DECLARATION DE M. ORDZHONIKIDZE LORS DE LA CEREMONIE EN HOMMAGE AUX VICTIMES DE L'ATTENTAT CONTRE L'ONU A BAGDAD
Communiqué de presse ORG/1392 |
ORG/1392
IK/386
29 août 2003
DECLARATION DE M. ORDZHONIKIDZE LORS DE LA CEREMONIE EN HOMMAGE
AUX VICTIMES DE L'ATTENTAT CONTRE L'ONU A BAGDAD
GENEVE, le 29 août -- Voici le texte de la déclaration faite par le Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, M. Sergei Ordzhonikidze, lors de la cérémonie qui s'est déroulée ce matin au Palais des Nations en hommage aux victimes de l'attentat du 19 août dernier contre le bureau des Nations Unies à Bagdad:
"Chers Amis, Chers Collègues,
Nous sommes encore abasourdis par le choc, par la tristesse et par l'indignation. Nous avons encore du mal à croire que nombre de nos collègues ne sont plus là et que beaucoup d'autres sont blessés. Nous nous rassemblons aujourd'hui afin de penser, ensemble, aux événements de ce qui doit être une des semaines les plus difficiles et douloureuses que nous ayons jamais vécue. Nous sommes ici pour regagner des forces à travers le partage de notre chagrin et pour trouver quelques éléments de consolation à leur sacrifice.
Il n'est pas facile de quitter ses proches et de partir pour une terre étrangère afin d'aider ceux qui sont à la recherche d'une vie meilleure. Seuls sont capables de faire preuve d'une telle générosité les individus qui croient profondément à la nécessité de la paix, au respect des droits de l'homme et à la dignité de chaque être humain. Nos collègues ont travaillé sans relâche en Iraq, dans des conditions extrêmement dangereuses. Pourquoi? Parce qu'ils pensaient pouvoir changer les choses.
Pourtant, aussi insensé et cruel que cela puisse paraître, ils nous ont été enlevés. Leurs vies se sont tragiquement arrêtées, nous plongeant dans une profonde tristesse. Notre famille, ici, à Genève, a considérablement souffert, alors que nous réalisions que nous ne verrions plus leurs visages familiers et que nous ne pourrions plus jouir de leur compagnie.
Alors que nous nous rappelons leur vitalité et leur bonté, nous devons aussi nous concentrer sur ce legs qu'ils ont laissé, en héritage, derrière eux. Ils étaient en Iraq dans un but noble, pour accomplir une tâche et atteindre un objectif. Leur présence témoignait d'un engagement inébranlable et de leur dévouement aux principes des Nations Unies. Nous devons faire honneur à cet engagement en poursuivant le travail qu'ils ont commencé. Montrons au monde qu'ils ne seront jamais oubliés. Que leur travail n'a pas été vain. Que nous sommes fiers d'eux.
Comme le Secrétaire général l'a lui-même dit, les Nations Unies ne sont pas seulement un métier, c'est une vocation. Ce qui est sûr, c'est que le meilleur moyen de rendre hommage serait de trouver le moyen d'achever le travail commencé.
En ces moments de recueillement, n'oublions pas ceux qui ont été blessés dans la tragédie de la semaine dernière. Beaucoup d'entre eux se trouvent encore dans un état critique. Nous prions pour qu'ils se rétablissent vite. Le temps pansera leurs souffrances physiques, mais les cicatrices psychiques resteront à jamais. Ils ont besoin de notre soutien.
Dans des moments comme celui-ci, où je m'efforce de trouver les mots appropriés pour vous réconforter, je préfère m'en remettre à Jorge Luis Borges - poète passionné et dévoué citoyen de Genève, qui repose auprès de Sergio. Borges a écrit: "Rien n'est construit sur de la pierre; tout est construit sur du sable. Mais nous devons construire en faisant comme si le sable était pierre".
Je pense que nos camarades disparus comprenaient ces mots mieux que la plupart. Même là où il ne semblait y avoir aucune fondation pour bâtir, ils ont persévéré. Mais ils ne sont plus et le monde s'en trouve appauvri; pour autant, nous autres, les Nations Unies, sommes plus riches de les avoir connus. Aujourd'hui, là où il n'y a pas de pierre sur laquelle bâtir, nous devons créer cette pierre.
Faisons preuve de courage et de résolution face au terrorisme et soyons forts face au deuil. Exposons aux yeux du monde des "Nations Unies" plus déterminées et plus unies, afin d'honorer la mémoire de nos collègues disparus".
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