À ANNAPOLIS, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL PRÔNE SOUPLESSE, PATIENCE ET DÉTERMINATION DANS LE CADRE DE LA REPRISE DES TRAVAUX EN FAVEUR DE LA PAIX AU MOYEN-ORIENT
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À ANNAPOLIS, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL PRÔNE SOUPLESSE, PATIENCE ET DÉTERMINATION DANS LE CADRE DE LA REPRISE DES TRAVAUX EN FAVEUR DE LA PAIX AU MOYEN-ORIENT
On trouvera ci-après le texte du discours prononcé le 27 novembre par le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Ban Ki-moon, à l’occasion de la conférence internationale sur le Moyen-Orient tenue à Annapolis (États-Unis d’Amérique):
Nous assistons aujourd’hui à un nouveau départ du processus de paix au Moyen-Orient. Je suis très heureux et ému de participer à cette rencontre historique.
Après des années d’espoirs déçus et de terribles souffrances, je salue la décision qu’ont prise le Premier Ministre [Ehud] Olmert et le Président [Mahmoud] Abbas de renouveler l’engagement d’Israël et de l’Organisation de libération de la Palestine de régler le conflit qui les oppose. Ils sont conscients des risques et des sacrifices que cela suppose, et ils savent qu’il n’y a pas de solution en dehors de la paix.
Permettez-moi de remercier et de féliciter nos hôtes, le Président [George W.] Bush et la Secrétaire d’État [Condoleezza] Rice, et par-dessus tout le Président Abbas et le Premier Ministre Olmert. C’est grâce à leur esprit d’initiative et à leur détermination que ce nouveau départ est possible. De par leur participation active, les États-Unis ont toujours joué un rôle déterminant dans le processus de paix, et tel est encore le cas actuellement.
Je tiens également à remercier les nombreux membres de la Ligue arabe qui sont présents aujourd’hui. Il y a cinq ans, les pays arabes ont pris un engagement stratégique d’importance historique en faveur de la paix, et au début de l’année, ils ont relancé l’Initiative de paix arabe. Leur présence aujourd’hui montre qu’ils sont déterminés à participer activement à l’instauration de la paix dans la région.
Je m’engage solennellement, au nom du système des Nations Unies, à appuyer pleinement la reprise des travaux. Au fil des 60 dernières années, l’Organisation a défini les grandes lignes directrices de la paix, dans le plan de partage d’abord, puis dans les résolutions 242 (1967), 338 (1973), 1397 (2002) et 1515 (2003) du Conseil de sécurité. L’Organisation des Nations Unies n’a aujourd’hui guère de tâche plus prioritaire que le règlement de ce conflit.
Depuis 60 ans, les Palestiniens sont privés de leur droit fondamental à l’autodétermination. Leur société est de plus en plus morcelée: sur le plan territorial, la fragmentation est due aux colonies de peuplement, aux expropriations et à la barrière; sur les plans social et économique, elle résulte des opérations de bouclage; et sur le plan politique, elle existe entre Gaza et la Cisjordanie. Ils en viennent maintenant à redouter que le rêve qui est le leur d’accéder au statut d’État ne leur échappe.
Nous devons lutter contre le sentiment de désespoir qui s’accentue chez eux et lancer un processus qui commence à transformer l’existence des Palestiniens et garantisse leur indépendance et leur liberté. Ce processus doit mettre un terme à l’occupation et déboucher sur la création d’un État de Palestine indépendant et viable, en paix avec lui-même et avec ses voisins.
Pour sa part, Israël doit surmonter de véritables problèmes de sécurité. Le peuple israélien cherche depuis 60 ans à vivre en sécurité et à l’abri du danger, entreprise qui s’est toutefois révélée difficile à réaliser. Il s’est récemment senti de nouveau menacé, et son droit à l’existence même a été mis en cause. Certains ont commencé à penser que le retrait des territoires ne faisait qu’entraîner de nouveaux actes de terrorisme.
Nous devons enrayer cette perte de confiance et mettre en place un processus qui respecte les intérêts vitaux des Israéliens, en instaurant un État palestinien qui soit un partenaire véritable, en dessinant des frontières sûres et reconnues et en mettant définitivement fin au conflit.
Tout le Moyen-Orient aspire lui aussi à la paix. Une paix israélo-palestinienne, ou mieux une paix globale entre Israël et ses voisins, serait le plus sûr moyen de stabiliser la région et d’ôter tout attrait à la violence et aux attitudes de rejet.
La réussite ne repose pas sur ce que nous pourrons dire aujourd’hui, mais sur ce que nous ferons demain. Un comité directeur sera mis en place et le Quatuor aura son propre rôle à jouer, parallèlement à un dispositif de contrôle trilatéral. Pour que la Feuille de route soit efficacement mise en œuvre, nous devons abandonner les démarches fragmentaires et nous attaquer à tous les aspects du conflit.
Premièrement, les négociations relatives au statut définitif doivent débuter véritablement et traiter de tous les problèmes: Jérusalem, les réfugiés, les frontières, les colonies de peuplement, la sécurité et l’eau. On connaît dans les grandes lignes les solutions à y apporter. Il n’y pas de raison qu’on ne parvienne pas à les régler en 2008.
Deuxièmement, nous devons aider l’Autorité palestinienne à reconstruire, réformer et obtenir des résultats. Je salue le plan de réforme raisonnable que le Premier Ministre [Salam] Fayyad et son gouvernement ont établi et les mesures qu’ils ont déjà prises dans le domaine de la sécurité. Il faut poursuivre sur cette voie, et j’espère que de nombreux donateurs se manifesteront et apporteront leur appui politique et financier à l’occasion de la Conférence qui se tiendra à Paris, et ultérieurement.
Troisièmement, la situation sur le terrain doit s’améliorer, rapidement et manifestement. Le processus diplomatique ne portera ses fruits qu’à condition que l’on exécute les engagements de longue date pris au titre de la Feuille de route et de l’Accord réglant les déplacements et le passage. Pour progresser, il faut prendre des mesures parallèles et appliquer des mécanismes de contrôle bien définis.
Le Quatuor continuera de montrer la voie à suivre à l’échelon international et d’appuyer les efforts déployés. Je remercie le représentant du Quatuor, Tony Blair, de l’orientation claire et approfondie qu’il a donnée aux travaux pour faire en sorte que ces trois volets progressent en même temps et se renforcent mutuellement.
La population de Gaza a souffert plus que quiconque du conflit et de la pauvreté. Nous devons lui tendre la main. L’aide humanitaire ne peut se substituer à une économie viable. L’heure est venue de lancer des initiatives concrètes en vue d’alléger ses souffrances et de remplacer la détresse par de l’espoir.
Nous devrons aussi œuvrer dans le domaine politique en vue de rétablir l’unité de Gaza et de la Cisjordanie sous l’égide de l’Autorité palestinienne légitime, condition sine qua non à la pérennisation de tout accord de paix.
Espérons aussi que la rencontre d’aujourd’hui préfigure un apaisement des tensions dans la région et ouvre la voie à l’étude de diverses possibilités de parvenir à une paix globale. Je soutiens fermement la paix entre Israël et tous ses voisins arabes, y compris le Liban et la Syrie.
Avant tout, la rencontre de ce jour marque un commencement, non une fin. Je sais que les attentes divergent, mais je vous demande à tous de faire montre de souplesse, de patience et de détermination. Fondons nos espoirs sur une évaluation réaliste et chargeons-nous de ce que nous sommes en mesure de faire, sans perdre confiance. Tandis que nous nous remettons ensemble à l’ouvrage, nous ne pouvons nous laisser gagner par le doute, ni nous contenter de demi-mesures, ni faire marche arrière. Cette fois, quoi qu’il advienne, allons jusqu’au bout.
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