CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE COORDONNATEUR DES SECOURS D’URGENCE SIGNALE UNE SITUATION HUMANITAIRE « DÉPLORABLE » EN SOMALIE ET UNE NETTE AMÉLIORATION DANS LE NORD DE L’OUGANDA
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Conseil de sécurité
5677e séance – matin
CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE COORDONNATEUR DES SECOURS D’URGENCE SIGNALE UNE SITUATION HUMANITAIRE « DÉPLORABLE » EN SOMALIE ET UNE NETTE AMÉLIORATION DANS LE NORD DE L’OUGANDA
Les membres du Conseil de sécurité ont salué aujourd’hui « le courage » du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence pour avoir effectué, la semaine dernière en Somalie, la première visite d’un responsable de l’ONU de son rang depuis presque 15 ans. John Holmes, qui a aussi parlé de la situation dans le nord de l’Ouganda, a d’emblée précisé que l’explosion d’une bombe qui l’a obligé à écourter son séjour n’avait pour but que de montrer que la guerre continue.
Face à une situation humanitaire « déplorable », le Coordonnateur des secours d’urgence, qui n’a été contredit par aucun membre du Conseil, a argué que la solution réside dans le retour de la stabilité, lequel exige un dialogue politique inclusif et la réconciliation entre les principaux partis politiques et les autres groupes. La solution à la situation humanitaire exige aussi, ont admis avec lui les membres du Conseil, le retrait des troupes éthiopiennes et le plein déploiement de la force de l’Union africaine. En l’occurrence, le représentant des États-Unis a réaffirmé son appui au plan d’urgence du Secrétaire général sur la préparation d’une transition « éventuelle » vers une opération de maintien de la paix des Nations Unies.
Les combats du mois d’avril dernier à Mogadishu ont causé des centaines de morts et de blessés et forcé le déplacement de presque 400 000 personnes dont la grande majorité n’a pas encore regagné la capitale. Si l’assistance humanitaire est parvenue à quelque 290 000 personnes, elle n’est toujours pas à la hauteur des besoins, le Président et le Premier Ministre du Gouvernement fédéral de transition (GFT) contestant la gravité de la crise.
À l’instar des délégations, le Coordonnateur des secours d’urgence s’est tout de même félicité des engagements du GFT de faciliter l’accès du personnel humanitaire aux personnes dans le besoin, d’accélérer l’octroi de visas et de recevoir une mission conduite par le Haut Commissariat aux droits de l’homme pour enquêter sur les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises pendant les derniers combats.
La communauté internationale a désormais l’occasion de résoudre une des plus grandes urgences humanitaires de l’Afrique, a poursuivi le Coordonnateur des secours d’urgence, en passant à la situation humanitaire dans le nord de l’Ouganda où quelque 1,6 million de personnes demeurent cependant dans les camps même si par rapport à 2004, ce chiffre, qui était de 2 millions, a fortement diminué.
Dans l’attente de la paix, nous prenons note, a dit le représentant de la France, du triple effort que le Coordonnateur des secours d’urgence nous demande d’accomplir vis-à-vis de ceux qui sont dans les camps, de ceux qui prennent le chemin du retour et de ceux qui, rentrés chez eux, ont encore besoin de nous.
La coexistence de ces trois dimensions, a souligné John Holmes, a créé une situation complexe qui exige une approche coordonnée. En la matière, a-t-il ajouté, il faut aussi tenir compte des questions de droits de la terre, de la démobilisation et de la réinsertion des ex-combattants, du sort des groupes les plus vulnérables et de la présence de mines terrestres.
Si les tendances actuelles se poursuivent, il faudra, a aussi prévenu le Coordonnateur de secours d’urgence, accentuer la transition de la phase de secours à celle du développement, « un domaine dans lequel la communauté internationale ne s’est guère distinguée jusqu’à présent ».
Les délégations ont, en effet, salué la reprise des pourparlers de Juba entre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et le Gouvernement ougandais qui rétablit graduellement l’administration civile dans la région, comme se sont félicitées les délégations, en rendant hommage à la médiation du Gouvernement du Sud-Soudan et à la facilitation de l’ancien Président du Mozambique et Envoyé spécial du Secrétaire général pour les zones touchées par l’Armée de résistance du Seigneur, Joachim Chissano.
Mais la paix ne peut s’obtenir au détriment de la justice, ont-elles averti face à l’Armée de résistance du Seigneur qui veut faire de la suspension des mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) une condition sine qua non à tout accord de paix. La position du Conseil de sécurité, a été rappelée par le représentant de la Belgique qui a mis l’accent sur le rejet catégorique de l’amnistie pour les crimes et les violations graves des droits de l’homme. Toute solution doit remplir les critères liés au principe de complémentarité consacré dans le Statut de Rome, a souligné le représentant belge.
LA SITUATION HUMANITAIRE DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS ET DANS LA CORNE DE L’AFRIQUE
Exposé
M. JOHN HOLMES, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a rappelé qu’en Somalie, il n’a pas pu se rendre à Jowhar, en raison de l’explosion qui a eu lieu quelques minutes après son arrivée. Je ne crois pas, a-t-il dit, que l’ONU ou la communauté internationale était la cible de ces attaques. Elles visaient plutôt à discréditer tout avis selon lequel la guerre était finie. Les combats, qui ont secoué Mogadishu au mois d’avril, a-t-il poursuivi, ont causé des centaines de morts et de blessés. Ils ont aussi causé le déplacement de presque 400 000 personnes dont la grande majorité n’a pas encore regagné la ville. Ces personnes déplacées vivent dans des conditions déplorables caractérisées par un manque d’accès à la nourriture, à l’assainissement, à l’eau potable, au logement et aux soins médicaux. Plus de 30 000 cas de diarrhée dans le sud de la Somalie ont été signalés et on compte déjà près de 1 000 morts.
Le Secrétaire général adjoint a aussi indiqué que le travail du personnel humanitaire a été considérablement limité, entre autres, par les directives édictées par le Gouvernement fédéral de transition. Au cours des dernières semaines, des progrès ont été accomplis grâce à une coopération accrue avec les autorités. L’assistance humanitaire est ainsi parvenue à quelque 290 000 personnes mais elle n’est toujours pas à la hauteur des besoins. Dans certaines régions, par exemple, il y a des points de contrôle tous les 10 kilomètres dont le droit de passage se chiffre parfois à 100 dollars.
Ayant approché les autorités dont le Président et le Premier Ministre, le Secrétaire général a regretté le désaccord sur la gravité de la crise. Elles ont prétendu que seulement 30 000 à 40 000 personnes avaient été déplacées par les combats et qu’elles étaient revenues. Elles ont souligné la nécessité pour les organisations de secours de coopérer davantage avec les autorités et de quitter Nairobi pour la Somalie. Le Secrétaire général adjoint a attiré leur attention sur le sort de près de 250 000 déplacés qui ont fui la capitale dont les conditions rendent leur retour difficile. Le Gouvernement, a-t-il regretté, n’a offert aucune solution durable.
Le Secrétaire général adjoint a aussi exprimé aux autorités sa préoccupation face aux violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire pendant les derniers combats. Tout en rejetant ces allégations, le Président a accepté une visite du Haut Commissariat aux droits de l’homme. Après avoir mis l’accent sur les efforts accrus des organismes des Nations Unies, le Secrétaire général adjoint a lancé un appel aux donateurs pour qu’ils débloquent les fonds nécessaires. Mais, a-t-il dit, la seule solution demeure le retour de la stabilité qui exige de redoubler d’efforts en faveur du dialogue politique et de la réconciliation entre les principaux partis politiques et les autres groupes. Cela exige le retrait des troupes éthiopiennes et le plein déploiement de la force de l’Union africaine.
Passant à la situation dans le nord de l’Ouganda, le Secrétaire général adjoint a estimé qu’en offrant tout le soutien nécessaire au processus politique de Juba, le Gouvernement ougandais et la communauté internationale ont désormais l’occasion de résoudre une des plus grandes urgences humanitaires en Afrique. Quelque 1,6 million de personnes demeurent cependant dans les camps même si par rapport à 2004, ce chiffre, qui était de 2 millions, a fortement diminué.
Mais ces mouvements ne sont pas encore massifs ou irréversibles, a souligné M. Holmes. Dans la sous-région d’Acholi, près des trois quarts des 1,1 million de personnes déplacées restent dans leurs camps d’origine. Un quart se trouve maintenant dans de nouveaux sites, situés près de leurs villages, où un certain nombre de ces personnes se rendent quotidiennement. À Lango, la situation est plus encourageante, a estimé le Coordonnateur, puisque seulement un quart des 466 000 personnes déplacées restent dans leur camp, tandis que les autres –environ 35 000– sont déjà de retour chez eux. Il est important, a-t-il souligné, que le processus du retour continue de s’appuyer sur des choix informés et libres des personnes déplacées elles-mêmes.
Dans le district de Kitgum, dans la sous-région d’Acholi, M. Holmes a déclaré qu’il avait visité le nouveau camp de Labworomor, dont les résidents lui ont dit qu’ils ne se sentiraient pas assez en sécurité pour rentrer chez eux tant qu’un accord final n’aurait pas été conclu avec l’Armée de résistance du Seigneur. Ils ont également confié que leur retour ne pourrait pas s’effectuer tant que des services de base ne seraient pas rétablis. C’est le même message qu’ont donné les personnes déplacées du camp de Namokora, qui sont au nombre de 17 000.
Cette situation pose un triple défi: tout d’abord, la communauté internationale doit continuer de fournir une aide humanitaire vitale pour 1,6 million de personnes qui se trouvent encore dans leurs camps. Ensuite, ces personnes qui ont soit quitté leurs camps pour de nouveaux sites, soit sont de retour chez elles, ont besoin non seulement de produits alimentaires et d’ustensiles, mais aussi des services d’eau et d’assainissement, des soins de santé et de programmes éducatifs, a poursuivi le Secrétaire général adjoint. En outre, les personnes de retour chez elles ont un cruel besoin d’un minimum de soutien de base pour les premières phases de leur installation, ainsi que d’une aide au développement et à la reconstruction, indispensable pour relancer l’agriculture. La coexistence de ces trois dimensions, souvent à proximité les unes des autres, a créé une situation complexe qui exige une approche coordonnée. M. Holmes a également souligné qu’il faudrait tenir compte des questions de droits de la terre, de la démobilisation et de la réinsertion des ex-combattants, du sort des groupes les plus vulnérables et de la présence de mines terrestres.
Si une telle tendance venait à se poursuivre, nous devrons accentuer la transition de la phase de secours à celle du développement, un domaine dans lequel la communauté internationale ne s’est guère distinguée jusqu’à présent, a estimé M. Holmes. Un tel effort ne pourra pas se poursuivre sans des contributions significatives, a affirmé le Coordonnateur, qui a regretté que l’Appel humanitaire lancé cette année en faveur de l’Ouganda n’ait atteint que 50% du montant escompté. Le succès du processus de paix est la clef de la réussite, a ajouté M. Holmes, qui s’est félicité des résultats obtenus par les pourparlers de Juba et de la médiation du Gouvernement du Sud-Soudan et de la facilitation de M. Joaquim Chissano, ancien Président du Mozambique et Envoyé spécial du Secrétaire général pour les zones touchées par l’Armée de résistance du Seigneur. En outre, la paix dépendra de la réconciliation et de la justice, et la Cour pénale internationale devra émettre des mandats d’arrêts appropriés contre les personnes responsables de violations massives de droits de l’homme, a ajouté le Secrétaire général adjoint avant de conclure.
Déclarations
M. PETER BURIAN (Slovaquie) a appelé la communauté internationale à aider les institutions de transition somaliennes à stabiliser la situation et à résoudre la situation humanitaire. Il a appelé à la cessation des combats et à la réconciliation nationale. Il a condamné les attaques récentes et les actes de piraterie menaçant l’aide humanitaire. Tout doit être fait pour faire cesser ces attaques et protéger les navires transportant l’aide humanitaire et les auteurs de ces actes criminels doivent être traduits en justice, a insisté le représentant. En la matière, le Gouvernement de transition doit assumer ses responsabilités, a-t-il ajouté avant de dénoncer également les graves violations des droits de l’homme en Somalie. Le rapport du Secrétaire général, a-t-il estimé, souligne la vulnérabilité des enfants somaliens. Le représentant a dénoncé le recrutement d’enfants, leur enlèvement et la violence sexuelle à leur encontre. C’est pourquoi, il a demandé à tous les partenaires internationaux d’intensifier leurs efforts de médiation pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution pertinente du Conseil de sécurité. Il a d’ailleurs demandé le plein déploiement de la mission de l’Union africaine.
Se réjouissant de l’amélioration de la situation humanitaire dans le nord de l’Ouganda, le représentant s’est dit encouragé par la reprise récente des pourparlers de paix de Juba. Il faut saisir cette occasion pour que ce conflit puisse être réglé sans rejeter les principes de la justice internationale, a-t-il dit, en soulignant le caractère crucial de l’aide de la communauté internationale. Là encore, le représentant s’est inquiété du sort des enfants qui sont détenus par l’Armée de résistance du Seigneur (LRA). Il s’est rallié à l’appel lancé par le Secrétaire général, à cet égard.
M. JAMAL NASSER AL-BADER (Qatar) s’est déclaré d’avis avec le Secrétaire général adjoint que la situation en Ouganda et en Somalie se détériorait, en particulier sur le plan humanitaire. Les affrontements et les bouleversements politiques qui se produisent simultanément dans ces deux pays devraient faire l’objet d’un examen accru du Conseil de sécurité, a ensuite estimé le représentant, qui a tout particulièrement attiré l’attention sur le sort des enfants enrôlés dans les rangs de groupes armés. Il a souligné à cet égard l’importance de la coopération entre les différents organes des Nations Unies pour garantir la situation humanitaire des civils. Nous demandons aux parties au conflit de s’engager à protéger les civils et à ne pas prendre de mesures qui empêcheraient l’acheminement de l’aide humanitaire qui leur est destinée, a conclu le représentant du Qatar.
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a regretté la mort des soldats de la paix ougandais, en réitérant l’engagement de son Gouvernement à fournir un appui logistique et financier à la mission de l’Union africaine. Nous avons tous un rôle à jouer, a-t-elle insisté. Nous devons rappeler les autorités à leur responsabilité de mettre fin aux hostilités et à améliorer la situation humanitaire, a dit la représentante, avant de se féliciter de l’accord donné par le Président somalien pour une mission du Haut Commissariat aux droits de l’homme. Abordant la situation dans le nord de l’Ouganda, elle a rappelé qu’il y a encore 1,6 million de personnes qui vivent encore dans des conditions difficiles. Les perspectives de paix sont un élément fondamental pour les populations et il faut tout faire pour les réaliser. La représentante s’est donc félicitée des initiatives du Président Chissano qui ont permis de relancer les pourparlers de Juba. La communauté internationale doit donner tout son appui, a insisté la représentante, en appelant le Conseil à rester actif, compte tenu de la situation humanitaire dans la région.
M. HASAN KLEIB (Indonésie) a affirmé que la situation humanitaire en Somalie et en Ouganda était troublante, en particulier en Somalie, en raison de la recrudescence récente de la crise. Nous regrettons le retour du pays au conflit, alors que l’on estime désormais à 300 000, le nombre de personnes qui ont fui la capitale, alors qu’un millier y a trouvé la mort et que 1,8 million d’autres nécessitent une aide urgente. La situation humanitaire dans le pays découle directement de l’impossibilité des parties à trouver un terrain d’entente et à conclure un accord. Si la communauté internationale se doit d’appuyer le Secrétaire général dans ses efforts de médiation, ainsi que l’Union africaine, c’est ensuite aux Somaliens eux-mêmes d’œuvrer en faveur d’une solution, a ajouté le représentant. Par ailleurs, nous espérons que le règlement des conflits en RDC et dans le nord de l’Ouganda, de même que les récents progrès sur le front diplomatique et politique, permettront d’améliorer rapidement la situation humanitaire dans la région des Grands Lacs. Tout en poursuivant son aide humanitaire, la communauté internationale, a estimé le représentant, devrait envisager la transition de la phase de secours à celle du développement. Cependant, cette assistance doit se faire dans le respect des principes de droit international, notamment la souveraineté territoriale des États. La coordination des opérations avec les autorités locales est indispensable à cette fin, a souligné le représentant avant de conclure.
M. JEAN-MARC DE LA SABLIÈRE (France) a appelé le Gouvernement fédéral de transition somalien à cesser de contester l’ampleur de la crise humanitaire générée par trois mois de combats. Depuis février, quelque 350 000 à 400 000 personnes ont quitté Mogadishu, a confirmé le représentant. Il n’est pas acceptable qu’un tiers seulement de ces personnes aient accès à une assistance humanitaire, a-t-il insisté, en ajoutant qu’il n’est pas non plus acceptable qu’une majorité de ces personnes, issues d’une ethnie particulière, soient empêchées de rentrer chez elles.
Le représentant a exhorté le Gouvernement, les forces éthiopiennes et les groupes armés à respecter le droit international humanitaire. Il a d’ailleurs souhaité savoir ce qui pourrait être fait pour permettre un accès plus large aux victimes. Des instructions fermes doivent être données aux militaires et aux milices, a-t-il souligné, en se félicitant des engagements pris à cet égard par le Gouvernement de transition. Au-delà, a ajouté le représentant, nous insistons pour que, enfin, les autorités somaliennes s’engagent sur la voie d’une solution politique véritablement inclusive, seul moyen de répondre durablement à la crise humanitaire.
Évoquant la situation dans le nord de l’Ouganda, le représentant a souhaité que le retour des populations traumatisées par deux décennies de violence se poursuive. Ces personnes ne retourneront pas chez elles en l’absence d’une paix durable, a souligné le représentant, en préconisant que la prolongation jusqu’au 30 juin de l’accord de cessez-le-feu entre le Gouvernement ougandais et l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) soit pleinement mise à profit. À ce stade, le représentant a estimé que l’aide humanitaire ne peut être réduite sans que l’aide au développement en prenne le relais, en particulier dans les domaines de l’éducation et de la santé.
Se félicitant du retour de l’administration civile dans le nord de l’Ouganda, le représentant s’est tout de même dit préoccupé face aux opérations de désarmement dans la région de Karamoja, génératrices de violence. Il a demandé aux autorités ougandaises d’éviter tout recours à la force. Il a aussi demandé aux autorités ougandaises de veiller à ce que des progrès sensibles soient réalisés au sein des Unités de défense locales, placées sous l’autorité de l’UPDF, pour que le droit des enfants soit respecté et que le recours aux enfants soldats soit strictement interdit.
M. LESLIE K. CHRISTIAN (Ghana) a déclaré que l’exposé de M. Holmes confirmait que les récentes hostilités en Somalie étaient à l’origine d’une aggravation de la situation humanitaire dans le pays. L’accès humanitaire aux personnes déplacées, ainsi que leur protection, représente désormais un défi considérable pour les institutions des Nations Unies déployées sur le terrain, qui redoublent pourtant d’efforts pour les aider. Mais il reste encore beaucoup à faire et la communauté internationale doit s’engager davantage, a souligné le représentant. Par ailleurs, nous constatons, en Ouganda, que des progrès ont été faits dans le cadre des pourparlers de Juba, a poursuivi le représentant, qui a espéré que cela aurait un impact sur l’amélioration du sort des plus démunis. Dans le nord de l’Ouganda, le Gouvernement a pris aussi des mesures qui sont de nature à garantir la sécurité d’un certain nombre de personnes déplacées. Celles-ci doivent cependant faire face à de vraies difficultés d’accès aux services de base, que ce soit dans les camps ou dans les villages dont sont originaires les personnes déplacées, a regretté le représentant du Ghana. C’est pourquoi, sa délégation appelle à ce que des efforts de développement des infrastructures soient entrepris.
M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) a remercié le Secrétaire général adjoint d’avoir communiqué le courage et l’engagement dont fait preuve la communauté humanitaire en Somalie. Il a particulièrement apprécié le fait que la présence de M. John Holmes ait redonné l’espoir à la société civile somalienne. Comme vous, l’Afrique du Sud croit qu’aussi complexe que soit la situation, la solution réside dans un processus politique inclusif, a poursuivi le représentant. Il a espéré que le Gouvernement fédéral de transition fera tout pour que les agents humanitaires puissent travailler. Le soutien que la communauté internationale que peut offrir en la matière doit un jour aider la Somalie à surmonter ses difficultés actuelles. Venant à la situation dans le nord de l’Ouganda, il a remercié le Secrétaire général adjoint d’avoir appelé à la prudence, en plaidant pour une transition sans heurt du secours à l’aide au développement. Cette dernière activité est en effet plus difficile et il faut reconnaître que la communauté internationale ne s’est jamais distinguée en la matière. Or, sans un développement durable, les gens risquent de reprendre les armes, a prévenu le représentant, en appréciant le fait que le rapport du Secrétaire général adjoint donne au Conseil une base pour concevoir les moyens d’apporter un véritable changement dans ces deux régions. Il y a une décennie, le nord de l’Ouganda était dans une situation aussi désespérée que la Somalie aujourd’hui et c’est là un espoir, a conclu le représentant en promettant tout l’appui de son pays au Secrétaire général adjoint.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que les événements de ces derniers mois risquaient de faire augmenter le nombre de personnes déplacées en Somalie. Il est évident, a-t-il souligné, que la cause de la situation humanitaire qui secoue actuellement le pays réside dans l’absence d’accord entre les parties au conflit. Pour la délégation russe, cette crise ne sera réglée que par le biais d’un dialogue de haut niveau entre ces parties, sous l’égide de la communauté internationale. La Fédération de Russie appuie également le déploiement d’une mission de maintien de la paix de l’Union africaine en Somalie. En ce qui concerne la situation en Ouganda, le représentant a émis l’espoir que la phase finale des pourparlers de Juba aura un impact sur le sort des personnes les plus vulnérables dans le pays.
M. BASILE IKOUEBE (Congo) a attribué la situation dans les deux régions aux conflits armés, aux situations politiques non réglées et aux catastrophes naturelles. Des avancées ont été soulignées, a-t-il dit, mais dans l’ensemble, il y a beaucoup de sujets de préoccupation. Le Secrétaire général adjoint a d’ailleurs été, malgré lui, le témoin de cette situation intenable, a-t-il rappelé, en appelant la communauté internationale à continuer à appuyer les efforts des pays et des organisations régionales. Ces efforts doivent inclure l’assistance au développement économique et social pour jeter les bases d’une véritable paix et d’un développement durable. Le représentant a invité les dirigeants de ces pays et toutes les parties aux conflits à se prendre en charge. La communauté internationale, qui ne peut qu’accompagner les efforts, doit trouver les conditions réelles de s’investir durables. Dénonçant les comportements des principaux acteurs qui alimentent les situations difficiles, le représentant a appelé à l’amélioration des systèmes d’alerte rapide, de l’accès aux services sociaux de base et la multiplication des petites exploitations agricoles et commerciales. Mais, a-t-il prévenu, il faut d’abord régler les conflits, promouvoir la bonne gouvernance et renforcer le respect des droits de l’homme.
M. ALDO MANTOVANI (Italie) a déclaré que son gouvernement partageait la préoccupation des autres membres du Conseil concernant la situation humanitaire en Somalie, où il est devenu extrêmement difficile de prêter secours aux personnes déplacées. L’Italie est convaincue que seule la reprise d’un dialogue inclusif des parties concernées pourrait mettre fin à cette crise et demande à chacune d’entre elles de faire preuve de retenue et de ne pas entraver la circulation du personnel humanitaire. Le représentant s’est dit encouragé par les conclusions de la visite de M. John Holmes dans le nord de l’Ouganda, Cela montre très bien, a-t-il dit, qu’un processus de paix géré de manière saine et rationnelle pouvait avoir des améliorations sensibles sur la situation humanitaire d’un pays. L’heure est venue maintenant, a-t-il fait remarquer, de passer à une phase de développement et de reconstruction en Ouganda, et de coopérer pleinement avec le Gouvernement à cette fin.
M. LIU ZHENMIN (Chine) a regretté que plusieurs pays du continent africain continuent de connaître des conflits et des situations humanitaires préoccupantes, en citant le Darfour, le Tchad ou encore l’Ouganda. Il s’est dit convaincu de la nécessité d’adopter une démarche d’ensemble permettant de traiter des symptômes et des causes sous-jacentes. Ces situations, a-t-il argué, sont liées à des problèmes politiques et sécuritaires. Une solution de fond exige la promotion de l’harmonie sociale, l’unité et le développement économique et social. Toute amélioration de la situation humanitaire dépend des efforts conjoints des parties elles-mêmes et de la communauté internationale. Le représentant a donc félicité le Gouvernement ougandais d’avoir repris les pourparlers avec la LRA, en espérant une amélioration de la situation humanitaire. Il a demandé à la communauté internationale de fournir une aide au Tchad, à la République centrafricaine et au Darfour. La communauté internationale ne peut tourner le dos à l’Afrique. Elle doit adopter une démarche d’ensemble pour parvenir à une amélioration graduelle de la situation. Pour sa part, la Chine multiplie les efforts bilatéraux tout en s’impliquant activement aux efforts multilatéraux, a conclu le représentant.
M. ALFREDO SUESCUM (Panama) a regretté qu’un climat de tension persiste dans les deux pays, malgré une amélioration notable de la situation en Ouganda. Il est essentiel que la communauté internationale offre une assistance humanitaire plus importante à l’Ouganda et que le Gouvernement ougandais élimine tous les obstacles qui pourraient se poser au personnel humanitaire. En Somalie, les évènements montrent que la recrudescence des violences quotidiennes est à l’origine de graves problèmes humanitaires. En Ouganda, la situation des enfants soldats, enrôlés de force dans les rangs de groupes armés, est extrêmement préoccupante. Soulignant le rôle des femmes dans les processus de paix, le représentant a indiqué qu’il était nécessaire de renforcer leur participation aux pourparlers de paix de Juba. Par ailleurs, il a déclaré que tout accord conclu entre le Gouvernement ougandais et l’Armée de résistance du Seigneur devrait catégoriquement exclure l’amnistie pour les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre, le génocide et les violations graves et massives des droits de l’homme.
M. JORGE VOTO-BERNALES (Pérou) a condamné les attaques contre les troupes de l’Union africaine en Somalie, avant de se dire préoccupé par la situation humanitaire et les violations des droits de l’homme commises par les différentes parties. Il a donc engagé les autorités somaliennes à faciliter l’accès de la communauté humanitaire aux populations vulnérables. Le Conseil doit se saisir de la question de la crise humanitaire en Somalie, a-t-il insisté, avant de partager l’idée qu’un processus politique est la seule façon d’assurer une paix durable dans le pays. Passant à la situation dans le nord de l’Ouganda, il a jugé utile de continuer à encourager les parties à mettre fin à ce conflit. Il faut espérer, a-t-il avoué, que les pourparlers de Juba jetteront les bases d’une société démocratique. En l’occurrence, a ajouté le représentant, il faudra rejeter l’impunité et respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire. À cet égard, le représentant a appelé au soutien logistique et financier de la communauté internationale qui doit aussi aider au désarmement, à la démobilisation et à la réintégration des anciens combattants et demander à l’Armée de résistance du Seigneur de libérer tous les enfants et toutes les femmes qu’elle retient en otage.
M. OLIVIER BELLE (Belgique) s’est dit très préoccupé par la situation humanitaire à Mogadishu, où l’enlèvement de travailleurs humanitaires, qui ont ensuite été relâchés, et les entraves administratives gênent les opérations en cours. La Belgique a cependant salué l’autorisation donnée par le Gouvernement somalien à la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Louise Arbour, d’enquêter sur les violations des droits de l’homme perpétrées en Somalie. Le représentant a estimé qu’il était indispensable d’ouvrir un dialogue inclusif à toutes les parties au conflit et que le Gouvernement rétablisse son autorité sur l’ensemble du territoire. S’agissant de l’Ouganda, le représentant s’est félicité de l’amélioration de la situation humanitaire dans le nord du pays, où les personnes déplacées sont rentrées en nombre dans leurs villages. Mais il en reste encore environ un million de personnes qui nécessitent, tout autant que celles qui sont de retour chez elles, un accès aux services de base. S’agissant de la réconciliation et de la vérité, le représentant a rappelé que pour les dirigeants de l’Armée de résistance du Seigneur, la suspension des mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) était une condition sine qua non à tout accord de paix, tandis que le Gouvernement ougandais souhaite conclure un accord avant d’ouvrir le volet judiciaire. La Belgique a réitéré en conclusion la position du Conseil de sécurité, qui rejette catégoriquement l’amnistie de crimes et de violations graves.
Belgique
M. ALEJANDRO WOLFF (États-Unis) s’est déclaré gravement préoccupé par les dernières violences à Mogadishu et la crise humanitaire chronique qui frappe le pays. Il a salué le travail de la communauté humanitaire et de l’équipe de pays des Nations Unies. Les États-Unis, a-t-il dit, demeurent déterminés à appuyer l’assistance humanitaire en Somalie, a-t-il assuré. Il s’est donc dit inquiet par le manque d’accès humanitaire et a lancé un appel pour faciliter l’acheminement des secours. Le représentant s’est donc félicité de la promesse des autorités somaliennes de lever les obstacles administratifs et d’accélérer l’octroi des visas. Le représentant a aussi condamné les attaques contre les forces de l’Union africaine, avant de se dire préoccupé par les activités des éléments extrémistes auxquels il faut interdire de saper le processus politique. Le représentant s’est, par ailleurs, félicité de l’accord donné par les autorités somaliennes à une mission du Haut Commissariat aux droits de l’homme. La seule solution en Somalie, a-t-il conclu, réside dans un processus sincère de dialogue politique. En la matière, le représentant a réaffirmé son appui au plan d’urgence du Secrétaire général pour préparer une transition éventuelle vers une opération de maintien de la paix des Nations Unies.
Quant au nord de l’Ouganda, le représentant a dit partager l’optimisme prudent du Secrétaire général adjoint. Il est nécessaire, a-t-il dit, que le retour des 1,6 million de personnes déplacées soit volontaire et sûr. Le représentant a soutenu les efforts politiques du Président Chissano et du Gouvernement du Sud-Soudan. En cas d’accord, a-t-il promis, les États–Unis sont prêts à contribuer au processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). En 2006, ils ont déjà donné 85 millions de dollars. Jugeant important d’appuyer la réhabilitation à long terme des personnes qui retournent, le représentant a appelé l’ONU à veiller à ce que les besoins humanitaires de l’Ouganda soient satisfaits.
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