SG/SM/10585

LA RÉFORME DE LA POLICE HAÏTIENNE EST UNE TÂCHE COMPLEXE QUI NE MANQUERA PAS DE SE HEURTER AUX OBSTACLES DRESSÉS PAR DES GROUPES AUX INTÉRÊTS POLITIQUES VOIRE CRIMINELS, PRÉVIENT KOFI ANNAN

04/08/2006
Secrétaire généralSG/SM/10585
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LA RÉFORME DE LA POLICE HA Ï TIENNE EST UNE T Â CHE COMPLEXE QUI NE MANQUERA PAS DE SE HEURTER AUX OBSTACLES DRESSÉS PAR DES GROUPES AUX INTÉRÊTS POLITIQUES VOIRE CRIMINELS, PRÉVIENT KOFI ANNAN


On trouvera ci-après l’intervention qu’a faite hier à Port-au Prince, le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, devant les responsables de la police nationale haïtienne et de la police des Nations Unies en Haïti:


Je suis très heureux de me retrouver parmi vous aujourd’hui.  La Police Nationale d’Haïti joue un rôle fondamental, car elle est la seule institution haïtienne chargée de garantir la sécurité sur tout le territoire. 


Je tiens donc ici à manifester ma profonde reconnaissance aux agents de la PNH et de l’UNPOL,- la composante de police de la MINUSTAH-, qui s’acquittent courageusement de leurs fonctions, souvent au risque de leur sécurité personnelle.  En particulier, je voudrais rendre un hommage respectueux aux policiers qui ont perdu la vie au service de la Nation. 


La PNH a malheureusement été l’un des piliers de l’Etat les plus affectés par les troubles qui ont agité le pays en 2003 et 2004.  Créée en 1995, avec l’assistance de l’ONU et d’autres partenaires internationaux, elle avait pourtant réussi à obtenir des progrès remarquables dans le renforcement et la mise en place de mécanismes de formation et de contrôle interne, telle l’Inspection Générale. 


Aujourd’hui, je constate avec joie qu’une nouvelle étape va pouvoir être franchie en faveur du renforcement institutionnel.  


Je pense notamment à l’achèvement de la formation de 1146 nouveaux agents de police, 37 commissaires et 49 inspecteurs, et à l’enregistrement de plus de 5700 agents.  Je pense aussi à la ratification par le Sénat de la décision du Président Préval de confirmer Mario Andrésol au poste de Directeur Général de la PNH.  M. Andrésol fait déjà preuve d’un grand professionnalisme et d’un grand dévouement dans l’exercice de ses difficiles fonctions.  Je salue enfin la récente nomination du Secrétaire d’Etat à la Sécurité Publique, Monsieur Luc-Eucher Joseph, qui connaît et comprend la réalité de la situation de la PNH. 


Grâce à la collaboration entre la MINUSTAH et la PNH, nous avons réussi à stabiliser le territoire et à organiser des élections.  Le Gouvernement haïtien doit maintenant accorder la priorité au renforcement des institutions de l’Etat.  Le récent regain de violence dans la capitale, malheureusement, le confirme.  


Il est essentiel de poursuivre la réforme et la professionnalisation de la PNH.  La première étape doit être la certification de tous les agents, afin de doter le pays d’une force de sécurité capable d’assurer la sécurité publique.  Il n’est pas tolérable qu’une minorité de policiers corrompus ou impliqués dans des violations graves des droits de l’homme salisse l’image de l’ensemble de l’institution, alors que nous connaissons tous les efforts et le dévouement sans faille de la majorité des officiers de la PNH.  Pour que la professionnalisation soit cette fois-ci durable, il faut qu’elle aille de pair avec une stratégie de réforme et de renforcement des institutions judiciaires et de l’administration pénitentiaire. 


Les aspects techniques nécessaires à la mise en place du Plan de réforme de la PNH sont déjà bien avancés, grâce au travail conjugué d’UNPOL et de la direction de la PNH.  Mais il faut penser aussi aux Haïtiens et aux Haïtiennes qui sont à la base de cette institution.  Les membres de la PNH doivent recevoir des salaires décents et pouvoir compter sur des conditions de travail acceptables.  Ils doivent aussi bénéficier d’une formation professionnelle continue.  Les installations sont précaires et les moyens manquent.  Aussi longtemps que cette situation persistera, elle constituera un obstacle au processus de réforme.  Il est donc clair que l’État haïtien a besoin d’un soutien accru des bailleurs de fonds et des pays amis.  Je remercie, à cet égard, tous les partenaires internationaux de la générosité dont ils ont déjà fait preuve.  Et je les encourage à renouveler leur solidarité envers Haïti.  


Condition incontournable pour la consolidation de l’État, la réforme de la PNH est une tâche infiniment complexe qui demandera du temps, beaucoup de temps.  Des groupes aux intérêts politiques, voire criminels, opposés ne manqueront pas d’y faire obstacle.  Il est donc indispensable que tous les agents des forces de police, à tous les niveaux, fassent preuve d’un solide esprit patriotique et d’une unité à toute épreuve. 


Je sais que vous êtes pleinement conscients du rôle crucial que vous allez jouer pour que la PNH devienne une institution professionnelle et efficace et pour qu’elle retrouve la confiance de la population.  Je peux vous assurer que les Nations Unies, et l’UNPOL en particulier, continueront à tout mettre en œuvre pour vous aider dans cette difficile mais noble tâche.  Je vous invite d’ailleurs à profiter de l’expérience et des compétences de nos officiers. 


Je voudrais terminer mes propos en exprimant une fois encore ma satisfaction et ma reconnaissance pour le travail accompli par tous les membres de l’UNPOL, et en leur souhaitant plein succès dans la poursuite de leurs efforts.  Leur succès sera aussi celui de la PNH, et en définitive de tout le peuple Haïtien. 


      Je vous remercie.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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