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ECOSOC/6294

L'ECOSOC TIENT UN DÉBAT SUR L'ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE, L'AIDE HUMANITAIRE ET LES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE

16/07/2007
Conseil économique et socialECOSOC/6294
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social


L'ECOSOC TIENT UN DÉBAT SUR L'ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE, L'AIDE HUMANITAIRE ET LES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE


(Publié tel que reçu)


Genève, 16 juillet (Service de l’information des Nations Unies) –- Le Conseil économique et social a ouvert, ce matin, son débat consacré aux affaires humanitaires, en présence de M. John Holmes, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence.


M. Holmes a dressé un tableau général de la situation sur le front humanitaire.  Il a notamment relevé que les catastrophes naturelles vont probablement augmenter en nombre et en intensité et que les difficultés politiques, les conflits et les maladies vont toucher toujours davantage de civils.  Il faut donc renforcer la capacité de réaction du système humanitaire, renforcer les capacités nationales et internationales en matière de préparation et de réaction, améliorer les mécanismes de financement de l'action humanitaire et œuvrer pour faire accepter les principes clés du droit humanitaire.  Enfin, il importe de faire comprendre que l'action humanitaire ne sert pas de paravent à des projets ou calculs politiques ou autres: elle est au contraire l'affaire de tous les pays et de tous les peuples et est basée uniquement sur les besoins des populations les plus vulnérables, a conclu M. Holmes, qui a présenté le rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par les organismes des Nations Unies.


M. Tadanori Inomata, membre du Corps commun d'inspection des Nations Unies, a pour sa part présenté un rapport sur les enseignements de la catastrophe du tsunami dans l'océan Indien, soulignant notamment que la nature transfrontière et l'ampleur des ressources humanitaires qui ont été investies pour faire face à la catastrophe ont mis en lumière les insuffisances du système humanitaire mondial.  Le rapport préconise que soit établi un programme d'assistance humanitaire des Nations Unies pour faire face aux catastrophes et équipé d'un mécanisme intergouvernemental de surveillance des politiques et plans mis en œuvre.  Il convient également d'améliorer le partage et la gestion de l'information et de mettre en œuvre un système d'examen intergouvernemental pour évaluer les principes d'assistance, l'élaboration d'un système international d'identification des victimes ou le développement d'une stratégie commune et d'une planification des activités humanitaires du système des Nations Unies.   Le Conseil était également saisi du rapport du Secrétaire général du Secrétaire général sur le renforcement des secours d'urgence, du relèvement, de la reconstruction et de la prévention au lendemain de la catastrophe du tsunami dans l'océan Indien.


Un document dans lequel figurent les commentaires du Secrétaire général et du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination a également été présenté.


Au cours du débat général qui a suivi ces présentations, de nombreuses délégations ont insisté sur la nécessité de créer des partenariats et des coopérations pour l'action humanitaire au niveau local et régional.  Les Nations Unies et la communauté internationale ont été appelées à appuyer le renforcement des capacités des pays en voie de développement en matière de préparation de plans de secours.  Concernant les efforts d'amélioration de l'aide humanitaire par l'optimisation de l'évaluation des besoins des bénéficiaires, une délégation a estimé que les procédures d'appels globaux des Nations Unies conservent toute leur pertinence.  Les institutions y établissent en effet, dans le respect des mandats de chaque partenaire, les besoins des bénéficiaires.  Nombre d'intervenants ont encore rappelé l'importance de la question de l'accès des organisations humanitaires neutres et impartiales aux populations touchées par les catastrophes.


Il faudra mettre en place des principes directeurs de l'action de la communauté internationale face à l'augmentation des catastrophes naturelles, et renforcer les capacités nationales en la matière.  Une grande attention devra être accordée à l'utilisation responsable des fonds d'aide humanitaire.  Il faudra également veiller à éviter les doublons, réduire les chevauchements dans l'action et améliorer l'engagement politique pour la préparation aux catastrophes et l'atténuation des risques à tous les niveaux.


Des représentants des États suivants ont fait des déclarations: Pakistan au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Portugal au nom de l'Union européenne, Suisse, Russie, Japon, Chili, États-Unis, Australie, Kazakhstan, Canada, Indonésie, Cuba, Bélarus, Sri Lanka, Norvège, Chine, Kenya et Thaïlande.  Des représentants du Programme alimentaire mondial, de l'Organisation mondiale de la santé et de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture se sont également exprimés. 


Le Conseil poursuivra cet après-midi à 15 heures l'examen des questions relatives aux affaires humanitaires dans le cadre d'une réunion-débat sur le thème de l'Utilisation des ressources militaires pour les secours en cas de catastrophes naturelles.


Débat sur l'assistance économique spéciale, l'aide humanitaire et les secours en cas de catastrophe


Présentation


M. JOHN HOLMES, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, a présenté le rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par les organismes des Nations Unies en soulignant qu'il reflète une année de crises mais aussi de progrès.  L'amélioration de la situation en République démocratique du Congo, au Népal et dans le nord de l'Ouganda a permis le retour de populations déplacées; les donateurs ont augmenté leur aide; et les efforts d'amélioration du système humanitaire commencent à porter leurs fruits, notamment en termes d'engagement des gouvernements et de leurs homologues internationaux, a-t-il précisé.  En dépit de ces progrès, a-t-il nuancé, la vie de dizaines de millions de civils est en danger.  Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés signale une augmentation de la population réfugiée, qui s'établit désormais à 9,9 millions de personnes à l'échelle mondiale, sans compter les quelque 24,5 millions de personnes déplacées à l'intérieur de leurs propres pays, soit une augmentation de 4 millions en 2006.


La prévalence de la violence sexuelle dans les crises humanitaires demeure très préoccupante, a ajouté M. Holmes.  Il faut en outre savoir qu'en 2006, 143 millions de personnes ont été touchées par des catastrophes naturelles, qui ont entraîné 23 000 décès et causé pour plus de 34 milliards de dollars de dégâts.  Par ailleurs, les conflits ont empiré au Soudan, au Tchad, en République centrafricaine, dans le Territoire palestinien occupé, en Iraq et en Afghanistan, a poursuivi le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence.  Il est donc plus que jamais nécessaire de construire un système de réaction capable de répondre aux besoins de centaines de milliers de nouvelles victimes, a-t-il souligné.  Pour ce faire, un programme d'amélioration de l'aide humanitaire a été lancé en 2005 axé sur le renforcement de l'état de préparation et des capacités, ainsi que sur le renforcement de l'action au niveau des États et l'élargissement de la base de soutien politique, technique et financier.  Au cœur de ce programme résident en particulier des partenariats plus forts avec les gouvernements, les institutions des Nations Unies, le mouvement international de la Croix-Rouge et les organisations de la société civile, a précisé M. Holmes.  Ces partenariats impliquent en particulier la création de capacités locales par le renforcement des institutions locales et nationales, a-t-il indiqué.  Pour rendre ces partenariats opérationnels, on privilégie le principe de la responsabilité sectorielle, qui cherche à coordonner et améliorer l'action commune des acteurs humanitaires afin qu'ils répondent mieux aux exigences des gouvernements et des donateurs.  Cette approche est encore perfectible et il faut encore y intégrer les questions de l'égalité entre les sexes et des programmes de lutte contre le VIH/sida et en faveur de l'environnement.  D'autres mesures prises en 2005 ont trait à la rationalisation des mécanismes de financement de l'action humanitaire, a par ailleurs indiqué M. Holmes.  Le succès de toutes ces approches exige la présence d'une capacité de direction et de prise de décision sur le terrain, a-t-il souligné.  À cet égard, a-t-il fait valoir, les coordonnateurs humanitaires disposent de l'expérience nécessaire pour garantir l'utilisation la plus rationnelle possible de l'expertise humaine, des ressources matérielles et des fonds disponibles. 


Un problème majeur affectant l'action humanitaire est celui de la difficulté d'accès aux populations touchées, a en outre rappelé M. Holmes.  Pour y remédier, il convient d'abord d'améliorer les conditions de sécurité dans les régions où les civils vivent et où opèrent les agences humanitaires.  La violence, l'anarchie et les attaques contre les travailleurs humanitaires empêchent des milliers de personnes d'accéder aux services médicaux et aux autres services de base et obligent les organisations de secours à quitter les régions où leurs services sont pourtant nécessaires.  Outre dans celui de la sécurité, des mesures doivent également être prises dans le domaine de la réduction des obstacles bureaucratiques et dans le but d'assurer l'impartialité de l'action humanitaire, a précisé M. Holmes.


Pour ce qui concerne l'avenir, M. Holmes a relevé que les catastrophes naturelles vont probablement augmenter en nombre et en intensité; les difficultés politiques, les conflits et les maladies vont toucher toujours davantage de civils.  Face à une demande croissante en aide humanitaire, les acteurs nationaux et internationaux vont devoir agir plus vite, de manière plus prévisible et avec des ressources adaptées, a-t-il ajouté.  Pour répondre à ces exigences, il faut renforcer la capacité de réaction du système humanitaire, renforcer les capacités nationales et internationales en matière de préparation et de réaction, améliorer les mécanismes de financement de l'action humanitaire et œuvrer pour faire accepter les principes clés du droit humanitaire.  Enfin, il importe de faire comprendre que l'action humanitaire ne sert pas de paravent à des projets ou calculs politiques voire autres: elle est au contraire l'affaire de tous les pays et de tous les peuples et est basée uniquement sur les besoins des populations les plus vulnérables, a conclu M. Holmes.


Le rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par les organismes des Nations Unies (A/62/87 – E/2007/70) rend compte des faits survenus au cours de l'année écoulée, récapitule les principales mesures prises pour améliorer le dispositif humanitaire et analyse deux questions thématiques, l'utilisation de ressources militaires dans le cadre des secours en cas de catastrophe naturelle et le financement des opérations humanitaires axé sur les besoins, y compris au moyen du Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires.  Dans ses conclusions et recommandations, le Secrétaire général observe en particulier que le nombre des catastrophes liées à des risques naturels risque de s'accroître du fait des changements climatiques et des facteurs de vulnérabilité que sont la croissance démographique, l'urbanisation, la désertification et la dégradation de l'environnement.  L'inefficacité des pouvoirs publics, les conflits armés, les tensions politiques, religieuses et ethniques et la prévalence de l'infection par le VIH et du sida ainsi que d'autres pandémies risquent d'aggraver encore les effets de ces catastrophes.  Plus le système humanitaire sera sollicité, plus les organismes des Nations Unies à vocation humanitaire, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, l'Organisation internationale des migrations et les organisations non gouvernementales auront du mal à y faire face.  Créer des partenariats, renforcer les moyens dont disposent les autorités nationales et locales ainsi que les organisations régionales et les associations de la société civile constituent des investissements d'une importance capitale si l'on veut œuvrer efficacement et impartialement à la réduction du facteur de vulnérabilité humanitaire. 


Les États Membres sont exhortés à prendre des mesures concrètes destinées à assurer l'accès du personnel humanitaire en toute sécurité et sans obstacle, ainsi que l'acheminement de ses approvisionnements et de son matériel et à les mettre en œuvre sans restrictions, lorsque cela a été convenu avec les acteurs de l'humanitaire.  Les États Membres sont également exhortés à élaborer des plans de préparation aux situations de catastrophe à tous les niveaux et à promouvoir l'organisation périodique d'exercices y relatifs.  Les organismes des Nations Unies et autres organisations à vocation humanitaire devraient améliorer l'exactitude des données relatives aux bénéficiaires de l'aide, à leurs besoins et aux résultats obtenus et, pour cela, s'accorder sur des définitions, des indicateurs, des modalités de collecte des données et d'évaluation des besoins ainsi que sur des normes concernant les systèmes d'information.  Les États Membres sont invités à verser des contributions pluriannuelles plus importantes au Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires afin que sa dotation atteigne 500 millions de dollars, objectif fixé pour 2008.


Présentant pour sa part le rapport sur les enseignements de la catastrophe du tsunami dans l'océan Indien, M. TADANORI INOMATA (Corps commun d'inspection du système des Nations Unies) a rappelé que le Corps commun d'inspection fournit depuis 1966 des conseils en matière d'inspection et d'évaluation des méthodes, afin d'assurer une meilleure coordination entre les organisations.  Actuellement, il met davantage l'accent sur la coopération à l'échelle du système, conformément à ce que souhaitait l'Assemblée générale.  En janvier 2005, suite au tsunami dans l'océan Indien, le Corps commun d'inspection a procédé à un examen d'ensemble du rôle des Nations Unies dans la réduction des risques et la réponse aux catastrophes, afin de renforcer la capacité de coordination et de soutien aux réponses humanitaires du système des Nations Unies, notamment par l'intégration de programmes et de ressources et la rationalisation des pratiques opérationnelles, financières et administratives. 


M. Inomata a souligné que l'étendue sans précédent de la catastrophe du tsunami, sa nature transfrontière et l'ampleur des ressources humanitaires qui ont été investies ont permis de mesurer les insuffisances du système humanitaire mondial.  Le système n'a pas de cadre pour faire face à des catastrophes à grande échelle, a-t-il souligné.  Il y a des lacunes dans les principes et politiques, particulièrement au niveau interinstitutions.  Le système d'assistance humanitaire est fragmenté, a insisté M. Inomata.  On déplore en outre des manques en matière de transparence et de responsabilité dans l'utilisation des fonds obtenus par des appels directs.  Dès lors, le rapport préconise que soit établi un programme d'assistance humanitaire des Nations Unies pour faire face aux catastrophes qui serait équipé d'un mécanisme intergouvernemental de surveillance des politiques et plans mis en œuvre.  Il convient également d'améliorer le partage et la gestion de l'information, a poursuivi M. Inomata.  Parmi les recommandations du rapport, figurent la mise en œuvre d'un système d'examen intergouvernemental pour évaluer les principes d'assistance; l'élaboration d'un système international d'identification des victimes; ou encore le développement d'une stratégie commune et d'une planification des activités humanitaires du système des Nations Unies.  Cinq de ces recommandations vont faire l'objet d'études et de propositions qui requerront une action de la part du Conseil économique et social, a précisé M. Inomata.  Pour conclure, il a estimé que la proposition de mise en place d'un programme d'assistance humanitaire est justifiée.  De même, la création d'un forum intergouvernemental spécialisé est elle aussi justifiée, notamment du fait qu'un tel forum devrait contribuer à l'émergence d'une volonté collective.


Le rapport du Corps commun d'inspection intitulé «Un programme d'aide humanitaire des Nations Unies pour la lutte contre les catastrophes: les enseignements de la catastrophe du tsunami dans l'océan Indien» (A/61/699 – E/2007/8) a pour objectif d'identifier et de traiter les contraintes qui pèsent actuellement sur le système d'action humanitaire des Nations Unies.  Il souligne que le tsunami du 26 décembre 2004 a déclenché l'une des catastrophes les plus mortelles et dévastatrices de l'histoire récente.  L'ampleur sans précédent de cette catastrophe, son caractère transfrontière et l'énormité des ressources mobilisées par la réaction internationale qu'elle a suscitée impliquaient des opérations très complexes et ont mis en lumière les déficiences du système humanitaire mondial existant.  L'expérience de la catastrophe du tsunami de l'océan Indien a apporté la preuve qu'il faut s'employer d'urgence à mieux comprendre et appliquer les directives internationales existantes sur les secours et le relèvement en cas de catastrophe dans la plupart des pays touchés.  Il est tout aussi avéré qu'hormis la Convention de Tampere sur la mise à disposition de ressources de télécommunication pour l'atténuation des effets des catastrophes et pour les opérations de secours en cas de catastrophe, il n'existe pas d'accords clairs et cohérents réglementant la gestion des catastrophes et l'aide humanitaire. 


En conséquence, le rapport préconise qu'afin de se doter d'un dispositif réglementaire international que les pays frappés par une catastrophe et les pays qui leur viennent en aide seraient tenus d'appliquer sur le terrain, le système des Nations Unies aide à renforcer les dispositifs nationaux de gestion des catastrophes et que le Conseil économique et social prenne l'initiative d'engager un processus de formulation d'instruments et de règlements internationaux cohérents.  Ainsi, le Secrétaire général pourrait passer en revue et évaluer les accords, règles et principes directeurs existants consacrés à l'aide humanitaire pour la lutte contre les catastrophes élaborés par les organisations multilatérales.  Il pourrait présenter ce bilan au Conseil, pour examen et approbation, assorti de propositions relatives à un ensemble de normes réglementaires et d'instruments juridiques internationaux permettant de s'attaquer plus efficacement aux nouvelles menaces de catastrophes à l'échelle mondiale.  En outre, le Secrétaire général pourrait procéder à une analyse approfondie de l'expérience et des résultats de l'opération d'identification des victimes du tsunami en Thaïlande, en tant que bon exemple d'un mécanisme de gestion des catastrophes, et présenter ses conclusions à ce sujet au Conseil en lui proposant, le cas échéant, un système d'identification des victimes.  Le rapport souligne que l'expérience de la catastrophe du tsunami de l'océan Indien a mis encore plus en évidence la nécessité de définir une politique qui assurerait, de manière concrète, une transition cohérente de la phase d'urgence et de relèvement à celle de la reconstruction et du développement.  Pour ce faire, le Secrétaire général pourrait inclure, dans les missions d'évaluation pertinentes, des experts capables de procéder à des bilans scientifiques de l'impact des catastrophes, des procédures de prévention et des systèmes d'alerte rapide afin que leurs conclusions puissent servir à la planification des phases de relèvement et de reconstruction.  Il devrait revoir et perfectionner les mandats des coordonnateurs de l'action humanitaire et proposer au Conseil le mandat d'un comité intergouvernemental de la lutte contre les catastrophes qui servirait d'organisme d'appui. 


M. REMO LALLI, Secrétaire du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination, a pour sa part présenté une note du Secrétaire général (A/61/699/Add.1 – E/2007/8/Add.1) contenant ses commentaires et ceux des chefs de secrétariat sur le rapport du Corps commun d'inspection.  Il a notamment fait valoir qu'il sera nécessaire de mettre en place des principes directeurs régissant l'action de la communauté internationale face à ces situations, tout comme il sera nécessaire de renforcer les capacités nationales en la matière.  Une grande attention devra en outre être accordée à l'utilisation responsable des fonds d'aide humanitaire.  Il faudra également veiller à éviter les doublons.


Dans cette note du Secrétaire général (A/61/699/Add.1 – E/2007/8/Add.1), le Secrétaire général et les chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies s'accordent à reconnaître que les accords, réglementations, règles et principes directeurs relatifs à l'aide humanitaire internationale et au développement pour la lutte contre les catastrophes, élaborés par les organisations multilatérales doivent être assortis d'une plus grande efficacité et que les initiatives de réforme en cours visant à une meilleure prévention des menaces de catastrophes dans le monde devraient être vigoureusement encouragées et appliquées. Le système des Nations Unies s'est concentré sur les moyens de mieux prévenir les risques et de mieux réagir dans les pays exposés aux catastrophes ou frappés par les catastrophes, en facilitant la mise en œuvre du cadre d’action de Hyogo 2005-2015 par la mise en œuvre de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes, et en encourageant l'adoption et l'application de procédures et de directives élaborées au niveau international en ce qui concerne les mesures préalables et la gestion, notamment des directives sur le processus d'intervention transfrontalière rapide en cas de catastrophe, et la prestation de l'aide aux États Membres du système par l'adoption d'arrangements d'intervention.


Le Conseil est également saisi, dans le cadre de son débat consacré aux affaires humanitaires, du rapport du Secrétaire général sur le renforcement des secours d'urgence, du relèvement, de la reconstruction et de la prévention au lendemain de la catastrophe du tsunami dans l'océan Indien (A/62/83 - E/2007/67), qui relève que deux ans et demi après le tsunami dans l'océan Indien en 2004, les avancées sont visibles dans toute la région.  Les populations concernées vivent dans des maisons neuves, les enfants sont à nouveau scolarisés et les hôpitaux sont reconstruits ou réparés.  Les partenaires et les populations locales ont réalisé, en matière de relèvement et de reconstruction, des progrès considérables, clairement visibles à partir de la fin de 2006.  Le rapport décrit la situation et les mesures qui ont été prises en Inde, en Indonésie, aux Maldives, à Sri Lanka, en Malaisie, au Myanmar, en Tanzanie, aux Seychelles et en Somalie. 


De manière globale et en ce qui concerne la transparence et la responsabilisation dans les relations avec les donateurs, y compris l'utilisation des fonds, le contrôle, l'évaluation et les progrès accomplis, le rapport indique qu'il a été donné suite à la recommandation du Secrétaire général tendant à ce que toutes les organisations locales et internationales alimentent les bases de données sur l'aide au développement en informations complètes.  Les quatre bases nationales qui ont été mises en place en vue de documenter l'aide au relèvement et à la reconstruction sont régulièrement mises à jour et fournissent projet par projet des informations sur plus de 2 500 projets distincts, d'un montant de plus de 7 milliards de dollars.  L'assistance technique fournie par le système des Nations Unies a notamment concerné le renforcement des capacités des organismes publics chargés des bases de données afin qu'ils puissent les gérer et les tenir à jour et en garantir ainsi la pérennité, de même que la diversification des données pour répondre à des objectifs plus larges et à plus long terme.


Au plan de l'atténuation des risques, de l'alerte rapide et de l'intégration de la prévention dans la planification du développement, le Secrétaire général indique que depuis le tsunami, un grand nombre d'activités destinées à évaluer et renforcer les systèmes d'alerte rapide ont été essentiellement axées sur la mise en place d'une structure de gouvernance, l'application technique des systèmes, la sensibilisation de la population et la planification préalable des secours.  Plusieurs activités de formation ciblées auxquelles ont participé plus de 150 responsables nationaux et chercheurs ont été organisées dans les pays de l'océan Indien et se poursuivent.  Enfin, à l'heure actuelle, le système d'alerte rapide aux tsunamis dans l'océan Indien comprend des réseaux d'observation sismographique et océanique, des centres d'analyse et de conseils et des centres régionaux d'alerte reliés aux activités d'évaluation des risques et de planification préalable.  Vingt-six pays (sur 28) ont mis en place des centres officiels d'alerte aux tsunamis pouvant recevoir et diffuser des alertes 24 heures sur 24.


Le Conseil est également saisi du rapport du Secrétaire général sur le Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires (A/62/72 – E/2007/73), créé en mars 2006, et qui montre que le Fonds a progressé vers la réalisation de ses objectifs, à savoir assurer un financement rapide, coordonné, régulier et équitable pour les interventions humanitaires d'urgence, sur la base de besoins avérés.  Le Fonds a donné la preuve qu'il était un instrument précieux commun dont la communauté internationale pouvait se servir pour atteindre les objectifs fixés par l'Assemblée générale.  Il indique en outre que le Fonds a donné les meilleurs résultats lorsque l'accent était mis sur la direction à l'échelon national et la prise de décisions conjointes.  Mais pour assurer le succès et la viabilité du Fonds, il faudra accroître le niveau des ressources à 500 millions de dollars d'ici à la fin de 2008.  Le Conseil est en outre saisi d'une note du Secrétaire général (A/62/94 - E/2007/83) sur la réunion du Groupe consultatif du Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires, chargé de conseiller le Secrétaire général au sujet de l'utilisation et de l'impact du Fonds, y compris de la rapidité et de la pertinence de l'affectation des fonds, ainsi que de l'efficacité, de la transparence et de la responsabilisation.


Débat


MME TEHMINA JANJUA (Pakistan, au nom du Groupe des 77 et la Chine) a souligné la pertinence du thème de cette année, compte tenu des immenses pertes humaines et économiques qui ont résulté de catastrophes ces dernières années.  Le défi d'une réponse rapide et adéquate aux urgences humanitaires et aux catastrophes devient de plus en plus complexe, a-t-elle fait observer.  Les catastrophes sont de plus en plus graves et la nécessité d'une action plus coordonnée de la communauté internationale se fait sentir.  On ne peut contrôler la violence des catastrophes, mais on peut en atténuer les effets, a-t-elle souligné.  Mme Janjua a fait observer que la vulnérabilité des pays en développement s'est accrue.  Les implications des catastrophes dans ces pays sont immenses, particulièrement s'agissant des effets sur l'environnement.  Il est impératif d'examiner les mesures à prendre pour améliorer les capacités de réponse des pays touchés et l'assistance qui peut être fournie par la communauté internationale.  À cet égard, elle a tenu à rappeler que neutralité, impartialité et humanité doivent rester la base des réponses humanitaires et guider la coordination de l'assistance humanitaire des Nations Unies et des organisations internationales concernées.  Le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriales doit régir tous les efforts de coordination humanitaire. 


Mme Janjua a également insisté sur le rôle premier de l'État dans l'identification, la coordination de l'assistance humanitaire.  Il est important que les organisations du système des Nations Unies œuvrent à renforcer les capacités à tous les niveaux.  Une telle coopération doit viser le renforcement des capacités nationales de réponse aux catastrophes naturelles.  L'assistance ne doit pas être vue comme un mécanisme isolé; elle doit s'inscrire dans les efforts coordonnés d'aide d'urgence, de réhabilitation et de développement à long terme.  L'assistance humanitaire ne doit pas remplacer la coopération pour le développement, mais venir compléter l'aide au développement.  D'autre part, Mme Janjua a fait observer que la préparation est essentielle.  À cet égard, elle a rappelé que le cadre d’action de Hyogo insiste sur l'importance de renforcer les capacités au niveau national afin d'atténuer les effets des catastrophes naturelles.  Toutefois, et le rapport du Secrétaire général le montre, les institutions locales manquent souvent des capacités pour faire face à de telles urgences.  Il faut que la communauté internationale soutienne les pays en développement en la matière.  Pour conclure, elle a souligné l'importance de renforcer les mécanismes de financement de l'assistance humanitaire et d'assurer que ce financement soit prévisible et durable, faisant plus particulièrement référence aux secteurs sous-financés.


M. CARLOS PEREIRA MARQUES (Portugal, au nom de l'Union européenne) a fait observer que les récents progrès réalisés en réponse à des crises humanitaires offrent de bonnes raisons d'être optimiste.  Toutefois, l'aggravation de certaines situations d'urgence, tout comme l'augmentation des conséquences des catastrophes naturelles, exigent un engagement constant de la part de la communauté internationale.  L'intensité et la sévérité des catastrophes naturelles rappellent la nécessité d'améliorer la préparation à tous les niveaux, a-t-il ajouté.  Elles soulignent aussi l'importance de déployer des actions d'urgence pour prévenir les catastrophes naturelles et minimiser leurs effets.  M. Marques a fait observer que l'efficacité des réponses humanitaires dépend de la capacité des acteurs humanitaires d'atteindre rapidement les populations touchées.  Il a à cet égard regretté qu'un manque d'accès et des actes d'obstruction de l'aide continuent de nuire aux réponses humanitaires.  Il s'est en outre inquiété des nombreuses attaques menées contre les travailleurs humanitaires sur le terrain. 


L'Union européenne estime qu'il faut renforcer le rôle des Nations Unies dans la prévention des catastrophes et la réduction des risques, en coopération avec le travail réalisé par le Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement.  En outre, il faut que les États mettent rapidement en application le cadre d’action de Hyogo et notamment la priorité 5 qui demande l'incorporation de stratégies de réduction des risques dans les plans de prévention.  M. Marques s'est également montré en faveur d'une amélioration de la précision et de la fiabilité des données, en vue d'améliorer l'efficacité des réponses à chaque situation à laquelle la communauté internationale peut être confrontée.  Un principe de la responsabilité sectorielle constitue un moyen important d'identifier les défis et les lacunes et peut contribuer à améliorer la qualité et la cohérence de l'action humanitaire.  Le renforcement du système de coordonnateur humanitaire est également un élément-clé de la réforme humanitaire.  Par conséquent, l'Union européenne soutient les efforts déployés pour promouvoir le rôle des coordonnateurs humanitaires et des coordonnateurs résidents, y compris s'agissant de la réduction des risques et de la prévention des catastrophes.  Soulignant l'importance pour tous les acteurs humanitaires de coordonner leurs activités entre eux, le représentant de l'Union européenne a estimé que le Dispositif mondial d'aide humanitaire peut jouer un rôle crucial à cet égard, en permettant le partage des meilleures pratiques.  D'autre part, tout en reconnaissant que l'aide humanitaire devrait en premier lieu être assurée par les organisations à vocation humanitaire, il a fait observer que l'armée peut jouer un rôle crucial, notamment en matière de logistique, de recherche et de secours. 


M. MARCO FERRARI (Suisse) a ajouté à cet égard que l'utilisation de ressources militaires, en particulier de moyens militaires étrangers, en cas de catastrophe est un thème pertinent et d'actualité.  La Suisse rappelle la primauté des organisations humanitaires civiles dans l'aide d'urgence ainsi que la mission spécifique confiée au Bureau de coordination des affaires humanitaires.  Toutefois, le caractère subsidiaire de l'utilisation des ressources militaires ne diminue en rien la valeur de sa contribution.  À la lumière des leçons tirées de la pratique récente en la matière, la Suisse appelle les gouvernements à reconnaître les principes qui régissent la coopération civilo-militaire, soit les principes humanitaires d'impartialité, de neutralité et d'indépendance.  Concernant les efforts d'amélioration de l'aide humanitaire par l'optimisation de l'évaluation des besoins des bénéficiaires, la Suisse estime que le «processus d'appels communs» [procédure d'appel global] des Nations Unies conserve toute sa pertinence.  Les agences y établissent en effet, dans le respect des mandats de chaque partenaire, les besoins des bénéficiaires, a souligné le représentant de la Suisse.  Il a encore rappelé l'importance de la question de l'accès des organisations humanitaires neutres et impartiales aux personnes dans le besoin.  Dans ce contexte, la Suisse envisage d'organiser sur ce thème une réunion d'experts au début 2008, pour confirmer en particulier les droits et obligations existants sur le plan international et discuter des problèmes rencontrés dans la pratique.


M. ALEXANDER PANKIN (Fédération de Russie) a estimé que les efforts pour améliorer l'efficacité des activités humanitaires à tous niveaux devraient se baser sur les leçons apprises des urgences humanitaires passées.  Il faut également renforcer le dialogue intergouvernemental, afin de contribuer à une meilleure compréhension sur le terrain.  Tout en se félicitant que le fonctionnement général de l'assistance humanitaire s'est amélioré, le représentant a regretté qu'il y ait des lacunes dans la mise en œuvre du principe de la responsabilité sectorielle.  La fréquence et la gravité des catastrophes naturelles exigent des capacités renforcées en matière de réponse et d'évacuation et de soutien de la population.  À cet égard, le représentant russe a regretté que l'utilisation non régulée de membres de l'armée dans les réponses humanitaires peut contribuer à aggraver la situation et porte atteinte au caractère civil que doit avoir l'assistance humanitaire.  Ainsi, la décision de recourir à l'aide de l'armée est celle de l'État concerné.  C'est son droit souverain et personne ne peut le remettre en question.  Il faut faire en sorte que l'armée ne soit utilisée qu'en dernier ressort et sur accord du pays concerné, a-t-il martelé.  Il a ainsi réaffirmé le rôle fondamental des organisations civiles dans l'assistance humanitaire et rappelé que le principe d'indépendance doit primer dans les activités humanitaires.  Pour conclure, il a estimé que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires devrait être responsable des réponses urgentes aux catastrophes.  Les rôles du Bureau et du Programme des Nations Unies pour le développement doivent être définis clairement, a-t-il ajouté, et la capacité du Bureau ne doit pas être diminuée.


M. ICHIRO FUJISAKI (Japon) a estimé que le système des Nations Unies, l'une des plus grandes bureaucraties au monde, a fait d'importants progrès dans sa gestion de l'action humanitaire, en particulier au plan de la lutte contre les rigidités systémiques.  Grâce à l'action du Bureau de la coordination des affaires humanitaires en particulier, des innovations importantes telles que le Comité permanent interorganisations, les coordonnateurs humanitaires, le principe de la responsabilité sectorielle ou encore un nouveau mécanisme de financement ont pu être introduites.  Les Nations Unies sont donc en bonne voie, mais un énorme problème demeure, celui du décalage entre l'aide humanitaire et l'aide au développement.  Ce problème prend une importance toute particulière dans les pays en transition entre les deux types d'assistance.  La transition harmonieuse dépend sans doute de la qualité de la coordination sur le terrain.  Elle dépend aussi de la prise de conscience, au niveau politique, de la nécessité d'éliminer ce décalage, une démarche qui doit être le fait des États membres.  Un autre domaine d'action prioritaire doit être l'amélioration de l'état de préparation et de la capacité de réponse en cas de crise.  Des évolutions favorables sont perceptibles à cet égard, a fait valoir le représentant du Japon, comme par exemple le rôle de plus en plus important dévolu aux coordonnateurs de l'aide d'urgence ou encore les systèmes d'alerte aux raz-de-marée sous l'égide de l'UNESCO.


MME XIMENA VERDUGO (Chili) a souligné que l'assistance humanitaire est l'une des manifestations les plus nobles de la solidarité internationale.  Elle a rappelé que le système des Nations Unies a mis l'accent sur la réduction du risque et l'amélioration de l'action des pays exposés aux catastrophes naturelles en facilitant la mise en application du Cadre de Hyogo.  Il est important, a-t-elle poursuivi, que le système contribue à renforcer les capacités nationales en matière de gestion des catastrophes et que le Conseil économique et social entame un processus de formulation d'instruments.  Ce processus fait partie d'une stratégie intergouvernementale de décision qui devrait intégrer la participation de toute partie intéressée.  La représentante a par ailleurs expliqué que le Chili dispose d'un Bureau national d'urgence rattaché au Ministère de l'intérieur (ONUMI).  Ce bureau œuvre au renforcement de l'institutionnalisation de la protection civile chilienne et coordonne les politiques publiques de prévention, de réponse et de relèvement en cas de catastrophe, a-t-elle précisé.


M. RICHARD MILLER (États-Unis) a déclaré que son Gouvernement soutient le rôle essentiel du Bureau de la coordination des affaires humanitaires en matière de coordination de l'aide internationale et des institutions humanitaires.  Les États-Unis souhaitent que l'aide soit fournit le plus rapidement et le plus efficacement possible.  Chaque État membre doit trouver les moyens propres de respecter cette exigence.  Le représentant a par ailleurs insisté sur l'importance que revêtent les questions du soutien financier et de l'accès aux populations concernées.  Les États-Unis sont très inquiets de l'augmentation du nombre d'attaques perpétrées à l'encontre des agents humanitaires, notamment au Soudan, au Tchad et en Afghanistan.  Les acteurs étatiques et non étatiques sont à cet égard invités à respecter les dispositions du droit international, a insisté le représentant.  Les États-Unis soutiennent les mesures visant à renforcer les capacités des États - en tant qu'agents essentiels de l'action humanitaire - dans le domaine de la gestion des crises, a-t-il ajouté.  En matière de prévention s'agissant des raz-de-marée, les États-Unis ont installé une trentaine de stations sous-marines destinées à surveiller l'activité sismique et à évaluer les risques de raz-de-marée, a par ailleurs indiqué le représentant, ajoutant que les États-Unis collaborent activement dans ce domaine avec Sri Lanka, l'Inde et la Thaïlande, en particulier. 


MME NATASHA SMITH (Australie) a fait observer que les coûts humains et économiques des catastrophes exigent de promouvoir plus avant l'efficacité du système des Nations Unies dans ce domaine.  Il faut également rendre davantage compte des actions mises en œuvre sur le terrain, a-t-elle ajouté.  Elle s'est prononcée en faveur d'une coordination solide des efforts et en faveur de la mise en œuvre d'instruments pertinents, de la bonne gestion des risques et d'une direction claire et énergique.  L'efficacité de la réponse humanitaire repose aussi sur les efforts nationaux des pays concernés, a-t-elle rappelé.  Des résultats concrets doivent être obtenus sur le terrain, a-t-elle poursuivi.  Elle a par ailleurs insisté sur l'importance de prendre en considération les femmes dans l'action humanitaire.  Tout en se félicitant de l'adoption du principe de la responsabilité sectorielle, elle a estimé que des leçons restent à tirer et des améliorations à apporter en la matière.  Elle s'est en outre enquise de la manière dont cette approche est mise en œuvre durant la phase dite de redressement rapide.  Elle a enfin appelé à un financement prévisible et durable de l'action humanitaire.  Beaucoup peut être fait pour améliorer l'efficacité du système des Nations Unies, a-t-elle souligné, avant d'appeler le Bureau de la coordination des affaires humanitaires à œuvrer dans ce sens.


M. SYRYM GABBASOVICH GABBASSOV (Kazakhstan) a notamment déclaré que la réforme du domaine humanitaire n'est pas possible sans la mise en place d'une solide plate-forme de réaction rapide et d'atténuation des effets des catastrophes aux niveaux régional et national.  Une telle plate-forme a été créée au Kazakhstan sous la supervision directe du chef de l'État, a-t-il souligné.  Compte tenu de sa situation géographique favorable et de sa stabilité politique, le pays est en outre capable de fournir une assistance aux pays limitrophes ainsi qu'à l'étranger.  À ce propos le Kazakhstan a reçu en juin la visite de représentants du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, a rappelé le représentant, faisant valoir l'engagement de son pays à contribuer à l'action humanitaire au niveau international. 


M. VICTOR CARVELL (Canada) a fait observer que l'année qui vient de s'écouler a été marquée par des progrès importants et des changements prometteurs.  Des institutions de l'ONU et d'autres acteurs renforcent leurs mécanismes de coordination et cherchent à répondre plus rapidement et plus efficacement aux besoins humanitaires observés.  Il faut néanmoins rester vigilant, a-t-il averti, estimant que les interventions internationales en cas de crise sont encore au mieux inégales et les acteurs humanitaires ont de nombreux défis à relever afin de venir en aide aux populations éprouvées.  Il s'est également inquiété des obstacles récurrents qui limitent l'accès humanitaire.  L'Assemblée générale a affirmé en 1991 que l'accès humanitaire sûr et sans entrave est un principe directeur fondamental de l'aide humanitaire.  Il ne devrait plus être nécessaire d'en débattre, a-t-il insisté.  Il s'est en outre préoccupé de la sécurité, de plus en plus menacée, des travailleurs humanitaires.  Il ne peut y avoir impunité pour ceux qui s'en prennent aux travailleurs humanitaires, a-t-il affirmé.  Le représentant canadien s'est réjoui des progrès accomplis dans la mise en œuvre de la réforme humanitaire et en particulier de la nature complémentaire du Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires, du principe de la responsabilité sectorielle et du renforcement du poste de coordonnateur humanitaire.  En outre, il a fait observer qu'afin que l'action humanitaire soit efficace et équitable dans sa répartition entre les situations d'urgence, il faut une analyse rigoureuse fondée sur des faits.  Il faut améliorer la qualité des données disponibles.  Pour conclure, le représentant canadien s'est réjoui de la tenue de panels consacrés à l'utilisation des ressources militaires pour les secours en cas de catastrophes naturelles.  Les acteurs humanitaires civils peuvent plus efficacement évaluer les besoins et coopérer avec les collectivités locales; mais il est des domaines où les militaires disposent de moyens particuliers qui peuvent servir lors de catastrophes naturelles majeures.


M. ADE PETRANTO (Indonésie) a notamment déclaré que l'aide humanitaire internationale et le passage de la phase des secours au développement sont des questions importantes compte tenu de la multiplication des catastrophes dans le monde.  Il importe de mettre en place un mécanisme capable de répondre aux besoins des pays touchés.  Dans ce contexte, il faudrait déterminer dans quelle mesure le principe de la responsabilité sectorielle, adoptée dans plusieurs cas, peut renforcer l'état de préparation, la capacité technique au niveau mondial et la fourniture de l'aide au niveau des pays.  Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires pourrait partager ses informations à ce sujet pour la période 2006-2007, en particulier quant à l'impact pour les victimes des situations post-conflits et post-catastrophes.  L'Indonésie appelle en outre les Nations Unies et la communauté internationale à appuyer le renforcement des capacités des pays en voie de développement en matière de préparation de plans de secours.


M. JORGE A. FERRER RODRÍGUEZ (Cuba) a fait observer que les graves catastrophes naturelles aggravent la situation de pauvreté des pays en développement, ces derniers souffrant déjà des vestiges de la colonisation dans un monde plus que jamais inéquitable.  Il a souligné que le changement climatique est la conséquence de la pollution occasionnée par des modes d'exploitation irrationnels des ressources naturelles par les grandes entreprises multinationales et les pays développés.  Face à ce phénomène, il faut une volonté politique claire, a-t-il souligné.  Il faut que les pays développés dépensent un peu moins en ressources militaires et modifient leur mode de vie pour assumer leur responsabilité et leurs engagements en matière d'environnement.  D'autre part, le représentant cubain a souligné que l'assistance humanitaire ne doit pas se substituer à l'aide publique au développement, mais venir la compléter.  Il a réaffirmé que les principes de neutralité et d'impartialité doivent sous-tendre toutes les activités humanitaires.  Il est impératif que ces activités soient menées conformément à ces principes, dans le respect de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale des pays.  L'aide doit être apportée à la demande de l'État concerné ou avec son consentement.  Et celui-ci doit être responsable des activités qui sont menées sur son territoire.  Pour conclure, le représentant cubain a attiré l'attention sur les efforts de son pays pour prévenir les catastrophes naturelles sur son territoire, mais aussi dans le cadre d'une action régionale.  Ainsi, suite à la catastrophe de l'ouragan Mitch en 1998, l'Académie navale de son pays a contribué à la création d'une école de médecine pour les pays d'Amérique latine touchés par el phénomène.  Cuba continue aujourd'hui de former de nombreux médecins de divers pays, a-t-il fait valoir.


MME SVETLANA MOSCHINSKAYA (Bélarus) a salué le travail du Bureau de la coordination des affaires humanitaires dans le domaine de la coordination et relevé l'importance et l'actualité de la coopération internationale et de l'action en faveur du renforcement de l'infrastructure des États.  Il faut en outre que les Nations Unies consolident leur action et que davantage soit fait en matière de collaboration bilatérale.  Le Bélarus est toujours venu en aide à ses voisins lors des urgences, considérant comme capitale la coopération internationale dans les cas de catastrophes naturelles.  L'expérience du Bélarus dans la gestion des effets de la catastrophe de Tchernobyl montre que l'aide internationale est plus efficace quand elle est complétée par les organismes nationaux.  Il est important dans ce contexte de pouvoir compter sur des systèmes de veille et d'alerte, mais aussi de pouvoir disposer de financements adéquats.  Les initiatives récentes du Secrétaire général en matière de création d'un fonds central sont donc les bienvenues.  La représentante bélarussienne a enfin fait valoir que son pays participe à des programmes de formation d'agents humanitaires.


M. O. L. AMEERAJWAD (Sri Lanka) a expliqué que, suite à la catastrophe du tsunami, son pays a effectué des progrès considérables en matière de relèvement et de retour à des conditions de vie normale, grâce à la réponse nationale, la volonté du Gouvernement et le soutien des Nations Unies, a-t-il précisé.  Ainsi, en matière de logement, 72% des logements ont été reconstruits.  Dans le domaine de l'éducation, 134 des 183 écoles détruites ont été reconstruites.  Le Ministère de la santé et les partenaires du développement ont réussi à empêcher la propagation de maladies parmi la population.  Dans les zones affectées par le tsunami, la reconstruction et le relèvement réalisés sous l'égide du Gouvernement ont été rapides.  Ces progrès sont remarquables, a-t-il fait valoir, compte tenu des défis auxquels a dû répondre le pays au cours de la même période.  Il a expliqué que les leçons apprises de cette catastrophe sont maintenant incorporées dans les efforts pour fournir l'aide d'urgence aux communautés victimes du conflit au Nord et à l'Est du pays.  De plus, Sri Lanka a établi un plan sur 10 ans de gestion des catastrophes, avec la participation de nombreuses parties prenantes.  Le Ministère de gestion des catastrophes est en train d'établir un système d'avertissement efficace pour toutes les catastrophes naturelles, en donnant autant la priorité aux catastrophes fréquentes qu'aux plus rares, comme les tsunamis, a-t-il ajouté.


MME SUSAN ECKEY (Norvège) a observé que les budgets de l'aide humanitaire ne permettent pas de répondre à une demande croissante.  L'organisation de l'aide doit donc être modifiée, dans le sens notamment d'un renforcement de l'engagement politique pour la préparation aux catastrophes et l'atténuation des risques à tous les niveaux.  D'autre part, il convient de mettre en évidence le lien entre atténuation des risques et efficacité du développement, dans le contexte notamment de la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.  Une approche participative fondée sur les droits devrait en outre permettre l'introduction de mesures visant à renforcer la capacité de réaction locale.  La Norvège déplore par ailleurs la prévalence de la violence sexuelle à l'encontre des femmes lors de crises humanitaires et son utilisation comme tactique militaire.  Il est capital que les responsables de ces actes ne restent pas impunis, a déclaré la représentante norvégienne, estimant que la communauté internationale et les Nations Unies doivent agir de manière plus ferme dans ce domaine, notamment en impliquant davantage les femmes dans les prises de décision.  Enfin, la Norvège appelle toutes les parties concernées dans une crise, civiles ou militaires, à respecter les directives d'Oslo concernant l'aide en cas de catastrophe. 


MME LIANG HONG (Chine) s'est félicitée que les Nations Unies aient été à la hauteur des urgences humanitaires durant l'année 2006.  Elle a à titre d'exemple expliqué que son pays a récemment connu un tremblement de terre et a salué la rapidité de réaction des organismes des Nations Unies sur le terrain.  Il faut assurer une coordination entre les différentes organisations internationales et les acteurs sur le terrain, a-t-elle poursuivi.  Elle a également préconisé que soit assurée une coordination au sein du système des Nations Unies.  En ce qui concerne le principe de la responsabilité sectorielle, elle a estimé qu'elle doit encore être améliorée.  Outre la coordination au sein du système des Nations Unies, il faut assurer la coordination des différents efforts de la communauté internationale.  Une plateforme humanitaire mondiale s'avère à cet égard utile, a-t-elle précisé.  Si elle a reconnu que l'assistance de la communauté internationale est particulièrement importante, la représentante chinoise a insisté sur le rôle de premier plan que devrait jouer le gouvernement de l'État concerné dans la préparation et le relèvement.  Les Nations Unies doivent communiquer avec le pays bénéficiaire en respectant les principes de neutralité et d'impartialité, a-t-elle insisté. 


Pour M. FREDERIK L. MATWANGA (Kenya), trois raisons justifient l'amélioration de la coordination de l'assistance humanitaire des Nations Unies: le rôle central joué par l'Organisation dans les situations qui nécessitent une aide humanitaire; la neutralité des Nations Unies et leur capacité à fédérer et catalyser l'action d'autres acteurs; enfin l'augmentation incessante du nombre et de la complexité des catastrophes dans le monde, qui exigent une réponse coordonnée.  Pour sa part, le Kenya a traversé plusieurs situations de catastrophes qui ont nécessité une aide et un soutien humanitaire de la communauté internationale: sécheresse, inondations, épidémie de VIH/sida, fièvre la vallée du Rift.  Le Kenya estime que les efforts d'amélioration de la coordination de l'assistance humanitaire des Nations Unies doivent absolument: respecter les principes de la neutralité, d'impartialité, d'humanité et d'indépendance; prévoir la participation des pays touchés aux exercices d'aide humanitaire; tenir compte du Cadre d'action de Hyogo, notamment dans le domaine du renforcement des capacités; souligner la nécessité d'adopter des démarches adaptées aux besoins locaux; et mettre en place des mécanismes de réaction propices à la transition harmonieuse des secours vers le développement.


M. SIHASAK PHUANGKETKEOW (Thaïlande) a fait observer qu'en dépit des progrès notables réalisés, l'amélioration de l'efficacité des activités humanitaires demeure un défi.  Il faut pour ce faire renforcer les partenariats et la coordination des organismes humanitaires, a-t-il souligné.  Abordant plus précisément le cas de son pays, il a expliqué que la Thaïlande a dû faire face aux effets du tsunami et travaille actuellement à assurer un bon mécanisme de réponse aux catastrophes.  Il a souligné le rôle fondamental joué par les Nations Unies dans le relèvement de son pays, tout en rappelant l'importance d'assurer que les gouvernements jouent un rôle essentiel dans ces activités.  Pour conclure, il a partagé sa préoccupation s'agissant de l'accès et de la sécurité des travailleurs humanitaires, soulignant qu'il incombe aux gouvernements de leur fournir un accès et d'assurer leur sécurité.


M. JEAN-JACQUES GRAISSE (Programme alimentaire mondial - PAM) a notamment évoqué les problèmes d'accès humanitaire et de sécurité du personnel d'aide humanitaire, deux aspects cruciaux de l'assistance dans ce domaine.  Le PAM, avec d'autres partenaires, cherche en permanence à ouvrir des couloirs humanitaires pour accéder aux populations touchées.  Des progrès ont pu être réalisés dans ce domaine en 2006 au Sud-Soudan et au Népal en particulier.  Dans d'autres pays (République centrafricaine, Tchad), les obstacles sont toujours plus importants et ont même entraîné une détérioration de la situation humanitaire et de la sécurité du personnel des organisations d'aide.  Dans d'autres pays encore, ce sont les catastrophes naturelles qui empêchent l'accès aux populations.  Le PAM ne peut agir seul dans ce domaine et c'est bien le système des Nations Unies tout entier qui doit agir avec les organisations non gouvernementales pour résoudre ces problèmes.


M. ALA ALWAN (Organisation mondiale de la santé - OMS) a expliqué que l'engagement de l'OMS dans la réforme humanitaire a drastiquement modifié la manière dont l'organisation soutient les pays victimes de catastrophes.  L'application du principe de la responsabilité sectorielle en matière de santé, établie en 2006, a donné un nouveau sens à la réalisation des objectifs en rassemblant différentes institutions titulaires d'un mandat complémentaire.  L'OMS travaille actuellement avec plus de 30 partenaires des Nations Unies et des organisations non gouvernementales, a-t-il ajouté.  D'autre part, il s'est félicité de la création du Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires, soulignant qu'il fournit non seulement un financement rapide, mais permet aussi d'améliorer l'allocation des ressources en fonction des besoins.  M. Alwan a ensuite fait observer qu'en raison des implications politiques des crises, il est essentiel de disposer de preuves impartiales pour assurer l'efficacité des interventions et une allocation équitable des ressources.  Pour offrir aux populations victimes les meilleures chances de survie, tous les secteurs doivent travailler main dans la main.  Et les partenaires nationaux doivent être pleinement intégrés dans l'assistance humanitaire.  Enfin, il a souligné l'importance d'investir dans le renforcement des capacités d'urgence, de réponse, de préparation et de relèvement au niveau local.  L'accent sur la santé et la nécessité de renforcer les partenariats est d'une importance fondamentale, a-t-il poursuivi.  Les conflits ont des effets importants sur le développement social et sur la structure de la société civile.  Ils détruisent les infrastructures sanitaires et affectent gravement la santé des populations.  Et quand la santé décline, il ne peut y avoir de développement durable, a-t-il insisté.  L'investissement dans les capacités nationales est à cet égard une réponse durable pour faire face aux aspects sanitaires des crises et des catastrophes, a-t-il conclu.


MME INGEBORG BREINES (Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture - UNESCO) a déclaré que les crises humanitaires engendrées par les conflits et les catastrophes naturelles sont les principaux obstacles à la réalisation des six objectifs de l'«éducation pour tous», définis lors du Forum de Dakar en 2000.  La fourniture de services scolaires est une dimension essentielle de l'action humanitaire, comme en témoigne l'insistance croissante mise par les États et les communautés touchés à prévoir une action très rapide dans ce domaine, dès les premières étapes de l'action humanitaire.  L'UNESCO soutient directement les communautés concernées en répondant à leurs besoins en matière d'éducation grâce à des programmes opérationnels visant à la réactivation et à la reconstruction du système scolaire général.  Dans ce contexte, l'UNESCO appuie plus particulièrement l'enseignement primaire, secondaire et technique en Iraq, dans les territoires palestiniens occupés, au Pakistan, en Somalie et au Soudan.  L'UNESCO se félicite par ailleurs de l'accent mis sur la réduction des risques et la préparation, comme dimensions fondamentales de la réaction humanitaire.  L'UNESCO a pour sa part contribué de manière importante à la création d'un système d'alerte aux raz-de-marée dans l'Océan indien, entré en service en 2006.  Enfin, la représentante a évoqué l'action de son organisation dans le domaine de la protection des héritages culturels pendant et après les crises, rappelant la dimension symbolique de la reconstruction des biens culturels aux yeux des populations touchées.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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