SG/SM/8438

ALLOCUTION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU CONSEIL DE SÉCURITÉ

16/10/02
Communiqué de presse
SG/SM/8438


                                                            SC/7535


ALLOCUTION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU CONSEIL DE SÉCURITÉ


On trouvera ci-après le texte de l’allocution du Secrétaire général, M. Kofi Annan, au Conseil de sécurité, aujourd’hui (prononcée en son nom par la Vice-Secrétaire générale, Mme Louise Fréchette):


Je vous félicite vivement de tenir ce débat public sur l’Iraq et regrette beaucoup de ne pouvoir être personnellement parmi vous.


La situation créée par le fait que l’Iraq n’a pas appliqué intégralement les résolutions du Conseil de sécurité depuis 1991 est de toute évidence l’une des plus graves que connaisse  aujourd’hui la communauté internationale.


L’Organisation, en particulier le Conseil de sécurité, se trouvent placés devant un défi majeur. À l’Article 24 de la Charte, les États Membres ont conféré au Conseil la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales.


C’est effectivement là une lourde responsabilité et il est essentiel que le Conseil se montre à la hauteur de sa tâche.


Permettez-moi cependant d’ajouter que cette situation n’est pas sans offrir une occasion précieuse à l’Organisation. Si nous agissons avec habileté, nous serons effectivement en mesure de renforcer la coopération internationale, l’état de droit et l’ONU elle-même – en lui permettant de progresser utilement, non seulement dans le cadre de la crise actuelle mais aussi dans l’avenir.


Il est donc tout à fait opportun que le Conseil se penche sur la voie qu’il doit suivre, non seulement en consultations privées mais aussi en public, de manière que les États Membres qui ne siègent pas actuellement au Conseil aient la possibilité d’émettre leur avis.


Pour ma part, j’ai déjà déclaré très clairement ce que je pensais de la question, le 12 septembre, lorsque j’ai eu l’honneur de prendre la parole à l’Assemblée générale.


Vous vous rappellerez sans doute qu’à cette occasion, j’ai déclaré que les efforts visant à ce que l’Iraq se conforme aux résolutions du Conseil devaient se poursuivre. J’ai lancé un appel à tous ceux qui pouvaient exercer une influence sur les dirigeants de l’Iraq afin qu’ils convainquent ces derniers de l’importance capitale d’accepter les inspections des armements iraquiens. J’ai moi-même exhorté l’Iraq à s’acquitter de ses obligations – pour le bien de son propre peuple et dans l’intérêt de l’ordre mondial.


Dans l’allocution qu’il a prononcée le même jour lors du débat général, le Président des États-Unis a également insisté pour que l’Iraq s’acquitte des obligations qui lui incombaient au titre des résolutions du Conseil. Un grand nombre d’États se sont joints à l’appel qu’il a ainsi lancé.


Quatre jours plus tard, j’ai reçu du Ministre iraquien des affaires étrangères une lettre m’informant de la décision de son gouvernement « d’autoriser les inspecteurs des Nations Unies à retourner en Iraq ».


Depuis lors, M. Hans Blix, Président exécutif de la Commission de contrôle, de vérification et d’inspection des Nations Unies, et M. Mohamed Elbaradei, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, se sont entretenus avec une délégation iraquienne, le 30 septembre et le 1er octobre, afin d’examiner les arrangements pratiques concernant la reprise des inspections.


La décision de l’Iraq de réadmettre les inspecteurs sans condition constitue un premier pas important, mais un premier pas seulement. Il demeure indispensable que les résolutions soient appliquées dans leur intégralité, mais cet objectif n’a pas encore été atteint.


L’Iraq doit s’exécuter. Il doit mettre en oeuvre le programme de désarmement exigé dans vos résolutions. Les inspecteurs des armements retourneront en Iraq après une absence de quatre ans, dotés d’une nouvelle structure et d’une nouvelle direction, afin de vérifier la réalisation de ce programme.


Les inspecteurs doivent bénéficier d’un accès sans entrave et le Conseil n’en attendra pas moins. Il se peut que celui-ci choisisse d’adopter une nouvelle résolution renforçant leur liberté de manoeuvre afin qu’il n’existe plus aucune lacune ni aucune ambiguïté.


J’estime que cette manière d’agir serait opportune. Les nouvelles mesures doivent être fermes, efficaces, crédibles et raisonnables.


Si l’Iraq ne saisit pas cette dernière chance et persiste dans son défi, le Conseil devra faire face à ses responsabilités.


L’expérience montre, selon moi, que le Conseil agit toujours pour le mieux et le plus efficacement lorsque ses membres sont à l’unisson.


Permettez-moi par conséquent de conclure, Monsieur le Président, en demandant instamment à vos collègues et à vous-même de n’épargner aucun effort pour préserver votre unité de vues.


Toute division dans vos rangs affaiblirait sans conteste l’autorité et la crédibilité de l’Organisation. Mais si vous agissez de concert, votre impact n’en sera que plus fort et vous serez mieux à même d’atteindre votre objectif, qui doit être une solution globale comprenant la suspension et la levée éventuelle des sanctions, cause de tant d’épreuves pour le peuple iraquien, ainsi que l’application en temps opportun des autres dispositions de vos résolutions.


Si le Conseil réussit dans cette voie, Monsieur le Président, l’Organisation des Nations Unies s’en trouvera renforcée et les générations futures lui en seront redevables.


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