AG/DSI/3345

PREMIÈRE COMMISSION: LES DÉLÉGATIONS RÉAFFIRMENT LE CARACTÈRE INCONDITIONNEL DU DROIT AUX USAGES PACIFIQUES DE L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE

16/10/2007
Assemblée généraleAG/DSI/3345
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

7e & 8e séances – matin & après-midi


PREMIÈRE COMMISSION: LES DÉLÉGATIONS RÉAFFIRMENT LE CARACTÈRE INCONDITIONNEL DU DROIT AUX USAGES PACIFIQUES DE L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE


Elles souhaitent qu’une action soit menée pour interdire les bombes à sous-munitions, dénoncées pour leur coût humain


Le droit inaliénable de tous les pays aux utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire, prévu par le Traité de non-prolifération (TNP), a été l’un des thèmes dominants du débat général de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale), qui s’est terminé aujourd’hui et qui a été marqué par les interventions de près de 90 États Membres. 


Venu défendre ce matin le bien-fondé du programme nucléaire de son pays, le représentant de la République islamique d’Iran a affirmé, qu’à ce jour, tous les rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avaient été formels sur la nature pacifique de ce programme.  « En dépit de cela, a regretté M. Mohammad Khazaee, certains membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ont pris des mesures illégitimes, non nécessaires et injustifiées contre les activités industrielles pacifiques de l’Iran. » 


Fustigeant en outre le « soutien » des États-Unis aux programmes de développement d’armes de destruction massive militaires (ADM) israéliens -conduits selon lui de manière clandestine puisque échappant au régime de vérification de l’AIEA– le délégué iranien a jugé que le sens des sanctions adoptées par les Nations Unies était de priver la République islamique d’Iran et son peuple de leurs droits, « et non lutter contre de prétendus problèmes de non-prolifération. »


« Les Iraniens sont déterminés à exercer leur droit à une utilisation civile des technologies nucléaires à des fins de développement », a renchéri M. Khazaee, qui a insisté sur le fait que son pays respecte les engagements pris au titre du TNP.  


Pour sa part, la délégation de l’Inde a assuré que <tout en maintenant une force nucléaire de dissuasion minimum, son pays demeure entièrement acquis au désarmement nucléaire.>  Elle a plaidé pour un renforcement du régime de non-prolifération « sans remise en question du droit de tous à une utilisation civile de l’énergie nucléaire ». 


Mme Sushma Swaraj a également appelé de ses vœux l’établissement d’un « nouveau système mondial de sécurité » adapté au monde actuel et qui ne reposerait plus sur la nécessité d’acquérir et de développer des ADM.  Précisant en ce sens que son pays observe un moratoire sur les essais nucléaires, la représentante indienne a de plus ajouté que l’Inde était prête à participer aux négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires.


Les délégations de la Première Commission ont par ailleurs attiré de nouveau l’attention sur les ravages causés par certaines armes classiques. 


Évoquant leur « puissance destructrice », le représentant du Liban, M. Nawaf Salam, a pointé du doigt les bombes à sous-munitions.  Des centaines de milliers d’explosifs de ce type ont été largués par Israël au Liban pendant l’été 2006, a-t-il indiqué, ajoutant que ce pays refusait de donner l’emplacement de ces bombes dont sont encore victimes les civils libanais.


De son côté, la représentante du Comité international de la Croix-Rouge, Mme Cristina Pellandini, a salué le fait que les principaux pays producteurs de bombes à sous-munitions reconnaissent désormais le coût humain de ces armes.  Elle a exhorté les États à s’engager à développer un nouveau traité international qui les interdise et qui garantisse l’aide aux victimes dans les pays où elles ont été utilisées.


« Soixante ans après les débuts de l’utilisation des bombes à sous-munitions, il est temps d’agir en adoptant des règles juridiquement contraignantes », a dit Mme Pellandini, qui a souhaité que, pour l’heure, les pays s’abstiennent de recourir aux bombes à sous-munitions, des armes « dont les effets nocifs sur les populations civiles sont dénoncés depuis longtemps ».


Les pays suivants ont pris la parole: Soudan, Inde, Saint-Marin, Koweït, Liban, Oman, Sri Lanka, Singapour, République démocratique populaire lao, République islamique d’Iran, Népal, Nigéria, Éthiopie, Zambie, Jordanie, Ouganda, ainsi que les observateurs du Saint-Siège, de la Palestine et du Comité international de la Croix-Rouge.


La République islamique d’Iran, la Fédération de Russie, la République arabe syrienne, l’Égypte et la Géorgie ont exercé leur droit de réponse.


La Première Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 17 octobre, à 10 heures.  Les délégations entameront à cette occasion leur débat thématique.  Elles devraient consacrer leurs interventions au thème des armes nucléaires.  Un dialogue avec le Haut représentant au désarmement, M. Sergio Duarte, ainsi qu’avec d’autres hauts responsables des Nations Unies est également prévu.


Suite du débat général


M. ABDALMAHMOOD ABDALHALEEM MOHAMAD (Soudan) a estimé que le multilatéralisme était la seule façon de résoudre les questions de désarmement, et a salué la transformation du Département des affaires du désarmement en Bureau des affaires du désarmement.


Le représentant du Soudan a jugé que la pierre angulaire de la non-prolifération était la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et que la seule manière d’y arriver passait par l’adhésion d’Israël au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a estimé également qu’Israël devait accepter de laisser superviser ses installations nucléaires par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  M. Abdalmahmood Adalhaleem Mohamad a par ailleurs appelé tous les États Membres à ratifier le traité sur la zone exempte d’armes nucléaires en Afrique (Pélindaba) afin qu’il puisse entrer en vigueur.


Il a déclaré que son pays restait profondément préoccupé par l’absence de progrès significatifs dans l’application du Programme des Nations Unies sur l’éradication du commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC).  Le transfert illicite de ces armes à des groupes armés et à des acteurs non étatiques continue d’alimenter les guerres civiles et les conflits en Afrique, a-t-il dit.  Il a souligné que son pays avait créé un Bureau national pour combattre le trafic illicite d’armes de petit calibre.


Mme SUSHMA SWARAJ (Inde) a rappelé que l’interdiction des armes chimiques et biologiques avait fait naître l’espoir d’une interdiction similaire des armes nucléaires.  Or, a-t-elle ajouté, les stocks d’armes de ce type, stratégiques et non stratégiques, sont toujours aussi nombreux et ces armes demeurent en état d’alerte.  La représentante a estimé que tous les États devaient travailler ensemble à la réalisation de l’objectif de désarmement nucléaire, un nouveau système mondial de sécurité devant être élaboré qui ne repose plus sur la nécessité d’acquérir, de développer ni de produire des armes de destruction massive (ADM).  C’est en ce sens que la représentante s’est dite en faveur d’un changement d’attitude et de doctrine nationales, adaptées à la réalité du monde actuel, « globalisé et interdépendant ».


Passant à la situation dans son pays, Mme Swaraj a expliqué que l’Inde, si elle maintient une force de dissuasion nucléaire, reste attachée à la réalisation du désarmement nucléaire.  La doctrine « responsable » de l’Inde est basée, entre autres, sur le principe de non-utilisation de ses arsenaux contre les États non dotés de l’arme atomique.  L’Inde continue d’observer un moratoire sur les essais nucléaires et nous sommes prêts à participer aux négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles, a encore dit Mme Swaraj.  Cette dernière a par ailleurs indiqué que son pays était d’avis que la Conférence du désarmement (CD) doit être le lieu où organiser des négociations sur une convention internationale et juridiquement contraignante interdisant l’usage ou la menace d’utilisation des armes nucléaires en toute circonstance.


La représentante a ensuite salué l’entrée en vigueur de la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire le 7 juillet dernier.  En tant que puissance nucléaire, nous sommes engagés à renforcer le régime de non-prolifération sans remise en question du droit inaliénable de tous à une utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, a-t-elle enfin dit.


M. DANIELE BODINI (Saint-Marin), qui a rappelé que son pays n’avait pas d’armée, s’est inquiété du nombre de conflits locaux dans le monde.  Il a jugé important d’augmenter la coopération et la transparence entre les États en matière de désarmement et de non-prolifération.  Il a estimé que le TNP jouait un rôle vital pour la prévention de l’utilisation d’armes de destruction massive.  Si on veut vraiment édifier un monde de paix, chaque État doté d’armes nucléaires devrait réfléchir sérieusement à leur élimination, a-t-il dit.  M. Bodini a également souligné l’importance de la convention sur les armes chimiques.  Il s’est par ailleurs inquiété du commerce illicite d’armes de petit calibre qui atteint, selon lui, des proportions inquiétantes.


M. NASER ABDULLAH H. M. AL-HAYEN (Koweït) a salué l’accord récent conclu entre la République islamique d’Iran et l’AIEA, grâce auquel, a-t-il dit, le dialogue et la coopération pourront se poursuivre de manière transparente.  C’est dans un tel cadre, a ajouté le représentant, qu’il faudra discuter des conditions à réunir pour parvenir à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Le représentant a appelé la communauté internationale à exercer des pressions sur Israël pour que ce pays adhère au TNP et place la totalité de ses installations nucléaires sous le régime de vérification de l’AIEA.  Le délégué koweitien a poursuivi en indiquant que l’article 6 du TNP, relatif à l’élimination des arsenaux nucléaires, et l’article 4, portant sur le droit de tous les pays aux utilisations pacifiques de l’énergie atomique, devaient être appliqués « pleinement et sans discrimination ».


S’agissant de la lutte contre la prolifération des ALPC, le représentant a salué l’adoption en 2005 par l’Assemblée générale de l’instrument international de traçage de ces armes.  Si la Conférence d’examen de la mise en œuvre du Programme d’action de l’ONU pour prévenir, combattre et éradiquer le commerce illicite des ALPC a été un échec, l’adoption d’un mécanisme de traçage a permis des avancées dans l’identification des problèmes relatifs à la persistance de ce fléau.


M. NAWAF SALAM (Liban) a relevé les progrès récents concernant le programme nucléaire de la Corée du Nord.  Il a réaffirmé le droit des États à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Il a constaté également des tensions entre les États-Unis et la Russie qui rappellent, selon lui, la guerre froide.


M. Salam a relevé que l’an dernier, un secret avait été levé concernant Israël et ses efforts nucléaires avec l’appui de certains États.  Selon lui, cela accorde de la crédibilité à la nécessité de faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires.  Il a salué la résolution de l’AIEA en juillet dernier sur les critères de sécurité au Moyen-Orient et qui appelle à la création d’une telle zone.  L’établissement de cette zone n’est pas une question théorique, alors que des zones similaires ont été créées ailleurs dans le monde, a dit le représentant du Liban.  Mais il a estimé que pour réaliser cet objectif, il fallait impérativement amener Israël à respecter les conditions du TNP.


M. Salam a par ailleurs rappelé la puissance destructrice des armes légères et de petit calibre.  Des centaines de milliers de bombes à fragmentation ont été implantées au Liban par Israël pendant l’été 2006, a-t-il dit.  Il a accusé Israël de refuser de montrer les cartes indiquant l’emplacement de ces bombes dont sont victimes des civils libanais.


M. MOHAMMED AQEEL BA-OMAR (Oman) a affirmé que la souplesse et la volonté politique en matière de désarmement étaient indispensables en vue de sortir de « l’impasse et du laisser-aller ».  Les États Membres doivent prendre des positions courageuses pour rompre avec le pessimisme ambiant.  Le représentant a plaidé pour un renforcement du régime du TNP, notamment par l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et la revitalisation de la CD à Genève.


M. Ba-Omar a ensuite déclaré que son pays était très attaché à la défense du droit inaliénable de tous les pays aux utilisations pacifiques de la technologie nucléaire, et ce, dans le respect des normes de l’AIEA.  Le représentant a ensuite insisté sur la nécessité de créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, seul moyen à ses yeux de renouer avec un climat adéquat de coopération et de paix dont le monde entier pourra bénéficier.  La communauté internationale doit exercer des pressions sur Israël, a dit M. Ba-Omar, qui demeure en toute impunité en dehors du régime prévu par le TNP et se dérobe sans vergogne au système de surveillance et aux accords de garanties de l’AIEA.


M. PRASAD KARIYAWASAM (Sri Lanka) a souligné que son pays attendait toujours les dividendes tangibles de la fin de la guerre froide.  L’unilatéralisme ne débouche sur aucun résultat, a-t-il dit.  Il a estimé que l’absence de consensus international avait conduit à un affaiblissement graduel du sentiment collectif de sécurité.  Il a relevé que la Conférence du désarmement n’avait pas pu récemment atteindre ses objectifs.  Il a insisté sur la nécessité d’aboutir à un accord collectif de sécurité incluant la question du terrorisme, compte tenu du risque que des organisations terroristes n’aient accès aux composantes d’armes de destruction massive et alors que les actes de terrorisme par des acteurs non étatiques continuent de toucher de nombreuses parties du monde.


M. Kariyawasan a rappelé que son pays, avec l’Égypte, tentait depuis de nombreuses années d’attirer l’attention sur la prévention de la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.  Nos efforts n’ont pas encore abouti à des résultats, a-t-il regretté.  Il a appelé à reprendre le travail sur la prévention de cette course aux armements.  Concernant le commerce illicite d’armes légères et de petit calibre, il s’est inquiété de l’échec de la conférence d’examen du Programme d’action de l’ONU à élargir la portée de ce dernier.  Il a toutefois espéré que les efforts en la matière reprendraient et s’est félicité des travaux du Groupe d’experts gouvernementaux sur les activités de courtage.


M. KENNETH GOH (Singapour) a noté que tous les pays aspiraient à la sécurité.  Avec le développement durable et le respect des droits de l’homme, la sécurité est un des piliers des activités engagées sous l’égide de l’ONU, a-t-il ajouté, estimant que le désarmement et la non-prolifération devaient être menés de front pour répondre aux intérêts de tous les États Membres.  M. Goh a ensuite rappelé que plus tôt cette année, un trafiquant d’uranium avait été arrêté en Géorgie.  Cet exemple souligne les risques réels de terrorisme nucléaire, un péril contre lequel nous devons lutter ensemble, a-t-il dit.  Les armes chimiques et biologiques représentent également un grave danger qui nous impose de rester vigilants à l’heure où l’acquisition de tels arsenaux sur Internet est désormais chose possible, a encore jugé M. Goh.  Le représentant a ensuite expliqué que la menace terroriste rendait les petits États à économie ouverte comme Singapour particulièrement vulnérables.  C’est pourquoi, il a rappelé l’attachement de son pays au renforcement des instruments multilatéraux de désarmement et de sécurité internationale.


M. PHOMMA KHAMMANICHANH (République démocratique populaire lao) a regretté la lenteur des progrès en matière de désarmement et de non-prolifération ces dernières années.  Il a estimé que l’élimination totale des armes nucléaires était la seule garantie contre l’utilisation ou la menace d’utiliser ces armes.  Il s’est réjoui du nombre croissant d’adhésions et de ratifications du TICE.  Il a appelé tous les États qui n’ont pas encore agi dans ce sens à le faire sans retard.


M. Khammanichanh a estimé que la création de zones exemptes d’armes nucléaires était un vecteur de promotion du désarmement nucléaire.  Il a appuyé les efforts pour créer ces zones.  Il a relevé que cette année marquait le dixième   anniversaire du Traité sur la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est.  Toutefois, l’adhésion des États nucléaires au Protocole annexé est nécessaire pour que ce Traité soit pleinement opérationnel, a-t-il dit.  La République démocratique populaire lao se joint aux autres États membres de l’ANASE pour saluer l’annonce par la République populaire de Chine de sa volonté d’adhérer à ce Protocole, a-t-il ajouté.  Il a également appelé à un large soutien au projet de résolution de l’ANASE intitulé « traité sur la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est », présenté par l’Indonésie.


M. MOHAMMAD KHAZAEE (République islamique d’Iran) a déclaré que son pays, seule victime de l’usage des armes chimiques au cours de l’histoire récente, était très attaché à la poursuite de la réalisation de l’objectif d’élimination des armes de destruction massive (ADM).  Il a rappelé que depuis la fin du conflit avec l’Iraq, des dizaines de milliers d’Iraniens continuaient de souffrir et de mourir de l’emploi des armes chimiques. 


Le représentant iranien a poursuivi en notant que la communauté internationale faisait face aujourd’hui à la présence toujours excessive de milliers de têtes nucléaires en état d’alerte.  Les États-Unis, a-t-il dit, qui se targuent d’être le leader en matière de lutte contre les ADM, continuent pourtant de souligner le rôle essentiel des armes nucléaires en tant qu’instrument efficace de sécurité pour mener à bien leurs objectifs de politique étrangère.  Les États-Unis menacent de prendre pour cible des États non parties au TNP, et ont prévu de consacrer 50 milliards de dollars pour construire un bouclier antimissiles qui leur permettrait un idéal de sécurité absolue, a renchéri M. Khazaee.  Le représentant a estimé que le principe de sécurité défendu par les États-Unis, qui repose sur l’augmentation de la puissance d’une nation aux dépens de toutes les autres, devait être abandonné au profit de la coopération et du respect mutuel.


Passant à la situation au Moyen-Orient, le représentant iranien a stigmatisé le comportement d’Israël depuis trois décennies.  Les résolutions de l’ONU estiment qu’une zone exempte d’armes nucléaires dans cette région aurait pour effet de renforcer la paix et la sécurité internationales.  Pourtant, Israël reste le dernier obstacle à la réalisation de cet objectif en demeurant en dehors du régime du TNP et en poursuivant des activités clandestines d’armements puisque échappant au régime de vérification de l’AIEA.  Le représentant a également fustigé le soutien technologique américain aux programmes de développement des ADM à Israël.  Enfin, M. Khazaee a appelé de ses vœux l’unité de tous les pays frères de la région sur lesquels pèse la menace israélienne de recours aux ADM, insistant sur la nécessité de poursuivre l’objectif de la création d’une zone exempte de ces armes au Moyen-Orient.


Le représentant a ensuite défendu le bien-fondé du programme nucléaire de son pays.  Comme nous l’avons souligné à maintes reprises, le programme nucléaire de la République islamique d’Iran est pacifique, a-t-il affirmé.  Tous les rapports de l’AIEA depuis novembre 2003 ont été formels sur la nature de ce programme.  Le représentant a déploré qu’en dépit de cela, certains membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU aient pris des mesures illégitimes, non nécessaires et injustifiables contre les activités pacifiques de l’Iran.  Pour M. Khazaee, ces mesures présentent une menace à la paix et la sécurité internationales et s’écartent, ce faisant, de l’esprit et du mandat de la Charte de l’ONU.  Le représentant a jugé que le sens politique véritable des résolutions du Conseil de sécurité était de priver le peuple iranien de ses droits inaliénables et non de lutter contre de prétendus problèmes de non-prolifération.


Le représentant a ensuite évoqué l’accord conclu le 21 août 2007 entre les autorités de son pays et l’AIEA à Téhéran en vue de relancer la coopération entre les deux parties et résoudre les questions restantes.  Il a conclu en disant que les Iraniens étaient déterminés à exercer leur droit à une utilisation civile à des fins de développement des technologies nucléaires et que la République islamique d’Iran respecte ses engagements au titre du TNP.


M. RUDRA KUMAR (Népal) a regretté le fait qu’aujourd’hui des sommes considérables étaient dépensées dans les armements alors que cet argent pourrait être utilisé pour lutter contre la pauvreté.  Il a jugé effrayant l’existence d’un arsenal de 26 000 armes nucléaires dans le monde.  Le Népal estime que l’élimination totale des armes nucléaires est la garantie contre leur utilisation ou la menace de leur usage, a-t-il dit.  Il a salué les récents progrès vers la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Il a estimé qu’il fallait renforcer le système de garanties de l’AIEA.


M. Kumar a noté quelques progrès cette année à la Conférence du désarmement à Genève et a dit espérer que cela permettra de faire avancer sur la voie des négociations d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires.  Il a rappelé l’opposition de son pays à la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.


Concernant la lutte contre le commerce illicite des armes de petit calibre, il a souligné l’urgence d’appliquer le Programme d’action de l’ONU sur ce sujet.  Il a par ailleurs estimé que les zones exemptes d’armes nucléaires étaient une façon positive de promouvoir le désarmement nucléaire.  Il a apporté son soutien au statut d’État exempt d’armes nucléaires de la Mongolie ainsi qu’à l’établissement récent de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale.


Le représentant du Népal a souligné que le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique allait bientôt démarrer ses opérations à Katmandou.  Il a appelé la communauté internationale à apporter un soutien accru pour assurer le fonctionnement de ce centre.


M. AMINU BASHIR WALI (Nigéria) a estimé que l’échec des principaux instruments de désarmement, de contrôle des armements et de non-prolifération, mettait en évidence la nécessité de revitaliser l’édifice multilatéral en matière de sécurité internationale.  Nous sommes convaincus qu’il est temps de convoquer la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement, a ajouté le représentant.  En tant que membre de l’AIEA et signataire du TNP, le Nigéria continuera d’appuyer l’article 4 du Traité qui garantit le droit inaliénable de tous les pays à développer et produire, à des fins pacifiques, de l’énergie nucléaire.  Le représentant a également appuyé la création rapide d’une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, prévue dans le cadre de la ratification prochaine du Traité de Pelindaba.  S’agissant de la lutte contre la prolifération d’ALPC, le représentant a plaidé pour l’établissement d’un régime international de courtage et soutenu le projet de traité sur le commerce des armes classiques.  Enfin, il appelé de ses vœux l’ouverture d’un centre de formation au déminage en Afrique de l’Ouest.


Mme FORTUNA DIBUCO (Éthiopie) a souligné que son pays attachait une importance particulière à la question des mines antipersonnel qui continuent de faire des victimes partout dans le monde.  Elle a rappelé que le bureau de déminage éthiopien mis en place en 2001 visait à traiter efficacement cette question.  Ce bureau compte désormais six compagnies de déminage et les équipes évaluent actuellement l’impact des mines dans 900 communautés du pays, a-t-elle ajouté.  Elle a souligné que son pays s’attachait à réduire les risques et les accidents dus aux mines en menant des actions de prévention auprès de la population.  La représentante de l’Éthiopie a estimé que les efforts de son gouvernement en la matière devaient bénéficier d’un soutien financier et technique de la communauté internationale.


En ce qui concerne le commerce illicite ALPC, l’intervenante a souligné qu’un processus était en cours dans son pays pour revoir au niveau national les régulations existantes.  Elle a aussi estimé que pour trouver une solution durable à ce problème, la communauté internationale devait appuyer les efforts nationaux et régionaux.


Droits de réponse


Le représentant de la République islamique d’Iran est intervenu brièvement pour rejeter les « allégations sans fondement prononcées hier contre son pays par le régime sioniste ».  Ce régime, a-t-il dit, poursuit une politique d’agression, d’occupation et de terrorisme d’État et ne mérite à ce titre aucune réponse élaborée de notre part.


La délégation de la Fédération de Russie est intervenue à propos de la déclaration de la Géorgie également prononcée hier.  Le représentant russe a estimé que la question du conflit entre la Géorgie et l’Abkhazie était extérieure aux travaux de la Première Commission, compte tenu de surcroit que, pas plus tard que la semaine dernière, le Conseil de sécurité a examiné cette situation et adopté une résolution.  Le représentant a ajouté que, comme la Géorgie, la Fédération de Russie pensait qu’il est indispensable que la sécurité règne dans la région.  C’est à cette fin que nous participons à l’opération de maintien de la paix sur place depuis 13 ans.  Une centaine d’hommes de cette force ont péri, a encore rappelé le représentant, pour qui le seul impératif est de respecter les accords signés, notamment l’Accord de Moscou de 1994, en matière de cessez-le-feu et de réduction des forces. 


Le représentant de la République arabe syrienne a accusé Israël d’avoir recours aux mensonges et aux prétextes fallacieux.  Il a estimé que les accusations de cette entité à l’égard de son pays étaient motivées par des considérations politiques.


Le représentant de l’Égypte a rejeté les allégations fausses d’Israël selon lesquelles l’Égypte faciliterait le transfert d’armes du Sinaï vers la bande de Gaza.  Il a affirmé que son pays mettait tout en œuvre pour empêcher les activités de contrebande.


Le représentant de la Géorgie, prenant à son tour la parole, a répondu à la Fédération de Russie en disant que la question soulevée hier était d’une importance vitale dans le contexte de la recherche de la paix et de la stabilité régionale.  À ce titre, la Première Commission est bien l’une des instances internationales indiquées pour aborder ce conflit.


Fin du débat général


M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) a souligné que son pays appuyait pleinement la résolution 61/62 appelant tous les États Membres à renouveler leur engagement envers la coopération multilatérale.  Il a appelé tous les États parties aux différents instruments sur les armes de destruction massive à se consulter et à coopérer entre eux pour mettre fin à leur préoccupation au sujet du non-respect, en conformité avec les procédures définies par ces instruments.  Il a relevé que l’Assemblée générale adoptait de nombreuses résolutions chaque année sur le désarmement mais que c’était la non-mise en œuvre et le non-respect des engagements pris qui posaient problème.


S’agissant des armes nucléaires, personne ne sait actuellement où et qui peut déclencher une conflagration nucléaire alors qu’il y a 40 ans on savait qui avait des armes nucléaires, a-t-il souligné.  Aujourd’hui, des acteurs non étatiques possèdent des armes de destruction massive, a-t-il relevé.  Il a également expliqué cette situation par le non-respect et la non-mise en œuvre des engagements des États en matière de non-prolifération et de désarmement.


Concernant le commerce illicite des armes de petit calibre, le représentant de la Zambie a appelé la communauté internationale à appliquer le Programme d’action de l’ONU visant à combattre le commerce illicite de ces armes.  Il a estimé qu’il était urgent de convoquer la quatrième session extraordinaire sur le désarmement.


Mme SAJA SATTAM HABES MAJALI (Jordanie) a souhaité que la Conférence du désarmement puisse décider bientôt d’un programme de travail et reprendre ses sessions de fond, en se concentrant notamment sur l’élaboration d’un traité sur l’interdiction des matières fissiles à des fins militaires.  La conclusion d’un instrument universel et juridiquement contraignant, qui donnerait des garanties de sécurité négatives aux États non dotés de l’arme nucléaire, est également nécessaire pour relancer le régime de non-prolifération du TNP, a ajouté la représentante.


La Jordanie appuie toutes les initiatives de renforcement de l’universalisation et de la mise en œuvre de l’ensemble des instruments de lutte contre toutes les catégories d’armes de destruction massive.  La représentante a poursuivi en estimant que la création de zones exemptes d’armes nucléaires était un moyen « vital » de consolidation de la paix et de la sécurité internationales.  Selon elle, une zone de ce type au Moyen-Orient permettrait de rétablir la stabilité dans la région et la confiance entre toutes les parties.  La déléguée jordanienne a en outre jugé que le droit inaliénable de tous les pays à utiliser à des fins pacifiques l’énergie atomique devait s’exercer de manière inconditionnelle et non discriminatoire, les crises éventuelles devant être réglées par la seule voie diplomatique.


Mme Majali a ensuite déclaré que l’application de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur la non-prolifération des ADM passait par une coopération entre États Membres fondée sur l’échange accru et transparent d’information et sur la fourniture d’une assistance technique aux pays qui en font la demande.  La représentante a enfin souligné l’importance de réintégrer dans la vie sociale et économique les victimes des mines antipersonnel, comme le prévoit la Convention d’Ottawa.  Elle a précisé à cet égard que son pays avait achevé la destruction complète de ses stocks de mines antipersonnel en 2003.


Mgr CELESTINO MIGLIORE, Observateur du Saint-Si ège, a souligné que le Saint-Siège était convaincu du rôle clef de l’Agence internationale de l’énergie atomique dans la lutte contre la prolifération des armes nucléaires.  Il a estimé qu’il fallait que le monde aujourd’hui fasse confiance à l’AIEA pour vérifier qu’aucun État partie au TNP n’abuse de son droit légitime à développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques pour fabriquer des armes nucléaires.  Tous les moyens diplomatiques doivent être utilisés pour faire face aux crises concernant les tentatives par certains pays d’acquérir des armes nucléaires, a dit l’archevêque Migliore.  Il a estimé également que les États dotés de l’arme nucléaire avaient une responsabilité particulière pour mener à un monde exempt d’armes nucléaires.  Le Saint-Siège considère le risque qu’un engin nucléaire finisse entre les mains de terroristes réel et actuel, a-t-il ajouté.


Concernant les armes à sous-munitions, le Saint-Siège soutient le démarrage urgent de négociations pour un instrument juridiquement contraignant sur ces armes et dans le même temps un moratoire de leur production, de leur distribution et de leur utilisation, a-t-il dit.


M. FRANCIS BUTAGIRA (Ouganda) a estimé que le multilatéralisme était la seule voie possible vers un avenir pacifique et exempt d’armes nucléaires.  Il a considéré que le désarmement, la non-prolifération et l’usage pacifique de l’énergie nucléaire devaient recevoir un traitement égal et équilibré.  M. Butagira a également estimé que la relation entre le désarmement et le développement ne pouvait pas être ignorée.


Concernant le commerce illicite des armes de petit calibre, le représentant de l’Ouganda a réaffirmé le soutien de son pays au Programme d’action de l’ONU.  Il a déclaré que l’Ouganda continuerait à jouer un rôle de leader parmi les pays de l’Est de l’Afrique signataires de la Déclaration de Nairobi sur la prolifération des armes légères et de petit calibre dans la région des Grands Lacs.


M. AMMAR M. B. HIJAZI, Observateur de la Palestine, a estimé que la Première Commission devait s’intéresser au transfert irresponsable d’armes à des États qui agissent avec le plus grand mépris envers le droit international et viole gravement les droits des autres peuples.  Selon lui, la communauté internationale devrait interdire complètement de tels transferts.  Il a jugé que ceci concernait notamment ceux qui n’honorent pas les obligations qui leur incombent en tant que puissance occupante et utilisent une force excessive contre la population civile des territoires concernés.


L’observateur de la Palestine a estimé que la lutte contre le commerce illicite des armes de petit calibre était un autre objectif important.  Il a considéré que ces armes étaient tout autant dévastatrices quand elles étaient utilisées par une armée régulière contre des civils en violation du droit international.


M. Hijazi a accusé certaines puissances mondiales d’ignorer le fait que des États ont passé des décennies à stocker et à développer des armes classiques et nucléaires tout en refusant de se soumettre aux inspections internationales.  Il a jugé illogique et contre-productif de pointer du doigt un État Membre sur la base de soupçons et d’empêcher des États non dotés de l’arme nucléaire d’exercer leur droit inaliénable à avoir une activité nucléaire pacifique alors que dans le même temps, un État Membre voisin et hostile admet ouvertement posséder et produire ces armes non conventionnelles et n’est pas soumis à ces inspections.


L’observateur de la Palestine a également jugé qu’une zone exempte d’armes nucléaires devait être établie au Moyen-Orient.  Il a estimé qu’il fallait faire pression sur Israël pour qu’il adhère au TNP sans délai.  Il a jugé qu’il s’agissait d’une condition indispensable à la stabilité et la paix dans la région.


Mme CRISTINA PELLANDINI, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a déclaré que la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel avait fait la preuve de son efficacité en contribuant à la réduction du nombre de victimes dans les pays qui mettent en œuvre cet instrument.  Elle a notamment salué le volet humanitaire de la Convention, modèle selon elle de coopération entre États Membres, organisations internationales et société civile.  La Convention d’Ottawa doit être la référence en vue d’assurer que le Protocole relatif aux restes explosifs de guerre devienne aussi efficace.  L’intervenante a souhaité que la prochaine conférence des États parties à la Convention, qui se tiendra en Jordanie en novembre 2007, soit l’occasion de réaffirmer la volonté de tous de réaliser l’objectif d’un monde débarrassé des mines antipersonnel d’ici à 2009.


Mme Pellandini a ensuite attiré l’attention sur les bombes à sous-munitions.  La Croix-Rouge internationale salue le fait que les principaux pays producteurs reconnaissent désormais le coût humain de ces armes.  L’intervenante a exhorté les États à s’engager à développer un nouveau traité international interdisant les bombes à sous-munitions et garantissant la destruction des stocks existants ainsi que l’aide aux victimes dans les pays où ces arsenaux ont été utilisés.  Elle a estimé que 60 ans après les débuts de l’utilisation des bombes à sous-munitions, il était temps d’agir en adoptant des règles juridiquement contraignantes.  En attendant l’adoption de ces normes, Mme Pellandini a souhaité ardemment que les pays s’abstiennent de recourir aux bombes à sous-munitions, dont les effets dramatiques sur les populations civiles sont dénoncés depuis longtemps.  Elle a exhorté tous les États à appliquer les recommandations du Groupe d’experts sur le courtage des armes tout en continuant à développer un nouvel instrument à caractère exécutoire sur la question.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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