En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/10886-SC/8959

IL FAUT RECONNAÎTRE LA SÉCURITÉ COMME CONDITION DE BASE POUR METTRE LES PAYS SUR LA VOIE DU DÉVELOPPEMENT, AFFIRME LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

20 février 2007
Secrétaire généralSG/SM/10886
SC/8959
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

IL FAUT RECONNAÎTRE LA SÉCURITÉ COMME CONDITION DE BASE POUR METTRE LES PAYS SUR LA VOIE DU DÉVELOPPEMENT, AFFIRME LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL


On trouvera ci-après le texte intégral de la déclaration que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a prononcée le 20 février devant le Conseil de sécurité à l’occasion de son débat sur la réforme du secteur de la sécurité:


Je suis heureux de me joindre aux membres du Conseil pour ce débat sur un sujet qui est au cœur des responsabilités du Conseil de sécurité dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales et, en particulier, de l’aide au rétablissement d’une paix durable après un conflit violent. Je suis reconnaissant à S. E. M. Ján Kubiš, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, de nous réunir pour débattre de ce sujet.


La réforme du secteur de la sécurité est une expression relativement nouvelle pour un grand nombre d’entre nous. Cependant, elle symbolise des questions qui préoccupent notre Organisation depuis longtemps : la recherche de la sécurité durable et la reconnaissance que la sécurité est également une condition de base pour lancer les pays sur la voie du développement.


Pour l’Organisation des Nations Unies, la réforme du secteur de la sécurité vise à mettre en place des institutions dans le secteur de la sécurité qui soient efficaces, responsables et durables et qui opèrent dans le cadre de l’état de droit et du respect des droits de l’homme. De cette manière, la réforme du secteur de la sécurité recouvre les valeurs et les principes qui sont au cœur de l’Organisation des Nations Unies : attachement à l’état de droit, attachement à la protection des droits de l’homme et attachement à l’État en tant que pierre d’angle de la paix et de la sécurité internationales.


Ce sont les décennies de maintien de la paix dans les pays sortant d’un conflit qui ont façonné la participation concrète de l’Organisation des Nations Unies à la réforme du secteur de la sécurité. De cette expérience, nous avons tiré quatre leçons fondamentales qui ont donné forme à notre mode de penser.


Premièrement, la sécurité est une condition cruciale et urgente de la consolidation de la paix après un conflit. Une sécurité minimale est l’un des dividendes les plus visibles et les plus urgents pour les communautés, qui leur offre l’occasion de recouvrer leur existence et leur dignité. En ce sens, c’est également une condition pour entreprendre des efforts dans le sens du développement à long terme.


Nous avons appris que la capacité de nos soldats de la paix à fournir rapidement la sécurité de base est déterminée par le degré de succès avec lequel les questions de sécurité ont été réglées dans la phase de rétablissement de la paix. Aujourd’hui, nous comprenons mieux comment les premières décisions prises dans les accords de paix – en particulier dans le contexte du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration (DDR) – ont un impact sur les efforts déployés par la suite pour créer des structures et des processus en matière de sécurité durables. Notre objectif doit être de veiller à ce que les accords de paix et les programmes de DDR contribuent à la restauration d’une sécurité durable, loin de l’entraver.


Nous faisons des progrès sur ce front. Nous développons nos capacités de médiation pour appuyer le rétablissement de la paix et les négociations de paix. Et nous avons élaboré des normes et des programmes d’ensemble intégrés en matière de DDR, qui deviennent de plus en plus un élément constitutif des premiers efforts de consolidation de la paix. Ces premiers cadres contribuent à jeter les bases d’une réforme durable de la sécurité.


Nous avons également appris – deuxième enseignement – que la sécurité ne pouvait pas être restaurée ni maintenue dans le vide. En appuyant les efforts d’établissement de la paix, il est vital que nous traitions des besoins et des perspectives de l’État et des communautés qui le composent. Le contrôle national est la clef d’une paix durable. C’est pourquoi les opérations de paix des Nations Unies doivent être fondées sur le principe qu’il doit y avoir une paix à maintenir, et c’est aussi la raison pour laquelle l’ONU cherche avant tout à aider les autorités nationales dans leurs efforts pour instaurer une sécurité durable.


Nous avons aussi compris que le contrôle national dans les situations d’après conflit n’a rien de statique. Au contraire, il évolue à mesure que les dirigeants et les communautés sont pris dans le processus de consolidation de la paix. Plus le contrôle local est étendu, plus la sécurité sera durable. Ce principe guide notre action au Kosovo, où la famille des Nations Unies est engagée auprès d’un large éventail d’autorités gouvernementales et locales et où nous menons, à l’échelle de la province, des consultations sur la réforme du secteur de la sécurité.


Ces consultations ont pour but de dresser un tableau détaillé des besoins et des perspectives en matière de sécurité – afin de savoir quelles sont les préoccupations sécuritaires les plus pressantes des communautés locales et comment ces dernières estiment qu’il faudrait y répondre. Le même principe sous-jacent est à l’origine de l’un des aspects les plus particuliers du maintien de la paix par l’ONU, à savoir que parmi les fournisseurs de contingents figurent nombre de pays ayant réussi leur transition d’une situation de conflit à la paix durable. La participation de ces pays, à travers les contingents militaires et policiers qu’ils fournissent, apporte de précieux aperçus et perspectives qui permettent à l’ONU de mieux appuyer les autorités nationales.


Le troisième enseignement tiré par les Nations Unies a trait au fait que la notion de sécurité durable ne se limite pas à réinsérer des soldats et des unités, ni à former et équiper des policiers. Nous avons appris à nos dépens, en Haïti, au Timor-Leste, en Sierra Leone et au Libéria, qu’à défaut d’institutions de sécurité efficaces et bien gérées, le maintien de la paix dure peu.


La sécurité durable suppose le renforcement des institutions et des processus. Elle appelle une gestion compétente, un financement à long terme et une supervision effective. C’est la raison pour laquelle, dans la réforme de la police, nous ne nous concentrons plus uniquement sur l’encadrement et la supervision des agents. À travers des initiatives comme la force de police permanente, nous travaillons aussi à soutenir les autorités nationales qui s’efforcent de bâtir des institutions durables dans le domaine de l’application de la loi. Nous travaillons en étroite collaboration avec les ministères de l’intérieur et de la justice, les administrations financières et publiques, mais aussi les groupes communautaires et les médiateurs des droits de l’homme.


Quatrièmement, et pour finir, nous savons maintenant que l’instauration d’une sécurité durable à l’issue d’un conflit dépasse le champ d’action d’un acteur seul, quel qu’il soit. Même l’ONU souffre d’une évidente dispersion de ses capacités. Nous devons donc les coordonner au mieux afin d’être en mesure d’apporter une réponse efficace.


Mais l’ONU n’est que l’un des acteurs. La sécurité durable nécessite l’engagement de beaucoup d’autres : États Membres, organisations régionales, institutions de Bretton Woods, etc., chacun amenant un point de vue et une expertise spécifiques. Toutes ces forces diverses sont nécessaires, même si la combinaison des acteurs et des tâches diffèrera selon le contexte, et elles doivent toutes être coordonnées avec soin. Dans de nombreux pays, l’ONU aide les gouvernements nationaux à gérer cette coordination. En raison de son universalité et de sa légitimité, l’Organisation a une contribution particulière à apporter.


Je suis heureux que le Conseil de sécurité ait pris note de ces enseignements. Les mandats de maintien de la paix reflètent de plus en plus les perspectives de la réforme du secteur de la sécurité. Les opérations de maintien de la paix de l’ONU ont actuellement pour rôle de faire progresser la réforme du secteur de la sécurité en République démocratique du Congo, de mener des réformes institutionnelles et de constituer des forces de sécurité intégrées au Burundi, de renforcer le secteur de la sécurité en Sierra Leone, ou encore d’appuyer la restructuration des forces de défense et de sécurité en Côte d’Ivoire.


Désormais, notre tâche d’ensemble doit consister à fournir aux soldats de la paix de l’ONU l’orientation et l’appui dont ils ont besoin pour apporter une aide cohérente et durable aux autorités nationales. Nous devons faire en sorte que les chefs de mission aient les connaissances et l’expertise nécessaires pour diriger leur personnel dans des opérations d’appui complexes, et nous devons offrir une aide compétente et attentive aux missions de terrain qui s’occupent de réformer le secteur de la sécurité, conformément aux mandats du Conseil de sécurité. Enfin, nous devons coordonner étroitement la contribution des Nations Unies à la réforme de la sécurité après un conflit avec les initiatives en cours, qui visent à élaborer des stratégies intégrées de maintien de la paix. J’attends avec intérêt de poursuivre avec tous les États Membres cet objectif important.


Une fois encore, je vous remercie, Monsieur, d’avoir pris l’initiative d’organiser ce débat, et je félicite la Slovaquie pour la manière remarquable dont elle l’a préparé. Je remercie également le Représentant permanent du Royaume-Uni d’avoir convoqué la semaine dernière une réunion sur ce thème selon la formule Arria. Et surtout, je suis reconnaissant à tous les membres du Conseil pour leur attachement à assumer au mieux les grandes responsabilités qui sont les leurs en tant que tels.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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