DE L’AFRIQUE AU MOYEN-ORIENT, DU DÉVELOPPEMENT AUX DROITS DE L’HOMME, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉTAILLE SES PRIORITÉS
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DE L’AFRIQUE AU MOYEN-ORIENT, DU DÉVELOPPEMENT AUX DROITS DE L’HOMME, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉTAILLE SES PRIORITÉS
On trouvera ci-après le texte intégral de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à la réunion du Conseil de sécurité sur les menaces à la paix et à la sécurité internationales, le 8 janvier:
Je vous remercie, Monsieur le Président, ainsi que les membres du Conseil, des paroles aimables que vous m’avez adressées et de l’occasion que vous m’avez donnée de vous rencontrer tous aujourd’hui. Je vous assure de mon appui et de mon dévouement sans réserve aux efforts visant à assurer l’efficacité et le succès des travaux du Conseil.
Avant de commencer, je voudrais rendre hommage à l’ancien Secrétaire général, M. Kofi Annan, pour ses contributions considérables aux travaux de l’Organisation au cours des 10 dernières années.
J’ai écouté avec attention les interventions des membres du Conseil sur ce sujet important, qui constitue, après tout, sa principale responsabilité en vertu de la Charte. J’ai également relevé que les membres du Conseil sont unis et parlent d’une seule voix au sujet de la nécessité de considérer de façon globale la gestion des conflits: prévention, maintien de la paix et consolidation de la paix. Les membres du Conseil sont également unanimes pour dire qu’il est nécessaire d’examiner les conflits de façon globale, en donnant aux questions du développement et des droits de l’homme la priorité qu’elles méritent.
Comme votre importante déclaration vient de le préciser clairement, Monsieur le Président, l’ONU aura un ordre du jour particulièrement éprouvant en cette année 2007. Nous sommes confrontés à une demande sans précédent en matière de maintien de la paix, ainsi qu’à un éventail de demandes croissantes en matière de diplomatie préventive, de bons offices, de consolidation de la paix et de gestion des conflits. Le Conseil et l’Organisation dans son ensemble traversent l’une des périodes les plus chargées de notre histoire, avec un nombre record d’opérations de maintien de la paix, de résolutions et de rapports au cours des dernières années.
Le Département des opérations de maintien de la paix s’est étoffé de manière à couvrir 18 missions; il emploie 100 000 personnes sur le terrain, chiffre jamais encore atteint et qui continue d’augmenter. Le nombre total d’opérations de paix auxquelles l’ONU participe sous l’une ou l’autre forme s’élève à une trentaine. Cette présence dans le monde exige une coopération de plus en plus étroite entre le Conseil de sécurité et le Secrétariat, y compris, bien sûr, le Secrétaire général.
Certaines de nos difficultés les plus graves et persistantes concernent l’Afrique. L’une de mes premières priorités sera d’amplifier les efforts faits pour remédier à la crise au Darfour, où la situation humanitaire s’aggrave, en dépit de toutes les déclarations et proclamations de la communauté internationale au cours des trois dernières années. Dans les prochains jours, semaines et mois, je veillerai à collaborer étroitement avec les dirigeants africains ainsi qu’avec les autres, et par l’intermédiaire de mon Envoyé spécial pour le Darfour, je m’efforcerai d’obtenir l’engagement constructif du Soudan, des gouvernements africains et de la communauté internationale dans son ensemble.
En même temps, nous devons garder le cap dans d’autres parties du continent. En République démocratique du Congo, nous devons veiller à renforcer l’évolution favorable récente qu’a permise notre plus vaste opération de maintien de la paix, de sorte à établir une paix et une stabilité durables au cœur de l’Afrique. J’ai hâte de discuter de ces questions et d’autres avec les dirigeants qui participeront au sommet de l’Union africaine, qui aura lieu à Addis-Abeba à la fin de ce mois.
De même, je m’efforcerai de donner un nouvel élan à notre recherche de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient. Cela signifie que nous devons nous pencher à nouveau sur le travail du Quatuor en vue de régler les différends entre Israël et la Palestine, différends qui revêtent une importance symbolique et émotionnelle unique pour les peuples bien au-delà des frontières géographiques du conflit. Cela signifie qu’il faut appuyer le Liban à tous égards, de sa reconstruction physique à sa quête –encore inachevée– d’un avenir pacifique, démocratique et pleinement indépendant. Et, dans la région au sens large, cela signifie que nous devons poursuivre nos efforts pour remédier aux problèmes politiques et sécuritaires de l’Afghanistan et de l’Iraq.
De même, nous devons continuer à nous efforcer de lever les incertitudes qui pèsent encore sur le statut du Kosovo, qui, tant qu’elles ne seront pas levées, menacent de jeter une ombre sur la stabilité régionale en Europe du Sud-Est.
Ainsi, je suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui dans ce débat sur un éventail de questions qu’aucun pays ne peut régler tout seul, des questions qui constituent des menaces à la sécurité des peuples du monde entier et de la communauté internationale dans son ensemble. Réagir à ces menaces est, après tout, l’un des objectifs principaux de l’ONU et relève en particulier de la responsabilité du Conseil de sécurité.
Comme le Président du Conseil l’a fait remarquer, en rappelant le Document final du Sommet mondial de 2005, les menaces que nous connaissons en ce siècle sont multiformes et interdépendantes. Il en est ainsi que nous considérions la menace du terrorisme, ennemi sans visage qui ne connaît pas de frontière, ou les armes de destruction massive, qui constituent une menace existentielle unique pour toute l’humanité. Ces deux questions exigent une attention urgente, soutenue et globale de la part de la communauté internationale.
Il en va de même pour le VIH/sida et les autres pandémies, qui non seulement ont un coût humain, social et économique énorme dans les pays qui peuvent le moins se le permettre, mais également constituent des menaces à la paix et à la stabilité en raison des dégâts qu’elles causent pour la capacité et la gouvernance.
Il en est de même pour l’extrême pauvreté, qui suscite un désespoir ne permettant ni clémence ni dignité et dont profitent les fanatiques et les extrémistes pour parvenir à leurs objectifs et satisfaire leurs ambitions. Atteindre nos objectifs en matière de développement dans le monde entier est essentiel pour l’édification d’une paix et d’une sécurité durables.
Il en va de même des violations flagrantes des droits de l’homme, de la faiblesse de la gouvernance et de l’incapacité à respecter l’état de droit dans diverses parties du monde. Au cours des dernières années, l’ONU s’est efforcée de renforcer les trois piliers de cette institution –sécurité, développement et droits de l’homme, tous fondés sur l’état de droit– afin de mettre en place un monde plus pacifique, plus prospère et plus juste pour les générations futures.
Nous pouvons nous appuyer sur des accomplissements importants, comme la Commission de consolidation de la paix, le Conseil des droits de l’homme et la Stratégie antiterroriste mondiale, ainsi que la responsabilité de protéger. Mais nous devons également faire davantage pour revitaliser les efforts de désarmement et de non-prolifération. Cela exigera un renforcement des régimes de désarmement et de non-prolifération eux-mêmes, ainsi que le règlement des problèmes particuliers que posent les cas de l’Iran et la République populaire démocratique de Corée.
Le Conseil de sécurité a agi en adoptant des résolutions importantes sur ces questions, mais il reste encore beaucoup à faire. Il est essentiel que la communauté internationale s’unisse pour relever ces défis. Je suis déterminé à renforcer et à consolider le travail de l’ONU dans cette direction. Dans cette entreprise, je m’efforcerai d’harmoniser les efforts et de jeter des passerelles, et je m’emploierai à restaurer la confiance entre les États Membres et le Secrétariat.
Le Conseil s’est prononcé sur le programme de réforme dans des domaines allant de la création de la Commission de consolidation de la paix au renforcement des méthodes de travail, tout en prenant des mesures en matière de lutte contre le terrorisme et en imposant des sanctions. Il sera pour moi prioritaire de renforcer la capacité de l’ONU de jouer autant que possible son rôle dans la prévention des conflits, l’instauration de la paix, le maintien de la paix et la consolidation de la paix. Je considère toutes ces activités comme un tout et le rôle de l’ONU comme devant être coordonné, complet et cohérent.
À cette fin, nous devons examiner les structures organisationnelles de tous les départements et bureaux qui s’occupent de la paix et de la sécurité et trouver des moyens de renforcer nos capacités. Pour répondre aux demandes croissantes des opérations mondialisées, nous devons trouver les voies et moyens de constituer un personnel véritablement mobile, multifonctionnel et responsable, et qui soit à la hauteur des normes éthiques et professionnelles les plus élevées.
Le projet de déclaration présidentielle dont le Conseil est saisi préconise d’évaluer les situations conflictuelles, de préparer et de gérer les opérations de maintien de la paix suivant une démarche stratégique. Ce texte me servira de ligne directrice pour améliorer la réalisation de nos objectifs communs. Ce sera l’une de mes grandes priorités dans les prochaines semaines.
Je tiens à dire une nouvelle fois à quel point je me réjouis à la perspective de travailler avec le Conseil au cours des années à venir.
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