SG/SM/8512

LE KOSOVO DOIT DEPASSER L'HERITAGE DU PASSE POUR BATIR UNE SOCIETE DE DROIT FONDEE SUR LA DEMOCRATIE ET LA CONFIANCE MUTUELLE, DECLARE KOFI ANNAN

25/11/2002
Communiqué de presse
SG/SM/8512


LE KOSOVO DOIT DEPASSER L'HERITAGE DU PASSE POUR BATIR UNE SOCIETE DE DROIT FONDEE SUR LA DEMOCRATIE ET LA CONFIANCE MUTUELLE, DECLARE KOFI ANNAN


Texte intégral de l'allocution prononcée par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à la réception donnée le 18 novembre, à Pristina, dans la galerie d'art du Kosovo: 


Je suis très heureux d’être à nouveau au Kosovo, parmi des amis.


Je crois qu’aucun endroit n’est plus indiqué pour notre rencontre que cette galerie d’art, car je suis persuadé qu’aucun langage n’exprime avec plus de force que le langage de l’art notre condition humaine commune.


Je suis ravi que des artistes de différentes communautés ethniques se soient joints à nous aujourd’hui, de même que des représentants de secteurs très divers de la société civile.


Il n’y a pas de priorité plus grande pour le Kosovo que d’amener tous ses habitants à comprendre que leur condition humaine commune et leur diversité culturelle est une source de force et de beauté. C’est vrai de tous les endroits du globe dans le contexte actuel d’une mondialisation croissante. C’est particulièrement important au Kosovo, où cette démarche est indispensable au maintien de l’aide internationale et à l’intégration dans la famille européenne.


La société civile dynamique et le secteur culturel plein de vie que nous voyons représentés ici ce soir prouvent que le Kosovo possède l’énergie et la hauteur de vues nécessaires pour faire face aux difficultés qui l’attendent. J’applaudis les nombreuses initiatives prises par les organisations non gouvernementales pour rapprocher et réunir les membres de toutes les communautés – en particulier la jeunesse du Kosovo, à qui, naturellement, l’avenir appartient.


Depuis ma dernière visite, il y a deux ans, le Kosovo a fait du chemin – les preuves en sont visibles, des nouvelles routes aux assemblées municipales récemment élues.


C’est le fruit du travail en partenariat – partenariat entre les organisations internationales présentes ici et, plus important encore, partenariat entre la communauté internationale et les dirigeants, les nouvelles institutions et le peuple du Kosovo.


Permettez-moi de remercier mon Représentant spécial, Michael Steiner, et tous ses collègues de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK), l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’Union européenne, ainsi que nos amis de la Force de paix au Kosovo (KFOR), de leur contribution.


Je voudrais également remercier tous les dirigeants politiques, les chefs religieux et les membres de la société civile dont la coopération avec la MINUK date de la première heure, depuis l’administration conjointe jusqu’à la mise en place des institutions propres du Kosovo.


Permettez-moi de rendre hommage, en particulier, aux membres des communautés minoritaires pour le courage dont ils ont fait preuve en acceptant de travailler dans le cadre des institutions du Kosovo. Je sais que ce n’est pas facile.


Malgré tout, c’est une nécessité vitale. Car, à partir de maintenant, la forme que prendra dépendra l’avenir d’un partenariat qui engage le peuple entier du Kosovo.


Bien que le Kosovo ait déjà beaucoup fait, c’est maintenant que la partie réellement difficile commence : celle qui exige d’édifier plus que des maisons, des routes, des infrastructures et même des institutions; celle qui exige de dépasser l’héritage du passé pour bâtir une société dont les assises soient les principes du droit et les institutions démocratiques, le respect et la confiance mutuels.


Les dirigeants élus du Kosovo ont une responsabilité immense. Ils sont chargés d’inscrire dans la durée une société multiethnique où les relations sont fragiles.


À cet effet, il leur faudra exercer l’autorité en la fondant sur la tolérance, l’ouverture et le dialogue – aussi bien entre les communautés du Kosovo qu’avec Belgrade et les voisins de la région. Il faudra un effort concerté pour s’assurer que les acquis réalisés ici touchent tous les gens du Kosovo. Et il faudra traduire dans les faits les droits de toutes les communautés, y compris le droit au retour.


Les huit étapes définies pour guider le Kosovo dans ses efforts ont l’appui du Conseil de sécurité et mon appui sans réserve. Parmi celles-ci, aucune n’est plus importante que l’institutionnalisation des principes du droit – fondement indispensable du progrès dans tous les autres domaines, et notamment du développement économique et de l’intégration dans le reste de l’Europe.


Il appartiendra aux institutions et au peuple du Kosovo de décider des modalités et du temps nécessaires pour atteindre ces étapes.


En effet, le peuple du Kosovo assume une responsabilité qui n’est pas moins lourde que celle de ses représentants élus : il doit participer sans réserve et de manière constructive à la vie politique du Kosovo.


Nul ne naît bon citoyen. Aucune société ne naît démocratique. Ce sont des évolutions qui prennent une vie – voire plusieurs vies. Les élections municipales du mois dernier ont représenté un progrès important dans la participation à la vie politique, et je félicite ceux qui ont exercé leur précieux droit de vote. La décision prise par ceux qui n’ont pas voté est regrettable mais ne devrait pas nous empêcher de poursuivre la vision d’un Kosovo multiethnique.


Le peuple du Kosovo aspire maintenant à un avenir d’espoir – un avenir de sécurité, de stabilité et de chances réelles. Les bienfaits du progrès ne touchent pas tous les habitants du Kosovo de manière égale, et nous devons redoubler d’efforts pour remédier à cette inégalité.


La communauté internationale ne se dérobera pas à son devoir et vous aidera à bâtir un Kosovo multiethnique et stable, dont tous les éléments fonctionnent et où tout le monde peut vivre dans la sécurité et la dignité.


Tout au long de ce parcours, l’Organisation des Nations Unies restera aux côtés du Kosovo. Mais l’arrivée à destination dépendra du peuple du Kosovo et de lui seul. Mesdames et messieurs, je vous demande de vous joindre à moi pour porter un toast au partenariat – entre les hommes et les femmes de nombreuses nations et au sein de tout le peuple du Kosovo.


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