SG/SM/9410

« LA SOMALIE NE PEUT SE PERMETTRE ENCORE UN FAUX DÉPART », DIT KOFI ANNAN, EXHORTANT LA CONFÉRENCE DU KENYA À ÉTABLIR DES STRUCTURES DE GOUVERNANCE COLLECTIVE D’ICI AU 31 JUILLET

23/07/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9410


« LA SOMALIE NE PEUT SE PERMETTRE ENCORE UN FAUX DÉPART », DIT KOFI ANNAN, EXHORTANT LA CONFÉRENCE DU KENYA À ÉTABLIR DES STRUCTURES DE GOUVERNANCE COLLECTIVE D’ICI AU 31 JUILLET


On trouvera ci-après les remarques prononcées le 8 juillet par le Secrétaire général, Kofi Annan, à la Conférence de réconciliation nationale pour la Somalie, tenue à Mbagathi (Kenya):


Je suis très heureux de me joindre à vous aujourd’hui à Mbagathi. Je ne suis au Kenya que pour très peu de temps mais j’ai tenu à venir témoigner du soutien sans réserve que l’Organisation des Nations Unies apporte à l’effort historique que vous faites pour instaurer une paix durable en Somalie.


Je voudrais d’abord vous remercier tous d’avoir relevé ce formidable défi.

Je voudrais aussi rendre hommage à tous les gouvernements et organisations qui apportent généreusement et sans fléchir leur soutien à ce processus de paix, que ce soit sous forme financière ou diplomatique.


À cet égard, je dois faire une place à part au Gouvernement kényan. Le Président Kibaki et son prédécesseur, le Président Moi, ont joué un rôle décisif en entamant et poursuivant ce processus difficile, sous les auspices de l’Autorité intergouvernementale pour le développement. L’ancien Ministre des affaires étrangères, M. Musyoka, a été d’un grand secours, de même que l’Envoyé spécial du Kenya, l’Ambassadeur Kiplagat.


Je suis également très sensible au concours apporté par les dirigeants de la sous-région, en particulier le Président Museveni, Président en exercice de l’Autorité intergouvernementale pour le développement, et par les ministres des affaires étrangères de l’Autorité.


Comme vous le savez, ma relation personnelle avec la Somalie remonte bien loin, au début des années 90, lorsque la Force d’intervention unifiée et ONUSOM I et II ont réussi à contenir la famine puis ont voulu concourir au processus de paix. Les événements ont pris un cours déplorable et depuis, votre pays n’a guère connu la paix et la stabilité.


Après le retrait d’ONUSOM II, cependant que la Somalie était encore dans la tourmente, mon prédécesseur a déclaré à juste titre que l’Organisation des Nations Unies n’abandonnerait pas le peuple somalien. Et de fait, grâce au Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie, dirigé par mon Représentant, Winston Tubman, nous avons secondé tous les efforts entrepris pour aplanir les divergences et mettre en place les structures de gouvernance collective dont on a tant besoin.


Des flambées de violence sporadiques continuent de coûter des vies et de violer la Déclaration sur la cessation des hostilités, signée à Eldoret en octobre 2002. Mais je reprends courage devant les progrès que vous avez faits à cette conférence, surtout pendant ces dernières semaines.


Cette fois-ci, nous n’avons pas droit à l’erreur. L’Union africaine, la Ligue des États arabes, l’Union européenne et l’Organisation des Nations Unies soutiennent toutes votre action. Mais en fin de compte, c’est au peuple somalien et surtout à ses dirigeants de faire preuve d’un sens profond des responsabilités et de sagesse politique. C’est à vous de proposer les accommodements qui conduiront à un gouvernement crédible pour toute la Somalie. C’est aux Somaliens qu’il appartient de trouver une solution pacifique à ce conflit inutilement long.


Certes, l’expérience l’a montré, une collaboration authentique avec tous les voisins de la Somalie est la clef de la réussite. À cet égard, je suis encouragé par la déclaration que les ministres de l’Autorité intergouvernementale pour le développement ont faite le mois dernier, à Nairobi, selon laquelle ils feront désormais équipe pour œuvrer au processus de paix en Somalie.


Je vous exhorte à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour atteindre l’objectif fixé par les ministres de l’Autorité pour cette conférence: établir des structures de gouvernance collective d’ici au 31 juillet. À ce tournant décisif, j’invite également la communauté internationale à fournir rapidement une aide pour que la nouvelle structure gouvernementale de la Somalie reçoive l’appui crucial qu’il lui faut dès ses premiers jours. La Somalie ne peut se permettre encore un faux départ.


Au moment où vous œuvrez dans le sens d’un accord politique, je vous invite instamment à garder présent à l’esprit que tout progrès sur la scène politique doit s’accompagner de sérieux efforts pour améliorer la situation de la sécurité sur le terrain. La mise en œuvre d’un accord politique s’en trouverait favorisée et l’accord politique lui-même gagnerait en crédibilité, élément indispensable pour qu’il bénéficie d’un appui sans réserve de la part du peuple somalien et de la communauté internationale.


Votre peuple se tourne vers vous dans le vif espoir que vous mettrez un terme à ses souffrances. La région, et au-delà le monde, vous observent de près. Nous avons tous attendu beaucoup trop longtemps que le conflit en Somalie cesse une fois pour toutes. Ce qui vous sépare encore aujourd’hui ne peut certainement pas être plus important que la nécessité primordiale d’engager votre pays sur une nouvelle voie plus constructive. Je vous invite instamment à dépasser vos divergences et à faire votre possible pour ouvrir à votre peuple une ère de sécurité, de paix et d’espoir.


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