SG/SM/9433-AFR/1003

KOFI ANNAN ENGAGE LES PARTIES IVOIRIENNES RÉUNIES À ACCRA À RELANCER LES ACCORDS DE LINAS-MARCOUSSIS

29/7/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9433
AFR/1003


KOFI ANNAN ENGAGE LES PARTIES IVOIRIENNES RÉUNIES À ACCRA

 À RELANCER LES ACCORDS DE LINAS-MARCOUSSIS


Il estime que le gouvernement de réconciliation nationale

doit être reconstitué afin de rétablir la normalité en Côte d’Ivoire


On trouvera ci-après le discours prononcé par le Secrétaire général à Accra au Ghana, aujourd’hui, à l’ouverture de la réunion de haut niveau sur la Côte d’Ivoire:


Je souhaite la bienvenue aux chefs d’État et aux dirigeants ivoiriens qui participent à la réunion d’aujourd’hui.  Votre présence montre votre détermination à travailler ensemble pour mettre fin à la crise en Côte d’Ivoire –une crise qui a des conséquences désastreuses pour le pays et pour la sous-région de l’Afrique de l’Ouest.


Je rends aussi hommage aux efforts résolus de l’Union africaine et des organisations sous-régionales africaines qui cherchent ensemble des solutions aux conflits en Afrique.


Et, bien entendu, je remercie tout particulièrement notre hôte et co-Président, le Président Kufuor.  Je suis sûr que je parle au nom de tous en rendant hommage à son dévouement et à sa hauteur de vue dans le travail au service de la paix dans la région.


Cette réunion fait suite au minisommet d’Addis-Abeba le 6 juillet.  Elle offre une occasion sans précédent de remettre en marche le processus de paix en Côte d’Ivoire.


J’engage les parties ivoiriennes ici présentes à tirer pleinement parti de cette occasion.  Je les exhorte à mettre de côté les intérêts partisans et personnels, et à travailler ensemble avec détermination et dans un esprit de compromis.


C’est ainsi seulement qu’elles pourront atteindre le consensus politique nécessaire pour progresser dans l’application de l’Accord de Linas-Marcoussis.  Cet Accord demeure la feuille de route pour résoudre cette crise et mettre fin aux longues et profondes souffrances du peuple de la Côte d’Ivoire.


La feuille de route prévoit toute une gamme de mesures. Permettez-moi de souligner quelques questions prioritaires sur lesquelles nous devons, à mon avis, parvenir à un consensus à cette réunion et dont l’exécution appelle un plan d’action assorti d’échéances.


Avant tout, il faudra reconstituer le gouvernement de réconciliation nationale.  Un gouvernement qui fonctionne est essentiel pour le rétablissement de la normalité dans le pays.  Ceci signifie que nous devons clarifier la délégation de pouvoir du Président au Premier Ministre.


J’engage également toutes les parties ivoiriennes à faire preuve de la souplesse nécessaire pour trouver un compromis politique concernant l’article 35 de la Constitution, relatif aux conditions à remplir pour pouvoir se présenter aux élections présidentielles.


J’espère également qu’elles parviendront à un consensus sur l’adoption et l’application des autres textes législatifs prévus dans l’Accord de Linas-Marcoussis, c’est-à-dire le Code de la nationalité, la composition de la Commission électorale indépendante, le régime foncier et le processus d’identification.  J’espère que, comme convenu à Addis-Abeba, une session extraordinaire de l’Assemblée nationale sera convoquée dans les prochains jours pour adopter ces textes législatifs.


J’engage également les parties ivoiriennes à mettre fin à toutes les violations des droits de l’homme et au climat d’impunité qui règne dans tout le pays.  À cet égard, j’ai été extrêmement préoccupé par les informations récentes concernant des violations graves des droits de l’homme à Korogho, comme je l’avais été par celles qui s’étaient produites au cours des événements des 25 et 26 mars à Abidjan.  J’espère que les autorités ivoiriennes mettront en œuvre les recommandations de la Commission qui a mené les enquêtes sur ces événements.  La Commission nationale des droits de l’homme prévue par l’Accord de Linas-Marcoussis doit également être mise en place et commencer ses travaux sans tarder.


Je demande également aux parties ivoiriennes de coopérer pleinement avec la Commission d’enquête internationale qui, conformément à l’Accord de Linas-Marcoussis, a été créée pour examiner les violations des droits de l’homme commises en Côte d’Ivoire depuis le début de la crise le 19 septembre 2002.  Comme vous le savez, la Commission est arrivée en Côte d’Ivoire le 15 juillet et devrait achever ses travaux dans les deux prochains mois.


Il vous faudra élaborer un calendrier détaillé pour la mise en œuvre du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion. L’application de ce programme contribuera beaucoup à rétablir l’unité en Côte d’Ivoire.  Il faudra aussi un calendrier pour la restauration de l’administration de l’État et des services publics dans l’ensemble du pays.


Je sais que les organisations internationales, notamment la Banque mondiale et l’Union européenne, ont déjà réservé d’importants montants pour financer la restauration des services publics à travers le pays.  Ces montants seront mis à disposition dès que le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion aura commencé.  L’ONUCI, c’est-à-dire l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire, participera également à cet effort en garantissant une sécurité adéquate pendant la phase de transition et en aidant l’armée et la police ivoiriennes à former des forces de sécurité intégrées.


Le retour à la normalité dans toute la nation préparera le terrain à la tenue d’élections libres et régulières en octobre 2005 et vous permettra de progresser vers un gouvernement démocratique.


Je vous demande d’aborder les questions difficiles dont vous êtes saisis aujourd’hui avec sincérité et un esprit ouvert.  Pour faire de réels progrès, une discussion franche est indispensable. 


L’ONU, la CEDEAO, l’Union africaine et  la communauté internationale restent prêtes à soutenir les efforts des parties ivoiriennes en vue de mettre fin à la crise et de restaurer la paix et la prospérité en Côte d’Ivoire sans délai. Nous continuerons de surveiller la situation de près et de faire rapport régulièrement au Conseil de sécurité sur les mesures prises pour faire avancer le processus de paix. Si nécessaire, nous indiquerons les mesures de suivi qui devront être prises pour résoudre les questions en suspens.  Mon Représentant spécial me fera rapport sur la mise en œuvre des engagements pris lors la présente réunion et j’en informerai le Conseil de sécurité. 


Je rappelle à tous les dirigeants ivoiriens la responsabilité personnelle qu’a chacun d’entre eux dans l’application pleine et inconditionnelle de l’Accord de Linas-Marcoussis. Et quand je dis tous les dirigeants, j’entends bien tous les dirigeants, et pas juste le Président Gbagbo. Tous les autres dirigeants ont également pour responsabilité de tout faire pour que cet accord produise les résultats souhaités. Ils doivent veiller à ce que cette réunion aboutisse aux engagements et aux mesures pratiques nécessaires pour faire avancer le processus de paix.


J’ajouterai que nous attendons des dirigeants et du peuple ivoiriens leur pleine coopération avec l’ONU, pour nous permettre de soutenir au maximum vos efforts pour rétablir la paix et la stabilité.


En dernière analyse, votre peuple sera le juge de vos actes. Je suis certain que vous mettrez cet intérêt supérieur au premier plan dans vos délibérations.


Je vous remercie.


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