M. KOFI ANNAN MET EN GARDE CONTRE L’«EROSION» DES NORMES INTERNATIONALES PORTANT SUR LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE
Communiqué de presse SG/SM/8598 |
SG/SM/8598
DC/2853
12 février 2003
M. KOFI ANNAN met en garde contre l’«erosion» des normes internationales portant sur les armes de destruction massive
On trouvera ci-après l’allocution prononcée, le 6 février, par le Secrétaire général, Kofi Annan, devant le Conseil consultatif pour les questions de désarmement:
Je salue l’élection de l’Ambassadeur Gryschenko à la présidence du Conseil consultatif pour les questions de désarmement pour 2003. Je me félicite également de voir que le Conseil compte cinq nouveaux membres et que les femmes y sont plus nombreuses.
À l’heure où vous vous réunissez, la question du désarmement préoccupe au plus haut point la communauté internationale. Les dangers que fait courir au monde la multiplication des armes de toutes sortes, et en particulier des armes de destruction massive, rendent vos travaux plus utiles, plus urgents et plus importants que jamais.
Depuis longtemps vous appelez l’attention sur des questions telles que les liens entre le terrorisme et les armes de destruction massive, le renforcement de la Convention sur les armes biologiques, la réduction du danger nucléaire et la lutte contre la prolifération des armes légères, et formulez d’importantes recommandations à cet égard.
Cette année, vos débats sont placés sous le signe de l’inquiétude: celle que ressent l’humanité tout entière face aux multiples dangers que font peser sur elle les armes de destruction massive, et plus particulièrement les armes nucléaires. C’est ce même sentiment qui a incité les dirigeants du monde entier, lorsqu’ils se sont réunis ici à l’occasion du Sommet du Millénaire, à faire de l’élimination de ces armes un des principaux objectifs de la Déclaration du Millénaire.
Cet objectif sera difficile à atteindre, mais l’Organisation des Nations Unies affirme depuis longtemps qu’à long terme, la primauté du droit, notamment en matière de désarmement et de maîtrise des armements, est indispensable à la paix et la sécurité.
Les normes internationales concernant les armes de destruction massive connaissent une érosion progressive alarmante. Parallèlement, les dépenses militaires augmentent, ce qui indique non seulement que le danger subsiste, mais qu’il est plus redoutable que jamais. Il est donc crucial que nous fassions tout ce qui ce qui est en notre pouvoir pour préserver et consolider les normes
multilatérales existantes en encourageant l’adhésion aux traités et le respect des obligations qui en découlent. Comme vous ne le savez que trop bien, et comme le grand public commence à en être conscient, la sécurité internationale et les régimes de non-prolifération sont sérieusement compromis. La République populaire démocratique de Corée et l’Iraq ne sont qu’une petite partie du problème.
Pour que notre action aboutisse, il faut absolument que la société civile joue un rôle accru. Les organisations non gouvernementales jouent depuis longtemps un rôle essentiel en animant le débat, en mobilisant l’opinion publique et en incitant les dirigeants à vraiment promouvoir le désarmement. Elles l’ont fait lors de la campagne pour l’interdiction des mines terrestres et je pense qu’elles le feront à nouveau dans d’autres domaines. En toute franchise, je ne sais pas si le traité sur les mines antipersonnel aurait vu le jour sans les organisations non gouvernementales.
Je me félicite donc que vous vous apprêtiez à examiner cette question et j’espère que vous trouverez de nouveaux moyens d’associer pleinement la société civile à la lutte pour le désarmement. Un public sensibilisé et informé peut contribuer pour beaucoup à convaincre les dirigeants politiques que notre monde sera meilleur et plus sûr lorsqu’il sera débarrassé de toutes les armes de destruction massive.
Cette année marque le vingt-cinquième anniversaire de la première session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement et de l’adoption d’un document final historique, d’où sont issus bien des mécanismes de désarmement encore opérationnels aujourd’hui, dont le Conseil consultatif. Je note avec satisfaction que, l’année dernière, l’Assemblée générale a décidé de créer un groupe de travail chargé d’envisager la tenue d’une quatrième session extraordinaire sur le désarmement. Le moment est venu, c’est indéniable, de renouveler et de renforcer le consensus en faveur d’avancées dans le domaine du désarmement mondial.
Je me félicite également que vous ayez décidé de passer en revue vos propres activités et procédures afin d’en améliorer l’efficacité et de les adapter aux besoins actuels. J’attends avec intérêt vos recommandations et je vous exhorte à tâcher, plus activement encore, de mobiliser le public en faveur du désarmement.
Je vous souhaite de fructueux travaux
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