KOFI ANNAN SALUE LA « RÉVOLUTION NON GOUVERNEMENTALE » ET INVITE LA SOCIÉTÉ CIVILE À RENFORCER SON PARTENARIAT AVEC L’ONU
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59ème Conférence annuelle DPI/ONG
matin et après-midi
KOFI ANNAN SALUE LA « RÉVOLUTION NON GOUVERNEMENTALE » ET INVITE LA SOCIÉTÉ CIVILE À RENFORCER SON PARTENARIAT AVEC L’ONU
La Conférence DPI/ONG clôt les travaux de sa cinquante-neuvième session
Qualifiant les acteurs de la société civile d’« alliés essentiels » des Nations Unies, le Secrétaire général de l’ONU a appelé ceux-ci à renforcer ce partenariat. À l’occasion de la clôture de la 59ème Conférence annuelle du Département de l’information pour les organisations non gouvernementales (DPI/NGO), Kofi Annan a souligné l’influence grandissante de la société civile et s’est dit convaincu que cette « révolution non gouvernementale » serait perçue comme une des meilleures choses qui se soit produite pour l’Organisation depuis très longtemps.
Vous avez la capacité de faire avancer les choses et de dire ce que nous ne pouvons dire. Dans certains domaines, c’est vous qui êtes chefs de file et nous tentons de vous rattraper, a-t-il lancé aux représentants de la société civile réunis depuis trois jours au Siège des Nations Unies dans le cadre de cette rencontre. Le Secrétaire général a déclaré que de nombreuses réalisations ne seraient pas possibles sans la détermination et la contribution de ces acteurs, citant notamment l’adoption historique de la Convention internationale pour la protection des droits des personnes handicapées.
M. Annan a rappelé que les ONG jouaient un rôle essentiel pour mobiliser l’opinion publique mais aussi dans le processus de formulation de politiques et dans leur mise en œuvre aux niveaux national et local. Constatant l’influence croissante de la société civile, il a estimé que celle-ci s’accompagnait également d’une responsabilité et a suggéré aux organisations de renforcer leurs alliances avec l’ONU, le secteur privé, le secteur public ainsi qu’entre elles.
Lors de cette séance de clôture, Joan Kirby, Présidente du Comité exécutif DPI/NGO, a rendu hommage à Kofi Annan et à son épouse, Nane, également présente, au nom de la communauté mondiale des ONG. Elle a souligné leur appui sans faille envers les acteurs de la société civile et a qualifié leur vision de « source d’inspiration ». Enfin, Michaela Walsh, se félicitant de la forte participation à ces trois jours de débats, a rappelé que le monde ne changerait pas « si nous ne parvenons pas à changer nos cultures, et que nous ne changerons pas nos cultures sans changer nos attitudes ».
Ce matin, la 59ème Conférence a poursuivi ses débats axés autour du thème « Une tâche inachevée: constituer des partenariats efficaces pour la sécurité humaine et le développement durable ». Dans ce cadre, trois tables rondes se sont tenues parallèlement sur les thèmes suivants: « Engagement pour réduire la pauvreté extrême et la faim »; « Promouvoir le respect de la diversité culturelle dans la résolution des conflits »; « Société civile et partenariats mondiaux pour le développement ».
Cette dernière discussion a permis de souligner les liens qui unissent les Nations Unies à la communauté des ONG et la manière de renforcer ces échanges. Jan Eliasson, Président de la soixantième session de l’Assemblée générale, et Haya Rashed Al Khalifa, Présidente élue de la soixante-et-unième session de l’Assemblée générale qui débutera le 12 septembre prochain, sont tous deux intervenus pour insister sur l’importante contribution de la société civile aux activités des Nations Unies. Mme Al Khalifa a en outre souligné que les ONG avaient un rôle clef pour accélérer la mise en œuvre des engagements internationaux et a plaidé pour l’association de ces efforts à ceux de l’ONU.
Par ailleurs, dans l’après-midi, la 59ème Conférence DPI/NGO a également organisé une table ronde visant à examiner le rôle des médias et des technologies de la communication dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
La 59ème Conférence annuelle DPI/NGO a, au cours de sa session de trois jours, tenu neuf tables tondes. Les résumés des discussions du 6 et 7 septembre figurent dans les communiqués de presse parus sous les cotes ONG/603-PI/1735 et ONG/602-PI/1734.
Table ronde sur le thème: « Société civile et partenariats mondiaux pour le développement »
Cette table ronde a examiné le lien entre les Nations Unies et la communauté des ONG et les manières de rendre celui-ci plus efficace. Quel rôle les ONG peuvent-elles avoir dans le processus de prise de décisions à l’ONU? Quels sont les apports de la société civile au travail de l’ONU? Comment assurer un partenariat mondial efficace et équitable?
M. JAN ELIASSON, Président de la soixantième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a rappelé qu’il avait été témoin de l’importance du rôle des ONG alors qu’il était coordonnateur des secours d’urgence à l’ONU et s’est rendu en Somalie. Il a noté que ces organisations étaient présentes dans des villages où l’ONU n’y était pas. Les ONG sont les mieux placées pour lancer des alertes rapides et fournir des informations sur la situation sur le terrain. La communauté des ONG rappelle certaines réalités aux gouvernements, a-t-il poursuivi. Vous êtes des amis de l’ONU mais des amis qui n’hésitent pas à critiquer l’Organisation, a-t-il constaté. Il a affirmé que les ONG devraient défendre cette indépendance tout en soulignant qu’un monde solidaire était plus puissant qu’un monde où chacun fait cavalier seul.
Il a indiqué qu’il était essentiel d’examiner les manières de renforcer les relations entre les ONG et l’ONU. M. Eliasson a constaté que même si certaines administrations considéraient l’Organisation comme une instance purement intergouvernementale, la participation des ONG était maintenant généralement acceptée. Il s’est félicité de la contribution de la société civile lors de la récente Conférence sur le VIH/sida et de réunion sur la Convention internationale relative aux personnes handicapées le mois dernier. Si nous travaillons ensemble comme nous l’avons fait lors de ces réunions, nous pourrons parvenir à nos objectifs, a-t-il déclaré, en notant que la valeur de la société était évaluée par la manière dont elle traitait les personnes les plus vulnérables.
Mme HAYA RASHED AL KHALIFA, Présidente élue de la soixante et unième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a affirmé que le partenariat entre l’ONU et la société civile devait être renforcé afin de parvenir à un monde prospère pour tous. Elle a souligné les efforts déployés par la société civile en temps de crise visant à fournir une assistance humanitaire et chercher des solutions aux conflits. En temps de paix, a-t-elle ajouté, ces organisations défendent les secteurs les plus marginalisés de la société. Elle a estimé que ce rôle crucial des ONG devrait être renforcé, particulièrement dans les pays en développement.
La Présidente élue a déclaré que la détermination des ONG avait été indispensable lors de la Conférence sur le VIH/sida et l’élaboration de la Convention internationale relative aux personnes handicapées. Elle a cependant jugé essentiel de se concentrer sur la manière de tenir les promesses avant de prendre de nouveaux engagements. En outre, elle a estimé qu’il faudrait continuer à combiner les efforts de l’ONU et de la société civile pour accélérer ces mises en œuvre. Mme Al Khalifa a indiqué qu’il faudrait profiter de la diversité des expériences et utiliser les compétences et contributions de tous les acteurs, dont la société civile, afin de répondre aux ambitions des Nations Unies. Elle a enfin déclaré que lors de la soixante et unième session, elle s’emploierait à maintenir le dialogue et la coopération avec la communauté des ONG.
Mme SHAMINA DE GONZAGA, Conseillère spéciale pour les relations avec les ONG, Bureau du Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, a estimé qu’il faudrait dépasser l’antagonisme entre gouvernements et ONG. Elle a toutefois estimé qu’il y avait une évolution dans ce domaine, notamment en raison de la prise de conscience et de l’intérêt du public pour ce domaine. Par ailleurs, elle a expliqué qu’il n’existait pas de protocole strict et systématique quant au travail des ONG avec l’Assemblée générale. Rappelant que les États Membres hésitaient parfois à faire participer les ONG, elle a affirmé que cette collaboration constituait une occasion à ne pas manquer et qui n’empiétait pas sur leur droit à prendre les décisions.
Prenant à son tour la parole, M. JOE DONNELLY, Représentant auprès des Nations Unies de Caritas Internationalis et Président de la 58ème Conférence annuelle DPI/ONG, a constaté la coopération plus large de l’ONU avec les ONG depuis trois ans. Jugeant ce dialogue essentiel, il a plaidé pour des partenariats réellement mutuels et participatifs. Il faut aller au-delà des mots, a-t-il précisé, et une seule partie ne peut s’approprier le processus. Nous devons aussi être les partenaires qui sont essentiels, a-t-il lancé aux représentants des ONG. Par ailleurs, il a indiqué que le rôle des ONG était de mettre l’accent sur les obstacles quotidiens des groupes de personnes qu’elles représentent. Il a estimé que pour créer un partenariat authentique, il faudrait baser celui-ci sur le dialogue. Enfin, il a estimé que l’ONU devait être utilisée pour ce dialogue mais que cette action devait se poursuivre en dehors de ses murs.
Dans l’échange interactif qui a suivi, Mme Al Khalifa a été interrogée sur la manière de réconcilier les vues du Groupe des 77 et des pays industrialisés sur la réforme de l’ONU et sur l’aide que peut fournir les ONG dans ce domaine. Elle a ainsi affirmé que ces organisations pouvaient aider à accomplir beaucoup de choses associées à la réforme en changeant la mentalité des personnes dans les pays. Prenant en exemple sa région, le Moyen-Orient, elle a rappelé que l’interprétation de certains textes y accorde un rôle moins important aux femmes. Il faut informer et éduquer les gens et les ONG ont une position idéale auprès des gens pour faire évoluer les mentalités, a-t-elle ajouté.
Abordant la question de la contribution des jeunes aux Nations Unies soulevée par de nombreux représentants, Mme de Gonzaga a estimé que les choses évoluaient dans ce domaine mais qu’il faudrait encore dissiper certains malentendus afin d’accroître leur participation. Elle a toutefois noté que nombre de tables rondes et d’ateliers à l’ONU étaient maintenant composées d’au moins un jeune.
En réponse à une question sur la manière dont les relations entre les ONG et l’ONU, M. Donnelly a argué qu’il faudrait aller au-delà des réunions et conférences tout en continuant à s’assurer que la contribution de la société civile soit prise en compte. Il faut faire entendre la voix du terrain à l’ONU, a-t-il insisté, en suggérant aux ONG de s’organiser afin que les priorités demeurent sur la table.
Au cours de la discussion, de nombreux représentants d’ONG ont noté les obstacles auxquels les organisations font face pour accéder aux prises de décisions politiques à l’ONU, estimant qu’il faudrait élargir la cadre actuel de cette collaboration. Certains ont de plus souligné qu’il fallait dissiper l’antagonisme existant sur le terrain entre représentants des ONG et ceux des institutions des Nations Unies.
En conclusion, Mme ZOHREH TABATABAI, modératrice de cette table ronde et Directrice de la communication et de l’information de l’Organisation internationale du travail (OIT), a souligné que le partenariat entre l’ONU et les acteurs de la société civile étai6t déjà réel dans le monde entier, notamment dans le contexte des projets techniques. Elle a indiqué que la question actuelle était celle de l’accès des ONG aux différentes instances des Nations Unies, en vue de leur permettre notamment de participer à la prise de décisions. Elle a rappelé que le partenariat entre ONG et ONU n’était pas une fin en soi mais une manière de parvenir aux objectifs fixés internationalement et qu’il faudrait dans ce but le renforcer, sur une base d’égalité.
T able ronde sur le thème: « S’engager à réduire la pauvreté extrême et la faim »
Cette table ronde a été l’occasion d’examiner une partie des causes et freinant le développement de certaines régions du monde tout en soulignant des exemples concrets d’actions entreprises afin de lutter contre la pauvreté extrême et la faim.
M. DUMISANI NYONI, Directeur de l’Institut Zimele, Association rurale pour le progrès (ORAP), a affirmé que la pauvreté était due à l’échec des systèmes économiques, environnementaux ou sociaux. Il a estimé que la communauté internationale devrait aborder ces lacunes de manière intégrée afin de mettre un terme à la pauvreté extrême. Il a regretté que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ne traitent pas adéquatement ces problèmes systémiques. La société civile doit s’assurer que les OMD répondent à des spécificités locales et créent des opportunités pour améliorer les systèmes socioéconomiques, a-t-il ajouté. Selon lui, le meilleur moyen de résoudre la pauvreté et les échecs des systèmes passe par les partenariats.
M. PEDRO SANCHEZ, Directeur du « Millenium Villages Project », a indiqué que ce programme traitait des problèmes de santé, d’assainissement et d’environnement dans des villages d’Afrique et d’Amérique latine afin de parvenir aux OMD d’ici à 2015. Il a cité un de ces projets au Kenya où les chefs de village ont indiqué que les villages avaient besoin d’équipements agricoles. Après avoir fourni ces équipements, les zones de terres arables se sont développées. Lors des premières récoltes, a-t-il poursuivi, les villages ont été transformés: des emplois ont été créés, les mariages ont augmenté et l’exode rural a décliné.
M. ALVARO UMANA, Directeur de la Banque intéraméricaine de développement, a souhaité que la communauté internationale reconnaisse que beaucoup de villages parmi les plus pauvres connaissent encore une situation critique parce qu’ils ne rentrent pas dans la norme des programmes d’assistance internationaux aux pays pauvres les plus endettés. Il a suggéré que les organismes financiers et les sociétés commerciales internationales déploient plus d’imagination en vue de favoriser le développement dans les régions les plus démunies de la planète. Il a également appelé à plus d’éthique dans les dépenses des gouvernements, suggérant notamment une diminution de leur budget militaire.
M. SALIL SHETTY, Directeur de la campagne du Millénaire, a souligné l’urgence de réduire la faim et la pauvreté dans le monde à l’approche de la date que s’était fixé le MDG pour atteindre cet objectif. Désireux d’accroitre les aides et de renforcer la volonté politique, il veut que ces résultats se fassent sentir sur le terrain. Le monde a-t-il ajouté, possède les ressources et les compétences, pour éradiquer la pauvreté pour peu que les gouvernements tiennent leurs promesses.
M. Shetty a jugé nécessaire de catalyser la société civile, les ONG, les mouvements sociaux, les groupes religieux et bien d’autres encore afin de parvenir à de meilleurs résultats. La véritable ambition des Objectifs du Millénaire pour le développement ne consiste pas à faire la charité en distribuant un peu d’argent aux plus pauvres, mais bel et bien de faire entrer toute une communauté internationale dans la perspective d’un monde meilleur.
M. Umana a déclaré au sujet des zones de pauvreté des pays à revenu moyen qu’il faudrait mettre en place des politiques au plan national pour améliorer la situation, village après village. Cela nécessiterait également l’établissement d’un partenariat avec les acteurs compétents de la société civile.
Table ronde sur le thème: « Promouvoir le respect de la diversité culturelle dans la résolution des conflits »
Mme CAROL RITTNER, Professeur émérite et modératrice de la table ronde, a ouvert le débat en rappelant qu’il était utile de distinguer ce qui divise de ce qui rassemble les hommes et femmes dans la diversité des cultures, surtout en période de conflit.
Mme CAROL FRAMPTON, Directrice de l’« Institutional Learning from Search for Common Ground, a précisé qu’il était désormais impératif de tenir compte de la diversité des cultures dans le processus de résolution des conflits. « Respecter les différences, a-t-elle ajouté, est une attitude à adopter car quelquefois les activistes ont tendance à penser que l’humanité entière ne forme qu’un seul homme et que nous sommes tous pareils.
Selon elle, un bon plan de résolution de crise consiste à élaborer un premier contact, puis à repérer les éléments communs aux cultures des différents protagonistes pour ensuite s’en servir comme lien de rapprochement.Elle a cité l’exemple du Burundi où elle a effectué dans le passé une mission au cours de laquelle l’idée d’utiliser le vecteur de la musique pour apaiser la haine et rassembler les opposants avait permis de créer une radio locale. Elle a fait remarquer que le personnel de maintien de la paix commettrait une faute s’il ne s’adaptait pas à la culture du pays hôte.
M. EBOO PATEL, Directeur exécutif et fondateur de « Interfaith Youth Core »,est parti du constat actuel que le contexte mondial était très religieux. Religieux et divers, a-t-il fait remarquer. Cela étant, a-t-elle expliqué, s’il a toujours été divers, la différence est qu’aujourd’hui, il est devenu de plus en plus interactif.
Le second thème abordé a été celui de la jeunesse des populations des pays en guerre. D’une manière générale, a fait remarquer M. Patel, nous vivons dans un monde jeune. Or, il a rappelé qu’il pouvait être facile d’embrigader dans la folie religieuse fondamentaliste des enfants ou adolescents en quête d’identité. Le processus ultrareligieux se déroule en trois étapes avant de sombrer dans l’irrationnel le plus total: on ouvre le dialogue dans un premier temps, on tente de convertir ensuite et si ca ne marche pas, on tue. Il faut faire entendre, conclut M. Patel, par les programmes de paix que nous avons des valeurs universelles communes qui traversent les religions.
M. URI REGEV, Président de l’Union mondiale du judaïsme progressif, a déclaré que le religieux rassemble et distingue en même temps, bien que dans la pratique, ce ne sont pas les mêmes qui prêchent l’ouverture ou l’intolérance. Il a ainsi mis en garde contre ceux qui interprétaient les textes sacrés à des fins belliqueuses rappelant que la violence pouvait aussi être en soi, un moyen de communication redoutable.
Enfin, M. BHAI SAHIB MOHINDER SINGH, leader religieux Sikh, s’est quant à lui posé la question de l’être humain. « Qui êtes-vous? Où sont nos racines? » a-t-il lancé à l’auditoire, ce qui était une manière de nous dire que notre humanité fondait notre identité avant la religion.
Table ronde sur le thème: « Le rôle des médias et des technologies de la communication pour parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement »
Les intervenants de cette table ronde se sont interrogés sur les manières dont les médias et les technologies de la communication pourraient aider à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Parmi les idées mises de l’avant, les panélistes ont souligné l’importance de fournir les ressources nécessaires et l’espace adéquat pour la croissance de ces secteurs, partie intégrante, selon eux, du processus de développement.
M. THERRY MOSES GENESIS, haut fonctionnaire au Ministère des postes et des télécommunications au Libéria, s’est intéressé aux médias dans les situations postconflit. Il a expliqué que l’état de la presse s’était amélioré dans son pays et que les médias pouvaient maintenant s’exprimer sur tous les sujets et prenaient avantage de cette liberté. Notant que le Libéria était sur la voie de la paix et du progrès, il a indiqué que le développement des médias et des technologies de la communication avait permis une démocratie plus participative. Les médias ont amélioré la prise de conscience sur les sujets qui n’étaient pas abordés auparavant, a-t-il notamment noté. Enfin, il a estimé que les médias devaient avoir les moyens et les ressources pour développer tout leur potentiel. Il faut sensibiliser les gouvernements au fait que les médias et les technologies de la communication sont une partie intégrante du processus de développement, a-t-il conclu.
M. NALAKA GUNAWARDENE, Directeur et PDG de « Television for Education- Asia Pacific (TVEAP) », chaîne qui produit et distribue des sujets éducatifs, a expliqué que lors du tsunami, les médias à tous les niveaux –local, national et mondial- avaient joué un rôle très important. Outre l’information qu’ils rapportaient, a-t-il noté, ceux-ci sont allés au-delà de leur travail en participant aux efforts de secours et de levée de fonds notamment. Il a ainsi appelé les médias à « rester en mode tsunami » afin de contribuer de manière plus importante à la lutte contre la pauvreté. Il faut rester dans cette perspective jusqu’en 2015, a-t-il insisté. De plus, il a proposé que les chaînes devraient libérer les droits d’auteurs en ce qui concerne les images de pauvreté ou celles liées aux catastrophes environnementales afin que celles-ci puissent être utilisées plus largement, par les éducateurs entre autres, pour changer les comportement.
M. OSCAR A. AVALLE, Représentant spécial auprès des Nations Unies de la Banque mondiale, a insisté sur la gestion et la diffusion de l’information pouvant aider la lutte contre la pauvreté. Il ne faut pas oublier qui sont les cibles et les clients de cette information, a-t-il précisé. Il a par exemple affirmé qu’il faudrait s’assurer que l’information sur les prix de certains produits soit accessible aux fermiers qui en font le commerce. Il s’est félicité du rôle de la téléphonie mobile, notant entre autres que le partage de minutes par plusieurs personnes dans certains villages d’Amérique latine constituait un outil de lutte contre la pauvreté. Quant à l’usage d’Internet, il a estimé que le nombre croissant de jeunes dans les pays en développement créerait une révolution car ceux-ci sauraient comment se servir de cet outil. L’information va ainsi devenir un bien commun qui servira la lutte contre la pauvreté notamment, a-t-il argué tout en plaidant pour améliorer les possibilités d’accès pour tous à l’Internet.
M. SARBULAND KHAN, Directeur exécutif de l’Alliance mondiale pour les technologies de l’information et de la communication (TIC) en faveur du développement, a affirmé que sans une amélioration de la coopération de toutes les parties prenantes avec les médias et les acteurs des TIC, nous ne parviendrons pas aux OMD au niveau national ou mondial. Dans ce cadre, il a souhaité que les rôles traditionnels soient revus. Le gouvernement doit dépasser le simple cadre juridique, le secteur privé doit prendre en compte sa responsabilité sociale, et la société civile doit-elle dépasser son rôle de contrôle afin de contribuer véritablement au développement, a-t-il expliqué. Il a suggéré la création de réseaux entre ces acteurs qui permettraient de mobiliser des ressources et les personnes en faveur du développement.
Mme REBECCA MACKINNON, du Centre Berkman pour l’Internet et la société de la Harvard Law School, a centré son intervention sur le rôle de l’Internet. Elle a estimé que les personnes ayant accès à cet outil et à d’autres technologies n’attendaient plus les nouvelles de la part des journalistes. Ils prennent les choses entre leurs mains et disent eux-mêmes ce qui se passe en présentant leur propre perspective à travers des blogs –des chroniques sur le Web- par exemple, a-t-elle indiqué. Elle a toutefois remarqué que le problème de l’inégalité entre les médias persistait: les flux d’informations vont principalement du monde développé vers le monde en développement et l’ordre du jour mondial est dominé par des voies occidentales. Enfin, elle a souligné les problèmes de censures sur Internet dans certains pays, comme la Chine, qui empêchent l’accès à l’information.
Une première question a été lancée à Mme Mackinnon sur les médias: vont-ils réussir à se servir des blogs ou les blogs vont-ils remplacer les medias?
À cette question, Mme Mackinnon répond que les médias sont avant tout des instruments de diffusion intelligents qui peuvent aider à la compréhension de l’actualité. Il faut cependant qu’ils aient une certaine fiabilité. Beaucoup d’information ne veut pas dire bonne compréhension, il faut savoir nager dans ce bain d’information.
Les intervenants se sont tour à tour interrogés sur l’ampleur des blogs. Il y a des blogs qui travaillent main dans la main avec les médias et d’autres qui font concurrence aux journalistes. Les « blogueurs » arrivent en général à réunir les opinions dans des plates-formes. Ce mouvement pionnier possède déjà un véritable pouvoir de diffusion de par le monde.
M. Avalle a pour sa part évoqué les avantages de l’Internet qui semblent à ses yeux tellement grands qu’ils peuvent ouvrir des portes de salut à beaucoup, et constituent une véritable chance de sortir de la pauvreté.
Pour M. Moses, l’information est un mot qui englobe toute une gamme de possibilités en termes de médias. Comment par exemple se fier aux informations du Web? En les vérifiant avec des encyclopédies par exemple, a-t-il répondu.
Enfin, pour M. Gunawardene, se faire entendre de tous ne se résume pas à la solution informatique. Il ne faut pas, a-t-il conclu, se laisser éblouir par les gadgets qui sont un moyen, et non pas une finalité.
Déclaration de clôture
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que si son travail quotidien impliquait des contacts avec les gouvernements, beaucoup de réalisations des Nations Unies avaient été rendues possibles grâce à l’appui et la contribution de la société civile. Il s’est félicité que les relations entre l’ONU et la société civile se soient approfondies et élargies au cours de la dernière décennie.
Notre relation est une relation de partenaires forts pour le développement, a-t-il fait valoir qualifiant les ONG d’« alliés essentiels » pour les Nations Unies, non seulement pour mobiliser l’opinion publique mais aussi dans le processus de formulation de politiques et dans leur mise en œuvre au niveau national et au niveau des communautés. Il a affirmé que la société civile s’était remarquablement accrue et que son leadership avait été essentiel dans des domaines où les gouvernements avaient été incapables ou n’avaient pas voulu agir.
Il a noté que, depuis le Sommet de la terre de 1992, la société civile avait laissé sa marque sur une série de conférences mondiales sur des sujets aussi importants que l’environnement, les droits de l’homme, la pauvreté ou la promotion de la femme. Vous avez fait entendre votre voix, a-t-il poursuivi, et vous avez fait sentir votre influence. Il a déclaré que la « révolution mondiale des ONG », une révolution menée par les citoyens du monde, avait aidé à progresser l’ordre du jour international, notamment en ce qui concerne la dette, les maladies, la bonne gouvernance ou les droits de l’homme. De plus en plus, a poursuivi le Secrétaire général, ce sont des groupes volontaires comme les vôtres qui sont à l’initiative d’actions pour améliorer les conditions humaines.
Vos réalisations sont impressionnantes, a-t-il lancé aux représentants de la société civile, rappelant que cette année, son rôle avait été important dans l’établissement du nouveau Conseil des droits de l’homme et dans l’accord des États Membres sur la Convention internationale des droits des personnes handicapées, le mois dernier. Le Secrétaire général s’est dit convaincu que sans la détermination et l’engagement des organisations de défense des droits des personnes handicapées, cette Convention n’aurait peut-être jamais vu le jour.
Vous avez la capacité de faire avancer les choses et de dire ce que nous ne pouvons dire. Dans certains domaines, c’est vous qui êtes chef de file et nous tentons de vous rattraper, a-t-il fait remarquer. Toutefois, il a souligné que si les ONG exerçaient une influence croissante, ils devraient la manier avec responsabilité. Il faut renforcer les alliances –avec l’ONU, le secteur privé, le secteur public et entre vous pour optimiser votre impact, a-t-il suggéré aux participants de la Conférence. Insistant sur les nombreuses possibilités pour renforcer les liens entre l’ONU et la société civile, il s’est dit convaincu que les Nations Unies salueraient cette « révolution non gouvernementale, pouvoir des citoyens du monde » comme une des meilleures choses qui se soit produite pour l’Organisation depuis très longtemps.
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