SG/SM/10580-CS/8790

LE CONSEIL DOIT METTRE SES DIFFÉRENCES DE CÔTÉ ET S’ENTENDRE SUR LE POINT LE PLUS URGENT QUI EST LA CESSATION IMMÉDIATE DES HOSTILITÉS AU LIBAN, DÉCLARE KOFI ANNAN

30/07/2006
Secrétaire généralSG/SM/10580
CS/8790
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

LE CONSEIL DOIT METTRE SES DIFFÉRENCES DE CÔTÉ ET S’ENTENDRE SUR LE POINT LE PLUS URGENT QUI EST LA CESSATION IMMÉDIATE DES HOSTILITÉS AU LIBAN, DÉCLARE KOFI ANNAN


On trouvera ci-après la déclaration que le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, a faite devant le Conseil de sécurité, le 30 juillet 2006:


Nous sommes réunis à un moment d’une gravité extrême – d’abord et avant tout pour la population du Moyen-Orient, mais aussi pour l’autorité de notre Organisation et plus particulièrement du Conseil de sécurité.


Comme vous le savez, au cours de la nuit, l’aviation israélienne a bombardé le village de Cana dans le Sud-Liban.  Ce village ne fait plus partie de la zone des opérations de la FINUL.  Il n’y avait donc pas de personnel des Nations Unies à proximité au moment de l’attaque, mais des ingénieurs chinois et deux équipes médicales ont réussi à se rendre dans la zone.  Ils aident à déblayer les décombres et soignent les survivants.


Je tiens donc mes informations des autorités libanaises.  Les rapports préliminaires font état d’au moins 54 morts, dont au moins 37 enfants.


Cet acte appelle de notre part la condamnation la plus sévère et je vous engage instamment à agir en conséquence.  Je suis profondément consterné de constater que mes précédents appels en vue de la cessation immédiate des hostilités n’ont pas été entendus, avec pour résultat que des vies innocentes continuent d’être perdues et que des civils innocents continuent de souffrir.  Je renouvelle cet appel depuis la salle du Conseil de sécurité et je demande au Conseil de faire de même.  Par ailleurs, j’adresse mes plus profondes condoléances aux familles de toutes les victimes de la violence au Liban, en Israël et dans le territoire palestinien occupé, y compris Gaza.


Cette tragédie a légitimement provoqué l’indignation du monde entier.


Malheureusement, certains Libanais ont dirigé leur colère contre l’Organisation.  Plus tôt dans la journée, de nombreux manifestants ont pénétré dans nos bureaux de Beyrouth, qu’ils ont cherché à incendier.  Heureusement, le feu a été rapidement éteint.  On sait actuellement que trois employés ont été blessés, mais aucun grièvement, je m’empresse de l’ajouter.


Les manifestants ont à présent quitté le bâtiment, après que les forces armées libanaises soient intervenues.  Je suis profondément reconnaissant au Gouvernement libanais d’avoir agi rapidement, ainsi qu’au Président du Parlement, M. Nabih Berri, et à d’autres dirigeants libanais, dont les appels avisés au calme ont eu un effet décisif.  La Maison des Nations Unies est au cœur de nos activités humanitaires au Liban.  Celles-ci se poursuivront dans tout le pays.


Cependant, et c’est bien naturel, nous craignons que des réactions analogues ne se produisent ailleurs dans la région ou, plus largement, dans le monde islamique.  Je lance un appel aux autorités et à la population de tous les pays afin qu’ils respectent et garantissent la sécurité du personnel des Nations Unies.  Je demande à tout le monde de comprendre que nous faisons de notre mieux pour aider – grâce à la diplomatie, à l’action humanitaire et aux efforts de la FINUL qui vient de subir, vous le savez, des pertes terribles il y a quelques jours.


Les événements tragiques de Cana nous rappellent qu’il y a 10 ans plus d’une centaine de personnes qui s’étaient réfugiées dans ce même village ont connu un sort semblable.  Nous devons donc absolument délivrer la région de cette spirale de la violence.


Au cours des derniers 18 jours, plusieurs centaines de Libanais ont été tués, dont une vaste majorité de civils et au moins un tiers d’enfants.  Au cours de la même période, des centaines de milliers de Libanais ont dû fuir leurs maisons, souvent sous de lourds bombardements.


Pendant ce temps, plus de 50 israéliens, dont 19 civils, ont été tués et la population du nord d’Israël a été soumise sans discontinuer à d’intenses tirs de roquettes.  Des milliers d’Israéliens sont à présent réfugiés dans des abris.


Il est important de souligner que les deux parties à ce conflit portent une lourde responsabilité et il existe de fortes présomptions qu’elles ont commis, toutes les deux, de graves violations du droit international humanitaire.


Les présents affrontements ont débuté le 12 juillet par une attaque non provoquée du Hezbollah contre Israël et l’enlèvement de deux soldats israéliens.  Depuis, le Hezbollah a continué à tirer des roquettes sans discernement dans le nord d’Israël, à partir de positions apparemment situées au milieu de la population civile.


Personne ne nie à Israël le droit de se défendre.  Toutefois, en le faisant comme il le fait, ce pays a causé, et cause encore, des morts et des souffrances dans des proportions absolument inacceptables.


Comme vous le savez, je n’ai cessé de condamner tous les actes dirigés contre la population civile, et le Haut Commissaire aux droits de l’homme a rappelé à toutes les parties qu’elles pourraient avoir à rendre compte de toute infraction au droit international humanitaire.


Toutefois, le plus urgent est de mettre fin aux combats sans plus tarder.  Le Conseil de sécurité a à cet égard une responsabilité solennelle à assumer.


Il faut agir maintenant, avant que de nombreux autres enfants, femmes et hommes deviennent les victimes d’un conflit sur lequel ils n’exercent aucun contrôle.


En conséquence, je renouvelle mon appel à la cessation immédiate des hostilités, pour permettre aux secours humanitaires d’atteindre les victimes qui en ont tant besoin.  Pendant ce temps, nous pouvons réfléchir ensemble au cadre politique nécessaire à un cessez-le-feu et à un règlement durables, à savoir le renforcement du Gouvernement libanais, le désarmement de toutes les milices et la mise en œuvre de toutes les résolutions du Conseil de sécurité, dont les résolutions 1559 (2004)et 1680 (2006).  Je joindrai mes efforts aux vôtres pour mettre au point et déployer une force de stabilisation qui aidera le Gouvernement libanais à mettre en œuvre la décision qu’il a prise et la responsabilité qui est la sienne d’étendre son autorité dans tout le pays.


Je sais qu’il existe des divergences entre les membres du Conseil sur l’ordre exact des mesures à prendre.  Je vous demande donc de bien vouloir mettre ces différences de côté et de vous entendre sur le point le plus urgent qui est la cessation immédiate des hostilités.


Je voudrais également informer le Conseil qu’au cours de notre entretien de ce matin le Premier Ministre libanais, M. Siniora, m’a dit que son Gouvernement avait pris la décision de ne plus participer à de nouveaux pourparlers ou efforts diplomatiques en vue d’une solution tant qu’il n’y aura pas de cessez-le-feu.  Je lui ai demandé si le Gouvernement avait pris unanimement cette décision et il a réaffirmé que telle était la décision de son Gouvernement.


L’autre élément d’information que je voulais partager avec vous est que la FINUL a reçu une demande des Forces de défenses israéliennes de faire évacuer la population de deux villages, Ramyah et Ayta ash Shab, avant ce soir.  La FINUL a évidemment refusé d’évacuer les villages, en indiquant qu’elle n’avait pas cette capacité et que l’assistance du Gouvernement libanais était nécessaire.


J’ai pensé qu’il était bon que vous le sachiez, afin de bien comprendre les facteurs en jeu dans la région et dans le sud du Liban.


Permettez-moi de conclure, Monsieur le Président, en déclarant de manière claire et brève que l’autorité et le prestige du Conseil de sécurité sont dans la balance.  L’incapacité du Conseil à agir fermement et rapidement pendant la crise n’est pas passée inaperçue.  Les événements de ce matin à la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale traduisaient en partie cette frustration.  Dans l’intérêt de la population de la région et de notre organisation, je vous engage à agir sans plus tarder.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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