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SG/SM/9228

LE SECRETAIRE GENERAL APPELLE LES DIRIGEANTS CHYPRIOTES GRECS ET CHYPRIOTES TURCS A EXAMINER SOIGNEUSEMENT LA PROPOSITION DE REGLEMENT GLOBAL DU PROBLEME DE CHYPRE

5/04/2004
Communiqué de presse
SG/SM/9228


LE SECRETAIRE GENERAL APPELLE LES DIRIGEANTS CHYPRIOTES GRECS ET CHYPRIOTES TURCS A EXAMINER SOIGNEUSEMENT LA PROPOSITION DE REGLEMENT GLOBAL DU PROBLEME DE CHYPRE


La déclaration suivante a été prononcée par le Secrétaire général, Kofi Annan, à l’occasion de la rencontre avec les dirigeants chypriotes grecs et les chypriotes turcs et les Ministres grec et turc des affaires étrangères, le 29 mars 2004, à Bürgenstock, Suisse:


Nous sommes réunis dans ce magnifique endroit, conformément à l’accord conclu le 13 février dernier à New York.  Une page d’histoire s’écrit aujourd’hui.


Vous êtes rassemblés ici pour donner un dernier coup de pouce aux efforts consentis en vue de résoudre, une fois pour toutes, le problème de Chypre, dans le cadre du plan I présenté le 26 février 2003.


J’ai invité les dirigeants chypriotes, le 16 mars, à se rendre ici afin de poursuivre les négociations entamées à Chypre le 19 février dernier.


Dans ma lettre d’invitation, j’ai indiqué que les dirigeants « devraient alors être en mesure de prendre des engagements définitifs sur le champ ».


Eh bien, nous y sommes.


Je souhaite la bienvenue à Tassos Papadopoulos, le dirigeant chypriote grec.


Je souhaite la bienvenue à Mehmet Ali Talat et Serdar Denktash, qui ont pleins pouvoirs pour représenter les Chypriotes turcs.


Je souhaite également la bienvenue aux Ministres grec et turc des affaires étrangères, Petros Molyviatis et Abdullah Gül, qui ont, à mon invitation, accepté de venir en début de semaine, collaborer à l’action commune menée en vue d’aboutir à un texte définitif.


Je salue aussi le Premier Ministre grec, Costas Karamanlis, et me réjouis de l’arrivée prévue aujourd’hui du Premier Ministre turc, Recep Tayyip Erdogan.


Leur présence ici témoigne de l’importance que la recherche d’un règlement revêt aussi bien pour la région que pour le reste du monde.


Nous avons réuni en ces lieux tous les protagonistes.


Les politiques à peu près bloquées suivies depuis des dizaines d’années ont commencé à se dégeler.  La neige a cessé de tomber, la brume s’est dissipée, le soleil brille sur Bürgenstock et la glace s’est rompue.  Je regrette seulement que nous n’ayons pas su réunir ces conditions plus tôt, lorsque nous avions plus de temps devant nous.  Mais aujourd’hui, nous ne pouvons laisser passer cette chance qui s’offre encore à nous.


Chacun d’entre vous va recevoir un projet de texte, assez volumineux: la proposition de règlement global du problème de Chypre.  Il s’agit d’une tentative mûrement pesée visant à inclure dans mon plan du 26 février 2003, en nombre aussi grand que possible, des améliorations recherchées par les parties, sans en compromettre l’équilibre général.


Ce texte n’est pas du « réchauffé ».  Au contraire, il a été retravaillé jusqu’à la dernière minute, sans cesse affiné et adapté en fonction des consultations menées avec les parties intéressées.


Nous nous sommes efforcés d’aider chacune des deux parties de façon à concilier leurs intérêts respectifs, mais il nous a été impossible d’adopter tous les amendements proposés.  Il est bien entendu que le résultat auquel nous sommes parvenus est un compromis.


Je vous remets ce texte maintenant en vous priant de bien vouloir me faire connaître vos réactions le plus rapidement possible.


Je sais que vous aurez à coeur d’examiner ce projet en détail.


Je me tiendrai à votre disposition tout au long de la journée, tout comme mon Conseiller spécial, Alvaro de Soto, et son équipe, pour des éclaircissements à apporter, le cas échéant.


Je vous prie de bien vouloir faire connaître vos opinions demain matin au plus tard.  Nous les étudierons et déciderons, en consultation avec vous, s’il y a lieu d’apporter d’ultimes modifications dont la version définitive devra être établie d’ici au mercredi 31 mars.


Vous trouverez dans le texte les modifications que nous avons apportées au plan.


Voici les principaux volets du projet de règlement global du problème de Chypre:


–     L’Acte fondateur;


–     Les Constitutions des États constituants chypriotes grecs et chypriotes turcs;


–     Le Traité sur les questions relatives à la nouvelle situation de Chypre;


–     Le projet de loi d’adaptation pour les conditions d’adhésion de la République unie de Chypre à l’Union européenne;


–     Les questions sur lesquelles le Conseil de sécurité des Nations Unies doit se prononcer;


–     Les mesures à prendre en avril 2004.


Mais nous venons de vous remettre autre chose – une partie de l’Acte fondateur qui est, je pense, sans précédent dans l’histoire des activités de maintien de la paix de l’ONU.  Il est entre vos mains.


Il s’agit de l’ensemble des projets de lois fédérales de la République unie de Chypre: 131 au total, soit 9 000 pages de documents, assorties des 1 134 traités auxquels la nouvelle République unie de Chypre sera partie.


Ces documents sont la réfutation la plus éloquente des allégations selon lesquelles l’ONU et d’autres « puissances étrangères » essaieraient d’imposer un règlement aux Chypriotes.  Ils sont le fruit des gigantesques efforts des Chypriotes grecs et des Chypriotes turcs, que je remercie d’avoir travaillé sans relâche et de concert à la réunification de leur pays.


Ce dont nous avons été témoins, c’est la manière dont les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs ont su unir leurs remarquables talents au service de fins communes, dans le respect mutuel.


L’ONU n’aurait jamais pu aider les Chypriotes à faire tant de chemin sans le concours de nombreux spécialistes, de divers États et institutions: Allemagne, Canada, Etats-Unis, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suisse, Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international, Banque mondiale et Deutsche Bundesbank.  Ils ont travaillé avec enthousiasme et en parfaite intelligence, au sein d’une équipe dirigée par mon Conseiller spécial. Je les en remercie.


Enfin, je souhaiterais adresser quelques mots à chacune des deux parties:


M. Papadopoulos, votre souci majeur est que le plan soit rendu plus fonctionnel et par conséquent plus viable. Je pense qu’il a été considérablement amélioré dans ce sens, en particulier en ce qui concerne le fonctionnement du Gouvernement fédéral, la mise à jour des dispositions transitoires, les modifications concernant la question foncière, les modifications voulues pour garantir l’équilibre financier du plan et, bien entendu, les lois et les traités sous leur forme définitive.


Vous teniez également à être assuré que les Chypriotes grecs bénéficieraient des gains envisagés dans le plan en matière de territoire et de réduction de troupes.  Vous constaterez que vos préoccupations ont été prises en compte.


MM. Talat et Denktash, votre souci premier était de renforcer la bizonalité, et, en employant ce terme, vous ne parliez pas seulement de géographie mais vous désigniez la préservation de la sécurité et l’identité de l’État constituant chypriote turc ainsi que la sécurité et la dignité de son peuple.  Vous constaterez que le texte a été considérablement amélioré à cet égard, notamment si vous étudiez les questions concernant la propriété, la résidence et l’élection du Sénat fédéral.


Vous teniez également à obtenir la garantie que le nécessaire serait fait pour venir en aide aux personnes qui devraient être réinstallées, que les protections prévues par le plan pour les Chypriotes turcs seraient garanties sur le plan juridique, et que la Turquie pourrait maintenir une présence militaire réduite, même après l’adhésion à l’Union européenne.  Vous verrez qu’il a été répondu à vos attentes dans la nouvelle version du plan.


Pour finir, je puis vous assurer que l’ONU fera tout ce qui est en son pouvoir pour aider les Chypriotes à réunifier leur pays.  Nous nous sommes résolument employés à préparer un règlement, en travaillant en collaboration avec les donateurs internationaux et en nous disposant à assumer de nouvelles responsabilités en ce qui concerne le maintien de la paix.


Mais, pour l’heure, concentrons-nous sur le texte qui est sous nos yeux.  La question fondamentale que vous devez vous poser, séparément et ensemble, est la suivante: ce nouveau plan est-il meilleur que celui sur lequel vous aviez accepté de négocier?  Est-ce que l’ensemble des améliorations répond à mes préoccupations fondamentales?  Peut-il rassurer mon peuple et lui donner le courage de saisir cette chance de paix?  Respecte-t-il les intérêts essentiels de l’autre partie?


Pour ma part, je le crois.  C’est une proposition dans laquelle toutes les parties sont gagnantes.


Il me semble que vous ne sauriez être mieux placés qu’à l’occasion de cette rencontre pour entrevoir l’avenir de Chypre, qui sourit à tous ses habitants. J’espère que vous saurez agir dans cet esprit avec la clairvoyance que méritent vos mandants, non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour les générations suivantes.


Je vous remercie.


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