En cours au Siège de l'ONU

AG/10346

L’ASSEMBLÉE PROFITE DE LA COMMÉMORATION DU 60e ANNIVERSAIRE DE LA FIN DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE POUR SOULIGNER L’IMPORTANCE DE DOTER L’ONU DES MOYENS DE PRÉVENIR DE TELS ÉVÈNEMENTS

09/05/2005
Communiqué de presse
AG/10346


Assemblée générale

96e séance plénière – matin


L’ASSEMBLÉE PROFITE DE LA COMMÉMORATION DU 60e ANNIVERSAIRE DE LA FIN DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE POUR SOULIGNER L’IMPORTANCE DE DOTER L’ONU DES MOYENS DE PRÉVENIR DE TELS ÉVÈNEMENTS


Alors que les dirigeants du monde sont réunis aujourd’hui à Moscou pour commémorer le 60 anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’Assemblée générale en a fait de même, sur recommandation de la Fédération de Russie.  Les 21 délégations, qui se sont exprimées, dont le Ministre des affaires étrangères de la Pologne, Adam Daniel Rotfeld, ont rendu hommage « aux plus de 100 millions de victimes d’un des évènements les plus terribles de l’histoire de l’humanité », comme l’a rappelé le Président de l’Assemblée générale, Jean Ping du Gabon. 


En célébrant ainsi le 60e anniversaire de la libération des camps de la mort, de l’avancée des forces alliées et de la chute du régime nazi, selon les mots de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Louise Fréchette, les délégations dont celles d’Israël ont salué ceux qui se sont battus pour la liberté et la dignité humaine.  La journée du 8 mai a été une journée de libération pour l’Europe, y compris pour l’Allemagne, a ajouté le représentant de l’Allemagne en soulignant, tout comme son homologue du Japon, que le souvenir de la Deuxième Guerre mondiale et des souffrances que son pays a infligées représentent un devoir solennel. 


Ce souvenir ne doit pas se limiter à une simple évocation historique mais rester un appel vivant et constant à l’humanité tout entière pour qu’elle dépasse les antagonismes destructeurs, mobilise ses énergies et mette en œuvre ses ressources spirituelles et morales, intellectuelles et physiques pour mettre un terme au fléau de la guerre et à toutes les violations de la dignité humaine, a ajouté le représentant du Luxembourg, au nom de l’Union européenne.


La commémoration ne doit pas non plus faire oublier, a ajouté la représentante des États-Unis, que la fin de la Deuxième Guerre mondiale a ouvert, en Europe centrale et orientale, un chapitre douloureux de l’histoire.  En 1945, le partage opéré à Yalta a permis la soumission de cette partie du monde à la volonté de Staline et à 45 ans de dictature, a précisé le représentant de la Pologne qui a aussi estimé que 60 ans après la guerre, il serait souhaitable de reconnaître que le Pacte Ribentropp–Molotov, signé en 1939, était contraire au droit et à la justice.  Une réconciliation, fondée sur une évaluation véritable des conséquences de la Deuxième Guerre mondiale, constituerait la meilleure preuve des leçons tirées de la guerre, a renchéri le représentant de la Lituanie.


Mis à part ces revendications spécifiques, la commémoration de la fin de la Deuxième Guerre mondiale a surtout été l’occasion pour les délégations de rappeler que, nées sur les cendres de cette tragédie, les Nations Unies ont été créées pour empêcher que tels évènements ne se reproduisent.  De multiples appels ont donc été lancés pour que l’on rende l’Organisation capable de relever les nouvelles menaces qui pèsent sur le développement, et la paix et la sécurité internationales à savoir le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive, la grande pauvreté, les grandes pandémies, les atteintes à l’environnement et la criminalité organisée, qui ont été énumérés, entre autres, par le représentant de la France. 


DÉCLARATION DES NATIONS UNIES PROCLAMANT LES 8 ET 9 MAI JOURNÉES DU SOUVENIR ET DE LA RÉCONCILIATION: COMMÉMORATION DU SOIXANTIÈME ANNIVERSAIRE DE LA FIN DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE


Déclarations


M. JEAN PING (Gabon), Président de l’Assemblée générale, a rappelé qu’il y a 60 ans, aux termes d’une effroyable tragédie qui fit plus de 100 millions de victimes, la communauté internationale décidait de créer une organisation mondiale, l’ONU, notre maison commune, afin de préserver les générations futures des affres de la guerre.  Pour que la mémoire assure pleinement sa double vocation conjuratrice et didactique, il ne faut pas craindre dessiller nos yeux face à l’un des événements les plus terribles de l’histoire de l’humanité.  Mais, en même temps, un « devoir de mémoire » figé et uniquement tourné vers le passé, oubliant l’espoir d’un avenir meilleur pour les prochaines générations serait une nouvelle erreur, a-t-il ajouté. 


Cette commémoration doit donc être l’occasion de réaffirmer notre attachement aux buts et principes de la Charte des Nations Unies.  Selon le Président, la célébration officielle de la fin de la Seconde Guerre mondiale doit être, pour nous tous, une occasion de repenser sans cesse le sens des valeurs aussi simples, mais essentielles, que constituent le dialogue et la tolérance entre les femmes, les hommes et les peuples de tous les pays, de toutes les régions et de tous les continents.


Mme LOUISE FRÉCHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a estimé qu’après la Deuxième Guerre mondiale, la tâche consistant à reconstruire les vies et les familles, les sociétés et les villes ou encore le tissu des relations internationales a été entreprise avec une vigueur qui doit nous inspirer.  Alors que la guerre touchait à sa fin, a-t-elle ajouté, les délégations se sont réunies à San Francisco pour élaborer la Charte fondatrice des Nations Unies, dans un contexte où se succédaient différents évènements dont la libération des camps de la mort, l’avancée des forces alliées et la chute du régime nazi.  L’Organisation des Nations Unies est née alors que s’effondrait le fascisme.  Une nouvelle organisation a été créée pour mieux gérer les affaires du monde, et surtout pour éviter que de telles catastrophes ne se reproduisent.  La défense de la notion d’humanité est le défi le plus important à relever aujourd’hui, a estimé la Vice-Secrétaire générale qui a déclaré qu’en se tournant vers le passé, il faut regarder vers l’avenir et réaffirmer notre volonté d’édifier un monde capable d’accueillir l’humanité tout entière.  C’est le meilleur hommage qu’on puisse rendre aux millions de personnes qui ont péri pendant la Deuxième Guerre mondiale.  C’est aussi un travail sans fin.  Si nous n’avons par perdu la partie, c’est uniquement parce que nous ne l’avons jamais abandonnée.  Voilà en quoi consiste l’œuvre des Nations Unies, et voilà la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui.  Surtout, restons tous attachés à l’accomplissement de cette mission commune, a conclu la Vice-Secrétaire générale.


M. ANDREY DENISOV (Fédération de Russie) a souligné que dans de nombreux pays, pas une seule famille n’a été épargnée par la tragédie de la Deuxième Guerre mondiale.  Cette guerre, a-t-il dit, fut pour nous la grande guerre patriotique contre l’esclavage et pour l’indépendance de nos peuples.  Le représentant a rendu hommage au rôle immense qu’ont joué tous les États de la coalition antihitlérienne pour vaincre le nazisme.  Nous avons tous une dette face à ceux qui sont tombés pour lutter pour la liberté humaine, a-t-il ajouté.  Le développement de l’humanité ne doit pas s’accompagner de malheurs et de nouvelles guerres, notre devoir étant d’ériger une barrière face à l’intolérance et ses formes de discrimination raciale et de xénophobie, a-t-il dit. 


Nous devons reléguer au passé ces haines et ces aliénations, a-t-il poursuivi, notant la nécessité de renforcer l’humanité face aux dangers et aux menaces actuelles.  De nombreux États ont pu s’unir au-delà de leurs différences, cette fraternité internationale étant pertinente aujourd’hui quand l’humanité est confrontée à de nouvelles menaces, citant ainsi le terrorisme.  Le représentant a mis l’accent sur la nécessité de renforcer le rôle et l’efficacité des Nations Unies, le système central de la sécurité collective, et ce, afin de préserver les générations futures du fléau de la guerre. 


M. JEAN-MARC HOSCHEIT (Luxembourg), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a voulu que le souvenir de la Deuxième Guerre mondiale ne se limite pas à une simple évocation historique.  Ce souvenir doit rester un appel vivant et constant à l’humanité tout entière de dépasser les antagonismes destructeurs et de mobiliser ses énergies, de mettre en œuvre ses ressources spirituelles et morales, intellectuelles et physiques pour mettre un terme au fléau de la guerre et à toutes les violations de la dignité humaine.  La commémoration aujourd’hui est l’occasion d’évoquer à nouveau les valeurs de base qui ont présidé à la création des Nations Unies.  À un moment où la communauté internationale débat des voies et moyens de permettre à l’Organisation de mieux faire, cette puissante inspiration doit continuer à nous guider.  Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, a poursuivi le représentant, des efforts continus restent indispensables pour mettre fin aux violations des droits de l’homme, au non-respect de la démocratie.  Plus que jamais, l’ONU et les principes consacrés dans la Charte sont les fondements mêmes de la préservation de la sécurité et de la paix, du développement et de la garantie des droits fondamentaux de la personne humaine. 


Le 9 mai, a-t-il ajouté, marque également la Journée de l’Europe.  Les leçons tirées de la Deuxième Guerre mondiale sont clairement énoncées dans le préambule du Traité, annoncé en 1950 par Robert Schumann et qui est à la base de la future Union européenne.  C’est cette inspiration qui fonde et oriente jusqu’à nos jours l’Union européenne dans son insertion dans les affaires du monde et dans ses actions et politiques.  En approfondissant son intégration et en s’élargissant progressivement, l’Union européenne dépasse les divisions du continent et contribue à la consolidation de la stabilité et de la paix dans une région du monde trop longtemps marquée par le fléau de la guerre.  La commémoration est l’occasion de réaffirmer, de manière solennelle, les valeurs essentielles qui fondent notre action commune au sein de l’ONU rénovée au service des peuples qui la composent.  Tel est notre devoir, tel est notre engagement, a conclu le représentant.


M. ADAM DANIEL ROTFELD, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a affirmé qu’il se présentait ici, devant l’Assemblée générale, comme le représentant d’un pays qui a perdu près de 6 millions de citoyens, parmi eux 3 millions de Juifs.  Le territoire de la Pologne a été réduit de 20%, sa population a fortement décru, les richesses nationales ont été pillées et de nombreuses villes, comme la capitale Varsovie, ont été détruites, a-t-il souligné.  La Deuxième Guerre mondiale a infligé des souffrances terribles à un grand nombre de pays, a-t-il poursuivi, précisant que pour la Pologne, tout a commencé le 1er  septembre 1939.  Le régime de Hitler a créé des cauchemars sans précédents, a-t-il dit, citant le génocide et l’Holocauste qui ont marqué au fer rouge l’histoire de l’humanité.  Les crimes du stalinisme étaient également horribles, a-t-il ajouté, notant que l’événement le plus choquant a été le meurtre de 22 000 officiers polonais prisonniers de guerre.  On nous dit que le complot criminel de

ces deux dictatures était légitime au regard du droit, a-t-il déclaré, mais le Pacte Ribentropp–Molotov fut un accord honteux pour apaiser l’agresseur au détriment de la Tchécoslovaquie.  Il serait souhaitable, 60 ans après la guerre et 66 ans après la signature du Pacte, de convenir qu’il était contraire au droit et à la justice.  Toute tentative de défendre ce Pacte est le résultat d’une ignorance juridique et d’une arrogance politique, a-t-il estimé. 


M. SAGADAT MURMAGEMBETOV (Kazakhstan) a déclaré qu’aujourd’hui, 60 ans après la guerre, le monde est confronté, de nouveau, à de nouvelles menaces à sa sécurité qui ont pris de nouvelles formes et une dimension véritablement mondiale et transfrontalière.  Le monde est confronté à la menace du terrorisme et de la criminalité transnationale et aux conflits qui continuent de secouer de nombreuses régions alors que l’humanité continue de subir la pauvreté et la dégradation de l’environnement.  Dans ce contexte, le représentant a souligné l’importance de maintenir la paix.  Le monde est indivisible et s’il retourne à la confrontation et aux conflits armés, il montrera sa capacité à oublier le passé.  Nous, les survivants de ceux qui ont participé à la Deuxième Guerre mondiale, ne devrions pas permettre que de tels évènements ne se reproduisent parce que chaque page de cette histoire a été écrite avec le sang de millions de personnes de cette planète.  Le représentant a appelé tous les dirigeants du monde à continuer à travailler sans relâche à la consolidation de la paix.  En honorant nos obligations dans les domaines des droits de l’homme, de la sécurité et du développement social et économique, nous immortaliserons et honorerons comme il se doit ceux qui ont sacrifié leur vie au nom de la paix, de la liberté et de la dignité des générations futures.


Le partage opéré à Yalta en 1945 a été effectué sans l’avis des Polonais et a permis la soumission du pays à la dictature stalinienne, un destin partagé par d’autres pays d’Europe centrale et orientale.  Les premiers jours de liesse ont cédé la place à 45 ans de dictature, a-t-il ajouté.  Selon le Ministre, dans la partie orientale de l’Europe, une tyrannie a été remplacée par une autre.  Le Ministre a rendu hommage à tous les soldats de la Russie, de l’Ukraine ou du Bélarus qui se sont battus avec héroïsme dans les rangs de l’Armée rouge.  Leurs tombes sont bien soignées en Pologne, et leur mémoire est bien vivante, a-t-il dit.  Le peuple polonais est engagé à obtenir un accord de réconciliation avec tous les pays, notamment ses voisins russe et allemand, a-t-il poursuivi.  Les Polonais seront à la hauteur de ces engagements.  Cette journée de commémoration devrait être également une occasion de réflexion, sans oublier d’autres questions.  Nous voulons une réconciliation basée sur la vérité, a-t-il conclu.


M. ADAM THOMSON (Royaume-Uni) a affirmé que les dégâts humains, économiques et physiques de la Deuxième Guerre mondiale ont été immenses.  Nous ne devons jamais oublier le coût de la guerre, a-t-il déclaré.  Le représentant a néanmoins souligné que tous les pays représentés aujourd’hui à cette séance commémorative de l’Assemblée générale avaient souffert directement ou indirectement de conflits depuis 1945.  Les États doivent faire face à l’heure actuelle à des menaces comme le terrorisme, les changements climatiques, la pauvreté, les maladies, a-t-il précisé.  Les Nations Unies ont été crées à une époque pleine d’espoirs, a-t-il dit, affirmant  que plus que jamais auparavant la communauté des États représentait une démocratie.  Plus que jamais auparavant, nous disposons des moyens nécessaires pour le développement humain et pour assurer la primauté du droit, a-t-il dit.


En 2005, trop de parties de notre monde partagé représentent un paysage de ruines qui était celui de l’Europe, il y a 60 ans. C’est particulièrement le cas en Afrique.  Notre planète est également menacée par la destruction de notre environnement commun.  Selon le représentant, nous devrons œuvrer pour des engagements lors du Sommet de septembre.  Nos pensées vont vers ceux qui ont souffert et sacrifié leurs vies pour notre liberté, et par conséquent, pour les objectifs de la Charte des Nations Unies, a-t-il conclu.  


M. DAN GILLERMAN (Israël) a rendu hommage à tous les soldats qui se sont battus pour la liberté, l’espoir et la foi en l’humanité.  Il a rappelé que le peuple d’Israël a connu ses pires souffrances pendant la Deuxième Guerre mondiale.  L’Holocauste représente le meurtre d’un tiers du peuple juif, a-t-il souligné.  L’État d’Israël est né de la tragédie de cette guerre, avec la détermination de ne jamais oublier et ne jamais permettre que de tels évènements ne se reproduisent.  Aujourd’hui, 20 000 anciens combattants de la Guerre résident en Israël, aux côtés des survivants de l’Holocauste.  Ayant souffert si profondément, du point de vue militaire et civil, les Russes, a estimé le représentant, peuvent être fiers de leurs contributions incalculables à la lutte contre le démon.  Le représentant a donc rendu hommage aux soldats russes qui ont, aux côtés d’autres soldats, libéré les camps de concentration nazis.  Ce jour, a-t-il conclu, est une occasion de réaffirmer les principes sur lesquels ont été fondées les Nations Unies.  Née des horreurs de la Deuxième Guerre mondiale, l’ONU a été envisagée comme un temple de la tolérance et de l’harmonie.  Elle doit être la « maison » de toutes les nations du monde, inclusive, juste et œuvrant en faveur de la paix entre les peuples.  L’ONU doit se dissocier de la politique politicienne et s’engager en faveur de la fraternité.  Ce faisant, a prédit le représentant, nous commémorerons la fin de la Deuxième Guerre mondiale, non seulement aujourd’hui mais chaque fois que nous nous réunirons dans cette salle.


M. ALLAN ROCK(Canada) a affirmé que son pays avait, au début de la Deuxième Guerre mondiale, une population éparpillée sur son territoire.  À la fin de la guerre, a-t-il ajouté, le Canada avait la quatrième force combattante en guerre.  Depuis la fin de la guerre, nous avons appuyé les Nations Unies de toutes les façons possibles, a également souligné le représentant.  Comme l’a rappelé le Premier Ministre du Canada, en septembre dernier, devant l’Assemblée générale, les Canadiens demeurent convaincus que les responsabilités qui incombent aux générations présentes faces aux défis auxquelles elles sont confrontées ne peuvent être traitées que de façon collective au sein des Nations Unies.  Depuis 60 ans, les Nations Unies ont connu la croissance et des changements, mais il reste beaucoup à faire si nous voulons que l’Organisation reste fidèle aux aspirations de ses fondateurs, a-t-il affirmé.  En cette occasion solennelle, le Canada renouvelle son engagement pour travailler avec les États Membres sur cette cause commune, a-t-il conclu. 


Mme ANNE PETERSON (États-Unis) a souligné que la Deuxième Guerre mondiale est un élément déterminant pour l’identité américaine.  Elle est, pour nombre d’Américains, un moment important de la mémoire collective.  En Europe de l’Ouest, a-t-elle poursuivi, la fin de la guerre a été un moment de libération, alors qu’en Europe centrale et orientale, elle a ouvert un chapitre douloureux de l’histoire.  La commémoration aujourd’hui doit être une occasion de regarder vers l’avant et de bâtir un avenir fondé sur les valeurs et les responsabilités communes de nations libres.  Il faut travailler avec acharnement pour renforcer la démocratie à l’intérieur et faire avancer la cause de la liberté à l’extérieur.  La présence du Président des États-Unis à Moscou aujourd’hui représente la volonté du Gouvernement américain de travailler avec tous pour promouvoir la liberté, la prospérité et la tolérance en Europe et ailleurs dans le monde, a souligné la représentante.


M. WANG GUANGYA (Chine) s’est félicité de la célébration de cette journée du souvenir et de la réconciliation, ainsi que de la convocation de cette réunion solennelle par l’Assemblée générale.  Il a rendu hommage aux soldats qui ont combattu avec héroïsme le nazisme, en particulier les soldats de l’Armée rouge.  Il a également rendu hommage à toutes les victimes innocentes.  Cette guerre a représenté un coût très important pour tous ceux qui étaient épris de justice, a-t-il dit.  Des souffrances indicibles ont été causées à l’humanité, lesquelles n’ont pas de précédent en termes de pertes en vies humaines et de biens.  Finalement, la justice a prévalu et une paix pour laquelle nous avons durement lutté a fait son apparition, a-t-il estimé.  Nous ne devons pas permettre qu’une telle tragédie puisse se reproduire, a-t-il ajouté.  Toutefois, nous ne pouvons oublier que, même 60 ans après cette guerre, le spectre du nazisme et du militarisme se poursuit. 


Il a jugé essentiel que la communauté internationale accroisse sa vigilance.  Nous devons nous servir de l’histoire comme un miroir.  Ce n’est que de cette manière que nous pourrons éloigner les générations futures du fléau de la guerre.  Selon le représentant, les Nations Unies continuent à endosser la responsabilité principale pour éviter que ne se reproduise une telle tragédie et pour assurer le développement humain.  L’humanité est à l’orée d’un nouveau départ, et les Nations Unies également, a-t-il souligné, notant la nécessité d’œuvrer dans un esprit d’humanité et de réconciliation pour relever les nouveaux défis. 


M. GÜNTHER PLEUGER (Allemagne) a souligné que le souvenir de la Deuxième Guerre mondiale et des souffrances que l’Allemagne a infligées à ses voisins et à ses propres citoyens représentent un devoir solennel.  Cette guerre a été un élément déterminant de l’identité allemande, a-t-il dit, en rendant hommage aux victimes de l’Allemagne nazie.  Leur demandant pardon, en assumant la responsabilité de son pays, le représentant s’est dit conscient de l’impossibilité de compenser l’énormité de ces souffrances.  Le 8 mai, a-t-il dit, a été une journée de libération pour l’Europe, y compris pour l’Allemagne.  La Charte de l’ONU et ses objectifs de la paix, du bien-être et des droits de l’homme, tire les leçons de l’histoire allemande et essaye de faire en sorte que de tels évènements ne se reproduisent jamais.  Rendant hommage à la grande sagesse et au grand courage de ceux qui ont œuvré pour façonner un monde nouveau, le représentant a rappelé que ce faisant, certains pays ont connu d’autres souffrances après la guerre.  Il s’est félicité de la réconciliation dont a pu jouir l’Allemagne avec ses États voisins, en particulier la France, le Royaume-Uni et plus loin les États-Unis, qui ont tendu la main à son pays.  Il a rappelé à quel point l’intégration européenne a été une vision juste pour surmonter les horreurs de la guerre.  L’Union européenne a uni d’anciens ennemis et permis de consolider la stabilité.  La réconciliation avec la Russie et les autres États de l’Union soviétique a un prix tout particulier compte tenu des souffrances que cette partie du monde a endurées.  Le représentant a particulièrement souligné le sort que les nazis ont réservé aux pays Baltes et à la Pologne avec lesquels les relations sont au beau fixe.  Réservant son dernier mot à la responsabilité de l’Allemagne dans la Shoah, il a souligné que les relations avec l’État d’Israël auront toujours un accent particulier.  Nous avons parcouru un long chemin depuis 1945, et en 1989, une révolution pacifique est venue couronner la quête de réconciliation et réaffirmer les principes fondateurs de l’ONU.  Nous pouvons, a conclu le représentant, matérialiser les aspirations de l’ONU si nous tirons les enseignements du passé. 


M. GEDIMINAS SERKSNYS (Lituanie), qui s’exprimait au nom des trois États baltes (Lituanie, Lettonie et Estonie), a affirmé que la guerre est toujours une grande tragédie pour les peuples.  La fin de la Deuxième Guerre mondiale a marqué la fin d’une idéologie totalitaire, le fascisme.  Mais, a-t-il ajouté, le totalitarisme communiste a poursuivi sa domination.  La fin de la Guerre, a-t-il rappelé, s’est manifestée par l’occupation et la poursuite de l’annexion des trois États baltes par l’Union soviétique.  En rendant hommage à ceux qui ont perdu leur vie au cours de la Deuxième Guerre mondiale, nous devons nous rappeler les crimes contre l’humanité commis par les deux régimes totalitaires, a déclaré le représentant.  La réconciliation, fondée sur une évaluation véritable et équitable des atrocités commises et des conséquences de la Deuxième Guerre mondiale, constitue la meilleure preuve des leçons qui ont été tirées de la guerre, a-t-il conclu.


M. KIM SAM-HOON (République de Corée) a déclaré que cette commémoration donne l’occasion de réfléchir aux moyens de coopérer pour que les horreurs de la Deuxième Guerre mondiale ne se reproduisent pas.  Nous savons toutefois que les menaces à la paix et la stabilité dans le monde existent.  Des conflits atroces sur plusieurs continents coûtent la vie à de nombreux innocents.  Une réelle réconciliation est la condition préalable à une coopération internationale accrue, à la promotion des valeurs démocratiques et des libertés fondamentales.   Il est de mon devoir solennel, en ma qualité de citoyen d’un pays ayant grandement souffert pendant la Deuxième Guerre mondiale, de souligner l’importance du pardon qui ne se contente pas d’excuses verbales.  Ceux qui sont responsables d’avoir brisé la paix et de nous avoir entraîné en enfer doivent traduire leurs excuses dans les faits.  Toutes tentatives de déformer les faits de l’histoire ne fera qu’infliger un revers profond au processus de réconciliation.


M. NURBEK JEENBAEV (Kirghizistan) a rappelé le prix de la victoire qui a été remporté grâce à la volonté et aux efforts de peuples de nombreux pays qu’il faut célébrer à juste titre.  Plus de 300 000 Kirghizes ont lutté dans cette guerre, en écrivant ainsi les pages les plus importantes de l’histoire patriotique.  Les années et les décennies passent mais la Journée du 9 mai restera essentielle pour nous tous qui devons rendre hommage à ceux qui se sont battus pour la liberté et l’indépendance.  Les yeux de l’humanité sont tournés aujourd’hui vers les Nations Unies où l’on traite les questions essentielles du développement.  Au cours des 60 dernières années, le monde et l’ordre mondial ont complètement changé.  Devant les nouvelles menaces dont le terrorisme, il faut donner un nouveau souffle aux Nations Unies.  La tâche aujourd’hui est d’être digne des anciens combattants et des victimes de la Deuxième Guerre mondiale.  C’est un grand honneur mais surtout une grande responsabilité, a prévenu le représentant.  


M. PETER TESCH (Australie) a affirmé que la jeune nation australienne avait répondu rapidement à la lutte contre la tyrannie.  Les Australiens ont servi avec courage et distinction sur tous les fronts de la Seconde Guerre mondiale, a-t-il souligné.  L’Organisation des Nations Unies est née en réponse à cette tragédie, a-t-il rappelé, notant que 60 ans plus tard, la Charte des Nations Unies continuait d’être le témoin éloquent des objectifs qui guidaient le monde à cette époque.  La tâche qui nous incombe à tous, en cette année du 60 anniversaire, est de réunir nos efforts vers un objectif commun pour faire en sorte que l’Organisation puisse évoluer et surmonter les nouveaux défis mondiaux comme le terrorisme, la faim, les maladies, l’extrême pauvreté, a assuré le représentant. 


M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a déclaré que le souvenir peut mener, par le repentir et le pardon, à la paix et à l’entente.  Le Bélarus, qui a perdu un habitant sur quatre, se rappelle des victimes qui ont rendu possible la victoire sur le nazisme.  Le temps soigne mal les blessures de l’âme et du cœur mais le Bélarus se considère aujourd’hui comme un État qui n’a d’ennemi aucun autre État.  Chacun doit tirer ses propres enseignements et pour le Bélarus, qui a été brûlé par l’incendie de la Deuxième Guerre mondiale, a pris l’engagement de prévenir de tels évènements.  Le représentant s’est donc félicité des objectifs consacrés par la Charte de l’ONU dont le non-recours à la force.  Si nous voulons continuer de vivre dans ce monde, alors nous devons vivre en paix et ensemble, a prévenu le représentant, en stigmatisant la tendance « naturelle » de l’être humain, à recourir à la force.  


M. JEAN-MARC DE LA SABLIÈRE (France) a affirmé qu’il y a 60 ans naissait aussi un nouvel espoir.  Un nouvel espoir pour l’Europe, alors dévastée, épuisée, ébranlée dans ses certitudes les plus profondes.  La réconciliation franco-allemande, l’alliance transatlantique, la construction européenne ont permis à l’Europe de renouer avec ses traditions les plus hautes de sa civilisation.  Les Européens ont repris leur place parmi les nations, a-t-il souligné.  Il y a 60 ans, naissait aussi un nouvel espoir pour le monde, a-t-il ajouté, affirmant que la Charte des Nations Unies allait offrir enfin aux gouvernements la base sûre pour une sécurité collective efficace.  Nous avons, 60 ans après, plus de raisons que jamais de demeurer fidèles aux idéaux de la Charte, a-t-il ajouté.


Selon le représentant, si les menaces extrêmes de la guerre froide ont pu être contenues, de nouvelles menaces sont apparues avec le risque accru du terrorisme, de la prolifération des armes de destruction massive, la grande pauvreté, les grandes pandémies, les atteintes à l’environnement, la criminalité organisée sont devenues des sujets de préoccupation majeure pour les peuples.  Il n’y a pas de réponse réaliste aux grandes menaces anciennes et nouvelles de ce début du XXIe siècle que dans un cadre multilatéral, a-t-il expliqué.  C’est pourquoi, il est si important d’œuvrer à la modernisation de notre Organisation, a-t-il souligné, notant que le Sommet de septembre offrait une occasion historique de promouvoir le développement, la sécurité et les droits de l’homme et de donner ainsi les réponses que nos peuples attendent aux menaces anciennes ou nouvelles de notre monde.


M. AMINU B. WALI (Nigéria), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a rendu hommage à tous ceux qui ont payé le prix ultime durant la Deuxième Guerre mondiale.  Soixante ans après cette tragédie, il faut continuer à faire preuve de vigilance, a souligné le représentant.  Il faut renouveler l’engagement de renforcer l’ONU et de la rendre capable de réaliser ses nobles objectifs.  À cet égard, le représentant a soutenu que le Groupe africain était déterminé à continuer à œuvrer pour assurer que l’ONU soit suffisamment forte pour préserver la paix et la sécurité internationales, et pour encourager le développement et le respect des droits et de la dignité de toutes les personnes.  Soixante ans après, le monde reste confrontée à la haine et à la discrimination, a fait remarquer le représentant en rappelant les tragédies du Rwanda et de l’ex-Yougoslavie.  Insistant aussi sur la menace terroriste, il a appelé à une vision neuve pour l’humanité.  Il faut avancer avec audace pour faire en sorte que les principes fondateurs de la Charte ne restent pas lettre morte, a-t-il voulu. 


M. KENZO OSHIMA (Japon) a affirmé que cette journée de commémoration et de réconciliation devait être l’occasion de réaffirmer notre volonté de renforcer les efforts communs en faveur de la paix.  Au XXe siècle, a-t-il souligné, le monde a été confronté aux horreurs indicibles de la guerre.  Ceci ne doit pas se reproduire, a-t-il déclaré.  Les erreurs doivent être rappelées et nous devons en tirer des leçons afin qu’elles ne se soient plus commises.  Ce n’est qu’en apprenant du passé que nous pourrons faire des progrès à l’avenir, a-t-il assuré.  Le représentant a également indiqué que son pays avait commis ses propres erreurs.  Au cours du passé, le Japon, par son régime colonial et d’agression, a causé des dommages et des souffrances énormes aux peuples de nombreux pays, notamment ceux d’Asie, a-t-il dit, citant le Premier Ministre Koizumi, dans un discours le mois dernier en Indonésie à l’occasion du Sommet Asie-Afrique.  Le Japon, avait-il poursuivi, doit faire face à ses responsabilités historiques, notamment dans un esprit d’humilité.  Le Japon a décidé de ne jamais se constituer à nouveau en puissance militaire mais en puissance économique, avait-il encore affirmé. 


Depuis qu’il est devenu Membre de l’Organisation en 1956, le Japon a redoublé d’efforts pour contribuer aux idéaux et aux objectifs des Nations Unies, dans les domaines du développement, de l’assistance humanitaire, de la reconstruction, du désarmement, du contrôle des armes et du règlement des conflits et des opérations de maintien de la paix, a ajouté le représentant.  Selon lui, en ces moments de commémoration et de réconciliation, nous devons faire en sorte que cette Organisation universelle, et le multilatéralisme qui la sous-tend, maintiennent la paix, la stabilité et la prospérité du monde, et servent les intérêts et le bien-être de la plus importante partie possible de l’humanité.


Mgr CELESTINO MIGLIORE (Saint-Siège), tirant les enseignements de la Deuxième Guerre mondiale, a souligné que parmi ses racines, elle trouve l’exaltation de l’État et de la race, et la fierté d’une humanité autosuffisante fondée sur la manipulation de la science, de la technologie et de la force.  Il a aussi souligné que la guerre a montré qu’un recours limité et strictement réglementé de la force peut devenir inévitable pour honorer l’obligation de protéger chaque État de la communauté internationale.  Toutefois, a-t-il dit, les solutions pacifiques sont possibles et aucun effort ne devrait être épargné pour les trouver.  Il a poursuivi en arguant que la Deuxième Guerre mondiale a illustré le caractère essentiel des politiques de sortie de crise et des plans opérationnels post-conflit pour rétablir la justice et la paix.  Après le jus ad bellum et le jus in bello, a-t-il estimé, en conséquence, le moment est venu d’envisager une troisième dimension du droit de la guerre à savoir le jus post bellum ou la manière de réaliser rapidement et effectivement une paix durable et juste qui est le seul objectif admissible du recours à la force.  Il a donc appuyé la proposition du Secrétaire général de créer une Commission intergouvernementale pour la consolidation de la paix. 


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