SG/SM/10511-AFR/1396

L’ACCORD CONCLU ENTRE LE CAMEROUN ET LE NIGÉRIA AU SUJET DE LA PÉNINSULE DE BAKASSI COURONNE UNE REMARQUABLE INITIATIVE DE PRÉVENTION DES CONFLITS, DÉCLARE KOFI ANNAN

12 juin 2006
Secrétaire généralSG/SM/10511
AFR/1396
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

L’ACCORD CONCLU ENTRE LE CAMEROUN ET LE NIGÉRIA AU SUJET DE LA PÉNINSULE DE BAKASSI COURONNE UNE REMARQUABLE INITIATIVE DE PRÉVENTION DES CONFLITS, DÉCLARE KOFI ANNAN


On trouvera ci-après la déclaration du Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à l’occasion de la cérémonie de signature d’un accord sur la frontière entre le Cameroun et le Nigéria, aujourd’hui, à New York:


C’est pour moi une grande joie que de vous accueillir aujourd’hui. La cérémonie de signature qui nous réunit est le couronnement d’une remarquable initiative de prévention des conflits, prise par le Cameroun et le Nigéria.


De nombreuses personnes ont travaillé inlassablement pour aboutir à cet accord, et je suis particulièrement fier du rôle joué par l’ONU qui, depuis le début, a appuyé ce processus novateur.


Mais nous nous retrouvons aujourd’hui d’abord et surtout grâce à la vision des Présidents Biya et Obasanjo, deux dirigeants d’un exceptionnel courage et d’une grande prévoyance.


Voici quatre ans que, donnant un exemple édifiant qui, je l’espère sera suivi par d’autres – ces dirigeants africains se sont unis pour résoudre leurs différends de manière pacifique : ils ont décidé de régler leur litige frontalier conformément au droit international. Sur un continent en proie à de nombreux conflits, leur décision constitue une victoire du droit et consacre le principe selon lequel les différends peuvent se résoudre pacifiquement.


Depuis lors, ces deux dirigeants ont fait preuve de patience, de ténacité, de souplesse et de sagesse, ce qui leur a finalement permis de parvenir à cette étape décisive.


Avec la collaboration de l’ONU ils ont confié l’application de l’arrêt de la Cour internationale de Justice au sujet de leur différend frontalier, à une commission mixte, présidée par mon Représentant spécial, Ahmedou Ould-Abdakkah. Les équipes camerounaise et nigériane formant la Commission étaient placées sous la prestigieuse autorité du Premier Ministre, Amadou Ali, et Bola Ajibola, respectivement.


Comme beaucoup d’entre vous le savent, cette entité unique n’a pas de troupes internationales ni de forces de maintien de la paix. Elle s’appuie uniquement sur une petite équipe technique des Nations Unies complétée par une douzaine d’observateurs civils pour faciliter le transfert de responsabilité, assister les populations touchées et aider à la démarcation de la frontière.


La Commission mixte s’est avérée extrêmement efficace. Elle a veillé au transfert des responsabilités dans une quarantaine de villages au bord du Lac Tchad et le long de la frontière terrestre. Près de 460 kilomètres de frontière terrestre ont été démarqués. Les accords conclus portent sur trois des quatre secteurs en litige.


D’une manière générale, ce processus a été ingénieux, peu onéreux et efficace. Son coût est bien inférieur à ce qu’aurait coûté une opération analogue menée ailleurs. Il a démontré qu’avec la volonté politique et un appui adéquat de l’ONU les pays pouvaient œuvrer ensemble au règlement de leurs différends, non seulement d’une manière pacifique, mais également de manière économique pour eux et pour la communauté internationale.


Ce processus soutient largement la comparaison avec, notamment, nos efforts pour démarquer la frontière entre l’Érythrée et l’Éthiopie, qui ont coûté à ce jour à la communauté internationale 1,2 milliard de dollars.


Ce montant ne comprend même pas ce que les deux pays ont dépensé pour se faire la guerre, une guerre qui a fait des milliers de morts, et causé d’énormes dégâts matériels et pour laquelle des sommes d’argent extraordinaires ont été gâchées en armements. Or pas un seul kilomètre n’a été démarqué. Il me semble que le contraste est éloquent.


Avec l’Accord signé aujourd’hui, sur la presqu’île de Bakassi, nous sommes près de parvenir à un règlement complet du litige.


Je ne doute pas que les deux parties continueront à mettre leur accord en œuvre, de manière concertée et constructive. Il faut maintenir l’élan. C’est pourquoi je prie instamment la communauté internationale d’appuyer sans réserve les efforts du Cameroun et du Nigeria pour que l’Accord d’aujourd’hui soit appliqué en réalité le plus tôt possible.


Je saisis cette occasion pour saluer la présence des hauts représentants des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Allemagne, comme témoins à cet Accord. L’appui et les encouragements de leurs gouvernements ont été déterminants dans le déroulement de ce processus et le maintien de leur appui contribuera au règlement définitif du différend.


En attendant, les Parties peuvent être assurées que l’ONU restera active dans le processus. Nous sommes fiers de ce qui a déjà été réalisé, et espérons voir bientôt se terminer avec succès les travaux de la Commission mixte.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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