SG/SM/8589

IL APPARTIENT AUX DIRIGEANTS IVOIRIENS D’INSPIRER UNE PAIX VIABLE ET DURABLE DANS L’INTERET DU PAYS ET DE LA REGION, DECLARE KOFI ANNAN

27/01/03
Communiqué de presse
SG/SM/8589


                                                            AFR/547


IL APPARTIENT AUX DIRIGEANTS IVOIRIENS D’INSPIRER UNE PAIX VIABLE ET DURABLE DANS L’INTERET DU PAYS ET DE LA REGION, DECLARE KOFI ANNAN


Remarques du Secrétaire général, M. Kofi Annan, le 25 janvier 2003, à l’occasion de la réunion de Paris consacrée aux mécanismes de suivi de l’accord de paix sur la Côte d’Ivoire :


Nous sommes réunis ici aujourd’hui pour entériner l’accord mettant fin au conflit qui ravage la Côte d’Ivoire depuis plusieurs mois. 


Cet accord reflète la détermination des parties à consacrer dorénavant leurs énergies au bien-être et au progrès de tous les Ivoiriens. 


En ce jour d’espoir pour la Côte d’Ivoire, je voudrais remercier tous ceux qui ont contribué à cette étape du règlement de la crise. 


D’abord les parties ivoiriennes qui ont su dépasser leurs différences et privilégier le dialogue.  Ensuite la CEDEAO qui a facilité un accord de cessation des hostilités. 


Je remercie également l’Union africaine qui, avec la CEDEAO, a réussi à maintenir le contact entre les belligérants, à faire baisser les tensions et à créer une dynamique de paix.


Je voudrais aussi exprimer mes remerciements au Président Bongo pour les efforts sans relâche qu’il a déployés pour la paix en Afrique.  


Enfin, je remercie la France qui a su conduire les négociations qui ont mené au présent accord de paix.  Monsieur le Président, nous vous sommes reconnaissants, à vous et à votre équipe, des efforts que vous avez déployés.


Je ne veux pas oublier non plus de féliciter Monsieur Diarra pour sa récente nomination.  Tous mes vœux de réussite l’accompagnent.  Mais nous savons tous que cet accord n’est qu’un début.  C’est maintenant que le travail difficile commence: la mise en oeuvre déterminée et de bonne foi de toutes les dispositions de l’accord. 


C’est à vous – les dirigeants de la Côte d’Ivoire – qu’il appartient d’inspirer une paix viable et durable.  Je vous engage à nouveau, comme je l’ai fait ce matin, à ne pas laisser tomber votre peuple, votre pays et votre région.


Cette réunion a pour objet d’examiner les modalités d’application de l’accord de paix; les moyens d’en vérifier le respect; et le mécanisme qui assurera cette tâche. 


En ce qui concerne le volet militaire, grâce à l’accord de Marcoussis, la formation imminente d’un gouvernement d’unité nationale, la présence des troupes françaises et le déploiement progressif des troupes de la CEDEAO, il doit être possible, à court terme,de consolider le cessez-le-feu, de commencer le désarmement et d’aider le gouvernement à assurer le retour à la normalité.  Pour que la CEDEAO puisse remplir efficacement son rôle, j’engage la communauté internationale à lui apporter tout le soutien promis le

14 décembre dernier à Paris, lors de la réunion des donateurs.


Pour ma part, je demanderai au Conseil de sécurité de continuer de soutenir le processus de paix et l’accord que vous avez conclu ici à Paris, ainsi que d’examiner d’autres mesures concrètes qu’il pourrait prendre pour appuyer sa mise en œuvre.


J’ai également l’intention de désigner un représentant spécial pour travailler avec vous. 


Mais il n’y aura pas de paix ni de sécurité durables en Côte d’Ivoire sans une réforme en profondeur des forces de défense et de sécurité ivoiriennes.  J’appelle donc les parties à s’atteler à cette tâche sans délai et je demande aux partenaires bilatéraux de la Côte d’Ivoire de leur fournir l’expertise et les ressources nécessaires.


En ce qui concerne le volet civil et politique, les Nations Unies s’appuieront sur l’expérience acquise dans la gestion de situations politiques complexes à travers le monde pour vous conseiller et vous aider dans les différentes étapes de la mise en œuvre de l’accord que vous avez signé.  Il s’agit notamment de relancer l’économie nationale, de restaurer l’administration sur toute l’étendue du territoire, de réformer le système électoral et judiciaire, d’assister les personnes déplacées et les réfugiés, et de promouvoir la réconciliation nationale.


Il est également essentiel de prévoir un mécanisme pour faire toute la lumière sur les violations des droits de l’homme qui ont été commises.  Il faut en identifier les auteurs et les traduire en justice, quels qu’ils soient et où qu’ils se trouvent.  Comme vous le savez, une équipe des Nations Unies s’est rendue récemment en Côte d’Ivoire pour enquêter sur les violations des droits de l’homme et son rapport sera publié prochainement.

Des mesures doivent également être prises pour garantir désormais le respect de l’Etat de droit, des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  L’ONU veillera tout particulièrement à l’application de mesures efficaces dans ce domaine.


Comme les parties en sont convenues, un comité international de suivi sera établi afin de faciliter le contrôle du respect de l’accord.  Ce comité sera basé à Abidjan et comprendra des représentants de la CEDEAO, de l’Union africaine, de l’Union européenne, de la France, du Groupe des Huit, de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international, de l’Organisation internationale de la Francophonie, et bien entendu, mon représentant spécial.


J’espère que ce comité pourra se mettre au travail très rapidement et tenir sa première réunion, de préférence, au début de février.  Il devrait s’atteler en premier lieu à l’élaboration, en étroite collaboration avec le Gouvernement ivoirien, d’un calendrier en vue de la mise en œuvre de l’accord.  Une demande explicite en ce sens pourrait lui être faite par ce sommet. 


L’efficacité des mécanismes de suivi dépend en premier lieu des parties.  Mais nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider à obtenir rapidement des résultats. Ne décevons pas les espoirs du peuple ivoirien.  Je vous remercie. 


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