LE CONSEIL EXIGE LA SUSPENSION DU PROGRAMME NUCLÉAIRE DE L’IRAN ET DEMANDE AUX ÉTATS MEMBRES D’EMPÊCHER LE TRANSFERT DE TOUT ARTICLE LIÉ À L’ENRICHISSEMENT ET AU RETRAITEMENT DE L’URANIUM
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Conseil de sécurité
5500e séance – matin
LE CONSEIL EXIGE LA SUSPENSION DU PROGRAMME NUCLÉAIRE DE L’IRAN ET DEMANDE AUX ÉTATS MEMBRES D’EMPÊCHER LE TRANSFERT DE TOUT ARTICLE LIÉ À L’ENRICHISSEMENT ET AU RETRAITEMENT DE L’URANIUM
Il se dit convaincu que cette suspension favorisera une solution diplomatique garantissant la nature pacifique du programme nucléaire iranien
Réaffirmant son attachement au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et notant avec une vive inquiétude que l’Iran a décidé de reprendre ses activités liées à l’enrichissement, y compris la recherche-développement et qu’il n’a toujours pas repris sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le Conseil a exigé que ce pays suspende, sous vérification de l’AIEA, toutes ses activités liées à l’enrichissement et au retraitement, y compris la recherche-développement.
Par la résolution 1696 (2006), adoptée, ce matin, par 14 voix pour et une voix contre (Qatar), en vertu de l’Article 40 du Chapitre VII de la Charte de l’ONU, le Conseil demande à tous les États de faire preuve de vigilance, afin d’empêcher le transfert de tous articles, matières, marchandises et technologies que l’Iran pourrait utiliser pour ses activités liées à l’enrichissement et au retraitement et pour ses programmes de missiles.
Le Conseil exprime sa conviction que la suspension des activités de l’Iran et son respect intégral des conditions posées par le Conseil des Gouverneurs de l’AIEA favoriseraient une solution diplomatique garantissant que le programme nucléaire de l’Iran sert des fins exclusivement pacifiques.
Il fait siennes les propositions de l’Allemagne, de la Chine, des États-Unis, de la Fédération de Russie, de la France et du Royaume-Uni –Groupe des Six- tendant à la mise en place d’un mécanisme global à long terme qui permettrait de nouer des relations et des liens de coopération avec l’Iran et d’asseoir la confiance internationale dans la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire de l’État.
La plupart des neuf membres du Conseil qui ont pris la parole ont souligné que la résolution ne nie en aucun cas à l’Iran le droit de développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Il s’agit tout simplement de placer le programme nucléaire iranien sous le régime de vérification de l’AIEA. Plusieurs délégations se sont également félicitées que la résolution écarte le recours à la force militaire comme option.
La résolution n’aurait pas dû être adoptée aujourd’hui, a rétorqué le représentant du Qatar, à un moment où la région est enflammée. Il aurait fallu prendre davantage de temps pour mesurer le degré de coopération de l’Iran qui, a-t-il précisé, n’a pas rejeté les mesures incitatives qui lui ont été présentées par le Groupe des Six, mais a simplement demandé un délai pour les examiner.
L’Iran a, en effet, demandé trois semaines de plus pour examiner les propositions du Groupe des Six. Or tout le monde, sauf les États-Unis, avait reconnu qu’il n’y avait pas d’urgence, a précisé le représentant de l’Iran dans sa longue déclaration sur la politique biaisée des États-Unis vis-à-vis de son pays et sur le droit de l’Iran de développer des technologies nucléaires à des fins pacifiques. L’Iran est prêt à mener des négociations sérieuses, fondées sur le respect mutuel et sur un pied d’égalité. En revanche, le peuple iranien a montré sa résilience face à la pression, a prévenu le représentant.
NON-PROLIFÉRATION
Texte du projet de résolution S/2006/589
Le Conseil de sécurité,
Rappelant la déclaration de son président en date du 29 mars 2006 (S/PRST/2006/15),
Réaffirmant son attachement au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et rappelant que les États parties, en conformité avec les articles I et II du Traité, ont le droit de développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination,
Notant avec une vive inquiétude les nombreux rapports du Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et résolutions du Conseil des gouverneurs de l’Agence relatifs au programme nucléaire de l’Iran qui lui ont été communiqués par le Directeur général, notamment la résolution GOV/2006/14 du Conseil des gouverneurs,
Notant aussi avec une vive inquiétude que, dans son rapport du 27 février 2006 (GOV/2006/15), le Directeur général de l’AIEA donne une liste de questions et problèmes en suspens concernant le programme nucléaire de l’Iran, dont certains pourraient avoir une dimension nucléaire militaire, et que l’AIEA n’est pas en mesure de conclure qu’il n’y a pas de matières ou d’activités nucléaires non déclarées en Iran,
Notant également avec une vive inquiétude le rapport du Directeur général de l’AIEA en date du 28 avril 2006 (GOV/2006/27) et les conclusions qu’il renferme, notamment qu’en dépit du travail accompli depuis plus de trois ans par l’AIEA pour élucider tous les aspects du programme nucléaire de l’Iran, les incertitudes qui subsistent quant à ce programme demeurent préoccupantes, et que l’AIEA n’est pas en mesure de progresser dans les efforts qu’elle déploie pour obtenir l’assurance qu’il n’y a pas de matières ou d’activités nucléaires non déclarées en Iran,
Notant en outre avec une vive inquiétude que, comme le confirme le Directeur général de l’AIEA dans son rapport daté du 8 juin 2006 (GOV/2006/38), l’Iran n’a pas pris les mesures requises par le Conseil des gouverneurs de l’AIEA, rappelées dans la déclaration du Président du Conseil de sécurité en date du 29 mars 2006, qui sont essentielles pour instaurer la confiance, en particulier qu’il a décidé de reprendre ses activités liées à l’enrichissement, y compris la recherche-développement, qu’il a récemment intensifié lesdites activités et publié des déclarations les concernant, et qu’il n’a toujours pas repris sa coopération avec l’AIEA, à laquelle il est tenu en vertu du Protocole additionnel,
Soulignant l’importance des efforts politiques et diplomatiques visant à trouver une solution négociée garantissant que le programme nucléaire de l’Iran sert des fins exclusivement pacifiques, et notant qu’une telle solution servirait la cause de la non-prolifération ailleurs dans le monde,
Se félicitant de la déclaration faite par M. Philippe Douste-Blazy, Ministre des affaires étrangères de la France au nom des Ministres des affaires étrangères de l’Allemagne, de la Chine, des États-Unis, de la Fédération de Russie, du Royaume-Uni et du Haut Représentant de l’Union européenne à Paris le 12 juillet 2006 (S/2006/573),
Préoccupé par les risques de prolifération que présente le programme nucléaire iranien, sachant qu’il a en vertu de la Charte des Nations Unies pour responsabilité principale le maintien de la paix et de la sécurité internationales et étant déterminé à prévenir l’aggravation de la situation,
Agissant en vertu de l’Article 40 du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies pour rendre obligatoire la suspension réclamée par l’AIEA,
1. Demande à l’Iran de prendre sans plus tarder les mesures requises par le Conseil des gouverneurs de l’AIEA dans sa résolution GOV/2006/14, qui sont essentielles pour instaurer la confiance dans les fins exclusivement pacifiques de son programme nucléaire et régler les questions en suspens;
2. Exige, dans ce contexte, que l’Iran suspende, sous vérification de l’AIEA toutes ses activités liées à l’enrichissement et au retraitement, y compris la recherche-développement;
3. Exprime sa conviction que cette suspension et le respect intégral par l’Iran, dûment vérifié, des conditions posées par le Conseil des gouverneurs de l’AIEA favoriseraient une solution diplomatique négociée garantissant que le programme nucléaire de l’Iran sert des fins exclusivement pacifiques, souligne que la communauté internationale entend apporter une contribution positive à la recherche d’une telle solution, encourage l’Iran, en se conformant aux dispositions susmentionnées, à renouer ses liens avec la communauté internationale et avec l’AIEA et souligne que de tels liens serviraient les intérêts de l’Iran;
4. Fait siennes, à cet égard, les propositions de l’Allemagne, de la Chine, des États-Unis, de la Fédération de Russie, de la France et du Royaume-Uni, appuyés par le Haut Représentant de l’Union européenne, tendant à la mise en place d’un mécanisme global à long terme qui permettrait de nouer des relations et des liens de coopération avec l’Iran fondés sur le respect mutuel et d’asseoir la confiance internationale dans la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire de l’Iran (S/2006/521);
5. Demande à tous les États, avec l’aval de leurs autorités judiciaires, dans le respect de leur législation et du droit international, de faire preuve de vigilance et d’empêcher les transferts de tous articles, matières, marchandises et technologies que l’Iran pourrait utiliser pour ses activités liées à l’enrichissement et ses activités de retraitement et pour ses programmes de missiles balistiques;
6. Se déclare résolu à renforcer l’autorité du processus de l’AIEA, soutient fermement le Conseil des gouverneurs de l’AIEA dans son rôle, adresse ses félicitations et ses encouragements au Directeur général de l’AIEA et au secrétariat de l’Agence, appréciant le professionnalisme et l’impartialité dont ils continuent de faire preuve pour tenter de régler les questions en suspens concernant l’Iran dans le cadre de l’Agence, souligne qu’il est nécessaire que l’AIEA poursuive son travail afin d’élucider toutes les questions que suscite encore le programme nucléaire de l’Iran, et demande à l’Iran d’agir conformément aux dispositions du Protocole additionnel et de prendre sans tarder toutes les mesures de transparence que l’AIEA pourrait lui demander d’appliquer pour les besoins de ses investigations en cours;
7. Demande au Directeur général de l’AIEA de présenter d’ici au 31 août au Conseil des gouverneurs de l’AIEA un rapport sur l’application par l’Iran des mesures requises par le Conseil des gouverneurs et des décisions énoncées dans la présente résolution, et de soumettre parallèlement ce rapport à l’examen du Conseil de sécurité;
8. Déclare son intention, au cas ou l’Iran n’aurait pas appliqué à cette date les dispositions de la présente résolution, d’adopter, sous l’empire de l’Article 41 du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, toutes autres mesures qui pourraient être requises pour persuader l’Iran de se conformer à la présente résolution et aux exigences de l’AIEA et souligne que de nouvelles décisions devront être prises si de telles mesures additionnelles s’avèrent nécessaires;
9. Confirme que ces mesures additionnelles ne seront pas nécessaires si l’Iran applique les dispositions de la présente résolution;
10. Décide de rester saisi de la question.
Explications de position
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a rappelé que sa région, depuis des décennies, connaît des crises incessantes, que les tendances racistes ont contribué à attiser au fil des années. Il aurait été possible d’atteindre une solution diplomatique si l’on avait donné à l’Iran suffisamment de temps, a-t-il estimé. Nous pensons donc que cette résolution est inappropriée au regard de la situation actuelle au Moyen-Orient, qui appelle des décisions plus urgentes de la part du Conseil, a poursuivi le représentant du Qatar. En outre, il a rappelé que l’Iran n’avait pas rejeté les propositions du Groupe des Six, mais seulement demandé un délai pour y réfléchir. Nous pensons que l’Iran devrait être pris au sérieux dans sa volonté d’utiliser son programme nucléaire à des fins pacifiques et qu’en conséquence, cette résolution n’est pas pertinente dans le contexte actuel.
M. JOHN BOLTON (États-Unis) a souligné que quatre mois se sont écoulés depuis que le Conseil de sécurité a lancé un appel à l’Iran pour qu’il suspende ses programmes nucléaires. Trois mois se sont écoulés depuis qu’une offre généreuse a été présentée à l’Iran par le Groupe des Six. Ces activités diplomatiques, a-t-il aussi souligné, ont été précédées par trois années durant lesquelles l’Iran a choisi de ne pas respecter le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Témérairement, a regretté le représentant, l’Iran a lancé un défi à la communauté internationale, lequel défi exigeait une réponse vigoureuse du Conseil. Le représentant s’est donc dit heureux que le Conseil ait clairement et fermement réagi en adoptant cette résolution. La recherche nucléaire, a-t-il dit, est une menace à la paix et à la sécurité internationales et il est bon que la résolution lance un message sans équivoque et sans ambiguïté à l’Iran. Les transactions financières seront suivies de près. Il a dit attendre de l’Iran et des États Membres qu’ils agissent conformément aux obligations inscrites dans la résolution qui est la première à être adoptée à l’égard de l’Iran. Toutes les transactions financières seront suivies de près, a prévenu le représentant. La résolution, a-t-il encore dit, prouve à l’Iran que la meilleure façon de mettre fin à son isolement est de renoncerà son programme nucléaire. La recherche des armes de destruction massive le rendra moins sûr et certainement pas plus sûr. À ce stade et compte tenu de l’attitude actuelle de l’Iran, il est important que les États Membres expriment leur intention de prendre des mesures plus fermes en vue de respecter leur résolution, a conclu le représentant.
M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni) a rappelé que la prévention de la prolifération nucléaire était une responsabilité importante du Conseil de sécurité. Compte tenu de l’habitude de l’Iran de dissimuler ses activités dans ce domaine, l’AIEA n’a pas été en mesure jusqu’à présent de déterminer la nature exacte de son programme nucléaire. En outre, le pays ne s’est pas conformé aux demandes répétées de la communauté internationale et du Conseil de sécurité. Les propositions faites par le Groupe des Six donnaient pourtant à l’Iran la possibilité de reprendre un dialogue diplomatique en vue de trouver une solution négociée, propositions qui, pour l’instant, sont restées sans réponse. Celles-ci offrent en outre au pays des avantages économiques importants, par le biais notamment d’un accord de coopération avec l’Union européenne, qui reste toutefois subordonné à la suspension des activités d’enrichissement et de retraitement. La poursuite de ces activités permettrait dès lors à l’Iran de développer des matières fissiles servant à la fabrication d’armes nucléaires, un risque que le Conseil de sécurité ne peut pas prendre. Le représentant britannique s’est dit profondément déçu que l’Iran n’ait pas donné suite à ces propositions, ce qui a rendu nécessaire l’adoption de cette résolution. Il a cependant espéré que ce texte permettra de rétablir la confiance entre les parties concernées. La résolution, a-t-il précisé, rend obligatoire la suspension des activités nucléaires. Au cas où l’Iran accepterait de se conformer aux dispositions du texte, toute décision future du Conseil de sécurité serait suspendue, a conclu le représentant.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que la présente résolution reflète bien la vue générale du Conseil selon laquelle l’Iran se doit de fournir toutes les informations demandées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). L’objectif de la résolution est d’appuyer les efforts de l’Agence et en usant tout son potentiel, elle doit continuer à jouer un rôle clef pour trouver une solution au programme nucléaire iranien. Avec l’appui du Conseil, l’AIEA verra sa tâche facilitée, a prédit le représentant, qui a souligné que le texte donne un caractère obligatoire aux demandes de l’AIEA. Si l’Iran n’y répond pas, les membres du Conseil ont dit leur intention de prendre des mesures supplémentaires. La résolution découle de l’idée que toute mesure complémentaire exclut le recours à la force militaire, a prévenu le représentant, qui a souligné qu’elle appelle l’Iran à suspendre ses activités. Ce n’est pas une fin en soi, s’est-il explicité. L’Iran doit expliquer sa politique et rétablir la confiance et les membres seront prêts à s’abstenir d’autres mesures en cas de réponse satisfaisante de l’Iran. La disposition ouvrant la possibilité pour Téhéran de coopérer, de façon plus poussée, pour répondre à ses besoins énergétiques est à saluer, a conclut le représentant, en appuyant fermement les propositions du Groupe des Six et en appelant Téhéran à y répondre favorablement.
M. LIU ZHENGMIN (Chine) a regretté que l’Iran ne se soit toujours pas conformé aux requêtes du Conseil des Gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et aux appels du Conseil de sécurité. La résolution adoptée aujourd’hui demande explicitement la suspension de toutes les activités d’enrichissement et de retraitement de l’uranium, sans quoi le Conseil pourrait, en vertu de l’Article 41 de la Charte des Nations Unies, adopter des mesures appropriées pour contraindre ce pays à se conformer aux exigences de l’AIEA. Le texte souligne en outre l’importance de trouver une solution négociée par le biais des efforts diplomatiques et politiques, a poursuivi la Chine. Il reconnaît le rôle irremplaçable de l’AIEA, comme la pertinence des propositions présentées en juin par la Chine, la France, l’Allemagne, la Fédération de Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis pour rétablir les relations bilatérales et la coopération sur la base d’une confiance internationale de nature exclusivement pacifique concernant le programme nucléaire de l’Iran. Les difficultés à trouver une solution à ce problème tiennent en effet au manque de confiance entre les parties concernées. La délégation chinoise a donc exhorté l’Iran à faire preuve de modération, à attacher de l’importance aux appels de la communauté internationale, à mettre en œuvre les dispositions de la résolution 1696 (2006) et à répondre positivement aux propositions faites par le Groupe des Six, de manière à créer les conditions indispensables à la restauration de la confiance et du dialogue. La Chine a également appelé les autres parties à faire preuve d’une attitude responsable, à observer la retenue et à privilégier les efforts diplomatiques pour régler par des moyens pacifiques le conflit.
M. TUVAKO N. MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a regretté que les efforts diplomatiques aient échoué. Il a rappelé l’opposition de principe de son pays aux armes nucléaires et a appuyé le TNP, ainsi que les travaux de l’AIEA. Il est du droit de l’Iran de disposer de l’énergie nucléaire et la résolution qui vient d’être adoptée ne limite en rien ce droit, a souligné le représentant. La résolution cherche simplement à placer le programme nucléaire iranien sous le régime de vérification de l’AIEA. Il a donc déploré que l’Iran n’ait pas examiné comme il se devait les mesures incitatives du Groupe des Six. Attendant avec impatience une réaction, il a appelé toutes les parties à dûment impliquer l’Iran dans les efforts et s’est félicité que la résolution exclut le recours à la force comme option. Il a aussi espéré que la résolution ne compliquera pas la situation déjà tendue dans la région.
M. KENZO OSHIMA (Japon) a considéré que le texte adopté aujourd’hui est équilibré et donne l’aval du Conseil de sécurité à la non-prolifération dans une région importante. Nous souhaitons que l’Iran prenne au sérieux le message contenu dans la résolution, a-t-il ajouté. Le Japon, qui entretient des liens étroits avec l’Iran, a déployé des efforts pacifiques pour contribuer à trouver une solution négociée à ce problème et espère que la communauté internationale continuera à œuvrer dans cette voie.
M. CÉSAR MAYORAL (Argentine) a souligné que la résolution réaffirme le droit de tous les États Membres à développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Il a espéré qu’une solution diplomatique et négociée soit trouvée. Il a lancé un appel aux parties pour qu’elles renouent le dialogue.
M. JEAN-MARC DE LA SABLIERE (France) a affirmé que la résolution adoptée aujourd’hui a été rendue nécessaire car l’Iran n’a montré aucune disponibilité pour discuter sérieusement des propositions qui lui ont été faites par le Groupe des Six. Il n’y avait donc pas d’autre choix que de porter cette situation à l’attention du Conseil. La France a souligné que cette résolution, qui revêt un caractère d’obligation, ne signifie pas la fin des négociations. Toutefois, si l’Iran refuse de se conformer aux dispositions du texte, le Conseil de sécurité travaillera alors à l’élaboration de mesures au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Nous lançons donc un appel à l’Iran pour qu’il réponde positivement aux propositions qui lui ont été faites en juin dernier par le Groupe des Six, a insisté le représentant.
M. JAVAD ZARIF (République islamique d’Iran) a regretté que le Conseil n’ait pas daigné s’informer de la position de l’Iran avant d’adopter sa résolution. Voilà qui montre le degré de transparence et d’équité qui prévaut au Conseil, s’est-il exclamé. Ce n’est pas la première fois que les efforts d’autonomie nucléaire de l’Iran se heurtent à une résistance déterminée de certaines puissances du Conseil de sécurité. L’Iran d’aujourd’hui est victime de nombreuses injustices de la part de ces puissances. Quant le peuple iranien avait nationalisé son industrie pétrolière, ces mêmes puissances avaient déjà vilipendé cet acte, en n’épargnant aucun effort pour recouvrer leur mainmise sur la manne pétrolière. Malgré cela, le peuple de l’Iran a pu devenir pionnier dans l’exercice du droit des peuples sur leurs ressources naturelles.
Dénonçant toutes les visées obscures qui ont ensuite entouré les circonstances de la guerre entre l’Iraq et l’Iran et la complicité du Conseil de sécurité comme aujourd’hui lorsqu’il s’agit des attaques d’Israël au Moyen-Orient, le représentant a pointé le doigt sur les puissances qui ont transformé le Conseil en instrument visant à empêcher l’Iran d’exercer son droit à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. L’Iran est déterminé à exercer ce droit en tirant parti de ses propres progrès scientifiques. Étant la seule victime des armes de destruction massive de l’histoire récente, l’Iran rejette la mise au point et l’utilisation de ces armes à des fins idéologiques, a affirmé le représentant.
Pour dissiper tout doute, le représentant a rappelé que l’AIEA a été autorisée par son pays à réaliser toute une série d’inspections, au cours de ces trois dernières années. Plus de mille pages de déclarations ont été présentées qui ont bien indiqué la nature pacifique du programme nucléaire en Iran. Même en février 2006, l’AIEA a réaffirmé qu’il n’y avait aucun matériel nucléaire détourné aux fins d’armement en Iran. La Déclaration de l’AIEA, mentionnée dans la résolution, est fallacieusement invoquée. Le programme de l’Iran ne pose aucune menace à la paix et à la sécurité internationales.
Loin de refléter les préoccupations de la communauté internationale, la résolution va à l’encontre de la position de la majeure partie de cette même communauté internationale. Le Groupe des Six, avec ses prétendues mesures incitatives, demande, en fait, à l’Iran de prendre des engagements contraignants. Le fait que l’Iran ait rejeté des exigences illégales et non fondées a conduit aujourd’hui à la résolution qui viole le droit international et les dispositions de l’AIEA.
Le Conseil des gouverneurs de l’AIEA a, en effet, déclaré en 2004 puis en 2006, que la suspension est une mesure volontaire et de confiance qui n’est pas juridiquement contraignante. La seule raison pour laquelle le Conseil a statué comme il l’a fait aujourd’hui est que l’Iran a décidé de reprendre l’exercice de son droit à la technologie nucléaire à des fins pacifiques. L’Iran a le droit d’enrichir l’uranium, conformément au TNP qui maintient l’équilibre requis entre droits et obligations.
Dénonçant les politiques des « deux poids deux mesures », il a souligné que cette tendance est tellement horrible et ridicule qu’Israël a aujourd’hui l’audace de feindre la peur devant le programme nucléaire pacifique de l’Iran. Leurs alliés, les États-Unis, ont toujours essayé de refuser à l’Iran l’accès aux activités nucléaires. L’implication du Conseil n’est pas une bonne chose. Elle entrave le processus en cours car elle est conçue comme instrument de pression.
La coopération de l’Iran avec l’AIEA était plus complète jusqu’à ce que le Conseil impose la marche à suivre. Ainsi, en septembre dernier, l’AIEA a reconnu les progrès effectués. L’Iran, a poursuivi le représentant, a toujours été prêt à participer aux négociations. Le pays a, à plusieurs reprises, fait des propositions de grande portée pour ouvrir une nouvelle ère de coopération équitable, non discriminatoire et axée sur les résultats, dans le cadre d’un calendrier négocié. Or, aujourd’hui, un délai a été imposé dans l’unique but de servir les visées des États-Unis et de leurs alliés. L’Iran a, en effet, demandé trois semaines de plus pour examiner les propositions du Groupe des Six. Or, tout le monde, sauf les États-Unis, était d’accord pour dire qu’il n’y avait pas d’urgence.
À vous de juger la crédibilité du Conseil lorsque, s’agissant du Liban, aucune décision n’est prise. Quel est le mobile de cette résolution? N’est-ce que pression et coercition? s’est encore demandé le représentant iranien, avant d’assurer que son Gouvernement ne cherche pas la confrontation. Il est prêt à mener des négociations sérieuses, fondées sur le respect mutuel, et sur un pied d’égalité. En revanche, a-t-il prévenu, le peuple iranien a montré sa résilience face à la pression.
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À l’intention des organes d’information • Document non officiel