À L’OUVERTURE DE LA 59E SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, LE PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS DEMANDE AUX NATIONS UNIES D’ŒUVRER DAVANTAGE EN FAVEUR D’UN IRAQ DÉMOCRATIQUE ET LIBRE
Communiqué de presse AG/10257 |
Assemblée générale
3e séance plénière – matin
À L’OUVERTURE DE LA 59E SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, LE PRÉSIDENT DES ÉTATS-UNIS DEMANDE AUX NATIONS UNIES D’ŒUVRER DAVANTAGE EN FAVEUR D’UN IRAQ DÉMOCRATIQUE ET LIBRE
Le Secrétaire général invite les États Membres à redoubler
d’efforts pour faire respecter la légalité chez eux et ailleurs
Le débat général de la 59e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, auquel participent chaque année les chefs d’État, de gouvernement et autres représentants des 191 États Membres, s’est ouvert ce matin. Dans son intervention d’ouverture, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a plaidé pour le respect de l’état de droit, menacé, selon lui, aux quatre coins du monde, tandis que le Président des États-Unis, M. George W. Bush, dans son discours, a appelé l’Organisation à œuvrer davantage en faveur d’un « Iraq sûr, démocratique, fédéral et libre ».
M. Annan, qui présentait son rapport annuel sur l’activité de l’Organisation, a estimé que l’état de droit était en péril partout dans le monde, en Iraq comme dans la province soudanaise du Darfour, dans le nord de l’Ouganda, à Beslan en Russie, en Israël ou en Palestine. Ces atteintes sont « absolument injustifiables » et déshonorent les Nations Unies en mettant en évidence leur « incapacité collective à faire appliquer le droit », a-t-il souligné. Le Secrétaire général a invité les États Membres à redoubler d’efforts pour faire respecter la légalité chez eux et ailleurs, tout en regrettant que la lutte, parfaitement justifiée, contre le terrorisme, serve dans certains cas de prétexte à des atteintes aux libertés. Rappelant que les Nations Unies étaient encore « à la croisée des chemins », le Secrétaire général a par ailleurs souligné l’importance pour les États Membres de prendre des « décisions énergiques », l’an prochain, lors de la 60e session de l’Assemblée générale, où il s’agira de dresser le bilan de l’application de la Déclaration du Millénaire.
Le Président des États-Unis, M. George W. Bush, a pour sa part placé son allocution sous le signe de la défense, partout dans le monde, de la liberté et de la dignité humaine, principes bafoués, selon lui, par les dictateurs et les terroristes. « Nous savons que les dictateurs choisissent souvent l’agression alors que les États libres luttent pour la paix, le progrès et la vie et ne veulent pas être des recrues pour les idéologies meurtrières », a-t-il estimé. « Nous devons lutter contre ces assassins et détruire les réseaux terroristes », a-t-il ajouté, souhaitant également mettre fin au parrainage du terrorisme par certains gouvernmements.
M. Bush a en outre exhorté les Nations Unies et les États Membres à « faire plus pour aider à construire un Iraq sûr, démocratique, fédéral et libre ». « Les forces de la coalition qui se trouvent en Iraq luttent contre le terrorisme afin que les nations pacifiques dans le monde n’aient pas à l’affronter chez elles », a-t-il assuré.
Le Président américain a dans ce contexte proposé la création d’un fonds des Nations Unies pour la démocratie dans le but d’aider les pays « à poser les bases de la démocratie en instituant l’état de droit, des tribunaux indépendants, une presse libre, des partis politiques et des syndicats ».
Auparavant, le Président du Brésil, M. Luiz Inácio Lula da Silva, avait rappelé que seul un ordre international fondé sur le multilatéralisme, offrant à chaque pays la possibilité de se développer économiquement et socialement, pouvait permettre de promouvoir la paix et le développement durables des nations. « De la faim et de la misère ne naîtra jamais la paix », a-t-il lancé, ajoutant que la haine et la déraison qui se sont propagées à travers la planète, se nourrissaient du désespoir des peuples.
M. Jean Ping, Président de l’Assemblée générale, qui avait ouvert le débat général de la 59e session, a exprimé, au nom de tous les pays membres, sa profonde sympathie aux Gouvernements d’Haïti et de la République dominicaine pour les pertes tragiques en vies humaines et les énormes dégâts matériels qu’ils ont subis du fait du cyclone qui a récemment frappé de plein fouet les deux. Il a prié instamment la communauté internationale de faire preuve de solidarité, souhaitant qu’elle réponde avec diligence à toute demande d’aide formulée par ces pays.
M. Boniface Alexandre, Président par intérim de la République d’Haïti, a souligné qu’une fois de plus, Haïti venait d’être frappé par une terrible tragédie, soulignant que cette catastrophe avait semé le deuil dans les familles haïtiennes, particulièrement dans la partie septentrionale du pays, et causé de nombreux dégâts matériels. Il a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle soutienne les efforts de son gouvernement dans le cadre de l’aide d’urgence.
De son côté, M. Morales Troncoso, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a précisé que son Gouvernement avait pris des dispositions urgentes pour secourir les personnes situées dans les régions les plus touchées. Dans ce défi difficile, nous aurons besoin de l’aide de la communauté internationale, a-t-il affirmé.
Outre les orateurs cités, les chefs d’État du Qatar, du Gabon, de la Suisse, de la République-Unie de Tanzanie, du Sri Lanka, du Costa Rica, de la Slovénie et le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, ont également pris la parole.
L’Assemblée générale poursuivra son débat général cet après-midi, à 15 heures.
Le débat général, qui doit durer 10 jours, sera suivi des travaux de fond de la nouvelle session.
RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION: PRÉSENTATION PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR SON RAPPORT ANNUEL (A/59/1)
Le Secrétaire général, M. KOFI ANNAN, souligne, en guise d’introduction, que l’année 2004, singulièrement fertile en événements, a vu le Conseil de sécurité faire front aux controverses suscitées par la crise de l’Iraq et le rôle revenant à l’Organisation à l’issue de la guerre. Les demandes d’opérations de maintien de la paix se sont multipliées et le terrorisme mondial et la menace d’utilisation d’armes de destruction massive ont jeté une ombre sur l’ensemble du globe, écrit-il également, tandis que l’Organisation a dû faire face à la recrudescence de maladies infectieuses ainsi qu’aux fléaux persistants que sont la misère et la faim, la dégradation de l’environnement, les violations des droits de l’homme et les désastres humanitaires.
Selon M. Kofi Annan, les fléaux les plus immédiats pour la population mondiale ont pour nom la pauvreté, la faim, le manque d’eau potable, la dégradation de l’environnement et les maladies endémiques ou infectieuses. Si des succès ont été enregistrés, les progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, consistant notamment à parvenir, avant la fin de 2015, à réduire de moitié la pauvreté et la faim, à ouvrir les portes de l’école primaire à tous les enfants et à arrêter la propagation du VIH/sida et d’autres grandes maladies, sont inégaux. Le Secrétaire général espère ainsi que les efforts préalables à l’examen quinquennal de la Déclaration du Millénaire et à la célébration du soixantième anniversaire de l’ONU, en 2005, seront soutenus et intensifiés et aboutiront aux résultats positifs que l’Organisation et l’ensemble du monde appellent de leurs voeux.
Dans son rapport, le Secrétaire général aborde six grands chapitres intitulés « Parvenir à la paix et à la sécurité », « Engagements humanitaires », « Coopération pour le développement », « Ordre juridique international et droits de l’homme », « Gestion » et « Partenariats ».
Dans le chapitre « Parvenir à la paix et à la sécurité », M. Kofi Annan revient en détail sur les événements de l’année écoulée en Iraq. Il assure que l’ONU, forte de son mandat renforcé découlant de la résolution 1546 (2004), adoptée par le Conseil de sécurité le 8 juin, fera tout son possible pour aider le peuple iraquien dans le processus de transition. L’élargissement du rôle de l’Organisation, en ce qui concerne la mise en place des institutions, la reconstruction, les droits de l’homme et les autres domaines, dépendra du climat de sécurité général, lequel, note le Secrétaire général, déterminera la possibilité d’accroître la présence de l’ONU en Iraq. Le succès des efforts de son nouveau Représentant spécial, qui, selon les circonstances, interviendra à la fois de l’extérieur et de l’intérieur du pays, nécessitera le plein appui de la communauté internationale, considère-t-il.
Pour ce qui est du conflit israélo-palestinien, le Secrétaire général souligne que le processus de paix est resté en panne et que la violence a persisté, malgré les efforts considérables de la communauté internationale, agissant par l’entremise du Quatuor (ONU, Union européenne, États-Unis et Fédération de Russie), et l’engagement déclaré des parties en faveur de la Feuille de route.
Sur la question de Chypre, M. Kofi Annan, qui estime que rien ne justifie la reprise de sa mission de bons offices, juge nécessaire de réexaminer la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix. Le Secrétaire général revient longuement sur la situation du Darfour, dans l’ouest du Soudan, où il s’est rendu au début de juillet après que les violences à l’encontre des civils eurent dégénéré en une crise majeure. Plus d’un million d’habitants ont été déplacés et plus de 170 000 réfugiés se trouvent actuellement au Tchad, indique-t-il.
Le Secrétaire général aborde en outre les activités des différentes opérations de maintien de la paix des Nations Unies, en particulier des nouvelles, qu’il juge complexes, au Libéria, en Côte d’Ivoire, au Burundi et en Haïti. En juillet 2004, écrit-il, il y avait de par le monde 16 opérations de maintien de la paix, comptant 56 000 hommes. Cette augmentation du nombre des missions met à rude épreuve l’aptitude de l’Organisation à planifier, déployer rapidement et appuyer durablement ces opérations.
Dans son rapport, M. Kofi Annan constate que l’ONU a continué de renforcer son partenariat avec les organisations régionales, poursuivant avec elles des objectifs de paix, de stabilité et de développement. Le Secrétaire général insiste également sur la nécessité d’une coopération internationale de grande envergure pour contrer le terrorisme, lequel fait peser sur la paix et la sécurité internationales une menace persistante. Il réaffirme néanmoins sa conviction que la lutte contre le terrorisme ne doit pas être menée aux dépens des libertés fondamentales et de la dignité de la personne. Nous ne parviendrons à vaincre le terrorisme que si nous restons fidèles à ces valeurs que les terroristes rejettent, observe-t-il.
L’année écoulée a vu le nombre total des réfugiés sensiblement diminuer, note M. Kofi Annan. Pour la deuxième année consécutive, leur effectif a baissé de près d’un million, passant de 12,1 millions au début 2002 à 9,7 millions aujourd’hui, soit une réduction de 20%. Le nombre total de personnes recevant l’aide ou la protection du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’élève actuellement à quelque 17 millions, dont 4,2 millions de déplacés. Jamais les chances n’ont été aussi grandes de trouver, dans de si nombreuses régions de l’Afrique, des solutions durables au problème des réfugiés et des déplacés, se réjouit-il.
En matière de coopération pour le développement, le Secrétaire général estime possible d’atteindre les objectifs quantitatifs fixés à l’horizon 2015, mais uniquement si les pays développés et les pays en développement suivent la politique voulue, chez eux comme dans leurs relations internationales, et honorent les engagements qu’ils ont pris collectivement en souscrivant à la Déclaration du Millénaire et au Consensus de Monterrey. La lutte contre le VIH/sida, compte tenu de l’ampleur de la pandémie et des ravages qu’elle provoque, est au premier rang des préoccupations de la communauté internationale, affirme également M. Kofi Annan, faisant état d’un recul ou d’une amorce de recul du nombre des cas nouveaux d’infection dans des pays comme le Brésil, le Cambodge, l’Ouganda, le Sénégal et la Thaïlande, grâce aux efforts tenaces de dirigeants, de mouvements sociaux, de responsables politiques et de dirigeants religieux.
M. Kofi Annan trouve en outre encourageante l’augmentation du nombre des ratifications d’instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, ce qui, considère-t-il, nous rapproche de l’objectif d’universalité énoncé dans la Déclaration du Millénaire. Le Secrétaire général rappelle que la Cour pénale internationale (CPI) est désormais opérationnelle à La Haye, l’Organisation des Nations Unies étant particulièrement fière d’avoir joué un rôle important dans sa création. Les trois Chambres de première instance du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) fonctionnent à plein régime, avec six procès mettant en cause huit accusés au total. Vingt autres affaires, mettant en cause 34 accusés, en sont à la phase préparatoire du procès. Quant au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), il s’est employé à atteindre les buts fixés par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1503 (2003), dans laquelle le Conseil l’a prié instamment d’achever ses enquêtes au plus tard en 2004, ses jugements d’instance à l’horizon 2008 et ses jugements en appel en 2010. Le Tribunal a maintenant rendu 17 jugements concernant 23 accusés.
Sur le renforcement de l’Organisation, le Secrétaire général constate que le programme de réformes qu’il a présenté, il y a deux ans, à l’Assemblée générale est aujourd’hui dans une large mesure appliqué. L’établissement des rapports est l’un des domaines où des progrès quantifiables ont été réalisés, affirme-t-il. Les efforts faits pour présenter des rapports plus synthétiques à l’Assemblée générale à sa cinquante-huitième session ont permis une diminution de 13% de leur nombre. Une réduction de 16% est prévue pour cette cinquante-neuvième session. Les changements structurels apportés au Département de l’information commencent à produire des effets visibles. M. Kofi Annan précise que neuf centres sous-équipés et dispersés dans toute l’Europe occidentale ont été remplacés par un pôle régional unique créé à Bruxelles en janvier 2004. Grâce à ce centre moderne et doté de ressources adéquates, l’Organisation sera en mesure, pour la première fois, d’exécuter comme il convient, à travers toute l’Europe occidentale, un programme d’information solide, cohérent et coordonné.
S’agissant du système de planification et de budgétisation, un cadre stratégique biennal va remplacer le plan à moyen terme sur quatre ans. Le premier de ces cadres stratégiques, pour 2006-2007, sera présenté à l’Assemblée générale à sa cinquante-neuvième session. M. Kofi Annan ajoute que deux rapports importants découlant de l’ensemble des réformes introduites en 2002, et qui nécessiteront un travail de suivi considérable, ont été achevés pendant l’année écoulée. Le premier clarifie les rôles et les responsabilités de l’Organisation en matière de coopération technique, tandis que le second rend compte des travaux du Groupe de personnalités éminentes sur les relations entre l’ONU et la société civile. Enfin, un rapport complet sur les progrès réalisés dans la mise en oeuvre des dix éléments de la stratégie de l’Organisation en matière de gestion des ressources humaines sera examiné vers la fin de 2004.
En conclusion, le Secrétaire général estime que bien des choses ont changé depuis le Sommet du Millénaire, et encore davantage depuis l’adoption de la Charte. Mais, poursuit-il, l’interdépendance, sur laquelle, selon les auteurs de la Charte, doit reposer la paix internationale si elle veut s’instaurer durablement, et le partage des responsabilités, qui figure au coeur de la Déclaration du Millénaire adoptée en septembre 2000, n’en restent pas moins des valeurs fondamentales.
Déclarations
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a présenté son rapport sur les activités de l’Organisation en insistant sur le respect de l’état de droit. Dans une allusion au code des lois d’Hammourabi, promulgué il y a plus de trois mille ans dans ce qui est l’actuel Iraq, et dont une reproduction est exposée dans le bâtiment des Nations Unies, M. Annan a rappelé l’ancienneté du principe d’un « gouvernement des lois et non des hommes ». Pourtant, l’état de droit est aujourd’hui en péril aux quatre coins du monde, a-t-il déploré, citant l’Iraq, le Darfour, le nord de l’Ouganda, Beslan ou encore Israël et la Palestine. Selon lui, ces atteintes à l’état de droit sont « absolument injustifiables » et déshonorent les Nations Unies en signalant leur « incapacité collective à faire appliquer la loi ».
Le Secrétaire général a invité les États Membres à respecter la légalité en premier lieu chez eux, regrettant que la lutte, parfaitement justifiée, contre le terrorisme, serve dans certains cas de prétexte à des atteintes aux libertés. Au niveau international, il s’est félicité de l’existence d’un ensemble de règles équitables, tout en regrettant des lacunes et une utilisation pas toujours efficace du pouvoir coercitif, quand il existe, comme au Conseil de sécurité. « Aucune nation ne doit se sentir exclue et chacun doit considérer le droit international comme le sien et avoir le sentiment qu’il protège ses intérêts légitimes », a poursuivi M. Annan. « La légalité théorique ne suffit pas », a-t-il estimé, invitant les États Membres à mettre en pratique les lois internationales, ce qui notamment permettrait, selon lui, de priver les terroristes de ressources financières et de refuge.
C’est aussi le respect du droit international qui permettra de protéger les civils innocents menacés de génocides ou de crimes contre l’humanité, a déclaré M. Annan, en faisant référence à la commission internationale chargée d’enquêter sur les violations des droits de l’homme au Darfour, dont le Conseil de sécurité vient de lui demander la création. « Il se passe des choses au Darfour qui, quelle que soit leur définition juridique, ne peuvent que choquer la conscience humaine », a-t-il affirmé. Saluant le déploiement par l’Union africaine d’observateurs et d’une force de protection, mais prenant acte des moyens limités de l’organisation régionale, il a invité les États Membres à lui apporter tout l’appui possible, parce que selon lui, le Darfour ne saurait relever des Africains et des Africains uniquement. « Les victimes de la violence et de l’injustice attendent que vous teniez parole », a poursuivi le Secrétaire général. La capacité à rétablir et à faire régner l’état de droit dépendra de « l’emprise que le droit a sur notre conscience ». Rappelant que l’an prochain, à la même époque, l’Assemblée générale se réunira pour faire le bilan de l’application de la Déclaration du Millénaire, le Secrétaire général a invité les États Membres à prendre des « décisions énergiques » sur cette Déclaration, a-t-il conclu.
Pour la version intégrale du discours, voir notre communiqué de presse: SG/SM/9491-GA/10258 http://www.un.org/News/fr-press/docs/2004/SGSM9491.doc.htm.
M. LUIZ INÁCIO LULA DA SILVA, Président du Brésil, a rappelé que seul un ordre international basé sur le multilatéralisme, qui offre à chaque pays la possibilité de se développer économiquement et socialement, pouvait permettre de promouvoir la paix et le développement durables des nations. De la faim et de la misère ne naîtra jamais la paix, a-t-il déclaré, ajoutant que la haine et la déraison qui se sont propagées à travers la planète, se nourrissaient du désespoir des peuples. M. Lula da Silva s’est réjoui de constater que la fin du colonialisme avait conforté le droit des peuples à l’autodétermination, mais a déploré que cette transformation politique n’ait pas été transposée dans les domaines économiques et sociaux. Lors des dernières décennies, une « mondialisation asymétrique a accentué le legs dévastateur de la misère et de la régression sociale », a-t-il estimé, soulignant que dans plusieurs dizaines de pays, le revenu par habitant et l’espérance de vie étaient actuellement en régression.
Évoquant le sommet du 20 septembre, lors duquel il s’est joint à plus de 60 autres chefs d’État pour « donner un nouvel élan à la lutte internationale contre la faim et la pauvreté », le Président du Brésil a rappelé l’engagement de son pays à promouvoir un monde de justice et de paix. C’est dans cet ordre d’idées que l’année dernière, le Brésil avait établi, avec l’Inde et l’Afrique du Sud, le fonds IBAS pour la diminution de la pauvreté et de la faim, et dont le premier projet sera implémenté en Guinée-Bissau. M. Lula da Silva a jugé que le Fonds monétaire international devrait être capable de fournir les garanties et liquidités nécessaires pour permettre aux pays pauvres de financer l’amélioration de leurs infrastructures, de leurs logements et installations sanitaires. Le Président du Brésil a également souligné l’importance de la lutte contre la pandémie du VIH/sida ainsi que la nécessité de développer des sources d’énergie renouvelables, efforts dans lesquels son pays est impliqué. Rappelant la nécessité d’un dialogue constructif entre les nations afin d’atteindre ces différents objectifs, il a remarqué qu’aucun organe n’est mieux disposé pour cela que les Nations Unies.
M. GEORGE W. BUSH, Président des États-Unis, a affirmé que le peuple américain respectait l’idéalisme qui a donné vie à l’Organisation des Nations Unies. Pendant des dizaines d’années, le cercle de développement s’est élargi dans le monde, a affirmé M. Bush, ajoutant que la communauté internationale avait désormais une chance historique d’élargir davantage ce cercle. Nous pouvons atteindre une paix basée sur la liberté et la dignité humaines, a-t-il assuré, la dignité humaine étant notamment honorée à ses yeux par la primauté du droit.
M. Bush a déclaré par ailleurs que les terroristes ne bénéficieraient d’aucun refuge et que les régimes en déliquescence ne pourraient pas les abriter. Selon lui, les terroristes et leurs alliés croient que les droits de l’homme et la liberté sont des mensonges, que les instruments du droit qui les protègent peuvent être foulés aux pieds et oubliés, que les assassinats sont justifiés pour servir leur cause. Les enfants russes de Beslan n’ont rien fait pour subir ces souffrances terribles, a-t-il indiqué, de même que les populations de Madrid, d’Istanbul ou de Bagdad n’ont rien fait pour mériter les souffrances qu’elles ont endurées. Nous devons lutter contre ces assassins et détruire les réseaux terroristes, a-t-il lancé.
Le Président américain a indiqué à ce propos que son pays et l’Italie avaient proposé une initiative pour des opérations de maintien de la paix. Au terme de cette proposition, les pays du G-8 formeraient une force de 75 000 hommes afin que celle-ci puisse opérer notamment en Afrique en lui fournissant des moyens logistiques.
M. Bush a évoqué la situation dans la province soudanaise du Darfour. Nous sommes les témoins de souffrances terribles, a-t-il dit, qualifiant de « génocide » les crimes commis. Il a indiqué que son pays fournirait une aide humanitaire aux populations touchées et a exhorté le Gouvernement soudanais à mettre fin aux combats au Darfour. Le Président américain a également félicité les membres du Conseil de sécurité d’avoir adopté leur dernière résolution sur la question. Lorsque l’on parle de souhait de liberté, il n’y a pas de choc des civilisations, a-t-il en outre affirmé, car tous les pays sont dignes d’être libres. À son avis, dans le monde entier, la liberté s’est frayée un chemin, comme en Iraq et en Afghanistan. Les gouvernements qui ont été mis en place dans ces deux pays ne constitueront plus une menace pour les autres, a-t-il affirmé. Selon M. Bush, les Nations Unies et les États Membres doivent s’engager résolument à aider l’Iraq à devenir un État sûr, démocratique, fédéral et libre. Les forces de la coalition sur le terrain luttent contre le terrorisme afin que les nations pacifiques dans le monde n’aient pas à le faire chez elles, a-t-il poursuivi.
M. Bush a également souligné que son pays avait lancé un programme de 15 milliards de dollars afin de fournir des soins aux pays touchés par l’épidémie de VIH/sida, selon lui la plus grande crise humanitaire de notre époque. La lutte contre le trafic d’êtres humains constitue en outre une forme moderne d’esclavage, a-t-il estimé, précisant qu’il appuyait la résolution déposée par le Costa Rica visant à interdire le clonage humain. Aucune vie humaine ne peut être détruite au bénéfice d’une autre, a-t-il observé, défendant une nouvelle fois le principe de dignité humaine. Il a annoncé par ailleurs que les États-Unis révisaient à la hausse l’aide aux pays en développement et a invité les institutions à accroître leur aide, sous forme de subventions plutôt que de prêts.
Selon le Président américain, un groupe terroriste associé à Al-Qaida est un des principaux groupes qui tuent aujourd’hui des innocents en Iraq, dans une campagne d’attentats contre des civils et en décapitant des hommes ligotés. Un des objectifs des terroristes est de saper et de mettre en cause les résultats des élections, a assuré M. Bush, ajoutant que de nouveaux attentats étaient à craindre en Afghanistan et en Iraq, mais que ceux-ci ne devraient pas remettre en cause nos convictions. Nous serons aux côtés des peuples d’Iraq et d’Afghanistan tant que leurs aspirations à la liberté ne seront pas respectées, a-t-il déclaré.
S’agissant du conflit israélo-palestinien, il a estimé que la paix ne pourrait pas être assurée par des dirigeants palestiniens qui tolèrent la corruption et qui entretiennent des liens avec des groupes terroristes. Les États arabes, a-t-il dit, devraient mettre un terme au financement du terrorisme et doivent entretenir des liens avec Israël, tandis que les dirigeants du monde devraient retirer leur appui aux dirigeants palestiniens qui trahissent la cause de leur peuple.
Selon le Président américain, la démocratie signifie un bon gouvernement, responsable, permanent et qui rend des comptes. M. Bush a ainsi proposé la création d’un fonds des Nations Unies pour la démocratie afin d’aider les pays à poser les bases de la démocratie en instituant l’État de droit, des tribunaux indépendants, une presse libre, des partis politiques et des syndicats. Les États-Unis feront une contribution initiale, a-t-il annoncé, exhortant les autres pays à faire de même. L’histoire rendra honneur au idéaux des Nations Unies, a-t-il conclu, estimant que l’actuelle génération de dirigeants respectait ces idéaux, même dans l’adversité. Je suis sûr que ce siècle sera celui de la liberté ou ne sera pas, a-t-il déclaré.
CHEIKH HAMAD BIN KHALIFA AL-THANI, Émir de l’État du Qatar, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que l’enjeu majeur pour la communauté internationale était de maintenir la paix et la sécurité internationales tout en assurant le bien-être économique et le développement.
Pour ce faire, a-t-il dit, la communauté internationale doit adopter des politiques plus équitables, contrecarrer les obstacles à la croissance économique des pays en développement, et agir pour mieux les intégrer dans l’économie mondiale. Dans ce but, a-t-il poursuivi, il convient d’établir un système commercial multilatéral ouvert, respectueux de la justice et de l’état de droit, et équipé pour appuyer les efforts des pays en développement en matière de lutte contre la pauvreté. Cela implique, a-t-il dit, l’élimination des obstacles aux échanges commerciaux, et notamment des subventions à l’agriculture et aux mouvements de personnes.
Le Groupe des 77 a donc appelé les pays développés à accélérer la libéralisation du commerce et à adopter des mesures garantissant aux pays en développement un afflux de financement, en particulier des investissements directs étrangers, et l’accès à la science, la technologie et la connaissance. L’Émir du Qatar a estimé qu’à un an de l’examen à cinq ans des progrès dans la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire, il était temps de renouveler et d’honorer les engagements pris en 2000.
Au nom de son pays, l’Émir a déclaré que la réforme politique et la participation populaire à la prise de décisions n’étaient plus une option mais une nécessité, comme le démontre les résultats économiques atteints par les États, du Nord et du Sud, les plus activement engagés à promouvoir les processus démocratiques. Sur la question de Palestine, M. Al-Thani a engagé la communauté internationale à ne pas faire adopter une politique de deux poids deux mesures. Il a déclaré qu’Israël devait honorer ses engagements, y compris ses engagements en vertu de la Feuille de route, et arrêter la construction du mur de séparation conformément à l’avis de la Cour internationale de justice du 9 juillet 2004, entériné par l’Assemblée générale. Selon lui, le règlement pacifique et durable du conflit israélo-palestinien passe par le retrait d’Israël de tous les territoires occupés depuis 1967, y compris le Golan syrien occupé et les fermes libanaises de Shaba’a. À cet égard, il a insisté sur la nécessité de faire de la région une zone exempte d’armes de destruction massive. S’agissant de la situation en Iraq, l’Émir a réaffirmé le rôle central de l’ONU en souhaitant que la mise en œuvre de la résolution 1546 contribuerait à la stabilisation. Il a également réaffirmé la position de son pays sur la nécessité de garantir l’indépendance, la souveraineté, et l’intégrité territoriale de l’Iraq et de s’abstenir de s’ingérer dans les affaires internes du pays. Sur la situation au Darfour, il a estimé que les initiatives du gouvernement soudanais de restaurer l’état de droit appelaient la coopération et l’appui de la communauté internationale. Il a accueilli avec satisfaction les accords signés en vue de trouver une solution pacifique au problème dans le Sud du Soudan.
M. OMAR BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a souligné la forte impulsion politique nécessaire à la réalisation, d’ici 2015, des Objectifs du Millénaire pour le développement, compte tenu des fortes disparités qui apparaissent chaque jour entre les pays riches et les pays pauvres. « Nous ne pouvons nous accommoder du désespoir qui en découle », a déclaré M. Bongo, affirmant que l’Afrique refusait la fatalité et assumait plus que par le passé sa part de responsabilités. Les États africains s’impliquent dans la prévention et la résolution des conflits qui minent le continent, a-t-il poursuivi, citant la Côte d’Ivoire et le rôle de l’Union africaine au Darfour, au Burundi ou encore en République démocratique du Congo. M. Bongo a appelé « les pays les plus nantis » à un « sursaut solidaire » à l’égard du continent africain. Et il a plaidé, comme il l’avait déjà fait en 1977, pour que l’Afrique soit représentée dans la catégorie des membres permanents au Conseil de sécurité, dans la mesure, a-t-il noté, où l’essentiel des questions inscrites à l’ordre du jour, ces derniers temps, concerne l’Afrique.
M. JOSEPH DEISS, Président de la Confédération suisse, a souligné que la crise iraquienne a permis de montrer que la communauté internationale reste attachée à un système multilatéral de maintien de la paix et de la sécurité internationales, mais que les structures actuelles ne sont plus adaptées. Il a appelé à des réformes et au renforcement de l’action collective. Il a estimé que la prévention est essentielle et que la force doit rester un instrument de dernier recours. Pour cela, le Conseil de sécurité doit pleinement exercer sa responsabilité principale dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Tout en étant opposée à la création de nouveaux sièges dotés du droit de veto qu’elle juge non démocratique, la Suisse considère que pour assurer la légitimité de l’action du Conseil, sa composition doit refléter les changements intervenus depuis sa création et mieux prendre en compte l’apport financier de certains États Membres.
D’autre part, M. Deiss a souligné l’importance de renforcer le mécanisme de consultation avec les États directement concernés par les foyers de tension. Même si la réforme des institutions est une tâche ingrate, c’est une contribution indispensable à l’efficacité de l’ONU, a-t-il dit. Mais, pour être crédibles, les Nations Unies et ses membres doivent rester les garants du droit international et du droit international humanitaire. Pour la Suisse, le respect du droit est la seule voie praticable. M. Deiss a rappelé que les attaques contre les civils au Darfour constituent de graves violations du droit international humanitaire qui doivent être sanctionnées.
M. Deiss a annoncé que son pays accepte d’entreprendre les consultations entre Israël et l’Autorité palestinienne afin de mieux faire respecter le droit international humanitaire dans le cadre de la résolution ES-10/15 de l’Assemblée générale sur l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice, constatant le caractère contraire au droit international de la construction de la barrière dans le territoire palestinien occupé.
Il a constaté l’insuffisance des efforts mise en œuvre pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement et il s’est réjoui de la reprise du dialogue sur la libéralisation des échanges commerciaux.
Il a déploré que la religion devienne de plus en plus la seule grille d’analyse des problèmes politiques et sociaux et, pour lui, une telle simplification risque d’exacerber les tensions. Il a appelé la communauté internationale à apporter une solution à cette tendance et il a estimé que l’ONU constituait pour ce faire une plate-forme idéale. Enfin, a rappelé M. Deiss, prévenir, c’est déceler et désamorcer les problèmes de demain.
M. BENJAMIN WILLIAM MKAPA, Président de la République-Unie de Tanzanie, a affirmé que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) représentaient la vision et l’espoir de la communauté internationale d’un nouveau partenariat mondial pour une sécurité et une prospérité mondiale partagée. Il s’agit d’un idéal qui est au coeur même des Nations Unies, a-t-il considéré, précisant toutefois qu’il était loin d’être atteint. Le chef de l’État tanzanien a félicité le Danemark, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède pour avoir constamment respecté les objectifs des Nations Unies visant à allouer au moins 0,7% du revenu national des pays riches au développement. Il a exhorté les autres pays riches à établir des calendriers pour réaliser cet objectif qui aurait dû être atteint depuis longtemps, à avoir des politiques de développement cohérentes et à bâtir sérieusement une conscience nationale et un consensus sur la guerre mondiale contre la pauvreté. Cette guerre devrait désormais constituer une question politique centrale pour tous les pays, riches ou pauvres, a-t-il ajouté. Lorsque pays riches et pays pauvres remplissent leurs obligations, des progrès tangibles sont réalisés, a-t-il souligné, affirmant que son pays était en ce sens un exemple dans le domaine de l’éducation.
M. Mkapa a en outre abordé les situations rencontrées dans plusieurs régions d’Afrique, comme en République démocratique du Congo (RDC), au Burundi, au Sahara occidental et dans la province soudanaise du Darfur. La première conférence des Grands Lacs, qui se déroulera en Tanzanie en novembre 2004, réexaminera les aspects concernant la paix et la sécurité, la gouvernance et la démocratie, le développement économique et l’intégration régionale, ainsi que les questions humanitaires et sociales de la région, a-t-il affirmé, espérant qu’un pacte de sécurité, de stabilité et de développement pour la région des Grands Lacs sera adopté à l’issue de la conférence.
Mme CHANDRIKA BANDARANAIKE KUMARATUNGA, Présidente du Sri Lanka, a plaidé pour une réforme compréhensive du Conseil de sécurité, dont elle a estimé qu’il ne reflétait pas les réalités géopolitiques du moment. Mme Kumaratunga a pris acte que quatre pays – le Brésil, l’Allemagne, l’Inde et le Japon – annonceraient prochainement leur candidature au titre de membre permanent du Conseil, et a annoncé que le Sri Lanka soutenait leurs candidatures. Depuis plusieurs années, a-t-elle souligné, la plupart des États Membres souhaitent voir élargir la composition du Conseil de sécurité en accord avec les principes de base de la représentation démocratique. Dans cet ordre d’idée, elle a remarqué que l’Asie, le continent le plus peuplé de la planète et une puissance économique croissante, est sous-représentée au Conseil. Elle a également indiqué que son pays souhaitait voir émerger un consensus quant à la représentation permanente de l’Afrique au Conseil de sécurité.
Mme Bandaranaike Kumaratunga a souligné les efforts entrepris par son gouvernement lors des dix dernières années afin d’engager le groupe armé LTTE dans des négociations pour la paix. Elle a remarqué qu’un cessez-le-feu avait mis fin aux conflits armés depuis deux ans et demi, et a salué le travail du Gouvernement norvégien, qui joue le rôle de facilitateur au sein du processus de négociations depuis près de six ans, ainsi que l’important soutien dont le Sri Lanka a bénéficié de la part de la communauté internationale. La Présidente du Sri Lanka a également évoqué les progrès réalisés par son pays afin d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), principalement dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de la nutrition et de la protection des droits de l’enfant.
Par ailleurs, Mme Bandaranaike Kumaratunga a déploré l’utilisation, qu’elle a qualifiée d’« insultante », de symboles religieux à des fins commerciales, dont elle a demandé l’interdiction et la condamnation. La Présidente du Sri Lanka a proposé que les Nations Unies demandent aux responsables concernés de témoigner le respect dû aux symboles et pratiques religieuses, dans l’esprit d’un « dialogue entre civilisations » prôné par les Nations Unies.
M. ABEL PACHECO DE LA ESPRIELLA, Président du Costa Rica, a appelé l’Assemblée générale à promouvoir une mondialisation plus humaine. Il s’est inquiété de l’accroissement de l’écart entre les pays les plus pauvres et les pays les plus riches. Il a déploré qu’un nouveau record mondial ait été atteint en 2003 avec 956 milliards de dollars de dépenses militaires, ce qui représente plus de 17 fois le montant des ressources consacrées dans le monde à l’aide publique au développement. Cela démontre, a-t-il ajouté, que l’humanité n’a pas encore compris que la sécurité ne résulte pas de la multiplication des armes, mais de la multiplication des pains.
M. Pacheco de la Espriella a souhaité une meilleure coordination dans la lutte contre le terrorisme, qui doit être confiée, selon lui, à un organisme indépendant, professionnel et permanent. Il a proposé à cet effet la création d’un Haut Commissariat des Nations Unies sur le terrorisme qui aiderait le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et l’ECOSOC dans leur combat de ce fléau. Il a par ailleurs invité les États Membres à se joindre au Costa Rica pour faire adopter une convention internationale interdisant toute forme de clonage humain. « En tant que médecin, je rejette le clonage humain et j’encourage fermement la recherche sur les cellules-souche adultes, qui ne présente pas les mêmes problèmes éthiques et légaux » a-t-il expliqué.
M. BERNARD BOT, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a souligné l’importance d’un système international fort pour faire face à l’ensemble des défis auxquels la communauté internationale est confrontée.
Pour l’Union européenne, a-t-il poursuivi, seul le multilatéralisme et une coopération internationale étroite permettront d’affronter des problèmes tels que le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. La recherche d’une société internationale fondée sur le droit est plus impérative que jamais. Dans cette perspective, l’Europe soutient les initiatives de réforme déjà lancées par le Secrétaire général dans le but de rendre l’Organisation des Nations Unies plus forte, plus efficace, plus compétente et plus prête à s’adapter aux circonstances nouvelles.
Les Objectifs du Millénaire pour le développement doivent être atteints, a-t-il dit, et une action en ce sens est urgente. L’Union européenne, qui envisage d’augmenter son aide publique au développement à 0.39% du PNB en 2006, est sur la bonne voie pour atteindre l’objectif de 0.7% du PNB en 2015.
Ce sont les traités internationaux qui établissent les fondements juridiques et normatifs pour lutter contre toute forme de prolifération d’armes de destruction massive, a-t-il ajouté, et l’Union européenne est convaincue que le meilleur moyen de maintenir l’ordre international est par la voie d’actions multilatérales. Quant à la menace du terrorisme, à laquelle il faut également faire face par une coopération internationale étroite, les états doivent s’assurer que les mesures anti-terroristes respectent leurs obligations vis-à-vis des instruments relatifs aux droits de l’Homme.
Réaffirmant l’opposition de l’Union européenne à la peine de mort, il a ajouté que l’Europe attribue la plus grande importance à la Cour pénale internationale, et entend poursuivre ses efforts afin de rassembler le plus grand nombre de ratifications au Statut de Rome qui a créé la Cour. De même, le processus de paix au Moyen-Orient doit être remis sur la bonne voie, et pour cela il faut que l’ensemble de la communauté internationale soutienne la Feuille de route qui constitue le seul moyen crédible d’aboutir à une solution basée sur le concept de deux états.
Le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas a affirmé en outre le soutien de l’Europe au processus politique en Iraq et au nouveau gouvernement iraquien par intérim, ainsi qu’à la tenue d’élections démocratiques en janvier 2005. Il a souligné l’appui indéfectible de l’Europe au rôle des Nations Unies dans ce pays. L’Europe estime également que le processus de stabilisation, de reconstruction et de démocratisation de l’Afghanistan doit rester une priorité de la communauté internationale.
Il a exprimé l’inquiétude de l’Union européenne face à la récente montée de tension dans la région des Grands Lacs en Afrique, en insistant sur la nécessité de la coopération régionale dans la recherche d’une résolution des conflits. L’Europe soutient le renforcement du mandat et des capacités de la Mission d'observation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC), a-t-il conclu.
M. JANEZ DRNOVŠEK, Président de la République de Slovénie, a estimé que répondre aux problèmes mondiaux implique une solidarité accrue et un engagement renouvelé de la communauté internationale. À ce titre, il a appuyé les conclusions du rapport de la Commission sur la dimension sociale de la mondialisation. Il a estimé qu’il fallait briser l’inertie du système établi et développer de nouvelles approches, notamment en matière de financement du développement. Il faut faire preuve de la volonté politique de concrétiser ces changements et d’accroître la coopération internationale à tous les niveaux, a-t-il lancé. Il a également estimé qu’il fallait tirer parti de l’augmentation des échanges entre les cultures et les civilisations pour formuler une nouvelle conscience de l’humanité, sur la base de la reconnaissance des principes d’égalité, de tolérance et délimitée par les droits et les libertés fondamentales de l’homme. Dans ce contexte, M. Drnovšek a estimé que seul un système multilatéral pouvait permettre de trouver les réponses aux défis mondiaux et a encouragé le processus de réforme des Nations Unies en vue d’adapter l’architecture institutionnelle aux réalités actuelles. Il a dit attendre avec intérêt les conclusions du groupe de personnalités éminentes sur les menaces, les défis et le changement et a espéré qu’à l’occasion de son soixantième anniversaire l’Organisation assure sa position centrale et une meilleure efficacité.
S’agissant des menaces à la paix et à la sécurité, au rang desquelles il a notamment cité le terrorisme, les tensions internes, les asymétries de la globalisation et la pollution environnementale, M. Drnovšek de la Slovénie a également insisté sur l’importance de compléter l’action intergouvernementale par celle de la société civile et des organisations non gouvernementales. Il a également souligné la responsabilité et le potentiel des entreprises transnationales notamment en matière de protection de l’environnement. Indiquant que la Slovénie présiderait en 2005 l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe, il a conclu en appuyant la réflexion faite par le Conseil de sécurité sur la coopération avec les organisation régionales en matière de prévention des conflits et de consolidation de la paix au sortir d’un conflit.
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