SUR LES FRONTS POLITIQUE, ECONOMIQUE ET SOCIAL, LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE CHERCHE LES MOYENS D’ELIMINER LES DISCRIMINATIONS A L’EGARD DES FEMMES
Communiqué de presse FEM/1242 |
Commission de la condition de la femme
5ère et 6ème séances – matin et après-midi
SUR LES FRONTS POLITIQUE, ECONOMIQUE ET SOCIAL, LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE CHERCHE LES MOYENS D’ELIMINER LES DISCRIMINATIONS A L’EGARD DES FEMMES
Inégalités salariales, disparités dans la répartition des ressources économiques et du pouvoir politique, féminisation de la pauvreté, incidence de la violence et de la pandémie du VIH/sida, aucun pays ni aucune région du monde n’est aujourd’hui en mesure de garantir l’intégralité des droits fondamentaux des femmes. Sur cette toile de fond, ministres, représentants de pays, d’institutions et d’ONG chargés des questions de parité des sexes ont, aujourd’hui, détaillé leurs priorités et stratégies nationales devant leur permettre de traduire dans les faits les engagements pris dans les enceintes internationales. Ce débat général consacré au suivi du Programme d’action de Beijing était organisé par la Commission de la condition de la femme.
C’est dans le domaine des réformes politiques que le Pakistan entend habiliter les femmes, a expliqué Nilofer Bakhtiar, Ministre pour la promotion de la femme, la sécurité sociale et l’éducation spécialisée. Ce train de mesures a ainsi permis de réactiver le système de gouvernements locaux pour donner le pouvoir au peuple et notamment aux femmes qui disposent désormais de 33% des sièges au sein des instances locales. De son côté, le Gouvernement allemand a également placé la lutte pour l’égalité entre les sexes sur le front politique. Depuis les dernières élections, la composition du Gouvernement a atteint la parité puisque 6 ministres sur 13 sont des femmes.
Qualifiée de «paradis pour l’égalité entre les sexes» la Norvège s’est pourtant attelée à prendre des mesures efficaces pour contrecarrer la distribution inégale des ressources économiques et du pouvoir. Il existe en effet des écarts de salaire importants entre les hommes et des femmes, a reconnu la représentante norvégienne. L’accent, est également mis sur la réduction des inégalités salariales en Suède qui, selon la Vice-Premier Ministre, Margareta Windberg, s’explique par la manière dont on perçoit toujours les rôles des hommes et des femmes dans nos sociétés qui restent malgré tout patriarcales.
Au Guatemala, a précisé la représentante du Secrétariat des affaires de la femme auprès de la Présidence, alors même que les femmes représentent 41% de la force de travail en 2002, ce qui traduit une forme de réussite en terme d’accès à la vie économique, l’inégalité des revenus entre hommes et femme existe toujours. En général les femmes touchent 52% de moins que les hommes. Pour la représentante, les médias constituent le moyen le plus efficace pour lutter contre les stéréotypes sexistes.
De nombreux pays en développement ont également partagé leur inquiétude face au phénomène de la féminisation de la pauvreté. Au Burkina Faso, pays classé parmi les pays les moins avancés, la moitié de la population vit en deçà du seuil de pauvreté, les femmes étant majoritaires, soit 51,7% du groupe des plus pauvres. La paupérisation des femmes est due en grande partie au partage inégal du pouvoir économique entre les deux sexes, au manque d’accès des femmes à la terre, à
l’éducation, à l’emploi et aux changements des structures familiales qui obligent de plus en plus les femmes à assumer le rôle de chef de famille. L’accès au microcrédit a été souvent invoqué par les délégations, certaines précisant que les taux de remboursement de ce type de crédit accordés aux femmes atteignaient les 100%.
L’accès à l’éducation a souvent été perçu par les délégations comme la clé du succès, notamment par celle des Etats-Unis qui a précisé qu’un projet de loi a été soumis au Congrès qui, s’il était adopté, libèrerait des milliards de dollars en faveur des sociétés libres qui encouragent l’éducation et la santé et le développement économique de leur population. Les femmes constituent les deux tiers des personnes analphabètes dans le monde. L’accès des femmes à l’éducation et à l’emploi permettra notamment de réduire la vulnérabilité de nombreuses victimes séduites par de fausses promesses d’emploi à l’étranger.
La pandémie du VIH/sida est également apparue comme un obstacle majeur au développement des femmes, la moitié des 42 millions de personnes qui vivent avec le VIH/sida dans le monde étant des femmes. Plus de deux millions de ces femmes donnent naissance chaque année à des enfants dont 700 000 sont infectés par le VIH/sida.
La représentante de l’Espagne a présenté le rapport du groupe de travail de l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW), contenant notamment une recommandation visant à modifier les statuts de l’Institut.
Les ministres et représentants des pays suivants ont pris la parole: Pakistan; Suède; Australie; Norvège; Lituanie; Croatie; Allemagne; Malaisie; Gabon; Guatemala; Sénégal; Mexique; Israël; Etats-Unis; Japon; Pérou; Argentine; Afrique du Sud; Danemark; Burkina Faso; Kenya; Tunisie; République islamique d’Iran; Canada; Azerbaïdjan; Pays-Bas; Cuba; Nigeria; Botswana; Tanzanie; Indonésie; Maroc; Guyane, Palestine; Islande; Turquie; Maroc; Nouvelle-Zélande; Thaïlande; Mali ; Philippines.
Les représentants des organisations et institutions suivantes sont également intervenus: Commission des droits de l’homme; INSTRAW; Organisation internationale pour les migrations (OIM); Commissions régionales des Nations Unies; FAO; Organisation internationale du travail; Coalition contre la traite des femmes; Banque mondiale; Rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme sur la violence à l’égard des femmes; Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Union parlementaire.
La Commission poursuivra son débat général demain jeudi 6 mars à 10 heures.
Suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et la session extraordinaire de l’Assemblée générale intitulée: «les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle»
Débat général
Mme NILOFER BAKHTIAR, Ministre pour la promotion de la femme, la sécurité sociale et l’éducation spécialisée, a indiqué que l’habilitation des femmes dans tous les domaines de la vie est une des priorités du Pakistan. Les réalisations récentes du Pakistan se sont traduites par la ratification de la Convention cadre de l’OIT sur l’égalité des salaires, la promulgation d’un décret sur la lutte contre la traite des êtres humains, un amendement à la loi sur la citoyenneté.
Le plus grand progrès pour habiliter les femmes se retrouve dans le domaine des réformes politiques qui ont permis de réactiver le système de gouvernements locaux pour donner le pouvoir au peuple et notamment aux femmes. Le Gouvernement a entrepris un programme ambitieux également sur le plan économique à l’intention des femmes rurales qui ont désormais davantage accès au microcrédit. Nous disposons d’un programme dans 20 des districts les plus pauvres du pays où les enfants reçoivent des repas équilibrés dans les écoles.
Les femmes choisissent de plus en plus des professions non traditionnelles. Il existe de plus en plus de femmes policiers et nous disposons pour la première fois d’un général femme et une femme pilote de combat dans l’armée pakistanaise sera bientôt nommée. Les brutalités dont les femmes du Cachemire sont victimes en raison de l’occupation indienne sont des faits réels. Les forces de la haine se déchaînent contre les femmes musulmanes qui sont victimes de nombreux sévices et de meurtres.
Mme MARGARETA WINBERG, Vice-Premier Ministre de la Suède, s’est demandé pourquoi, en 2003, la violence domestique existe toujours et pourquoi le foyer semble être la place la plus dangereuse pour de nombreuses femmes. L’une des causes de cette situation est le fait que l’oppression par les hommes continue à être la norme et que les hommes sont toujours considérés comme supérieurs aux femmes dans la société. Constatant également les inégalités au travail, Mme Winberg a expliqué qu’afin de remédier à cette situation, la Suède met l’accent sur la réduction des écarts de salaires entre hommes et femmes, de manière à permettre aux femmes de jouir d’un pouvoir économique égal ainsi que pour changer les mentalités. Cet écart s’explique d’après Mme Winberg par la manière dont on perçoit toujours les rôles des hommes et des femmes dans nos sociétés qui restent malgré tout patriarcales.
Parmi les autres formes de discriminations graves auxquelles les femmes sont exposées, Mme Winberg a abordé les questions des crimes d’honneur, des mutilations génitales et des viols, et de la prostitution ainsi que la traite des femmes et des fillettes. Elle a également regretté que dans de nombreux pays les femmes n’aient toujours pas accès aux services de santé reproductive et sexuelle, estimant que ce problème doit faire l’objet de mesures politiques au niveau des systèmes d’éducation et de santé. Dans ce contexte elle a déploré que les ressources de certains programmes des institutions des Nations Unies qui travaillent dans ces domaines aient été diminuées.
Mme JACKIE KELLY, Secrétaire parlementaire auprès du Premier Ministre de l’Australie a expliqué que 70% des femmes en âge de travailler font partie de la population active australienne, que 55% des étudiants qui suivent un enseignement supérieur en 2001 étaient des femmes tandis que le fossé salarial entre les hommes et les femmes se réduit, le salaire de ces dernières représentant 80% de celui des hommes. Trente trois pour cent des chefs d’entreprise de petite taille sont des femmes. Près de 26 % des parlementaires sont des femmes ce qui est le double de la norme internationale qui se situe à 13,8 pour cent.
L’élimination de la violence est devenue une priorité pour le gouvernement en 1997. Dans le cadre du Secrétariat pour les femmes du Pacifique, nous fournissons une aide à la lutte contre ce crime. L’Indonésie et l’Australie ont organisé l’année dernière à Bali une conférence sur la traite des être humains. Nous disposons d’un des taux d’accès à l’Internet le plus élevé au monde et d’un portail féminin qui entrera en vigueur prochainement.
Mme ARNI HOLE, Directrice au Ministère des enfants et des affaires de la famille de la Norvège a annoncé qu’en janvier 2003, la Norvège avait été qualifiée de «paradis pour l’égalité entre les sexes» par le Comité de suivi de l’application de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Au cours des années, la Norvège s’est attelée à prendre des mesures efficaces pour contrecarrer la distribution inégale des ressources économiques et du pouvoir. Et pourtant il existe toujours un écart entre les salaires des hommes et des femmes, ce qui l’amène à s’interroger sur la lenteur des progrès dans ce domaine.
Mme Hole a estimé que la présence des femmes dans des postes de haut niveau et de prise de décisions reste trop faible, ajoutant que cela est d’autant plus vrai dans le milieu des TIC et des médias. Ce constat s’applique malheureusement à la plupart des pays du monde, et pour y faire face il est nécessaire de changer la loi et d’imposer des quotas (40%) de femmes dans les conseils d’administration, a suggéré Mme Hole. Allant plus loin, elle a invoqué l’égalité au sein des foyers comme une condition préalable de l’égalité sur le lieu du travail.
Le deuxième sujet de préoccupation dont a fait état Mme Hole, est la prévalence de la violence domestique dont les femmes sont victimes. Pourquoi les femmes endurent-elles de telles violences pendant des années avant de se faire entendre et chercher de l’aide, même dans des cas où elles sont autosuffisantes financièrement, s’est interrogée Mme Hole. Elle a affirmé que la responsabilité de la lutte contre ce phénomène revient aux gouvernements. La Norvège a entamé cette année à cet effet son deuxième plan d’action qui cible notamment les hommes qui commettent ce type de violences, les enfants qui y sont exposés et les femmes migrantes.
Mme AUDRONE MORKUNIENE, (Lituanie) abordant plus particulièrement l’accès des femmes aux technologies de l’information et de la communication (TIC) a expliqué que son Gouvernement accorde la priorité à une société fondée sur la connaissance. Le développement d’une société de l’information est un processus mondial dont la Lituanie n’est pas exclue. En 2002, l’Agence de développement pour les PME a lancé le projet des entreprises électroniques. Le Comité du développement de la société de l’information a élaboré des normes de qualification informatique pour les fonctionnaires. Cependant, les femmes utilisent moins que les hommes les technologies de l’information. Seuls 3% des foyers en zone rurale disposent d’un ordinateur, 83% des Lituaniens n’ont jamais utilisé Internet et seuls 3% d’entre eux le font au quotidien. 80% des utilisateurs d’Internet se trouvent dans les six plus grandes villes. Le Plan d’action national pour l’égalité des chances entre les hommes et les femmes comprend un volet sur les femmes et la société de l’information. L’un des projets importants porte sur le renforcement des capacités des femmes dans les zones rurales qui disposeront d’un accès aux outils de l’information et aux organisations de femmes, l’objectif étant d’assurer le développement humain durable.
Mme DUBRAVKA SIMONOVIC, (Croatie), a exposé les différentes mesures prises dans le domaine législatif pour promouvoir l’égalité entre les sexes. Ces nouvelles lois visent à protéger les femmes de toute forme de discrimination sur la base du sexe et à réaliser l’égalité des chances dans le domaine politique, économique et social ainsi qu’en matière d’éducation. Abordant les deux thèmes de la session actuelle de la Commission, Mme Simonovic a expliqué qu’à travers sa Commission pour l’égalité entre les sexes, le Gouvernement de la Croatie encourage la participation des femmes à la définition des politiques en matière de médias, ainsi que l’utilisation des TIC par les femmes.
En ce qui concerne la lutte contre la violence, le gouvernement est en train de discuter un projet de loi dont le but est de lutter contre ce fléau dans le cadre familial. Par ailleurs, il existe un Comité national chargé de la lutte contre la traite des être humains et la Croatie a également adopté un plan national pour la répression de la traite a déclaré la Ministre.
Mme MARION THIELENHAUS, Ministère fédéral des affaires de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne, s’est associée à la déclaration faite au nom de l’Union européenne par la représentante de la Grèce. Elle a expliqué que depuis les dernières élections, le Gouvernement a atteint la parité puisque 6 ministres sur 13 sont des femmes. Nous prévoyons cette année de créer un centre de l’intégration des sexospécificités qui fait partie d’une stratégie double intégrant également des actions positives. Garantir l’accès des femmes aux ressources économiques et sociales doit être facilité par des mesures ciblées. D’ici à 2005, le taux d’accès des femmes à l’Internet doit passer à 40%.
L’une des autres priorités de l’Allemagne est la lutte contre la violence contre les femmes. Le Protocole facultatif à la Convention CEDAW constitue pour cette lutte un pas en avant important. Un autre instrument précieux est le Protocole réprimant la traite des femmes et des enfants et nous nous préparons à sa ratification cette année. Nous travaillons également cette année à notre programme d’action contre la violence à l’égard des femmes, qu’il s’agisse de la violence domestique comme de la traite des femmes. L’expérience a montré que les meilleures lois resteront sans effets si elles ne bénéficient pas de la volonté de les faire appliquer.
Mme DATIN FAIZAH MOHD TAHIR, Secrétaire générale du Ministère de la femme et du développement de la famille de la Malaisie a estimé que la participation des femmes aux préparatifs du Sommet mondial sur la société d’information est importante afin qu’une perspective sexospécifique soit prise en considération dans ce domaine, notamment pour ce qui est de l’accès des femmes à ces nouvelles technologies et une utilisation adéquate au service du développement et de l’autonomisation des femmes.
En Malaisie, un Conseil national des technologies de l’information est chargé de gérer le problème du fossé numérique, a-t-elle indiqué. Ce Conseil développe les politiques et un plan national dans ce domaine, alors que le Ministère de la femme et de la famille est chargé de la mise en place de programmes spécifiquement adressés aux femmes.
En ce qui concerne les droits fondamentaux des femmes, Mme Tahir est en faveur de la proposition de mener plus d’études sur la question de la «masculinité» de manière à en tenir compte dans les efforts de lutte contre la violence domestique. Le Gouvernement malaisien alloue des fonds substantiels à la lutte contre ce problème et collabore avec UNIFEM dans la mise en place de programmes spécifiques.
Mme Tahir a ensuite abordé la question de la situation des femmes palestiniennes dans les territoires occupés, indiquant qu’elle n’est pas convaincue que les recommandations faites par le Secrétaire général dans son rapport permettraient de venir à bout de la situation humanitaire grave qui y prévaut. Ces recommandations devraient, à son avis, porter à la fois sur les symptômes mais également s’attaquer aux causes profondes de cette situation. Elle a affirmé que les droits des Palestiniens, y compris les femmes, doivent être instaurés sans délai. Abordant les problèmes rencontrés par les femmes en situation de conflit, Mme Tahir a estimé qu’elles doivent jouer un rôle important dans la promotion et le maintien de la paix.
Mme ANGELIQUE NGOMA, Ministre de la famille du Gabon a expliqué que son pays entreprend actuellement des réformes législatives pour mieux protéger les veuves et les orphelins. Il lance également des actions de sensibilisation de portée nationale pour lutter contre la violence domestique. Le gouvernement accorde également une attention particulière à l’octroi de microcrédits pour lutter contre la pauvreté des femmes rurales, l’objectif visé étant de soutenir les femmes n’ayant pas accès aux crédits classiques. Nous recherchons actuellement les fonds nécessaires au lancement du plan d’alphabétisation des femmes rurales.
Il est également prévu de relier les ministères par le biais de Internet. Nous venons de réaliser les troisième et quatrième rapports périodiques que le Gabon doit soumettre au Comité CEDAW. Il apparaît que depuis 1998, date de présentation du rapport initial, les femmes ont pris conscience de leur rôle dans la société. La lutte contre la pandémie du VIH/ sida est également une priorité du Gouvernement, le taux de prévalence ne cessant d’augmenter. Une campagne nationale de proximité a été lancée.
Les technologies de l’information offrent des perspectives nouvelles mais les inégalités d’accès freinent les progrès, que ce soient les inégalités entre pays pauvres et riches, zones rurales et urbaines, entre hommes et femmes. La Ministre a regretté que le Gabon soit classé parmi les pays à revenu intermédiaire ce qui ne permet pas aux femmes gabonaises de bénéficier de toute l’aide au développement
Mme LILY CARAVANTES, Secrétariat des affaires de la femme auprès de la Présidence, Guatemala, a indiqué que, suite à l’Accord de paix, le Secrétariat présidentiel pour la femme et le Forum national des femmes ont été mis en place au Guatemala. Ces deux organes ont développé un plan conjoint pour promouvoir la pleine participation des femmes à la vie publique et économique. Toutefois il persiste des obstacles de fond à la parité des sexes comme le manque d’éducation des femmes. Mme Caravantes a expliqué que, alors même que les femmes représentent 41% de la force de travail en 2002, ce qui traduit une forme de réussite en terme d’accès à la vie économique, l’inégalité des revenus entre hommes et femme existe toujours. En général les femmes touchent 52% de moins que les hommes, et dans les campagnes cette situation est encore pire.
Les institutions gouvernementales essayent d’aborder les problèmes dans la limite de la volonté politique existante et des ressources limitées. Mme Caravantes a déclaré être convaincue du fait qu’il ne sera pas possible de changer les mentalités et les stéréotypes sexistes si des mesures décisives ne sont pas prises à l’égard des médias qui représentent pour elle le moyen le plus efficace de lutter contre la discrimination des femmes. Dans ce contexte, elle a proposé qu’une réunion régionale soit organisée en relation avec l’application de la Convention sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, pour définir ces mesures, qu’elles soient de nature transitoires ou permanentes, ceci de manière à pouvoir échanger les expériences nationales en la matière.
Mme LESLIE WRIGHT, (Présidente du Comité ONG sur la condition de la femme) s’est félicitée des nouvelles modalités de coopération qui se sont mises en place au cours des dernières années avec les représentants des gouvernements. Ainsi, nous pourrons encourager le système des Nations Unies à afficher une attitude de respect et de partage. Une préoccupation particulière est le sort des femmes en Afghanistan et nous demandons que la Commission adopte une résolution de soutien à ces femmes.
Mme AWA GUEYE KEBE, Ministre de la Famille et de la Solidarité Nationale du Sénégal a indiqué que son pays a mis en place un certain nombre de mesures favorisant l’accès des femmes aux médias, qui se sont notamment traduites par la création de la première chaîne radiophonique par une femme pour les femmes, ainsi que d’un magazine mensuel sur les femmes. Le Gouvernement a également lancé un Programme de leadership féminin en 2002, dans lequel des dizaines d’étudiantes sont formées aux métiers de l’information. Par ailleurs, des efforts sont déployés pour faciliter l’accès des femmes à l’internet.
En ce qui concerne la lutte contre les violences, la Ministre a rappelé que le Sénégal a adopté en 1999 une loi qui pénalise les mutilations génitales féminines, le viol, les violences liées à l’âge ou à l’état psychologique, le harcèlement sexuel, les violences conjugales. Un Plan d’action national pour l’abandon des mutilations génitales féminines a également été lancé. La Ministre a rendu hommage à la mobilisation du mouvement associatif féminin qui a mis en place le Comité de lutte contre les violences faites aux femmes qui assure une fonction d’alerte, de lobbying, de plaidoyer et de sensibilisation.
Par ailleurs, des infrastructures communautaires appelées centres d’assistance et de formation des femmes seront mis en place dès 2003 et permettront de s’attaquer de manière frontale et intégrée aux problèmes de l’accès à l’information et à la promotion et à la protection des droits fondamentaux des femmes a ajouté la Ministre. Ces centres se consacreront à quatre domaines d’intervention à savoir: l’information juridique; l’information sanitaire et environnementale; l’information économique et l’information associative. En conclusion, la Ministre a déclaré qu’il était urgent que les hommes et les femmes réalisent une alliance à tous les échelons de la vie économique, sociale, culturelle pour bâtir de nouveaux paradigmes empreints d’équité, d’égalité et de justice sociale pour tous.
Mme PATRICIA ESPINOZA TORRES, Présidente de l’Institut national pour les femmes du Mexique, a expliqué que son pays a mis en place un portail consacré aux questions relatives aux femmes qui constitue un espace d’information et d’échange entre la société civile et le Gouvernement. Parmi les progrès figurent l’intégration de la dimension sexospécifique dans nos activités et l’adoption d’un régime modifiant la loi électorale qui réserve désormais 30% de sièges aux femmes parmi les membres de l’Assemblée nationale. Dans le cadre de l’Organisation des Etats d’Amérique, nous avons mis en place un mécanisme de suivi de la mise en œuvre de la Convention de Belém pour lutter contre la violence à l’égard des femmes. Nous avons déposé hier notre instrument de ratification au Protocole de Palerme sur la répression de la traite des femmes et des filles. Ce crime est considéré désormais dans la législation mexicaine comme étant une émanation de la criminalité transnationale organisée. Nous disposons d’un programme national pour 2002-2006 pour une vie sans violence. Le cas des femmes de la ville de Ciudad Juarez constitue une préoccupation importante du Gouvernement qui y consacre une enquête en coordination avec les organisations de familles des victimes.
Dr RUTH HALPERIN-KADDARI (Israël) a présenté les progrès constants réalisés en Israël dans le domaine de la promotion de la femme en mettant un accent particulier sur la représentation des femmes dans les organes législatifs, citant la Knesset où elles occupent désormais 18 postes. Ce progrès traduit selon elle la reconnaissance de la nécessité d’inclure les femmes et d’augmenter leur représentation pour le bien-être de la population tout entière. Elle a cependant déploré que les problèmes d’ordre sécuritaire, tant au niveau régional et mondial portent atteinte à la promotion de la femme, déclarant qu’Israël ne fait pas exception à la réalité des femmes en situation de conflits armés.
Elle a affirmé que, dans la situation mondiale actuelle, les droits économiques et sociaux sont relégués au second plan, qu’il s’agisse d’Israël ou d’ailleurs, et que, par conséquent, les temps ne sont pas propices à la promotion des femmes et au respect de leurs droits. Elle a cependant indiqué que, sur le plan juridique, les lois promulguées au cours des dernières années traduisent clairement un changement d’attitude vis à vis de la femme, et de la problématique homme-femme. Ces «législations en faveur des femmes» traduisent, pour Mme Kaddari, une prise de conscience de la responsabilité sociale et gouvernementale face aux situations de violence domestique. Un autre domaine ayant bénéficié de ce changement d’attitudes est la traite des femmes. Le Gouvernement et la société israéliens, ont été de plus en plus sensibles à ce problème, a expliqué Mme Kaddari, ajoutant que cela s’est traduit par le fait que la traite des femmes constitue désormais un crime pénal.
Mme ELLEN SAUERBREY (Etats-Unis) a évoqué un discours du Président Bush au cours duquel ce dernier avait affirmé que le respect des femmes n’était pas négociable et qu’il s’agissait d’un impératif de la politique étrangère des Etats-Unis. Au cours des dernières années, les Etats–Unis ont investi 850 millions de dollars pour des actions de réduction de la mortalité infantile et maternelle ainsi que de planification familiale. Nous nous sommes engagés à fournir 500 millions de dollars à la lutte contre la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant en Afrique et dans les Caraïbes. Ceci s’ajoute aux 500 millions de dollars alloués au Fonds mondial de lutte contre le sida, la malaria et la tuberculose. Une proposition de loi a été soumise au Congrès qui, si elle était adoptée, libèrerait des milliards de dollars en faveur des sociétés libres qui encouragent l’éducation et la santé, le développement économique de leur population.
L’éducation est la base du succès. Il est préoccupant de constater que les femmes représentent les deux tiers des personnes analphabètes dans le monde. Parmi les initiatives majeures du Président Bush, figure la loi visant à ne pas laisser un enfant de côté. Les femmes, tout en jouant un rôle central dans la famille, assument désormais des rôles dans de nombreux domaines. Elles sont malheureusement les victimes de nombreuses formes de violence, qu’il s’agisse de la violence au foyer, du harcèlement sexuel, des mutilations génitales. Ce fléau a mené le Congrès à adopter une loi complète permettant de punir les diverses formes de violence.
Nous disposons également depuis 2000 de la Loi sur les victimes de la traite, environ 50 000 femmes victimes de la traite entrant chaque année sur le territoire américain. Compte tenu du fait que de nombreuses victimes sont séduites par de fausses promesses d’emploi à l’étranger, nous encourageons les pays à promouvoir l’égalité d’accès à l’éducation et d’emploi pour les femmes afin de réduire leur vulnérabilité face aux trafiquants.
Un obstacle majeur au développement des femmes est la pandémie du VIH/sida, la moitié des 42 millions de personnes qui vivent avec le VIH/sida dans le monde étant des femmes. Plus de deux millions de ces femmes donnent naissance chaque année à des enfants dont 700 000 sont infectés par le VIH/sida. Une initiative de 500 millions de dollars visera à prévenir la transmission du VIH/sida de la femme à l’enfant. Il existe également un plan quinquennal de 15 milliards de dollars pour les pays d’Afrique gravement touchés par la pandémie.
La création d’entreprises est un des moyens les plus efficaces d’améliorer le bien-être économique des femmes. Aux Etats-Unis, les entreprises dirigées par des femmes constituent le segment de notre économie qui enregistre la plus grande progression. Nous tentons de promouvoir l’entrepreunariat à l’étranger par le biais du microcrédit. Au cours des dernières années, nous avons totalisé 130 millions de dollars en aide technique et en prêts dont le tiers est accordé aux femmes. Le potentiel des technologies de l’information est également important pour promouvoir le développement économique des femmes. De plus, en augmentant la participation des femmes aux processus politiques, les questions propres aux femmes seront enfin entendues.
Dr YORIKO MEGURO (Japon) a abordé en premier lieu le problème de la violence contre les femmes, en expliquant qu’une loi a été promulguée en 2001 qui porte de manière intégrée sur le problème de la violence conjugale. Il existe également un Comité d’experts chargé d’étudier les multiples facettes de la violence contre les femmes.
En ce qui concerne la traite des femmes et des enfants, elle a fait valoir que la lutte contre ce fléau nécessite une coopération internationale renforcée et une action contre les causes profondes du phénomène. Dans ce cadre, le Gouvernement du Japon a organisé à Tokyo en février 2003, en collaboration avec UNICEF, un Symposium sur la traite des enfants. Les participants à ce Symposium ont accordé un intérêt particulier à la nécessité de s’attaquer à la pauvreté et aux inégalités économiques dont souffrent les pays en développement. Mme Meguro a également cité un autre facteur: le fait que le manque de possibilités d’opportunités d’emploi et d’éducation dans les pays d’origine peut conduire à l’exploitation et à la traite des femmes et des enfants. Fort de ce constat, le Japon accorde une aide importante, bilatérale et multilatérale, aux pays d’origine dans le but d’y améliorer ces opportunités et, partant à la situation des populations les plus vulnérables.
Pour ce qui est des TIC et des médias, Mme Meguro a reconnu le potentiel important du développement que ces technologies représentent pour les femmes, tout en attirant l’attention sur les problèmes graves comme le fossé numérique, le cybercrime et la pornographie. Elle a appelé la communauté internationale à prendre des mesures concrètes en vue de maximiser les avantages du développement des TIC et d’en minimiser les problèmes potentiels. A cette fin, le Gouvernement du Japon a accueilli une Conférence régionale asiatique en janvier 2003, en vue de la préparation du Sommet mondial de la société de l’information, à la suite de laquelle la Déclaration de Tokyo a été adoptée.
Mme ELIZABETH QUEROL CAMPO DE ARANA, Vice-Ministre pour les femmes et le développement social du Pérou, a expliqué que depuis le mois de mars 2000, son pays préside le Mécanisme régional pour la promotion de la femme en Amérique latine et dans les Caraïbes. Nous cherchons à établir une société démocratique grâce au renforcement des institutions sur une base sociale qui favorise l’égalité entre les sexes.
Notre principal défi est d’éliminer la pauvreté. Dans ce cadre, le gouvernement tente le développement les capacités locales, l’accès au crédit et aux technologies de l’information ainsi qu’à développer les possibilités de formation. Sur le plan institutionnel, nous avons mis en place des projets de formation des femmes pauvres pour qu’elles participent aux activités de production nationale. Nous disposons de programmes dans le domaine de la santé qui visent en priorité les secteurs les plus démunis.
Nous avons réduit les dépenses en armement pour allouer davantage de fonds au secteur de l’enseignement. Les programmes d’alphabétisation portent également sur la prévention de la violence au sein de la famille. Dans le domaine des technologies de l’information, nous avons mis en place le programme Huascaran qui est un programme ambitieux appliqué à l’éducation.
Mme LAURA VELASQUEZ (Argentine), abordant dans un premier temps le sujet de la violence à l’encontre des femmes, a rappelé que son pays a signé la Convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée ainsi que le Protocole additionnel à cette Convention, et qu’elle est actuellement en train d’aligner sa législation nationale sur ces instruments. Par ailleurs, l’Argentine a signé des Conventions bilatérales visant à promouvoir la coopération internationale dans le domaine de la traite des femmes et des enfants.
Pour ce qui est de l’accès des femmes aux médias et aux TIC, Mme Velasquez a insisté sur le fait qu’à ce jour les femmes n’ont pas suffisamment accès à l’Internet, tout en mettant également l’accent sur la nécessité d’une alphabétisation informatique des femmes. En ce qui concerne les médias, elle a souligné qu’ils restent sous contrôle des hommes ce qui se fait au détriment des femmes, et se traduit par le fait qu’ils continuent à véhiculer des stéréotypes négatifs sur ces dernières. Mme Velasquez a toutefois fait état de progrès sensibles dans le domaine de la promotion de la femme au cours des deux dernières années, en particulier en termes de services de santé reproductive et sexuelle.
Mme SUSAN NKOMO (Afrique du Sud) rappelant que son pays célèbrera bientôt dix années de liberté, a précisé qu’au cours de cette période, la lutte contre la violence à l’encontre des femmes et des enfants était devenue une priorité. Une enquête sur la traite des femmes devra mener prochainement à l’adoption d’une législation nationale. Une commission d’enquête sur la cybercriminalité a également été créée. Nous avons aussi accru le nombre de tribunaux habilités à juger des crimes commis à l’encontre des femmes ainsi que le nombre de juges.
Nous sommes conscients que la violence à l’encontre des femmes a des incidences sur la réalisation des objectifs de l’Union africaine. A travers cette dernière, nous tentons, grâce au nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, d’exploiter le potentiel des technologies de l’information en faveur des questions de développement. Au niveau national, il existe le risque de voir le fossé actuel entre les hommes et les femmes dans l’accès aux TIC se creuser encore davantage. Nous tentons de démystifier les TIC en partenariat avec la société civile. Cependant, la radio est le moyen le plus accessible et nous tentons de veiller à ce que son contenu ne diffuse pas d’images dégradantes de la femme.
Mme ELLEN MARGRETHE LOJ (Danemark) s’est associée à la déclaration faite au nom de l’Union européenne par la représentante de la Grèce. Rappelant que la Déclaration universelle des droits de l’homme consacre le principe de l’égalité entre les sexes et la non-discrimination ainsi que les droits fondamentaux des hommes et des femmes, elle a estimé que ces droits comprennent le droit de décider librement sur des questions d’ordre sexuel et de reproduction. Les femmes du monde entier doivent pouvoir disposer des informations pertinentes et des mesures de prévention pour leur permettre de librement prendre en charge cet aspect-là de leur vie, a-t-elle ajouté. Dans cet esprit elle a insisté sur la nécessité de reconnaître le lien existant entre VIH/sida et les droits fondamentaux des femmes en matière sexuelle.
Passant à la question des violences à l’égard des femmes, Mme Loj a dénoncé les crimes d’honneur, la violence conjugale, les pratiques traditionnelles qui représentent un risque pour la santé des femmes, la traite des femmes et le viol, et a lancé un appel afin que ces problèmes soient pris en charge à la fois sur le plan national et sur le plan international. Dans le cas du Danemark, elle a expliqué que les mutilations génitales des fillettes sont désormais considérées comme un crime et traitées en tant que tel. De plus, le Danemark a même prévu des poursuites pour les auteurs de mutilations génitales commises à l’extérieur du Danemark. Pour ce qui est de la traite des femmes et des filles, le Danemark a adopté un plan national de lutte contre ce fléau et d’assistance aux victimes, et la traite constitue également un crime.
Abordant le deuxième thème de cette session, à savoir l’accès des femmes aux médias et aux TIC, Mme Loj a souligné les opportunités que peuvent représenter ces technologies pour les femmes du monde entier, en particulier les femmes pauvres, et a affirmé que son Gouvernement continuera d’appuyer des initiatives favorisant cet accès indépendamment du niveau d’éducation et de richesse des femmes de manière à réduire le fossé numérique.
Mme FATIMA OUEDRAOGO (Burkina Faso), a expliqué que son pays, classé parmi les pays les moins avancés, est limité par des contraintes naturelles et des facteurs socioéconomiques peu favorables. La moitié de la population vit en deçà du seuil de pauvreté, les femmes étant majoritaires, soit 51,7% du groupe des plus pauvres. Cette féminisation de la pauvreté est due en grande partie au partage inégal du pouvoir économique entre les deux sexes, aux migrations et aux changements des structures familiales qui obligent de plus en plus les femmes à assumer le rôle de chef de famille.
A ces facteurs, il faut associer le manque d’autonomie économique, le manque d’accès à la terre, à l’éducation, à l’emploi et à la prise de décisions. Elles sont également victimes de violence dans leur vie quotidienne comme le lévirat, les mariages forcés précoces, les violences sexuelles, les mutilations génitales. Malheureusement, les femmes n’ont pas accès à l’information et à la formation en raison d’un manque de revenus. Leur situation reste donc précaire.
Notre réforme agraire stipule désormais que les terres sont attribuées sans distinction de sexe. La création d’un Fonds rural de microcrédit, l’objectif de porter le taux de scolarisation en 2007 à 52% pour les filles, la création de centres de formation professionnelle, l’adoption d’un plan stratégique de la santé reproductive et de la maternité sans risque et l’adoption de plusieurs lois favorisant l’égalité des sexes font partie des initiatives récentes du Gouvernement. Les projets, programmes et lois existent mais le chemin à parcourir pour vaincre les pesanteurs socioculturelles et la pauvreté des femmes est long.
M. BOB F.JALANG’O (Kenya) a souligné que les dernières élections au Kenya ont vu un accroissement important de la participation des femmes qui occupent désormais des postes de haut niveau (17 femmes au Parlement, et trois à la tête de ministères). Par ailleurs, en plus du Ministère des questions de genre, du sport, de la culture et des services sociaux, le Kenya est doté d’une Commission nationale sur les questions de sexospécificité et le développement dont le rôle est de réduire la marginalisation des femmes dans la vie publique et politique. Dans le cadre du Plan d’action de Beijing, le Kenya a mis en place un certain nombre de programmes notamment dans le secteur de l’éducation. M. Jalang’o a notamment expliqué que maintenant l’éducation primaire est obligatoire pour tous au Kenya.
En ce qui concerne les thèmes de cette session, il a indiqué que le Gouvernement est signataire d’un certain nombre de Conventions et de la Charte africaine des droits de l’homme est des peuples. Il a également adopté un certain nombre de lois pour combattre la violence domestique, et, avec la collaboration d’ONG, mène une campagne de sensibilisation du personnel judiciaire et de police au problème de la violence à l’égard des femmes. Un centre médical pour les femmes victimes de violence a également été mis en place à Nairobi, a indiqué M. Jalang’o. Quant à la question des mutilations génitales des femmes, le Kenya a passé une loi qui fait de la circoncision des moins de 18 ans un crime. Pour ce qui est de l’accès des femmes aux médias et aux TIC, M. Jalang’o a expliqué que, du fait de la libéralisation du secteur des télécommunications au Kenya, les consommateurs ont plus facilement accès aux téléphones cellulaires, et que d’ores et déjà un demi-million de personnes utilise l’Internet, suite à la création de cybercafés dans toutes les villes. La compétition intense a permis de réduire les
coûts de manière significative. Cependant, compte tenu de l’isolement des campagnes, le Gouvernement est en train de mettre en place des mécanismes pour permettre aux zones rurales d’accéder également aux TIC. M. Jalang’o a également mis l’accent sur l’importance de la radio, en particulier pour les femmes, expliquant que 90% de la population kenyane y a accès.
Mme FERIEL BEJI, Présidente et Directrice générale de l’Agence d’Internet, (Tunisie) a précisé que son pays a intégré une démarche sexospécifique dans tous les domaines d’action, y compris les technologies de l’information. Les femmes représentants les deux tiers du corps des pharmaciens, la moitié du corps enseignant, un quart du corps des magistrats, un tiers du corps médical et un tiers des parlementaires. L’un des défis majeurs de notre Gouvernement demeure la lutte contre la pauvreté qui touche davantage de femmes dans de nombreux pays, d’où l’importance du Fonds de solidarité national qui a permis de faire reculer le seuil de pauvreté.
Les technologies de l’information présentent un potentiel énorme pour le développement humain. Malheureusement, elles creusent également le fossé entre les hommes et les femmes, entre les pays riches et les pays pauvres. La Tunisie en 2005 organisera la deuxième partie du Sommet mondial sur la société de l’information. Nous avons adopté depuis 1997 une stratégie en matière de développement du secteur des technologies de l’information, qui comporte comme objectif l’accès à l’Internet pour tous, un ordinateur dans chaque foyer et le bus Internet. Par ailleurs, pour ce qui est du deuxième thème de cette session, nous engageons la communauté internationale à redoubler d’effort pour lutter contre toutes les formes de violence envers les femmes.
Mme PAIMANEH HASTEI, Directrice des Droits de l’homme auprès du Ministère des Affaires étrangères de la République islamique d’Iran a estimé que l’un des éléments les plus importants du processus de la mondialisation a été le développement des outils informatiques. L’Internet permet à la société civile du monde entier d’être interconnecté, ce qui pourrait représenter un environnement propice à la promotion et à l’autonomisation des femmes et des filles si de nombreuses parties du monde n’étaient pas exclues de cette révolution du fait de la pauvreté, des difficultés d’accès, de l’analphabétisme et des problèmes linguistiques, a déclaré Mme Hastei, tout en insistant sur le fait que l’accès des femmes à l’éducation et aux TIC contribue sans aucun doute à leur participation effective à la vie publique.
Pour Mme Hastei, la violence à l’encontre des femmes constitue l’un des obstacles majeurs à la promotion de la femme. Dans ce contexte elle a particulièrement dénoncé le phénomène de la traite des femmes et de la prostitution, et le rôle des TIC dans ce domaine. Il faut que la communauté internationale prenne des mesures législatives pour faire face à ce phénomène, a-t-elle ajouté. Elle a également invité la Commission de la promotion de la femme à se pencher activement sur les nouvelles formes de la prostitution, pornographie et de la traite des femmes et des filles.
Sur le plan national, elle a annoncé que le budget alloué au plan national de promotion de la femme a été multiplié par 20 cette année. Par ailleurs, le Comité national de lutte contre la violence à l’égard des femmes, qui a été créé en 1998, a réussi à sensibiliser le public et les milieux politiques à ce problème. Il en a résulté que le Gouvernement a financé des foyers d’accueil pour les femmes victimes de violence. De plus, la Commission islamique des droits de l’homme et le tribunal administratif ont mis en place des mécanismes permettant aux femmes de déposer des plaintes en cas de violation des droits de l’homme. Mme Hastei a insisté sur le rôle positif joué par les médias iraniens en matière de sensibilisation du public.
Mme JEAN AUGUSTINE, Secrétaire d’Etat du Canada pour les questions de multilinguisme et de la condition de la femme a précisé que son pays avait ratifié en octobre dernier le Protocole facultatif à la Convention CEDAW. Le mois dernier, le Canada a procédé à une augmentation substantielle du budget social. L’élimination de la violence au Canada est une priorité et notre expérience nous a dicté la nécessité de s’attaquer aux causes de ce fléau. Nous nous concentrons donc sur des stratégies de prévention à long terme ainsi qu’à l’amélioration de nos mécanismes d’aide aux survivants de la violence. Au cours des 25 dernières années, le taux d’homicide entre époux a baissé. Au niveau international, la traite des êtres humains exige une approche coordonnée Il s’agira dans un premier temps de définir le crime de la traite des personnes.
S’agissant du deuxième thème de la session, Mme Augustine a indiqué que donner la capacité aux femmes de se servir d’un ordinateur ne signifie pas qu’elles bénéficient de l’égalité d’opportunités. Par exemple, le manque de temps des femmes qui élèvent leurs enfants peut être un frein à leur accès aux médias électroniques. Pour les populations autochtones et celles qui se trouvent dans des endroits reculés, la société de l’information est à peine un rêve.
Mme MOMINAT OMAROVA, Vice-Présidente du Comité pour les questions de la femme de la République d’Azerbaïdjan, a expliqué que, suite à la création de ce Comité et d’un décret présidentiel de mars 2000, les questions de sexospécificité font désormais partie de la plupart des programmes universitaires, et le plan d’action national pour la parité est en cours d’application. Pour ce qui est de l’application des droits de l’homme, l’Institut de défense des droits de l’homme a été créé, et le premier ombudsman à avoir été élu est une femme.
Abordant la question de la violence à l’égard des femmes, Mme Omarova a expliqué que l’une des conséquences graves de la période de transition est le problème de la traite des femmes et des enfants. Cependant le nouveau Code criminel aborde les crimes tels que la traite, l’esclavage, les abus sexuels, la pédophilie, et un amendement est en cours de préparation qui portera plus spécifiquement sur la pénalisation de la traite des femmes. Mme Omaro a également insisté sur l’importance de la coopération régionale et internationale dans ce domaine.
Mme NAJET Al-HAJJAJI, Présidente de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies a encouragé le renforcement de la coopération entre la Commission des droits de l’homme et celle de la condition de la femme, ce qui contribuerait, selon elle, à mutuellement renforcer les mandats de ces deux entités. Pour ce qui est de la substance de cette coopération, Mme Al-Hajjaji a mis l’accent sur le fait que les mandats respectifs des deux organes sont inextricablement liés dans la mesure où il s’agit de droits fondamentaux de la femme, qui font intégralement partie des droits de l’homme. Elle a cité deux domaines dans lesquels les synergies sont particulièrement fortes à savoir la traite des femmes et des filles et la violence à l’encontre des femmes.
Mme Al-Hajjaji a également mis l’accent sur les questions de procédure, soulignant qu’au moment où les ressources sont en diminution et que la charge de travail ne cesse d’augmenter, les commissions fonctionnelles de l’ECOSOC doivent faire face au défi de l’amélioration de l’efficacité de leurs méthodes de travail. Elle a estimé que le niveau de coopération entre ces deux commissions est parmi les plus élevés grâce au Programme de travail conjoint de la Division de la promotion de la femme et du Haut Commissariat aux droits de l’homme. Cette coopération pourrait cependant aller plus loin selon Mme Al-Hajjaji, en particulier dans le domaine du travail des rapporteurs spéciaux.
Mme TATJANA SIKOSKO, Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW), a fait état des études en cours de l’Institut comme celle portant sur la manière dont les technologies de l’information étaient conçues, ce qui permettra plus tard d’établir des politiques appropriées, notamment dans le cadre du sommet mondial sur la société de l’information. Nous menons également un projet de recherche sur la violence et une publication sera lancée demain en salle de conférence B explorant les causes de la violence envers les femmes et les relations entre les deux sexes. Dans la perspective de l’Assemblé mondiale sur le vieillissement tenue à Madrid, nous avons également mené une étude sur les causes de la violence envers les femmes âgées. En 2002, nous avons également mené des activités sur les femmes et les conflits, le VIH/sida.
Mme MAGALYS AROCHA DOMINGUEZ (Cuba) a réaffirmé le rôle des organisations féministes dans la réalisation de la promotion de la femme, et cela indépendamment du niveau de développement du pays considéré. Les femmes du monde en développement sont particulièrement affectées par les effets négatifs de la pauvreté et de l’endettement de leurs pays, du fait de la place qu’elles occupent dans la société, de leur situation de subordination et de la discrimination dont elles font souvent l’objet.
La représentante a invité la communauté internationale à s’interroger sur les causes profondes de la violence contre les femmes et du non-respect de leurs droits fondamentaux. En dépit des progrès réalisés en termes de promotion de la femme à l’échelle mondiale, les indicateurs restent alarmants, a-t-elle déclaré en avançant le fait que les taux de chômage des femmes sont plus élevés que ceux des hommes partout dans le monde, et qu’elles occupent souvent les emplois les plus précaires ce qui s’explique en partie par leur niveau d’éducation et l’attitude sociale. Par ailleurs, les femmes travaillent plus d’heures que les hommes, alors même que leurs revenus sont inférieurs (dans le secteur du textile en moyenne de 20%). L’inégalité entre les sexes apparaît également au niveau de l’éducation, puisque les deux tiers des personnes analphabètes du monde sont des femmes, et qu’en général les garçons fréquentent l’école plus longtemps que les filles. En ce qui concerne l’accès à l’Internet, Mme Dominguez a affirmé qu’en 1999, 50% des 201 millions d’utilisateurs de l’Internet se trouvaient aux Etats-Unis et au Canada.
Abordant la situation des femmes à Cuba, elle a indiqué que la participation des femmes à la société ne cesse d’être renforcée ce qui se traduit notamment par le fait qu’en 2002, 46% de la force de travail était composée de femmes dans le secteur public. Par ailleurs, 64% des effectifs des personnes ayant obtenu un diplôme universitaire sont des femmes, qui représentent également 34% des postes de haut niveau dans la sphère politique et administrative. Elles représentent notamment 35,95% des députés. Abordant la question de l’accès des femmes aux médias et de l’impact des médias sur la perception de la femme, Mme Dominguez a souligné qu’en 2002 une chaîne télévisée éducative a été lancée, et qu’une véritable révolution a eu lieu suite à l’introduction d’ordinateurs à tous les niveaux d’éducation.
M. OYELADE (Nigéria) a déclaré que toutes les formes de violence à l’égard des femmes sont des violations de leurs droits fondamentaux qui sont partie intégrante des droits humains universels. L’adoption par la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest d’un plan d’action contre la traite des êtres humains et les travaux sur l’adoption d’un Protocole à la Charte africaine des droits humains et des peuples sont des initiatives importantes pour lutter contre ce fléau. La culture, les facteurs religieux, la pauvreté abjecte sont à l’origine de la violence qui est exercée envers les femmes.
Le représentant a également évoqué les effets négatifs sur les femmes de la pandémie du VIH/sida, de la mondialisation et de l’endettement des pays en développement. Dans ce contexte, les inégalités se maintiendront. Les régimes de migration et les vulnérabilités associées au sexe et à l’âge doivent également être examinées.
Mme LESEGO E. MOTSUMI (Botswana), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a rappelé qu’entre 1997 et 1998, les pays de la SADC ont signé la Déclaration relative à l’égalité entre les sexes et le développement et la Déclaration additionnelle sur la prévention et l’élimination de la violence contre les femmes et les filles. Cette dernière Déclaration, a expliqué le représentant, exige des Etats qu’ils présentent tous les deux ans des rapports sur les progrès réalisés. La première Conférence d’examen a, en effet, eu lieu au Lesotho en décembre 2000. Ayant réalisé que la lutte en matière de violence contre les femmes exige la promulgation de lois, la SADC a jugé bon de mettre en place les moyens de renforcer la présence des femmes en politique. Poursuivant, le représentant a insisté sur le lien entre la violence contre les femmes et les filles, d’une part, et l’épidémie du VIH/sida, d’autre part. Compte tenu de l’inégalité de pouvoir entre hommes et femmes, la plupart des femmes n’ont pas les moyens d’imposer des relations sexuelles protégées. A ce propos, a indiqué le représentant, la SADC entend présenter un projet de résolution sur «Les femmes, les fillettes et le VIH/sida».
Venant au deuxième thème prioritaire de la session, le représentant a indiqué qu’en septembre 2002, la SADC a entrepris une étude sur la représentation des hommes et des femmes dans les médias. Elle a pu ainsi établir que la seule catégorie dans laquelle les femmes sont plus visibles que les hommes est celle des présentateurs. Les femmes journalistes, par exemple, écrivent 20% d’articles de moins que les hommes. En conséquence, en coopération avec l’Institut des médias de l’Afrique australe (MISA), la SADC a mis au point une campagne de sensibilisation qui sera lancée, le 7 mars 2003, soit la veille de la Journée internationale de la femme.
M. Shamim P. KHAN (Tanzanie) a fait savoir que son gouvernement a mis en place un Plan national d’action contre la violence à l’égard des femmes et des enfants et a pris des mesures en faveur de la promotion des femmes. Nous estimons en outre que l’élimination de la violence à l’égard des femmes ne peut pas être réalisée par les femmes seules. Les gouvernements, la société civile, les organisations non gouvernementales (ONG), les organisations internationales, les familles et les communautés sont également des acteurs majeurs de cette lutte.
Dans un monde caractérisé par des changements technologiques rapides, les technologies de l’information et de la communication doivent être perçues comme un moyen de renforcer la promotion des femmes. Cependant, dans un certain nombre de pays comme le nôtre, le problème de l’électrification rurale constitue une limite qui interdit non seulement l’accès au commerce électronique mais également à l’industrialisation des campagnes et à la fourniture de services. Le Gouvernement de la Tanzanie est profondément préoccupé par cette situation et attache par conséquent une grande importance à la communication par le biais des structures existantes telles que la radio, la télévision ou encore les journaux.
Mme NDIORO NDIAYE, Directeur général adjoint de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a commencé son intervention en affirmant que la violence contre les femmes transcende les sociétés, les cultures et les régions géographiques et se perpétue à travers les siècles. A la base de toutes les formes de violence se trouve la violation des droits fondamentaux de la personne humaine. En ce qui concerne la situation des femmes migrantes, elle a expliqué que ces dernières voyagent de plus en plus en solitaires, d’où le phénomène actuel de «féminisation des migrations». Elles quittent pourtant leurs pays pour les mêmes raisons que les hommes à savoir la guerre, la persécution et la pauvreté, ou la recherche de meilleures opportunités.
Les contrôles renforcés aux frontières des pays d’accueil et les critères d’admission plus sévères ont eu pour conséquence de réduire les possibilités en termes de migrations légales et d’augmenter les mouvements irréguliers transfrontaliers, dont la traite des êtres humains. Les femmes et les filles sont particulièrement exposées au risque d’être victimes de trafiquants et de finir dans l’industrie du sexe, comme employées de maisons ou dans des ateliers clandestins, et la traite les expose aux problèmes de santé dont le VIH/sida. Mme Ndiaye a expliqué que, en vue de faire face à ce fléau, la communauté internationale doit faire preuve d’une réponse coordonnée et forte y compris la formulation et l’application de politiques et de textes de loi visant à sanctionner les trafiquants et à protéger et informer les victimes.
Pour sa part, l’OIM s’attaque au problème de la traite de deux façons: l’assistance aux victimes et leur protection d’un côté, et la prévention de l’autre. Les victimes sont assistées sur le plan juridique et sanitaire, après quoi on leur assure un hébergement, voire un retour au pays d’origine. Pour ce qui est de la prévention, l’OIM mène des campagnes d’information dans les pays d’origine aux fins d’informer les migrants potentiels sur les ruses des trafiquants et les risques de la traite. Mme Ndiaye a affirmé que de telles campagnes permettent la diffusion d’informations crédibles sur les filières légales offertes aux candidats à la migration ainsi que sur les risques de la migration irrégulière. Elle a également souligné que, dans chacune des activités de lutte contre la traite menées par l’OIM, les partenariats avec les ONG nationales ou internationales constituent un élément essentiel, et a tenu à mettre en exergue le rôle capital des ONG dans ce domaine.
Mme JOSEPHINE OUEDRAOGO, Commissions économiques régionales des Nations Unies, a dressé le bilan des activités des cinq commissions régionales. En Afrique la priorité de la Commission régionale est de lutter contre la pandémie du VIH/sida et d’associer les femmes aux règlements des conflits par le biais de la création d’un comité sur les femmes, la paix et le développement en coopération avec l’Union africaine. La Commission économique pour l’Europe traite de l’emploi, du vieillissement, des femmes entrepreneurs, des TIC et des statistiques ventilées par sexe. La Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes travaille à l’inclusion dans au moins 17 pays d’une perspective sexospécifique. La Commission pour l’Asie et le Pacifique accorde une attention particulière aux technologies de l’information et des communications ainsi qu’à la traite des êtres humains. Enfin, la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale traverse une phase majeure de restructuration. Elle accorde une attention particulière à l’élimination de la pauvreté, au rôle des sexes dans la société et à la participation politique des femmes.
M. ABDUL AZIS HOESEIN (Indonésie) s’est associé à la déclaration faite, au nom du Groupe des 77 et la Chine, par le représentant du Maroc. Abordant le sujet de l’accès des femmes aux TIC, il a fait part des préoccupations de son pays relatives au fossé numérique et a lancé un appel à la coopération internationale en vue d’éviter que la majeure partie du monde ne soit marginalisée dans le processus de développement et d’utilisation de ces nouvelles technologies. Il a également indiqué que l’Indonésie encourage l’égalité entre les sexes par le biais d’un Ministère spécifique chargé de cette fonction. Cependant face aux difficultés d’application dans la pratique, le Gouvernement a décidé de fixé un quota de 30% des postes des organismes et institutions publiques à être occupés par des femmes et cela à tous les niveaux.
En ce qui concerne la violence contre les femmes, il a déclaré qu’il était impératif de s’y attaquer, en particulier à la traite des femmes et des enfants. Dans ce but, l’Indonésie a adopté deux décrets présidentiels et un plan d’action national pour éliminer l’exploitation sexuelle des femmes et des enfants. Par ailleurs, les forces de police ont également été sensibilisées à ce problème.
Mme SISSEL EKAAS, Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, (FAO) a détaillé les grandes lignes des activités de l’organisation en matière de promotion de la femme en précisant que la FAO travaillait en particulier à la reconnaissance du travail des femmes rurales et à la promotion du microcrédit. En 2002, nous avons lancé le nouveau plan d’action à moyen terme pour le genre et le développement. Nous menons également des projets de recherche sur les femmes et l’eau, les femmes et la production de maïs, les femmes et la pêcherie.
En 2002, nous avons commémoré la Journée internationale de la femme sur le thème du genre, l’utilisation et la gestion des terres. La FAO fournit également une aide aux gouvernements dans l’élaboration de données ventilées par sexe. Il existe également un passeport pour l’analyse du genre publié en partenariat avec le Programme alimentaire mondial. Dans le domaine de l’information, nous disposons d’un programme Dimitra à l’intention des populations rurales, en particulier les femmes.
M. LOTFI BOUCHAARA (Maroc) a réaffirmé l’adhésion de sa délégation à la déclaration faite au nom du Groupe des 77 et la Chine. Abordant la question des femmes et des médias, il a constaté qu’en dépit de la contribution évidente des TIC à la promotion de la femme, un certain nombre d’obstacles liés principalement à la pauvreté, à l’analphabétisme et au coût élevé de l’outil informatique, empêchait les femmes, en particulier dans les pays en développement, d’utiliser ces technologies. Pourtant l’émergence de la société d’information rend urgent et nécessaire de faciliter l’accès des pays en développement aux technologies numériques. M. Bouchaara a expliqué que les médias jouent un rôle positif au Maroc pour ce qui est de faire évoluer les mentalités, notamment lorsqu’il s’agit d’œuvrer à l’élimination de toute forme de violence à l’égard des femmes et des filles. A ce sujet, le Maroc a mis en place une stratégie nationale de lutte contre ce phénomène qui vise à assurer la pleine jouissance par la femme marocaine de ses droits fondamentaux. Cette stratégie est menée en étroite collaboration avec les ONG et les organisations féminines et les centres d’écoute et d’orientation juridique et psychologique.
En 1998, le Gouvernement a lancé une campagne nationale de lutte contre la violence à l’encontre des femmes qui a permis de mobiliser les différents intervenants nationaux et les médias pour dénoncer ces atteintes aux droits fondamentaux et amener les victimes à se manifester afin qu’elles puissent recevoir de l’aide. La stratégie nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes a pour but le renforcement de l’état de droit en criminalisant les différentes formes de violence à l’égard des femmes comme indicateur du développement humain, ainsi que le développement de bases de données nécessaires à l’étude scientifique de ce phénomène. M. Bouchaara a également abordé la situation catastrophique des femmes palestiniennes du fait de l’occupation et des pratiques israéliennes et a lancé un appel à la communauté internationale afin qu’elle assume sa responsabilité et amène Israël à se conformer aux décisions de l’ONU et à respecter la légalité internationale.
Mme VAN DRUNEN LITTEL, Organisation mondiale de la santé, (OMS) a rappelé, citant une étude de l'OMS portant sur la violence domestique dans plusieurs pays, qu'entre 15 et 69% des femmes, selon les pays, avaient fait état d'une forme de violence physique ou sexuelle de la part de leur partenaire au cours de leur vie; qu'entre 5% et 20% d'entre elles avaient été sexuellement abusées avant l'âge de 15 ans. Cette étude, a-t-elle ajouté, a montré également le lien très fort entre la violence et certains indicateurs de santé comme le nombre de suicides, les chiffres de la santé reproductive et la santé physique et sexuelle. L'OMS est gravement préoccupée par les conséquences de la violence faite aux femmes et aux filles, a-t-elle poursuivi, soulignant le besoin de riposte pour arrêter cette violence et la prévenir. Pour ce faire, a-t-elle estimé, il faut traiter des facteurs individuels, familiaux, communautaires et sociaux qui influencent le comportement des populations et leur vulnérabilité à la violence.
Mme BIBI S. SHADICK, Ministre chargée de la sécurité sociale et des services humains du Guyana, a rappelé que la condition des femmes et des fillettes à travers le monde demeure préoccupante dans la mesure où elles sont les plus vulnérables aux conditions de pauvreté extrême, au manque de structures éducatives et de santé publique et sont les plus exposées à la pandémie du VIH/sida. Cette situation perdure malgré les engagements pris au plus haut niveau dans la Plate-forme d’action de Beijing et l’adoption d’un nombre important d’instruments juridiques relatifs à l’égalité entre les sexes. Elle a regretté le fossé existant entre l’adoption de mesures en faveur des femmes et leur mise en œuvre et a exhorté la Commission à prendre des mesures et des initiatives concrètes et efficaces. A cet égard, elle a indiqué que le Guyana avait défini une stratégie globale de développement intégrant dans les grandes lignes la Plate-forme d’action de Beijing et que la Constitution, amendée en 2001, avait établi une Commission pour l’égalité des sexes et les droits humains.
Par ailleurs, un tiers des membres du Parlement sont des femmes et elles sont également largement représentées au sein des commissions et des administrations publiques. En outre, malgré des contraintes économiques causées par la détérioration des termes de l’échange et un fardeau de la dette considérable, le Guyana a mis en place un Programme d’éducation en 2002 qui met l’accent sur l’accès à l’éducation des femmes et des filles de manière prioritaire pour les trois prochaines années. Elle a indiqué que les structures de santé publique et sanitaire étaient également rendues plus accessibles aux femmes. La Ministre a ensuite souligné le rôle important joué par les médias et les technologies de l’information et de la communication dans la sensibilisation aux questions d’égalité des sexes et d’avancement des droits des femmes avant de regretter que le Guyana ne soit pas suffisamment équipé dans ce domaine. Enfin, a-t-elle dit, l’entrée en vigueur de la loi de 1996 sur les actes de violence domestique a permis de protéger davantage les droits des femmes et chaque poste de police est doté d’un agent formé quant aux dispositions de cette loi.
Mme SOMAIA BARGHOUTI (Palestine) a fait part de la détérioration grave de la situation des femmes palestiniennes. Les crimes de guerre, le terrorisme d’Etat et les violations systématiques des droits de l’homme sont quotidiens et ont conduit à l’assassinat de 1 200 femmes et enfants palestiniens. Il faut reconnaître que la situation actuelle est due aux agissements de la puissance d’occupation qui viole depuis des décennies les droits inaliénables du peuple palestinien pour des raisons qui ne sont pas justifiables. Les réfugiés de la diaspora palestinienne ne sont pas non plus en mesure de jouir de leurs droits nationaux. De plus, alors que la situation s’aggrave, l’espoir de paix diminue, remplacé par des sentiments de désespoir. Nous soulignons la nécessité de maintenir l’aide de la communauté internationale qui a permis de prévenir l’effondrement total des infrastructures palestiniennes. Il est clair qu’aucune amélioration ne sera possible sans le retrait des troupes d’occupation pour que les Palestiniens exercent leurs droits inaliénables, y compris le droit à l’autodétermination et l’établissement d’un état indépendant avec Al Qods Al Sharif pour capitale.
Mme JANE ZHANG, Directrice de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a souligné que, depuis septembre 2001,l’OIT a engagé un audit axé sur la parité entre les sexes qui a révélé que là où il existe un engagement réel en faveur de la parité entre les sexes au niveau de la direction, les résultats sont clairs en termes d’intégration de la dimension sexospécifique dans les programmes de travail et les activités. Cet audit a également permis de réaliser qu’il existait encore des confusions quant à la signification des concepts de base sur l’égalité entre les sexes. Mme Zhang a estimé que cet exercice a permis d’identifier des bonnes pratiques, tout en reconnaissant qu’il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la capacité d’intégration des questions de parité aux différents stades de la conception, du suivi et de l’évaluation.
Elle a également présenté le projet que l’OIT mène actuellement en Tanzanie, Ouganda, Népal et Chine, grâce aux financements du Gouvernement néerlandais, qui réunit les ministères, les organisations représentant les employés et travailleurs et la société civile en vue de concevoir des stratégies intégrées et des outils pratiques pour la promotion de l’égalité entre les sexes dans le contexte national et de l’entreprise.
En matière de lutte contre la violence à l’encontre des femmes, l’OIT s’est consacré à éliminer toute forme de discrimination à l’égard des femmes, y compris la violence, sur le lieu de travail. Mme Zhang a notamment souligné la situation particulièrement précaire des femmes travaillant dans le secteur informel, ainsi que celle des travailleuses migrantes.
Mme BARBARA KRYSZKO (Coalition contre la traite des femmes) a établi un lien étroit entre la traite des femmes et la prostitution. Sans demande, il n’y aurait pas d’exploitation à des fins sexuelles ni une industrie du sexe florissante. En achetant une femme ou une fille, les hommes pensent acheter le droit de les dégrader et de les déshumaniser tandis que les prostituées ne disposent d’aucun recours face aux sévices. Une société qui veut faire respecter la dignité des femmes ne peut pas tolérer de telles transactions. Les gouvernements doivent interdire à leurs militaires et forces de maintien de la paix en poste à l’étranger d’acheter des services sexuels et de faire de femmes des esclaves du sexe. Il faut également développer les services d’appui et d’aide aux prostituées.
M. THORSTEINN INGOLFSSON (Islande) a rappelé que son pays a ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes ainsi que son Protocole facultatif, et a invité tous les Etats à en faire de même. Il a expliqué que, en dépit du fait que l’Islande n’a aucune preuve de l’existence de la pratique de la traite des femmes et des filles sur son territoire, le Gouvernement a néanmoins mis l’accent sur les mesures de prévention et a ratifié les Conventions et Protocoles internationaux s’y afférant. Ainsi un projet d’amendement au Code pénal est en cours de discussion aux termes duquel la traite de personnes humaines sera punissable à hauteur de 8 ans d’emprisonnement. Par ailleurs la prostitution est interdite en Islande.
M. Ingolfsson a également abordé le problème de la violence domestique, et a déclaré qu’il fallait lutter contre ce phénomène en autonomisant les femmes à travers l’éducation, l’aide financière et les formations professionnelles, et que, parallèlement il fallait prendre des mesures légales pour prévenir ce type de violence. Il a souligné que le débat sur la violence domestique a progressivement évolué pour ne considérer d’abord que le rôle de la femme pour inclure ensuite le rôle de l’homme, en cherchant à trouver des moyens de prévention ciblant les hommes risquant de perpétrer ce type de violence. En ce qui concerne les TIC, M. Ingolfsson a insisté sur les deux faces du problème à savoir d’une part faciliter l’accès le plus large possible à ces technologies aux femmes, et, d’autre part, contrôler les images et stéréotypes négatifs des femmes qui sont véhiculés par la technologie numérique.
Mme KAREN MASON (Banque mondiale) a expliqué que les préoccupations de la Banque portent de plus en plus sur les femmes dans la mesure où leur habilitation permettra la réalisation des objectifs du Millénaire dans le domaine du développement. Sans accorder l’égalité des chances aux femmes, nous ne gagnerons pas le combat contre la pauvreté. Il est également indispensable de permettre l’éducation des filles qui plus tard seront en mesure d’élever leurs enfants de manière plus saine. On ne peut pas lutter contre la mortalité infantile et le VIH/sida sans leur donner les moyens de le faire. Une collaboration entre les banques de développement, les gouvernements, les partenaires de la société civile sera également indispensable si l’on veut garantir l’exercice des droits fondamentaux des femmes.
M. ÛMIT PAMIR (Turquie) a expliqué que depuis l’adoption de la Déclaration de Beijing, la Turquie a pris un nombre important de mesures allant dans le sens de ses recommandations, notamment l’adoption d’un nouveau Code civil, l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi sur la protection de la famille et la prolongation de la scolarisation obligatoire des filles pendant 8 ans. L’année dernière, la Turquie a également retiré ses réserves à la Convention sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes ainsi qu’à son Protocole facultatif.
M. Pamir est d’avis que les principaux obstacles à la réalisation des objectifs de Beijing sont les conflits armés et la culture d’intolérance. Dans ce contexte il a notamment abordé le problème de la conception de la violence domestique en soulignant qu’elle était encore largement considérée comme une «affaire privée». Il a ajouté que la Turquie faisait son possible pour éliminer la violence contre les femmes dans sa société, notamment à travers la nouvelle loi sur la protection de la famille et du nouveau code civil qui a profondément amélioré la condition de la femme et a consacré la parité des sexes au sein de la famille. Le Code pénal turc est également en cours de réévaluation, notamment pour ce qui est des crimes d’honneur. M. Pamir a estimé que ces réformes légales représentent un accomplissement majeur pour la promotion de la femme et de la parité, tout en reconnaissant que les mesures législatives ne suffisent pas pour éliminer les discriminations dont sont victimes les femmes. A cet égard, il a insisté sur la responsabilité et le rôle à jouer par les médias pour sensibiliser et éduquer le public au sujet de la parité et de la lutte contre la violence à l’égard des femmes.
Mme Gwen MAHLANGU (Union interparlementaire), a indiqué que l’Union interparlementaire (UIP) est convaincue que la démocratie suppose un partenariat entre les hommes et les femmes dans la conduite des affaires de la société. Depuis plusieurs années, l’IUP déploie des efforts pour sensibiliser les parlements aux objectifs de Beijing+ 5 et aux dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW). A cet égard, nous avons récemment travaillé avec la Division de la promotion de la femme à la réalisation d’un manuel pour les parlementaires sur le CEDAW. Depuis plusieurs années, l’UIP travaille également à la lutte contre certaines formes de violence à l’égard des femmes et des enfants. Nous avons notamment lancé l’année dernière une campagne parlementaire visant à combattre les mutilations génitales. Enfin, nous sommes engagés dans la promotion d’une participation plus importante des femmes à la vie parlementaire dans un monde où elles ne représentent que 14,8% des parlements.
Mme KHALIL (Egypte) s’est associée à la déclaration faite par le Maroc au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et a déclaré que la promotion de la femme est un des piliers des progrès de la société. La violence à l’égard des femmes est un des principaux obstacles à la paix, à la sécurité et à l’égalité. Nous avons pris des mesures relatives à l’impact des mariages précoces sur les filles. Le ministère de la santé à interdit en 1997 les mutilations génitales et nous avons adopté de nombreuses lois permettant par exemple aux femmes d’obtenir le divorce. Il est désormais possible de châtier les auteurs de viol même s’il s’agit du conjoint.
Les médias et la presse peuvent jouer un rôle majeur de sensibilisation aux problèmes auxquelles les femmes font face. Une femme est à la tête de la radio et de la télévision égyptiennes. Nous sommes préoccupés par ailleurs par l’occupation israélienne de la Palestine qui doit cesser avec le retrait des forces d’occupation.
Mme DAIRNE GRANT (Nouvelle-Zélande) a souligné le rôle important que joue le Rapporteur spécial sur la violence à l’encontre des femmes, et a demandé aux membres de la Commission des droits de l’homme de renouveler son mandat.
Elle s’est félicitée de la nomination de sept femmes juges auprès de la Cour pénale internationale, ce qui, selon elle, permet à la communauté internationale d’être mieux «équipée» pour répondre aux violations flagrantes des droits des femmes. Pour sa part, la Nouvelle-Zélande est fermement engagée à combattre la traite des êtres humains, particulièrement des femmes dans la région de l’Asie-Pacifique, ce qui se traduit notamment par le fait qu’elle a ratifié les Convention et Protocole sur le crime transnational organisé, ainsi que sur la traite des femmes et des enfants et sur le trafic illicite de migrants.
La violence domestique est légalement interdite en Nouvelle-Zélande, qui a également développé des politiques de lutte contre la violence à l’égard des femmes, à la fois sur le plan régional, national et communautaire. Par ailleurs, Mme Grant a fait état des efforts actuels de mise en place d’une banque de données qui tiennent compte du genre et de l’origine ethnique de manière à pouvoir disposer d’analyses plus détaillées pour élaborer les politiques et stratégies futures.
M. CHUCHAI KASEMSARN (Thaïlande) a regretté que les bénéfices de la mondialisation soient inégalement partagés dans le monde, entre pays riches et pays pauvres, mais aussi au sein des sociétés elles-mêmes entre les sexes. Aussi, dans la perspective du Sommet mondial sur la société de l’information qui se tiendra à la fin de l’année 2003 à Genève, le représentant s’est félicité de l’intérêt porté par la Commission de la condition de la femme à la question des médias et des technologies de l’information et des communications.
D’autre part, il a jugé que l’examen des questions relatives aux droits des femmes et aux violences à l’égard des femmes était également important dans le contexte de la promotion de l’égalité des sexes. Il a ensuite insisté sur le rôle des femmes dans le domaine du développement et souligné leur rôle dans la mise en œuvre des objectifs de développement du Millénaire. M. Kasemsarn a également illustré les mesures prises par la Thaïlande pour appliquer la Plate-forme d’action de Beijing et le document final «Beijing + 5», notamment dans le domaine de l’accès aux TIC qui a été encouragé et élargi depuis une dizaine d’années.
La Constitution de 1997 de la Thaïlande introduit des dispositions claires concernant l’amélioration des règles de gouvernance et d’accès aux services publics grâce à la promotion des TIC. Le neuvième Plan national de développement économique et social reconnaît à son tour le rôle des TIC dans l’amélioration de la gouvernance et des services publics. Le représentant a ensuite indiqué que les programmes et politiques de développement des TIC avaient grandement contribué à améliorer le niveau d’éducation et de sensibilisation sur certaines questions telles que l’égalité entre les sexes et ce grâce à un réseau qui a permis de porter en 2002 le nombre d’usagers de l’Internet à six millions. Il a expliqué que le développement des médias et des TIC constituait en outre un instrument clef pour promouvoir les droits humains des femmes et des fillettes et accroître la sensibilisation aux violences domestiques.
Mme RADHIKA COOMARASWAMY, Rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme sur la question de la violence contre les femmes, ses causes et conséquences, a indiqué, au cours d’une de ses dernières interventions avant la fin de son mandat, que de grandes victoires ont été remportées au cours des dernières années notamment pour ce qui est de la promulgation de normes et de lois et de la sensibilisation du public. Malheureusement, malgré ces avancées, peu de choses ont changé dans la vie quotidienne des femmes. La grande majorité des femmes connaissent encore la violence sous forme de tabou dans la société. Il faut plus faire pour garantir un accès égal des femmes à la protection juridique et judiciaire. Il faut aller au-delà de la mise en place de normes pour garantir leur mise en oeuvre. Il faut également mettre en place des stratégies qui surmontent les discriminations culturelles en évitant un effet boomerang qui creuserait les inégalités.
Mme NAMINATA DEMBELE SISSOKO (Mali) a expliqué que le Gouvernement, en partenariat avec la société civile, a adopté le plan d’action 1996-2000 pour la promotion de la femme, et a commencé la mise en œuvre pratique du Plan 2002-2006. Les interventions de ce plan portent essentiellement sur les actions visant l’amélioration des conditions et du statut de la femme. Pour y parvenir, ce plan a identifié sept domaines prioritaires à savoir la lutte contre l’analphabétisme; la participation active de la femme à l’amélioration de la santé reproductive et la lutte contre le VIH/sida; le renforcement de l’éducation juridique et citoyenne de la femme; la lutte contre la pauvreté; la femme et la protection de l’environnement; la femme et l’intégration sous-régionale et la protection sociale de la femme. Il se base notamment sur la mise en place de cadres juridiques adéquats.
Mme Sissoko a déclaré que chaque femme malienne est victime d’au moins une des quinze formes de violence à l’égard des femmes identifiés et que, pour pouvoir lutter contre ce phénomène, il faut sensibiliser et former les leaders d’opinion, changer positivement les normes, croyances et superstitions des hommes et des femmes; utiliser les médias pour sensibiliser et éduquer le grand public; sensibiliser et former le personnel judiciaire ainsi que les membres de l’Assemblée nationale.
Mme AURORA JAVATE-DE DIOS, Présidente du Conseil national sur le rôle des femmes philippines, a attiré l’attention sur la mise en œuvre du Plan-cadre des femmes, le programme de trois ans créé pour accélérer la mise en œuvre du Plan de l’égalité des sexes et du développement établi pour la période 1995-2025 et qui reprend les objectifs du Programme d’action de Beijing.
La représentante est ensuite passée à la question de la traite des femmes. Elle a, à cet égard, rappelé l’adhésion de son pays à la Convention pertinente des Nations Unies et à son Protocole et a fait part de la finalisation de la loi nationale sur la traite des êtres humains visant une pénalisation optimale de ces actes criminels. Elle a aussi indiqué qu’en la matière les efforts nationaux comprennent des campagnes de sensibilisation au niveau des communautés, en coopération avec les ONG et les journaux les plus populaires. Les efforts comprennent aussi des mises en garde contre les employeurs illégaux ainsi que l’organisation de dialogues et de réunions communautaires. De plus, des projets novateurs adressés, cette fois, à la demande ont été bien reçus du public tels que les publi-reportages à la télévision et à la radio pour inciter les jeunes à ne pas traiter les femmes comme des objets sexuels.
Ayant été à l’origine de l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution sur la traite des femmes et des filles, les Philippines, a dit la représentante, se félicitent que l’Université des Nations Unies mène une recherche sur les pays d’Asie et du Pacifique. La représentant a lié la question à la protection des droits des travailleuses migrantes et s’est dite gravement préoccupé par la violence que continuent de subir ces femmes dans de nombreuses parties du monde. Concluant sur le deuxième thème prioritaire, elle a jugé important que les politiques en la matière se fondent sur des statistiques fiables telles que les données ventilées par sexe. La représentante a aussi appelé à des efforts renouvelés pour combattre l’utilisation de nouvelles technologies de l’information et des communications par l’industrie de la pornographie.
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