous les pays et parties concernées.
M. PUKA TEMU, Vice-Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a déclaré que les Nations Unies devraient être réformées, dans tous les domaines, afin que l’architecture internationale soit plus robuste, plus responsable et efficace, en vue, notamment, de prendre en compte dans les politiques nationales les femmes, les jeunes et les enfants. Il a estimé que le système « Une ONU » doit être mis en place de manière plus significative afin de renforcer les priorités de développement de chacun de ses Membres.
M. Temu a affirmé que son pays soutenait la réforme du Conseil de sécurité, à la fois pour les membres permanents et non permanents. Plusieurs pays émergents doivent se voir accorder un statut permanent au Conseil afin de mieux refléter le monde d’aujourd’hui, a-t-il ajouté.
Le Vice-Premier Ministre a souligné l’importance des effets des changements climatiques, qui continuent de menacer l’existence des petites îles. Pour beaucoup d’entre elles, les changements climatiques et la hausse du niveau des mers sont des questions de sécurité menaçant leur survie même. Il a appelé la communauté internationale à agir d’urgence afin d’assurer la sécurité et le bien-être des petits États insulaires en développement.
Le Vice-Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a assuré que son pays souhaitait la paix et la prospérité aux pays voisins. Conformément aux engagements pris dans le cadre du Forum des îles du Pacifique, il a affirmé que son pays encourageait fortement Fidji à rétablir la démocratie parlementaire en préparant et en organisant des élections en 2009. Il a également estimé que les circonstances propres à chaque pays devaient être prises en compte pour que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) soient appliqués de manière efficace. Il a jugé que les 33 années de démocratie constitutionnelle ininterrompue qu’a célébrées la Papouasie-Nouvelle-Guinée le 16 septembre, et la croissance économique stable enregistrée au cours des cinq dernières années permettaient la mise en place d’un plan sur le long terme pour le développement de son pays. Son gouvernement s’est fixé 15 objectifs et 67 indicateurs pour la réalisation des OMD, a-t-il dit.
M. Temu a jugé que l’environnement ne devrait pas être vu comme une « externalité » et a souligné l’importance de la lutte contre la déforestation. Les populations qui dépendent des forêts doivent trouver d’autres moyens de subsistance, a-t-il expliqué. Le Vice-Premier Ministre a ajouté que les dirigeants mondiaux doivent repenser la théorie économique et réinventer les marchés mondiaux pour un avenir durable. Il a conclu en appelant à repenser les systèmes de valeurs du monde afin de transformer l’importance accordée à l’environnement et créer des richesses pour les populations rurales.
M. JOSÉ ANTONIO GARCÍA BELAUNDE, Ministre des affaires étrangères du Pérou, a expliqué que son pays avait été touché de plein fouet par la hausse des prix des denrées alimentaires et du carburant qui frappe particulièrement les classes les plus pauvres. Des « mesures d’urgence » ont été prises pour rendre cette situation moins douloureuse. « La relation directe entre la pauvreté et la hausse des prix des produits alimentaires doit nous inciter à imaginer des formules nouvelles plus ambitieuses de coopération internationale à la hauteur du problème et qui prennent intégralement en compte toutes les variables de la pauvreté », a souligné M. Belaunde. Le Ministre péruvien des affaires étrangères a ensuite évoqué la crise financière, déclarant que l’on s’attendait à voir de la part des pays développés des réponses et des actions décisives pour soutenir le système et circonscrire la crise. Ces turbulences ne contraindront pas le Pérou à renoncer à sa politique d’investissement dans l’emploi productif, a-t-il assuré, ni à renoncer à sa politique sociale visant à réduire la pauvreté. Cette politique a permis au Pérou de connaître une croissance dépassant les 9% ces dernières années, accompagnée d’une forte augmentation de la consommation intérieure. Ces succès donnent à penser que le Pérou atteindra les Objectifs du Millénaire pour le développement avant même l’échéance de 2015, a souligné son représentant.
Abordant ensuite la question des migrations, le Ministre péruvien des affaires étrangères a déclaré qu’il s’agissait d’un outil de développement, tant pour les pays de départ que pour les pays d’accueil, ainsi qu’au sein des communautés de migrants. M. Belaunde a aussi souligné le rôle central des migrations qui doivent être considérées comme « génératrice d’opportunités d’enrichissement et de progrès, de diversité et de construction d’espaces multiculturels plus tolérants ». Le Ministre a affirmé que l’ONU devrait déployer des efforts supplémentaires pour garantir le respect de droits des migrants et de leurs familles. Le Pérou est très actif à cet égard dans les diverses instances internationales concernées. Il entend contribuer en faveur d’une coopération plus étroite entre les Nations Unies et le Forum mondial sur les migrations et le développement.
Concernant l’environnement, M. Belaunde a expliqué que son pays était le témoin du recul accéléré des glaciers andins qui met en danger l’alimentation en eau des zones les plus peuplées du pays, ainsi que les zones les plus fertiles sur le plan agricole. Le Pérou estime urgent d’avancer dans le sens de la réduction des émissions nocives pour l’environnement, a-t-il indiqué. M. Belaunde a enfin évoqué la participation active de son pays au sein du Conseil de sécurité et au sein des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
M. AHMED ABOUL GHEIT, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a énuméré les nombreux défis auxquels la communauté internationale est confrontée, les crises alimentaire et énergétique, le réchauffement climatique, le ralentissement économique, l’accroissement de la pauvreté ainsi que la capacité collective réduite à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. « Nous devons être conscients que seul un effort international concerté, un diagnostic commun et une attitude unie nous permettront de relever ces défis », a estimé le Ministre égyptien des affaires étrangères. C’est une nouvelle vision et de nouvelles méthodes qu’il faut mettre en œuvre pour résoudre ces difficultés globales, a-t-il estimé, notant que les cadres actuels ont prouvé leurs limites.
Citant l’exemple de la double crise énergétique et alimentaire, le Ministre a souligné la nécessité d’instaurer un dialogue concret entre importateurs et exportateurs d’énergie et de produits alimentaires. C’est le message que le Président égyptien, M. Hosni Moubarak, a adressé lors du récent Sommet africain qui a d’ailleurs conduit à l’adoption de la Déclaration de Charm el-Cheikh, a rappelé le Ministre. L’Égypte, a-t-il ajouté, soutient également l’appel du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, à mettre en œuvre une telle stratégie pour une meilleure efficacité internationale.
Le Ministre a également lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle dresse la liste des États les plus vulnérables face aux changements climatiques, en vue de leur fournir toute l’aide nécessaire, y compris sur un plan technologique et financier. En tant que pays ayant des côtes à faible relief, l’Égypte est convaincue que cela est essentiel.
Exprimant son inquiétude face aux conséquences des fluctuations monétaires et économiques mondiales sur les pays en développement, le Ministre des affaires étrangères a rappelé que son pays agissait, aux côtés de la Norvège, en tant que facilitateur dans les négociations actuelles sur le document final de la Conférence d’examen du Consensus Monterrey sur le financement du développement, qui se tiendra à Doha, au Qatar, à la fin novembre. L’objectif de cette Conférence est de parvenir à remettre à plat tout l’agenda international du développement, en prenant en compte tous les accords trouvés lors des conférences internationales qui se sont déroulées jusque-là.
Stigmatisant le double langage utilisé pour la question des droits de l’homme, le Ministre a regretté que les droits économiques, sociaux et culturels n’obtiennent pas toute l’attention nécessaire. « Le fait d’accorder davantage d’échos aux droits civils et politiques a des répercussions négatives sur bon nombre de nos opinions publiques », a fait observer le Ministre. Pour ces sociétés qui font face à des difficultés économiques, les droits de l’homme constituent un luxe qu’elles ne peuvent pas se permettre. La promotion des droits économiques et sociaux doit devenir une priorité, a déclaré le Ministre, qui a dénoncé le mauvais usage de la liberté d’expression pour inciter à la haine religieuse. Il faut examiner cette question sans passion et en toute objectivité, a estimé le Ministre, qui s’est par ailleurs dit troublé par les tensions culturelles qui existent dans le monde, preuve de la polarisation entre culture et croyance.
S’exprimant ensuite sur le thème de la sécurité, le Ministre a évoqué le conflit israélo-arabe. Des membres éminents de la communauté internationale sont trop passifs lorsqu’il s’agit d’Israël qui menace la paix au Moyen-Orient, a déploré le Ministre. Il a rappelé les efforts constants entrepris par son pays pour permettre aux Palestiniens de faire reconnaître leur vœu constant de vivre dans un véritable État palestinien dont Jérusalem-Est serait la capitale. « C’est d’une véritable volonté politique d’Israël dont nous avons besoin », a déclaré le Ministre, qui n’a pas caché son scepticisme face à la réelle volonté d’Israël d’avancer sur ce point. La question des règlements n’avance guère, les colonies de peuplement continuent de croître, a observé le Ministre, qui a fait allusion ensuite aux progrès enregistrés en Iraq. Passant à la difficile situation au Darfour, le Ministre a rappelé la participation de son pays aux négociations et aux opérations de paix.
M. MOCTAR OUANE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali, a jugé que la soixante-troisième session de l’Assemblée générale des Nations Unies s’est ouverte « opportunément » sur le thème de l’impact de la crise alimentaire sur la pauvreté et la faim dans le monde. Elle intervient dans un contexte international difficile, marqué par la conjonction des crises alimentaire et énergétique, a-t-il ajouté. M. Ouane a indiqué que le Mali a fait de la lutte contre la pauvreté et la vie chère une priorité, notamment en suspendant temporairement les droits de douane et de taxes sur les produits de base tels que le riz, la farine ou encore le lait, et en accordant une subvention pour le gaz, les hydrocarbures et les intrants agricoles. Le Mali a la volonté de parvenir à la souveraineté alimentaire et de devenir une puissance agricole à moyen terme, en faisant de l’agriculture le principal levier de sa stratégie de croissance accélérée, a-t-il déclaré. Le Gouvernement du Mali a également élaboré une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté, par le biais d’un Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) et d’un Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (CSCRP) pour la période 2007-2011, a-t-il noté. Un Projet de développement économique et social (PDES) a par ailleurs été adopté.
Au sujet de la prévention des conflits et de leur règlement par des moyens pacifiques, M. Ouane a affirmé que le Mali a choisi la voie du dialogue pour trouver une solution durable à la situation d’insécurité dans le nord-est du pays depuis 2006. Il a indiqué que son pays organisera en octobre 2008, à Bamako, une conférence sur la sécurité, la paix et le développement dans la région sahélo-saharienne. Il a, en outre, salué et encouragé les progrès réalisés dans le règlement des conflits et crises sur le continent africain, notamment en Côte d’Ivoire, au Soudan, en Somalie et dans la région des Grands Lacs.
Soulignant l’importance des effets des changements climatiques, le Ministre malien des affaires étrangères et de la coopération a affirmé que le Mali, qui a ratifié le Protocole de Kyoto, attend avec intérêt d’apporter une contribution utile à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCC), prévue à Copenhague, en décembre 2009. Il a également appelé à redoubler d’efforts pour lutter contre le VIH/sida en vue de la mise en œuvre de la Déclaration d’engagement de 2001, des conclusions des réunions de haut niveau sur le sida et de la dix-septième Conférence internationale sur le sida, tenue à Mexico en août dernier. Par ailleurs, le Ministre a souligné que la situation des pays en développement sans littoral, confrontés à de sérieux handicaps du fait de leur enclavement et de leur éloignement des marchés, constitue un autre défi important pour la communauté internationale. Il a conclu en insistant sur l’importance de la réforme institutionnelle de l’ONU. L’élargissement du Conseil de sécurité, a-t-il précisé, devrait être réalisé pour réparer « l’injustice historique faite à l’Afrique », qui ne dispose pas de siège permanent.
M. ELMAR MAMMADYAROV, Ministre des affaires étrangères de l’Azerbaïdjan, a souligné que les États Membres devraient se conformer à la Charte des Nations Unies en tant qu’instrument unique des relations internationales, la réforme de l’ONU et du Conseil de sécurité devant améliorer encore la crédibilité du système onusien. Il est donc nécessaire pour l’Azerbaïdjan de faire des compromis afin de pouvoir parvenir à une solution acceptable par tous reflétant le caractère universel des Nations Unies en l’adaptant aux nouvelles réalités. Il convient pour cela de renforcer le rôle de l’Assemblée générale en tant qu’organe politique suprême de l’ONU. « Ce n’est qu’en renforçant le mandat de l’Assemblée que nous pouvons régler certaines des questions les plus pressantes auxquelles l’humanité fait face », a expliqué le Ministre azerbaïdjanais des affaires étrangères.
Celui-ci a ensuite évoqué la situation dans le Caucase, « carrefour entre l’Europe et l’Asie », en parlant des « événements inquiétants » survenus en Géorgie et en expliquant la position de son pays sur la question de la sécession du Haut Karabakh. Ces conflits, a-t-il souligné, demeurent une source majeure d’instabilité et l’Azerbaïdjan fait le maximum pour favoriser une diminution de la tension. Concernant le Haut Karabakh, « un cessez-le-feu fragile ne peut être le substitut d’une paix durable dans la région », a-t-il souligné. L’Azerbaïdjan estime que la plate-forme de coopération et de stabilité dans le Caucase, lancée par la Turquie, constitue une bonne base de départ pour construire un système régional de sécurité. « Il est de la plus haute importance que les efforts communs entrepris reposent sur les principes de respect mutuel de l’intégrité territoriale, de la reconnaissance des frontières existantes, de l’égalité et du bon voisinage », a ajouté M. Mammadyarov. « Le préalable pour cela est le retrait des troupes arméniennes des territoires occupés et le rétablissement de la souveraineté pleine et entière de l’Azerbaïdjan. C’est seulement ainsi que l’on pourra ouvrir la voie de la paix et de la prospérité économique pour toute la région », a souligné le Ministre. Celui-ci a précisé que la résolution du conflit dans le Haut Karabakh demeurait en tête des priorités de son pays. Il s’est félicité que l’Assemblée générale l’ait appuyé dans sa résolution A/RES/62/243.
Après avoir souligné, par ailleurs, la réussite économique de l’Azerbaïdjan, qui connaît l’une des croissances les plus élevées au monde, avec un taux de 18% pour les neuf premiers mois de 2008, le Ministre a souligné la participation active de son pays au sein du Conseil des droits de l’homme. « Il est de notre devoir commun et de notre responsabilité de s’assurer que cette institution réponde aux attentes placées en elle et qu’elle devienne réellement une institution objective, vigoureuse et crédible des droits de l’homme universels ».
M. KAREL DE GUCHT, Ministre des affaires étrangères de la Belgique, a prôné une coopération étroite et un multilatéralisme renforcé pour répondre aux défis actuels que sont la crise financière et le conflit entre la Fédération de Russie et la Géorgie. La stabilisation des marchés financiers par des mesures volontaristes pourra bénéficier non seulement aux banques et à leurs employés mais également aux entrepreneurs, consommateurs et citoyens du monde entier, a expliqué le Ministre. Il a particulièrement insisté sur le sort des pays en développement déjà lourdement touchés par l’augmentation brutale des prix des produits agricoles et énergétiques et qui, de ce fait, sont moins bien armés que d’autres pour supporter le resserrement des conditions de crédit. Une meilleure règlementation des marchés financiers et l’élaboration de normes de discipline s’imposent, a observé le Ministre, citant notamment la question des « short selling » et des « hedge funds ». De l’avis du Ministre, les pays développés ont le devoir d’être les pionniers d’une meilleure organisation du monde financier.
Le Ministre belge des affaires étrangères a ensuite lancé un appel pour que les puissances économiques émergentes telles que le Brésil, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud bénéficient d’échanges à la fois ouverts et équitables, pour continuer à développer leurs économies sans pour autant déséquilibrer les fondements du commerce international. Il faut retrouver la volonté politique constructive nécessaire pour relancer les négociations commerciales de Doha, a-t-il estimé. C’est également au niveau mondial qu’il faut réagir pour tenter de trouver des réponses aux défis posés par la crise alimentaire, a poursuivi le Ministre, qui a insisté sur l’importance de conclure en décembre 2009, les négociations pour un accord mondial sur le climat, conformément aux engagements de Bali. La meilleure répartition des fruits de la croissance est une responsabilité mondiale. Les OMD doivent rester notre ligne directrice principale. Dans ce cadre, la Conférence d’examen du processus de Monterrey prévue à Doha à la fin novembre est cruciale, a rappelé le Ministre, dont le pays poursuit l’objectif de consacrer 0,7% de son PIB à l’aide au développement dès 2010. Le Ministre a également souhaité que la question des ressources naturelles soit abordée lors de cette soixante-troisième session de l’Assemblée générale. Les ressources naturelles peuvent constituer un atout majeur de développement pour sortir une population de la misère, à la condition d’une exploitation transparente de ces ressources naturelles.
Sans vouloir remettre en cause la notion de souveraineté, le Ministre a expliqué que cela ne donnait pas un laissez-passer pour un comportement qui n’a rien à voir avec les valeurs défendues au sein des Nations Unies. La souveraineté doit être une force positive et non une excuse pour ne pas s’acquitter de ses responsabilités et échapper à ses obligations internationales et humanitaires. Sinon, elle devient, un « souverainisme », c'est-à-dire un abus de la souveraineté, a précisé le Ministre, qui a cité de nombreux exemples dont le Myanmar, le Darfour, l’est de la République du Congo et le Zimbabwe. C’est à la communauté internationale d’intervenir lorsque les États ne sont pas capables de protéger leurs sociétés. Il n’y a pas de paix sans justice a poursuivi le Ministre, en abordant la question de l’impunité. Il a soutenu le développement du droit pénal international, réitérant le soutien actif de son pays à la Cour pénale internationale (CPI) dont les premiers procès sont instruits actuellement. C’est dans cet esprit que la Belgique aborde sa participation au Conseil de sécurité depuis deux ans, a rappelé le Ministre, qui a plaidé pour le renouvellement et le renforcement du mandat de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUC). « Nous devons progresser sur la voie d’une approche intégrée et globale des conflits », a estimé le Ministre, qui a salué à ce sujet la création de la Commission de la consolidation de la paix. C’est pourquoi, la Belgique, a-t-il dit, s’y est engagée en assumant la présidence de la Formation pays pour la République centrafricaine. Des progrès importants ont pu être réalisés, mais il reste encore beaucoup à faire, a signalé le Ministre qui, avant de conclure, a appelé la communauté internationale à se souvenir des valeurs incluses dans la Déclaration universelle des droits de l’homme dont le soixantième anniversaire sera fêté le 10 décembre prochain.
M. WALID AL-MOUALEM, Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne, a souligné que le Moyen-Orient était une des régions les plus instables au monde. Il a déclaré que son pays était une part essentielle des solutions recherchées par les populations de la région, en raison de sa situation géographique et des aspirations de son peuple. Il a rappelé que le Président de la Syrie, M. Bashar al-Assad, avait convoqué un sommet à Damas avec le Président de la France, l’Émir du Qatar et le Premier Ministre de la Turquie, démontrant ainsi son choix stratégique pour une paix juste et globale et sa détermination à y parvenir en coopération avec les partenaires régionaux et internationaux qui partagent sa vision. S’interrogeant sur ce qu’avait accompli le processus entamé à Annapolis, il a noté que son pays avait néanmoins entrepris des négociations indirectes avec Israël, avec la médiation de la Turquie. « Nous voulions que ces négociations établissent la voie pour des négociations directes qui seraient parrainées par plusieurs parties internationales », a-t-il ajouté. Toutefois, il a indiqué qu’il faudrait qu’Israël fasse preuve d’une véritable volonté politique en faveur de la paix et que les États-Unis replacent la situation au Moyen-Orient au cœur de leurs priorités.
En Iraq, État voisin de la Syrie, a rappelé le Ministre, il faudrait préserver, entre autres, l’unité du peuple, l’intégrité territoriale de ce pays et s’abstenir d’intervenir dans ses affaires internes. Il a déclaré que la solution en Iraq devrait commencer par un processus de réconciliation nationale fondée sur le respect de la volonté de tous les Iraquiens. Il a réitéré la nécessité du retrait des troupes étrangères, en accord avec le Gouvernement iraquien. Par ailleurs, il a regretté que l’invasion américaine de 2003 ait obligé de nombreux Iraquiens à fuir leur pays. Rappelant que la Syrie était un des pays d’accueil de ces réfugiés, il a espéré une amélioration de la situation en matière de sécurité qui permettrait leur retour.
S’agissant du Liban, M. Al-Moualem s’est félicité de l’élection consensuelle d’un président et de l’établissement d’un gouvernement d’unité nationale. « En dépit de déclarations infondées affirmant le contraire, nous avons et continuons à appuyer l’assistance apportée aux Libanais pour qu’ils parviennent à des solutions consensuelles, basées sur le dialogue et l’unité nationale », a-t-il insisté. Il a relevé que les deux pays avaient décidé d’établir des relations diplomatiques et de reprendre les travaux de la Commission de démarcation de la frontière libano-syrienne.
Concernant la question du Soudan, le Ministre a appelé le Conseil de sécurité à suspendre la décision du Procureur de la Cour pénale internationale, afin de créer les conditions propices à la mise en œuvre de l’initiative approuvée par le Conseil de la Ligue des États arabes, le 9 août dernier. Il a rappelé que cette initiative demandait l’établissement d’un comité ministériel arabe, présidé par le Qatar, et qui superviserait des pourparlers de paix entre le Gouvernement soudanais et les groupes armés au Darfour, en coopération avec le Médiateur conjoint de l’Union africaine et des Nations Unies et le Représentant spécial des Nations Unies.
M. Al-Moualem a ensuite indiqué qu’il faudrait parvenir à une compréhension politique de la question nucléaire iranienne, ajoutant que ce pays avait souligné son intention d’utiliser cette énergie à des fins pacifiques. Face au terrorisme, il a souligné la nécessité d’adopter une approche qui traite des causes profondes de ce phénomène. Il a estimé que le fait d’accuser, pour des raisons politiques, des pays d’encourager le terrorisme était une tentative désespérée pour justifier l’échec de l’approche actuellement en vigueur. Enfin, il a affirmé que les tentatives d’isolement étaient toujours vouées à l’échec et a affirmé que la paix et la stabilité dans le monde passaient par le respect de la démocratie et la prise en compte des intérêts de tous les États.
M. SAYYID BADR BIN HAMAD ALBUSAIDI, Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères d’Oman, a souligné l’importance d’un renforcement de la coordination et de la coopération des États avec les institutions internationales, afin de renforcer leur rôle et de parvenir à la justice, la sécurité, la paix, et la stabilité dans le monde. Il a estimé que la préservation de l’environnement était une priorité au niveau international. Il a salué l’adoption de l’Agenda 21, lors du Sommet de la Terre sur l’environnement et le développement de Rio de Janeiro en 1992, et de la feuille de route lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Bali, en 2007. Il a jugé important de soutenir la recherche scientifique pour établir des politiques garantissant le développement durable. Il a dit espérer que la prochaine Conférence sur l’environnement et le développement de Copenhague aboutirait à des recommandations concrètes et applicables.
Sur le plan économique, M. Albusaidi a estimé que le système commercial international actuel devrait prendre en compte les transformations économiques et l’émergence de nouvelles entités, afin de maintenir l’équilibre de l’économie mondiale et d’intégrer les besoins des pays en développement. Il a ainsi déclaré que les grands pays industrialisés devraient alléger les restrictions sur les exportations des pays en développement, et partager les technologies et les mécanismes commerciaux, ainsi que les avancées en termes d’éducation et de recherche scientifique. Il a souligné que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) devrait jouer un rôle plus actif. Il a estimé que les prochaines négociations souhaitées par le Directeur général de l’OMC, M. Pascal Lamy, devraient être basées sur les règlements de l’organisation.
Le Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères d’Oman a également exhorté la communauté internationale à intensifier ses efforts pour contraindre Israël à assumer ses responsabilités vis-à-vis des Palestiniens. Il a estimé que la paix au Proche-Orient, qu’il a jugée inévitable, ne pourrait se faire sans le rétablissement des droits légitimes du peuple palestinien, au premier rang desquels le droit à vivre en sécurité sur leur terre, dans le cadre d’un État indépendant aux frontières internationalement reconnues. Il a, par ailleurs, appelé toutes les parties libanaises à appliquer l’Accord de Doha afin de préserver les intérêts supérieurs de la population libanaise. Il a émis l’espoir que les efforts du Gouvernement de l’Iraq et de tous les pouvoirs politiques, permettraient de poursuivre l’amélioration relative de la sécurité dans ce pays et de parvenir à un accord national capable de rassembler toutes les composantes de la société iraquienne. Il a en outre appelé la communauté internationale à soutenir les mesures prises par le Gouvernement du Soudan, en coopération avec l’Union africaine et la Ligue des États arabes, pour établir la paix et la stabilité au Darfour. Enfin, M. Albusaidi a invité toutes les parties de la Somalie à cesser les combats dans ce pays et a souhaité qu’elles appliquent l’Accord conclu à Djibouti le 9 juin 2008. Il a également encouragé les négociations entre l’Iran et d’autres pays sur le dossier nucléaire. Ces pourparlers doivent parvenir à un accord garantissant le droit de l’Iran à disposer de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, tout en éliminant toutes les craintes concernant le programme nucléaire iranien, a-t-il souligné.
M. MARAT TAZHIN, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a constaté que la mondialisation, tout en offrant de nouvelles possibilités à l’économie mondiale et au développement humain, avait aussi pour conséquence de provoquer une nouvelle compétition mondiale sur les plans politique et économique. Il est impératif, a-t-il ajouté, d’empêcher que les intérêts des peuples et des pays ne soient sacrifiés au profit de cette compétition. À la lumière de « complexités et de heurts récents, il est urgent, a-t-il noté, de préserver les principes fondamentaux du droit international, dont celui de l’intégrité territoriale. Il est essentiel d’éviter la politique des « deux poids deux mesures » dans la mise en œuvre de ce principe ». Malgré les efforts entrepris, « le monde ne devient pas plus sûr », a-t-il fait remarquer.
Le Ministre a estimé qu’il faudrait admettre qu’il n’y a pas de consensus sur les questions de désarmement et de non-prolifération. Paradoxalement, le rôle du facteur nucléaire, loin de décroître, devient à l’inverse de plus en plus important. Le Kazakhstan craint que le monde ne soit au seuil d’une nouvelle phase dans la course aux armements à un niveau technologique plus élevé. « L’histoire pourrait bien se répéter si nous n’en tirons pas les enseignements nécessaires ». Par conséquent, le désarmement nucléaire et le renforcement des régimes de non-prolifération doivent devenir une priorité inconditionnelle s’imposant à tous, a-t-il souligné. Le Kazakhstan, pays qui a renoncé volontairement au quatrième arsenal nucléaire au monde, est convaincu qu’il est absolument impérieux de mettre au point de nouveaux mécanismes permettant d’adapter le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) aux nouvelles réalités. Il a donc appelé les États Membres à faire preuve de célérité à cet égard afin que le Traité d’interdiction des essais nucléaires (TICE) puisse exercer son plein effet et que son mécanisme de vérification soit renforcé.
Par ailleurs, M. Tazhin a fait part de la profonde préoccupation de son pays au sujet de la situation en Afghanistan. Apportant tout l’appui nécessaire à la coalition internationale antiterroriste, il estime que le meilleur moyen de normaliser la situation est d’accroître les efforts de la communauté internationale en faveur de la reconstruction pacifique de l’Afghanistan.
S’agissant des sujets le concernant étroitement tels que les catastrophes écologiques de la mer d’Aral et du polygone nucléaire de Semipalatinsk, le Kazakhstan est reconnaissant de l’assistance internationale qu’il reçoit pour sauver ces régions et demande qu’elle se poursuive, a indiqué son Ministre, avant d’appeler à l’adoption des projets de résolution sur ces deux régions qui vont être discutés lors de la soixante-troisième session de l’Assemblée générale. Le Kazakhstan, a-t-il ajouté, estime que les besoins particuliers des pays enclavés devraient être pleinement pris en compte dans la lignée du Programme d’action d’Almaty.
Après avoir mentionné le rôle joué par son pays dans les forums internationaux, particulièrement ceux contribuant au dialogue des civilisations, le Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan a conclu son intervention en citant un ancien proverbe oriental: « Entre un homme qui creuse un trou et celui qui le remplit, il devrait toujours y en avoir un troisième prêt à planter un arbre ». Dans le monde d’aujourd’hui, a-t-il constaté, l’ONU joue ce rôle clef en organisant le dialogue et la coopération entre les peuples et les États.
M. MOURAD MEDELCI, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a relevé que les crises dont le monde était témoin ces derniers mois révélaient au grand jour sa « vulnérabilité collective », mais aussi son incapacité à y faire face, ou du moins à réduire leur impact dévastateur, en particulier, sur les catégories de populations qui vivent déjà dans des conditions de précarité intolérables. « Comme toujours, et parce que l’ordre mondial est fondé sur le déséquilibre, ce sont les pays en développement qui en ont payé le prix fort », a-t-il précisé. Il a ajouté que les conséquences induites par les changements climatiques et la crise alimentaire avaient précipité dans l’extrême pauvreté des millions de personnes, éloignant un peu plus pour de nombreux pays les perspectives de réalisations des Objectifs du Millénaire pour le développement.
M. Medelci a jugé nécessaire que les institutions financières et économiques internationales assument convenablement leur rôle en engageant, le cas échéant, les réformes nécessaires, sans exiger des pays en développement de souscrire à des engagements incompatibles avec leurs objectifs de développement. Par ailleurs, pour lutter efficacement contre le terrorisme, il a souligné l’importance et l’urgence d’adopter le projet de convention générale sur la lutte contre le terrorisme. La future convention devrait avoir pour vocation essentielle de conférer à la lutte antiterroriste un contenu et une portée à la mesure des menaces avérées ou latentes, tout en évitant toute disposition ou stipulation qui aurait pour effet de porter atteinte à la lutte légitime des peuples pour recouvrer leur liberté, ou de jeter le discrédit sur une communauté religieuse en particulier.
S’agissant de l’Organisation des Nations Unies, M. Medelci a souhaité que sa réforme se poursuive et soit complétée par celle du Conseil de sécurité, par un élargissement équitable de sa composante, la démocratisation de ses prises de décision et l’amélioration de ses procédures de travail.
Le Ministre algérien des affaires étrangères a fait part des efforts de son pays pour préserver la stabilité et la sécurité de la région. Ainsi, il a mis en avant son travail pour relancer l’Union du Maghreb arabe sur des bases saines, solides et durables qui tiennent compte de l’intérêt de tous les peuples de la région. Il a déclaré que l’Algérie continuera à faire « tous les efforts visant à trouver une solution au conflit au Sahara occidental qui soit juste, durable et conforme à la légalité internationale et qui permette au peuple sahraoui d’exercer pleinement son droit inaliénable à l’autodétermination ». Il a estimé indispensable de préserver et d’encourager la dynamique créée par le processus de Manhasset et a appelé le Secrétaire général à réunir les conditions propices à la tenue, dans les meilleurs délais, du « cinquième round » de ce processus.
Se réjouissant des développements positifs au Liban, le Ministre a cependant rappelé que le Moyen-Orient ne connaîtra pas la paix sans le règlement de la question palestinienne, qui passe par le recouvrement des droits nationaux et historique de ce peuple. En ce qui concerne l’Afrique, il s’est félicité des « mutations prometteuses » de ce continent dans le domaine de la paix. Toutefois, il a regretté que l’appui et l’engagement des partenaires demeurent en deçà des objectifs convenus. En outre, Il a estimé qu’il faudrait « se garder de toute action de nature à contrarier les efforts de paix en cours ou à porter atteinte à l’unité du Soudan ». Tout en appelant à encourager le processus politique, il a appuyé la demande au Conseil de sécurité de geler la décision du Procureur de la Cour pénale internationale. Enfin, il a salué la voie tracée par l’Union africaine au Zimbabwe et a appuyé les efforts de l’Afrique pour régler la crise somalienne.
CHEIKHKHALID BIN AHMED BIN MOHAMED AL-KHALIFA, Ministre des affaires étrangères du Bahreïn, a rappelé que les crises alimentaire, énergétique et financière, l’environnement et les catastrophes naturelles rendaient la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement difficile pour de nombreux pays. Il faut donc une réponse urgente et efficace de la communauté internationale, a-t-il indiqué. Insistant sur la question des catastrophes, il a affirmé qu’il faudrait intégrer le concept de réduction des risques dans les plans de développement. Il a indiqué que son pays appuyait pleinement le Rapport mondial d’évaluation sur la réduction des risques liés aux catastrophes, et attendait sa publication en mai 2009. De plus, il a espéré que toutes les parties reconnaîtraient qu’il est urgent de répondre à la question des changements climatiques et qu’un accord global et efficace résulterait de la Conférence de Copenhague en 2009.
Concernant la question de l’énergie, le Ministre a indiqué que les diverses sources énergétiques devraient bénéficier d’une approche globale et a suggéré l’établissement d’une organisation énergétique mondiale. Il a estimé que cela permettrait d’apporter une perspective internationale commune pour déterminer le rôle et l’usage des hydrocarbures, de l’énergie nucléaire, des énergies renouvelables et de trouver des solutions novatrices pour réduire la pollution et les émissions de gaz à effet de serre. Il a en outre précisé que l’usage pacifique de l’énergie nucléaire devrait se faire au sein d’un régime renforcé de non-prolifération.
S’agissant de la crise actuelle du système financier international, M. Al-Khalifa a souhaité que soient établis des nouvelles règles transparentes basées sur les intérêts de tous les États Membres et un cadre pour prévenir de futures crises. Il a aussi souhaité que l’ONU soit réformée pour mieux répondre aux défis auxquels fait face la communauté internationale. Il a proposé notamment d’élaborer des accords collectifs de sécurité qui tiennent compte des efforts entrepris dans ce domaine, tout en garantissant le respect des frontières existantes et de l’intégrité des États. Compte tenu des diverses formes de terrorisme, il a demandé que tous les aspects soient pris en compte dans la définition du terrorisme afin de le combattre efficacement.
Le Ministre a ensuite souligné la nécessité de parvenir à un règlement juste et durable de la question palestinienne, appelant au retrait du le Golan syrien occupé et des territoires libanais restants. Cela requiert aussi la fin des incursions israéliennes au Liban, a-t-il ajouté. Il a également insisté sur la nécessité de revoir et réévaluer la perspective régionale au Moyen-Orient et d’envisager la possibilité de développer de nouveaux cadres régionaux pour résoudre les défis persistants. Il a notamment proposé d’organiser une réunion à laquelle participeraient tous les États du Moyen-Orient, sans exception, pour discuter de ces questions de manière ouverte et franche. Enfin, M. Al-Khalifa a souligné les efforts de son pays en faveur du renforcement des institutions démocratiques, des réformes politiques et de la promotion et protection des droits de l’homme.
M. OMAR A. TOURAY, Ministre des affaires étrangères de la Gambie, a constaté que la légitimité du multilatéralisme, fondement des Nations Unies, était de plus en plus remise en question. Aucune réforme de l’ONU ne sera complète sans la réforme du Conseil de sécurité. Or, celle-ci reste enlisée sans aucune raison valable, ce qui est une frustration pour les citoyens du monde, a-t-il ajouté. On ne peut ignorer les revendications légitimes des peuples africains d’être représentés au Conseil de sécurité, a-t-il souligné. Trop de réunions de haut niveau répétitives, trop d’engagements non tenus se multiplient, a-t-il fait remarquer. « On nous demande d’éliminer les subventions alors que nos partenaires du Nord continuent de subventionner massivement leur agriculture », a constaté M. Touray. Évoquant l’effondrement des marchés agricoles des pays en développement, ainsi que l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations sur le commerce mondial, le Ministre gambien des affaires étrangères a souligné que le seul remède était que chacun honore ses engagements. Concernant la crise de l’énergie, il a rappelé que celle-ci exerçait une tension extrême sur les économies des pays en développement.
Par ailleurs, M. Touray a estimé que l’Afrique était entrée dans une phase d’espérance grâce à la résolution d’un certain nombre de conflits, l’une des pierres angulaires de la diplomatie de la Gambie étant la recherche de la paix et de la sécurité. Après avoir effectué un tour d’horizon des conflits encore en cours dans le monde, celui du Moyen-Orient en particulier, M. Omar Touray a pris longuement la défense de Taiwan en s’interrogeant sur ce qui justifiait l’exclusion de l’île dans les instances des Nations Unies. Il a souligné que la sauvegarde des intérêts des 23 millions de Taiwanais devrait être garantie en vertu du principe de l’universalité. Le Ministre s’est élevé par ailleurs contre la poursuite du blocus de Cuba, en estimant que rien ne le justifiait.
Concernant un certain nombre de questions sanitaires et sociales, le Ministre des affaires étrangères de la Gambie a déploré la fuite des personnels de santé vers les pays avancés. Faisant référence à la migration des jeunes Africains vers les pays développés, il a appelé les États d’accueil à agir de manière plus nette pour stopper la montée de l’intolérance, de la xénophobie et du racisme.
CHEIKH ABDULLAH BIN ZAYED AL NAHYAN, Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis, a affirmé que son pays avait accompli des progrès importants dans plusieurs domaines, tels que l’amélioration de la représentation des femmes au sein du Gouvernement et du Parlement, et le renforcement de leur rôle et de leur participation dans le marché du travail. Plusieurs lois nationales sont également en cours d’élaboration, a-t-il ajouté, concernant la préservation des droits de l’homme, le bien-être des personnes dans le besoin ou la lutte contre le trafic des êtres humains.
Soulignant l’importance des questions environnementales, le Ministre a cité l’exemple du lancement cette année, en collaboration avec le Fonds mondiale pour la nature (WWF), du projet de Masdar, une ville alimentée en totalité par des énergies propres et qui sera la première ville au monde à ne produire aucune émission de carbone. Il a indiqué que son gouvernement avait distribué 2 millions de tonnes de blé au Yémen, à la Syrie et à l’Égypte, à destination des populations affectées par la hausse du prix des denrées alimentaires. Il a également fait part des inquiétudes des Émirats arabes unis face aux répercussions de la crise financière actuelle, affirmant que cette question nécessitait la mise en place urgente d’un système international commun qui contribuerait à l’élaboration de règles de régulation des marchés à la fois transparentes et respectées.
Le Ministre a appelé la communauté internationale à exhorter l’Iran à se retirer des trois îles revendiquées par les Émirats arabes unis, les îles d’Abou Moussa, et de Grande et Petite Tunb. Il a affirmé que ces îles étaient occupées par l’Iran depuis 1971 et a estimé que cette question devrait être résolue par des négociations directes ou par un recours à la Cour internationale de Justice (CIJ).
Par ailleurs, Cheikh Abdullah Bin Zayed Al Nahyan a jugé que le Moyen-Orient et le golfe Arabo-Persique devraient être débarrassés des armes de destruction massive. À cet égard, il a estimé qu’Israël devrait placer ses capacités nucléaires dans le cadre fixé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et signer le Traité de non-prolifération nucléaire. Il a appelé l’Iran à poursuivre sa collaboration avec l’AIEA et la communauté internationale, tout en soulignant l’importance d’une approche politique et diplomatique permettant une solution pacifique au dossier du programme nucléaire iranien. Il a également rappelé le droit de tous les pays à développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Le programme nucléaire des Émirats arabes unis est, à ce titre, un modèle de transparence, a-t-il estimé.
Le Ministre a indiqué que son gouvernement continuera à soutenir tous les efforts régionaux et internationaux pour aider l’Iraq et son peuple. Il a émis l’espoir que l’élimination de la dette de l’Iraq envers les Émirats arabes unis, et de ses intérêts, qu’il a estimés à un montant total de plus de 7 milliards de dollars, et la réouverture de l’ambassade de son pays à Bagdad contribueront au développement économique et au renforcement du processus politique. Ce processus, a-t-il souligné, exige que les Iraquiens renoncent à la violence, s’engagent à œuvrer en faveur de l’unité nationale, de la stabilité et de la souveraineté du pays, et à préserver leur identité arabe.
Il a conclu en souhaitant attirer l’attention de la communauté internationale sur ce qu’il a qualifié de « manque d’intérêt d’Israël dans les négociations » pour la paix au Proche-Orient. Il a appelé la communauté internationale, et en particulier le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Quatuor pour la paix au Proche-Orient, à faire pression sur Israël pour qu’il lève le « siège » imposé au peuple palestinien, et qu’il applique les résolutions de l’ONU concernant les implantations de colonies de peuplement et l’occupation des territoires arabes annexés depuis 1967, notamment Jérusalem et le plateau du Golan. De telles initiatives garantiraient la création d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale, ainsi que la sécurité d’Israël, a-t-il jugé.
M. LAZĂR COMĂNESCU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie,a estimé que c’était collectivement que la communauté internationale devrait répondre aux défis posés par les changements climatiques et les crises énergétique et alimentaire mondiales. Abordant la question de la revitalisation de l’Assemblée générale des Nations Unies, de la réforme du Conseil de sécurité et de la cohérence du système des Nations Unies, le Ministre roumain des affaires étrangères a souligné combien la responsabilité de tous était grande. La réforme du Conseil de sécurité doit prendre en compte les aspirations légitimes de tous les groupes régionaux qui cherchent à créer une instance plus représentative, plus légitime, transparente et efficace, a préconisé le Ministre. La Roumanie est prête à soutenir une nouvelle fois le Bureau régional européen qui fonctionne avec succès dans les Balkans occidentaux et la zone de la mer Noire, a ajouté le Ministre, qui a salué la coopération qui existe entre l’ONU et les organisations régionales et « transrégionales ». Cette coopération telle qu’elle a fonctionné dans les crises récentes au Darfour, au Kenya ou au Zimbabwe est encourageante. Face aux crises diverses secouant le monde, et face aux menaces du terrorisme, la seule réponse est une coopération internationale renouvelée, a poursuivi le Ministre, qui a rappelé que son pays avait proposé l’adoption, en l’an 2000, d’une résolution définissant les fondements de la démocratie. Saluant le dévouement du personnel des Nations Unies déployé dans les opérations de maintien de la paix dans différentes régions du monde, le Ministre a fait remarquer que des progrès avaient été enregistrés en Iraq et en Afghanistan.
C’est sous la présidence roumaine, a-t-il ensuite expliqué, que le Conseil des droits de l’homme a commencé l’Examen périodique universel, permettant l’examen de 32 rapports, y compris celui sur la Roumanie. Il a également réaffirmé le soutien de son pays aux populations dans le besoin, dont les Soudanais, les Palestiniens, les Afghans, les Congolais et les personnes déplacées de force à travers le monde. La Roumanie, a-t-il annoncé, se prépare à ouvrir un centre d’accueil destiné à des réfugiés en danger dans leur pays, en attente d’installation dans des pays tiers. Il a ensuite insisté sur la nécessaire prévention des conflits, sur la répression des crimes et sur l’importance de la justice. Il incombe aux États de protéger leurs populations, a déclaré le Ministre, dont le pays s’apprête par ailleurs à accueillir en mars prochain le troisième Sommet mondial des procureurs généraux, organisé en partenariat avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
S’agissant du récent conflit entre la Fédération de Russie et la Géorgie, le Ministre a expliqué que c’était la conséquence inévitable de situations anciennes non réglées qui continuent de représenter une menace sous-jacente pour la communauté internationale. Cela devrait lui servir de leçon et notamment l’inciter à ne pas se détourner des conflits latents, notamment en Trandsniestrie et dans le Haut Karabakh, a averti le Ministre. Il a demandé aux Nations Unies de s’investir comme il se doit dans cette cause, et notamment dans la stabilisation de la région de la mer Noire. Les pays côtiers ont également besoin d’aide pour traiter de problèmes de pollution, de migration illégale, de criminalité organisée et du trafic de drogue, a encore souligné le Ministre.
S’agissant du désarmement, de la non-prolifération et de la lutte contre le terrorisme, la Roumanie a toujours fait preuve de bonne volonté, a indiqué le Ministre. Avant de conclure, il a souligné que l’ONU était une organisation incontestablement indispensable et qu’il incombait à chaque État Membre d’œuvrer pour en faire une Organisation plus pragmatique.
Mme AЇCHATOU MINDAOUDOU, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine du Niger, a indiqué que son pays avait pris d’importantes mesures spécifiques pour faire face à la flambée des prix des produits de première nécessité. Mais ces mesures ne peuvent remplacer la mise en œuvre de solutions durables parmi lesquelles s’inscrivent les trois programmes présentés à la Conférence de Doha sur la consolidation de l’autosuffisance alimentaire en juin 2007. Évoquant la crise financière internationale dans les pays développés et la crise alimentaire dans les pays en développement, Mme Mindaoudou a rappelé que les pays les plus pauvres étaient « toujours ceux qui payaient le plus lourd tribut aux turbulences de ce monde globalisé ». Le Niger appuie les propositions de la France en faveur d’une conférence internationale sur la crise financière actuelle.
Concernant des problèmes tels que le terrorisme et le trafic de stupéfiant, « le Niger est particulièrement préoccupé par ce trafic de drogue et d’armes, notamment les mines, dans toute la bande sahélo-saharienne. Il est en effet la cause véritable de l’insécurité prévalant dans la partie nord de son territoire », a indiqué la Ministre. Son pays estime nécessaire que soit mise en œuvre « une coopération volontariste encore plus poussée dans ce domaine », en direction en particulier des pays en conflit ou sortant des conflits. Mme Mindaoudou s’est réjouie notamment de la remise en route du processus de paix et de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire.
Après avoir fait un tour d’horizon des conflits dans le monde, en particulier en Somalie et au Moyen-Orient, la Ministre a noté que « les différentes dynamiques de paix observées ici et là ne sauraient être concluantes sans l’établissement préalable de mesures de confiance. Elle a souligné que le désarmement et l’éradication du commerce illicite des armes légères demeuraient « des solutions irremplaçables, en particulier pour les pays les plus pauvres qui payent un lourd tribut dans des conflits alimentés par les armes légères et de petit calibre ». C’est la raison pour laquelle le Niger déplore l’échec de la dernière session de la Commission du désarmement.
Concernant les Objectifs du Millénaire pour le développement, la Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Niger a rendu hommage au Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, pour avoir créé le Groupe de pilotage pour la réalisation des OMD en Afrique. Par ailleurs, le Niger place de grands espoirs en la Conférence d’examen de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, qui se tiendra à Doha à la fin du mois de novembre prochain, a indiqué la Ministre. Son pays, a-t-elle ajouté avant de conclure, souligne la nécessité d’une réforme véritable du système des Nations Unies.
Estimant que le 11 septembre 2001, le monde a changé, M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, s’est rallié au combat contre la menace de la terreur que l’on connaît tous et qui n’a pas de frontière. Le monde a fait preuve d’une solidarité sans précédent en rejetant les anciennes phobies et stéréotypes. La coalition antiterroriste globale devient une nouvelle réalité qui, dès lors, va définir le développement de relations internationales sans politique de deux poids deux mesures.
La cohésion face à la menace meurtrière d’Al-Qaïda et d’autres éléments « terroristes internationaux » a d’abord rendu possible un certain succès. Mais les problèmes n’ont fait que croître ultérieurement. En effet, s’est expliqué le Ministre, l’effondrement « douloureux » de l’unité est survenu avec la guerre en Iraq qui a été lancée sous le prétexte fallacieux de la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Le droit international a été bafoué, a accusé le Ministre. Une profonde crise a été ainsi créée, de manière artificielle, et elle est bien loin d’être résolue.
Le Chef de la diplomatie russe a aussi souligné que les questions se multiplient sur ce qui se passe en Afghanistan. Quel est le prix acceptable en termes de pertes parmi les civils dans une opération antiterroriste? Qui décide du critère de proportionnalité dans le recours à la force? Et pourquoi les contingents internationaux ne veulent-ils pas s’engager dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, qui occasionnent chaque fois plus de souffrances dans les pays d’Asie centrale et d’Europe?
Ces facteurs et d’autres donnent à penser que la coalition antiterroriste fait face à une crise. En y regardant de près, a-t-il précisé, cette coalition semble ne pas avoir de mécanismes collectifs tels que l’égalité entre ses membres dans la prise de décision en matière de stratégies, et particulièrement, de tactiques opérationnelles. Au lieu de la coopération véritable qui était nécessaire pour faire face à la nouvelle situation qui est née après le 11 septembre, les mécanismes destinés à un monde unipolaire ont commencé à être utilisés, de sorte que toutes les décisions étaient prises par un seul centre et le reste n’avait plus qu’à suivre. La solidarité encouragée par la vague de la lutte antiterroriste s’est en quelque sorte « privatisée », a-t-il estimé.
L’inertie de l’idéologie unipolaire mondiale s’est également manifestée dans d’autres sphères de la vie internationale, comme les armes de destruction massive et la militarisation de l’espace. L’illusion d’un monde unipolaire a répandu la confusion chez certain. En échange d’une loyauté totale, ils se sont attendus à avoir carte blanche pour résoudre leurs problèmes par tous les moyens. Le syndrome du « tout permis » s’est répandu voire est devenu tout à fait incontrôlable, dans la nuit du 8 août avec l’agression lancée contre l’Ossétie du Sud. Le bombardement de la ville de Tskhinval, le massacre de civils et des soldats de la paix ont foulé tous les accords, mettant ainsi fin à l’intégrité territoriale de la Géorgie, a ajouté M. Lavrov.
Mon pays, a-t-il dit, a aidé l’Ossétie du Sud à repousser l’agression et a fait son devoir de protéger ses citoyens et d’honorer ses engagements de maintien de la paix. La reconnaissance de l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie par la Fédération de Russie était la seule mesure susceptible de garantir leur sécurité et la survie même de leurs peuples. L’avenir des peuples de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud a été sécurisé grâce aux traités entre Moscou et Tskhinval et Sukhum. Avec la mise en œuvre du Plan Medvedev-Sarkozy et au solide engagement de la Fédération Russie, a encore déclaré M. Lavrov, la situation autour des deux républiques va désormais être stabilisée.
Il a émis le désir que ce plan soit strictement appliqué par toutes les parties et s’est dit inquiet, toutefois, des tentatives visant à le réécrire post factum selon le bon vouloir de Tbilissi. Nous ne pouvons plus tolérer de nouvelles tentatives de résolution des conflits en bafouant des accords internationaux ou par l’usage illégal de la force. Si de telles situations ne sont pas maîtrisées, nous courons le risque d’une réaction en chaîne, a mis en garde le Chef de la diplomatie russe.
L’architecture de sécurité actuelle en Europe n’a pas résisté au test des derniers évènements. Les tentatives de l’ajuster aux règles d’un monde unipolaire ont conduit à une situation où cette architecture s’est avérée incapable de contenir l’agresseur ou de prévenir l’acheminement d’armes offensives, en violation des codes de conduite existants. Le Ministre a donc rappelé la proposition de son Président de développer un traité sur la sécurité européenne, une sorte d’Helsinki-2.
M. ABDELWAHEB ABDALLAH, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a fait observer que le rôle des Nations Unies est crucial pour répondre aux problèmes majeurs actuels et pour faire en sorte que les relations internationales soient plus équilibrées et plus solidaires. Soulignant que le monde a connu récemment des problèmes économiques sérieux qui menacent la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, il a estimé impératif d’intensifier les efforts internationaux en adoptant des stratégies qui soient basées sur les « nobles dimensions humanistes de la solidarité mondiale ». À ce sujet, il a relevé l’importance que les institutions financières internationales et les autres organisations spécialisées dans l’économie et le commerce établissent et mettent en œuvre des politiques agricoles qui garantissent de la nourriture pour tous. Il a en outre insisté sur l’importance d’intensifier les efforts en vue de l’opérationnalisation du Fonds de solidarité mondial créé par l’Assemblée générale en 2002.
Le Ministre a par ailleurs fait remarquer que l’intensification des actions terroristes dans le monde renforce l’urgence de définir une approche internationale unifiée pour y faire face. Il a réitéré l’appel de son Président pour l’organisation d’une conférence internationale destinée à élaborer un code de conduite dans la lutte contre le terrorisme auquel toutes les parties se conformeraient. S’intéressant ensuite aux grands défis que posent les changements climatiques, il a rappelé la nécessité de mobiliser les ressources financières nécessaires pour la promotion de la recherche en matière de météorologie et de développement de systèmes d’alerte rapides en cas de catastrophes naturelles. Ces mesures, a-t-il précisé, devraient venir s’ajouter aux engagements pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
D’autre part, réitérant son soutien à la cause du peuple palestinien, M. Abdallah a appelé la communauté internationale, en général, et le Quatuor, en particulier, à accroître leurs efforts pour amener Israël à mettre un terme à ses pratiques agressives et ses colonies de peuplement. Il s’est également inquiété de la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire en Iraq et souhaité que la communauté internationale intervienne également pour aider le peuple iraquien à retrouver sécurité et stabilité. S’intéressant plus particulièrement à son pays, il a expliqué que la Tunisie continue de développer des relations politiques avec des pays frères.
À cet égard, il s’est dit convaincu que l’Union du Maghreb arabe joue un rôle stratégique crucial pour l’ensemble des peuples de la région. La Tunisie souhaite également promouvoir une action arabe conjointe et cherche à renforcer sa coopération avec les pays africains frères, a-t-il ajouté. Il a en outre dit que son pays attache une grande importance à ses relations avec l’Union européenne. Il a assuré que la construction d’une coopération dans la région méditerranéenne reste une priorité pour la Tunisie, se félicitant par là de l’initiative de la France de créer une Union pour la Méditerranée.
Mme KINGA GÖNCZ, Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, a indiqué que la position géographique de son pays, ainsi que son expérience dans les domaines de la démocratie, de la bonne gouvernance, de la promotion de l’état de droit et des droits de l’homme, de désarmement et de non-prolifération, vont servir de base à la contribution du pays aux travaux de l’ONU. Elle a ajouté que la Hongrie augmente progressivement son aide publique au développement et estimant que les Nations Unies doivent être en première ligne des efforts de développement, la Ministre a appuyé le suivi du rapport du Groupe de travail de haut niveau sur la cohérence à l’échelle du système.
Pour s’attaquer aux problèmes posés par les changements climatiques, Mme Göncz a considéré qu’il fallait disposer d’un cadre institutionnel plus efficace. La Hongrie rappelle l’urgence d’agir sur ces questions et espère que les discussions actuellement en cours sur la Convention-cadre et le Protocole de Kyoto vont aboutir à des résultats concrets au cours de l’année à venir. Sur la promotion des droits de l’homme, la Ministre a appelé à faire tout ce qui est possible pour mettre pleinement en œuvre les traités pertinents. Elle a indiqué que la Hongrie a été le deuxième pays à ratifier la Convention sur les droits des personnes handicapées. Nous avons aussi soutenu la création du Conseil des droits de l’homme, a-t-elle ajouté, avant d’indiquer « avec fierté » que c’est une hongroise qui va présider le premier Forum sur les questions des minorités.
Mme Göncz a poursuivi en appelant à l’implication des femmes dans tous les aspects de la coopération internationale. Elle a aussi noté que, malgré les efforts de coopération internationale pour prévenir le génocide et les atrocités commises en masse, on n’avait pas pu empêcher ce genre de crimes. On étudie actuellement la possibilité de créer un centre international pour la prévention du génocide et des crimes de masse à Budapest, a-t-elle indiqué. La Ministre a également rappelé que la conclusion d’une convention générale sur le terrorisme international reste une grande priorité pour son pays, qui soutient le Comité spécial chargé de cette question.
Abordant la question de l’Afghanistan, Mme Göncz a estimé que le rôle de la Mission de l’ONU reste primordial, en particulier pour la préparation des élections à venir. Elle a par ailleurs déclaré que, sans un Kosovo stable, il n’y aura pas de stabilité dans les Balkans. Elle a donc soutenu la présence de la communauté internationale ainsi que la contribution de la Mission État de droit menée par l’Union européenne au Kosovo (EULEX) et de la Force internationale de sécurité au Kosovo (KFOR). La Hongrie soutient aussi les efforts de la communauté internationale pour mettre en œuvre l’accord de paix en Géorgie, a ajouté la Ministre. La Hongrie espère aussi que le processus de paix relancé à Annapolis aboutira à la résolution du conflit israélo-palestinien. Elle a encore regretté que l’Iran refuse de se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité.
M. KABINGA JACUS PANDE, Ministre des affaires étrangères de la Zambie, a remercié la communauté internationale pour les messages de sympathie et de condoléances reçus lors du décès du Président zambien, Levy Patrick Mwanawasa, à Paris le 19 août 2008. Il a indiqué que conformément à la Constitution de la Zambie, des élections présidentielles doivent avoir lieu 90 jours après le décès du Président en exercice. Le Gouvernement a donc fixé les prochaines présidentielles au 30 octobre 2008, a-t-il annoncé, en indiquant que dans un esprit de transparence, de responsabilité et de bonne gouvernance, le Gouvernement zambien a invité des organisations internationales, y compris les Nations Unies, à dépêcher des observateurs pour suivre le déroulement des élections.
Parlant de l’impact de la crise alimentaire mondiale sur la lutte contre la pauvreté et la faim et la nécessité de démocratiser les Nations Unies -thème de la présente session-, il a indiqué que l’examen de ces questions ne pouvait venir plus à propos, d’autant qu’elles concernent les défis auxquels l’Afrique et le monde en développement sont actuellement confrontés. Il a souligné que d’après les estimations, de nombreux pays, en particulier l’Afrique subsaharienne, ne réussiront pas à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement dans les temps impartis. Il a en conséquence invité les États Membres à redoubler d’efforts et à réaffirmer leurs engagements en vue de la réalisation des OMD. Il a rappelé à cet égard, dans le cadre de l’égalité entre les sexes, que les États membres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) ont signé en août 2008, le Protocole pour l’égalité entre les sexes et le développement, le premier du genre en Afrique.
M. Pande a également évoqué les efforts de son pays en matière de prévention, de lutte et de traitement du VIH/sida, qui continue d’être un véritable défi pour la Zambie, en raison de la prévalence élevée dans sa population féminine. La pandémie vole à notre pays ses forces vives et productives, a-t-il commenté. Il a salué les partenariats avec d’autres régions du monde en vue du développement de l’Afrique, en particulier la Conférence internationale de Tokyo pour le développement africain (TICAD) ainsi que le Partenariat Chine-Afrique et Union européenne. Il a émis l’espoir que les décisions prises lors du Forum Inde-Afrique tenu en avril 2008 seront appliquées dans les meilleurs délais. Il a néanmoins souhaité que tous ces partenaires coopèrent davantage dans l’ouverture de leurs marchés aux produits africains et a regretté que les négociations de Doha n’aient pas abouti.
Le Chef de la diplomatie zambienne a également émis le vœu que le Conseil de sécurité prenne en considération l’appel de l’Afrique en faveur de l’obtention de deux sièges permanents en son sein, avec droit de veto, et deux autres sièges non permanents car cela ne fera que corriger l’injustice historique faite à l’Afrique. Parlant de l’Afrique du Nord, M. Pande a souhaité que les populations du Sahara occidental puissent exercer leur droit inaliénable à l’autodétermination, en appuyant les efforts en cours entre les parties concernées en vue d’une solution durable. Le Ministre a rendu hommage à l’ancien Président sud-africain Thabo Mbeki qui s’est positivement acquitté du mandat dont la SADC l’avait chargé dans la crise au Zimbabwe et s’est félicité de la signature de l’Accord interparti du 15 septembre 2008 dans ce pays.
M. MOHLABI K. TSEKOA, Ministre des affaires étrangères et des relations internationales du Lesotho, a considéré que la crise alimentaire pose une grave menace au processus fragile de réalisation des OMD. C’est aussi une source d’instabilité politique dans des pays en développement qui sont particulièrement vulnérables. Le Ministre a rappelé que la Conférence de haut niveau sur les changements climatiques et la bioénergie qui s’est tenue à Rome, en juin dernier, a conclu que, même si les besoins en énergie sont urgents, ils ne doivent pas passer devant la sécurité alimentaire. Toute l’humanité a le droit de s’alimenter et la faim constitue une violation de la dignité humaine, a déclaré M. Tsekoa. Il a regretté que peu de progrès aient encore été accomplis dans la mise en œuvre des engagements internationaux sur la lutte contre la faim, notamment les documents finaux des Sommets mondiaux sur l’alimentation de 1996 et 2002.
Il s’est cependant dit encouragé par la déclaration du G-8 sur la sécurité alimentaire mondiale, qui a été le fruit du Sommet d’Hokkaido. Cette déclaration a souligné l’importance de stimuler la production alimentaire mondiale et d’augmenter les investissements dans l’agriculture. Le Ministre a aussi appelé les autres partenaires de développement à intensifier leurs efforts en vue d’aider les fermiers des pays les moins avancés, notamment en Afrique subsaharienne. M. Tsekoa a également salué la création, par la Banque mondiale en mai 2008, de deux fonds d’investissements internationaux sur le climat, qui doivent permettre aux pays en développement de se développer de façon écologiquement propre et de se protéger face aux effets des changements climatiques.
Le Ministre a ensuite abordé la question de « l’abus du principe de juridiction universelle », dont l’Assemblée de l’Union africaine était saisie par quelques pays qui visaient certains dirigeants africains. Il a réaffirmé ce principe de droit international qui a pour objectif de s’assurer que ceux qui commettent des crimes particulièrement graves, comme le génocide, les crimes de guerre et crimes contre l’humanité, soient traduits en justice. Mais il a souhaité qu’il soit appliqué de façon objective, sans en abuser à des fins politiques. Si un État n’est pas en mesure de poursuivre les auteurs ou s’il ne le veut pas, il y a maintenant la Cour pénale international qui doit être saisie, avec le soutien de tous les États Membres de l’ONU, a rappelé le Ministre.
En ce qui concerne la démocratisation des Nations Unies, M. Tsekoa a souligné l’importance pour le Conseil de sécurité de préserver son intégrité et sa crédibilité. Il a appelé le Conseil à être transparent, responsable devant tous les Membres des Nations Unies, à travailler de façon objective et à se soumettre à l’état de droit. Il doit traiter tous les États Membres de la même façon, a-t-il ajouté. Le Ministre s’est également dit préoccupé par le fait que le Conseil de sécurité traite de questions qui sont du ressort d’autres organes de l’ONU. À certaines occasions, il a interféré dans des questions de politique interne ne posant pas de menace à la paix internationale. M. Tsekoa a enfin salué le Zimbabwe où un Gouvernement d’unité nationale vient d’être créé.
M. HASSAN WIRAJUDA, Ministre des affaires étrangère d’Indonésie, s’est alarmé des prévisions de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), selon lesquelles les prix des denrées alimentaires devraient rester élevés dans les trois à cinq années à venir. Les stocks de riz sont à leur plus bas niveau depuis le milieu des années 1970, a-t-il averti, alors qu’à l’inverse la croissance de la population mondiale explose. Il a souligné que 33 pays affrontent un réel danger de déstabilisation économique et sociale en raison de la faim. Appelant la communauté internationale à réagir de toute urgence, le Ministre a plaidé pour la mise en œuvre d’une nouvelle révolution verte, en particulier en Afrique. L’agriculture doit trouver une place centrale dans les stratégies de développement, a-t-il recommandé, précisant que, pour leur part, les pays développés doivent mettre la production agricole au cœur de leurs programmes d’aide.
Dans ce contexte, le Ministre a tenu à faire part de l’expérience de son pays qui compte 230 millions d’habitants. Il a expliqué que l’Indonésie a largement investi dans la production de riz, en offrant notamment aux paysans des microcrédits et des engrais à des prix abordables. Soulignant l’expérience accumulée en la matière, il a assuré que son pays continuera à en faire profiter d’autres dans un esprit de coopération Sud-Sud. Pour faire face à cette crise alimentaire, il a préconisé que la Banque mondiale et d’autres organes des Nations Unies veillent à aider les gouvernements nationaux à investir plus dans l’agriculture et les infrastructures rurales. Il a également souhaité que soit établi un cadre pour un partenariat global sur la sécurité alimentaire. Les négociations du Cycle de Doha devraient mener à une solution qui soutienne la production agricole, a-t-il ajouté.
Soulignant le lien entre crise alimentaire et culture de biocarburants, M. Wirajuda a également plaidé pour un règlement de la crise énergétique. De surcroît, il a attiré l’attention sur les défis que posent les changements climatiques et préconisé que toutes ces crises soient traitées de concert. Pour ce qui est de l’énergie, il a suggéré d’investir dans des sources énergétiques alternatives. En matière de changements climatiques, la communauté internationale doit adopter un régime post-Kyoto ambitieux, tout en n’attendant pas pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Le Ministre s’est ensuite inquiété que le monde, qui connaît un réchauffement climatique, subisse en même temps un refroidissement des relations politiques, comme en attestent notamment les tensions militaires qui ont récemment eu lieu en Europe de l’Est. Le rêve d’un État palestinien s’effondre; les conflits iraquien et afghan s’enlisent et la question nucléaire iranienne perdure, a-t-il souligné.
M. Wirajuda a également regretté que le Conseil de sécurité ait échoué dans la résolution de cas impliquant des violations des principes d’intégrité territoriale et d’indépendance politique des États. « Tuer les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale, c’est tuer les idéaux qui maintiennent les Nations Unies ensemble », a-t-il averti. Il a souhaité que l’abus du droit de veto ne soit plus autorisé à paralyser le Conseil, puis a plaidé pour la démocratisation de ce dernier, par l’octroi, notamment, d’un siège à un pays membre de la communauté musulmane.
M. FRANCK BIANCHÉRI, Conseiller de gouvernement pour les relations extérieures et pour les affaires économiques et financières internationales de la Principauté de Monaco, a estimé que la communauté internationale ne pouvait se permettre d’échouer dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, et ce malgré la triple crise alimentaire, énergétique et environnementale qui touche sévèrement l’ensemble de la planète. Il faudra, a-t-il préconisé, redoubler d’efforts et poursuivre notre action concertée dans le seul cadre universel qui existe, celui des Nations Unies. Paradoxalement, a remarqué M. Bianchéri, nombre de progrès accomplis ces dernières années pour aider les populations souffrant de la faim et de la malnutrition ont été anéantis par la très forte hausse du prix des denrées alimentaires de première nécessité. Deux milliards d’êtres humains sont gravement menacés, alors que la production céréalière mondiale a atteint un niveau record en 2008, a-t-il informé.
Pour ce qui est de l’aide publique au développement, il a indiqué que le Gouvernement princier mettait tout en œuvre pour atteindre l’objectif de 0,7% du revenu national brut (RNB) en 2015 grâce à une hausse annuelle de 25% de son aide et en ciblant son action sur les pays les moins avancés. En 2008, ce sont ainsi 22 pays qui bénéficient d’un partenariat au développement avec la Principauté, situés majoritairement autour du bassin méditerranéen et en Afrique subsaharienne. Outre ces coopérations bilatérales, Monaco contribue régulièrement à des programmes d’envergure menés par des organisations du système onusien telles que le Programme alimentaire mondial (PAM); le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), dont l’expertise et les structures permettent de secourir au mieux les populations les plus démunies.
Le Conseiller a déclaré que les changements climatiques et les dérèglements qu’ils provoquent ont un impact direct sur la durabilité de nos actions en faveur du développement. La crise climatique, la désertification, la raréfaction des ressources en eau sont, selon M. Bianchéri, autant de causes qui ont aggravé la crise alimentaire. C’est pour cette raison que Monaco s’est investie dans le cadre de l’Année polaire internationale pour attirer l’attention du plus grand nombre sur les conséquences du réchauffement climatique.
C’est aussi à l’initiative de son pays qu’une décision sur le développement durable de la région arctique a été adoptée lors de la dixième session extraordinaire du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), tenue dans la Principauté en février 2008. Monaco accueillera d’ailleurs deux réunions en faveur de cette cause dans les prochains mois, l’une en novembre, organisée par la présidence française de l’Union européenne, et l’autre, organisée par l’Organisation des Nations Unies pour la science, la culture et l’éducation (UNESCO) au début de l’année prochaine. Monaco a adhéré au Traité sur l’Antarctique le 31 mai dernier et le Prince Albert II effectuera une mission scientifique en Antarctique en janvier prochain.
L’évaluation des politiques d’aide publique, l’échange de bonnes pratiques, la complémentarité d’actions d’aide au développement, le partenariat avec le privé, la microfinance, la recherche de sources alternatives de revenus, sont autant d’instruments qui, assortis à la priorité à accorder au rôle central des femmes dans l’économie, nous permettront d’atteindre, dans sept ans, les Objectifs du Millénaire pour le développement, a conclu le responsable monégasque.
M. VLADIMIR NOROV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, s’est montré très préoccupé par l’escalade des confrontations en Afghanistan. Malgré les efforts considérables menés par la communauté internationale et les forces de la coalition pour appuyer le rétablissement de la paix dans ce pays, la situation s’aggrave et les civils perdent la vie. Il a aussi mentionné l’augmentation du trafic de stupéfiants, avec une production d’opium qui atteint 90% de la production mondiale. Ce trafic est une source importante de financement des militants, a-t-il noté. Le problème de ce pays ne peut pas être résolu seulement par le biais des forces armées, a-t-il estimé, sachant que la guerre, qui dure déjà depuis 30 ans, a détruit les infrastructures économiques et sociales et privé la population de toute perspective. Le Ministre a donc proposé d’apporter une aide économique à l’Afghanistan, pour reconstruire les infrastructures sociales et économiques et ainsi permettre à la population de travailler et de sortir de la pauvreté. Il a aussi appelé au respect des valeurs et religions du pays. Il a suggéré de recomposer le Groupe de contact 6 + 2 qui a bien fonctionné au milieu des années 1990 sous les auspices de l’ONU.
Abordant la question de l’utilisation raisonnable des ressources naturelles, le Ministre a cité le cas des fleuves d’Asie centrale qui traversent plusieurs pays. Il a averti des risques d’assèchement de la mer d’Aral, ce qui aurait de graves conséquences pour des millions de personnes vivant dans la région. Il a rappelé que, conformément aux conventions de l’ONU, toute décision relative à l’utilisation de cours d’eaux transfrontières, comme la construction d’installations hydroénergétiques, ne doit pas porter atteinte à l’écologie ni à l’équilibre dans l’utilisation des eaux par tous les pays concernés. M. Norov a encore demandé d’étendre la coopération qui existe entre les Nations Unies et le Fonds international pour sauver la mer d’Aral. Ce Fonds devrait avoir le statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale de l’ONU, a-t-il estimé.
En cette année qui marque le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’Ouzbékistan a aboli la peine de mort, a poursuivi le Ministre. Il a aussi signalé l’adoption d’une loi sur les droits de l’enfant et la ratification de la Convention de l’Organisation internationale du Travail sur l’âge minimum et sur les pires formes de travail des enfants. L’Ouzbékistan a aussi adopté une loi de lutte contre la traite de personnes.
Mme DORA BAKOYANNIS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a déclaré que les Nations Unies devraient être à la pointe du combat en faveur des droits de l’homme et de la réduction de la pauvreté. Après avoir évoqué les efforts menés par son pays dans les domaines de la diffusion de programmes d’adaptation aux effets des changements climatiques et d’initiatives visant à renforcer le statut des travailleurs migrants, Mme Bakoyannis a exhorté tous les États Membres à œuvrer de concert au respect de la dignité humaine. L’ONU a aussi le devoir d’agir pour protéger le monde du fanatisme et l’extrémisme, qui sapent le progrès social, a-t-elle ajouté, estimant que le terrorisme menaçait gravement la sécurité des pays, la stabilité des démocraties et les libertés fondamentales des citoyens. Elle a aussi demandé que la lutte contre ce fléau s’effectue dans les limites de l’état de droit.
La Ministre des affaires étrangères de la Grèce a ensuite évoqué la situation en Ossétie du Sud. Elle a déclaré à cet égard que son pays appuyait l’accord en six points visant à assurer la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays menacés de la région. Pour ce qui concerne l’utilisation du nomdeMacédoine, elle a indiqué que la Grèce, à l’instar de ses partenaires de l’Union européenne et de ses alliés de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), estimait que les invitations adressées à l’ex-République yougoslave de Macédoine devraient être élargies lorsque le différend sur le nom aura été réglé.
Mme Bakoyannis a par ailleurs noté que la réalité nouvelle du Kosovo nécessitait une attention continue de la communauté internationale. S’agissant des relations entre la Grèce et la Turquie, elle s’est dite convaincue qu’une Turquie moderne et dotée d’une véritable orientation européenne contribuerait à la stabilité de la région. Elle a aussi tenu à préciser que les relations de bon voisinage et le règlement pacifique des différends avec les autres pays étaient essentiels. Elle a ainsi indiqué que la Grèce avait toujours soutenu les aspirations naturelles de Chypre de voir le retrait des forces d’occupation de son territoire. Toujours sur cette question, la Ministre grecque des affaires étrangères a salué la reprise des négociations entre le Président de Chypre, M. Dimitris Christofias, et le dirigeant chypriote turc, M. Mehmet Ali Talat, sous les auspices du Secrétaire général de l’ONU. Elle a souhaité notamment que la Turquie fasse preuve de souplesse et de bonne volonté en vue de parvenir à une solution durable du conflit.
M. KOFI ESAW, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Togo, a souligné qu’il est impératif que la communauté internationale continue d’aider l’Afrique à relever les défis auxquels elle est confrontée. Il a également fait remarquer que la lutte contre la pauvreté et le développement durable ne pourront se réaliser sans un commerce plus équitable entre les nations, regrettant à cet égard l’essoufflement du dialogue caractérisé par le récent échec des négociations du Cycle de Doha. M. Esaw a relevé avec préoccupation la flambée du cours du pétrole et des autres matières premières, ainsi que la demande croissante de l’énergie conjuguée aux effets de la crise alimentaire et financière mondiale, avant d’attirer l’attention sur les conséquences catastrophiques que ne manqueront pas d’avoir ces crises. Il a, à cet égard, espéré que le nouveau partenariat établi le 4 juin dernier à Rome, entre l’Alliance pour une révolution verte en Afrique et plusieurs organisations internationales contribuera à apporter une réponse adéquate à la situation de crise alimentaire actuelle.
Rappelant que son pays a subi les conséquences négatives d’une longue crise politique et économique, le Ministre a tenu à souligner que depuis l’accession au pouvoir de M. Gnassingbe, le Gouvernement s’emploie à trouver des solutions aux préoccupations majeures des Togolais, en mettant en œuvre une politique qui repose sur la réconciliation nationale, la réduction de la pauvreté et le renforcement de la démocratie et de l’État de droit.
C’est dans ce contexte, a-t-il expliqué, que le Chef d’État a œuvré à la conclusion, en août 2006, d’un Accord politique global qui a ouvert la voie à la tenue des élections législatives d’octobre 2007. En outre, des consultations nationales ont été lancées en avril 2008, en vue de la création d’une Commission vérité, justice et réconciliation, a ajouté M. Esaw. Il a également indiqué que le Togo, dans sa quête de meilleures stratégies pour lutter contre la corruption et améliorer la bonne gouvernance, a récemment signé un mémorandum d’entente sur le mécanisme africain d’évaluation par les pairs. Le Ministre a ensuite expliqué que ces efforts ont été mis à rude épreuve par les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le Togo en juillet dernier et qui ont occasionné d’innombrables dégâts humains, matériels et financiers. Soulignant que dans l’ensemble la situation du Togo est loin d’être satisfaisante, il a souhaité un soutien plus conséquent.
M. Esaw a par ailleurs affirmé que la diplomatie togolaise s’est investie dans le renforcement de l’amitié et de la coopération entre les États et les peuples. Pour ce qui est de l’Afrique, le Ministre, tout en constatant des « lueurs d’espoir » dans le règlement des crises, a toutefois déploré la situation telle qu’elle persiste dans le Darfour et la Somalie, avant d’appeler les différents protagonistes à faire davantage preuve de courage et de volonté politique pour sortir du cercle vicieux de la violence et donner une chance à la paix.
Mme PAULA GOPEE-SCOON, Ministre des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago, a alerté le Président de l’Assemblée générale sur les changements climatiques et leurs effets néfastes sur les îles des Caraïbes. Elle a souhaité qu’un système d’alerte rapide soit adopté pour prévenir et lutter contre les catastrophes naturelles, tout en soulignant que son gouvernement a déjà mis en place des mesures pour réduire les émissions des gaz à effet de serre.
Mme Gopee-Scoon a ensuite mis en avant les relations entre son pays et le continent africain. L’objectif est de renforcer les stratégies de développement à long terme, a-t-elle expliqué. Plusieurs discussions ont eu lieu entre le Premier Ministre de Trinité-et-Tobago et les représentants de différents États africains.
La Ministre s’est, à son tour, inquiétée de l’augmentation du prix des denrées alimentaires qui risque rapidement de faire des centaines d’affamés et de morts tous les jours. L’éradication de l’extrême pauvreté et de la faim dans le monde est l’un des Objectifs du Millénaire pour le développement. Pour le réaliser, a-t-elle préconisé, il faut que les pays développés se réengagent auprès des pays en développement et en transition et les aident à améliorer leurs pratiques agricoles et de pêche. Citant l’exemple de son pays, elle a expliqué que son gouvernement avait mis en place une agriculture diversifiée.
La Ministre a par ailleurs expliqué la situation qui prévaut dans son pays. Le Gouvernement vient d’adopter une politique de développement et si nous parvenons à réaliser nos objectifs dans les délais prévus, nous devrions devenir un pays industrialisé à l’horizon de 2020, a souligné Mme Gopee-Scoon. La stratégie de développement adoptée va plus loin dans ses objectifs qui sont parfois plus ambitieux que ceux du Millénaire pour le développement. Par exemple, le Gouvernement est composé à 60% par des femmes, a-t-elle précisé.
La Ministre Gopee-Scoon a souhaité que le Consensus de Monterrey, qui sera débattu lors de la Conférence de Doha en novembre prochain, aille plus loin dans ces mesures et notamment dans la mobilisation des ressources. Il faut une cohérence au sein et entre les systèmes internationaux et commerciaux qui doivent travailler au développement et à l’appui de tous.
En conclusion, Mme Gopee-Scoon a expliqué que Trinité-et-Tobago continue de fournir une aide économique aux partenaires de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). Ainsi, Trinité-et-Tobago a porté assistance à ses voisins frappés par les tempêtes dévastatrices. Enfin, la CARICOM a mis en place un programme d’appui au commerce avec une facilité de prêt de 16,5 millions de dollars dont l’objectif est de fournir une assistance à la diversification des économies et à l’amélioration du commerce.
M. GONZALO FERNÁNDEZ, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a demandé une reprise rapide des négociations commerciales du Cycle de Doha pour faire face à la crise alimentaire actuelle et a également plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU.
Au-delà des mesures d’urgence, la crise alimentaire a besoin de solutions à long terme, a affirmé le Ministre uruguayen, qui a lancé un appel à redoubler d’efforts pour renforcer le système multilatéral du commerce et relancer rapidement les négociations au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il a ainsi dénoncé les « distorsions » actuelles dans le commerce agricole international et a appelé à y remédier pour assurer la sécurité alimentaire mondiale et éviter un retour à des pratiques protectionnistes.
M. Fernández a rappelé le soutien de son pays à une réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, dans les catégories des membres permanents et non permanents. Il a cependant souligné l’opposition de son pays à l’adhésion de nouveaux membres avec droit de veto. L’Uruguay s’est opposé à ce droit dès l’époque de la création des Nations Unies, vu qu’il constitue un privilège « incompatible » avec la pleine démocratisation de l’Organisation.
Le Ministre a insisté sur le besoin de mener la lutte contre le terrorisme en respectant l’état de droit et, par conséquent, dans le respect le plus absolu des normes du droit international humanitaire et des droits de l’homme.
À propos de la crise financière, il a souligné qu’elle frappe les pays émergents, même s’ils n’en sont pas à l’origine, compte tenu de la vulnérabilité de leurs économies, dans un monde globalisé. M. Fernández a rappelé l’engagement de l’Uruguay dans les missions de maintien de la paix. Il a précisé que son pays est présent dans 16 des 18 missions de paix de l’ONU, soit l’une des 10 nations apportant le plus grand nombre de troupes et celui ayant la plus grande contribution par tête d’habitant.
M. KAREL SCHWARZENBERG, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a dénoncé les provocations systématiques et finalement l’agression militaire lancée par une grande puissance, membre permanent du Conseil de sécurité, contre son voisin. Cette action était destinée, a-t-il dit, à créer deux petites entités totalement dépendantes de ses structures administratives, économiques et militaires. Les puissances coloniales avaient pour habitude d’agir de la sorte, a rappelé M. Schwarzenberg, avant de revenir sur les propos que son homologue russe, M. Lavrov, a tenus cet après-midi même devant l’Assemblée générale.
Le Ministre russe disait en effet: « Nous ne pouvons plus tolérer de nouvelles tentatives de résolution des conflits en bafouant des accords internationaux ou par l’usage illégal de la force. Si de telles situations ne sont pas maîtrisées, nous courons le risque d’une réaction en chaîne ». Toutefois, s’est demandé M. Schwarzenberg, comment peut-on penser à de nouvelles structures de sécurité euro-atlantiques sans renouveler la confiance qui s’est évanouie au cours des derniers mois?
Après avoir envoyé une aide humanitaire importante, la République tchèque a lancé l’idée d’une conférence internationale en soutien à la Géorgie, qui se tiendra à Bruxelles dans les mois à venir. Le Ministre a appelé la communauté internationale à aider les dizaines de milliers de personnes déplacées par le conflit, ainsi que le pays à entreprendre sa reconstruction postconflit. Nous insistons sur le fait que toutes les personnes déplacées doivent prendre le chemin du retour.
La tâche immédiate, a dit le Ministre, est de veiller à ce que toutes les forces militaires reprennent leur position d’avant le conflit. Il y a un besoin urgent pour le déploiement d’une mission internationale impartiale en Géorgie pour surveiller le retrait militaire et le respect du cessez-le-feu. Le Ministre a ajouté qu’une solution pacifique et durable devait s’appuyer sur le respect inconditionnel des principes de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Géorgie.
Par ailleurs, la coopération entre les Nations Unies, l’Union européenne et l’OTAN doit continuer de se faire au bénéfice de la région des Balkans. À l’avenir, a assuré le Ministre, une Serbie et un Kosovo prospères ont leur place dans la famille européenne et la République tchèque, qui présidera pour la première fois l’Union à partir de janvier 2009, s’est déclarée prête à leur tendre la main.
La récente arrestation de Radovan Karadzic et son transfert au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie est un signe de coopération du nouveau Gouvernement serbe avec la communauté internationale, s’est félicité M. Karel. Enfin, il a assuré que son pays, à la présidence de l’Union européenne, veillera à ce que l’Union respecte ses engagements à augmenter l’aide publique au développement et à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
M. RAIS YATIM, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a estimé que, contrairement à ceux qui affirment que l’actuelle crise alimentaire était un « tsunami silencieux », les signes de cette crise étaient apparents depuis longtemps, notamment en Afrique. Il ainsi rappelé que la communauté internationale s’était déjà réunie à Rome en 1974 pour y répondre. Nous avons clairement failli à prendre en compte la teneur des avertissements formulés il y a 34 ans, a-t-il regretté. Il a ensuite indiqué que son pays appuie les efforts visant à promouvoir l’agriculture et la production alimentaire pour ensuite critiquer la mainmise de l’industrie agroalimentaire qui contrôle tous les aspects de la culture et de la distribution. M. Yatim a également estimé que les actuelles crises alimentaire, énergétique et financière sont principalement imputables aux promesses non tenues en faveur du développement durable. Il semblerait que nous n’avons pas tiré les leçons du passé, ni perdu l’habitude d’émettre résolution sur résolution en omettant les procédures de suivi.
Le Ministre malaisien a ensuite engagé la communauté internationale, notamment les pays développés, à faire preuve d’un plus grand engagement politique au lieu de laisser le « fardeau de l’action » au monde en développement. En matière de développement durable, il a estimé qu’il importe de trouver un équilibre entre la croissance économique, le développement social et la protection de l’environnement. Les initiatives des secteurs privés et gouvernementaux doivent se compléter, a-t-il affirmé. De son avis, le développement des infrastructures et le transfert des technologies sont d’une importance critique pour enrayer la crise actuelle, et les gouvernements ont leur rôle à jouer pour garantir le prix abordable de ces technologies. M. Yatim a également souligné la nécessité de résoudre les problèmes des régions les plus volatiles de la planète, et où se trouvent souvent les plus importants systèmes de production et de distribution de pétrole. L’ONU doit affirmer davantage la nécessité d’instaurer paix et sécurité et créer une « synergie » des droits de l’homme afin que la nourriture et le pétrole deviennent des droits fondamentaux, a-t-il affirmé. Il a également estimé que des mesures devaient être prises pour stabiliser le prix des produits de base, tandis que les marchés à terme devaient être organisés et régulés afin de devenir « une source de stabilité et non de volatilité ».
M. Yatim a ensuite expliqué que la Malaisie avait réduit le niveau de ses subventions pour le fuel et pris des mesures pour promouvoir une meilleure efficacité énergétique. Évoquant par ailleurs la crise financière américaine, il a estimé que les patrons des grands groupes financiers ne devaient pas recevoir de salaires astronomiques. Il a ensuite engagé le Conseil de sécurité à œuvrer activement pour régler la situation des navires malaisiens qui ont été attaqués au mois d’août dernier dans le Golfe d’Aden et dont l’équipage est toujours aux mains des pirates. Il a également demandé aux États de ce littoral de prendre les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des eaux.
Le Ministre s’est ensuite inquiété du fait que « certains États Membres puissants » mettent en doute la juridiction nationale et l’administration de la justice dans d’autres pays. Nous n’avons pas le droit de nous ingérer dans la conduite des affaires internes d’autres pays, a-t-il martelé. La Malaisie est une démocratie vibrante, a-t-il ensuite affirmé, et les droits fondamentaux continuent d’y être respectés.
M. PAK KIL YON, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a déclaré qu’un « cercle vicieux » d’agressions, de conflits et de terrorisme continue de caractériser les relations internationales, posant des défis certains pour la paix et la sécurité internationales. Les alliances militaires de la guerre froide se sont intensifiées et de nouvelles courses aux armements ont lieu dans la région d’Asie-Pacifique, en Europe et ailleurs, a signalé le Vice-Ministre, pour ensuite évoquer l’aggravation des iniquités entre le Nord et le Sud et les actuelles crises alimentaire, énergétique et financière. Tous les États Membres doivent mettre leurs efforts en commun pour bâtir un monde juste, prospère et pacifique, a-t-il dit.
Il a ensuite estimé que l’Assemblée générale devait réaffirmer son autorité afin que tous les États Membres puissent faire valoir leurs droits. Les agressions et l’ingérence dans les affaires internes d’États souverains et les actes commis sous le prétexte de la « protection des droits de l’homme » doivent être rejetés, a affirmé M. Pak, pour qui les États-Unis sont les pires violateurs des droits de l’homme. Nous engageons les États Membres à faire preuve de la plus haute vigilance à l’égard des prétentions des États-Unis et des pays occidentaux en matière de protection des droits de l’homme, et à ne pas accepter la politisation et les politiques de deux poids deux mesures dans ce domaine.
Le Vice-Ministre a ensuite rappelé que le différend qui oppose son pays au Japon n’a toujours pas été résolu car ce dernier refuse de « liquider » son passé « entaché de crimes de guerre ». Le Japon est le seul criminel de guerre qui embellit l’histoire du massacre de millions de Coréens et qui essaie maintenant de s’emparer de l’îlot sacré de Tok. Un tel pays ne devrait jamais occuper un siège permanent au sein du Conseil de sécurité, a-t-il affirmé, pour ensuite dénoncer une série de manœuvres militaires « téméraires » qui « déstabilise » la péninsule coréenne. Il a notamment condamné l’opération conduite au mois d’août dernier par les États-Unis et la République de Corée qui, selon lui, n’était rien d’autre qu’un exercice en vue de lancer une attaque nucléaire préemptive à l’encontre de son pays. Face à ces menaces et au danger de guerre, la RPDC a renforcé ses capacités d’autodéfense afin de sauvegarder la souveraineté nationale et la paix, a-t-il signalé.
La dénucléarisation de la péninsule coréenne est « le devoir à vie » du Président Kim Il Sung et la RPDC a l’intention de résoudre la question nucléaire de manière pacifique, a poursuivi M. Pak. La RPDC a honoré ses engagements pris lors des Pourparlers à six et les installations nucléaires ont été mises hors service de bonne foi, a-t-il indiqué. Mais les États-Unis ont placé un obstacle « artificiel » à la mise en œuvre de l’accord du 3 octobre, en refusant d’honorer son engagement et en formulant une requête aussi « injuste » que la vérification d’une « norme internationale » jamais agréée par les six parties ou entre la RPDC et les autorités américaines, a-t-il ensuite signalé.
La « norme internationale » n’est en fait que « l’inspection spéciale » demandée par l’AIEA dans les années 90 pour empiéter sur la souveraineté de la RPDC et la contraindre à se retirer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a-t-il affirmé. Les États-Unis, a-t-il encore accusé, ont maintenant suspendu la mise en œuvre de la décision visant à supprimer la RPDC de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme, et cela après avoir officiellement déclaré que la RPDC n’est pas un parrain du terrorisme. Cela revient en fait à admettre que la liste en question n’est aucunement liée au terrorisme.
L’insistance des États-Unis sur une inspection unilatérale de la RPDC est un acte de banditisme visant un désarmement unilatéral de la RDPC et qui consiste à ignorer l’engagement de ce dernier en faveur de la dénucléarisation de toute la péninsule coréenne. Pour M. Pak, l’élément le plus important de la dénucléarisation est le retrait de la menace nucléaire posée par les États-Unis, et ce selon la déclaration conjointe du 19 septembre. Si les six parties n’honorent pas leur engagement, aucun progrès ne pourra être réalisé, a-t-il affirmé. Maintenant que les États-Unis ont violé l’accord, la RPDC n’a d’autre choix que de prendre les contre-mesures pertinentes conformément au principe « action pour action ».
Dans un deuxième temps, M. Pak a regretté que les relations intercoréennes se soient aggravées depuis la venue au pouvoir d’un nouveau régime en République de Corée, lequel conteste les déclarations conjointe Nord-Sud du 15 juin et du 4 octobre. Ces déclarations établissaient une feuille de route pour le développement des relations intercoréennes en vue de créer un nouvel État coréen unifié, a-t-il rappelé. Il a regretté que ces résolutions, qui jouissent d’un large appui de la part de la population coréenne et de la communauté internationale, soient devenues lettre morte à la suite simplement d’un changement de régime.
Droit de réponse
Exerçant son droit de réponse après les propos tenus par les Émirats arabes unis, le représentant de l’Iran a dénoncé des revendications « injustes et illégales » sur les trois îles d’Abou Moussa et de Grande et Petite Tumb qui se trouvent dans le golfe Persique. Il a précisé que ces îles appartiennent à l’Iran et ce depuis la signature du document pertinent en 1991. Le représentant s’est dit prêt à poursuivre les discussions avec les Émirats arabes unis dans l’objectif notamment de dissiper tout malentendu.
En réponse aux propos tenus par la République populaire démocratique de Corée, le représentant du Japon a avancé que les affirmations coréennes sont sans fondement. Il a rappelé que le Japon a regardé son histoire en face et a présenté des excuses dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Mon pays, a-t-il insisté, s’est consacré à la promotion de la paix et au respect de la démocratie et des droits de l’homme. Le Japon s’est engagé à conserver et à normaliser ses relations avec la République populaire démocratique de Corée, a-t-il souligné.
Le représentant des Émirats arabes unis a soutenu que les prétentions de l’Iran sont parfaitement injustes et illégales. Se déclarant déçu, il rappelé que chaque année l’Iran revendique devant cette tribune la souveraineté sur ces îles qui sont parties intégrantes du territoire des Émirats arabes unis et ne peuvent être divisées. Il a demandé à l’Iran de mettre fin à l’occupation de ces îles.
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a rappelé que dans la Déclaration de Pyongyang de 2002, la RPDC et le Japon avaient convenu de réparer les crimes du passé. Nous avons fait de notre mieux pour appliquer cette déclaration avec « sincérité et générosité », a-t-il affirmé, pour ensuite signaler que son gouvernement avait lancé une initiative pour enquêter sur les enlèvements de ressortissants japonais. Le Japon n’a pas fait preuve de volonté pour s’acquitter de ses crimes « haineux » du passé, a-t-il estimé. Les hauts fonctionnaires japonais se livrent à une distorsion des faits, a-t-il poursuivi, en évoquant des remarques prononcées par un représentant japonais au sujet des femmes de réconfort. C’est un fait que le Japon a obligé de nombreuses femmes coréennes à devenir des esclaves sexuelles. Il n’y a que le Japon pour faire ça, a-t-il affirmé, et ce pays continue d’éluder ses responsabilités face à ses crimes.
Le représentant du Japon a qualifié d’« allégations infondées » les accusations de la République populaire démocratique de Corée sur le nombre de victimes coréennes pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il a qualifié les chiffres de « outrés » et a rappelé que son pays a fait face, de façon sincère, à son passé. Concernant les « femmes de réconfort », a-t-il dit, le Gouvernement s’en tient à la position de 1993 dans laquelle le Japon a exprimé ses regrets et ses excuses sincères.
Répondant à ces propos, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a défendu ses chiffres. Tous les faits et tous les chiffres, a-t-il dit, le Japon les a dans ses archives. Selon lui, près de 8 millions de Coréens ont été soumis aux travaux forcés et des milliers d’adolescentes ont été forcées à être des « femmes de réconfort » dans l’armée japonaise. Il a fallu un demi-siècle au Japon pour reconnaître ses crimes, a-t-il regretté. Personne ne sait combien de temps il lui faudra encore pour clore ce dossier, a-t-il ajouté. Sans une véritable reconnaissance des crimes du passé par le Japon, il sera impossible de parler d’avenir, a-t-il averti.
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