FEM/1608

COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE APPELLE À LA CRÉATION D’UN ENVIRONNEMENT OÙ LA VIOLENCE À L’ENCONTRE DES PETITES FILLES N’EST PAS TOLERÉE

26/02/2007
Conseil économique et socialFEM/1608
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de la condition de la femme

Cinquante et unième session

1re et 2e séances – matin et après-midi


COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME: LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE APPELLE À LA CRÉATION D’UN ENVIRONNEMENT OÙ LA VIOLENCE À L’ENCONTRE DES PETITES FILLES N’EST PAS TOLERÉE


L’absence de données ventilées par sexe et par âge constitue un obstacle à la mise en œuvre de mesures efficaces pour lutter contre cette violence, selon les participants à deux tables rondes


Aujourd’hui, 82 millions de petites filles des pays en développement âgées entre 10 et 17 ans seront mariées avant d’atteindre 18 ans et deux millions de jeunes femmes des pays en développement souffrent de fistules obstétricales.  Les mutilations génitales affectent 140 millions de femmes dans le monde et mettent en péril la santé de trois millions de petites filles chaque année.  Ouvrant ce matin sa session annuelle qu’elle consacrera jusqu’au 9 mars prochain au thème prioritaire de l’élimination de toutes les formes de discrimination et de la violence à l’encontre des fillettes, la Commission de la condition de la femme a dressé un bilan mitigé des réalisations de la communauté internationale depuis la Conférence de Beijing. 


Prenant la parole pour la première fois devant cette Commission, la Vice Secrétaire générale, Mme Asha-Rose Migiro, a appelé à la création d’un environnement dans lequel une telle violence contre les petites filles n’est pas tolérée et les auteurs de tels actes sont poursuivis en justice.  Rappelant les engagements pris lors du Sommet mondial de 2005, elle a souligné que l’égalité est indispensable à la paix et à la sécurité tout en reconnaissant que beaucoup restait à faire, notamment pour ce qui est de la violence, des discriminations dans les processus de prise de décisions et l’accès aux soins de santé et à l’éducation. Elle s’est engagée en faveur d’une approche concertée et intégrée pour faire avancer les questions d’égalité et de promotion de la femme.  


La violence à l’encontre des femmes et des petites filles constitue la forme la plus insidieuse de violation de leurs droits et nous ne pouvons plus rester silencieux ou nous contenter de prendre des mesures provisoires, a lancé la Présidente de la Commission, Mme Carmen Maria Gallardo Hernandez (El Salvador).  Celle-ci a estimé que l’élimination de ce fléau exige un effort déterminé et concerté de la part des gouvernements, de la société civile et de la communauté internationale.  Aujourd’hui, a relevé pour sa part la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Mme Thoraya Obaid, 89 gouvernements ont promulgué une législation qui traite spécifiquement de la violence domestique et du viol marital, 90 États disposent d’une législation contre le harcèlement sexuel et 93 ont établi des mesures contre la traite des êtres humains.  Elle les a fermement engagés à garantir leur mise en œuvre.


L’éducation des fillettes a été identifiée par la Directrice de l’UNICEF, Ann Veneman, qui s’adressait à la Commission par vidéo, comme un outil clef.  Ainsi, a-t-elle assuré,une fille éduquée accouchera de bébés en meilleure santé.  Elle aura moins d’enfants et repoussera l’âge du mariage.  Nous devons accélérer les efforts pour que davantage de filles soient scolarisées, a-t-elle insisté.  C’est aussi l’analyse de la Présidente du Comité sur l’élimination des discriminations à l’égard des femmes, Mme DubravkaŠimonović (Croatie), qui a signalé des niveaux assez bas d’éducation des filles et de grandes disparités dans les taux de scolarisation dans les pays en développement ainsi que des taux d’abandon scolaire élevés en raison de mariages forcés ou de grossesses précoces.


Lors du débat général qui a suivi, les délégations ont dressé le bilan des réalisations obtenues par leurs gouvernements et des limites à leurs actions.

Ils ont convenu, à l’instar de la Ministre pour la promotion de la femme de l’Indonésie, Mme Meutia Hatta Swasono, que la situation est bien en-deçà de la vision issue du Programme d’action de Beijing.  Elles ont insisté sur la mise en œuvre de la Déclaration de Beijing qui constitue, selon elle, une stratégie internationale cohérente pour la promotion des femmes et plus particulièrement sur l’accès des filles à l’éducation, l’élimination des stéréotypes et la promotion des femmes dans la vie publique et politique. 


Ont également pris la parole à ce débat: Mme Ursula von der Leyen, Ministre des affaires familiales, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne (qui s’exprimait au nom de l’Union européenne); Mme Nyamko Sabuni, Ministre de l’intégration et de l’égalité entre les sexes de la Suède ; Mme Syda Bumba, Ministre de la parité entre les sexes, du travail et du développement social de l’Ouganda; Mme Sumedha B. Jayasena, Ministre du développement de l’enfant et de l’émancipation de la femme du Sri Lanka; les représentants de la République dominicaine (au nom de Guyana et du Groupe de Rio), du Pakistan (au nom du Groupe des 77 et de la Chine) et d’El Salvador; M. Dalius Cekuolis (Lituanie), Président du Conseil économique et social et Qulinta Nepaul, adolescente sud-africaine de 17 ans.


Dans l’après-midi, la Commission a tenu deux tables rondes parallèles de haut niveau sur le thème de l’élimination de toutes les formes de discriminations et de violence à l’encontre des petites filles associant Ministres, représentants des institutions des Nations Unies et d’organisations non gouvernementales.  Comme l’ont souligné plusieurs intervenants, l’absence de données ventilées par sexe et par âge pour mieux connaître la violence à l’égard des filles constitue un obstacle à la mise en œuvre des mesures pertinentes car, souvent, les problèmes rencontrés par les filles passent inaperçus. 


      La Commission reprendra son débat général demain, mardi 27 février, à partir de 10 heures.



SUIVI DE LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIe SIÈCLE »


Déclarations liminaires


Mme CARMEN MARÍA GALLARDO HERNÁNDEZ (El Salvador), Présidente de la Commission de la condition de la femme, a dans un premier temps rendu hommage à Mme Angela King, l’ancienne Conseillère spéciale du Secrétaire général pour l’égalité entre les sexes et la promotion de la femme.  Angela King, a-t-elle rappelé, avait une vision d’un monde où la voix des femmes serait entendue et où elles participeraient pleinement aux processus de décision et aux programmes ayant un impact sur leur vie.  Elle n’a épargné aucun effort pour que les objectifs du Programme d’action de Beijing deviennent une réalité.  Angela King a inlassablement attiré l’attention sur les multiples formes de discrimination et les inégalités dont souffrent les femmes dans le monde, y compris au sein du système des Nations Unies.  Elle a rappelé aux États Membres quelles étaient leurs obligations juridiques afin de mettre un terme aux pratiques et lois discriminatoires.  Mme King a également été l’un des piliers de la Commission de la condition de la femme ainsi que du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.


Abordant l’un des thèmes prioritaires de cette session, à savoir l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des fillettes, la Présidente de la Commission a fait une brève présentation des rapports soumis par le Secrétaire général au cours de cette session et qui portent respectivement sur une évaluation générale de la condition de la fillette dans le monde (E/CN.6/2007/2) et sur les progrès réalisés en matière d’intégration des sexospécificités qui est paru sous la cote (E/CN.6/2007/3).  Elle a précisé que malgré les progrès réalisés depuis l’adoption du Programme d’action de Beijing, les fillettes continuent de souffrir de discrimination, de violence et de négligence.  Les attitudes stéréotypées et discriminatoires continuent de mettre un frein à la pleine mise en œuvre de lois et de cadres normatifs.  Elle a aussi indiqué que les recommandations de la Commission contribueront au suivi de la vingt-septième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur les enfants de 2007 et au suivi de l’Étude approfondie sur la violence à l’égard des enfants qui a été soumise à l’Assemblée générale au cours de sa soixante et unième session. 


La violence à l’encontre des femmes et des fillettes constitue la forme la plus insidieuse de violation de leurs droits et nous ne pouvons plus rester silencieux ou nous contenter de prendre des mesures provisoires, a lancé la Présidente.  L’élimination de ce fléau exige un effort déterminé et concerté de la part des gouvernements, de la société civile et de la communauté internationale et cette Commission est l’instance appropriée pour mener les efforts d’élimination de cette violence.


Mme ASHA-ROSE MIGIRO, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a relevé que cette Commission avait permis de mettre sur pied un cadre politique et normatif important permettant d’améliorer les conditions de vie de la femme.  Le Programme d’action de Beijing constitue une feuille de route incontournable pour accélérer les progrès en vue de l’égalité entre les sexes.  Mentionnant les engagements pris lors du Sommet mondial de 2005, elle a rappelé que l’égalité est indispensable à la paix et à la sécurité tout en reconnaissant que beaucoup restait à faire, notamment pour ce qui est de la violence, des discriminations dans les processus de prise de décisions et l’accès aux soins de santé et à l’éducation.


Abordant le thème de la session, à savoir « L’élimination de toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des petites filles », Mme Migiro a appelé à la création d’un environnement où une telle violence contre les petites filles n’est pas tolérée et où les auteurs de tels actes sont poursuivis en justice.  Il faut aussi œuvrer à l’élimination des stéréotypes et améliorer les conditions de vie des petites filles dans le monde, a-t-elle insisté.  Je m’engage à œuvrer en faveur d’une approche concertée et intégrée pour faire avancer les questions d’égalité et de promotion de la femme.  « Je souscris par ailleurs à la recommandation du Groupe de haut niveau visant à regrouper l’ensemble des structures des Nations Unies qui travaillent sur les questions d’égalité entre les sexes.  En même temps, la question de l’égalité doit rester un élément central de toutes les activités des Nations Unies, ce dont je suis un exemple vivant », a insisté la Vice-Secrétaire générale. 


M. DALIUS CEKUOLIS (Lituanie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a appelé la Commission à profiter du processus de réforme de l’ECOSOC pour renforcer son impact au niveau des pays.  Il a rappelé que la Déclaration ministérielle de 2006, a reconnu, sans ambigüité, que l’égalité entre les sexes et l’émancipation de la femme et de la fille, sont essentielles à la réalisation du développement durable et à la lutte contre la faim, la pauvreté et les maladies.  Le nouveau mandat de l’ECOSOC met un accent particulier sur la mise en œuvre nationale, ce qui correspond aux nouvelles méthodes de travail de la Commission, s’est réjoui le Président de l’ECOSOC.


Mme THORAYA AHMED OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a déclaré qu’aujourd’hui, des millions de fillettes n’ont pas le droit à une vie digne, à l’abri de la peur et du besoin, une vie qui repose sur l’égalité des chances et des droits.  Les discriminations contre les fillettes constituent une grave violation des droits de l’homme.  Pour Mme Obaid, l’autonomisation des filles par l’éducation doit être une priorité dans la mesure où l’éducation permet aux fillettes de prendre confiance en elles et de développer l’estime de soi.  L’éducation permet également de se battre pour le respect de ses droits.  Elle constitue aussi une force motrice pour le développement et un agent du changement.  Pourtant, aujourd’hui, 55 millions de filles ne sont pas scolarisées, a ajouté Mme Obaid.  Ensemble, nous devons faire plus pour garantir l’accès des filles à l’éducation primaire sur un pied d’égalité et combler le fossé qui existe dans le cycle secondaire.  Nous devons travailler main dans la main pour donner un nouvel élan à la Campagne de l’UNESCO intitulée « L’Éducation pour tous ».  Les pays qui sont en tête de file des efforts en cours instituent la gratuité de l’enseignement, des subventions pour la scolarisation des filles et des mesures incitatives en faveur des foyers.


La Directrice exécutive du FNUAP a par ailleurs insisté sur le fait que contrairement aux croyances, l’éducation sexuelle et reproductive ne mène pas à des attitudes de promiscuité bien au contraire.  Des études montrent que les jeunes recevant une éducation qui repose sur les faits auront tendance à développer une attitude responsable.  Aujourd’hui, 82 millions de fillettes des pays en développement âgées entre 10 et 17 ans seront mariées avant d’atteindre 18 ans et aujourd’hui, deux millions de jeunes femmes des pays en développement souffrent de fistules obstétricales.  Si ces fillettes avaient accès à des services de santé reproductive, elles ne souffriraient pas de cette maladie débilitante et dévastatrice qui a été éliminée des pays développés il y a plus d’un siècle.  Mme Obaid a aussi abordé les mesures prises par le Fonds pour éliminer les mutilations génitales qui affectent 140 millions de femmes dans le monde et qui mettent en péril la santé de trois millions de fillettes chaque année.  Elle s’est dite toutefois encouragée par les progrès réalisés à ce jour dans 12 pays qui ont adopté des textes de loi rendant cette pratique illégale.  La sensibilisation du public s’accroît également pour ce qui est des infanticides perpétrés sur des bébés filles et des avortements basés sur le sexe.  Les pays doivent toutefois de toute urgence bannir la sélection basée sur le sexe, créer des réseaux de sensibilisation contre cette pratique, sensibiliser les agents de santé et intégrer des stratégies nationales.


Mme Obaid a également identifié la propagation du VIH/sida comme une manifestation de la violence faite aux femmes et aux fillettes.  Elle a aussi évoqué la situation des fillettes « soldats » et des violences sexuelles qui leur sont faites en déplorant que la réponse de la communauté internationale n’ait pas été à la hauteur du problème.  Il s’agit d’une question urgente, compte tenu du fait que 40% des enfants soldats sont des fillettes.  Elle a appelé instamment les pays à promouvoir des textes de loi et à les mettre en œuvre en précisant que le chemin à suivre a été tracé par la Convention relative aux droits de l’enfant, la Convention contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, le Programme d’action de Beijing.  Aujourd’hui, 89 gouvernements ont promulgué une législation qui traite spécifiquement de la violence domestique et du viol marital, 90 États disposent d’une législation contre le harcèlement sexuel et 93 ont établi des mesures contre la traite des êtres humains.  Nous demandons maintenant à ces gouvernements de garantir leur mise en œuvre, a insisté Mme Obaid.


Mme ANN VENEMAN, Directrice exécutive de l’UNICEF, a relevé qu’aujourd’hui, de nombreuses femmes dans le monde avaient accès à des opportunités qui n’existaient pas auparavant.  Ainsi, les écarts dans l’accès à l’éducation entre garçons et filles se sont réduits considérablement, la participation des femmes sur le marché de l’emploi et dans l’arène politique s’est accrue et ces divers facteurs ont contribué à enrayer le cycle de la pauvreté et des maladies.  Malgré cela, les femmes et les fillettes continuent d’être les victimes de violence, de sexisme et de discriminations.  Mme Veneman a, dans ce contexte, insisté sur l’éducation qui, selon elle, est un outil clef pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Une fille éduquée accouchera de bébés en meilleure santé.  Elle aura moins d’enfants et repoussera l’âge du mariage.  Nous devons accélérer les efforts pour que davantage de filles soient scolarisées, a insisté Mme Veneman. 


Par ailleurs, Mme Veneman a évoqué les conséquences désastreuses de la violence pour les sociétés, le viol étant utilisé comme une arme de guerre et les meurtres d’honneur, les mutilations génitales, les mariages précoces ayant un impact catastrophique sur les fillettes.  Des millions de femmes et de filles sont victimes de la traite et de l’exploitation sexuelles dans de nombreux pays.  En outre, dans de nombreux pays, les filles sont considérées comme des citoyennes de deuxième classe.  Il est donc grand temps, a-t-elle insisté, pour que les sociétés, et en particulier les hommes, acceptent qu’il est dans leur intérêt de bien traiter les femmes.  Une société ne peut pas marginaliser la moitié de sa population et s’attendre à ce qu’elle fonctionne harmonieusement.  Nous devons aussi améliorer notre compréhension de la situation des filles et des femmes dans le monde en développant notre collecte de données, a tenu à souligner la Directrice exécutive de l’UNICEF.


Mme DUBRAVKA ŠIMONOVIĆ (Croatie), Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a d’abord indiqué qu’à ce jour, 185 États ont ratifié ou accédé à la Convention sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et que 85 d’entre eux sont désormais États parties au Protocole facultatif.  Elle a rappelé que la Convention attache une importance particulière à l’impact des stéréotypes sur la réalisation de l’égalité entre les sexes.  Elle exige de tous les États parties qu’ils assurent l’égalité des droits des hommes et des femmes dans le domaine de l’éducation.  Malgré cette disposition importante, a regretté la Présidente, le Comité ne cesse de constater des niveaux assez bas d’éducation des filles et des grandes disparités dans les taux de scolarisation.  L’abandon scolaire dû à des facteurs comme le mariage forcé ou la grossesse précoce, persiste dans de nombreux pays, a encore constaté la Présidente.  Après avoir passé en revue les recommandations du Comité en la matière, elle a évoqué les questions liées à la santé des femmes, en dénonçant dans de nombreux pays, le manque d’accès des femmes et des filles aux services de santé, de planification familiale et de santé reproductive.  Le Comité, a-t-elle dit, a, entre autres, évalué les taux d’infection au VIH/sida chez les adolescentes et a demandé que des mesures soient prises immédiatement pour éliminer la discrimination des femmes et des filles infectées par le virus.


Rappelant qu’aux termes de la Convention, l’âge minimum du mariage est fixé à 18 ans, la Présidente a regretté que cette disposition ne soit pas respectée par tous les pays.  Par ailleurs, a-t-elle indiqué, la question de la violence contre les femmes est une des questions que le Comité doit constamment rappeler aux États parties.  La Présidente a prôné une approche globale incluant une législation spécifique et sa réelle mise en œuvre ainsi que l’adoption de plans d’action, le lancement de campagne de sensibilisation et le renforcement des capacités des fonctionnaires et du public en général.  La Présidente a aussi décrit les dispositions de la Convention relatives au trafic des femmes.  Le Comité, a-t-elle conclu, est de plus en plus préoccupé par une discrimination à l’égard de groupes particuliers de femmes.  Compte tenu des lacunes dans la mise en œuvre de la Convention, la Présidente a plaidé pour une pleine intégration de la Convention dans les lois nationales, en soulignant l’importance des indicateurs pour surveiller l’impact des lois, des politiques et des programmes.


QULINTA NEPAUL, adolescente sud-africaine intervenant à titre individuel, a évoqué ses activités de bénévolat dans un centre qui agit en faveur de la sensibilisation des femmes et des enfants auprès d’une communauté qui pratique largement la violence sexuelle.  Elle a fait part d’une enquête menée par cette organisation dont la principale conclusion est qu’il existe encore des lois non écrites fortes allant à l’encontre des droits des femmes.  Elle a ainsi noté la persistance de pratiques machistes et d’une discrimination en général, ainsi qu’une victimisation des filles.  L’éducation est, selon elle, la meilleure méthode pour lutter contre cette discrimination, mais cette responsabilité incombe aussi aux familles et aux ONG, a-t-elle estimé.  Pour rendre les filles autonomes, nous recommandons aux gouvernements l’accès à l’éducation de toutes les filles, a-t-elle dit.  Elle a aussi considéré que les services de répression devraient veiller au respect des droits des filles en prenant des mesures punitives contre les auteurs de leurs violations.  Elle a en outre évoqué la nécessité de renforcer les capacités des dirigeants locaux et des organisations communautaires qui travaillent dans le domaine de l’autonomisation des femmes.  Qulinta Nepaul en a appelé aussi aux ONG pour qu’elles assurent le relai entre des filles d’origines différentes et créent des groupes de soutien.  Il faut modifier les pratiques culturelles au moyen de la sensibilisation à travers les médias, a-t-elle aussi souhaité.  Enfin, la jeune fille a invité son gouvernement à prendre en compte les propositions de l’organisation qu’elle représente.


Débat général


M. FARUKH AMIL (Pakistan), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé que la protection et le développement des filles figuraient déjà à l’ordre du jour du Sommet mondial sur les enfants de 1990 et que l’engagement sur ces questions avait ensuite été réaffirmé, notamment au cours d’autres sessions de l’Assemblée générale.  Selon l’Étude du Secrétaire général sur la violence à l’égard des femmes, cette violence, a-t-il noté, prenait des formes multiples et incluait des violences physiques, sexuelles, psychologiques et émotionnelles, ainsi que l’exploitation et les abus économiques.  Beaucoup d’obstacles continuent à entraver l’égalité des sexes, comme l’ignorance et les préjugés, a-t-il constaté.  Selon le Groupe des 77 et la Chine, la pauvreté et les inégalités économiques et sociales exacerbent les risques d’abus et d’exploitation des filles.  Le rapport du Secrétaire général met en évidence la nécessité de créer un environnement dans lequel les filles peuvent devenir des membres actifs de leurs familles et de leurs communautés.  À cet égard, a estimé le représentant, la participation active des parents, des enseignants et des dirigeants locaux est cruciale.  M. Amil a aussi soutenu que les hommes et les garçons devraient être sensibilisés sur ces questions dès leur plus jeune âge.  Il existe un lien clair entre le sous-développement et les violences faites aux filles, a-t-il aussi relevé dans l’Étude du Secrétaire général.  Le renforcement des possibilités d’éducation, a-t-il ajouté, permet d’augmenter les chances des femmes de trouver un emploi et a donc une influence sur le bien-être de la famille.  Le représentant a aussi évoqué la persistance de conflits dans le monde, qui demeure un obstacle majeur au respect des droits des petites filles.  C’est pourquoi, a-t-il souligné, l’instauration de la paix est un élément indispensable de la mise en place des mesures du Plan d’action de Beijing.  Il a enfin appelé la communauté internationale à tenir ses engagements en matière d’aide publique au développement.


Mme URSULA VON DER LEYEN, Ministre des affaires familiales, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a regretté qu’en matière d’éducation, il existe pratiquement dans tous les pays des stéréotypes fondé sur le sexe.  Elle a ainsi indiqué que le Conseil de l’Union européenne compte adopter des indicateurs pour surveiller cet aspect important de l’égalité entre les sexes.  S’agissant de la lutte contre la violence contre les femmes, la Ministre a accueilli avec satisfaction l’Étude du Secrétaire général et le fait que de nombreux États aient adopté des plans d’action nationaux.  Pour ce qui est de l’Union européenne, elle est revenue sur la conférence organisée en janvier 2006, et sur les résultats du Programme Daphné qui, lancé en 1997, a financé, à ce jour, plus de 460 projets et continuera de le faire jusqu’en 2013 avec un budget de 10 à 16 millions d’euros par an.  La lutte contre la violence contre les femmes figure aussi dans l’ordre du jour du Conseil de l’Union européenne qui a lancé sa propre campagne.  L’Union européenne appuie également les activités pertinentes de l’Organisation pour la sécurité et la coopération économique (OSCE).


La Ministre s’est ensuite attardée sur l’importance de l’émancipation des femmes et des filles handicapées et des migrantes.  Elle a salué l’adoption de la Convention sur les droits des personnes handicapées et a rappelé que l’Union européenne a proclamé 2007 « Année européenne de l’égalité des chances pour tous ».  Poursuivant, elle s’est dite préoccupée par les structures actuelles des vies publique et privée qui continuent d’être marquées par des stéréotypes sexuels.  La Commission européenne, a-t-elle annoncé, a mis au point une feuille de route pour l’égalité des sexes, pour la période allant de 2006 à 2010.  Ce document vise, entre autres, à concilier au mieux le travail, la vie privée et la vie familiale, tant pour les femmes que pour les hommes.  Les stratégies relatives à l’égalité entre les sexes ne peuvent réussir que si les hommes et les femmes y travaillent ensemble, a estimé la Ministre avant de souligner la nécessité urgente de nouvelles mesures visant à impliquer davantage les hommes.


La Ministre a poursuivi en appelant à la pleine mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité relative aux femmes, à la paix et à la sécurité.  Elle a rappelé qu’en novembre 2006, le Conseil de l’Union européenne a adopté des conclusions visant, entre autres, à améliorer l’équilibre entre les hommes et les femmes dans la politique de sécurité et de défense et à intégrer plus complètement la question de l’égalité entre les sexes et des droits de l’homme dans la planification et la conduite des toutes les missions et opérations.  En 2007, la Commission européenne a lancé un nouveau programme visant à renforcer, dans ses pays partenaires, les capacités des autorités, des parlementaires et de la société civile.  Dans le cadre de son programme thématique « Investir dans les personnes, 2007 à 2013 », la Commission européenne s’est engagée à compléter ses interventions dans le pays par des actions visant la parité entre les sexes.


Dans le cadre de ce programme, l’Union européenne placera pour la première fois les intérêts des jeunes gens et des enfants au centre de son action.  L’Union a, en outre, créé un nouvel outil de financement pour des activités de démocratie et des droits de l’homme.  Dans le contexte de la Stratégie Union européenne-Afrique, a encore dit la Ministre, la Commission européenne s’est engagée à promouvoir l’égalité entre les sexes et à investir dans l’émancipation de la femme, en tenant compte de la santé sexuelle et génésique pour lutter contre la féminisation de la pauvreté et la pandémie du VIH/sida. 


La Ministre a conclu en commentant les recommandations du Groupe de haut niveau sur la cohérence au niveau du système.  Elle a plaidé pour un renforcement de l’architecture de l’égalité entre les sexes au sein de l’ONU, tant sur le plan normatif que sur le plan opérationnel.  La question de la violence fondée sur le sexe doit être intégrée aux efforts de secours d’urgence déployés par l’ONU, a estimé la Ministre, en appuyant la proposition de consolider les entités actuelles.  Elle a enfin émis l’espoir que l’Institut européen pour l’égalité entre les sexes, qui devrait ouvrir ses portes cette année, apportera l’aide requise aux institutions de la Communauté européenne et à celles des États membres.  L’une de ses tâches principales sera la collecte de statistiques pour appuyer l’examen périodique auquel procède l’Union européenne et pour affiner ses politiques en matière d’égalité entre les sexes.


Mme NYAMKO SABUNI, Ministre de l’intégration et de l’égalité entre les sexes de la Suède, a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de l’autonomisation des fillettes et des femmes qui est un élément central de la démocratie et d’un développement durable.  L’un des principes fondamentaux des droits de l’homme est celui de la non-discrimination, a insisté la Ministre.  Celle-ci a dressé le bilan des réalisations de son pays dans ce domaine, en précisant que les garçons et les filles ont un accès égal à l’éducation, au marché de l’emploi, à la vie publique et politique.  Davantage de femmes que d’hommes sont titulaires d’un diplôme universitaire.  Toutefois, les femmes suédoises gagnent moins que les hommes et il apparaît clairement qu’elles n’ont pas les mêmes opportunités sur le marché de l’emploi.  La Ministre a insisté sur l’une des priorités de son Ministère qui est l’élimination de la violence à l’encontre des femmes et des fillettes, qu’il s’agisse de crimes d’honneur ou d’autres coutumes et traditions préjudiciables pour les femmes et les fillettes.  Malgré l’arsenal de lois et les programmes d’information en vigueur en Suède, a ajouté la Ministre, des femmes et des fillettes ne sont toujours pas en mesure de décider ou non de leur mariage, et encore moins du choix du futur époux.  Je représente un pays où certaines fillettes courent le risque de subir des mutilations génitales, des abus physiques et psychologiques et parfois risquent la mort des mains mêmes de ceux qui sont

responsables de leur bien-être et de leur sécurité.  Il est grand temps de convenir de mesures concrètes qui déterminent clairement comment les États et les sociétés peuvent garantir le plein respect des libertés fondamentaux et des droits des femmes et des fillettes.  Tous les États ont la responsabilité d’abolir les lois, les règlements, les coutumes et les pratiques qui sont discriminatoires.


Mme MARIE GISÈLE GUIGMA, Ministre de la promotion de la femme du Burkina Faso, a constaté l’extrême gravité des conséquences de la violence à l’égard des petites filles, en ce qu’elles entachent le capital humain de toute nation constituée par les enfants.  Elle a signalé que son pays connaissait ce phénomène sous les formes de violences physiques, morales ou psychologiques et sexuelles.  Elle a évoqué principalement la pratique de l’excision qui se fait souvent entre 0 et 7 ans.  En ce qui concerne la scarification sur le visage ou d’autres parties du corps pour marquer l’appartenance ethnique, elle est heureusement de plus en plus rare, a-t-elle indiqué.  Comme autres violences physiques, la Ministre a cité les cas de corrections physiques au nom de l’éducation, et les corvées d’eau, de bois, de nettoyage et de cuisine.  Pour ce qui est des violences morales, Mme Guigma a parlé de la préférence à la naissance de l’enfant de sexe masculin, des mariages forcés et précoces, et du rejet des filles mères contraignant celles-ci à abandonner leurs enfants, à pratiquer des avortements clandestins ou même à commettre l’infanticide ou à se suicider. 


Pour faire face à ces différents maux, le Burkina Faso a pris des engagements au niveau international, en ratifiant toutes les conventions de protection spécifique des femmes et des enfants, et des actions au niveau national.  L’instauration dans le pays de l’état de droit et de programmes de lutte contre la pauvreté notamment, ont permis ces 10 dernières années de poser les fondements institutionnels nécessaires à garantir aux citoyens la jouissance des droits collectifs et individuels.  Mme Guigma a cité notamment les dispositions constitutionnelles et légales pertinentes, civiles ou pénales, comme la loi qui punit sévèrement les violences morales/psychologiques, notamment le mariage forcé ou précoce.  Elle a aussi donné des précisions sur les institutions nationales, en particulier la direction de l’enfance qui existe au sein du département de l’action sociale et de la solidarité nationale pour toutes les questions relatives à l’enfance.  Avec l’appui de l’UNICEF, elle a aussi indiqué qu’avait été mis en place un secrétariat permanent du comité chargé du suivi et de l’évaluation du plan d’action national pour l’enfance.  Six principes directeurs ont ainsi été définis pour les actions en faveur des enfants, dont les fillettes d’ici à 2015, comme l’accès aux services sociaux de base qui est déjà en train de se développer.


Mme MEUTIA HATTA SWASONO, Ministre pour la promotion de la femme de l’Indonésie, a déclaré que l’on ne saurait nier le vaste potentiel des femmes indonésiennes qui s’expriment grâce à une série de mesures normatives que les institutions nationales ont adoptées pour garantir la pleine égalité entre les sexes.  Les femmes sont présentes à tous les niveaux de la société, même dans les sphères les plus élevées, comme le montre l’élection du quatrième Président indonésien.  Malgré cela, la situation est bien en-deçà de la vision issue du Programme d’action de Beijing, les femmes étant largement désavantagées par rapport aux hommes.  Il est difficile d’améliorer cette situation en raison de la faible représentation des femmes au Parlement où elles n’occupent que 13% des sièges.  Les lois sur les partis politiques, sur les élections générales et sur la composition du Parlement n’ont pas suffi.  Le Président lui-même a appelé à la mise en place d’un système électoral ouvert qui repose sur le principe de la proportionnalité.  La Ministre a également évoqué la loi contre la violence domestique et le règlement sur la réhabilitation des victimes et la protection des témoins.  Il existe aussi 238 unités chargées d’assurer un traitement spécial aux victimes de la violence.  Pour lutter contre la traite des enfants issus de familles pauvres, le Gouvernement indonésien a pris les mesures en vue de fournir gratuitement 2,4 millions de certificats de naissance à ces familles pendant cinq ans afin de prévenir les fraudes à l’identité.  D’autres efforts, comme les mesures en matière d’éducation et d’alphabétisation en faveur des femmes pauvres, visent à modifier les paradigmes de la société indonésienne, a encore expliqué la Ministre.


Mme ROSA DE LOS SANTOS, Directrice de la promotion de la femme d e la République dominicaine, s’exprimant au nom du Groupe de Rio, s’est félicitée des modifications des méthodes de travail de la Commission de la condition de la femme.  La nécessité vitale de garantir la promotion et la protection des petites filles a été reconnue au niveau international comme condition indispensable pour parvenir à une paix durable, a-t-elle rappelé.  Des résultats concrets ont été atteints ces dernières années dans le domaine de la protection des filles, mais des situations condamnables persistent encore dans le monde et la discrimination est largement étendue.  Les filles des pays en développement sont prises pour cible par des formes d’exploitation cruelles, notamment sexuelles, a-t-elle notamment dénoncé.  Elle a aussi regretté les stéréotypes qui existent comme pour les grossesses précoces.  La discrimination contre les filles, a-t-elle aussi averti, met en danger leur épanouissement à l’âge adulte.  Le Groupe de Rio considère cruciale la mise en œuvre des mesures suivantes: garantir un accès équitable à l’école pour les filles et les garçons; investir dans des manuels scolaires mettant l’accent sur la parité entre les sexes; veiller à ce que les auteurs d’actes de violence soient traduits en justice et condamnés; prévoir des ressources pour les soins médicaux et psychologiques pour les victimes de violences; et enfin assurer la mise en œuvre des dispositions de la CEDEF.  Il faut également bien canaliser les efforts pour sensibiliser les hommes et les garçons, a-t-elle suggéré.


Mme JACQUI QUINN-LEANDRO, Ministre du travail, de l’administration publique et de l’autonomisation de Antigua et Barbuda, a constaté que la discrimination à l’égard des filles était un obstacle dans les efforts pour atteindre les objectifs de l’égalité des sexes, du développement et de la paix.  Il a regretté que, malgré les dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et de la Convention sur les droits de l’enfant, les filles continuaient à souffrir de la discrimination et à être exposées à de nombreuses formes de violence.  Son gouvernement est engagé dans la protection et la promotion des droits des femmes et des filles, étant partie aux conventions précitées et au protocole facultatif à la Convention.  La représentante a aussi cité les mesures législatives adoptées par son pays et les initiatives mises en place pour la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes, comme un concours de logos sur le thème « violence contre les femmes et VIH/sida ».  En matière de scolarisation, elle a indiqué que l’octroi de bourses, d’uniformes, de manuels, de transport gratuit et de repas avait des effets bénéfiques sur le taux de fréquentation des écoles par les filles.  Enfin, la Ministre a évoqué une politique nationale de la jeunesse qui s’attache à fournir un cadre institutionnel et philosophique pour le développement des jeunes.


Mme SYDA BBUMBA, Ministre de la parité entre les sexes, du travail et du développement social de l’Ouganda, a appuyé le thème prioritaire retenu pour la session de la Commission, à savoir l’élimination de toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des petites filles.  En tant que pays en développement, l’Ouganda met beaucoup l’accent sur la promotion des droits des jeunes et en particulier des filles.  Le Gouvernement a lancé un programme, il y a 10 ans, pour promouvoir l’éducation qui a conduit à l’égalité entre les sexes au niveau de la scolarisation dans le primaire.  On note aussi un taux de 49% pour les inscriptions de filles au niveau universitaire, a indiqué la Ministre.  Dans le secteur de la santé, nous avons des stratégies en matière de santé génésique et de reproduction qui ont permis de réduire le taux de grossesses précoces et l’âge du premier rapport sexuel qui est passé de 16 à 18 ans pour les filles.  Nous luttons aussi contre les stéréotypes culturels et avons des systèmes préférentiels pour les pauvres et les orphelins.  Il est donc crucial de lutter pour les droits des filles, a insisté la Ministre.  Des femmes autonomes peuvent répondre aux besoins d’éducation et de nutrition de leurs enfants, a-t-elle en effet constaté.  En ce qui concerne la violence, un mécanisme de protection est consacré dans la Constitution ougandaise.  La Ministre a fait remarquer que les conflits armés persistants entraînaient une escalade de violence à l’encontre des filles et leur protection dans les situations de conflit relève de la responsabilité morale des gouvernements.  Parmi les défis qui nous attendent au sein de la Commission, il y a notamment le taux d’abandon scolaire chez les filles et le combat contre le niveau de pauvreté élevé, a estimé Mme Bbumba.  La Ministre a enfin appuyé l’initiative de créer une institution des Nations Unies pour l’égalité et la condition de la femme.  En Ouganda, nous continuons à améliorer les instances de protection des femmes et des filles.  L’Ouganda, a-t-elle annoncé, accueillera bientôt la huitième conférence africaine des ministres chargés des questions de sexospécificité.


Mme SUMEDHA B. JAYASENA, Ministre du développement de l’enfant et de l’émancipation de la femme du Sri Lanka, a décrit le Plan décennal pour l’émancipation de la femme que son pays vient d’adopter et qui vise, entre autres, à réduire de moitié le chômage chez les femmes, voire davantage d’ici à 2016.  Actualisé pour prendre en compte le Programme d’action de Beijing, le Plan traite de la lutte contre la discrimination à l’égard des femmes, s’agissant en particulier du droit à la propriété.  Le Plan contient également des mesures de lutte contre le trafic et l’exploitation sexuelle des femmes et des enfants et appelle à la création d’une commission nationale de la femme.  L’actuel Comité des femmes a d’ailleurs préparé un plan pour sensibiliser la population à la violence à l’égard des femmes.  Poursuivant, la Ministre a affirmé que le taux d’alphabétisation des femmes est désormais passé à 95%.


Dans le domaine de l’éducation, les objectifs de l’égalité entre les sexes, tels que décrits dans les Objectifs du Millénaire pour le développement, sont déjà réalisés.  Après avoir passé en revue les mesures prises dans le domaine de la santé, dont l’accès gratuit aux soins de santé, la Ministre a abordé les questions liées au marché de l’emploi pour dire que les femmes contribuent désormais à hauteur de 60% à l’économie nationale.  Elle s’est toutefois dite préoccupée par le coût social de l’émigration.  Du point de vue des salaires, elle a indiqué, qu’au cours des 25 dernières années, les femmes ont réussi à dépasser le plafond de verre.  Dans les zones rurales, grâce à des programmes de microcrédit lancés par l’État, les femmes ont accru leur rôle dans l’économie des villages.  Malgré toutes ces bonnes nouvelles, les femmes sont toujours sous-représentées dans les processus de prise de décisions.  Elles n’occupent que 4,8% des sièges au Parlement.  En conséquence, le Comité de la réforme électorale a proposé un quota de 30% de femmes. 


Mme DE INNOCENTI (El Salvador) a réaffirmé son engagement en faveur de la mise en œuvre de la Déclaration de Beijing, qui constitue selon elle une stratégie internationale cohérente pour la promotion des femmes.  Elle s’est félicitée de ce que les États Membres examinent, dans le cadre de la réforme de l’ONU, les structures qui sont chargées des questions relatives aux femmes.  Elle a estimé à cet égard que la Commission de la condition de la femme a un rôle à jouer pour transmettre à l’Assemblée générale des recommandations visant à combler quelques lacunes dans la restructuration des institutions concernant les femmes.  Mme de Innocenti a évoqué notamment les défis auxquels sont confrontées les femmes dans les conflits armés et la contribution qu’elles apportent dans le maintien et la consolidation de la paix.  La représentante a proposé que l’Assemblée générale aborde ces questions dans un contexte large.  Elle s’est par ailleurs félicitée des progrès accomplis par l’INSTRAW (Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme), convaincue que les modifications profondes apportées à cet Institut auraient des influences positives sur les droits des femmes.  Son pays a bien compris que ce n’est qu’en favorisant l’autonomisation des femmes qu’on peut leur accorder une protection tout au long de leur vie.  Nous avons fait des progrès en El Salvador dans le cadre de la lutte contre les pires formes de travail des enfants qui étaient employés dans les plantations de canne à sucre et dans les décharges.  Nous avons créé des établissements où nous accueillons et formons des femmes accompagnées de filles mineures.  Dans le domaine de la santé, a poursuivi la représentante, un programme fonctionnant 24 heures sur 24 permet aux femmes de bénéficier des soins pour leurs filles en dehors des heures de travail.  Enfin, elle a réaffirmé sa volonté politique en faveur de toute initiative pour l’égalité des sexes, tant au niveau national qu’au niveau de son engagement régional.


Tables rondes


Table ronde I


Dans le cadre de la table ronde de haut niveau sur le thème des degrés de réalisation de « l’élimination de toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des petites filles », M. SIR EMYR JONES PARRY, Représentant permanent du Royaume-Uni et modérateur de cette table ronde, a rappelé que le droit des fillettes à un traitement égal et l’élimination de la violence à l’encontre des petites filles faisaient également partie des 12 domaines critiques identifiés lors de la Conférence de Beijing.  Les évaluations menées en 2000 et en 2005 indiquent que des progrès ont été réalisés pour ce qui est de l’adoption et du renforcement des lois.  Toutefois, les adopter était une chose mais les mettre en œuvre en était une autre.  Au niveau des politiques, les besoins des petites filles appartenaient souvent à la catégorie « femme » ou « enfants ».  Par conséquent, elles demeuraient souvent invisibles.


Les questions de la traite des petites filles et des violences sexuelles ont été soulevées par de nombreux intervenants, notamment par le Mexique, l’Islande, le Suriname, la Turquie, El Salvador et le Bangladesh, ce dernier reconnaissant que les réformes législatives ne suffisent pas tant qu’elles ne sont pas appliquées.  Les dérives des technologies de l’information et de l’Internet ont été mentionnées par le Brésil et Saint-Vincent-et-les Grenadines 


La question de l’égalité pour ce qui touche aux questions familiales, en particulier le mariage et l’héritage, a été abordée par l’Inde, le Pakistan, et le Maroc qui a indiqué avoir aligné sa législation avec les instruments internationaux auxquels il a souscrit.  Le Code de la famille pénalise le mariage avec l’âge légal.  Une autre préoccupation du Maroc a porté sur la violence faite aux employées de maison.


La représentante de la France a insisté sur la politique active de son pays tant sur le plan international que dans le cadre de la coopération internationale en ce qui concerne le sort des petites filles dans les conflits armés, celles-ci représentant 40% des enfants victimes des conflits armés.  À l’invitation du Ministre des affaires étrangères de la France et de la Directrice exécutive de l’UNICEF, une Conférence internationale de niveau politique intitulée « Libérons les enfants de la guerre » s’est récemment tenue à Paris.  La question des petites filles, premières victimes des conflits, a été largement reprise et traitée dans deux textes adoptés: l’un politique appelé « les Engagements de Paris » et l’autre technique intitulé « Les Principes de Paris ».  La représentante de la France a également mentionné un certain nombre de mesures législatives afin de rendre plus efficace la répression des mutilations génitales pratiquées sur le territoire français qu’elle assimile à un crime passible de 15 ans d’emprisonnement. 


Les représentantes du Botswana et du Niger ont dit toute l’importance que revêtait l’éducation des petites filles.  Au Niger, a précisé sa représentante, nous avons compris que la situation de la fillette est liée à celle de la mère.  Les résultats ne seront probants que si on allège le fardeau domestique de la mère et des fillettes qui restent à la maison pour les aider.  Grâce à un plan d’action en 2001, le taux de scolarisation des petites filles a augmenté de 63%.  Tant que les femmes ne seront pas autonomes sur le plan économique, elles ne pourront pas faire entendre leurs droits.  Au Niger, a-t-elle encore ajouté, nous préférons les actions concrètes aux textes législatifs pour une population qui vit dans l’extrême pauvreté et la précarité.  Nous avons multiplié la construction de salles de classe, allégé les fardeaux domestiques des femmes rurales et facilité l’accès au microcrédit à deux millions de femmes rurales.


La Chine, de son côté, a insisté sur les efforts visant à collecter des données ventilées par sexe, la Nouvelle-Zélande a évoqué la mise en place d’une commission nationale de la famille et des enfants, soit un aréopage largement composé de personnes travaillant ensemble à la mise en œuvre d’une stratégie intégrée.  Le Canada a détaillé son Plan national d’action « Un Canada digne des enfants » tandis que la République dominicaine a évoqué sa dernière loi sur la violence faite aux femmes.


Pour l’Égypte, les enfants des rues constituent la priorité du Gouvernement.  En Jordanie, a par ailleurs indiqué sa représentante, la violence et les discriminations sont un fait culturel.  Parfois, les lois fondées sur les coutumes sont à la source des discriminations.  Le Malawi, le Portugal, la Croatie, la Namibie, la Syrie, le Soudan, la Colombie et le Yémen ont également détaillé leurs priorités.


La représentante de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a rappelé que le fait d’autonomiser les filles et de protéger leurs droits leur permet de s’extirper de la pauvreté, qui est à la source de la violence.  Le travail est le lieu le plus difficile pour lutter contre la violence envers les enfants car il s’agit d’un phénomène caché et honteux.  Selon les dernières statistiques, 800 millions de petites filles et de garçons sont obligés de travailler, certains connaissant les pires formes de travail infantile.  Les petites filles sont de plus en plus recrutées comme employées de maison.  Elles travaillent de longues heures, n’ont pas de contact avec la société et sont victimes de multiples formes de violence.  Il y un aussi un grande nombre de filles enfants soldats.


La représentante du Fonds pour le développement agricole (FIDA) a insisté sur l’éducation des petites filles en milieu rural.  Les petites filles sont responsables de collecter l’eau, le bois de chauffe et de s’occuper des plus petits, sacrifiant ainsi leurs chances de recevoir une bonne éducation.  Il est donc urgent de mettre sur pied la technologie et les infrastructures permettant d’alléger le fardeau de ces petites filles.


La représentante du Comité des ONG de l’UNICEF a insisté sur l’indivisibilité de l’universalité des droits des femmes et des petites filles.  Tous les droits de l’homme sont essentiels et indissociables.  De son côté, la représentante de Care International a indiqué que, souvent, des entités importantes de la société comme les médias entravaient la réalisation de diverses initiatives prises dans ce sens, car ils remettent en cause le rôle des garçons et des hommes que nous tentons d’associer à la lutte contre les discriminations. 


Une jeune fille de 15 ans, représentant l’UNICEF, a fait lecture d’un texteémanant d’un groupe de jeunes de 8 régions intitulé « Le moment est venu de nous écouter ».  Ainsi, les lois non écrites conservent un pouvoir considérable et de nombreuses pratiques traditionnelles portent atteinte aux droits des fillettes qu’il s’agisse des mariages forcés, des mariages précoces ou du problème de la dot.  Le message des jeunes est clair: nous faisons parti de la solution et demandons davantage de participation pour que les droits des petites filles soient respectés et pris en compte.  Les gouvernements doivent agir conformément à leurs obligations internationales; permettre l’éducation à toutes les filles et, pour cela, allouer davantage de ressources à une éducation de qualité.  Celle-ci est la clef du succès.  Il est aussi important de promouvoir les capacités des dirigeants locaux pour qu’ils puissent identifier les filles « invisibles ».


Mme Carmen Moreno, Directrice de l’Institut de recherche et de formation des Nations Unies pour la promotion de la femme, a dressé le bilan de l’INSTRAW en faisant état du dernier projet en cours qui vise la publication d’un manuel dans le cadre de la lutte contre la discrimination à l’attention des jeunes. 


Table ronde II


Dans le cadre de la table ronde de haut niveau sur le thème des degrés de réalisation de « l’élimination de toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des petites filles », les représentants de haut niveau, des hauts fonctionnaires d’institutions des Nations Unies ainsi qu’un représentant d’ONG ont pu faire part de leurs actions respectives et des besoins qu’ils ont identifiés en la matière.


L’absence de données ventilées par sexe et par âge pour mieux connaître la violence à l’égard des filles constitue un obstacle à la mise en œuvre des mesures pertinentes, a constaté Mme CARMEN MARÍA GALLARDO HERNÁNDEZ (El Salvador), Présidente de la Commission et modératrice de cette table ronde, et souvent les problèmes rencontrés par les filles passent inaperçus.  Le besoin de disposer de telles données a aussi été relevé par d’autres intervenants, comme le représentant de l’Allemagne, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne.  Cette question est une priorité pour l’Union européenne, assure son représentant.  L’OMS, pour sa part, accorde également de l’importance à la collecte de telles données.  La Thaïlande, a indiqué sa représentante, a créé une telle base de données.  Grâce à un tel outil, le Danemark a pu par exemple constater que parmi les filles qui avaient été victimes d’actes de violence, une sur dix était frappée par son petit ami.  Cette violence qui affecte les « jeunes couples amoureux » a d’ailleurs inquiété le représentant de la Belgique.


Reprenant la parole, le représentant de l’OMS a dénoncé les formes de violence qui menacent les bébés filles, évoquant l’avortement et l’infanticide qui constituent une « forme silencieuse de discrimination ».  Celui du Conseil de la population s’est inquiété pour sa part de la situation des préadolescentes,

estimant par exemple qu’il faudrait améliorer l’estime de soi des filles de 6 ans.  Quant à la représentante de Girl Child Network du Zimbabwe, elle a remarqué que tout ce qui arrivait à une fille se passait au niveau de la famille et a invité les décideurs à adopter des stratégies en prenant compte de cet aspect.


Parlant au nom de l’UNICEF, une intervenante a présenté les vues et les recommandations de plus de 1 300 filles dans un rapport intitulé « Le moment est venu de nous écouter » qui met en évidence les problèmes de dot, de mariage forcé, de machisme et les fardeaux imposés aux femmes et aux filles.  Les gouvernements devraient fournir davantage de ressources aux organisations de jeunes, a-t-elle estimé.


Dans le domaine de la santé, la part de l’infection par le VIH/sida dans la discrimination à l’égard des femmes et des filles a été soulevée par une représentante d’ONUSIDA.  Elle a indiqué que, dans les neuf pays les plus touchés, 75% des personnes séropositives étaient des filles et des jeunes femmes.  Le VIH/sida est en train de défaire à lui seul tous les acquis de développement des femmes dans les 50 dernières années, a-t-elle déploré.


La plupart des représentants de haut niveau ont exposé leurs mesures nationales de lutte contre la discrimination et les violences à l’égard des femmes et des filles.  Certains, comme la Norvège, la Côte d’Ivoire et la Belgique, ont précisé que leurs gouvernements respectifs avaient promulgué une loi pour interdire les mutilations génitales, le Gabon assurant qu’il était en voie de suivre l’exemple.


Comme d’autres intervenants, la représentante de l’UNESCO a relevé que l’éducation était l’élément clef de la lutte conte la violence, les efforts menés par cette institution dans le monde ayant permis d’avancer vers une plus grande égalité des sexes.  Comme l’a constaté le Mali, la violence dans les écoles est un autre sujet de préoccupation, notamment parce qu’il entraîne l’abandon de l’école par les fillettes.  Encore sur le thème de l’éducation, Israël et la Belgique ont évoqué leurs politiques visant à encourager les filles à poursuivre des études scientifiques.  Le Royaume-Uni a aussi insisté sur l’aide qui doit être apportée aux filles afin qu’elles puissent faire des choix informés concernant leurs études et leurs formations professionnelles, sans se laisser influencer par les stéréotypes.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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