L’AVENIR DU WEB, AU CŒUR DU FORUM SUR LA GOUVERNANCE DE L’INTERNET QUI ACHÈVE SA SESSION DE RIO
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L’AVENIR DU WEB, AU CŒUR DU FORUM SUR LA GOUVERNANCE DE L’INTERNET QUI ACHÈVE SA SESSION DE RIO
(Adapté de l’anglais)
RIO DE JANEIRO, 15 novembre -- La deuxième session du Forum sur la gouvernance d’Internet s’est achevée aujourd’hui à Rio de Janeiro, par une réflexion sur les questions touchant à l’avenir d’Internet.
Bertrand Chapelle, Envoyé spécial sur la société de l’information du Ministère français des affaires étrangères, a qualifié le Forum d’ «exercice d’innovation et de franchise incroyablement dense et fructueux ». Évoquant les ressources Internet critiques, nouveau sujet de discussion entamé à Rio, il a salué l’attitude des participants qui ont évité les batailles sur un sujet conflictuel en réalisant qu’il s’agissait d’« un problème commun auquel nous devons tous faire face ». Les droits de l’homme sont un autre thème qui a émergé de la rencontre, a-t-il dit, avec de nombreux débats sur la liberté d’expression, la confidentialité et une « Charte des droits d’Internet ».
L’accès à Internet est une priorité en Afrique, a estimé Fatima Seye Sylla, de l’ONG sénégalaise Bokk Jang, spécialisée dans la gouvernance d’Internet, en expliquant que le continent était au bas de l’échelle en termes d’infrastructure, de capacité et de contenu. Notant les efforts pour créer des contenus propres, elle a souligné la nécessité de développer des partenariats entre le secteur public et le secteur privé et un environnement politique et réglementaire favorisant les investissements dans les technologies de l’information. « Il n’y aura pas d’appropriation tant que les projets ne seront pas intégralement mis en œuvre par les Africains eux-mêmes », a-t-elle déclaré, en appelant la société civile et les dirigeants politiques à s’engager davantage.
Arthur Reilly, représentant du secteur privé, a estimé que le Forum était l’un des rares espaces où tous les acteurs d’Internet travaillaient ensemble sur un pied d’égalité, avec des discussions directes sur un large éventail de sujets. Il est impératif de conserver le caractère ouvert, transparent, participatif et démocratique du Forum, a-t-il ajouté. Colin Oliver, Directeur général au Département des communications, des technologies de l’information et des arts de l’Australie a souhaité qu’il y ait à l’avenir une plus large participation du secteur privé, et non seulement des pays développés. Admettant que le Forum ne devait pas être un lieu de négociations, il a cependant estimé qu’il devrait aller au-delà du simple échange d’informations.
Constatant que le Forum s’était surtout concentré sur l’offre -comment étendre à tous les technologies de l’information- Robert Pepper, de la société Cisco, a souligné la nécessité de se concentrer également sur la demande, non seulement par la formation aux technologies, mais aussi en sensibilisant les parents, les enseignants et les entreprises, et en créant du contenu dans les langues locales pour accroître la confiance à l’égard d’Internet. Les technologies de l’information peuvent également être mises à profit sur les questions d’environnement, non seulement pour améliorer la production d’énergie, mais aussi pour aider à lutter contre les changements climatiques, a-t-il dit. Markus Kummer, Coordonnateur exécutif du Secrétariat du Forum, a lui aussi insisté sur le lien entre l’Internet et le développement durable.
« L’avenir d’Internet, c’est moins de démocratie, moins d’égalité économique, politique et géographique » a affirmé l’écrivain britannique Andrew Keen, auteur de « The Cult of the Amateur », à contrecourant de l’idée généralement répandue sur les bienfaits d’Internet. Il a estimé que les profits ne bénéficiaient pas aux créateurs de contenus, mais à une petite minorité d’investisseurs. Le « Net », contrôlé par une élite, « banalise la politique en créant une cacophonie d’opinions où personne ne peut déceler la vérité » a-t-il dit. Le remède, a-t-il poursuivi, consiste à former les jeunes, non pas à maîtriser la technologie, mais à développer un scepticisme salvateur. « Nous ne devons pas permettre aux utilisateurs d’Internet de se dissimuler derrière l’anonymat », qui sape la communauté, a-t-il ajouté.
« L’anonymat est parfois synonyme de protection » lui a répondu Fred Baker, d’Internet Society. Un participant coréen a expliqué que son gouvernement avait obligé tous les « citoyens du Net » du pays à fournir leur nom et numéro de sécurité sociale. « Cela semble effrayant » a-t-il poursuivi, tout en reconnaissant que cela avait permis de structurer la participation sur Internet. Un participant pakistanais a indiqué que, grâce à Internet, les citoyens de son pays avaient pu contribuer à l’élaboration d’une loi sur la cybercriminalité.
Vinton Cerf, l’un des « pères » d’Internet, a souligné la nécessité d’une responsabilisation. « Nous devrons parvenir à des accords internationaux sur ce qui est permis et ce qui ne l’est pas », a-t-il dit, en évoquant un « droit d’Internet », dont il a reconnu l’extrême complexité en le comparant au droit de la mer et des océans. Robert Kahn, un autre « père » d’Internet, a souhaité que le Web puisse conserver son architecture ouverte, tout en s’adaptant à la diversité culturelle et linguistique grâce à de nouvelles fonctionnalités.
Pendant quatre jours le Forum a accueilli 1 376 personnes, venues de 109 pays, dont 380 de la société civile, 302 représentant les gouvernements, 168 le secteur privé et 67 les organisations intergouvernementales. Le Forum a également accédité 104 journalistes. Outre les sessions plénières, 84 ateliers et autres réunions ont été organisés, sur des thèmes aussi variés que la sécurité (notamment la protection des enfants et la pédopornographie), l’ouverture et la liberté d’expression, le développement, les ressources essentielles d’Internet, l’accès et la diversité.
Après Athènes (Grèce), du 30 octobre au 2 novembre 2006 et Rio (Brésil) du 12 au 15 novembre 2007, la troisième session du Forum sur la gouvernance d’Internet aura lieu à New Dehli (Inde) du 8 au 11 décembre 2008.
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