L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE RÉAFFIRME SON APPUI RÉSOLU À L’AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE
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matin & après-midi
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE RÉAFFIRME SON APPUI RÉSOLU À L’AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE
Mémoire de l’Holocauste: les leçons des horreurs de cette tragédie sont universelles, affirme Israël
L’Assemblée générale a réaffirmé, aujourd’hui, son appui résolu à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et s’est félicitée du fait que le prix Nobel lui ait été décerné ainsi qu’à son Directeur général, Mohamed ElBaradei, venu présenter le rapport annuel de l’Agence. L’Assemblée générale a également entamé un débat sur la Mémoire de l’Holocauste auquel ont participé plusieurs Ministres des affaires étrangères.
À l’issue d’un débat sur le rapport annuel de l’AIEA, l’Assemblée générale a adopté par 137 voix contre une (République populaire démocratique de Corée) une résolution1 soulignant le « rôle indispensable » de l’AIEA dans la promotion et le soutien à la mise au point et l’application pratique de l’énergie atomique à des fins pacifiques, dans le transfert de technologie aux pays en développement et la sûreté, la vérification et la sécurité nucléaires.
En présentant son rapport, M. ElBaradei a fait le point sur les trois piliers des activités de l’AIEA que sont la technologie, la sûreté, la sécurité et, enfin, la vérification. Le nouveau prix Nobel de la paix a reconnu que si l’AIEA avait enregistré un certain nombre de progrès, elle avait également enregistré des reculs dans le domaine de la vérification nucléaire. La reprise des inspections en Iraq en 2002, l’interruption des inspections en République populaire démocratique de Corée, plus récemment nos enquêtes sur les programmes nucléaires clandestins en Jamahiriya arabe libyenne et en Iran, la découverte de réseaux d’achats illicites d’armes nucléaires et l’absence d’accords lors de la Conférence sur le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) de 2005, ont illustré une série de nouveaux défis menaçant les régimes de non-prolifération et de contrôle des armements. Le système de vérification a été renforcé, notamment grâce à l’introduction d’images par satellites. Pour faire face à ces défis, nous avons maintenu notre intégrité et notre indépendance ce qui a renforcé notre crédibilité, a souligné le Directeur qui s’est par ailleurs félicité de l’amélioration de l’image publique de l’Agence ces quatre dernières années
Le représentant du Japon, qui présentait le projet de résolution, a rappelé que celui-ci dressait la liste des résolutions pertinentes et des décisions adoptées par la Conférence générale lors de sa 49e session, qui s’est tenue à Vienne du 26 au 30 septembre 2005.
L’Assemblée générale a également entamé un débat sur la Mémoire de l’Holocauste au cours duquel le représentant israélien a déclaré que si cette tentative barbare et systématique pour éliminer un peuple entier à une échelle sans parallèle dans l’Histoire avait été une tragédie unique pour le peuple juif, ses leçons demeuraient universelles. L’ONU, a-t-il dit, a la responsabilité particulière de veiller à ce que les leçons de l’Holocauste perdurent. Pour qu’un crime analogue au génocide ne se reproduise pas dans l’avenir, la flamme de la mémoire ne doit pas s’éteindre, a dit le Ministre français des affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy.
Le délégué des États-Unis a estimé pour sa part que lorsqu’un Président ou un État Membre pouvait effrontément appeler à un deuxième Holocauste en suggérant qu’Israël, la patrie des Juifs, soit rayée de la surface de la terre, cela signifiait que les leçons du passé n’avaient pas été apprises. Pour le représentant de l’Allemagne, le génocide n’est pas seulement une question de meurtre de masse. Ses racines, a-t-il dit, se trouvent dans les paroles, les idées politiques, la déshumanisation des adversaires politiques, l’appel à l’annihilation et le déni des droits à certains groupes humains.
Par ailleurs, l’Assemblée générale a adopté sans vote, et telle que modifiée oralement, une résolution2 par laquelle elle décide qu’à compter de la soixantième session, le point intitulé « La situation en Amérique centrale: progrès accomplis vers la constitution d’une région de paix, de liberté, de démocratie et de développement » restera inscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée en vue d’être examiné sur notification d’un État Membre.
Dans une autre résolution3, adoptée également sans vote, elle a décidé de différer l’examen de la question intitulée « Zone de paix et de coopération dans l’Atlantique Sud » ainsi que du rapport du Secrétaire général et d’inscrire cette question à l’ordre du jour provisoire de sa 61e session.
L’Assemblée a également décidé d’inscrire un nouveau point à l’ordre du jour de cette session intitulé « Octroi du statut d’observateur à la Conférence ibéro-américaine ». La Sixième Commission chargée des questions juridiques s’est vue confier cette question. Cette conférence, dont l’objectif est de contribuer au renforcement de la communauté ibéro-américaine et de lui assurer un rayonnement international, a été créée lors du premier Sommet ibéro-américain des chefs d’État et de gouvernement, tenu à Guadalajara (Mexique), en 1991.
Enfin, le Président de l’Assemblée générale, Jan Eliasson (Suède), a exprimé sa sympathie aux proches des victimes de l’attaque terroriste qui a eu lieu la semaine dernière en Inde. Le représentant de l’Inde, qui l’a remercié, a affirmé que son Gouvernement était très déterminé à poursuivre la lutte contre le terrorisme.
Ont pris la parole aujourd’hui au cours des débats successifs: les Ministres des affaires étrangères du Danemark, de la France, de la Roumanie et le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie; ainsi que les représentants des pays suivants: Japon, Égypte (au nom des États arabes), Royaume-Uni (au nom de l’Union européenne), Uruguay (au nom du Mercosur), Pakistan, Malaisie, Soudan, Inde, Ukraine, Nigéria, Chine, Bangladesh, Bélarus, Indonésie, Singapour, Iraq, Venezuela, Fédération de Russie, République de Corée, République islamique d’Iran, Arménie, Cuba, République populaire démocratique de Corée, Nicaragua (au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale), Bahamas (au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Norvège, Israël, États-Unis, Australie (au nom du Groupe CANZ), Pologne et Allemagne.
L’Assemblée générale poursuivra son débat demain à 9h30.
1. Projet de résolution publié sous la cote A/60/L.13
2. Projet de résolution publié sous la cote A/60/L.14
3. Projet de résolution publié sous la cote A/60/L.11
RAPPORT DE L’AGENCE INTERNATIONALE DE L’ÉNERGIE ATOMIQUE
Déclarations
Le Président de la soixantième session de l’Assemblée générale, M. JAN ELIASSON (Suède) a félicité M. ElBaradei et l’AIEA pour le prix Nobel de la paix qui leur a été décerné en 2005. À ses yeux, l’attribution de ce prix à l’Agence et à son Directeur général, est un message d’encouragement pour tout le système des Nations Unies et le multilatéralisme. Le Président de l’Assemblée a rappelé que l’AIEA avait été créée pour encourager l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, au bénéfice de l’humanité tout entière tout en œuvrant pour en prévenir l’usage à des fins militaires. Au fil des années, l’AIEA s’est adaptée à de nouvelles circonstances et son mandat comprend désormais la vérification, la sécurité, la sûreté et l’utilisation pacifique de la science et la technologie nucléaire. Depuis 2001, l’AIEA accorde une grande attention à la protection contre le terrorisme nucléaire et au risque d’attaque contre des installations nucléaires. L’Agence a été, ces dernières années, à l’avant-garde des efforts internationaux pour adapter le régime de non-prolifération afin qu’il réponde mieux aux nouveaux défis tels que celui posé par l’émergence d’un marché noir ou encore la demande croissante des technologies du cycle du combustible. En conclusion, l’intervenant a salué les travaux de l’AIEA qui contribuent à construire un monde plus sûr pour tous.
M. MOHAMED ELBARADEI, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), présentant le rapport d’activité de l’Agence couvrant la période du 1er janvier au 31 décembre 2004, a remarqué que 2005 représentait une année particulièrement importante pour la communauté internationale parce qu’elle marquait le 100e anniversaire des débuts des travaux d’Albert Einstein sur l’atome et le 60e anniversaire des attaques sur Hiroshima et Nagasaki, premier et seul usage des armes nucléaires dans l’Histoire. Le nouveau prix Nobel de la paix 2005 a fait ensuite le point sur les trois piliers des activités de l’AIEA que sont la technologie, la sûreté et sécurité et, enfin, la vérification.
En matière technologique, il a souligné qu’il y a avait eu ces dernières années une augmentation considérable de l’énergie électronucléaire, en particulier en Asie et en Europe de l’Est qui comptaient, à la fin 2004, 22 des 24 centrales nucléaires en construction dans le monde. Faisant état des progrès de l’utilisation du nucléaire dans le secteur de la santé, il a indiqué que le Programme d’action pour la cancérothérapie de l’Agence visait à assister les pays en développement à faire face au cancer. De même, l’utilisation des isotopes et de la radiation dans le domaine de l’agriculture a permis de produire de plus en plus de résultats positifs, notamment au Pérou.
Le Directeur s’est par ailleurs félicité des pas significatifs accomplis sur plusieurs fronts dans le secteur d’activité de la sûreté et la sécurité nucléaires. Les normes de sûreté de l’AIEA sont mondialement de plus en plus acceptées comme éléments de protection des personnes et de l’environnement dans la lutte contre les accidents et les radiations nucléaires, a-t-il observé tout en encourageant tous les pays à tirer profits de l’expérience de l’Agence. Se félicitant également de la Convention internationale sur la répression des actes de terrorisme nucléaire, adoptée par l’Assemblée générale en avril 2005, M. ElBaradei a demandé à tous les États de mettre en œuvre promptement ses dispositions ainsi notamment que celles de la résolution 1540 du Conseil de sécurité, adoptée en 2004. Il a noté qu’un Fonds sur la sécurité nucléaire avait été établi et que, ces quatre dernières années, l’Agence avait conduit plus de 100 missions sur le terrain, formé environ 1 500 personnes de toutes les régions du monde dans le secteur de la prévention du terrorisme nucléaire et radiologique.
Enfin, le Directeur a reconnu que l’AIEA avait enregistré un certain nombre de progrès, mais également de reculs dans le domaine de la vérification nucléaire. La reprise des inspections en Iraq en 2002, l’interruption des inspections en République populaire démocratique de Corée, plus récemment nos enquêtes sur les programmes nucléaires clandestins en Jamahiriya arabe libyenne et en Iran, la découverte de réseaux d’achats illicites d’armes nucléaires et l’absence d’accords lors de la Conférence sur le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) de 2005, ont illustré une série de nouveaux défis menaçant les régimes de non-prolifération et de contrôle des armements. Le système de vérification a été renforcé, notamment grâce à l’introduction d’images par satellites. Pour faire face à ces défis, nous avons maintenu notre intégrité et notre indépendance ce qui a renforcé notre crédibilité, a souligné le Directeur qui s’est par ailleurs félicité de l’amélioration de l’image publique de l’Agence ces quatre dernières années.
Saluant enfin la capacité d’anticipation et de réponse aux changements de l’AIEA, sa détermination à promouvoir l’utilisation pacifique du nucléaire selon les priorités et les besoins des pays, le prix Nobel de la paix a conclu son intervention en appelant à la collaboration de tous les États Membres aux activités de l’Agence qu’il dirige depuis huit ans.
M. YUKIYA AMANO (Japon), qui, en tant que Président du Conseil des gouverneurs de l’AIEA présentait le projet de résolution A/60/L.13 sur le rapport de l’Agence, a souligné que le texte reconnaissait le travail de l’AIEA et constituait le moyen par lequel l’Assemblée générale prend note du rapport annuel du Directeur général, ainsi que des résolutions et des décisions adoptées par la Conférence générale. Le projet de résolution dresse ainsi la liste des résolutions pertinentes et des décisions adoptées par la Conférence générale lors de sa 49e session, qui s’est tenue à Vienne du 26 au 30 septembre 2005. Fait nouveau par rapport aux deux précédentes années, le projet de résolution fait référence à l’attribution du prix Nobel de la paix à M. ElBaradei et à l’AIEA. Par ce projet de résolution, l’Assemblée générale se féliciterait également de la résolution approuvant la nomination de M. ElBaradei au poste de Directeur général pour un troisième mandat de quatre ans.
M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ (Égypte), qui s’exprimait au nom des États arabes, a affirmé que ceux-ci demeuraient conscients du rôle précieux que jouait l’AIEA pour la paix et la sécurité internationales. La coopération technique et l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire représentent les activités les plus importantes de l’Agence, a-t-il souligné. L’intervenant a indiqué que les pays arabes remerciaient l’AIEA pour ses efforts permettant la mise au point de stratégies en faveur du développement. Il a réaffirmé la position des États arabes selon laquelle le financement de l’Agence dans le domaine de la coopération technique et des transferts technologiques doit être accrue. De même, il a réaffirmé l’appui des États arabes à la stratégie de l’Agence visant à se consacrer aux projets particulièrement rentables économiquement. L’Agence a un rôle à jouer dans le domaine de la vérification, a-t-il également dit, estimant cependant que l’efficacité de ce cadre était impossible à tenir sans l’universalité de ses principaux éléments. Les carences concernant l’universalité de ces normes contribuent au danger de la prolifération nucléaire, a-t-il ajouté. Selon lui, l’AIEA doit s’efforcer d’universaliser ces garanties, tous les pays, sans exception, devant faire partie de ce système.
Les États arabes ont tous pris des initiatives pour lutter contre les dangers de la prolifération nucléaire, a-t-il souligné, assurant qu’ils avaient demandé depuis longtemps la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Il est regrettable, a-t-il considéré, qu’Israël ne manifeste aucune intention de faire face à la question de la non-prolifération nucléaire au Moyen-Orient, ceci ayant un impact négatif sur les efforts entrepris. Cette situation impose une responsabilité double à la communauté internationale pour éloigner tout danger de prolifération nucléaire et imposer le système de garanties au Moyen-Orient, a-t-il poursuivi. Soutenant toutes les activités de l’AIEA, le représentant a affirmé que les installations nucléaires des États arabes, dans leur totalité, relevaient du cadre du système de garanties de l’AIEA. Il est urgent d’appuyer les activités et programmes de l’AIEA pour protéger les matières et les installations contre le terrorisme, a-t-il également souligné.
Prenant la parole au nom de l’Union européenne, M. ADAM THOMSON (Royaume-Uni) a espéré que le projet de résolution sur le rapport de l’AIEA serait adopté par consensus. Il a affirmé que l’attachement de l’Union au Traité de non-prolifération nucléaire avait été renforcé par la décevante Conférence d’examen du Traité, ainsi que par l’incapacité à parvenir à un consensus sur les questions de non-prolifération et de désarmement lors du Sommet mondial de septembre. L’Union considère qu’un régime universel de non-prolifération, doté de fortes garanties, est indispensable à la sécurité collective. L’universalisation du Traité est donc cruciale, a-t-il déclaré, appelant les États non encore parties au Traité à le ratifier en tant qu’États non nucléaires. Il a ensuite estimé que le système de garanties internationales de l’AIEA était essentiel pour prévenir le détournement de matières nucléaires à des fins militaires. Ce système doit recevoir le financement nécessaire, a-t-il précisé. Il a ensuite appelé à l’universalisation des Accords globaux de garanties et des Protocoles additionnels, notamment pour permettre à l’AIEA de détecter du matériel ou des activités nucléaires non déclarés ou pour s’assurer qu’il n’y en a pas.
M. Thomson a ensuite rappelé la nécessité pour tous les États de se conformer au TNP. La sécurité nucléaire est une responsabilité nationale mais la coopération internationale est indispensable, a-t-il souligné, avant d’appeler tous les États à ratifier la Convention sur la protection physique des matières nucléaires. Enfin, il a déclaré que qu’il fallait empêcher les terroristes d’acquérir des armes nucléaires, soulignant l’intérêt d’une coopération entre l’AIEA et le Conseil de sécurité en la matière. De même, il a salué le travail effectué par l’Agence et par les États Membres pour lutter contre le trafic illicite nucléaire. Dans un monde interdépendant, nous devons assurer notre sécurité mais aussi celle des autres et nous devons permettre à tous d’accéder aux bénéfices des technologies nucléaires, a-t-il conclu.
M. ENRIQUE LOEDEL (Uruguay), s’exprimant au nom des pays du Mercosur, a réitéré leur attachement plein et entier, ainsi qu’actif et permanent aux objectifs de la communauté internationale en faveur de la non-prolifération, du désarmement nucléaire et de la promotion des utilisations de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, assorti du droit octroyé à chaque État d’entreprendre et de poursuivre le développement de la recherche, de la production et de l’exploitation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. À cet égard, il a rappelé que le développement harmonieux de l’énergie nucléaire ne saurait se faire sans l’instauration d’un climat de confiance mutuelle, fondé sur la transparence totale en matière des stratégies adoptées, et a préconisé que le Mercosur et les nations associées devaient mettre en place des mécanismes de vérification solides et efficaces.
Il a ensuite énuméré les apports fondamentaux de l’énergie nucléaire, non seulement en tant que source d’énergie propre, mais également dans les secteurs de la santé humaine, de l’agriculture, de l’industrie, de la conservation des aliments, du dessalement des eaux et autres applications pacifiques, dont l’importance a été étayée par l’allocation et la ventilation de fonds appréciables à ces mêmes secteurs. Au niveau local, il a fait mention de la coopération qui s’était établie entre l’Argentine et le Brésil par le biais de l’établissement de paramètres communs de responsabilisation et de suivi en matière du régime de garanties. Enfin, il s’est félicité de l’attribution du prix Nobel de la paix à l’Agence et à son Président au regard de leur œuvre inlassable.
M. AIZAZ AHMAD CHAUDHRY (Pakistan) a d’abord noté le rôle croissant de l’énergie nucléaire en matière d’approvisionnement d’énergie aux fins de la croissance économique durable alliée aux soucis de protection de l’environnement. Il a également évoqué le fait que 60% des nouveaux réacteurs nucléaires dans le monde étaient construits dans les pays en développement, et a souligné le rôle d’autant plus important de l’Agence internationale de l’énergie atomique en matière de transfert de technologies accompli dans un environnement assurant sûreté et sécurité. Il a par ailleurs loué le programme de coopération technique de l’AIEA dont son pays bénéficiait et qui proposait entraînement, services d’experts et organisation de séminaires et d’ateliers. Il a précisé que du fait de sa rapide croissance –de l’ordre de 8,4% en 2004–, le Pakistan avait lancé un « Plan sécurité et énergie » étalé sur 25 ans, et qu’il envisageait l’importation de centrales nucléaires ainsi que d’autres technologies nucléaires pertinentes. Il a indiqué que vu le respect de son pays pour le régime de garanties, il s’attendait à ce que la communauté internationale fasse preuve de soutien et de coopération afin qu’il puisse faire face à ses besoins énergétiques. Il a rappelé l’apport de son propre pays avec la construction d’une usine nucléaire de dessalement, d’un centre d’irradiation de produits agricoles, et l’exploitation de 13 centres de médecine nucléaire et oncologique, permettant de traiter plus d’un tiers d’un million de patients par an.
Il a ensuite évoqué l’adhésion du Pakistan à la Convention de 1979 sur la protection physique des matières nucléaires (CPPMN); ainsi qu’à la lutte contre les réseaux clandestins de trafic illicite de matière nucléaires, le renforcement de mesures sécuritaires visant à prévenir la survenue de sabotage ou d’actes malveillants et la promulgation par le Parlement pakistanais d’une nouvelle législation interdisant le détournement de produits et de technologies contrôlés, et couvrant l’exportation, le transit, l’obtention de licences, la tenue de registres, la mise en place de listes de contrôle sur les interdictions et prévoyant des provisions punitives allant jusqu’à 14 ans d’emprisonnement, assorti de lourdes amendes. Enfin, l’intervenant a exhorté l’AIEA à préserver son caractère technique et à éviter la politisation de son ordre du jour; à renforcer ses activités de coopération technique en matière d’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques avec les pays en développement; à allouer des fonds élargis et fiables aux activités de transfert de technologies et d’entraînement en faveur des pays en développement; à renforcer la participation des pays en développement en matière de conception et de mise en œuvre des projets de coopération technique, alliée à une sous-traitance élargie aux États Membres en développement.
M. HAMIDON ALI (Malaisie) a estimé que l’énergie atomique est un vecteur vers le développement durable et a réaffirmé son soutien à l’AIEA et à son Programme technique de coopération pour lequel elle est à la fois donateur et bénéficiaire. M. Ali a ensuite considéré que la menace la plus grave à la sécurité mondiale était la prolifération des armes de destruction massive. Dès lors, il a appelé les pays détenteurs de l’arme nucléaire à honorer les obligations qui leur incombent au titre du TNP et de poursuivre les efforts réalisés en 2000 vers la mise en œuvre du désarmement voir l’élimination totale des armes nucléaires. À cet égard, la Malaisie regrette que la Conférence de 2005 sur le TNP n’ait pas trouvé un consensus final sur les problèmes importants. M. Ali a ensuite déclaré que les États détenteurs de l’arme nucléaire ne devaient pas considérer l’extension du TNP en 1995 comme une carte blanche leur permettant de conserver leurs arsenaux. En outre, la Malaisie salue le renforcement et l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires.
M. Ali a par ailleurs condamné le terrorisme et fait valoir qu’il avait signé en septembre 2005 la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire avant de saluer la mise en œuvre du Protocole additionnel sur l’Accord entre la Malaisie et le Conseil des gouverneurs de l’AIEA. Insistant sur les principes d’équité et de non-discrimination, la Malaisie réaffirme l’article IV du TNP qui permet de garantir aux États Membres le droit inaliénable à la recherche, à la production et à l’utilisation pacifiques de l’arme nucléaire. Par ailleurs, en tant que membre du Mouvement des non-alignés et du Groupe des 77, la Malaisie renouvelle sa confiance en l’AIEA pour toutes ses missions. Enfin, en ce qui concerne le projet de résolution de l’Assemblée générale, M. Ali a souligné que son pays soutient le texte qu’il considère purement procédural. Il a souhaité que les États Membres évitent de rouvrir les questions qui ont fait le consensus lors d la 49e Conférence annuelle de l’AIEA. Si le texte est adopté par consensus, la Malaisie se portera coauteur.
M. MOHAMED ABDELMANNAN (Soudan) a affirmé que la région du Moyen-Orient était au bord du gouffre car Israël monopolisait les armes nucléaires et refusait d’adhérer au Traité de non-prolifération nucléaire. La communauté internationale doit prendre toutes les mesures nécessaires afin qu’Israël abandonne ses armes nucléaires et accepte d’adhérer au Traité de non-prolifération nucléaire, a-t-il souligné. Le représentant a également déclaré que son pays soutenait avec force le droit de l’Iran de bénéficier des avantages d’un programme nucléaire civil, et ce, dans le cadre permis par le Traité. Il a appelé l’Union européenne et l’Iran à poursuivre leurs efforts en vue de donner au programme nucléaire iranien crédibilité et transparence. Il a conclu en réitérant l’approbation de sa délégation du rapport de l’AIEA et son soutien au projet de résolution concernant ce rapport.
M. SITARAM YECHURY (Inde) a estimé qu’il était important que l’AIEA, dont l’Inde est un membre fondateur, poursuive ses travaux de manière impartiale. Il a noté ensuite les carences du TNP, affirmant que cet instrument est discriminatoire. Nous ne voulons pas que les États Membres utilisent les organes techniques pour appliquer leur politique étrangère par d’autres voies, parce que ceci est contraire à la Charte de l’ONU, de même que nous ne voulons pas que son Conseil de sécurité s’arroge des pouvoirs judiciaires et législatifs parce que tel n’est pas son mandat au terme de la Charte, a insisté le représentant indien. Il a également présenté la situation de son pays qui, avec un sixième de la population mondiale, doit faire à une consommation croissante d’électricité. Gros producteur d’électricité, l’Inde a eu pour option inévitable l’énergie nucléaire et a mis en place à cet effet un Programme autochtone de production de l’énergie nucléaire, sur la base attendue d’une coopération internationale civile et militaire. Pays responsable doté d’une technologie nucléaire avancée développée de façon autochtone, l’Inde participe et continuera à collaborer aux activités de l’AIEA, a-t-il conclu.
M. VICTOR KRYZHANIVSKY (Ukraine) a estimé que la non-prolifération nucléaire et le désarmement ne pouvaient être envisagés séparément, et que tous les efforts devaient viser à réduire la menace nucléaire. Il a donc jugé regrettable que la Conférence d’examen du traité de non-prolifération nucléaire de 2005 ne soit pas parvenue à un résultat substantiel. Le rôle de ce traité est pourtant irremplaçable et il faut renforcer son régime, a estimé M. Kryzhanivsky. Il a ensuite rappelé la menace que constitue le terrorisme nucléaire et il a souligné le rôle clef joué par l’AIEA dans l’amélioration et la mise en œuvre du système de sécurité nucléaire mondial, et dans la mise en œuvre des règles de sécurité, notamment pour prévenir le détournement de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire a des fins militaires. Estimant que des efforts concertés étaient nécessaires pour prendre en compte les nouveaux risques de prolifération, il s’est félicité de la création d’un Comité des garanties et de la vérification, auquel l’Ukraine est prête à participer. Elle soutient également les mesures envisagées par le Protocole additionnel et se prépare à le ratifier dans l’année.
Évoquant la question non résolue du respect des dispositions, M. Kryzhanivsky s’est félicité que les pourparlers à six pays soient parvenus à une déclaration commune concernant la péninsule coréenne. Par ailleurs, l’Ukraine reconnaît le droit de l’Iran à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, mais elle soutient aussi les efforts de l’AIEA pour obtenir des garanties concernant la nature pacifique du programme nucléaire de ce pays, qui doit coopérer pleinement avec l’Agence. Rappelant ensuite que 2006 marquerait le 20e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, il a jugé utile d’étudier l’efficacité des mesures prises à l’époque et de mesurer le travail effectué afin d’élaborer un plan d’action pour l’avenir. M. Kryzhanivsky a salué le travail de l’AIEA sur cette question et son rapport sur « l’héritage de Tchernobyl ». Il a remercié le Directeur de l’Agence pour avoir appelé à la création d’un Forum de Tchernobyl, rappelant que l’Ukraine organiserait en avril 2006 une conférence internationale sur le sujet.
M. BIODUN OWOSENI (Nigéria) a d’abord félicité le Directeur général de l’AIEA sur l’obtention du prix Nobel de la paix, déclarant que cette récompense représentait un hommage à la crédibilité et aux réalisations de l’Agence en matière de non-prolifération et d’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. Il a indiqué que le Gouvernement de son pays demeurait acquis aux trois piliers de l’agence, nommément l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques ainsi que les principes de garanties et de vérification. Il a précisé qu’en tant que pays en développement, le Nigéria attachait une grande importance aux travaux scientifiques et techniques menés par l’Agence en matière de transfert des applications pacifiques de l’énergie nucléaire, notamment dans les secteurs de l’énergie, de la santé, de l’agriculture, de la gestion des ressources d’eau et de la défense de l’environnement. Il a évoqué l’intérêt de l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins de production d’énergie électrique afin de faire face à la pénurie dans ce secteur et afin de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement au regard de l’éradication de la pauvreté et de la faim.
L’intervenant a noté que son pays avait instauré une législation et un cadre réglementaire afin de garantir –en toute transparence- la sûreté et sécurité des mesures de protection physique adoptées. Il a rappelé les applications médicales du nucléaire en matière du traitement des cancers, l’accroissement des rendements agricoles, les techniques d’assainissement et de dessalement de l’eau, la lutte contre la mouche tsé-tsé et l’adoption des techniques de stérilisation en masse des mouches, à savoir un ensemble de facteurs qui ne pouvait que favoriser le développement socioéconomique de son pays. Il a ensuite déploré l’échec de la Conférence sur la non prolifération de mai 2005, ainsi que la prolifération tant horizontale que verticale des armes nucléaires, l’accumulation des arsenaux nucléaires et le développement de nouvelles armes étant incompatibles avec le principe même de non-prolifération; il s’est montré préoccupé par le rapport de l’AIEA sur le trafic illicite de matières nucléaires et autres matières radioactives, notamment d’incidents concernant des mouvements transfrontaliers d’armes à uranium enrichi ou à plutonium, et a appelé à une vigilance renforcée de l’AIEA et de la communauté internationale afin d’éviter leur utilisation à des fins terroristes. Enfin, il a exhorté l’Agence à embaucher du personnel qui soit plus représentatif des États Membres, y compris d’augmenter le nombre de femmes, et ce, pour des postes à tous les niveaux, tant scientifique que du point de vue de l’ingénierie ou de l’encadrement administratif, et a assuré l’AIEA du soutien indéfectible de son pays aux mandats de l’Organisation.
M. HU XIAODI (Chine) a précisé que son pays avait pris part aux diverses activités de l’AIEA en s’engageant à promouvoir l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et à prévenir la prolifération des armes nucléaires. Ainsi, la Chine a apporté une contribution d’un million de dollars pour la coopération technique en Asie et en Afrique. Entre autres, M. Hu a fait état de la signature, en avril 2005, de l’Accord sur l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire entre la Chine et le Bangladesh. S’agissant de la non-prolifération, la Chine apporte son soutien à l’AIEA pour ses efforts en vue de renforcer l’efficacité du système de garanties. La Chine salue en outre l’adoption d’amendements à la Convention sur la Protection physique des matériels nucléaires. La Chine a par ailleurs sorti en septembre dernier un second livre blanc sur le contrôle des armes, le désarmement et la non-prolifération.
En outre, lors du quatrième round des pourparlers à six, la Chine, la République populaire démocratique de Corée, le Japon, la République de Corée, la Fédération de Russie et les États-Unis ont engagé des discussions pratiques sur la dénucléarisation de la péninsule de Corée. Un accord et des résultats positifs ont été obtenus grâce au dialogue, a dit le représentant chinois. Étant le produit de plus de deux ans de négociations, cet accord n’a pas été facile à trouver et mérite d’être hautement protégé, a-t-il déclaré. Ceci étant, le problème nucléaire sur la péninsule étant complexe, de nombreuses difficultés demeurent sur le chemin des pourparlers à six, a-t-il ajouté. L’intervenant a assuré que la Chine poursuivrait ses efforts pour soutenir le règlement pacifique de la question nucléaire sur la péninsule de Corée. S’agissant de l’Iran, la Chine a toujours défendu la recherche d’une solution dans le cadre de l’Agence et elle a soutenu la recherche d’une solution de long terme privilégiant le dialogue et la négociation par l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Iran. Depuis que le Conseil des gouverneurs de l’AIEA a adopté la résolution en septembre dernier, certains nouveaux développements ont encore aggravé la préoccupation, a dit M. Hu, mais cela n’empêche qu’une solution dans le cadre de l’AIEA reste possible, la communauté internationale ne doit pas relâcher ses efforts et il est crucial que l’Iran et le Groupe E3 reprennent les négociations au plus tôt.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a félicité M. ElBaradei d’avoir su maintenir l’indépendance, l’objectivité et l’impartialité dans les travaux de l’AIEA. Il s’est dit convaincu que les utilisations pacifiques de l’énergie atomique contribueraient grandement au développement durable. Si elle est produite conformément aux règles de sécurité et de procédures environnementales, l’énergie nucléaire peut constituer une alternative énergétique capable de satisfaire la demande mondiale, a affirmé M. Chowdhury avant de préciser que si le coût d’installation était élevé, celui salutaire l’extension de l’assistance technique et la formation d’experts locaux par l’AIEA dans les pays en développement. Le Bangladesh salue par ailleurs le Programme d’action pour la thérapie contre le cancer (PATC) et espère que l’usage de la médecine nucléaire permettra de soigner des millions de personnes grâce à un diagnostic rapide de la maladie et grâce à la formation de professionnels.
L’intervenant a rappelé que l’AIEA est chargée de mettre en place des régimes de garanties et de vérification et de surveiller que les États honorent les obligations contractées au titre du TNP. Le Bangladesh déplore que certains États nucléaires avancent des raisons extrinsèques pour dénier aux État non nucléaires leur droit à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. M. Chowdhury a ensuite déploré l’inertie générale du processus de désarmement ainsi que l’incapacité de la Commission du désarmement à déterminer un agenda et un programme de travail substantiel. En dépit de l’échec de la Conférence d’examen du TNP de 2005, le représentant bangladais a considéré que les avancées de 1995 et de 2000 n’avaient pas été remises en cause.
M. ULADZIMIR GERUS (Bélarus) a affirmé que son pays plaidait en faveur d’un renforcement du régime de garanties et respectait ses obligations internationales découlant du TNP. L’une des tâches principales de la communauté internationale est de lutter contre le terrorisme, en particulier le terrorisme nucléaire, a-t-il souligné. Il a également indiqué que son pays était satisfait du processus d’élaboration et d’amendement à la Convention sur la protection physique des matériels nucléaires et des installations nucléaires. Le Bélarus, a poursuivi le représentant, participe activement avec l’AIEA aux efforts pour lutter contre le trafic de contrebande des matériels radioactifs, s’efforçant de rendre sûre, à cet égard, sa frontière avec l’Union européenne. De même, a-t-il noté, le Bélarus considère comme prioritaire, dans les activités de l’AIEA, le domaine de la coopération dont le pays a bénéficié pour faire face aux conséquences de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.
M. IMMANUEL ROBERT INKIRIWANG (Indonésie) a estimé qu’en dépit de l’augmentation des ressources du Fonds de coopération technique de l’AIEA, 75,6 millions de dollars en 2004 contre 62,6 millions en 2003, l’Agence devrait redoubler d’efforts dans les années à venir afin que le niveau des ressources extrabudgétaires et des ressources en nature soit maintenu. Il a ajouté qu’il était important d’accroître, au sein de l’Agence, la représentation d’employés issus de pays en développement, de même qu’un personnel féminin bien qualifié. Soulignant par ailleurs que le mécanisme du Protocole additionnel représente la pierre angulaire de l’Agence dans le renforcement de son système de garanties et de vérification nucléaires, le représentant a observé que le travail du Comité de garanties et de vérification ne devait pas faire double emploi avec celui de l’Agence, cette dernière devant rester l’unique agent compétente du système de vérification nucléaire.
En outre, selon l’Indonésie, qui vient d’être élue membre du Conseil des gouverneurs de l’Agence pour la période de 2005-2007 a précisé le représentant, toutes les questions liés à ce domaine devaient se faire sur des bases techniques et par le biais de négociations et des moyens pacifiques, ainsi qu’en respectant le droit fondamental de tous les États Membres à développer le nucléaire à des fins civiles et pacifiques. Remerciant l’AIEA pour l’aide apportée à son pays, notamment pour la préparation de construction d’une centrale nucléaire, M. Inkiriwang a conclu en rappelant qu’à l’occasion du 60e anniversaire de l’ONU, le rôle de l’AIEA restait important pour permettre à l’Organisation de relever ses nombreux défis.
M. NG CHUN PIN (Singapour) a d’abord rappelé qu’au vu des défis posés tant par la prolifération nucléaire –y compris l’existence de réseaux de trafic illicite de matières nucléaires et autres matières radiologiques- que de l’accroissement de l’utilisation des sources d’énergie nucléaire au niveau mondial, un strict respect du Traité de non-prolifération et des obligations de garanties de l’AIEA était indispensable. À cet effet, Singapour a soutenu les récentes décisions prises par le Conseil des gouverneurs et ayant trait aux garanties, à la vérification et à l’ajout d’un protocole additionnel et a exhorté la communauté internationale à mettre en place un instrument multilatéral juridiquement contraignant afin de sécuriser un régime intégré de non-prolifération.
Il a ensuite évoqué l’utilisation de l’énergie à des fins pacifiques, notamment en Asie, et rappelé l’adhésion de son pays à une culture de la sûreté et de la sécurité telle qu’elle est menée par l’AIEA. Il s’est félicité des initiatives prises par l’AIEA en matière de lutte contre le terrorisme nucléaire et radiologique ainsi que de l’adoption par le Conseil des gouverneurs du Plan de sécurité nucléaire pour la période 2006-2009. Il s’est ensuite félicité de la démarche adoptée par l’Agence, à savoir une stratégie axée sur les besoins des États Membres et associée à une utilisation optimale des ressources de celle-ci. Enfin, il a loué les initiatives de coopération technique menées par l’Agence, a réitéré le versement de contributions financières par son pays au Fonds de coopération technique (FCT), réaffirmé le vif intérêt de son pays à l’élargissement d’une coopération technique bilatérale, et assuré le soutien de son pays aux trois piliers fondamentaux de l’Agence, à savoir la promotion de la sûreté et de la sécurité nucléaires, les applications scientifiques et technologiques à des fins pacifiques, ainsi que le suivi des régimes de garanties et de vérification.
M. SAMIR SHAKIR MAHMOOD SUMAIDA’IE (Iraq) a déclaré que son Gouvernement, conscient du rôle important joué par l’AIEA, avait décidé de transférer des fonds à l’Agence, correspondants aux arriérés de son pays pour la période allant de 1991 à 2005. Soulignant que c’était la première fois que la délégation iraquienne prenait la parole devant l’Assemblée générale sur cette question après l’effondrement du régime précédent, le représentant a assuré qu’une nouvelle ère s’était ouverte dans les relations entre son pays et l’AIEA, fondée sur la coopération, la transparence et le respect des différents traités sur la non-prolifération. En ce sens, a-t-il poursuivi, les mesures prises par le Gouvernement attestent de la bonne volonté des autorités iraqiennes: outre la création d’un Ministère de l’environnement chargé de surveiller les mouvements, les achats et la circulation des matières radioactives, une Commission nationale avait commencé ses activités en 2005. Celle-ci a été dotée d’un Plan d’action complet pour contrôler les sources radioactives, vérifier les déchets radioactifs, et renforcer les contrôles à la frontière. Nous prévoyons d’adhérer aux traités et conventions internationaux auxquels nous ne sommes pas encore parties, a par ailleurs indiqué le représentant qui a ajouté que son pays appliquait la résolution 1540 du Conseil de sécurité de l’ONU. Il a souligné que l’Assemblée nationale iraquienne avait incorporé dans la Constitution adoptée le 15 octobre dernier des principes fondamentaux comme le respect des engagements internationaux, l’interdiction de fabriquer tout équipement de production nucléaire.
Mme IMERIA NUÑEZ DE ODREMAN (Venezuela) a d’abord rappelé que son pays était Partie au Traité de non-prolifération, mais qu’il défendait en même temps le droit inaliénable de tous les États à mettre en place leurs propres systèmes de production d’énergie nucléaire utilisée à des fins pacifiques, y compris les secteurs du cycle du combustible et celui du processus de retraitement. Il s’est en outre félicité des résultats positifs et concrets qui avaient été signalés par le Conseil des gouverneurs quant au régime de garanties appliqué au programme nucléaire de l’Iran. Il a précisé que la coopération des autorités iraniennes –en matière d’application volontaire du Protocole additionnel et de suspension temporaire d’activités nucléaires– avait démontré de manière irréfutable que le traitement de ces questions délicates ne saurait se faire que dans le cadre de l’AIEA, en faisant usage de ses capacités techniques et de l’autorité que lui confèrent une démarche équilibrée et l’absence de partis pris politiques.
Il a rappelé que le rapport n’avait pas établi avec certitude que le programme nucléaire iranien ait contrevenu au TNP ou que l’Iran ne respectait pas les obligations auxquelles il avait souscrit dans ce domaine, rejetant ainsi la transmission de cette question devant le Conseil de sécurité. À son avis, l’adoption d’une telle initiative priverait l’AIEA de son caractère multilatéral et équilibré et ouvrirait la porte à l’exercice de pressions –exercées notamment par certains pays dotés de la technologie nucléaire et prétendant exercer une hégémonie sur le contrôle et le retraitement du combustible, afin de maintenir des rapports de dépendance qui seraient une atteinte au droit souverain de tout pays à se développer en toute indépendance. Enfin, il a réitéré la position de son pays, à savoir que le développement nucléaire de l’Iran devait se maintenir dans le cadre de l’AIEA -en se basant sur le principe de transparence auquel le Gouvernement iranien avait promis de souscrire- garantissant de ce fait le caractère pacifique de son programme nucléaire. Enfin, il a loué la proposition du Président iranien, à savoir l’établissement de partenariats stratégiques en matière de développement nucléaire, qui viendraient renforcer la transparence intégrale du programme nucléaire iraquien.
M. KONSTANTIN DOLGOV (Fédération de Russie) a appelé à l’amélioration des mécanismes de vérification et au développement des fonctions de contrôle de l’AIEA. La possible détention des armes de destruction massive par des terroristes rend urgente la multiplication des efforts, a-t-il poursuivi. La Fédération de Russie est reconnaissante du soutien que ses propositions ont reçu lors de l’adoption de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur la non-prolifération des ADM et lors de l’adoption de la Convention internationale sur la répression des actes de terrorisme nucléaire. M. Dolgov a par ailleurs rappelé la participation de son pays à l’Initiative de sécurité contre la prolifération et au Plan d’action du G-8 sur la non-prolifération. Les protocoles additionnels aux accords de garanties constituent l’un des piliers de l’Agence et il convient, au cours des années à venir, que tous les États ayant des accords de garanties avec l’Agence concluent de tels instruments.
Considérant la contribution que peut apporter l’énergie nucléaire utilisée à des fins pacifiques, la Fédération de Russie promeut la coopération entre les pays mais estime toutefois nécessaire la prévention sur l’usage de l’atome pour la production d’armes nucléaires. Dès lors, la Fédération de Russie privilégie le multilatéralisme dans ce domaine. Le rapport 2005 de l’AIEA offre, selon M. Dolgov, de nouvelles opportunités pour le renforcement du régime de non-prolifération nucléaire. La Fédération de Russie prend par ailleurs note de l’étude de l’AIEA sur les réacteurs nucléaires dans le cadre du Projet sur les réacteurs nucléaires innovants et les cycles de carburant. En outre, M. Dolgov salue les progrès faits en matière de sécurité nucléaire tels que la gestion des matériels radioactifs. M. Dolgov a ensuite salué les conclusions de la quatrième série des pourparlers à six sur la question nucléaire de la péninsule coréenne, félicitant la République populaire démocratique de Corée pour la souplesse dont elle a fait preuve et a espéré que les efforts seront soutenus en vue de la dénucléarisation de la péninsule. La résolution sur le Programme nucléaire de l’Iran adoptée par le Conseil des gouverneurs en septembre dernier est, pour la Fédération de Russie, le signe pour que la coopération entre l’AIEA et l’Iran continue. Des décisions doivent être prises pour s’assurer de la nature pacifique du programme iranien d’une part et pour légitimer les besoins de ce pays d’autre part, a conclu M. Dolgov.
M. LEW KWANG-CHUL (République de Corée) a d’abord rappelé que l’attribution du prix Nobel de la paix à l’Agence internationale de l’énergie atomique et à son Directeur général était une preuve indéniable de la reconnaissance du dévouement profond et des apports inestimables de cet organisme à la lutte contre la prolifération nucléaire et en faveur de l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.
Eu égard à la question nucléaire de la Corée du Nord, il a rappelé l’adoption du communiqué commun adopté lors de la quatrième session des pourparlers à six de Beijing en septembre. Il a affirmé que ce document était d’une importance capitale en tant que base d’un objectif commun visant à la dénucléarisation vérifiable de la péninsule coréenne. Il a également déclaré qu’il accueillait avec bienveillance l’engagement de la Corée du Nord consistant à renoncer tant à l’intégralité de ses armements nucléaires qu’à la poursuite des programmes nucléaires existants ainsi qu’à la reprise du TNP et l’adhésion aux garanties de l’AIEA. Il a précisé qu’il espérait que la mise en œuvre pleine et entière de la déclaration conjointe permettrait non seulement de résoudre de manière définitive la question nucléaire, mais conduirait aussi à la concrétisation d’une paix durable dans la péninsule coréenne et à une consolidation du régime de non-prolifération. Enfin, il a rappelé que son pays apportait un soutien indéfectible au régime de garanties et de vérification mis en place par l’AIEA, et qu’il comptait sur l’aide et l’apport de l’Agence en vue de parvenir à une résolution harmonieuse et efficace de la question nucléaire nord-coréenne.
M. HAMID BAEIDI-NEJAD (République islamique d’Iran) a rappelé que l’AIEA avait été établie dans le but fondamental de hâter et d’accroître la contribution de l’énergie atomique à la paix, la santé et le développement dans le monde entier. L’Agence a cependant plus que jamais une responsabilité réelle envers les États membres pour les aider à utiliser efficacement et rentablement l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, a-t-il souligné, notant que l’énergie nucléaire revêtait une place importante dans la vie de tous les jours. Selon le représentant, les États parties au Traité de non-prolifération nucléaire devraient renforcer leur coopération afin de développer l’énergie nucléaire sans discrimination et restrictions. Malheureusement, a-t-il ajouté, l’expérience passée montre que le niveau de coopération des pays développés, comme principaux fournisseurs de haute technologie nucléaire, avec les pays en développement n’a pas été très prometteur. Cette coopération, a-t-il estimé, a été marquée par des restrictions et des obstacles.
Le représentant a en outre regretté de voir que la participation au TNP ainsi qu’aux accords de garanties de l’AIEA n’avait, non seulement, pas facilité la coopération nucléaire préconisée dans le Traité entre les États parties, mais avait également servi à créer des entraves à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. L’Iran, a-t-il dit, est déterminée à exercer son droit inaliénable découlant du TNP à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, et ce, en pleine conformité avec ses obligations découlant du TNP. Le représentant a également ajouté que son pays était prêt à coopérer pleinement avec l’AIEA. Le rôle et l’autorité de l’AIEA pour les activités de promotion et de protection des garanties ont fortement grandi ces dernières années du fait de l’utilisation de plus en plus importante par les États de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, a-t-il considéré. Les États Membres devaient ainsi s’efforcer de renforcer ce rôle en évitant les mesures unilatérales extrajudiciaires et les tentatives politiques de détourner l’Agence dans un but politique, a-t-il conclu.
M. ARMEN MARTIROSYAN (Arménie) a rappelé que la doctrine de la dissuasion nucléaire devait être abandonnée, en vue notamment de la menace du terrorisme nucléaire et des difficultés rencontrées en matière de maîtrise et de suivi de l’accès aux technologies des armements nucléaires, par suite de l’effritement de la distinction entre phases de conception et phases de production des armements. À cet effet, il s’est félicité de la signature par son pays de la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire.
Il a ensuite rappelé que l’Agence internationale de l’énergie atomique jouait un rôle vital en veillant à ce que les technologies nucléaires et les matières radiologiques ne soient utilisées qu’à des fins pacifiques, et a indiqué que l’Arménie, en tant que pays non doté de l’arme nucléaire et État partie au TNP, attachait une grande importance aux activités de l’Agence axées sur le renforcement du régime de non-prolifération et sur celui du processus de vérification. Il a aussi précisé que l’Arménie avait ratifié le Protocole additionnel de l’Accord de garanties, et appuyait le principe de son élargissement, proposée par le Directeur général, au tronc commun des garanties auquel devrait se soumettre tout État partie au TNP. Il s’est félicité de la coopération existant entre son pays et l’AIEA, notamment en matière de sûreté et de sécurité nucléaires, ainsi qu’en termes de vérification et a noté qu’aucune anomalie n’avait été relevée lors des visites d’inspection. Enfin, il a rappelé que lors de la troisième Réunion de la Convention sur la sûreté nucléaire, l’Arménie avait été saluée pour sa collaboration ouverte et transparente avec l’AIEA et avait été encouragée à poursuivre ses travaux de modernisation et de mise à niveau des installations nucléaires arméniennes. Il a ensuite rappelé qu’en raison de la reprise du programme nucléaire en Arménie –interrompu en raison d’une opposition farouche et de la pérennisation de conflits dans la région– son pays comptait fermement sur la construction d’une nouvelle centrale nucléaire, qui permettrait de suppléer à sa propre production d’énergie électrique et de couvrir également les besoins énergétiques des pays avoisinants. Enfin, il a loué le principe de coopération bilatérale que des États limitrophes avaient apporté à son pays.
M. ORLANDO REQUEIJO GUAL (Cuba) a estimé que l’existence de vastes arsenaux et d’armes nucléaires, ainsi que le développement de nouveaux types d’armes et l’existence de certaines doctrines de défense stratégique constituaient de graves menaces pour l’humanité. La seule solution passe donc par l’élimination totale de ces armes, a-t-il ajouté. Il a demandé que l’Assemblée générale réaffirme le rôle de l’AIEA, non seulement comme le seul garant de l’usage pacifique de l’énergie nucléaire, mais aussi comme institution de promotion et d’exécution de la coopération internationale dans ce domaine. Dénonçant ensuite le système de deux poids deux mesures sur la question de la non-prolifération, le représentant cubain a également exprimé son rejet de toute tentative de certaines puissances de préjuger de la nature des programmes nucléaires de pays bien spécifiques, en passant au dessus de l’AIEA qui est la seule institution disposant du mandat et des compétences techniques pour vérifier les activités nucléaires des États. Il faut travailler au renforcement de l’AIEA notamment en appuyant les activités de coopération technique de l’Agence, a en outre souligné le représentant qui a salué l’entrée en vigueur de l’Accord régional de coopération pour la promotion de la science et des technologies nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (ARCAL). Enfin, accueillant avec satisfaction les efforts de l’Agence pour lutter contre le terrorisme nucléaire, M. Gual a conclu que l’imposition de mécanismes de composition sélective, non transparents et élaborés en dehors du cadre de travail de l’ONU et des traités internationaux ne pouvait, en aucun cas, constituer une réponse au terrorisme international, y compris celui pouvant faire usage des armes de destruction massive.
Explication de position
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a donné une explication de vote en deux points. Premièrement, a-t-il noté, il n’est pas pertinent que l’AIEA mentionne dans son rapport annuel les questions nucléaires de la RPDC parce qu’il n’existe aucune relation entre son pays et l’Agence. La RPDC, a-t-il précisé, n’est ni membre de l’AIEA ni État partie au TNP. L’AIEA n’est pas en mesure de traiter les questions nucléaires de la RDPC, car il s’agit d’une question politique et militaire entre son pays et les États-Unis, a indiqué le représentant. Deuxièmement, a-t-il ajouté, l’AIEA a traité de façon partiale ce dossier, soulignant que la politique nucléaire nord-coréenne était le résultat de la menace, depuis plus d’un demi-siècle, des États-Unis contre la RPDC. L’AIEA sur instruction de la superpuissance américaine a géré ce dossier suivant un système de deux poids deux mesures, a-t-il observé. Il a rappelé que la Déclaration conjointe de Beijing ne comportait pas seulement des obligations pour la RPDC mais également pour les États-Unis et la Corée du Sud qui était directement impliquée dans la dénucléarisation de la péninsule coréenne. La délégation votera contre ce projet de résolution parce qu’elle fausse la nature de ce dossier et ne contribue pas à la solution de cette question, a-t-il conclu.
Rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (GC(49)/5)
Le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui porte sur l’année 2004, passe en revue les résultats du programme de l’Agence autour des trois « piliers » que constituent la technologie, la sûreté et la vérification. Le chapitre d’introduction « L’Agence et le monde en 2004 » propose, en fonction de ces trois piliers, une analyse thématique des activités menées par l’Agence dans le contexte général des développements marquants de l’année.
Le principal objectif de l’AIEA, constituée de 138 États membres, et dont le Siège est à Vienne, est de « hâter et d’accroître la contribution de l’énergie atomique à la paix, la santé et la prospérité dans le monde entier ».
L’Agence souligne, dans son rapport, que les faits nouveaux intervenus dans le domaine nucléaire à travers le monde en 2004 tels que l’évolution des perspectives pour l’électronucléaire, le rôle croissant des applications nucléaires dans le cadre des initiatives engagées dans le monde en faveur du développement durable, le renforcement de la coopération internationale dans les domaines de la sûreté et de la sécurité et la prise de conscience accrue de la nécessité de renforcer le régime de non-prolifération nucléaire ont placé l’Agence face à de nouveaux défis et lui ont offert des possibilités d’action.
S’agissant de la technologie, l’Agence note que l’année 2004 a marqué le 50e anniversaire du début de la production d’énergie d’origine nucléaire par des centrales civiles. Actuellement, 60% des réacteurs en construction se trouvent dans les pays en développement, même si ceux des pays industrialisés représentent 94% de la puissance nucléaire installée mondiale. Avec 440 réacteurs de puissance en service dans le monde à la fin de 2004, l’électronucléaire continue de représenter environ 16% de la production mondiale d’électricité, suivant en cela l’évolution régulière du marché mondial de l’électricité. A la fin de 2004, 26 centrales nucléaires étaient en construction dans le monde, dont la majorité (18) en Asie.
L’AIEA note que si les perspectives actuelles de l’électronucléaire sont toujours en demi-teinte, il est clair qu’il suscite des attentes plus importantes. Les projections à moyen terme publiées en 2004 par l’Agence sont très différentes de celles publiées il y a juste quatre ans. La projection basse, basée sur les hypothèses les plus prudentes, prédit 427 GW (Gigawatt) de capacité nucléaire mondiale en 2020, sot l’équivalent de 127 centrales nucléaire de 1 000 MW (mégawatt)de plus que celles publiées en 2000.
Concernant la coopération technique, les principaux domaines d’activité ont été la santé humaine, la sûreté, l’alimentation et l’agriculture, les applications des sciences physiques et chimiques, les ressources en eau et la protection de l’environnement, les sciences nucléaires et la création de capacités.
Dans le domaine de la sûreté et de la sécurité des activités nucléaires dans le monde, dont le maintien est l’un des principaux mandats de l’Agence, celle-ci note que les Etats ont encore plusieurs défis à relever. S l’électronucléaire doit être non seulement économiquement viable, mais aussi sûr, il y a urgence à maintenir un régime mondial efficace et transparent basé sur de solides infrastructures nationales et renforcées par une large adhésion à des accords et normes internationaux. L’AIEA souligne par ailleurs que son Conseil des gouverneurs a adopté en mars un Plan d’action pour la sûreté du transport des matières radioactives et a approuvé l’édition de 2005 du Règlement de transport des matières radioactives.
En matière de vérification et de renforcement du système des garanties, l’Agence note que ses activités de vérification et le régime de non-prolifération d’une manière générale ont été mis à l’épreuve de plusieurs façons: montée du terrorisme international, découverte de programmes clandestins, émergence de réseaux d’approvisionnement nucléaire clandestins et acquisition par un nombre de plus en plus grand de pays de savoir-faire et de capacités nucléaires sensibles. En 2004, indique l’AIEA, des garanties ont été appliquées dans 152 États ayant des accords de garanties en vigueur. L’Agence a conclu que toutes les matières nucléaires déclarées dans ces États, à l’exception de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), étaient restées affectées à des activités nucléaires pacifiques. Il est apparu que quatre Etats, l’Iran, la Jamahiriya arabe libyenne, la RPDC et l’Egypte, avaient mené précédemment des activités nucléaires d’importance variable qu’ils n’avaient pas déclarées.
L’Agence n’a toujours pas été en mesure d’exécuter une quelconque activité de vérification en RPDC et n’a donc pas pu tirer de conclusions quant aux matières et activités nucléaires de cet État, est-t-il notamment souligné dans le rapport. Selon elle, la situation en RPDC reste une sérieuse menace pour le régime de non-prolifération nucléaire. L’Agence, qui espère qu’une solution sera trouvée à ce problème grâce à des actions bilatérales et multilatérales de la communauté internationale, a continué à maintenir la capacité nécessaire pour reprendre rapidement la vérification en RPDC.
L’Agence affirme avoir poursuivi ses activités visant à clarifier les questions toujours en suspens concernant les matières et activités nucléaires passées non déclarées par l’Iran et exécuté des activités de vérification relatives à la suspension volontaire des activités iraniennes liées à l’enrichissement des activités de retraitement. Le Conseil a adopté quatre résolutions sur l’application des garanties en Iran. L’AIEA constate que les progrès réalisés en 2004 lui ont permis de conclure qu’il avait été rendu compte de toutes les matières nucléaires déclarées en Iran et que celles-ci n’avaient pas été détournées vers des activités interdites. Toutefois, l’Agence n’est pas en mesure de conclure qu’il n’y a pas de matières ou d’activités nucléaires non déclarées en Iran.
S’agissant de la Jamahiriya arabe libyenne, le Directeur général a publié des rapports sur l’application des garanties selon lesquels ce pays ne s’était pas acquitté des obligations lui incombant en vertu de son accord de garanties TNP. L’AIEA observe néanmoins que les déclarations de la Libye concernant son programme de conversion d’uranium, son programme d’enrichissement et ses autres activités nucléaires passées paraissent concorder avec les informations dont elle dispose et qu’elle a vérifiées. L’Agence note également avoir trouvé un certain nombre de documents librement accessibles évoquant l’existence possible de matières, activités et installations nucléaires non déclarées en Égypte.
L’AIEA conclut que cet aperçu du « monde nucléaire » en 2004 met en relief les réalisations et les enjeux dans tous les domaines où œuvre l’Agence. A cet égard, les programmes qu’elle exécute dans les domaines de la technologie nucléaire, de la sûreté, de la sécurité et de vérification sont des outils uniques qui contribuent à construire un monde meilleur pour tous. Il faut que la coopération mondiale se poursuive car celle-ci est indispensable pour mettre l’énergie nucléaire au service de développement de la paix, assure-t-elle.
LA SITUATION EN AMÉRIQUE CENTRALE: PROGRÈS ACCOMPLIS VERS LA CONSTITUTION D’UNE RÉGION DE PAIX, DE LIBERTÉ, DE DÉMOCRATIE ET DE DÉVELOPPEMENT
Déclarations
M. EDUARDO J. SEVILLA SOMOZA (Nicaragua), présentant le projet de résolution sur la question, a d’abord rappelé qu’après des décennies caractérisées par des luttes armées et des crises économiques et sociales aigues, la région de l’Amérique centrale s’était avancée sur la voie de la paix, de la liberté, de la démocratie et du développement, avec l’instauration de régimes élus selon des scrutins démocratiques, d’économies plus robustes et de systèmes politiques plus ouverts et plus représentatifs. Il a reconnu que si des problèmes propres aux pays en développement subsistaient, notamment la pauvreté généralisée, le chômage, le manque d’eau potable, les carences du secteur de la santé, ainsi que la corruption et l’instabilité politique, il n’en demeurait pas moins qu’il serait possible d’y remédier, avec l’aide généreuse des organisations internationales et celle des pays amis et les initiatives sur le plan local. Il a précisé que le Plan spécial de coopération économique pour l’Amérique centrale (PEC) avait contribué à l’émergence d’un consensus interrégional et international, d’après lequel chaque pays de la région déterminait ses propres priorités en matière de développement.
Il a rappelé au passage l’importance de la Déclaration de Carthagène de 1984, en tant qu’instrument de protection des réfugiés et apport précieux au droit international. Il a également évoqué les campagnes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, associées à la lutte contre la prolifération et le trafic illicite des armes légères et de petit calibre qui avaient été entreprises au Nicaragua ainsi que la surveillance du processus de cessez-le-feu et l’établissement d’une police nationale civile lors de la période de transition au El Salvador, ou la surveillance des accords de paix au Guatemala –opérations menées avec succès par les missions d’observateurs des Nations Unies. Enfin, il a indiqué que la Mission d’observation des Nations Unies chargée de vérifier le processus électoral au Nicaragua (ONUVEN) avait représenté un événement clef dans le secteur de la vérification des processus électoraux, et que les États d’Amérique centrale se tenaient prêts à partager leur acquis avec des États en situation de conflit ou sortant d’un conflit, avec un accent mis sur les activités de consolidation de la paix.
Mme PAULETTE BETHEL (Bahamas) s’est exprimée au nom de la Communauté des États des Caraïbes (CARICOM) et a adressé ses condoléances aux gouvernements et aux populations d’Amérique centrale, victimes d’une récente série de catastrophes naturelles. Elle a affirmé qu’elle avait constaté la renaissance de cette région et a salué les pays qui y sont situés et la communauté internationale pour les efforts mis en œuvre pour la réalisation de sociétés pacifiques, démocratiques et équitables. Un aspect important de la consolidation de la paix dans la région est le Système d’Intégration d’Amérique centrale (SICA), a souligné l’intervenante avant de préciser que le Belize, membre de la CARICOM, participait également à ce système. Le Sommet de la CARICOM et du SICA en 2002 a permis de renforcer les partenariats interrégionaux dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’élimination de la pauvreté, de l’environnement et du commerce. Ce sommet a également prouvé qu’il y’avait bien plus de points communs entre nos deux régions, a-t-elle ensuite déclaré. Ainsi, l’Accord de libre-échange CARICOM-Costa Rica vise à intensifier non seulement le commerce avec l’Amérique centrale mais aussi à renforcer les alliances politiques, sociales, culturelles et environnementales, a insisté le représentant des Bahamas avant de préciser que les États de la CARICOM encourageaient l’entrée en vigueur de cet accord. En outre, Mme Bethel a affirmé que les États de la CARICOM espéraient un règlement pacifique du différend territorial entre le Belize et le Guatemala. Comme les deux pays ont déjà entamé leurs négociations, la CARICOM leur apporte son soutien pour la recherche d’une solution durable, a-t-elle conclu.
Mme RACHEL BRAZIER (Royaume-Uni), s’exprimant au nom de l’Union européenne (UE), a déclaré que l’UE et l’Amérique centrale partageaient une longue histoire de coopération dans les domaines politique, économique et social. Elle a observé qu’à l’instar de l’UE, les pays d’Amérique centrale avaient pensé qu’à travers l’intégration régionale, il était possible de surmonter les conflits internes prolongés, de réduire la vulnérabilité aux coups extérieurs, y compris les catastrophes naturelles, et de construire une plate-forme économique régionale permettant aux pays d’être plus compétitifs dans un monde globalisé. Saluant les progrès réalisés par la région depuis 1983, date à laquelle a été introduit ce point à l’ordre du jour de l’Assemblée générale de l’ONU, en faveur de la paix, la démocratie et le développement durable, la représentante a indiqué que l’UE avait contribué au processus de stabilisation et de démocratisation en Amérique centrale, grâce au Dialogue de San José. En outre, depuis 2001, la Commission européenne a exécuté un programme de coopération avec six pays de la région d’un montant total de 655 millions d’euros, a-t-elle ajouté, précisant que cette coopération allait continuer à travers la nouvelle stratégie de coopération, portant sur la période 2007-2013.
Mme MONA JUUL (Norvège) a rappelé que l’Amérique centrale avait récemment été frappée par des catastrophes naturelles et que le Parlement norvégien avait alloué environ 9,25 millions de dollars comme fonds additionnels pour l’aide d’urgence, fonds qui seront canalisés par l’ONU, le système de la Croix-Rouge et les organisations non gouvernementales. La représentante a, par ailleurs, jugé encourageant de voir que les gouvernements d’Amérique centrale continuaient et même renforçaient leur lutte contre la corruption. Les élections pacifiques et transparentes sont désormais la règle plutôt que l’exception en Amérique centrale et témoignent de la consolidation de la démocratie dans ces pays, s’est-elle également félicitée.
MÉMOIRE DE L’HOLOCAUSTE
Déclarations
M. DAN GILLERMAN (Israël), dans son intervention présentant le projet de résolution A/60/L.12, a affirmé qu’il existait un lien unique entre les deux événements que sont l’Holocauste et la naissance de l’ONU il y a 60 ans. La création des Nations Unies, avec ses principes fondateurs et sa noble mission, est la réponse du monde aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale et à la tragédie de l’Holocauste. Pourtant, a poursuivi M. Gillerman, si l’Holocauste, tentative barbare et systématique pour éliminer un peuple entier à une échelle qui n’a pas de parallèle dans l’Histoire, a été une tragédie unique pour le peuple juif, ses leçons sont universelles: l’Holocauste nous met face à face avec la capacité de l’homme de déshumaniser son semblable. Le représentant a par ailleurs observé que l’ONU avait la responsabilité particulière de veiller à ce que les leçons de l’Holocauste perdurent. Le plus grand hommage que nous pouvons rendre aux victimes et à la souffrance des survivants consiste à dire: « plus jamais ça », a-t-il insisté, déplorant que l’horreur de l’Holocauste n’ait pu empêcher que d’autres génocides soient perpétrés.
Présentant ensuite le projet de résolution, M. Gillerman a affirmé que celui-ci avait pour but de donner une expression à l’engagement au sein du système des Nations Unies pour la mémoire de l’Holocauste. L’importance de cette initiative, a-t-il noté, est d’autant plus renforcée par le fait que ce serait la première fois, en soixante ans d’existence, que l’ONU adopte une résolution liée à l’Holocauste. Le projet de résolution comprend 10 alinéas dans son préambule et un dispositif de six paragraphes, a-t-il expliqué. Le Préambule rappelle plusieurs dispositions clefs tirées d’instruments juridiques internationaux pertinents sur les droits de l’homme et affirme le lien indélébile qui existe entre « la tragédie unique de la Seconde Guerre mondiale et la création de l’ONU ». Le projet prend également note du fait que la 60e session de l’Assemblée générale a lieu pendant l’année de commémoration du 60e anniversaire de la défaite du régime nazi. Dans son dispositif, le projet de résolution demande, entre autres, de proclamer le 27 janvier Journée internationale de commémoration de la mémoire des victimes de l’Holocauste. Il recommande également vivement aux États Membres de mettre en œuvre des programmes d’éducation pour inculquer aux générations futures les leçons de l’Holocauste afin d’aider à prévenir d’autres génocides dans l’avenir. En outre, le texte demande au Secrétaire général d’établir un programme de sensibilisation intitulé « l’Holocauste et les Nations Unies ». Remerciant les coauteurs de ce projet de résolution, le représentant a conclu son intervention en souhaitant que ce projet de résolution soit adopté par consensus.
M. PER STIG MOLLER, Ministre des affaires étrangères du Danemark, a rappelé que l’expérience danoise de l’Holocauste était liée à l’opération de secours effectuée en octobre 1943 pour sauver la communauté juive danoise, une opération rendue possible grâce à l’action spontanée du peuple danois et la complicité de la Suède. Cet événement illustre un point important selon lequel la passivité et le silence ne doivent pas accompagner le crime, a souligné le Ministre. Selon lui, la responsabilité de protéger la population contre le génocide et d’autres crimes contre l’humanité est un impératif. La Ministre a en outre mis l’accent sur l’effet dissuasif que pourrait avoir la Cour pénale internationale sur les régimes tentés de mener une politique de génocide.
M. PHILIPPE DOUSTE-BLAZY, Ministre des affaires étrangère de la France, a affirmé que « parler de l’holocauste n’est ni banal ni anodin ». Il a estimé que l’ensemble des États Membres étaient tous liés par la « mémoire et l’histoire de l’Holocauste », dans la mesure où l’ONU était née du refus de la barbarie et de la violence nazie. Faire mémoire de l’Holocauste aujourd’hui relève de notre pleine responsabilité, a-t-il insisté. C’est fonder notre avenir sur la connaissance et la claire conscience du passé, c’est aussi défendre une certaine idée de l’homme. Face à un « mal radical », c’est à l’Assemblée générale de l’ONU, « traduction de la conscience universelle, mais aussi de la volonté de paix et de concorde entre les nations », qu’il revient de délivrer un message clair, a observé le Ministre rappelant que c’était ce qu’avait voulu signifier la communauté internationale le 27 janvier 2005 lors de la célébration du 60e anniversaire de la libération des camps nazis.
M. Douste-Blazi a par ailleurs indiqué que deux raisons essentielles motivaient l’engagement de la France, qui était à l’initiative de la reconnaissance du 27 janvier comme Journée internationale de la commémoration de la Shoah adoptée en 2002 par le Conseil de l’Europe, et coparrain du présent projet de résolution israélien. La première raison est liée au devoir de mémoire et à l’exigence d’éthique, la seconde liée au devoir d’éducation, a-t-il noté. « Pour qu’un crime analogue au génocide ne se reproduise pas dans l’avenir, la flamme de la mémoire ne doit pas s’éteindre et doit être transmise de génération en génération », a remarqué M. Douste-Blazy qui a souligné que la France s’efforçait de promouvoir dans toutes les enceintes européennes le principe d’un enseignement de la Shoah à l’école. Le devoir de mémoire « n’est jamais acquis, il est une œuvre sans cesse recommencée » qui « exige la mobilisation des États en même temps que celle de tous les hommes de bonne volonté », a-t-il conclu.
M. MIHAI-RAZVAN UNGUREANU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a expliqué que depuis l’expérience du communisme, la Roumanie avait dû apprendre à accepter non seulement les chapitres glorieux mais aussi les chapitres douloureux de son histoire. L’Holocauste, « philosophie de haine devenue doctrine de mort » symbolise l’une des pires tragédies de l’humanité qu’il convient de ne pas oublier, a affirmé le Ministre roumain avant de préciser que le devoir collectif de prévention devait être rempli pour empêcher la reproduction de tels crimes. La Roumanie a mis en place des programmes de recherche sur l’Holocauste centrés sur l’éducation, la démocratie, la tolérance, la lutte contre l’antisémitisme, la préservation du patrimoine juif et la commémoration des victimes de la tragédie. La Commission internationale sur l’Holocauste, dirigée par Ellie Wiesel, prix Nobel et professeur, a formulé des recommandations dans un rapport de 2004 que le Gouvernement roumain a adoptées. Ceci témoigne des efforts de la Roumanie pour assumer son passé, notamment ses zones d’ombre, a souligné M. Ungureanu.
Le Gouvernement roumain a par ailleurs proclamé le 9 octobre « Journée nationale de commémoration de l’Holocauste » et a déclaré illicites, par une ordonnance de 2002, les organisations et symboles à caractère fasciste, raciste ou xénophobe ainsi que le culte des personnes responsables des crimes contre l’humanité. En outre, un Institut national des études sur l’Holocauste a été crée au début du mois en Roumanie et le rôle de l’éducation pour lutter contre l’intolérance est sans cesse réaffirmé. Un manuel universitaire sur le thème « Histoire juive-Holocauste » va bientôt être disponible et un Centre pour les études hébraïques a été installé à Lasi pour sensibiliser les étudiants roumains à cette question. La Roumanie considère enfin que la proclamation d’une journée mondiale de la mémoire sur l’Holocauste permettrait aux générations futures de ne pas oublier les tragédies qui ont eu lieu au XXe siècle en Europe.
M. ALEXANDER V. SALTANOV (Fédération de Russie) a rappelé que son pays s’associait à l’indignation et à la tristesse qu’évoquaient l’Holocauste et les atrocités nazies. Il a indiqué qu’un enseignement sur les causes de ces crimes devait être dispensé auprès des générations actuelles et futures et qu’une lutte contre l’antisémitisme, l’intolérance, l’extrémisme et la xénophobie sous toutes leurs manifestations devait être entreprise.
Il a ensuite mis en garde contre les tentatives de révisionnisme historique qui s’étaient fait jour, et qu’il fallait demeurer vigilants. À cet effet, il a indiqué que la Fédération de Russie allait proposer un projet de résolution à la 60e session de l’Assemblée générale, intitulée « Sur le caractère inadmissible de certaines pratiques visant à provoquer la recrudescence des formes modernes de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui leur est associée ». Enfin, il a évoqué le terrorisme international qui avait pris le relais des bouchers nazis, a exhorté la communauté internationale à consolider sa lutte contre ce fléau, en intervenant de manière diligente et efficace dès que des manifestations de xénophobie ou d’extrémisme politique, national ou religieux prenaient forme et réitéré l’impérieuse nécessité d’adopter des mesures juridiques, de promouvoir le dialogue et la coopération afin de disséminer le concept de la tolérance.
M. EMYR JONES PARRY (Royaume-Uni), qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a affirmé que la communauté internationale devait faire en sorte que les générations futures n’oublient pas ce qui s’est passé. Le premier défi à relever est que les victimes de l’Holocauste reçoivent l’hommage qui leur est dû, a-t-il dit. L’Union européenne appuie le projet de résolution présenté par Israël, a-t-il souligné, précisant que le Conseil de l’Europe avait décidé, en 2002, de créer une journée annuelle de l’Holocauste. La communauté internationale doit tout faire pour prévenir de futurs actes de génocide, a-t-il déclaré.
Le représentant a également observé que le monde souffrait encore des maux du génocide et du nettoyage ethnique. Ne pas prévenir ces crimes signifie que nous n’avons pas appris les leçons de l’Holocauste, a-t-il assuré. L’Holocauste doit ainsi faire partie intégrante des programmes d’études des systèmes d’éducation nationaux. La signification de l’Holocauste est universelle, mais elle a une place particulière dans la mémoire des Européens, a ajouté le représentant. Les États membres de l’Union européenne travaillent ensemble pour la paix et la démocratie, à l’intérieur de ses frontières, et au-delà, a-t-il de même souligné, précisant que cette situation était encore inimaginable il y a 60 ans. Il y a des leçons à apprendre, c’est pourquoi l’Union européenne appuie pleinement le projet de résolution, a-t-il insisté.
M. VANU GOPALA MENON (Singapour) a après avoir déploré les ravages des récentes catastrophes naturelles, regretté les épisodes honteux, qui, par le passé, ont été infligés par des hommes sur d’autres hommes pour des motifs ethniques et religieux. « Nous, peuples des Nations Unies », devons tirer les leçons de l’Histoire, a affirmé M. Menon avant d’expliquer qu’il ne pouvait y avoir de justification à des crimes tels que l’Holocauste. Il a ensuite appelé les États Membres à faire preuve de responsabilité, ce qui selon lui, implique la prévention de ces crimes. Désireux de rendre hommage aux victimes, M. Menon a ensuite souligné que sa délégation souhaitait que toutes les sociétés qui ont souffert de ce genre de crimes prennent des mesures actives pour faire face à l’Histoire, pour en intégrer les leçons et pour ne pas reproduire les erreurs du passé. Le déni d’existence pour certains peuples ou États est dangereux et complètement inacceptable à notre époque, a-t-il dit.
M. Menon a ensuite rappelé que l’Holocauste avait eu lieu parce que même si beaucoup n’étaient pas d’accord avec les nazis, ils sont restés silencieux, du fait du poids de la propagande. Le représentant singapourien a ensuite affirmé que la minorité faisait parfois l’objet d’un processus d’assimilation et qu’elle était obligée d’adopter le système de valeur de la majorité. Il a déploré cette tendance qui, malgré ses motifs –faciliter l’accès à l’éducation, au travail ou à la justice- était souvent déplacée. Il a ensuite invité à ne pas faire aux autres ce que l’on ne voudrait pas qu’ils nous fassent. En outre, M. Menon a encouragé le dialogue entre les civilisations pour que chacun comprenne que les grandes religions et les grandes cultures sont toutes valables. Singapour est un État multiculturel où communautés chinoise, malaisienne, indienne, eurasienne, arabe et juive construisent un avenir commun, a fait valoir M. Menon. Dès lors, Singapour a décidé de célébrer sa diversité et de promouvoir une plus grande conscience et compréhension afin d’édifier un monde meilleur et plus stable pour les générations futures.
M. JOHN BOLTON (États-Unis) a rappelé que les Nations Unies étaient nées sur les cendres de l’Holocauste, avec pour mission importante d’aider à faire en sorte que la communauté internationale ne permette jamais un tel crime contre l’humanité. Nous ne devons épargner aucun effort pour que les générations futures sachent quel grand crime contre l’humanité a été commis et à en tirer les leçons, a-t-il affirmé. Quand un Président ou un État Membre peuvent effrontément et de façon détestable demander un deuxième Holocauste en suggérant qu’Israël, la patrie des Juifs, soit rayée de la surface de la terre, cela signifie que les leçons du passé n’ont pas été apprises, et quand certains États hésitent à condamner de tels propos, il est clair qu’il reste beaucoup à faire, a-t-il estimé. Ce projet de résolution constitue l’hommage adéquat à la mémoire des victimes de l’Holocauste et reflète les valeurs et les principes avec lesquels les Nations Unies ont été créées, a conclu le représentant, espérant qu’il serait adopté à l’unanimité.
M. ANDREZ SOUTHCOTT (Australie) a rappelé que l’Holocauste n’avait pas seulement mené à la mort de millions de personnes, et causé des dommages et une destruction inimaginables à la vie d’autres millions de personnes, mais qu’il avait également anéanti la vitalité et les talents divers de multiples personnes dont le monde aurait pu bénéficier.
Il a réitéré que le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande avaient été consternés par l’accroissement récent des manifestations d’antisémitisme, les affirmations niant que l’Holocauste ait jamais eu lieu et le révisionnisme historique qui y est associé, le racisme et l’intolérance religieuse, dont aucune n’est acceptable, quelle qu’en soit la forme ou le lieu. Enfin, il a rappelé que les trois pays susmentionnés approuvaient le projet de résolution en tant qu’étape importante visant à s’assurer de la commémoration de l’Holocauste et en tant qu’instrument d’éducation et de vigilance renouvelée.
M. ANDRZEJ TOWPIK (Pologne) a d’abord précisé que son pays avait co-parrainé le projet de résolution sur l’Holocauste. Après avoir rappelé que des millions de citoyens polonais, russes, britanniques, américains, ukrainiens, biélorusses ainsi que d’autres appartenant à diverses nations avaient péri lors de batailles, de massacres, ou dans des prisons ou des camps de concentration, il a évoqué le concept d’holocauste, ou la tentative d’exterminer un peuple entier, notamment le peuple juif, en précisant qu’un tiers de la population juive avait été anéanti ainsi que d’innombrables membres d’autres minorités.
Il a réitéré que bien qu’historiquement les rapports entre Juifs et non juifs en Pologne n’aient pas été exempts de racisme et de clivages douloureux, un climat de liberté et de tolérance avait prévalu pendant près de huit cent ans, et la population juive avait contribué de manière appréciable au patrimoine spirituel, culturel et économique de la Pologne, un fait étayé par la construction actuelle d’un musée de l’histoire juive à Varsovie. Il a ensuite rendu hommage aux résistants juifs des ghettos et aux « justes » qui avaient risqué leurs vies pour venir en aide aux Juifs. Il a réaffirmé qu’il était indispensable de dispenser un enseignement relatif à l’Holocauste aux jeunes générations, et que la Pologne n’épargnerait aucun effort afin de préserver les camps de concentration nazis afin de lutter contre l’esprit de haine et promouvoir l’esprit de démocratie et de tolérance. Il a ensuite réitéré que l’apprentissage des droits de l’homme devait être mis en œuvre par le biais de programmes d’éducation, tels le Centre d’éducation sur Auschwitz et l’Holocauste, dont la création est prévue à Oswiecim, l’Institut pour la paix et la réconciliation, qui aura pour tâche d’étudier les formes contemporaines de génocide, et les programmes d’échanges de jeunes étudiants, visant à lutter contre les stéréotypes dont se font l’écho les générations actuelles, par le biais de l’échange d’expériences personnelles et de contacts individuels. Enfin, il a rappelé que les enseignements tirés de l’Holocauste devaient servir à éviter qu’une tragédie similaire ne se reproduise plus jamais.
M. GUNTER PLEUGER (Allemagne) a qualifié l’Holocauste comme l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire de l’Europe, mais surtout le chapitre le plus sombre de son pays. Alors que les derniers survivants nous quittent, il est important de trouver de nouveaux moyens pour garder en mémoire ces événements, a-t-il remarqué. Chaque génération doit apporter sa réponse à la question « comment cela a-t-il pu se produire? ». Le racisme doit être condamné dans toutes ses manifestations, a-t-il insisté. Le génocide, a-t-il poursuivi, n’est pas seulement une question de meurtre de masse: ses racines se trouvent dans les paroles, les idées politiques, la déshumanisation des adversaires politiques, l’appel à l’annihilation et le déni des droits à certains groupes humains. Ce n’est qu’en se souvenant des droits de l’homme qu’on peut éviter que l’histoire ne se répète, a conclu le représentant, qui a rappelé que l’Allemagne, en étroite collaboration avec ses amis d’Europe, a été et restera engagée auprès des Nations Unies dans sa lutte pour la dignité et la protection des droits de l’homme dans le monde.
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