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CS/8952

CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE PREMIER MINISTRE DU TIMOR-LESTE DÉCRIT UNE SITUATION CALME MAIS FRAGILE EXIGEANT UN APPUI CONTINU DE L’ONU

12 février 2007
Conseil de sécuritéCS/8952
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

5628e séance – matin                                       


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LE PREMIER MINISTRE DU TIMOR-LESTE DÉCRIT UNE SITUATION CALME MAIS FRAGILE EXIGEANT UN APPUI CONTINU DE L’ONU


À la veille des élections présidentielles du 9 avril prochain, les premières depuis son indépendance, le 20 mai 2002, le Timor-Leste a fait l’objet, ce matin, d’un débat du Conseil de sécurité auquel ont participé 23 délégations.  Le Premier Ministre et Ministre de la défense du Timor-Leste a fait part d’une situation calme mais toujours fragile après les violences d’avril et de mai 2006.  José Ramos-Horta a plaidé pour un appui continu des Nations Unies dont le premier pas serait la prorogation, pour une nouvelle période d’un an, de la Mission intégrée des Nations Unies (MINUT).  Il a aussi demandé au Conseil de déployer une unité de police supplémentaire.


La requête du Premier Ministre a été appuyée par toutes les délégations, compte tenu de l’importance qu’il y a, pour la stabilité du pays, de garantir des élections pacifiques et crédibles et de consolider la réconciliation nationale.  Les problèmes de sécurité restent aigus, a, en effet, alerté José Ramos-Horta aux côtés du Représentant spécial du Secrétaire général, Atul Khare.  Les deux hommes ont particulièrement dénoncé les activités des gangs de jeunes et des groupes d’arts martiaux. 


Ils ont mis l’accent sur les réformes entreprises en vertu de « l’Accord sur le rétablissement et le maintien de la sécurité publique et l’assistance à la réforme, à la restructuration et au renforcement de la police nationale timoraise (PNTL) et du Ministère de l’intérieur », conclu le 1er décembre 2006 entre le Gouvernement du Timor-Leste et la MINUT.  Ils ont aussi attiré l’attention du Conseil sur l’Accord signé, le 26 janvier, entre l’ONU, le Timor-Leste et l’Australie visant à mettre sur pied un Organe de coordination trilatéral sur les questions de sécurité.  Le Premier Ministre a également fait part de ses efforts pour apaiser les tentions entre la police et les forces armées (F-FDTL).


Parmi d’autres progrès, José Ramos-Horta a indiqué que la Commission des sages, créée en mai 2006, pour examiner les allégations de discrimination et de traitements injustes, contenues dans les plaintes des « pétitionnaires », à l’origine des violences de l’an dernier, devrait très prochainement présenter ses recommandations.  Le Premier Ministre a, en outre, estimé qu’à travers le dialogue en cours, il ne sera pas impossible de convaincre Alfredo Reinado, ancien commandant de la police militaire, et les 56 autres fugitifs de se rendre à la justice.  Par ailleurs, le Parlement a adopté, le 9 janvier dernier, les recommandations de la Commission chargée d’enquêter sur les violences de l’an dernier.  


La mise en œuvre de ces recommandations pose la question essentielle du renforcement du système judiciaire dont les défis restent considérables, ont reconnu les délégations, en insistant sur l’importance qu’il y a à doter le pays de mécanismes efficaces de lutte contre l’impunité.  Elles ont rappelé que ce principe a été reconnu par le Timor-Leste lui-même lorsqu’il a défini, dans son « Pacte » avec la communauté internationale, les 10 priorités les plus pressantes après la crise de 2006. 


Les délégations ont mis un accent particulier sur les priorités liées au développement social et économique.  Le Représentant spécial du Secrétaire général a rappelé l’Appel interinstitutions du 17 janvier 2007, dont le budget de 16,6 millions de dollars, pour les six premiers mois de l’année, sera surtout consacré à la réintégration des personnes déplacées. 


Aujourd’hui, le Timor-Leste et la communauté internationale comprennent mieux les défis auxquels ils sont confrontés.  La prorogation du mandat de la MINUT serait le premier pas vers un succès durable au Timor-Leste, a conclu le Premier Ministre, en faisant ainsi écho aux nombreuses délégations qui ont souligné à quel point les évènements de l’an dernier ont montré que les Nations Unies s’étaient retirées beaucoup trop tôt du Timor-Leste.  L’édification d’une nation est un processus complexe et délicat et il faut se garder de crier trop vite à la « success story », ont prévenu les intervenants avant que le Représentant spécial du Secrétaire général ne conseille un « optimisme prudent pour garantir l’engagement suivi du Conseil et de la communauté internationale ».


LA SITUATION AU TIMOR-LESTE


Rapport du Secrétaire général sur la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste pour la période allant du 9 août 2006 au 26 janvier 2007 (S/2007/50)


Le Secrétaire général des Nations Unies propose de prolonger d’un an le mandat de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT) dont le premier mandat de six mois arrive à échéance le 25 février 2007.  Ban Ki-moon décrit une situation en voie d’amélioration dans son premier rapport consacré au Timor-Leste, tout en notant que la situation en matière de sécurité dans le pays reste précaire et le climat politique « fluide ».


La MINUT, créée par la résolution 1704 (2006), avait succédé au Bureau des Nations Unies au Timor-Leste (BUNUTIL), mission dont le mandat et les effectifs n’avaient pas permis de faire face aux troubles extrêmement graves qui avaient éclaté en avril-mai 2006 et à l’anarchie qui s’était ensuivie, entraînant l’intervention d’unités militaires étrangères à la suite d’un appel à l’aide lancé par les autorités timoraises à l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie et le Portugal.  Le rapport constate que les tensions politiques se sont un peu atténuées grâce aux efforts déployés par les dirigeants timorais pour instaurer un dialogue et favoriser la réconciliation.  Il ajoute que le caractère de la campagne électorale, la conduite des élections proprement dites et le processus de formation du gouvernement seront des indicateurs importants de la mesure dans laquelle le dialogue politique actuel a débouché sur une réconciliation tangible. 


Parmi ces indicateurs positifs, le Secrétaire général évoque aussi le retour et la réinstallation des déplacés à la suite des émeutes de 2006.  Ceux-ci étaient encore estimés à 100 000 au début de l’année contre 150 000 après la crise.  Ayant perdu leur maison, ils vivent dans des camps ou dans des communautés d’accueil et sont au cœur de l’action humanitaire. 


La police et la justice sont les maillons faibles du jeune État, les forces de sécurité s’étant délitées lors des événements de l’an dernier.  Une bonne partie de la population n’a pas confiance dans la police, ni dans l’armée, ni non plus dans les magistrats.  Une évaluation systématique des policiers a été entreprise afin de juger de leur aptitude à poursuivre leurs activités.  Mais de graves difficultés et faiblesses subsistent au sein de la police timoraise, constate le rapport et c’est la MINUT qui doit toujours assurer l’essentiel du maintien de l’ordre.


Sur le plan économique, la situation est extrêmement difficile, en particulier pour les jeunes.  La majorité de la population du Timor-Leste continue de vivre dans la pauvreté et dans un état de dénuement chronique, un cinquième vivant avec moins d’un dollar par jour.  Le produit intérieur brut (PIB) par habitant (hors pétrole) se chiffrait à 360 dollars des États-Unis en 2005, le Timor-Leste étant placé au 142e rang des 177 pays inclus dans le rapport sur le développement humain du PNUD pour 2006.


L’Organisation internationale du Travail (OIT), en association avec le PNUD, poursuit la mise en œuvre d’initiatives visant à créer des emplois, telles la formation professionnelle et la création d’emplois de courte durée en vue de répondre aux besoins essentiels et d’atténuer les conflits.  L’exploitation pétrolière pourrait apporter un ballon d’oxygène à l’État.  Le Timor-Leste tire des revenus considérables des exportations de pétrole et de gaz, la création de capacités et le renforcement de l’exécution du budget seront essentiels pour jeter les bases d’une croissance durable.  Pour le moment, cependant, les problèmes humanitaires dépassent encore les capacités du Gouvernement du Timor-Leste, conclut le rapport.


Déclarations


M. ATUL KHARE, Représentant spécial du Secrétaire général au Timor-Leste, a déclaré que le moment était important pour la jeune nation timoraise alors qu’elle prépare sa première élection présidentielle depuis la restauration de l’indépendance.  La date du premier tour de scrutin a été fixée au 9 avril, tandis que celle des élections législatives sera fixée ultérieurement.


M. Khare a souligné que les élections devraient avoir un impact unificateur sur la classe politique et sur la société dans son ensemble.  Il a rappelé les défis auxquels le pays serait confronté d’ici à la date du scrutin, en particulier à cause de la saison des pluies qui ne facilite pas la circulation, non seulement sur le terrain, mais aussi de l’information en général, afin de faire participer la majorité de la population au processus électoral.  Par ailleurs, la sécurité est vue par toutes les parties comme un élément critique du processus électoral.  M. Khare s’est félicité de l’action des autorités timoraises pour avoir cherché à contenir les éléments criminels des associations d’arts martiaux.  En outre, le déploiement des unités de la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste (MINUT) en province s’est aussi avéré utile, a-t-il noté.  Bien que la situation soit relativement calme, elle demeure volatile et des actes de violence sont commis régulièrement.


L’évaluation de la police timoraise se poursuit.  À ce jour, 409 policiers sur 1 098 ont été évalués avec succès, 64 sont en formation et 131 attendent d’être admis dans le cours de certification provisoire.  Par ailleurs, 226 policiers sont en cours d’évaluation tandis que les cas de 315 nécessitent une enquête supplémentaire.  Par ailleurs, le Représentant spécial est convaincu qu’il sera crucial de déployer une unité de police opérationnelle supplémentaire pour le scrutin, comme le recommande le Secrétaire général dans son rapport.  Elle renforcera la capacité de la MINUT et contribuera à ce que l’élection ait lieu dans le calme.  M. Khare s’est dit convaincu par ailleurs que la justice était une condition préalable à toute réconciliation et s’est dit heureux que les responsables timorais semblent partager cet avis.  Les efforts doivent se poursuivent afin que toute impression d’impunité soit réfutée.  Il a noté que l’évasion du commandant Reinado avec 56 prisonniers en août constituait une grave menace à la paix civile.


Le Représentant spécial a aussi évoqué la situation économique et noté que des signes de progrès étaient déjà visibles à Dili, le Gouvernement s’étant mis au travail en particulier pour mettre en route un plan d’emploi pour les jeunes.  Il a lancé un « Appel consolidé interinstitutions pour le Timor-Leste » dont le budget prévu est de 16,6 millions de dollars et dont le succès dépendra de la réponse de la communauté internationale.  Son objectif principal sera la réintégration des déplacés.  Il s’est félicité du travail des organisations humanitaires tout en soulignant que la situation demeurait difficile, en particulier pour les déplacés, et qu’elle le resterait après les élections.  En conclusion, M. Khare a estimé que Timor-Leste avait besoin d’un appui à long terme de la communauté internationale, ce qui justifie la demande du Secrétaire général pour une prorogation d’un an du mandat de la MINUT.


M. JOSE RAMOS-HORTA, Premier Ministre et Ministre de la défense du Timor-Leste, a fait part des progrès enregistrés en matière de sécurité, en indiquant que l’Accord entre les Nations Unies et le Gouvernement sur le rétablissement et le maintien de la sécurité traite à la fois des questions relatives à la police et à la réforme de celle-ci.  Compte tenu de la situation toujours précaire, le Premier Ministre a jugé utile que le Conseil de sécurité envisage le déploiement d’une unité de police supplémentaire qui viendrait du Portugal.  Reconnaissant que l’appui extérieur ne peut être une solution à long terme, le Premier Ministre a indiqué qu’une des priorités de son gouvernement était la réforme de tout le secteur de la sécurité.  Il a ainsi mis l’accent sur la « Forca 2020 » qui est la politique gouvernementale en la matière et qui a pour objectif d’apaiser les tensions entre la police et les forces armées.  Il a par ailleurs expliqué que la question des pétitionnaires enregistrait des progrès et que la « Commission des notables » devrait présenter ses recommandations très prochainement. 


Après avoir énuméré d’autres progrès dans le domaine de la réconciliation nationale et décrit le programme SIMU MALU sur la question des personnes déplacées, le Premier Ministre est passé à la réforme du système judiciaire.  Il a appelé au renforcement de l’appui apporté par les Nations Unies dans ce domaine et a estimé qu’à travers le dialogue, il ne serait pas hors de question de convaincre le Major Reinado et ceux qui ont été impliqués dans les violences de mai 2006, de se rendre à la justice.  Abordant les préparatifs des élections présidentielles et législatives, le Premier Ministre a indiqué que les premières étaient prévues pour le 9 avril.  En conclusion, M. Ramos-Horta a rappelé qu’il s’était engagé en prenant ses fonctions de gouverner en tant qu’avocat des pauvres.  L’élimination de la pauvreté, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et la création de conditions favorables à la bonne gouvernance continuent d’être les principes directeurs du Gouvernement timorais, a-t-il affirmé. 


Toutefois, a-t-il prévenu, bâtir un État pratiquement à partir de rien est une tâche herculéenne.  Les Nations Unies doivent donc continuer à apporter leur appui, soulignant que les expériences de Singapour, de la Malaisie ou encore de la République de Corée montraient qu’il fallait du temps pour enregistrer des succès, plusieurs dizaines d’années d’engagement et de discipline dans la mise en place des institutions, le développement socioéconomique, les investissements dans la formation et l’éducation, et la capacité de transformer les lacunes en atouts.  Aujourd’hui, le Timor-Leste et la communauté internationale comprennent mieux les défis auxquels ils sont confrontés, a-t-il indiqué, estimant que la prorogation du mandat de la MINUT pour une autre période de 12 mois serait le premier pas vers un succès durable au Timor-Leste.


M. MARCELLO SPATAFORA (Italie) a déclaré que les évènements du printemps dernier montraient que la présence des Nations Unies avait été réduite de manière prématurée.  La situation reste fragile tandis que la question de la protection et de l’aide fournies aux personnes déplacées à l’intérieur de leurs frontières ne sera pas réglée avant un moment, a-t-il dit. Compte tenu de la complexité du processus électoral sur le plan organisationnel et sécuritaire, le représentant a souligné le rôle vital de la MINUT dans ce domaine, ainsi que la coopération avec les forces de sécurité internationales.  Nous accueillons favorablement la formalisation de cette coopération, a-t-il dit, estimant par ailleurs que le Conseil devait répondre rapidement et favorablement aux recommandations visant à prolonger et renforcer le mandat de la mission.  Selon le représentant, seules des élections dont les résultats ne seront pas contestés peuvent rétablir le respect mutuel et le dialogue entre les acteurs politiques.  Il a souhaité que l’Union européenne soit en mesure de dépasser ses difficultés et déploie une mission d’observation, au moins pour les élections parlementaires.  Les Nations Unies pour leur part devront soutenir l’Autorité timoraise jusqu’à la fin de ce processus et même au-delà, a affirmé le représentant, mettant également l’accent sur les besoins à long terme dans le secteur de la justice et des droits de l’homme.  Malheureusement, ces domaines sont à la traine par rapport à d’autres, a-t-il déploré. S’agissant des questions économiques, il a affirmé que la stabilité à long terme ne serait possible que dans un environnement économiquement viable et propice aux investissements.


M. WILLIAM J. BRENCICK (États-Unis) a indiqué que son pays appuyait les efforts en cours des autorités timoraises.  Il a appelé à la tenue d’élections libres et justes.  Il a réaffirmé la nécessité continue de la justice dans ce pays et souhaité la mise en œuvre des recommandations de la Commission d’enquête indépendante.  La justice, si elle tarde, n’est pas justice, a souligné par ailleurs le représentant des États-Unis.  Il est indispensable que les forces de l’ordre aient le profil nécessaire pour accomplir leur mission, a-t-il souligné, faisant référence à la procédure en cours d’évaluation des fonctionnaires de police.  Le représentant a enfin appuyé la recommandation du Secrétaire général pour que soit renforcé le secteur de la justice au Timor-Leste.


M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a salué les progrès enregistrés dans le pays depuis les événements de 2006, félicitant les responsables politiques timorais pour leur efficacité et leur courage.  Il n’est pas de meilleure voie vers la stabilité, a-t-il assuré, que la bonne gouvernance, la primauté de l’état de droit et une économie solide.  Évoquant les progrès enregistrés dans le domaine de la sécurité, le représentant a exprimé l’espoir que la « Commission des notables » achèverait ses travaux en temps et s’est prononcé très fermement contre la culture de l’impunité.  Il a indiqué que les mécanismes mis en place à ce sujet devaient pouvoir travailler de manière impartiale en tenant compte des avis des les partis d’opposition.  Affirmant sa conviction que le Gouvernement et le peuple sauraient travailler avec la MINUT pour jeter les bases d’un État démocratique moderne, le représentant a estimé que l’ONU devait continuer à maintenir son aide aux populations de ce pays, appuyant la prorogation de la Mission et le déploiement d’une unité de police supplémentaire à la veille des élections.


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a d’abord noté que si le calme était revenu au Timor-Leste, la crise ne pouvait être résolue du jour au lendemain et elle exigeait un effort de longue durée du Gouvernement et du peuple timorais, ainsi que de la communauté internationale.  Seuls le dialogue national et la réconciliation nationale peuvent permettre de parvenir à une stabilité durable et offrir une solution à la crise, a souligné M. Al-Nasser, qui s’est félicité de la mise en place de la Commission du dialogue par le Président Xanana Gusmao.  Le représentant du Qatar a émis l’espoir que la Commission  permettrait au pays de sortir de l’impasse.


Pour résoudre la crise, a-t-il fait rappeler, les autorités politiques doivent se montrer responsables et prendre les mesures nécessaires et les autorités judiciaires doivent, pour leur part, jouer leur rôle à l’égard des événements d’avril-mai 2006.  À cet égard, a-t-il ajouté, le rapport que doit rendre prochainement la Commission indépendante d’enquête est de la plus haute importance, a–t-il noté.  Le renforcement de la justice timoraise est la condition essentielle pour l’établissement de la règle du droit.  Pour le représentant du Qatar, les élections programmées cette année doivent aussi être une des priorités actuelles.  Il s’est félicité du fait que les relations avec l’Indonésie se soient renforcées, avant d’exhorter le peuple et le Gouvernement timorais à privilégier l’intérêt national.


M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) a estimé à son tour que les événements du printemps dernier avaient montré à quel point la situation restait fragile dans le pays.  Heureusement, a-t-il dit, le Gouvernement et le peuple du Timor-Leste ont fait des avancées considérables dans les domaines politiques et économiques. À son avis, c’était désormais à la communauté internationale de faire la preuve de sa détermination à venir en aide au Timor-Leste pour lui permettre de renforcer ses institutions et pour que la démocratie y prenne pied durablement.  Les Nations Unies, a indiqué le représentant, doivent poursuivre leur processus consultatif avec le Timor-Leste au sujet de son rôle et de son degré d’implication dans ses efforts d’édification nationale.  Il a estimé à ce sujet que la MINUT devrait être renforcée et son mandat élargi pour lui donner les moyens d’élaborer un cadre pour la stabilité à long terme et le développement du pays.  Abordant le processus électoral, le représentant a demandé instamment aux parties d’adhérer aux principes de la non-violence et a soutenu la recommandation du Secrétaire général de proroger de 12 mois le mandat de la Mission.  Le représentant a également évoqué la situation économique, en indiquant qu’une personne sur cinq y vivait avec moins d’un dollar par jour.  Il a relevé que plusieurs pays de la région continuaient à fournir une aide au Timor-Leste et il s’est félicité de la signature du mémorandum d’accession initiale du Timor-Leste à l’ANASE ainsi que du Mémorandum d’accord avec l’Australie.


M. REZLAN I. JENIE (Indonésie) a fait part des « très bonnes relations bilatérales » que son pays entretient avec le Timor-Leste.  Il s’est félicité des efforts déployés dans le pays pour encourager la réconciliation communautaire et politique, appelant les responsables politiques à donner la priorité aux intérêts nationaux et à mettre de côté leurs divergences pour créer des conditions propices pour la tenue des prochaines élections présidentielles et législatives.  Le représentant s’est par ailleurs félicité des progrès enregistrés dans le domaine de la sécurité et a indiqué que son pays continuait d’intensifier ses relations avec le Timor-Leste en ayant, outre les réunions bilatérales, participé à des réunions interministérielles trilatérales avec l’Australie pour développer une coopération active et capable d’aider véritablement le Timor-Leste.  Il a aussi annoncé la nomination d’un ambassadeur indonésien pour faciliter la participation du Timor-Leste aux activités de l’ANASE.  Le processus d’édification d’une nation et de réconciliation nationale est toujours complexe et délicat, a rappelé le représentant, en appelant l’ONU à continuer à apporter son concours aux efforts du Timor-Leste pour relever les défis importants auxquels il est confronté.  La crédibilité des prochaines élections doit par ailleurs être une des priorités de la Mission qui doit y consacrer les ressources nécessaires, a indiqué le représentant, en estimant toutefois qu’une paix durable ne serait possible que lorsque le pays aura surmonté ses difficultés de développement.  En conclusion, il s’est prononcé pour la prorogation du mandat de la MINUT et le déploiement d’une unité de police supplémentaire dans le pays.


M. RICARDO A. ARIAS (Panama) s’est félicité de la présence de M. José Ramos-Horta et a noté qu’il n’était pas si fréquent que le Conseil reçoive un chef de gouvernement.  Pour le représentant panaméen, rien n’est possible sans l’engagement des acteurs nationaux et c’est pourquoi il s’est félicité de la Commission du dialogue créée par le Président Gusmao.  Il a souligné le rôle crucial de la MINUT et a dit attacher une importance particulière au sujet des accords signés entre le Gouvernement et la MINUT pour le maintien de l’ordre.  Il a dit attacher la plus haute importance à la Commission d’enquête indépendante.  La MINUT a une action intégrée, a-t-il rappelé.  Le Gouvernement panaméen appuie la proposition du Secrétaire général de proroger le mandat de la MINUT car cela constitue un signe tangible de l’engagement du Conseil de sécurité.


M. KONSTANTIN K. DOLGOV (Fédération de Russie) s’est félicité des efforts des dirigeants timorais pour réformer le secteur de la sécurité et le système judiciaire.  Il a aussi salué les efforts de réconciliation nationale et ceux visant la réinstallation des personnes déplacées.  Le représentant a regretté les explosions de violence, de janvier dernier, qui, selon lui, montrent la nécessité d’un appui international multidimensionnel.  À la veille des élections présidentielles, il a noté l’importance toute particulière du secteur de la sécurité.  Il a pris note de la demande visant au déploiement d’une unité de police supplémentaire, en jugeant important de tenir compte des préférences des Timorais dans l’organisation de la Mission de l’ONU.


M. JEAN-PIERRE LACROIX (France) a constaté que l’action combinée des autorités timoraises, de la mission de l’ONU et de forces de sécurité internationales avait permis une certaine amélioration de la situation sécuritaire.  La stabilisation demeure toutefois incomplète et fragile, a-t-il ajouté.  La présence de la MINUT et des forces de sécurité internationales nous semble indispensable à moyen terme, tant que les institutions ne seront pas en mesure de prendre le relais, a-t-il ajouté.  La France, qui a salué le rôle des pays de la région, de l’ANASE en particulier, ainsi que celui du Portugal, est favorable ainsi à la prorogation du mandat de la MINUT.  Pour la France, le principal défi à court terme concerne l’organisation des élections dans des conditions satisfaisantes.  Ces élections, a ajouté le représentant français, présente l’occasion d’une véritable réconciliation des Timorais, seul gage de stabilisation à long terme.  Il est essentiel, a-t-il estimé, que les autorités timoraises mettent en œuvre les recommandations de l’équipe indépendante de certification électorale.  La France est favorable à l’augmentation des effectifs policiers de la MINUT d’une unité.


Le représentant s’est félicité de la bonne coordination semblant s’être établie entre la MINUT qui, a-t-il rappelé, se concentre sur l’action immédiate, et les agences de développement dont l’action est davantage centrée sur les enjeux à moyen et à long terme.  La mise en œuvre du Pacte entre les autorités timoraises et la communauté internationale constitue également pour la France une première étape positive dans la perspective d’une stratégie de consolidation de la paix.  Il a demandé au Représentant du Secrétaire général de présenter plus en détail le fonctionnement et les perspectives de ce mécanisme de ce Pacte lors d’une prochaine réunion du Conseil.  Enfin, le représentant de la France a souligné que la lutte contre l’impunité constituait un enjeu décisif et s’est dit favorable à la mise sur pied par la MINUT d’une équipe d’enquête pour achever les travaux lancés par l’unité des crimes graves sur les crimes commis en 1999.  Il a émis l’espoir que les travaux de la Commission Vérité et Amitié permettraient de faire toute la lumière sur le passé afin de mieux construire l’avenir.


M. PASCAL GAYAMA (République du Congo) a souligné que son pays faisait partie de ceux qui avaient toujours appuyé la nécessité d’un engagement à long terme au Timor-Leste pour des raisons qui tiennent à la fois des principes du droit international, du droit international humanitaire et de la solidarité, pour prévenir toute menace à la paix et à la sécurité internationales.  Il s’est félicité de la définition du cadre juridique des prochaines élections et a appelé à la mise en place définitive de la Commission électorale nationale.  Il a ajouté que son pays soutenait la participation de tous les acteurs de la vie nationale, ainsi que les démarches positives entreprises sous les auspices de la Commission pour le dialogue et enfin dit encourager le rôle de la MINUT.  Le représentant congolais a noté qu’il était évident qu’il convenait de renforcer la confiance des Timorais dans leur système judiciaire.  Par ailleurs, aucun obstacle ne devrait enfreindre la mise en œuvre des recommandations de la Commission spéciale d’enquête indépendante pour la restructuration des forces de sécurité.


Tout en renouvelant sa « foi totale en la maturité politique du peuple timorais », M. Gayama a souligné que sa délégation estimait qu’il convenait de continuer à lui assurer l’appui de la MINUT.  Comme l’a dit le Secrétaire général, a-t-il rappelé, les prochaines élections pourraient constituer, si l’on n’y prend garde, une vraie épreuve pour l’unité nationale au Timor-Leste.  C’est la raison pour laquelle la République du Congo est favorable au renforcement de la police recommandé par le Secrétaire général.  Enfin, le représentant congolais a insisté sur la nécessité, au-delà de la période électorale de continuer la lutte contre les facteurs aggravants de la crise qu’ont été le chômage et la pauvreté.  Il a estimé que le Timor-Leste est doté de tous les atouts nécessaires pour son développement.


M. JOHAN  VERBEKE (Belgique) a considéré comme essentielle l’année qui commence pour l’avenir du Timor-Leste, qui sera tout d’abord une année électorale, avec les élections présidentielles prévues le 9 avril prochain, puis les élections législatives.  Il a émis l’espoir que les candidats s’abstiendraient de ranimer d’anciennes rancœurs.  Selon le représentant, l’année sera aussi essentielle pour panser les blessures tant à l’origine que celles résultant de la crise d’avril et mai derniers.  Il a rappelé le besoin de mettre en œuvre les 21 recommandations de la Commission spéciale d’enquête indépendante que le Parlement a endossées.  Il a aussi noté qu’au cours des dernières semaines, les responsables politiques du Timor-Leste avaient posé un certain nombre de gestes forts afin de montrer à la population les efforts de dialogue et de réconciliation.  Quant au rôle et au mandat de la MINUT, M. Verbeke a exprimé sa satisfaction par rapport aux accomplissements de cette mission, comme la signature d’un Accord trilatéral entre le Gouvernement du Timor-Leste, la MINUT et les Forces internationales de sécurité.  Soulignant cependant tout ce qu’il reste à faire, le représentant a soutenu le renouvellement du mandat de la MINUT pour une période de 12 mois.


M. LUIS ENRIQUE CHAVEZ (Pérou) a souligné que son pays appuyait fermement le Timor-Leste dans ses efforts d’édification d’un État pacifique et stable.  Il s’est félicité des mesures prises pour entamer un dialogue national susceptible d’aboutir  à la réconciliation nationale et indiqué que son pays était favorable à la recommandation du Secrétaire général au sujet de la prorogation du mandat de la MINUT pour une période d’un an, permettant ainsi au Timor-Leste d’avoir l’assurance de pouvoir bénéficier d’un soutien indispensable à l’approche des élections.


La délégation péruvienne est favorable à l’établissement d’un ‘pacte’ entre le Timor-Leste et la communauté internationale pour promouvoir le développement économique du pays, a poursuivi M. Chavez, estimant que les résultats enregistrés par le Timor-Leste dépendaient en grande partie sur sa performance dans les domaines économique et social.  Il a par ailleurs salué les efforts déployés par le Gouvernement pour définir les priorités les plus urgentes, à savoir la réconciliation nationale, les élections, la sécurité, la justice, l’emploi des jeunes, ainsi que la fourniture des services de base pour la population nécessiteuse.


Il nous semble important, a-t-il ajouté, que la MINUT continue de faciliter prioritairement l’assistance aux secteurs de la sécurité et de la justice, a-t-il affirmé, précisant que, sur le premier point, il fallait d’une part corriger l’insuffisance de moyens et d’autre part faciliter la réconciliation entre police et armée, dont les affrontements fratricides avaient contribué à l’affaiblissement des forces de l’ordre lors des troubles de l’an dernier.  Le représentant a par ailleurs apporté son appui au renforcement de la MINUT pendant la période électorale et estimé que le retrait progressif des unités de police de la MINUT après le scrutin devait être envisagé avec la plus grande prudence, en tenant compte de la fragilité de la police timoraise.


M. PAUL JOHNSTON (Royaume-Uni) a estimé que la stabilité du Timor-Leste devait constituer un objectif commun de la communauté internationale, notamment la bonne tenue des prochaines élections.  C’est pourquoi, a-t-il précisé, les préparatifs logistiques et techniques doivent bénéficier du soutien des institutions internationales et les dirigeants politiques du Timor-Leste garantir la mise en place de conditions propices à des élections pacifiques.  Il a par ailleurs estimé que la MINUT avait un rôle clef à jouer dans l’éducation du public et la facilitation du dialogue politique, en invitant la Mission à indiquer clairement au Conseil et au Gouvernement timorais lorsque l’esprit et la lettre des dispositions électorales n’étaient pas respectés.  Il a salué l’accent mis par les autorités timoraises sur la reforme des secteurs de la sécurité et judiciaire, précisant que la réforme de la police, de l’armée et des autres ministères clefs était à ses yeux essentielle. Il s’est également prononcé en faveur d’une amélioration dans le domaine du respect des droits de l’homme. 


M. LIU ZHENMIN (Chine) a exprimé la satisfaction de son pays quant à l’action menée ces six derniers mois.  Les dirigeants politiques ont pris des mesures responsables, a-t-il noté, exprimant l’espoir que les parties en présence placeraient dans leur priorité principale le bien-être de la population.  Les prochaines échéances électorales constitueront un jalon important dans le processus politique et mettront à l’épreuve la capacité du pays à avancer dans l’harmonie, selon le représentant de la Chine.  La communauté internationale doit faire le maximum pour aider ce pays, a-t-il ajouté.  En raison des problèmes posés, a-t-il estimé, il ne s’agit ni d’un point de départ ni d’un point final.  Des questions telles que les investissements à attirer, le développement économique au sens large sont les assises sur lesquelles cette jeune nation devrait être édifiée, a-t-il estimé, en appelant à maintenir l’aide internationale.


M. PETER BURIAN (Slovaquie) a estimé que le Timor-Leste était en train de mener à bien le processus de consolidation de la paix après le conflit qui l’a ravagé.  Il a toutefois reconnu que les nombreux défis traversés par ce pays risquaient de le faire retomber dans le conflit.  Se prononçant en faveur d’une assistance accrue de la communauté internationale en cette période cruciale, le représentant a apporté son soutien aux recommandations du Secrétaire général concernant la prorogation d’un an du mandat de la MINUT et jugé indispensable une bonne préparation et une bonne tenue des élections, ce qui représenterait, à son avis, un pas très important sur la voie de la paix et de la stabilité.  L’ONU y est présente pour aider les Timorais à garantir un processus crédible dont les résultats seraient acceptés par toutes les parties prenantes, a-t-il affirmé, saluant l’Accord signé entre le Timor-Leste et la MINUT pour optimiser les efforts en matière de sécurité.  Il a aussi jugé essentiel de garantir un développement socioéconomique durable, indiquant que l’aide de la communauté internationale et de l’ONU était incontournable dans ce domaine.  S’agissant de la question des personnes déplacées, le représentant s’est félicité de l’initiative du gouvernement visant à assurer leur retour et leur réintégration.  Il a réitéré son appui au processus de réconciliation nationale, ce qui ne doit pas exclure les poursuites judiciaires contre les auteurs de crimes graves et de violations des droits de l’homme. 


M. ROBERT HILL (Australie) a indiqué que le Timor-Leste avait encore besoin de l’attention et du soutien des États Membres de l’ONU, tout en reconnaissant que la communauté internationale a répondu de manière admirable à la crise dans ce pays.  Il s’est dit d’accord avec les réflexions du Secrétaire général dans son rapport sur le Timor-Leste selon lesquelles un engagement durable de la communauté internationale demeurait critique pour permettre à ce pays de reprendre le chemin de la stabilité et du développement dans un climat de gouvernance démocratique et responsable.


Avec la Nouvelle-Zélande, l’Australie, a-t-il assuré, demeure à l’avant-garde des efforts de la communauté internationale pour porter assistance au Timor-Leste.  Son représentant a rappelé qu’il y avait actuellement 830 militaires australiens et 130 militaires néo-zélandais déployés au sein de la force de sécurité internationale.  Une cinquantaine de policiers figurent aussi au sein de la police de la MINUT.  Sur le plan financier, l’Australie a accru à hauteur de 10 millions de dollars australiens sa contribution pour traiter les aspects humanitaires de la crise.  Elle a fourni 1,3 million de dollars pour soutenir un programme de développement de l’ONU destiné à renforcer les institutions et les processus électoraux.  M. Hill a rappelé que même si la situation générale s’était améliorée, celle-ci demeurait fragile.  L’Australie souligne donc la nécessité de reconstruire une force de police locale viable qui ait la confiance et la culture nécessaires pour pouvoir faire face à toute crise éventuelle dans l’avenir de manière juste et équilibrée.  Elle est disposée à fournir une assistance significative à la nouvelle force de police.  L’Australie est aussi prête à participer à mettre sur pied des forces de sécurité pour façonner les Forces de défense timoraise, a assuré son représentant.


M. KENZO OSHIMA (Japon), en soutenant la prorogation du mandat de la MINUT pour une durée d’un an, a souligné que le Gouvernement et le peuple du Timor-Leste avaient fait un grand pas en avant à la fin de l’année dernière avec l’adoption d’une loi électorale.  Pour assurer le succès des élections prévues pour avril,  il faudra garantir la paix, la sécurité et l’ordre public dans la capitale et partout dans le pays, a-t-il estimé, soulignant que son pays participait à cet effort en contribuant au personnel de police de la MINUT.  Le représentant s’est aussi félicité de la signature du Mémorandum d’accord entre le Timor-Leste, les Nations Unies et l’Australie et de l’Accord technique entre l’ONU et les forces internationales de sécurité, prenant note par ailleurs de la possibilité de réduire le contingent de police à 600 personnes, après l’évaluation de la situation à l’issue des élections, conformément au rapport du Secrétaire général. M. Oshima a également jugé positive la réunion le mois dernier de la MINUT et du Gouvernement du Timor-Leste dans le cadre des efforts de coordination prévus dans la résolution 1704.  Le Japon entend continuer à apporter son concours au Timor-Leste, a affirmé le représentant, rappelant que les efforts de son pays de l’année dernière avaient conduit à l’adoption de la résolution à l’origine de la création de la MINUT.


M. VANU GOPALA MENON (Singapour) a salué le travail important accompli par la MINUT, notamment dans le domaine de la sécurité et dans la réforme du processus électoral, qui devrait conduire, à son avis, à la tenue d’élections réussies.  Il a affirmé que des efforts considérables restaient toutefois à accomplir dans trois secteurs prioritaires, à savoir le maintien du respect de la loi et de l’ordre public, afin de faire face aux activités criminels des gangs et des jeunes sans emplois possédant des armes illicites, le rétablissement de la confiance dans les forces de police, l’armée et le Ministère de l’intérieur et de la défense, et le respect de l’état de droit, en renforçant le système judiciaire naissant.  Il s’est aussi félicité de la mise en application par le Parlement timorais des recommandations de la Commission indépendante spéciale pour lutter contre l’impunité après la crise de l’année dernière.  Le représentant a par ailleurs appuyé la prorogation du mandat de la Mission pour une durée de 12 mois, et a exhorté les Nations Unies à envoyer du personnel supplémentaire à la MINUT pour prêter assistance aux réformes de la sécurité et de la justice.


M. THOMAS MATUSSEK (Allemagne), au nom de l’Union européenne et des pays associés, a reconnu le travail considérable effectué par la MINUT ainsi que les efforts déployés par le peuple timorais pour édifier un État démocratique.  Il a pris note de l’amélioration de la situation, tout en reconnaissant le caractère volatile de la situation sécuritaire.  Un des éléments clefs est de rétablir la confiance entre les différents acteurs de la société, a-t-il estimé, en se félicitant que la MINUT ait commencé à aider les Timorais dans cette tâche « délicate ».  Il est important, a-t-il poursuivi, que les prochaines élections ne créent pas de divisions supplémentaires et que tous les Timorais soient conscients de leur responsabilité de promouvoir la réconciliation nationale.  Les prochaines élections doivent contribuer à l’unité et à la stabilité, a-t-il insisté, en souscrivant aux recommandations de l’équipe de certification indépendante.  Il a aussi accueilli avec satisfaction l’Accord de sécurité signé le 26 janvier entre l’ONU, le Timor-Leste et l’Australie, indiquant par ailleurs que le renforcement des capacités et la réforme de la police demeuraient essentiels pour créer une force efficace capable de relever les défis.  Néanmoins, il faudra pour cela que la sélection des policiers soit accélérée, a prévenu le représentant.  La justice et la reddition des comptes demeurent également prioritaires dans l’établissement d’une paix durable, a précisé le représentant, en exprimant son inquiétude face au manque de progrès dans la réforme du système judiciaire et dans la lutte contre l’impunité.  Il a appuyé la prorogation du mandat de la MINUT, et l’accent mis sur le renforcement de la sécurité avant, pendant et après les élections, tout en insistant qu’il appartenait aux Timorais eux-mêmes d’œuvrer à la réconciliation nationale, la communauté internationale ne pouvant que les encourager dans ce processus.  


M. JOAO SALGUEIRO (Portugal) a appuyé l’analyse du Secrétaire général sur la stabilisation d’une situation qui demeure cependant volatile sur le plan sécuritaire et dont le climat politique reste « fluide ».  En conséquence, la poursuite de l’engagement de la communauté internationale, et en particulier du Conseil de sécurité, demeure à son avis indispensable pour assurer une paix durable et la stabilité démocratique au Timor-Leste.  Nous devons assurer le peuple timorais que les Nations Unies le soutiendront aussi longtemps que nécessaire et, a-t-il ajouté, indiquant que la semaine prochaine le Conseil de sécurité aurait l’occasion d’envoyer un message en ce sens en renouvelant pour une durée d’un an le mandat de la MINUT.


Le Représentant du Portugal s’est félicité des efforts entrepris par le Gouvernement timorais en faveur du dialogue et de la réconciliation politique.  Toutefois, les défis demeurent nombreux alors que le pays prépare les élections, a-t-il dit, affirmant que les questions de sécurité et de justice demeuraient essentielles, car, à son avis, il ne pouvait pas y avoir de réconciliation véritable sans justice rendue contre les auteurs de crimes.  L’aide de la MINUT demeure dans ce domaine indispensable, a-t-il dit, et son pays était favorable au renforcement des effectifs de police de la MINUT sous la forme de deux unités de 72 hommes. 


Il a estimé par ailleurs qu’il fallait accorder une aide aux autorités pour restaurer la confiance populaire dans le système judiciaire, dans la défense nationale et les institutions sécuritaires en faisant activement la promotion des droits de l’homme.  À son avis, le malaise au sein de la police et des forces armées pouvait être levé avec l’aide de la MINUT.  À cet égard, a-t-il dit, la signature d’un mémorandum d’accord entre le Gouvernement timorais, les Nations Unies et l’Australie établissant un Forum de coopération trilatérale, ainsi que la signature d’un accord technique militaire ONU-Australie constituaient de bons exemples.  M. Salgueiro a par ailleurs souligné que l’aide la communauté internationale devait s’inscrire dans le respect de la souveraineté et de l’identité culturelle timoraise, condition préalable de son succès.


M. LAURO BAJA (Philippines) a souligné l’importance d’institutionnaliser le processus politique au Timor-Leste afin de parvenir à la réconciliation nationale et à la stabilité politique.  Le représentant a soutenu les efforts visant à fournir un appui au processus électoral ainsi que ceux visant la mise en place d’un cadre de développement social et économique durable.  Les Philippines, pour leur part, travaillent à divers projets notamment dans les domaines alimentaire et de l’éducation, tout en explorant les voies permettant d’en faire de même pour ce qui touche au développement communautaire, à la gouvernance locale, au développement rural et à la budgétisation.  Les Philippines tentant également de faciliter l’admission d’étudiants Est-Timorais dans les universités des Philippines.  En outre, les Philippines représentent le quatrième contingent de la Mission des Nations Unies tandis que la moitié de la police civile est composée de ressortissants philippins.  Nous devons continuer de fournir un soutien à la MINUT, a insisté le représentant, et nous soutenons pleinement les 12 recommandations du Secrétaire général en vue d’une prorogation du mandat de la MINUT pour une nouvelle période de 12 mois, ce qui serait un signe clair de l’engagement des Nations Unies dans le pays. 


Mme ROSEMARY BANKS (Nouvelle-Zélande) a salué les efforts de la communauté internationale pour aider le Timor-Leste à emprunter un chemin plus stable et plus sûr, en insistant sur la contribution de son pays à la Force internationale, dont la collaboration avec la MINUT est exemplaire.  Compte tenu de la fragilité de la situation sécuritaire et économique dans ce pays, elle a appelé le Conseil à confirmer son engagement à long terme auprès du peuple timorais, regrettant à ce sujet que plus de deux tiers des postes de la MINUT ne soient pas encore pourvus.  Affirmant qu’elle attendait avec intérêt les ajustements du mandat de la Mission après les élections, la représentante a exhorté la MINUT à aider toutes les parties à respecter les normes internationales les plus strictes en matière d’élections.  Elle a aussi exhorté la Mission et le Gouvernement timorais à avancer, à titre prioritaire, dans la réforme de la sécurité qui facilitera, à son avis, le renforcement de la stabilité et de l’ordre public par un rétablissement de la confiance nationale. Elle a indiqué que l’engagement de la société civile était crucial dans ce domaine et que la réforme devait porter sur tous les aspects sécuritaires, y compris la situation des forces de police, les forces militaires et les ministères concernés.  Il faut aussi relever les défis du système judiciaire, en procédant, en particulier, à l’élimination de toutes les dispositions pouvant favoriser l’impunité, a conclu la représentante,


M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a noté que le dernier rapport du Secrétaire général constituait à la fois une source d’espoir et de préoccupation.  Si des initiatives en direction de la réconciliation laissent entrevoir un éventuel scénario de stabilité et de développement viable, le rapport avertissait que les véritables causes du conflit étaient loin de s’être évanouies.  Pour le Brésil, le Timor-Leste constitue un sujet important sur l’ordre du jour du Secrétaire général.  L’engagement du Brésil en faveur d’une nation lusophone sœur est indéfectible.  Il s’est concrétisé par des projets de coopération concernant les secteurs clefs de la défense, de l’éducation et de la justice.  Il serait même plus important si le Brésil n’était pas limité par des impératifs budgétaires, a reconnu son représentant, qui s’est dit convaincu que le peuple timorais saurait trouver une solution à ses problèmes.  Toutefois, a-t-il estimé, il faut être conscient que la réconciliation nationale est un processus ardu et lent requérant un soutien fort et continu de la communauté internationale dans les prochaines années.  À cet égard, la restructuration des secteurs de la défense et de sécurité, ainsi que le renforcement de la justice, demeure à la fois urgent et indispensable.  Le Brésil est disposé à continuer de soutenir le programme établi par le PNUD pour la consolidation du système judiciaire et dont la matrice juridique est formulée dans les deux langues officielles, le portugais et le tétun.


Concernant la restructuration de la police, le représentant a souligné la nécessité d’éviter la répétition des erreurs ayant contribué à la désintégration de la police lors de la crise de l’an dernier, selon le représentant du Brésil.  Son pays, a-t-il indiqué, est favorable à la demande du Secrétaire général en faveur du déploiement de renforts de police.  Le Brésil est toutefois préoccupé par le nombre limité d’officiers militaires de liaison.  Il est toujours convaincu que l’option de départ en faveur d’un contingent militaire limité sous commandement et contrôle de l’ONU serait la solution la plus appropriée, comme cela est proposé au paragraphe 117 du document S/2006/628.  Le représentant brésilien a estimé qu‘un entraînement professionnel et de longue haleine des forces de défense est nécessaire, convaincu que la MINUT peut jouer un rôle pertinent dans cette tâche.  Outre le rôle que peuvent jouer les investisseurs dans le développement économique du pays, la présence de l’ONU au Timor-Leste est essentielle pour relever les défis auxquels est confronté le pays, a-t-il souligné.


Répondant aux observations des délégations, le Représentant spécial a expliqué que le Pacte est plus un mécanisme de coordination qu’un outil de mobilisation des ressources.  L’idée est de mettre en œuvre le Pacte, en faisant fond sur les mécanismes en place pour éviter les doubles emplois et renforcer l’efficacité.  La MINUT, a-t-il poursuivi, opère avec un taux de vacances assez élevé, en raison des profils très spécialisés exigés pour certains postes.  Le Représentant spécial s’est dit heureux que le Département des opérations de maintien de la paix ait délégué certains domaines de responsabilité à la MINUT pour accélérer le recrutement.  La prorogation de 12 mois du mandat de la Mission sera essentielle pour combler les lacunes actuelles.  Concluant, le Représentant spécial a mis le Conseil en garde contre trop d’optimisme.  Ce qu’il faut, c’est un optimisme prudent qui garantira un engagement suivi du Conseil et de la communauté internationale.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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