COMMISSION DU DESARMEMENT: NOUVELLE PROPOSITION AMERICAINE POUR L’ORDRE DU JOUR DE CETTE SESSION
Communiqué de presse CD/276 |
Commission du désarmement
259ème séance – après-midi
COMMISSION DU DESARMEMENT: NOUVELLE PROPOSITION AMERICAINE POUR L’ORDRE DU JOUR DE CETTE SESSION
Le représentant des Etats-Unis a présenté, cet après-midi, aux membres de la Commission du désarmement une proposition d’ordre du jour attendue avec beaucoup d’intérêt par ses membres qui entendent dégager dans les meilleurs délais un consensus sur le choix des deux questions de fond à l’examen de cette session afin de pouvoir entamer son débat. Selon cette proposition, l’ordre du jour compterait trois questions de fond, portant respectivement sur les stratégies pour contrer les activités illicites sapant les objectifs de désarmement et de non-prolifération nucléaires; sur la problématique de la conformité des mesures de désarmement classique auxquelles les Etats Membres sont parties et approches pour améliorer celle-ci; et sur les moyens d’accroître l’efficacité des mécanismes multilatéraux pour le désarmement. Cette nouvelle proposition américaine s’ajoute à celles déjà sur la table de négociations présentées par l’Union européenne, le Mouvement des non-alignés (NAM) et le Japon. Les premières observations des autres délégations ont révélé la persistance de divergence des points de vue et soulevé la question de l’interprétation du projet de résolution que prépare le Conseil de sécurité sur la non-prolifération des armes de destruction massive. Par conséquent, la décision sur l’ordre du jour est reportée jusqu’à ce que les négociations débouchent sur un consensus.
Réagissant à la nouvelle proposition américaine, le représentant de l’Indonésie qui s’exprimait au nom du Mouvement des non-alignés a réitéré la pertinence de la proposition de son Mouvement. Ce faisant, il a estimé que la Commission devait se pencher sur les questions de l’élaboration de directives pour le désarmement nucléaire et la non-prolifération des armes nucléaires sous tous les aspects ainsi que les mécanismes et des instruments de vérification des accords et traités auxquels les Etats Membres sont parties en matière de désarmement. Il a également demandé que du temps soit imparti aux délégations de manière à leur permettre de recevoir les instructions de leurs capitales. Il a toutefois indiqué que le Mouvement estimait que le libellé du point relatif au désarmement et à la non-prolifération nucléaires ne correspond pas à la position de principe du Mouvement tel qu’il figure dans le document circulé sur le désarmement nucléaire. Il s’est par ailleurs dit ouvert à la proposition d’étudier les moyens d’améliorer l’efficacité des mécanismes multilatéraux pour le désarmement mais s’est interrogé, comme son collègue égyptien, sur l’opportunité de les étudier à meilleur escient lors de la quatrième session spéciale consacrée au désarmement.
Le Représentant de la République islamique d’Iran l’a relayé en observant que le point relatif à la non-prolifération nucléaire semblait très proche de la question dont est saisi le Conseil de sécurité concernant la non-prolifération des armes de destruction massive. Il a été particulièrement soutenu par les délégations de Cuba et d’Afrique du Sud qui ont mis en garde les Etats-Unis contre la tentation de lier les objectifs de désarmement nucléaire à ceux de non-prolifération nucléaire. Ils ont estimé que la question du désarmement nucléaire devait être prioritaire. Réaffirmant que de l’avis du Mouvement des non-alignés la non-prolifération n’a pas de rapport avec le désarmement, il a par ailleurs demandé, à l’instar du représentant de l’Egypte, des précisions sur ce que la délégation américaine entendait par « mesures de désarmement classique auxquelles les Etats Membres sont parties » et par activités « illicites ». Répondant aux observations de la délégation iranienne, le représentant britannique a précisé que le projet de résolution que le Conseil de sécurité étudie ne concerne que les acteurs non étatiques.
Modérément optimiste, le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que sa délégation convenait de la nécessité de renforcer les systèmes existants dans le domaine du contrôle et du désarmement, de la non-prolifération et de l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique. Il s’est dit en mesure d’envisager l’inclusion d’un troisième point sur le renforcement des mécanismes de non-prolifération des armes de destruction massive. A son tour, la représentante de l’Irlande a estimé que la Commission disposait désormais de tout ce dont elle a besoin pour arriver à un consensus. Favorable au maintien et à la revitalisation de la Commission du désarmement, elle s’est fait l’écho de son collègue russe en souhaitant que le travail de fond démarre dans les meilleurs délais.
Prenant note des observations et des contraintes de temps, le Président de la Commission, M. Revaz Adamia (Géorgie), a invité les délégations à trouver rapidement un terrain d’entente. En l’absence de consensus, a-t-il souligné, la session serait reportée ce qui signifierait, selon toute probabilité, qu’elle serait annulée.
Evoquant le génocide de 1994 au Rwanda, le représentant de la Côte d’Ivoire, soutenu par les représentants de l’Argentine et de l’Irlande, a demandé aux membres de la Commission d’observer une minute de silence à la mémoire des victimes du génocide rwandais. Il a regretté que la Commission s’enlise dans une logomachie qui l’empêche de progresser dans ses travaux et a estimé que celle-ci n’honorerait les victimes des différents génocides et conflits survenus depuis 50 ans que dans la mesure où elle remplierait son mandat qui est notamment d’éliminer le péril nucléaire.
La prochaine réunion de la Commission sera annoncée dans le Journal.
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