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Conférence de presse

CONFÉRENCE DE PRESSE D’ERIKA FELLER, HAUT-COMMISSAIRE ASSISTANTE POUR LA PROTECTION DES RÉFUGIÉS, NOTAMMENT SUR LE SORT DES REFUGIES IRAQUIENS

13/11/2007
Communiqué de presseConférence de presse
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CONFÉRENCE DE PRESSE D’ERIKA FELLER, HAUT-COMMISSAIRE ASSISTANTE POUR LA PROTECTION DES RÉFUGIÉS, NOTAMMENT SUR LE SORT DES REFUGIES IRAQUIENS


Le cas des Iraquiens fuyant leur pays est le principal problème de réfugiés dans le monde actuellement, a fait remarquer cet après-midi Mme Erika Feller, Haut-Commissaire assistante du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) en charge de la protection, lors d’une conférence de presse au Siège des Nations Unies à New York.  « C’est une question parfois sous-estimée sur le plan de la protection », a-t-elle dit, en regrettant que le problème ne soit abordé dans la presse que sous l’angle de l’assistance.


Elle a reconnu que la fourniture de nourriture et les autres services de base aux Iraquiens ayant fui dans les pays voisins étaient une part importante du programme du HCR, qui s’élevait à 1,23 million de dollars, mais elle a également souligné la dimension de protection de cette opération, particulièrement problématique.  De retour d’une mission en Syrie, où elle a rencontré quelques-uns des 1,4 million de réfugiés iraquiens, elle a expliqué que l’une des principales difficultés résidait dans l’accès à ces personnes et dans leur enregistrement, qui est indispensable pour évaluer leur vulnérabilité et comprendre leurs problèmes.  Le HCR n’a pu enregistrer que moins de 200 000 réfugiés en Syrie, sur un total de 1,4 million, a-t-elle dit, en précisant que le problème n’était plus la réticence des autorités syriennes, qui assurent désormais le libre accès au HCR en dehors de Damas, mais le manque de moyens et de soutien.


Les opérations d’enregistrement ont permis d’identifier plusieurs priorités, notamment le cas des femmes seules avec des enfants à charge.  Elle a attiré l’attention sur la résurgence de ce qu’elle a appelé les « mariages d’un week-end », par lesquels des jeunes femmes se vendent à des hommes au début du week-end pour un mariage traditionnel qui s’achève le dimanche par un divorce.  « Ça n’est  pas formellement de la prostitution, mais c’est en fait une forme d’exploitation sexuelle » a déclaré Mme Feller, en évoquant un problème de survie pour les jeunes femmes réfugiées, pour lesquelles le sexe devient une source de revenus.  Elle s’est inquiétée du risque de poursuites judiciaires qu’elles encourent.


La Haut-Commissaire assistante du HCR en charge de la protection a également fait part de sa préoccupation face à la détention des réfugiés iraquiens, qui atteint une proportion particulièrement élevée au Liban.  Tout en se montrant sensible aux préoccupations des autorités libanaises en matière de sécurité, elle a déploré que la seule perspective offerte aux demandeurs d’asile emprisonnés pour entrée illégale sur le territoire soit le retour en Iraq qui, a-t-elle dit, n’est pas une option envisageable à l’heure actuelle pour la plupart des réfugiés.  Le HCR a cependant obtenu la libération de certains d’entre eux, s’est-elle félicitée. 


Mme Feller a salué la générosité des pays voisins de l’Iraq dans l’accueil des réfugiés.  Elle a cependant regretté que les portes commencent à se refermer, avec la mise en place de dispositions restrictives pour l’attribution de visas ou le renouvellement de titres de séjour de courte durée, autant de mesures qui réduisent l’accès à la protection.  Elle a également attiré l’attention sur le sort méconnu des réfugiés d’autres nationalités vivant en Iraq et qui cherchent eux aussi à quitter le pays pour des raisons de sécurité.  Elle a notamment cité le cas des 13 000 Palestiniens vivant encore en Iraq, certains d’entre eux étant bloqués dans le « no man’s land » à la frontière syro-iraquienne.  Invités dans le pays par Saddam Hussein, ils sont aujourd’hui la cible d’un sentiment de revanche, qui peut se manifester par le harcèlement, la destruction de propriétés et parfois l’assassinat, a-t-elle expliqué.


Mme Feller a souligné, à cet égard, le problème de la réinstallation des réfugiés du pays d’accueil vers un pays tiers.  Elle a salué l’offre du Chili et du Soudan concernant les réfugiés palestiniens et a appelé l’ensemble de la communauté internationale à prendre sa part du lourd fardeau que subissent actuellement les pays voisins de l’Iraq.  L’objectif de réaliser 20 000 réinstallations pour 2007 risque d’être réduit à 16 000 pour 2008, en raison du manque de places disponibles, a-t-elle dit, en précisant que c’était une source de frustration et d’inquiétude pour les candidats à la réinstallation.  Elle a expliqué que le HCR n’encourageait pas le rapatriement des réfugiés iraquiens, parce que les conditions de sécurité actuelles en Iraq ne permettent pas une réintégration sereine dans les communautés d’origine.


Interrogée sur les difficultés rencontrées par les réfugiés afghans, Mme Feller a expliqué que le Pakistan avait fixé à 2009 la date limite pour la fermeture des camps et le retour dans leur pays des réfugiés enregistrés qu’il accueille.  Les réfugiés non enregistrés peuvent être expulsés à tout moment, a-t-elle ajouté.  Elle a dit travailler avec les autorités pakistanaises et iraniennes sur ce qui pourrait être une alternative au rapatriement, sous la forme d’une réinstallation dans d’autres régions du pays ou la délivrance de visas de travail, ce qui impliquerait la fin du statut de réfugié.


Mme Feller a, par ailleurs, lancé un appel à soutenir le Yémen, qu’elle a qualifié de très bon partenaire.  Ces derniers mois, entre deux et trois bateaux de réfugiés somaliens ou éthiopiens, sont arrivés chaque jour sur les côtes yéménites, a-t-elle dit, en expliquant que les demandeurs d’asile étaient installés dans des camps ouverts, ne risquaient pas un rapatriement forcé et ne souffraient pas de restrictions à leur liberté de mouvement.  Le Yémen, qui n’est pas sous le feu des projecteurs, ne bénéficie pas de reconnaissance internationale pour ses efforts dans l’accueil des réfugiés.


Interrogée sur les enseignements que le HCR avait tirés de l’affaire de l’Arche de Zoé au Tchad, Mme Feller a répondu qu’elle avait appris à ne pas se fier à la première ONG venue, quelle que soit la bonne volonté affichée.  Elle a assuré que le HCR n’avait jamais entendu parler auparavant de cette association, ses seuls contacts étant avec l’ONG Rescue Children, qui avait plutôt une bonne réputation pour son travail médical dans l’est du pays.  Elle a fait part des efforts du HCR pour permettre, en coordination avec les autorités tchadiennes, la réunification des enfants avec leurs familles.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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