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AG/10756

LES ÉTATS INSULAIRES ET LES PAYS LES MOINS AVANCÉS FONT ENTENDRE LEURS VOIX DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

26/09/2008
Assemblée généraleAG/10756
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-troisième session

11e et 12e séances plénières

Matin et après-midi


LES ÉTATS INSULAIRES ET LES PAYS LES MOINS AVANCÉS FONT ENTENDRE LEURS VOIX DEVANT L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


Au quatrième jour de son débat général, l’Assemblée générale de l’ONU a entendu aujourd’hui l’appel de plusieurs États insulaires et de pays les moins avancés (PMA) pour une « action immédiate » afin qu’ils puissent surmonter les défis auxquels ils font face et qui sont actuellement aggravés par les crises financière, alimentaire et énergétique. 


En forme de réponse, Gordon Brown, le Premier Ministre du Royaume-Uni, a estimé qu’il fallait prendre des « décisions courageuses » en matière de sécurité énergétique et de changements climatiques notamment, et mettre un terme à « l’ère de l’irresponsabilité » dans le domaine financier.


Toutefois, en pleine saison des ouragans dans les Caraïbes, de nombreux pays de la région ont rappelé que le passage de Gustav, de Hanna et d’Ike notamment, ces dernières semaines, avait mis à mal les gains acquis en matière de développement, malgré les secours apportés par la communauté internationale. 


Après avoir rendu hommage à l’élan de solidarité envers Haïti, un des pays les plus affectés cette année, son Président, René Préval, s’est toutefois inquiété du « moment où cette solidarité nous laissera comme chaque fois, seuls mais vraiment seuls, face à de nouvelles catastrophes, pour voir recommencer comme dans un rituel, les mêmes exercices de mobilisation ».  Il a plaidé pour un réel effort de reconstruction de son pays, qui passe par le renforcement de ses capacités productives et de ses infrastructures sociales. 


Faisant écho aux préoccupations des États des Caraïbes, des représentants des îles du Pacifique ont déploré « l’indifférence » face à la situation des petits États vulnérables.  Le Premier Ministre de Samoa, Tuila’epa Lupesoliai Sailele Malielegaoi, a ainsi regretté qu’on ne leur accorde une attention que lors de situations dramatiques, alors que les coûts des programmes de relèvement sont considérables. 


« Nos espoirs de survie exigeront des investissements énormes, une meilleure productivité et un plus grand accès aux marchés mondiaux » a renchéri le Premier Ministre de la Jamaïque, Orette Bruce Golding.


De même, de nombreux représentants de pays les moins avancés, comme ceux du Bangladesh, du Burundi ou des Îles Salomon, ont appelé au respect par la communauté internationale des engagements pris en matière de développement et à préparer un nouveau cadre d’aide en leur faveur, alors que le Programme d’action de Bruxelles qui leur est destiné va s’achever en 2010. 


Aucun pays développé n’a honoré ses promesses d’aide, a insisté Lyonchoen Jigmi Yoezer Thinley, Premier Ministre du Bhoutan, pays moins avancé qui est passé à un régime démocratique en avril dernier.  Pushpa Kamal Dahal Prachanda, Premier Ministre du Népal, État qui a aussi mis fin à sa monarchie le même mois, s’est également exprimé devant l’Assemblée générale, demandant que la vulnérabilité des PMA soit mieux prise en compte. 


Par ailleurs, Kalkot Mataskelekele, Président de Vanuatu, et Apisai Ielemia, Premier Ministre de Tuvalu, deux autres PMA, ont, eux, fait part de leur préoccupation quant au système d’évaluation pour inclure un pays ou non dans cette catégorie.  Alors que ces deux pays sont éligibles pour sortir de la liste des PMA, ils ont demandé que leur extrême vulnérabilité écologique et économique soit un critère pour les maintenir dans ce groupe d’États.


Parmi les autres interventions de la journée, le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a indiqué qu’il aurait aimé pouvoir apporter cette année la nouvelle de la conclusion d’un accord global avec ses voisins israéliens.  « Je renouvelle sincèrement mon appel à toutes les parties concernées, Israël compris, et à toutes les puissances concernées, qu’elles soient régionales ou internationales, à saisir l’opportunité offerte par l’Initiative de paix arabe, une occasion qui ne doit pas être manquée ou traitée avec légèreté », a-t-il déclaré. 


Outre ceux déjà cités, les États Membres suivants ont participé au débat général de la journée: Monténégro, Bulgarie, Bahamas, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Autriche, Nicaragua, Malte, Inde, Croatie, Maroc, Barbade, Islande, Îles Fidji, Dominique, Tonga, Sainte-Lucie, Guinée, Grenade, Luxembourg, Allemagne, Italie, Slovaquie, Somalie et Angola.


L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, samedi 27 septembre, à 9 heures.



SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA SOIXANTE-TROISIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


Déclarations


M. FILIP VUJANOVIĆ, Président du Monténégro, a souligné que le multilatéralisme, par le fait qu’il soit au cœur du système international, inspirait une motivation forte et un engagement profond.  C’est la raison pour laquelle les Nations Unies fournissent un cadre susceptible de permettre le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il ajouté.  Néanmoins, l’organisation mondiale traverse un processus de réforme rendu nécessaire par de grandes réalisations mais aussi par des revers, voire des échecs.  M. Vujanović, qui a souligné le désir de son pays de s’impliquer dans le concert des nations, a rappelé que son pays avait posé sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2012-2015.


Alors que la poursuite des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) représente un des objectifs fondamentaux de l’ONU, il est naturel, a-t-il dit, qu’un des petits États tels que le sien soit résolu à effectuer un effort concerté en ce sens.  Des pays en transition tels que le Monténégro ont une expérience pertinente et une motivation forte pour offrir un soutien constant à la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, à la veille de la prochaine Conférence de Doha sur le financement du développement.  Le Monténégro soutient, par ailleurs, les efforts des Nations Unies visant à résoudre la crise alimentaire et énergétique.  La raison en est évidente, tout un chacun étant affecté, a-t-il dit.


Par ailleurs, le chef de l’État monténégrin a rappelé que son pays, qui est satisfait de ses avancées démocratiques depuis qu’il a restauré son indépendance, entendait s’intégrer au sein de l’Union européenne et de l’Alliance atlantique.  Cette année, le Monténégro a rejoint l’Union pour la Méditerranée, désireux d’apporter sa contribution et de prendre une part active à la revitalisation des projets régionaux dans le cadre de cette initiative.


Concernant les questions de sécurité internationale, le Monténégro a une politique axée sur la coopération multilatérale.  Il se fixe pour objectif de créer un cadre législatif permettant le déploiement de sa police, de son armée et de personnel civil dans des missions de l’ONU.  M. Vujanović a rappelé que son pays avait contribué à des missions comparables il y a plus d’un siècle, au XIX siècle.


M. RENÉ GARCIA PRÉVAL, Président d’Haïti, a rappelé que l’année dernière, devant cette Assemblée, il avait mis en avant les privations matérielles et la vulnérabilité face aux catastrophes naturelles qui ont frappé son pays.  « J’étais alors loin de penser que je me retrouverais ici un an plus tard, avec en toile de fond l’image de centaines d’enfants, de femmes et de vieillards emportés par les eaux, de centaines de milliers d’habitants se retrouvant subitement sans abri, de dizaines de milliers de tonnes de récoltes agricoles détruites en quelques heures », a-t-il déclaré. 


Il a salué le « grand élan de sympathie » démontré par le système des Nations Unies, la mobilisation de pays amis, de la société civile et du secteur privé, tout en soulignant le « gigantesque mouvement de solidarité » à l’intérieur même du pays, suite au passage de quatre ouragans en moins d’un mois.  Toutefois, il a fait part de son inquiétude, précisant qu’il appréhendait « le moment où cette solidarité nous laissera comme chaque fois, seuls mais vraiment seuls, face à de nouvelles catastrophes, pour voir recommencer comme dans un rituel, les mêmes exercices de mobilisation ». 


Le Président d’Haïti a insisté sur la nécessité de reconstruire son pays, ses capacités productives et ses infrastructures sociales et a noté qu’il fallait pouvoir compter sur une véritable solidarité pour mobiliser les ressources nécessaires.  « Voilà pourquoi nous sommes sceptiques vis-à-vis de l’aide alimentaire importée et des modalités traditionnelles selon lesquelles elle s’exerce », a-t-il poursuivi. 


Affirmant que la charité n’avait jamais aidé aucun pays à sortir du sous-développement, M. Préval a souhaité que la communauté internationale mette en valeur le potentiel des Haïtiens.  Il a estimé que la mise en place de capacités productives et d’un commerce équitable étaient les conditions premières pour sortir de la pauvreté.  « Le jour où l’aide au développement se réalignera sur ce critère, alors la lutte contre la pauvreté et la faim dans le monde prendra un nouveau tournant », a-t-il estimé, précisant qu’on verrait alors que les pauvres ne sont pas si pauvres, qu’ils possèdent des actifs et des richesses pas suffisamment mis en valeur par la coopération. 


M. KALKOT MATASKELEKELE, Président de Vanuatu, a souhaité que les Nations Unies s’engagent à promouvoir la paix, la sécurité et l’égalité partout dans le monde.  Il s’est d’ailleurs félicité que la communauté internationale ait reconnu que le phénomène des changements climatiques est une réalité et non une théorie.  L’impact désastreux des catastrophes naturelles rappelle les défis cruciaux que doivent affronter de nombreuses îles, a-t-il souligné, avant d’appeler la communauté internationale à déployer davantage d’efforts pour faire face aux effets des changements climatiques, en tant que question de sécurité.  À moins que la tendance actuelle ne soit inversée par des actions internationales sincères et concertées, certaines nations du Pacifique seront submergées, a-t-il averti.  « Si une telle tragédie se produit, alors les Nations Unies et ses Membres auront échoué dans leur première et fondamentale tâche », a-t-il souligné.


D’autre part, M. Mastakelekele a attiré l’attention de l’Assemblée générale sur une question particulière, source de préoccupation pour la majorité des petits États insulaires en développement: le système d’évaluation pour l’inclusion ou non à la liste des pays les moins avancés (PMA).  Il a estimé que la décision de sortir un pays de ce groupe doit être basée sur son progrès socioéconomique qui doit être indiscutable et durable.  La procédure actuelle, a-t-il poursuivi, se base sur trois critères considérés comme d’égale importance.  Ainsi, un pays qui a augmenté son revenu par habitant au-delà de 900 dollars est considéré comme suffisamment fort pour continuer ses efforts de développement sans le traitement spécial accordé aux PMA et ce, quelque soit sa vulnérabilité. 


Le Président a souligné que Kiribati, Tuvalu et Vanuatu sont d’avis que le critère de la vulnérabilité devrait être considéré comme fondamental et prépondérant.  Rappelant que ces trois pays sont considérés comme éligibles pour sortir de la liste des PMA, il a fait remarquer qu’ils figurent parmi les plus vulnérables au monde, tant au niveau économique qu’au niveau écologique.  « Ce fait doit être reconnu par les Nations Unies », a-t-il insisté.  Il a estimé que cette recommandation pourrait être adoptée facilement par le Conseil économique et social et l’Assemblée générale sans avoir à modifier la méthodologie établie.  Il a également enjoint les experts de la Commission des politiques de développement à sérieusement songer à entreprendre des visites dans les pays concernés plutôt que de se baser sur des indicateurs statistiques.


Avant de conclure, le Président de Vanuatu a expliqué que son pays a établi un Comité des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui a adopté un plan d’action.  Dans son premier rapport, a-t-il poursuivi, le Comité a conclu que les perspectives de réalisation des OMD à Vanuatu étaient faibles.  Le pays, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), œuvre dès lors, à mettre en place des mécanismes dans certains secteurs stratégiques, a-t-il assuré. 


M. GABRIEL NTISEZERANA, Vice-Président du Burundi, a rappelé que cette soixante-troisième session se tenait alors que le peuple burundais savourait la fin de la guerre entre l’armée gouvernementale et le Mouvement Palipehutu-FNL.  Il a remercié la communauté internationale, l’ONU en particulier, pour son implication dans ce processus.  « Nous saisissons cette occasion pour demander à ce mouvement de s’engager résolument dans le processus de paix, notamment en mettant fin au ravitaillement forcé de ses combattants par les populations », a ajouté le Vice-Président.


La session actuelle, a-t-il poursuivi, se tient trois ans après la mise en place des institutions démocratiquement élues.  Il a souligné que c’était la toute première fois dans l’histoire du Burundi qu’un pouvoir issu des élections durait plus de trois ans.  Grâce, en particulier, à la Commission de consolidation de la paix de l’ONU, le Gouvernement burundais vient de lancer dans tout le pays des « cadres de dialogue entre les partenaires sociopolitiques ».  L’objectif de ce dialogue est de parvenir à un consensus sur le fonctionnement de la démocratie au Burundi.  Désireux aussi de promouvoir « une justice saine et de réconciliation nationale », le Gouvernement va organiser des consultations nationales sur les mécanismes de justice transitionnelle.


Le Vice-Président burundais a assuré que son gouvernement avait « la ferme volonté de faire respecter les droits de l’homme ».  Mais, a-t-il reconnu, « ce n’est pas une tâche facile » dans un pays sortant d’une guerre civile d’une quinzaine d’années.  Après avoir énuméré les initiatives prises dans ce domaine, l’orateur a évoqué la question de la sécurité, encore insuffisante, essentiellement à cause du banditisme et des litiges fonciers.  Pour juguler ces phénomènes, le Gouvernement burundais a entrepris le désarmement de la population civile.  « Il s’agit d’une action très importante et très difficile d’autant que les armes détenues par la population sont très nombreuses », a-t-il reconnu.  Les autorités sont néanmoins convaincues que la paix et la sécurité seront toujours menacées si des armes continuent à circuler aussi massivement.  « Nous comptons donc sur l’appui des partenaires au développement pour récupérer toutes les armes et munitions, surtout dès que les combattants du Mouvement Palipehutu-FNL auront achevé leur réintégration. »


M. Ntisezerana a ensuite évoqué la situation économique difficile de son pays dont le produit intérieur brut demeure parmi les plus bas de la planète et dont la population a eu tendance à s’appauvrir.  Un recensement a été effectué afin de s’appuyer sur des données fiables pour engager des programmes de développement.  Le Burundi, a-t-il rappelé, a adhéré l’an dernier à la Communauté de l’Afrique de l’Est.  « Il s’agit d’une intégration qui n’est pas sans créer des défis au Gouvernement et au peuple burundais, surtout qu’il est question, dans un avenir proche, de bâtir un marché commun, de réussir l’union douanière, le point culminant étant la mise en place d’une fédération politique », a-t-il rappelé.


Évoquant enfin les Objectifs du Millénaire pour le développement, il s’est dit heureux de pouvoir dire qu’avec sa politique de gratuité de l’enseignement primaire et des soins de santé, en faveur des enfants de moins de cinq ans et des parturientes, « le Burundi réalise des exploits méritant d’être soutenus.  Nous voudrions en appeler à la solidarité internationale car cette politique exige du Gouvernement beaucoup de moyens que notre pays ne trouverait pas seul », a encore souligné Gabriel Ntisezerana.  Il a lancé un appel « aux pays développés qui ne l’ont pas encore fait » pour qu’ils mettent en pratique la promesse de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement. 


M. FAKHRUDDIN AHMED, Chef du Gouvernement intérimaire du Bangladesh, qui s’exprimait au nom du Groupe des pays les moins avancés, a souligné le lien entre sécurité alimentaire, démocratie et développement.  « Le coût de l’insécurité alimentaire se mesure non seulement à l’aune des privations mais aussi à celle d’une instabilité accrue », a-t-il insisté.  Tout en reconnaissant le pouvoir du marché, il a rappelé que les gouvernements ne pouvaient pas espérer que le secteur privé résolve la crise alimentaire mais que cette responsabilité revenait aux États. 


S’agissant du Bangladesh, il a mis en avant les efforts de son gouvernement pour mettre fin à « des décennies de corruption ».  Il a fait part des actions entreprises pour s’assurer que tous les citoyens puissent voter librement, indiquant que son pays avait procédé à l’enregistrement électronique de 80 millions d’électeurs en 11 mois.  Il a affirmé que son gouvernement s’employait également à renforcer les autres piliers de la démocratie, en rendant la justice pleinement indépendante et en assurant la protection des droits fondamentaux de tous les citoyens.  Il a fait remarquer que, le mois dernier, son pays avait tenu des élections locales et municipales, qualifiant celles-ci de « nouveau commencement du processus électoral » car que les citoyens ont pu voter sans être influencés par l’argent ou le pouvoir.  M. Ahmed a assuré que les prochaines élections parlementaires du 18 décembre prochain seront libres et justes. 


En outre, il a souligné la vulnérabilité du Bangladesh face aux changements climatiques, déclarant que ses « acquis en matière de développement pouvaient être balayés en quelques heures ».  Selon les estimations, a-t-il ajouté, une hausse d’un mètre du niveau de la mer pourrait submerger un tiers du Bangladesh.  « L’inaction n’est plus une option », a-t-il insisté.  Il a précisé que l’adaptation était nécessaire mais pas suffisante et devait s’accompagner d’un engagement juridiquement contraignant sur l’atténuation des effets des changements climatiques, incluant le transfert de technologie.


M. Ahmed a enfin déclaré que la mise en œuvre complète du Programme d’action de Bruxelles en faveur des PMA était plus nécessaire que jamais.  Toutefois, il a estimé que, sans le respect des engagements pris en matière d’aide et de commerce, cette mise en œuvre, tout comme la réalisation des OMD, ne sera pas possible.  Rappelant que le Programme d’action s’achèvera en 2010, il a appelé les États Membres à appuyer la tenue d’une quatrième Conférence sur les PMA afin de créer un nouveau cadre stratégique d’assistance.  


M. PUSHPA KAMAL DAHAL PRACHANDA, Premier Ministre du Népal, s’est dit honoré de pouvoir s’adresser à la tribune de l’Assemblée générale en qualité de premier Ministre de la plus jeune république au monde.  Il a évoqué la « longue lutte » du peuple népalais et du parti maoïste ayant abouti, après 10 ans de conflit, à l’Accord de paix global de 2006 puis aux élections d’avril dernier à l’issue desquelles a été formée l’Assemblée constituante.  À sa première réunion, a-t-il dit, l’Assemblée a proclamé le Népal « République démocratique fédérale », mettant officiellement fin à 240 ans de monarchie et ouvrant la voie au « nouveau Népal ». 


M. Kamal Dahal Prachanda a indiqué que son gouvernement s’était engagé à restaurer l’état de droit, à assister les populations durablement touchées par le conflit, à mettre fin à la corruption rampante et à relever rapidement l’économie par le biais de partenariats public-privé.  Le Premier Ministre népalais a dit que son gouvernement allait continuer d’œuvrer aux côtés de la communauté internationale pour créer un climat propice aux mutations socioéconomiques que le peuple népalais attend depuis longtemps.  Nous saluons l’appui constant apporté par les Nations Unies au processus de paix, en particulier le contrôle de la gestion des stocks d’armes effectué sous l’égide de la Mission des Nations Unies au Népal (MINUNEP), a-t-il ajouté. 


Le Premier Ministre du Népal a ensuite souligné qu’alors que le Népal se trouve sur le chemin de la paix, la conjugaison des crises alimentaire, énergétique et climatique sape la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a ainsi estimé que les promesses relatives à l’aide devaient être honorées, non seulement pour sortir les peuples de la pauvreté mais aussi pour contenir les menaces à la paix et à la sécurité internationales que constituent la prolifération des armes de destruction massive ou encore les violations des droits de l’homme.  Les problèmes mondiaux appellent des solutions à cette échelle, a-t-il encore dit, plaidant pour le respect des principes de la Charte de l’ONU et en faveur d’une approche multilatérale pour relever les grands défis, y compris la réorganisation des échanges commerciaux prévue par le Cycle de Doha.  


Le Premier Ministre népalais a en outre demandé que la situation des pays les moins avancés, dont fait partie le Népal, soit appréhendée de manière séparée aux Nations Unies et fasse l’objet de programmes spéciaux compte tenu de leur vulnérabilité particulière aux effets du réchauffement climatique.  Nous ne sommes pas seulement les moins développés, nous sommes également dépourvus de littoral, ce qui représente un double frein au développement, a noté le Premier Ministre, signalant les dégâts causés par la fonte des glaciers sur l’agriculture népalaise.  Il a invité les pays développés à tenir leurs promesses financières en vertu du Programme d’action de Bruxelles pour les PAM et du Programme d’action d’Almaty pour les pays en développement sans littoral.  Pour sa part, le Gouvernement népalais s’efforce de s’approprier les programmes de développement, en axant son action sur la bonne gouvernance et la réduction de la pauvreté, a dit M. Kamal Dahal Prachanda.  


M. GORDON BROWN, Premier Ministre du Royaume-Uni, a fait remarquer que, bien que les défis que doit affronter le monde se complexifient et que l’attention est portée en ce moment sur les risques et les insécurités, les chances d’agir se multiplient encore davantage.  « Nous sommes arrivés à un moment unique de notre histoire », a-t-il souligné.  Dans les deux décennies à venir, a-t-il poursuivi, l’économie mondiale va doubler, ce qui signifie que les chances vont également s’accroître, offrant plus de travail et plus de prospérité.  Reconnaissant les pressions imposées par les crises alimentaire, financière et énergétique, M. Brown a plaidé en faveur d’une action commune et concertée de la communauté internationale.


Face à la crise financière, le Premier Ministre a souligné que la priorité immédiate est d’aider les personnes qui affrontent actuellement des moments difficiles.  Dans cette perspective, a-t-il poursuivi, le Royaume-Uni a entrepris d’aider les personnes les plus touchées à s’acquitter de leurs factures d’électricité et de gaz, de donner un coup de main aux propriétaires et banques de crédit immobilier et d’encourager les personnes à acquérir les qualifications exigées par le marché du travail du XXIe siècle.


Dans un monde de plus en plus interconnecté où les solutions doivent être coordonnées, il est impératif, dans un premier temps, a estimé le Premier Ministre britannique, de stabiliser les systèmes bancaires, protéger l’épargne et introduire une interdiction temporaire des ventes trop rapides.  Nous avons déjà, a-t-il dit, injecté des milliards de dollars dans le marché et annoncé, il y a une semaine, que le schéma spécial des liquidités sera prorogé jusqu’en janvier 2009. 


Pour le Premier Ministre, les nations doivent s’unir autour de cinq principes et d’abord celui de la transparence qui exige l’introduction de normes renforcées de reddition des comptes.  Le second principe est l’imposition de pratiques bancaires saines et d’une régulation plus efficace.  En troisième lieu, le Premier Ministre a cité la responsabilité des gestionnaires des banques qui ne doivent plus oser prétendre qu’ils ne réalisaient pas l’ampleur des risques pris.  Le quatrième principe est l’intégrité qui exige un alignement des agences de crédit avec les intérêts des investisseurs.  Enfin, le Premier Ministre a cité la mise en place d’un organisme de contrôle à l’échelle mondiale puisque les banques ont une dimension mondiale tout comme les flux de capitaux. 


C’est la raison pour laquelle, s’est-il expliqué, le Royaume-Uni appuie l’idée de créer des collèges internationaux pour chaque grande institution bancaire mondiale.  L’ère de l’irresponsabilité est révolue, a insisté le Premier Ministre, en ajoutant que l’action internationale ne peut se limiter à la stabilité financière.  M. Brown a souligné l’importance de prendre des décisions courageuses en matière de sécurité énergétique et de changements climatiques. 


Il a estimé que la création d’un partenariat entre producteurs et consommateurs de pétrole apportera la stabilité au marché mondial de l’énergie et garantira une offre sûre et durable.  Il s’est également interrogé sur la capacité de l’architecture institutionnelle actuelle d’apporter transparence et stabilité aux marchés énergétiques.  Il faut, a-t-il insisté, réunir producteurs et consommateurs sur une base d’entente commune.  Il a donc annoncé la convocation à la fin de l’année à Londres d’un sommet sur l’énergie.


Parlant des défis du développement, le Premier Ministre britannique a estimé que l’Afrique n’est pas le problème mais une partie indiscutable de la solution.  Il est donc urgent d’aider le continent à devenir un exportateur net de denrées alimentaires.  Le Premier Ministre a donc appelé à des discussions commerciales qui aideront les économies à profiter d’un apport annuel de 150 milliards supplémentaires si les barrières étaient levées et les subventions agricoles abolies.  Ces distorsions commerciales, a-t-il souligné, coûtent 15 milliards de dollars par an dans le seul secteur agricole. 


M. ORETTE BRUCE GOLDING, Premier Ministre de la Jamaïque, a souligné d’emblée que ce forum annuel se tenait alors que le monde était confronté à des développements inquiétants.  Les espoirs du nouveau millénaire menacent de s’évanouir en effet alors que les idéaux d’harmonie universelle et de prospérité planétaire partagée demeurent éloignés.  La mondialisation, a-t-il noté, en dépit d’une augmentation de la production et du commerce, a été inégale dans ses bénéfices, voire marginale par son impact sur de nombreux pays.  En fait, elle a accru le fossé entre riches et pauvres ainsi qu’entre les pays, a constaté M. Golding, qui craint que l’économie mondiale ne soit à la veille d’une baisse de régime sévère, ce qui ne manquerait pas d’enfoncer encore plus profondément dans la pauvreté de vastes segments de la population mondiale.


Pour le Premier Ministre de la Jamaïque, les pays en développement ne peuvent être abandonnés à leur sort pour trouver tout seuls les solutions pour s’en sortir, alors que « nos espoirs de survie exigeront des investissements énormes, une productivité meilleure, un plus grand accès aux marchés mondiaux ».  Résoudre le problème des pays en développement exige plus que la simple libéralisation du commerce, la privatisation et la libre circulation du capital, a-t-il souligné.  La pauvreté et la richesse ne devraient pas coexister, la pauvreté pouvant être éradiquée, selon lui, car les outils du développement existent et ils peuvent transformer le monde.  Nous devons nous engager à créer un monde dans lequel tous ne seront pas nécessairement riches mais où personne ne devra être pauvre, a souligné M. Golding.


Évoquant le chiffre de 0,7% du produit intérieur brut (PIB) des pays développés censé aller à l’aide publique au développement, il s’agit d’un montant modeste, a-t-il constaté, mais pourtant cinq pays seulement y parviennent.  Après avoir évoqué le fait que les Objectifs du Millénaire pour le développement risquaient de ne pas être atteints comme prévu en 2015, le chef du Gouvernement jamaïcain a appelé la communauté internationale à mettre sur pied des programmes stratégiques pour régler les besoins particuliers des pays à revenu intermédiaire ayant de vastes poches de pauvreté.  En outre, de par la vulnérabilité aux catastrophes naturelles de la Jamaïque et de ses partenaires de la Communauté des États des Caraïbes (CARICOM), M. Golding propose que ceux-ci soient classés dans une catégorie spéciale qui regrouperait les petits pays à revenu intermédiaire hautement vulnérables et endettés.


Il a évoqué par ailleurs la nécessité de réformer le système financier international dont la structure a très peu évolué depuis sa mise en place il y a 60 ans.  Selon lui, la crise actuelle reflète le caractère inadéquat des structures de régulation.  Le monde n’est pas à court de capital mais plutôt de mécanismes visant à assurer une utilisation efficace de ce capital qui doit conduire à la création de richesses et non pas « une richesse de papier ».  La Jamaïque est déçue de l’échec du processus de Doha et appelle les parties prenantes à s’atteler à trouver une issue. 


M. Golding a aussi mentionné l’impact des changements climatiques, en particulier sur l’agriculture des pays en développement qui apparaissent comme les plus vulnérables.  Les pays qui polluent le plus doivent supporter la majeure partie du fardeau.  La Jamaïque estime indispensable la création d’une structure de gestion de l’environnement mondial qui établirait des critères clairs et assurerait la mise en œuvre contraignante des remèdes pour régler le problème.


M. LYONCHOEN JIGMI YOEZER THINLEY, Premier Ministre du Bhoutan, rappelant que son pays était devenu une démocratie au mois d’avril dernier suite aux efforts puis à l’abdication de son Roi, a estimé que quand les leaders sont engagés en faveur de la démocratie, la transition vers celle-ci peut se faire pacifiquement et sans heurt.  Estimant dans un deuxième temps que le débat de haut niveau organisé hier autour du thème des OMD avait été peu satisfaisant, le Premier Ministre a souligné le caractère interconnecté de nombreux problèmes actuels, tels les crises financière et alimentaire, la pénurie des ressources halieutiques, la traite des êtres humains ou encore le terrorisme.  C’est le symptôme d’un malaise plus grand et plus profond qui menace notre bien-être collectif et notre survie, a-t-il averti. 


Pour M. Thinley, cette situation est principalement imputable au fait que notre style de vie n’est pas « rationnel, ni viable ».  Nous exploitons et gaspillons nos ressources naturelles depuis trop longtemps.  Quand à la crise financière, sa cause principale découle du fait que nous vivons au-dessus de nos moyens dans une culture qui privilégie l’affairisme privé et la socialisation du risque, a-t-il notamment déclaré.  Le Premier Ministre a également rappelé que l’expansion de nos économies provoque des « quantités incommensurables de pollution » qui ont pour effet de changer le climat. 


La pauvreté qui s’étend est également le signe de la désintégration des communautés, a-t-il poursuivi, s’inquiétant également du fait que des communautés périssent en même temps que l’esprit du partage.  Ces multiples crises illustrent clairement « les iniquités honteuses d’un monde qui a failli dans le partage et la distribution des « richesses énormes qu’il a créées pour satisfaire la cupidité insatiable de l’homme », a dit le chef du Gouvernement bhoutanais.  À ce jour, aucun pays développé n’a honoré son engagement consistant à affecter moins de 1% de son PIB à l’aide au développement, a-t-il regretté, remarquant également que les industries pharmaceutiques se battent toujours contre la baisse du prix des médicaments.


Nous devons nous réveiller de notre sommeil narcissique et réaliser que le bien-être économique ne signifie pas automatiquement bien-être humain, a enchainé M. Thinley pour qui la croissance économique doit se mesurer à l’aune du développement humain.  Le Premier Ministre s’est ensuite félicité des initiatives prises par de nombreuses institutions ainsi que l’Union européenne pour développer des indicateurs qui mesurent le « réel progrès humain ».


Il a ensuite expliqué que depuis les années 70, son pays suit une voie unique en matière de développement, à savoir l’index du « Bonheur national brut ».  Cette philosophie, établie par le Roi du Bhoutan, stipule que l’objectif principal du développement doit être la promotion et l’amélioration du bonheur.  Le Gouvernement royal a ainsi structuré son programme de développement autour de quatre piliers qui sont le développement économique équitable et viable, la préservation de l’environnement, la promotion de la culture et la bonne gouvernance.


M. SERGEI STANISHEV, Premier Ministre de la République de Bulgarie, a indiqué que les défis tels que la sûreté alimentaire, les changements climatiques et la sécurité énergétique, exigeaient une réponse immédiate sur la base de la responsabilité commune mais différenciée et des capacités des pays.  Il a affirmé qu’un multilatéralisme efficace nécessitait un partenariat fort entre les Nations Unies et les organisations régionales.  Selon lui, diverses formes de coopération régionale, sous-régionale et transfrontière peuvent servir à établir un système international complet de sécurité.  « La paix et la stabilité sont bien ancrées quand les communautés locales et les voisins immédiats vivent en harmonie », a-t-il déclaré.  Il a précisé que c’était cette philosophie qui avait guidé la présidence de son pays du Processus de coopération en Europe du Sud-Est, région qui avait, au cours de la dernière année, érigé une nouvelle architecture d’interactions.  


M. Stanishev a soutenu que la région de la mer Noire devait toutefois voir des efforts accrus de coopération.  Il a noté que les conflits « gelés » ne devaient pas être ignorés, citant en exemple les récentes hostilités en Ossétie du Sud et ailleurs en Géorgie.  Il a appuyé la mission de l’Union européenne dans ce pays et souligné l’engagement actif de son pays dans la préparation d’une mission d’évaluation.  Il a en outre indiqué que la Bulgarie était prête à accueillir, à Sofia, un centre régional des Nations Unies pour la médiation dans la région des Balkans occidentaux et de la mer Noire, si ce projet obtenait l’approbation des États Membres. 


Le Premier Ministre a insisté sur l’importance de mettre en œuvre un régime issu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ainsi que d’appliquer pleinement le Programme d’action contre le commerce illicite des petites armes.  Il a fait part de l’engagement de son pays à adopter un traité international juridiquement contraignant relatif au commerce des armes.  Après avoir mis en avant l’importance des opérations de maintien de la paix de l’ONU, il a estimé qu’il fallait s’assurer de la viabilité de la paix et a ainsi noté le rôle de la Commission de consolidation de la paix.  En outre, il a noté que la paix et la stabilité ne pouvaient être obtenues que par le développement.  M. Stanishev a affirmé que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement relevait de la responsabilité à la fois des pays en développement et des pays développés, précisant que son pays faisait ses premiers pas en tant que donateur.   


M. TUILA’EPA LUPESOLIAI SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre de Samoa, a fait remarquer que l’ONU n’a pas toujours su être à la hauteur des principes contenus dans sa Charte.  Il a notamment déploré que les intérêts de certains dominent ceux, parfois plus urgents et cruciaux, des autres et que les promesses sont souvent oubliées.  Soulignant que ce déficit de crédibilité de l’ONU n’est imputable à personne d’autre qu’à ses Membres, il a relevé l’importance pour tous de retrouver une confiance collective et un engagement envers la Charte.  Le Premier Ministre a également demandé aux États qui occupent une position de pouvoir de s’acquitter de leurs tâches en toute humilité et honnêteté.  « Leadership et responsabilité vont de pair », a-t-il souligné. 


Il a fait remarquer que la taille de Samoa, sa situation isolée des principaux marchés et sa vulnérabilité aux changements climatiques sont des facteurs incontrôlables.  En tant que petit État insulaire en développement (PEID), il n’est pas protégé contre les conséquences des grandes crises actuelles, qu’il y ait ou non contribué, a-t-il déploré.


Le Premier Ministre de Samoa a regretté « l’indifférence, qu’elle soit intentionnée ou non » de certains Membres de l’ONU à l’égard des petits États vulnérables.  Il a regretté que l’attention se porte sur ces États uniquement lorsqu’ils se trouvent dans une situation dramatique.  À ce moment, les coûts des actions et des programmes de relèvement sont énormes, a-t-il fait remarquer.  Il a suggéré que les nations dirigeantes écoutent et essayent de comprendre plus tôt les problèmes des États vulnérables, afin de mettre en œuvre des partenariats plus efficaces.


Rappelant que les changements climatiques demeurent une question cruciale pour les dirigeants de sa région, il a indiqué que le Forum du Pacifique, tenu en août 2008, s’est clos par l’adoption de la Déclaration de Nioué.  Il a, en outre, souligné que l’Union européenne et la troïka du Forum se sont engagées, la semaine dernière, à œuvrer ensemble pour mettre en évidence la vulnérabilité des îles du Pacifique face à la montée du niveau de la mer.  Il a estimé que ces efforts et ces partenariats devraient convaincre ceux qui nient l’existence même des changements climatiques, précisant qu’il s’agit d’une vraie « question existentielle » pour certaines îles. 


Le Premier Ministre samoan a, à cet égard, fait remarquer que seuls des efforts consentis par tous et menés par les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre permettront d’atténuer les effets des changements climatiques.  Il s’est, par ailleurs, réjoui de la récente adhésion de l’Australie au Protocole de Kyoto, se disant optimiste quant à l’adhésion future d’autres pays.  Pour conclure, il a rappelé que le système des Nations Unies a proposé d’établir un centre interagences sur les changements climatiques à Samoa, afin de soutenir les efforts des îles du Pacifique et des organisations régionales pour faire face aux changements climatiques, s’y adapter et réduire les risques de catastrophes naturelles.  Il a annoncé que son pays a alloué un terrain pour ce centre et attend de recevoir de l’ONU les ressources nécessaires à sa construction.


M. HUBERT ALEXANDER INGRAHAM, Premier Ministre des Bahamas, a déclaré que les efforts pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement devaient être consentis en tandem et par étapes afin de parvenir au plein emploi et à un travail décent pour tous.  Il a affirmé que les Bahamas avaient déjà mis en place plusieurs des mesures requises par les OMD, notamment en augmentant de 45% en deux ans les dépenses publiques en faveur des populations pauvres.


M. Ingraham a souligné l’importance des questions des migrations internationales et de développement pour les Bahamas, expliquant que son pays fait face depuis une soixantaine d’années à une immigration illégale qui pèse sur les services publics et représente une menace potentielle pour la sécurité nationale. 


Il a estimé que les crises alimentaire, énergétique et financière actuelles menacent les progrès réalisés depuis 10 ans dans la lutte contre la pauvreté, la faim et la malnutrition dans le monde.  La hausse du prix du carburant a des conséquences sur les voyages et donc un impact négatif direct sur l’industrie touristique, principale source de revenus des Bahamas, a-t-il souligné.  Évoquant les changements climatiques, il a souligné ses risques pour les petits États insulaires en développement tels que les Bahamas, où 80% des terres se trouvent à seulement 1,5 mètre au-dessus du niveau de la mer.


M. Ingraham a, par ailleurs, appelé à une représentation permanente et efficace des pays en développement au sein des organisations commerciales et financières internationales, telles que l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il a appuyé le renforcement du Groupe spécial d’experts de la coopération internationale en matière fiscale et sa transformation en un organe intergouvernemental.  Les questions fiscales, a-t-il estimé, doivent être discutées dans un forum ouvert, transparent et inclusif, et inclure les préoccupations des petits États en développement qui ne sont pas traitées adéquatement par les autres organisations.  Le Premier Ministre des Bahamas a donc proposé la convocation d’une conférence internationale pour examiner l’architecture financière et monétaire internationale et les structures de gouvernance économique mondiales. 


Le Premier Ministre bahamien a dit soutenir les négociations sur la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU.  Il a conclu en réitérant l’appel lancé en juillet par la Communauté des Caraïbes (CARICOM) à des engagements internationaux renouvelés pour lutter contre le trafic d’armes légères. 


M. RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, s’est notamment inquiété de la hausse des prix des denrées alimentaires de base qui conduisent à des émeutes de la faim dans le monde et à une instabilité politique mondiale.  Le Premier Ministre a mis en avant les actions entreprises par son pays pour tenter de remédier à la crise alimentaire mondiale. 


Son gouvernement a créé un Plan national dont l’objectif est de combiner des mesures incitatives dans le domaine agricole avec l’éducation et l’assistance, ce qui a permis, a-t-il expliqué, une amélioration de la situation mais n’a pas pu permettre d’y remédier de manière concrète.  M. Gonsalves a déploré les échanges mondiaux inégalitaires où les États développés condamnent, par la concurrence, les industries agricoles naissantes.


Le chef de Gouvernement a déploré que les récoltes servent aujourd’hui à alimenter les moteurs de voiture alors que des personnes meurent de faim.  Il a estimé que la crise alimentaire est le résultat de profondes disparités dans le système économique mondial et des excès consuméristes.  M. Gonsalves a dénoncé les failles de ce système et les stratégies mal conçues, telles que les barrières douanières, la production de biocarburants et la faiblesse de l’aide au développement.


M. Gonsalves a rappelé devant l’Assemblée générale que les producteurs de banane de Saint-Vincent-et- les Grenadines luttent chaque jour pour subvenir à leurs besoins.  Les fermiers, les responsables commerciaux, le secteur privé espèrent encore prendre part aux fruits de la mondialisation, a-t-il poursuivi.  Selon lui, c’est une évidence que la communauté internationale a laissé s’installer, par « inadvertance », la pauvreté.  Par ailleurs, il a fustigé le Cycle de développement de Doha qui ressemble de moins en moins à un processus de négociation et de plus en plus à un pacte suicidaire passé au sein même de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) par les principaux pouvoirs économiques qui veulent tout et concèdent peu ou rien aux plus pauvres et aux nations en développement.


En conclusion, M. Gonsalves s’est alarmé des changements climatiques actuels.  Les pluies torrentielles, les tornades, les ouragans sont des phénomènes de plus en plus fréquents, a-t-il noté.  Et jour après jour, les effets se font ressentir avec l’érosion croissante des côtes, le dépérissement des récifs coralliens et les glissements de terrain.  Dans le même temps, alors que les ressources se font rares, les trafics de stupéfiants et d’armes envahissent notre île, a poursuivi le Premier Ministre.  Il a souligné que son peuple était favorable à l’élimination des armes légères en priorité sur les armes nucléaires.


M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’Autorité palestinienne, a confié qu’il aurait aimé pouvoir apporter cette année la nouvelle de la conclusion d’un accord global avec ses voisins israéliens.  La Conférence d’Annapolis a montré la voie, alors que jamais un forum international consacré au conflit au Moyen-Orient n’avait sans doute réuni autant de pays, a-t-il constaté.  Tous les participants avaient, de manière unanime et inédite, appelé à la cessation immédiate des activités illégales de colonisation, a rappelé M. Abbas.  Cette position constituait la reconnaissance du fait que les négociations ne pouvaient aller de l’avant sans ce préalable. 


Quant à la participation des pays arabes à cette Conférence, elle n’était pas uniquement symbolique, a souligné le Président de l’Autorité palestinienne.  Bien au contraire, elle montrait un désir sincère de soutenir le processus de paix sur la base de l’Initiative de paix arabe adoptée par le Sommet arabe de Beyrouth, il y a plus de six ans.  M. Abbas a souligné l’importance de ladite Initiative en tant que chance historique de parvenir à la paix, la sécurité et à la reconnaissance mutuelle de toutes les parties.


Il est donc curieux d’entendre des excuses incompréhensibles ou inacceptables tendant à justifier la poursuite de la colonisation de Jérusalem-Est et du Territoire palestinien occupé, en gérant la terre comme s’il ne s’agissait pas d’un territoire occupé ou comme si la paix était possible sans que soit mis un terme à l’occupation de tous les territoires arabes occupés en 1967, a ajouté M. Abbas. 


« Je renouvelle sincèrement mon appel à toutes les parties concernées, Israël compris, et à toutes les puissances concernées, qu’elles soient régionales ou internationales, à saisir l’opportunité offerte par l’Initiative de paix arabe, une occasion qui ne doit pas être manquée ou traitée avec légèreté », a affirmé le Président de l’Autorité palestinienne.  M. Abbas a exprimé son « soutien à la poursuite des négociations indirectes entre la Syrie et Israël avec l’aide de la Turquie amie ».


Pour sa part, l’Autorité palestinienne a l’intention d’œuvrer à l’obtention du plus grand progrès possible dans ses actuels pourparlers avec Israël, en tirant profit de l’expérience passée.  M. Abbas a précisé que lorsqu’il faisait référence au caractère profitable de l’expérience accumulée, il souhaitait affirmer que les solutions transitoires ou partielles, ou l’abandon de certaines questions clefs, étaient inacceptables, non viables et qu’elles maintiendraient les racines du conflit. 


« La solution doit être globale, complète et détaillée sans aucune réserve », a souligné le Président de l’Autorité palestinienne.  La solution à laquelle nous aspirons, a-t-il ajouté, doit prévoir un mécanisme visant à assurer sa mise en œuvre honnête et complète, en vertu d’un calendrier négocié et sous supervision internationale.  Cela implique un rôle plus effectif du Quatuor dans la pérennité de la solution qui sera retenue avec un rôle de garant pour l’ONU.


Mahmoud Abbas a ensuite exprimé sa reconnaissance pour le rôle joué par les États-Unis dans le processus de paix.  Il s’est aussi félicité des prises de position des pays islamiques et non alignés.  Il a aussi mentionné le rôle positif de l’Union européenne qui n’a jamais failli dans son soutien multiforme, ainsi que celui de la Fédération de Russie, de la République populaire de Chine et du Japon.


Évoquant le morcellement d’un « petit bout de terre » où opèrent plus de 600 barrages militaires sur les routes principales comme secondaires, le Président de l’Autorité palestinienne a souligné qu’un tel état de fait n’avait aucun équivalent dans l’histoire moderne.  Il a dénoncé les attaques quotidiennes des colons contre des civils qui relèvent, a-t-il dit, de la loi de la jungle et de la terreur raciste.  Une telle situation nécessite une prise de position sérieuse de la communauté internationale qui doit appeler Israël à retirer ses colons et à démanteler ses implantations de colonies.  Évoquant la détention de plus de 11 000 prisonniers, M. Abbas a affirmé qu’il n’y avait pas de situation équivalente où une telle proportion de la population serait incarcérée.


Évoquant enfin la situation à Gaza, gouvernée par le mouvement Hamas, le Président de l’Autorité palestinienne a parlé d’une « prison virtuelle pour 1,5 million de Palestiniens ».  Il a exprimé sa reconnaissance à l’Égypte pour ses efforts visant à alléger le fardeau pesant sur eux.  Il a assuré n’épargner aucun effort pour parvenir à la réconciliation et à l’unité nationale des Palestiniens.  Un plan préliminaire a été annoncé en ce sens afin de permettre la formation d’un gouvernement indépendant et impartial acceptable par toutes les parties, a-t-il rappelé.  Ce gouvernement devrait préparer l’organisation d’élections présidentielle et législative, ainsi que la reconstruction d’un appareil sécuritaire basé sur le professionnalisme de ses membres. 


Quiconque rejettera ces principes et ne s’y conformera pas en portera la responsabilité devant le peuple dans son ensemble et devant la communauté arabe et internationale qui rejette la division, a mis en garde le Président de l’Autorité palestinienne, qui a conclu en citant le poète Mahmoud Darwish qui vient de disparaître.


Mme URSULA PLASSNIK, Ministre fédérale des affaires européennes et internationales de l’Autriche, a souligné que les efforts pour répondre aux défis mondiaux actuels, dont les conflits armés, la pauvreté, la faim, devaient se baser sur un esprit de responsabilité commune et de véritable partenariat.  Elle a aussi affirmé que l’impunité était une menace importante à la paix.  « La paix et la justice sont complémentaires et sont tout aussi essentielles l’une que l’autre », a-t-elle dit.   


Elle a particulièrement insisté sur la contribution des femmes dans la société, affirmant qu’elles représentaient « la puissance émergente du XXIe siècle ».  Elle a souhaité que leur participation soit encouragée et que leur potentiel soit pleinement utilisé.  Elle a affirmé qu’on ne pouvait parler de droits de la femme quand une femme sur trois dans le monde était victime d’abus.  « C’est la responsabilité de chaque gouvernement d’agir sur cette question », a-t-elle déclaré, en mettant en avant le rôle de leader que devait également assumer les Nations Unies. 


La Ministre autrichienne a fait remarquer que les évènements récents en Géorgie montraient que l’Europe pouvait encore connaître la guerre.  En ce qui concerne l’ouest des Balkans, elle a constaté que la région était passée d’une phase de gestion de la crise à une phase de stabilisation, notamment grâce au rôle de l’Union européenne.


Elle a ensuite noté que les petites armes étaient les armes de destruction massive actuelles.  Rappelant que l’Afrique était le continent le plus affecté par ce problème, elle a fait valoir que son pays travaillait avec ses partenaires africains pour la destruction de ces armes et la lutte contre leur commerce illicite.  Elle a de plus indiqué que l’Autriche était active dans les efforts visant l’interdiction des armes à fragmentation. 


Enfin, la Ministre autrichienne a estimé que l’innovation devait être mise au service des défis mondiaux actuels.  Elle a proposé de transformer le PNUE en Organisation mondiale pour l’environnement et a soutenu la création d’une nouvelle agence internationale pour les énergies renouvelables, qui pourrait s’établir à Vienne.  


M. SAMUEL SANTOS LÓPEZ, Ministre des relations extérieures du Nicaragua, a fait observer qu’à mesure que les délégations se succèdent pour parler devant l’Assemblée générale, il se dégage une conception commune des grands défis que doit affronter l’humanité.  La faim, la pauvreté, le prix élevé du pétrole et des denrées alimentaires, les conséquences dramatiques des changements climatiques, le terrorisme, l’urgence de respecter les droits de l’homme et la traite des personnes sont, entre autres, des préoccupations qui méritent une attention soutenue et des efforts concertés de la part de la communauté internationale, a-t-il souligné. 


M. López a fait remarquer que, dans le même temps, l’ONU doit faire l’objet d’un examen de fond afin de devenir une institution efficace et démocratique au sein de laquelle les intérêts de tous sont pris en compte.  Il a souligné que son pays ne veut pas d’un système international basé sur l’hégémonie d’une minorité sur une majorité.  Rappelant que la situation internationale en matière de sécurité se révèle toujours plus instable dans différentes parties du monde, il a souhaité que la communauté internationale agisse intelligemment et avec prudence, afin d’éviter de nouvelles guerres fratricides.  Dans ce contexte, il a apporté son soutien aux efforts du Président de l’Assemblée générale pour promouvoir le désarmement général et complet et le contrôle du nucléaire.


D’autre part, le Ministre a tenu à souligner que la pauvreté et les inégalités ne peuvent trouver aucune justification.  Il a regretté qu’en dépit de nombreux efforts, le fossé entre riches et pauvres se soit encore accru et que des millions de personnes continuent de souffrir de la faim et de vivre dans des conditions d’extrême pauvreté.  Les Objectifs du Millénaire pour le développement attendent une plus grande impulsion de la part des pays qui détiennent plus de ressources économiques, a-t-il insisté, déplorant que la majorité des pays donateurs ne respectent pas les engagements auxquels ils ont souscrit, notamment en matière d’aide publique au développement.  Pour réaliser les OMD, 130 milliards de dollars sont nécessaires, a-t-il poursuivi.  Or, les dépenses en armement dans le monde se sont élevées, en 2007 seulement, à 1 399 milliards de dollars, a-t-il fait remarquer.


Le Ministre des relations extérieures du Nicaragua s’est dit d’avis que l’éradication de la pauvreté, de la faim, de la misère et du chômage passe nécessairement par l’établissement de relations plus justes entre les États, notamment en matière de commerce.  Il s’est inquiété des effets de la crise financière américaine sur certains pays vulnérables, alors que ces derniers n’ont rien à y voir.  Dans ce contexte, il a appelé à la solidarité, au respect et à la coexistence pacifique.  Soulignant que pour le Nicaragua la solidarité n’est pas un concept creux, il a exprimé le soutien de son pays au Gouvernement et au peuple de Bolivie « soumis à des tentatives permanentes et inacceptables de déstabilisation ».  Il a également fustigé le blocus économique imposé à Cuba « en violation du droit international » et s’est montré solidaire des peuples de Puerto Rico, du Sahara occidental et de l’Argentine, au regard de la situation dans les îles Malouines.


M. LAWRENCE GONZI, Premier Ministre de la République de Malte, a déclaré que la sécurité humaine et la dignité de tout homme et de toute femme exigent de nous de forger un consensus sur la base du principe de la responsabilité de protéger.  Cela est particulièrement vrai des génocides, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité, comme cela a été affirmé lors du Sommet de 2005.  De la même manière, nous devons inscrire la lutte contre le terrorisme en tête de notre agenda, a-t-il ajouté.  Mais c’est également au nom du principe de responsabilité de protéger que M. Gonzi a souligné la nécessité de tout mettre en œuvre pour progresser dans la lutte contre les changements climatiques d’ici à décembre 2009, sous peine de voir les petits États insulaires en développement subir le contrecoup de ce phénomène.


Il a ensuite salué les initiatives qui s’efforcent de jeter des ponts entre l’Europe et le monde méditerranéen, citant en exemple l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée dont le siège est à Malte.  Cette Assemblée vise à rassembler tous les États littoraux du pourtour méditerranéen sur un pied d’égalité, afin qu’ils puissent examiner les questions qui les concernent et prendre les décisions relatives à leurs intérêts nationaux et régionaux.  Un important développement du partenariat euroméditerranéen a été l’Union pour la Méditerranée lancée en juillet à l’initiative du Président Sarkozy, de la France, s’est félicité le Premier Ministre.  Malte est convaincue que cette initiative constitue une étape importante dans les efforts conjoints en vue de promouvoir la sécurité et la prospérité communes des pays de la région et de leurs partenaires européens.  M. Gonzi a indiqué que son gouvernement coopérera étroitement avec les autres membres de l’Union pour la Méditerranée sur les questions du développement, de la sécurité alimentaire, de l’eau et de l’énergie.


À ce propos, le Premier Ministre maltais a attiré l’attention sur le problème sans précédent de l’immigration clandestine en provenance d’Afrique.  Malte est bien consciente de ses responsabilités à cet égard.  Toutefois, il est devenu extrêmement difficile de continuer à porter un fardeau aussi lourd et aussi disproportionné par rapport à nos capacités nationales, a-t-il souligné.  C’est la raison pour laquelle notre pays n’a pas cessé de demander une assistance pour faire face à ce problème en invoquant le principe de solidarité et de partage des responsabilités avec ses voisins européens et d’autres nations, ainsi qu’avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).  S’agissant précisément de l’Afrique, M. Gonzi a déclaré que ce continent continuait de représenter un formidable défi, non seulement pour les pays africains eux-mêmes, mais aussi pour la communauté internationale tout entière.  Tout en notant quelques progrès encourageants dans l’éradication de la pauvreté, Malte est très préoccupée par le fait que le continent soit toujours à la traîne, a ajouté le Premier Ministre.  Nous avons l’obligation de renforcer nos efforts pour aider les pays africains à réaliser leur objectif « légitime » de développement durable, a dit le Premier Ministre. 


M. DEREK SIKUA, Premier Ministre des Îles Salomon, a alerté l’Assemblée générale sur l’augmentation du prix des carburants et des denrées alimentaires qui entraîne des problèmes macroéconomiques et reflète la distribution inégale des richesses.  Pour faire face à cette crise, le Gouvernement des Îles Salomon a encouragé la population à s’alimenter localement et à organiser des programmes de culture de riz. 


Face à la crise économique de grande ampleur, M. Sikua a dénoncé l’incapacité des grands marchés à répondre à l’instabilité du système international.  Selon lui, l’économie mondiale a l’air de plus en plus précaire et les petites économies ouvertes connaissent des résultats catastrophiques.  Le Premier Ministre a reconnu que la dépendance de son pays envers les combustibles fossiles et les produits alimentaires renverse les gains obtenus ces dernières années.


Il a mis en avant la coopération de la République de Chine de Taiwan, de la Turquie, de l’Italie et l’Autriche qui a permis à son pays de mettre en place une politique d’énergie renouvelable et d’apporter de l’électricité à 80% de la population dans les zones rurales.  M. Sikua espère aller plus loin pour réaliser des économies car un tiers du budget du Gouvernement est consacré à l’énergie, a-t-il rappelé.


Il a expliqué que les Îles Salomon étaient particulièrement victimes des changements climatiques.  Les forêts sont particulièrement menacées, ce qui a conduit le Gouvernement à mettre en place un vaste programme de reforestation.  M. Sikua a également souligné que face à ces changements climatiques, la population autochtone avait été obligée de quitter les îles à bas relief dû à la montée du niveau de la mer. 


Ces déplacements ont provoqué une tension entre les différents groupes ethniques et des frictions ont éclaté.  Pour faire face à ces tensions, le Gouvernement des Îles Salomon a choisi de suivre l’exemple de l’Afrique du Sud.  Le pays est en train de mettre sur pied une commission de réconciliation et de vérité, a expliqué le chef du Gouvernement.  Il a ajouté que l’objectif était de rétablir la confiance entre les différentes communautés et d’établir la vérité et l’unité.


Le Premier Ministre a expliqué qu’en tant que PMA, son pays était en retard sur la réalisation des OMD.  Il a salué les aides étrangères octroyées à son pays et a remercié les nouveaux bailleurs de fonds qui vont permettre au pays d’améliorer sa gouvernance et sa démocratie.  M. Sikua a mis l’accent sur les questions économiques qui ne reçoivent pas toujours suffisamment d’attention.  La population des Îles Salomon est particulièrement jeune et le chômage est un fléau.  Si dans le cadre des OMD, aucune aide n’est apportée pour résoudre le problème, la situation fera l’effet d’une bombe et explosera tôt ou tard, a conclu le chef du Gouvernement.


M. MANMOHAN SINGH, Premier Ministre de l’Inde, a estimé que des efforts plus concertés sont nécessaires pour revitaliser l’Assemblée générale.  Il a également signalé que le Conseil de sécurité doit changer afin d’être plus « représentatif » des « réalités contemporaines du XXIe siècle ».  Tout en se félicitant des retombées positives de la mondialisation sur son pays, le Premier Ministre a averti que celles-ci n’étaient pas équitablement distribuées.  Évoquant ensuite les crises alimentaire, énergétique et financière, il a souligné la nécessité « urgente » de mener une action coordonnée sur plusieurs fronts. 


Il faut également apporter une réforme structurelle du système financier international, comprenant une régulation plus efficace et des systèmes renforcés de consultations et de contrôles multilatéraux, a-t-il estimé.  Abordant ensuite le problème de la crise alimentaire, le Premier Ministre l’a imputée à la négligence du secteur agricole dans le monde en développement, aux subventions agricoles dans le monde développé et l’exploitation des terres arables pour la production de biocarburants. 


Il a appelé à une deuxième révolution verte.  Nous avons besoin de nouvelles technologies, d’une nouvelle réponse institutionnelle et surtout d’un pacte mondial pour assurer la sécurité alimentaire et celle des moyens de subsistance.  Il a également estimé que la libéralisation du commerce agricole avait son rôle à jouer, à condition qu’elle prenne en compte les préoccupations des agriculteurs pauvres et vulnérables des pays les moins avancés et en développement. 


M. Singh a aussi averti que de nombreux conflits au XXIe siècle auront pour origine l’accès à l’eau.  Il donc a jugé nécessaire de réfléchir dès maintenant à la manière la plus efficace d’utiliser cette ressource qui se raréfie.  Il faut investir dans de nouvelles technologies, créer de nouveaux modes de production et étudier des technologies de désalinisation rentables. 


Le Premier Ministre indien a ensuite regretté que les pays développés n’aient pas honoré leur engagement de verser 0,7% de leur PIB au monde en développement.  Des efforts concertés sont nécessaires, a-t-il estimé, notamment en ce qui concerne l’Afrique.  Il a aussi réclamé des mesures plus renforcées pour la prévisibilité et la stabilité des marchés du pétrole et du gaz et a suggéré la création d’un réseau de coopération internationale entre les institutions du monde développé et du monde en développement engagées dans la recherche sur l’efficacité énergétique, les technologies propres et les sources d’énergie renouvelables.


M. Singh a également indiqué que son pays est à la recherche des sources d’énergie propres pour subvenir aux besoins de sa croissance économique.  Pour lui, toute coopération nucléaire civile avec son pays aura un impact positif sur la sécurité énergétique du monde et sur les efforts de lutte contre les changements climatiques.  Il a jugé important que la poursuite d’un développement écologiquement durable ne vienne pas contredire la réalisation des objectifs de croissance.


Passant ensuite à la politique internationale, le chef du Gouvernement indien a salué « le retour de la démocratie » au Pakistan et a signalé que son pays a l’intention de résoudre, dans le cadre d’un dialogue pacifique, toutes les questions en suspens dont celle de Jammu-et-Cachemire.


M. IVO SANADER, Premier Ministre de la Croatie, a rappelé qu’il reste toujours des affaires à régler dans les Balkans, notamment en Bosnie-Herzégovine, et a proposé la coopération de son pays pour contribuer à la stabilité de la région.  Selon lui, les fondements de la stabilité dans ce pays résident dans le respect des droits égaux pour les trois constituants et peuples souverains, soit les Croates, les Bosniaques et les Serbes.


Le Premier Ministre croate s’est déclaré disposé, aux côtés de la communauté internationale, à soutenir et assister la Bosnie-Herzégovine et les autres pays de la région, à travers une politique active de coopération.  Membre du Conseil de sécurité et en négociations avancées avec l’Union européenne (UE) et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), la Croatie n’a pas tourné le dos à ses voisins, a-t-il assuré.  Au contraire, elle a redoublé ses efforts pour préserver la stabilité et maximiser les bénéfices de la paix, a-t-il ajouté.


M. Sanader s’est félicité que son pays soit passé ces dernières années de « consommateur » de forces de maintien de la paix à « contributeur net », en rappelant que la Croatie participe dans 13 opérations de ce genre sur différents continents.  Selon lui, ses concitoyens y ont démontré leur professionnalisme et leur dévouement, tout en soulignant que leur principale contribution demeure leur capacité à partager avec les populations locales leur propre expérience, pour avoir surmonté une guerre et avoir pris ensuite le chemin de la réconciliation, de la coopération et du développement.


Le Premier Ministre a également souligné l’importance des efforts internationaux conjoints pour traiter de la question des violations flagrantes du droit international humanitaire et des droits de l’homme, à travers des institutions internationales comme la Cour pénale internationale (CPI).  Selon lui, cette instance offre des ressources vitales à la justice dans des situations où les gouvernements nationaux ne peuvent ou ne veulent pas traiter eux-mêmes de ces questions.       


M. APISAI IELEMIA, Premier Ministre de Tuvalu, a souligné que les changements climatiques représentent sans conteste la menace la plus sérieuse pour la sécurité mondiale et la survie de l’humanité.  Il a expliqué que cette question préoccupe tout particulièrement les petits États insulaires vulnérables comme Tuvalu.  Rappelant que les causes des changements climatiques sont connues et qu’il convient, dès lors, que tous les pays réagissent pour y faire face, il a estimé que l’élaboration d’un nouvel accord international définissant le régime d’après-Kyoto s’avère cruciale. 


Il faut inciter tous les pays à diminuer considérablement leurs émissions de gaz à effet de serre, a-t-il recommandé, déplorant l’absence de leadership en la matière en dépit des conclusions du récent Sommet du G-8.  Il a, à cet égard, estimé que le monde industrialisé devrait endosser le rôle de chef de file dans la lutte contre les changements climatiques et ce, sur la base des principes de « pollueur-payeur » et de la responsabilité commune mais différenciée.  Le Premier Ministre de Tuvalu a ajouté que tous les pays sans exception doivent réagir et a assuré que le sien entend également contribuer à la réduction des émissions, notamment par l’utilisation de sources d’énergie renouvelables.


M. Ielemia a expliqué que son pays a élaboré un document relatif à l’adaptation qu’il a présenté à la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CNUCC).  Ce document, a-t-il précisé, a mis en évidence l’absence d’un financement adéquat pour l’adaptation.  Soulignant que les besoins des pays en développement en matière d’adaptation ont été estimés à un minimum de 50 milliards de dollars par an, il a proposé que soit créé un mécanisme de « partage du fardeau » qui pourrait être financé par un partage des revenus générés par le commerce des émissions et par le transport aérien et maritime.  Tout en saluant les différentes propositions de financement qui ont récemment été faites, il a mis en garde contre la fragmentation des efforts internationaux. 


« Nous n’avons pas besoin de nouvelles études », a-t-il souligné, appelant la communauté internationale à plutôt honorer ses engagements pour « sauver » ceux qui sont touchés par les changements climatiques.  Le Premier Ministre de Tuvalu a également préconisé que les institutions des Nations Unies et les ONG développent une approche conjointe.  Il a proposé, comme première étape, qu’un comité spécial de coordination soit établi sous les auspices de l’Assemblée générale.  En outre, un mécanisme d’assurance pourrait être créé pour aider les plus vulnérables à supporter les coûts de reconstruction suite aux catastrophes liées aux changements climatiques.


D’autre part, le Premier Ministre a déploré que le critère de vulnérabilité ne soit pas pris en compte dans la décision de rayer ou non un pays de la liste des pays les moins avancés.  Il a fait observer que presque tous les pays qui ont récemment été jugés éligibles à la gradation, à l’instar de Tuvalu, sont des petites îles.  Outre l’amélioration du revenu par habitant et des indices de développement humain, ces pays ont en commun une extrême vulnérabilité économique et écologique, a-t-il souligné.  Or, ce critère ne semble pas avoir de poids ni même de reconnaissance au sein de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social, a-t-il déploré, appelant par là l’ONU à réformer le processus de gradation.


M. ABBAS EL FASSI, Premier Ministre du Royaume du Maroc, a d’abord évoqué les espoirs nés de l’écroulement du mur de Berlin il y aura bientôt 20 ans.  Malgré les attentes d’un monde meilleur à l’issue de la guerre froide, la réalité d’aujourd’hui est celle d’une augmentation des guerres intestines et des conflits régionaux, particulièrement sur le continent africain, a-t-il constaté, situation qui est exacerbée par la course aux sources d’énergie et l’exploitation effrénée des richesses minérales. 


M. El Fassi a rappelé que si la naissance de l’Organisation mondiale du commerce en 1994 à Marrakech avait permis l’accélération substantielle des échanges mondiaux, ceux-ci s’étaient faits sans pour autant créer un système commercial juste contrairement à ce qu’attendaient les pays en développement.  En outre, a constaté le chef du Gouvernement marocain, malgré les efforts déployés par les conférences internationales de l’ONU, l’aide officielle au développement a eu tendance à décroître ces dernières années. 


Malgré les progrès accomplis, plusieurs pays africains demeurent parmi les pays les moins avancés.  Cette situation nécessite un plus grand engagement de l’ONU afin de permettre de surmonter les difficultés qui empêchent l’Afrique d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Concernant le maintien de la paix et de la sécurité, M. El Fassi a rappelé que son pays ne ménageait pas ses efforts pour accroître son implication dans les forces de maintien de la paix de l’ONU.  Le Royaume, en outre, est un fervent promoteur de la coopération Sud-Sud en donnant la priorité à l’Afrique.  Il estime important de renforcer le multilatéralisme afin de parvenir à un nouvel ordre basé sur la justice et l’égalité.


Concernant le conflit au Proche-Orient, le Maroc est d’avis que l’Initiative de paix arabe est à n’en pas douter une solution réaliste qui reflète l’engagement véritable des pays arabes pour atteindre une solution juste et durable.  Concernant l’Iraq, le Maroc encourage le dialogue et la réconciliation nationale.


Avec la célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, il estime par ailleurs que c’est l’occasion de procéder à la nomination d’un rapporteur spécial sur les droits de l’homme.  Sur le plan régional, depuis son indépendance le Maroc a placé le projet d’Union du Maghreb arabe en tête de ses priorités, a affirmé son représentant.  Il n’a ménagé aucun effort en ce sens pour sa revitalisation.  Il est profondément engagé à en surmonter les obstacles afin d’avancer vers l’intégration régionale du Maghreb. 


C’est la raison pour laquelle il a proposé l’initiative pour négocier un statut d’autonomie pour la région du Sahara afin de mettre un terme à ce « conflit artificiel » et afin de dépasser l’impasse actuelle au niveau des Nations Unies.  Le Maroc demeure fermement engagé en faveur de la poursuite des négociations, avec sincérité et bonne volonté, afin de parvenir à une solution qui respecterait sa souveraineté nationale, son intégrité territoriale et où l’autonomie en faveur de cette région bénéficierait à sa population.


M. El Fassi a conclu qu’un Maghreb arabe fort, intégré et stable pouvait jouer un rôle clef dans le maintien de la paix et de la stabilité régionale.  Il peut aussi contribuer à renforcer l’intégration africaine.


M. DAVID J.H.THOMPSON, Premier Ministre de la Barbade, est revenu sur la situation politique dans son pays, marquée par la tenue d’élections ayant abouti à la mise en place du Gouvernement dont il est le premier responsable.  C’est l’occasion de féliciter la conduite du peuple de la Barbade, la maturité démocratique de son peuple, traduite par la tenue d’élections justes et transparentes tous les cinq ans.


M. Thompson a expliqué que la première richesse de son pays était les ressources humaines, et que fort de cela, son gouvernement aurait pour priorité d’appliquer des politiques qui promeuvent les talents et les entreprises individuelles et qui permettent d’assurer à son peuple l’universel accès à une éducation de qualité, à une protection sanitaire, au logement et aux conditions de travail décent.  Le tout dans un environnement respectueux des droits de l’homme et de l’état de droit, a-t-il ajouté.  


Il a déclaré que son pays était conscient de la gravité de la volatilité de l’économie globalisée sans précédent « qui est en train d’ébranler les fondations d’États plus puissants que les nôtres ».  À ce sujet, son gouvernement aura pour tâches immédiates de rechercher des mesures qui permettent de faire face à la hausse du coût de la vie, résultant très largement de l’augmentation de l’énergie et des produits alimentaires; mais aussi de réduire le taux de la dette interne et internationale; et de stabiliser l’économie nationale, tout en la gardant compétitive.


Il a par ailleurs fait part à l’Assemblée générale du fait que son gouvernement ferait de « l’attachement aux valeurs démocratiques », le principe fondamental qui gouvernera la position de la Barbade dans les affaires internationales, suivant en cela la ligne directrice tracée par « le père de l’indépendance le héros national: Errol Barrow ».


En tant qu’État insulaire, le Premier Ministre a dit que la Barbade allait travailler fortement pour la reconnaissance des vulnérabilités particulières propres aux États insulaires en développement, et pour l’apport de réponses intelligentes aux défis critiques tels que les changements climatiques, les risques de désastres naturels qui pèsent sur leur développement durable.  Aux côtés du Groupe des petites économies vulnérables, son pays œuvrera pour la création d’un régime spécial et un traitement différentiel qui répondent à leurs propres spécificités, a-t-il dit.


En tant que pays à revenu intermédiaire, et non éligible à différents financements, M..THOMPSON a déclaré que son pays comptait, avec d’autres nations ayant le même statut, pousser à l’émergence de mécanismes de soutien utiles à la continuité de leur processus de développement. 


Il a ensuite annoncé que la Barbade entendait également travailler avec les autres États de la région, à la protection de leur patrimoine commun, la mer des Caraïbes.  Et cela, contre la surexploitation et la dégradation de l’environnement. Ils travailleront aussi à la sécurisation de leurs frontières communes afin de faire face aux menaces représentées par les trafics de drogues et d’armes, le blanchiment d’argent et le terrorisme, a-t-il, souligné.


Il a estimé qu’il y avait peu de doute sur le fait que le monde était rentré dans une phase de crise de grande ampleur, marquée par la volatilité du prix du pétrole, et menaçant la situation des États les plus faibles.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il dit, l’investissement dans les sources d’énergies renouvelables, telles que l’énergie éolienne, le géothermal, ou les biocarburants, est impératif.


S’agissant de la crise alimentaire, il a souhaité que les décisions et mesures proposées par les agences des Nations Unies et celles conclues à la Conférence de la FAO à Rome, trouvent leur place dans des programmes et projets spécifiques.  Il a aussi estimé que les stratégies nationales internes ne pouvaient suffire à résoudre la crise, et qu’elles devaient être accompagnées par les donateurs.


Le Premier Ministre de la Barbade a demandé que le Conseil économique et social des Nations Unies joue un rôle plus significatif dans la prise de décisions concernant l’économie globale, conformément au mandat qui lui a été assigné par la Charte de l’ONU.  Il s’est félicité du démarrage des négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité, lequel devra être plus représentatif a-t-il déclaré. 


Abordant la question des changements climatiques, il a exprimé son espoir d’une réaction face à ce qui est devenu « une évidence scientifique », une réaction qui devra répondre aux inquiétudes et attentes des États vulnérables en développement, subissant déjà les  effets du phénomène. 


C’est en ce sens qu’il a exhorté les États Membres à sortir, à la Conférence de Copenhague de 2009, un accord compréhensif, ambitieux et ouvert à tous et qui fournisse aux États insulaires en développement et autres pays en développement de nouvelles sources de financement.


M. GEIR H. HAARDE, Premier Ministre de l’Islande, a déclaré que la pauvreté extrême continuait d’être un obstacle au développement et à la sécurité dans de nombreuses régions du monde.  En dépit de progrès significatifs en matière de réduction de la pauvreté, ce phénomène continue d’être le défi le plus considérable auquel fait face l’humanité et la source de tant d’autres problèmes aux répercussions mondiales.  L’expérience démontre qu’une combinaison d’initiatives nationales, régionales et internationales est généralement nécessaire pour éradiquer les causes sous-jacentes de la pauvreté, a rappelé M. Haarde, qui a aussi expliqué que des ressources additionnelles étaient requises pour la coopération au développement.  La communauté internationale doit donc tenir ses engagements vis-à-vis des pays les plus vulnérables, en particulier de ceux de l’Afrique subsaharienne, a-t-il lancé.  À cet égard, la quatrième réunion de Doha sur le financement du développement qui se tiendra en décembre sera un test, a-t-il estimé.  Pour sa part, l’Islande ambitionne de devenir un des donateurs d’aide publique au développement les plus conséquents, après avoir déjà doublé son budget de coopération au développement au cours des quatre dernières années.


Abordant les défis interdépendants du développement durable qu’il faut absolument relever, le Premier Ministre a indiqué que l’apathie n’était plus de mise.  Ainsi, il reste beaucoup à faire pour renforcer la sécurité alimentaire.  L’Islande, par exemple, partage depuis des décennies son expérience et son expertise des pêcheries modernes avec des États côtiers en développement.  Quant à la menace des changements climatiques, elle pourra seulement être contrée au travers des efforts conjoints de la communauté internationale.  M. Haarde a insisté sur la situation spécifique des petits États insulaires en développement qui subissent les premiers les conséquences du réchauffement planétaire et de la montée des océans.  En ce qui la concerne, l’Islande, qui dispose de ressources hydroélectriques et géothermiques abondantes, tire déjà 80% de son énergie de sources renouvelables, a-t-il indiqué.


Abordant enfin la question du rôle des Nations Unies au XXIe siècle, le Premier Ministre a indiqué qu’un moyen très simple d’améliorer la visibilité de l’ONU et de ses activités était d’informer les populations.  À cet égard, il a annoncé une initiative de son gouvernement de faire des activités des Nations Unies une partie intégrante de l’enseignement des classes de primaire et de secondaire.  M. Haarde a également fait part de l’intention de son pays de briguer, pour la première fois, un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité, avec le soutien des quatre autres pays nordiques.  Le Premier Ministre a souligné que ces pays sont depuis longtemps des contributeurs clefs aux activités de maintien de la paix et d’assistance au développement et s’étaient montrés capables de jouer un rôle disproportionné par rapport à la taille de leur territoire et à l’importance de leur population.  Par-dessus tout, les pays nordiques ont démontré leur engagement sans relâche en faveur de la coopération multilatérale et l’Islande, si elle devait être élue, poursuivra cette tradition, a assuré M. Haarde.


M. JOSAIA V. BAINIMARAMA, Premier Ministre des Fidji, s’est alarmé des récents changements climatiques qui touchent particulièrement son pays.  Il a également pointé du doigt l’escalade du prix des denrées alimentaires et la flambée du prix du pétrole.  Il a souhaité que la population fidjienne fasse le meilleur usage de ses ressources foncières importantes.


M. Bainimarama a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte son assistance à la lutte contre les changements climatiques qui affectent les petites îles et posent quotidiennement des problèmes de sécurité.  Selon lui, il faut des investissements, des mesures pragmatiques, des réactions rapides et la coordination des efforts.


Le Premier Ministre a présenté la situation qui prévaut dans les îles Fidji.  Il a rappelé et fait valoir la participation passée des soldats du pays aux opérations de maintien de la paix.  Il a estimé que ses troupes avaient toujours fait preuve de professionnalisme et de discipline.  Elles continuent de travailler pour maintenir intacte cette déontologie.  Pourtant, les relations entre les soldats des îles Fidji et le Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU (DOMP) ont connu certaines difficultés, a avoué M. Bainimarama.  Il a dénoncé l’exclusion des soldats de son pays aux nouvelles missions du maintien de la paix comme le résultat d’influences extérieures.


M. Bainimarama a rappelé que depuis l’indépendance de son pays, certains progrès avaient été réalisés alors que dans le même temps la situation s’était compliquée et dégradée résultant de l’instabilité politique et de la stagnation économique.  Un Gouvernement intérimaire gouverne le pays depuis décembre 2006, a expliqué le Premier Ministre.  Il a tenu à faire savoir que les élections prévues en 2009 seraient reportées.  La réaction de la communauté internationale a souvent été néfaste malgré les efforts réalisés par le Gouvernement, a-t-il regretté. Il faut changer notre système électoral actuel et cela va à l’encontre du principe du suffrage égalitaire.


M. Bainimarama a poursuivi, en expliquant qu’il fallait reconstruire la nation sur des fondements solides.  Le Gouvernement provisoire s’est lancé dans un réexamen complet des problèmes de gouvernance et de gouvernement.  Le Gouvernement intérimaire a la capacité de résoudre les problèmes à lui seul, a-t-il poursuivi.  Il nous faut mettre sur pied une instance consultative indépendante et informer le peuple de Fidji.


M. Bainimarama a conclu son propos en réitérant son appel à la communauté internationale.  Il a souhaité qu’elle s’engage dans la reconstruction de Fidji et permette l’avènement d’une société démocratique, bien gouvernée, forte culturellement et qui assure l’intégration des populations autochtones.  « Je demande à la communauté internationale de ne pas se pencher sur le retrait du Gouvernement et je m’engage à mettre fin à ce cycle de coups d’État et à briser la gouvernance injuste de l’île depuis mai 1997 », a insisté le Premier Ministre.


M. ROOSEVELT SKERRIT, Premier Ministre de la Dominique, a signalé que la mondialisation continue de changer de manière significative le dynamisme de la survie et de la viabilité économique des petits États des Caraïbes.  Nous avons de plus en plus souvent l’impression d’être passés sous le radar des pays développés qui ont peu d’égard pour nos souffrances, notamment dans les domaines du commerce et du financement pour le développement.  On évoque tout le temps l’importance du changement mais ce mot commence à sonner creux, a-t-il regretté.


Les populations des Caraïbes qui ont été victimes d’ouragans salueraient tout « changement » capable de modifier l’acheminement des secours qui leur sont destinés, a-t-il signalé.  Il s’est ainsi demandé pourquoi la reconstruction d’Haïti, pays qui a été frappé cette année par quatre ouragans dévastateurs, avait reçu moins de 10% des sommes nécessaires, alors que les États-Unis et l’Union européenne s’étaient engagés à verser 1 milliard de dollars pour la reconstruction de la Géorgie.  Il a engagé la communauté internationale à apporter une attention « urgente » à Haïti.


Abordant ensuite la question de la crise financière, M. Skerrit a signalé qu’en 2002 et 2003, l’économie de son pays avait été paralysée par une série de décisions prises par les pays développés et les agences multilatérales qui semblaient « totalement indifférents » à leurs répercussions. 


À quoi bon parler de « changement » si les pays industrialisés refusent de tenir compte des avertissements et de faire preuve d’un plus grand engagement pour inverser les effets des changements climatiques, a-t-il poursuivi.  Le Premier Ministre s’est ensuite félicité de l’initiative « PetroCaribe » du Venezuela qui assure un approvisionnement fiable en pétrole aux pays des Caraïbes.  M. Skerrit a également fait part de ses préoccupations au sujet de la flambée du prix du riz et a estimé, à l’instar du Secrétaire général, que la crise alimentaire est un « outrage moral ».


Avant de conclure, M. Skerrit a déclaré que pour de nombreux petits États insulaires, le succès de cette session de l’Assemblée générale se mesurera à l’aune de sa capacité à obtenir un renouveau dans l’engagement international envers « un changement considérable ».


M. FELETI VAKA’UTA SEVELE, Premier Ministre de Tonga, a demandé des mesures urgentes pour faire face à la menace des changements climatiques et a annoncé que les petites îles du Pacifique soumettront un projet de résolution à l’Assemblée générale pendant cette session.  Ces changements sont le « véritable défi » de notre époque et devraient constituer « la préoccupation immédiate » de la communauté internationale, a-t-il affirmé.  Selon lui, la perspective de « réfugiés climatiques » de certaines îles du Pacifique est déjà une réalité, avec des communautés qui doivent se reloger en raison de la montée du niveau de la mer.


Face à cette situation, les pays en développementdesîlesdu Pacifiqueont élaboré un projet de résolution intitulé « Changement climatique et sécurité » afin que les « États Membres l’étudient, a-t-il précisé, espérant que le texte sera largement soutenu.  Des mesures urgentes, a-t-il affirmé, doivent être prises maintenant.


M. STEPHENSON KING, Premier Ministre et Ministre des finances, des affaires étrangères, des affaires intérieures et de la sécurité nationale de Sainte-Lucie, a fait observer que depuis la consécration des Objectifs du Millénaire pour le développement en 2000, l’économie mondiale a connu de nombreux chocs qui ont entravé la réalisation de ces Objectifs dans le temps imparti.  Citant le Secrétaire général, il a souligné que la communauté internationale est face, aujourd’hui, à une « urgence de développement » et qu’il est impératif de réagir.  « L’inaction ou l’indifférence risquera seulement de saper les progrès déjà accomplis », a-t-il averti.


M. King a assuré que son pays maintient son engagement à réaliser les OMD d’ici à 2015 et fera tout pour y arriver.  Dans cette perspective, le Gouvernement a mis la priorité sur la réduction de la pauvreté, a-t-il expliqué.  En matière d’éducation, l’accès universel à l’école primaire et secondaire a déjà été atteint.  En ce qui concerne la santé, des progrès significatifs ont été réalisés en vue de la gratuité des soins pour tous.  En outre, Sainte-Lucie a enregistré des avancées considérables en matière d’espérance de vie, de mortalité infantile et de couverture vaccinale, a ajouté le Premier Ministre.  Il a souligné que la pandémie de VIH/sida continue d’être l’objet d’une attention toute particulière de la part du Gouvernement et que d’importants progrès ont été faits dans ce domaine.  Il a précisé que le taux de prévalence était actuellement de 0,12% et que l’éducation constituait le principal instrument pour lutter contre la propagation du virus.  Toutefois, Sainte-Lucie continue d’être aux prises avec deux problèmes, la violence, le crime et la sécurité, d’une part, et la fuite des cerveaux, d’autre part, qui minent le développement du pays, a souligné M. King.  Parmi les autres facteurs qui entravent les efforts de développement figurent notamment les changements climatiques et la montée des prix du pétrole et des denrées alimentaires, a ajouté le Premier Ministre. Il a, enfin, réitéré sa conviction que les Nations Unies devraient considérer le développement comme outil fondamental pour l’éradication de la pauvreté et, plus généralement, la réalisation des OMD.


Le Premier Ministre a ensuite attiré l’attention sur les difficultés rencontrées par les pays à bas revenu et les petits États insulaires en développement.  Il a dit nourrir de grands espoirs s’agissant de la prochaine Conférence de Doha sur le financement du développement et a appelé tous les partenaires du développement à concrétiser les engagements auxquels ils ont souscrits mais qu’ils n’ont pas encore honorés.  Il a en outre souligné l’importance que l’aide ne soit pas assortie de conditions qui, a-t-il déploré, sont souvent une caractéristique typique des programmes d’assistance internationaux.


M. AHMED TIDIANE SOUARÉ, Premier Ministre de la République de Guinée, a rappelé que dans l’euphorie consécutive à l’effondrement du mur de Berlin, « les grandes puissances avaient prophétisé, dans un élan précoce de triomphalisme, que les budgets naguère engloutis dans la course aux armements, seraient désormais consacrés à accélérer l’éradication de la pauvreté.  Cependant, la physionomie actuelle du monde, fortement fracturé entre riches et pauvres, présente de multiples stigmates de la non-réalisation de ces promesses », notant même que les dépenses militaires avaient crû fortement ces dernières années.


Concernant la crise alimentaire, le chef du Gouvernement guinéen a souligné qu’il s’agissait d’un défi « urgent et pressant » exigeant une réaction rapide: il convient de remettre l’agriculture au cœur des préoccupations nationales et internationales car la satisfaction des besoins alimentaires des populations les plus vulnérables et la préservation de la stabilité sociopolitique dans ces pays sont à ce prix.


M. Tidiane Souaré a souligné que les résultats étaient encore mitigés en matière de recul de la pauvreté, les pays pauvres s’enlisant davantage.  Pour sortir du cercle vicieux du sous-développement, les dirigeants et les populations des pays pauvres attendent en particulier la suppression des obstacles à l’exportation de leurs produits afin de permettre à leurs économies de sortir de leur marginalisation dans le système du commerce mondial.  Le Gouvernement guinéen demande avec insistance la mise en application des conclusions issues des réunions de haut niveau relatives à l’ordre du jour prioritaire de l’Agence internationale de développement.  Car, a-t-il ajouté, ces conclusions proposent des approches et dégagent des pistes qui pourraient améliorer les conditions de vie de centaines de millions de personnes, notamment en Afrique.


Le chef du Gouvernement guinéen a lancé un appel aux États Membres pour qu’ils se joignent au Groupe pilote sur les contributions de solidarité en faveur du développement présidé par son pays.  Il a appelé les dirigeants du monde à accroître leur appui en faveur des pays pauvres.  Plus que jamais décidées à faire bon usage de l’aide qui leur sera accordée, les populations des pays pauvres sont désormais résolues à sortir de la pauvreté qui les avilit, a assuré M. Tidiane Souaré.  Concernant la grave crise économique et sociale que traverse son pays depuis deux ans, il s’est réjoui de pouvoir annoncer que cette situation était en voie de normalisation et d’amélioration par la formation en particulier d’un gouvernement d’union comprenant l’opposition.


M. JEAN ASSELBORN, Vice-Premier Ministre du Grand-Duché de Luxembourg, a mis en avant les progrès incontestables dans la lutte contre la pauvreté.  Il a noté la baisse de 400 millions du nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, la diminution de 27% du taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans et les investissements accrus dans l’éducation et la santé.  Il a toutefois rappelé que la hausse des prix des denrées alimentaires et la flambée des prix du pétrole restent un sujet de préoccupation.  Concernant les dérèglements climatiques, il a souhaité que les efforts engagés à Bali se poursuivent et aboutissent à un régime post-Kyoto.


M. Asselborn a surtout voulu faire part de son inquiétude au sujet des violences qui secouent le continent africain.  Il s’est dit préoccupé par le conflit au Darfour qui est entré dans sa sixième année.  Même s’il a salué le déploiement d’une force des Nations Unies dans le pays, il a rappelé que les efforts resteront vains si les parties au conflit restent aveuglées par leurs intérêts.  Sécurité, accord politique, mesures humanitaires et fin de l’impunité pour les crimes commis au Darfour sont les principaux volets d’une solution durable, a-t-il préconisé.


Le Vice-Premier Ministre a mis en avant la contribution de son pays aux forces de l’EUFOR, au Tchad et en République centrafricaine, afin de protéger les réfugiés du Darfour et de favoriser l’accès de la communauté humanitaire à ces populations vulnérables.


M. Asselborn a manifesté sa préoccupation sur la situation qui prévaut en Somalie.  Le pays est en proie à la guerre civile depuis plus d’une génération et les conséquences se font sentir dans toute la région de la corne de l’Afrique, a-t-il rappelé.  Il a surtout souhaité que l’Accord de Djibouti aboutisse à une solution durable. 


La République démocratique du Congo et la reprise des combats, le Zimbabwe où un terme doit être mis à toutes formes d’intimidation et de violences, le Libéria, la Sierra Leone, beaucoup reste à faire sur le continent africain et demeure pour M. Asselborn des sujets d’inquiétude.  Par ailleurs, l’Union européenne veut agir pour la paix et doit, en coopération avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Luxembourg, jouer un rôle central dans le conflit géorgien.  Il a préconisé le déploiement d’une mission d’observation sur le terrain et une contribution aux futures discussions internationales qui se tiendront à Genève.


M. Asselborn a espéré une réforme interne du système des Nations Unies.  Il a souhaité que les négociations sur la réforme du Conseil de sécurité débutent dès 2009 et aboutissent rapidement.  Le Conseil doit être plus représentatif, plus performant et plus transparent permettant une meilleure efficacité, a-t-il insisté.


En conclusion, le Vice-Premier Ministre a rappelé le devoir de la communauté internationale de protéger les populations contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité.



M. TILLMAN THOMAS, Premier Ministre de la Grenade, a estimé que le commerce et la distribution de la « propriété technologique » occupent une place plus importante dans les engagements internationaux que la notion de souveraineté.  Des petits États comme la Grenade doivent constamment justifier leur viabilité économique ce qui, en plus de la mondialisation, a une incidence négative sur la stabilité de nos pays, a-t-il affirmé.  Il a déclaré que la diplomatie de son pays doit opérer un « changement fondamental » pour améliorer ses chances de succès.


Il s’est ensuite félicité des changements politiques qu’avait récemment connus son pays.  Malgré son passé politique turbulent, Grenade va maintenant de l’avant et offre la preuve que la paix et la réconciliation y sont possibles, a-t-il dit.


Le Premier Ministre a ensuite expliqué que son gouvernement s’efforce d’élargir les secteurs productifs de l’économie, notamment celui de l’agriculture.  Nous avons déjà réussi à garantir une éducation primaire universelle et œuvrons maintenant pour que chaque ménage ait au moins un diplômé universitaire d’ici à 2025, a-t-il poursuivi.  Le pays a également fait des avancées dans sa lutte contre le VIH/sida et la mortalité infantile.


Passant aux changements climatiques, M. Thomas a déploré leurs effets dans des pays comme le sien et les répercussions économiques qui en découlent.  Les effets dévastateurs des quatre ouragans qui ont frappé les Caraïbes illustrent la gravité des problèmes que nous affrontons, a-t-il déclaré, pour ensuite fermement appuyer la déclaration politique de l’Alliance des petits États insulaires en développement (AOSIS), qui doit être adoptée le 29 septembre. 


La Grenade attache une importance particulière à la protection de la mer des Caraïbes qui est à présent menacée par le transbordement de déchets nucléaires, a poursuivi le Premier Ministre.  Il a ainsi demandé à l’Assemblée générale d’émettre une résolution « plus ferme » à ce sujet.


M. Thomas a également passé en revue les diverses mesures juridiques mises en œuvre pour améliorer le respect de l’état de droit dans l’île, ainsi que la transparence et le respect des institutions et des droits de l’homme.  Afin d’atteindre une croissance économique durable, la Grenade vise, entre autres, à revitaliser les industries du cacao et de la noix de muscade; augmenter la productivité de la main d’œuvre et créer un climat propice à l’investissement.  Le chef du Gouvernement a également souligné la nécessité urgente de créer un partenariat mondial pour le développement et d’apporter une attention particulière aux besoins des pays les moins avancés, notamment dans le domaine du commerce, de l’allègement de la dette et de l’environnement.


Le Premier Ministre a ensuite engagé les États-Unis à appuyer les changements sociaux et économiques actuellement à l’œuvre à Cuba.  Il a également souligné la nécessité d’aider l’Afrique à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement et de venir en aide à Haïti.  Avant de conclure, il a aussi salué l’Initiative PetroCaribe du Venezuela.


M. FRANK-WALTER STEINMEIER, Vice-Chancelier et Ministre des affaires étrangères de la République fédérale d’Allemagne, a déclaré qu’il était désormais admis que pour relever les grands défis mondiaux, les États Membres devaient travailler de concert.  Il a évoqué à cet égard la crise géorgienne et la nécessité d’y apporter une solution mutuellement acceptable par toutes les parties en demandant de nouveau à l’ONU, à l’OSCE et à l’Union européenne de « faire enfin taire les armes », d’aider à la reconstruction et au retour chez eux des réfugiés.  Soulignant que l’UE, en envoyant une mission d’évaluation sur place, joue un rôle pivot dans la région, le Vice-Chancelier allemand a précisé que le but de cette action était d’ouvrir la voie à un règlement durable du conflit sur la base de la confiance. 


Il a ensuite attiré l’attention sur la situation en Afghanistan, indiquant que le développement économique était indispensable pour améliorer la situation en matière de sécurité et inciter les populations à rejeter le fondamentalisme et le terrorisme.  Au cours des derniers mois, nous avons accompli de sérieux progrès, a-t-il dit, des millions d’enfants, y compris de nombreuses filles, ont repris le chemin de l’école et la construction de rues, de ponts et d’hôpitaux se poursuit.  M. Steinmeier a également souligné que la formation de la Police nationale évoluait à un rythme encourageant.  Selon lui, l’amélioration de la sécurité en Afghanistan et dans toute la région est inséparable des efforts menés pour parvenir à la stabilisation du Pakistan. 


Pour ce qui concerne la situation au Moyen-Orient, le Ministre allemand a déploré les propos de la République islamique d’Iran sur Israël, qu’il a qualifiés d’« irresponsables et inacceptables », et mis en garde contre les conséquences de l’acquisition de l’arme nucléaire par ce pays sur le processus de paix dans la région.  Les problèmes que connaissent la Géorgie, l’Afghanistan et le Pakistan ainsi que le Moyen–Orient, soulignent l’urgence de développer les fondations d’un ordre mondial plus stable, a encore dit le Vice-Chancelier allemand.  Il a par ailleurs plaidé pour la multilatéralisation du cycle du combustible nucléaire et pour l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) afin de réduire le risque que la technologie nucléaire ne tombe entre les mains de groupes terroristes et de restaurer la confiance interétatique. 


Enfin, après avoir demandé que la communauté internationale agisse rapidement pour rendre transparents et stables les marchés financiers, M. Steinmeier a fait savoir que l’Allemagne allait augmenter sa contribution à l’aide publique au développement de 1,2 milliard de dollars l’année prochaine. 


M. FRANCO FRATTINI, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l’Italie, a déclaré qu’une nouvelle vision de la gouvernance mondiale au XXIe siècle devait s’appuyer sur trois principes: l’inclusion, l’efficacité et la responsabilité partagée.  Une gouvernance efficace signifie la réaffirmation du rôle central des Nations Unies, a-t-il déclaré, à commencer par son organe le plus représentatif: l’Assemblée générale.  M. Frattini a souligné qu’il fallait tirer les leçons immédiates de la tourmente des marchés financiers, en adoptant des règles de transparence adéquates et en veillant à une redistribution équitable des richesses.  C’est la vision que l’Italie compte promouvoir pendant sa présidence du G-8, en ouvrant un dialogue avec les puissances émergentes comme avec les pays les moins développés en vue de forger un nouveau système multilatéral.


Dans ce contexte, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement constitue un défi prioritaire, a poursuivi le Vice-Premier Ministre, car ils exigent de plus grandes ressources financières et humaines et un véritable partenariat entre donateurs et pays bénéficiaires.  En outre, 2009 sera une année déterminante pour les négociations relatives à l’élaboration d’un instrument destiné à succéder au Protocole de Kyoto incluant des mesures d’atténuation et d’adaptation.  Pour le Vice-Premier Ministre, la lutte contre les changements climatiques est étroitement liée à la sécurité énergétique et c’est la raison pour laquelle nous devons promouvoir la recherche de technologies propres.


Enfin, une coopération multilatérale efficace est vitale pour notre sécurité et notre sûreté, a souligné M. Frattini, qui a attiré l’attention sur l’importance de rester vigilant vis-à-vis du terrorisme international.  À cet égard, nous devons œuvrer à l’élaboration d’un nouveau pacte mondial contre le terrorisme, qui devrait être prêt pour le dixième anniversaire des évènements tragiques du 11 septembre, a-t-il conclu.


M. JAN KUBIS, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, a appelé la communauté internationale à se consacrer non seulement aux nouveaux défis comme la crise alimentaire mais aussi à ne pas oublier les menaces des plus anciennes et plus traditionnelles, le monde étant malheureusement le théâtre de nombreuses crises et disputes.


Rappelant les récents développements en Géorgie et dans les Balkans occidentaux, M. Kubis a plaidé pour des solutions négociées et des moyens pacifiques, avec un rôle central pour l’ONU, basés sur le respect de principes internationaux comme la souveraineté et l’intégrité territoriale, le rejet du recours à la force et des mesures unilatérales.


Les conflits gelés et les disputes qui n’ont pas été résolues, s’ils sont laissés de côté, ont tendance à atteindre des niveaux plus dangereux, à répandre l’instabilité et alimenter l’extrémisme, a-t-il prévenu, citant l’exemple du Moyen-Orient.  M. Kubis a d’ailleurs exprimé sa préoccupation sur l’incapacité de la communauté internationale de clore la question du programme nucléaire iranien d’une manière qui puisse être considérée par tous comme conforme au régime de non-prolifération.


Le Ministre slovaque a plaidé pour la réforme du Conseil de sécurité et a soutenu les souhaits de l’Allemagne, du Japon, du Brésil et de l’Inde d’en devenir des membres permanents, tout en demandant au moins un siège non permanent supplémentaire pour le groupe régional d’Europe de l’Est.       


M. ALI AHMED JAMA JENGELI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Somalie, a attiré l’attention sur les défis les plus importants que rencontre l’Afrique dans ses efforts pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il s’est tout d’abord dit préoccupé par les questions de quantité, pertinence et qualité de l’aide apportée à l’Afrique.  Il a fait remarquer que l’aide publique au développement dont devrait bénéficier le continent dans les années à venir ne risque pas d’augmenter et pourrait même décliner.  Il a par conséquent estimé qu’il est irréaliste de nourrir des espoirs exagérés dans ce domaine.  En ce qui concerne la dette, il s’est dit d’avis que la communauté internationale devrait faire plus que ce qui a été entrepris jusqu’ici.  « Le processus de réduction de la dette devrait être accéléré pour montrer que l’existence d’une crise urgente est reconnue », a-t-il souligné.  Partant, il a suggéré que les dettes impayées des pays les moins avancés et des pays à bas revenu devraient être totalement annulées. 


Pour assurer la réalisation des OMD, le Ministre a plaidé pour un contrôle plus efficace de la corruption et pour une meilleure gouvernance.  La priorité devrait être mise sur l’agriculture, a-t-il ajouté, plutôt que sur l’aide ou l’annulation de la dette.  Il s’est dit convaincu que l’Afrique a un énorme potentiel, surtout dans le commerce, plutôt que dans l’aide ou l’annulation de dettes.  Les barrières commerciales qui entravent l’accès des produits agricoles africains aux marchés de l’Union européenne et d’Amérique du Nord devraient être retirées, a-t-il préconisé, « si les pays développés sont vraiment sérieux lorsqu’ils disent vouloir aider les PMA ».


S’intéressant plus particulièrement à son pays, M. Jengeli a affirmé que le Gouvernement de transition s’engage fermement à mettre en œuvre la feuille de route prévue par la Charte somalienne adoptée en 2004 et ce, en dépit des obstacles rencontrés.  Il a souligné qu’un accord de paix et de réconciliation a été signé entre le Gouvernement fédéral de transition et l’Alliance de l’opposition le 19 août 2008 à Djibouti.  Tout en se montrant optimiste sur la mise en œuvre de cet accord, il a fait remarquer qu’après 18 ans de conflit, des délais peuvent survenir à cause de « ceux qui ont développé un certain intérêt dans l’anarchie et le chaos ».  Il a certifié que son gouvernement est déterminé à faire en sorte que les saboteurs ne gardent pas en otage la nation somalienne et, avec elle, la paix dans la région.  À cet égard, le Ministre a demandé instamment aux Nations Unies et au Conseil de sécurité de ne pas laisser manquer des occasions.  Il a relevé l’urgence de déployer une force de maintien de la paix pour ramener la paix et la stabilité dans le pays et créer un environnement sûr pour le développement socioéconomique.


Avant de conclure, il a rappelé que son gouvernement condamne fermement les actes « criminels » de piraterie et d’attaques dans les eaux somaliennes.  Ces actes sont inacceptables et doivent impérativement cesser, a-t-il dit.  Rappelant que la Somalie ne dispose pas des capacités nécessaires pour patrouiller le long de ses côtes et assurer la sécurité des voies maritimes, il a demandé à la communauté internationale de coopérer avec le Gouvernement fédéral de transition dans la lutte contre la piraterie maritime.  Il a ensuite attiré l’attention sur la situation humanitaire « critique » de son pays et demandé à la communauté internationale de consentir à envoyer davantage d’aide humanitaire.


M. JOÃO BERNARDO DE MIRANDA, Ministre des affaires étrangères de l’Angola, a d’abord évoqué le « moment critique » que connaît actuellement le monde, phase qui doit être surmontée par une réponse collective dont le rôle central revient aux Nations Unies.  Concernant la crise financière, il est nécessaire, selon lui, d’adopter des mesures contribuant à la prévention de conséquences sérieuses sur l’économie mondiale.  Ces mesures doivent notamment viser à diminuer l’impact négatif que la crise actuelle peut avoir sur les progrès accomplis par les pays africains dans la période récente. 


L’Angola considère par ailleurs que l’élimination des distorsions du commerce international est fondamentale pour résoudre la crise alimentaire mondiale.  En effet, les subventions agricoles des pays développés à leurs producteurs ruinent les paysans des pays pauvres.  Facteur aggravant, l’échec du Cycle de Doha exclut la disparition prochaine de ces subventions.  L’Angola espère que les négociations reprendront dès que possible pour que les pays marginalisés ne le demeurent pas éternellement.  Il estime que l’Assemblée générale de l’ONU doit faire des efforts pour inverser une situation extrêmement dangereuse.  M. de Miranda a demandé au Président de l’Assemblée générale d’orienter les débats en ce sens. 


Par ailleurs, l’Angola considère que la coopération Sud-Sud, ainsi que la coopération triangulaire, a le potentiel de contribuer à l’éradication de la pauvreté.  Le Ministre s’est dit honoré de présider la Zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud regroupant 24 pays d’Afrique et d’Amérique latine.


Le chef de la diplomatie angolaise a ensuite brossé un tableau positif de la situation régnant dans son pays depuis le retour de la paix en 2002.  Il a noté que les élections qui venaient d’avoir lieu constituaient un bon exemple de maturité politique, de discipline civique et de participation populaire.  Dans le même temps, a-t-il noté, l’Afrique voit une diminution notable des conflits sur son territoire, même s’il convient de rester vigilant en raison de la possibilité d’en voir surgir de nouveaux. 


Enfin, M. João Bernardo de Miranda a exprimé la nécessité de progresser dans la démocratisation et la réforme des Nations Unies en élargissant notamment le Conseil de sécurité.  Il a regretté la poursuite du blocus de Cuba par les États-Unis.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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