ENV/DEV/J/694

UNE GESTION SAINE ET RESPONSABLE DE L’ECONOMIE ET DE L’ENVIRONNEMENT, AINSI QU’UN INVESTISSEMENT DANS LE CAPITAL HUMAIN SONT DES ELEMENTS ESSENTIELS DU DEVELOPPEMENT, DECLARE M. POWELL

04/09/2002
Communiqué de presse
ENV/DEV/J/694


UNE GESTION SAINE ET RESPONSABLE DE L’ECONOMIE ET DE L’ENVIRONNEMENT, AINSI QU’UN INVESTISSEMENT DANS LE CAPITAL HUMAIN SONT DES ELEMENTS ESSENTIELS DU DEVELOPPEMENT, DECLARE M. POWELL


Le Sommet de Johannesburg s’achemine vers un accord

sur le Programme d’action en faveur du développement durable


JOHANNESBURG, le 4 septembre -- De nombreux appels en faveur d’une ratification universelle du Protocole de Kyoto et d’un engagement chiffré en faveur de la promotion des énergies renouvelables ont été lancés ce matin au Sommet de Johannesburg pour le développement durable, devant lequel est intervenu le Secrétaire d’Etat des Etats-Unis, M. Colin Powell, qui a fait savoir que son pays ne s’est pas seulement engagé dans la lutte contre le changement climatique par la rhétorique mais qu’il mettra en place un programme d’un milliard de dollars pour atténuer les effets de serre et développer les technologies les plus progressistes en matière de sources d’énergie renouvelable.


Déclarant que la meilleure formule pour le développement, c’est la liberté, et réaffirmant l’engagement du Président Bush de débloquer 5 milliards de fonds supplémentaires sur trois ans pour l’aide au développement, le Secrétaire d’Etat a indiqué que les Etats-Unis conditionneraient l’affectation de ces fonds à une bonne gestion des affaires publiques car «le développement durable va de pair avec une gestion économique saine des investissements».


M. Yashwant Sinha, Ministre des relations extérieures de l’Inde, à l’instar de nombreux intervenants, a insisté sur la nécessité d’appliquer les principes de la gouvernance démocratique qui impliquent une bonne administration publique, surtout dans les pays soumis à des programmes d’ajustement structurels.  Conscient des exigences particulières de la bonne gouvernance au service du développement durable, à savoir la lutte contre la corruption, les paradis fiscaux et la délinquance écologique, M. Sar Kheng, Vice-Premier Ministre du Cambodge, en a souligné le principe fondamental, à savoir la transparence dans la gestion des affaires publiques.


Poursuivant la réflexion en s’engageant à assumer la responsabilité première qui leur incombe en la matière, plusieurs représentants de petits Etats insulaires en développement ont souligné que la bonne gouvernance nécessite de travailler à promouvoir une éthique des comportements et impose une transformation des formes de la décision et de l’action publique, à l’écoute et en partenariat avec la société civile. 


Cependant, si la bonne gouvernance est la condition de la paix, de la sécurité et de la stabilité fondées sur la défense des droits de l’homme et l’égalité des sexes, comme l’a rappelé le Ministre de l’environnement de l’Espagne, M. Juame Matas, plusieurs intervenants ont souligné l’héritage des conflits armés et leurs conséquences néfastes sur l’environnement au nombre des facteurs qui sont un frein au développement durable.  C’est ainsi que M. Hadayat Amin Arsala, Vice-Président de l’Afghanistan a déploré les conséquences dramatiques sur les infrastructures, les structures administratives et le tissu social de vingt-cinq années de guerre.


Le Ministre de l’environnement de la Palestine, M. Yousef Abu-Safieh, a pour sa part rappelé que les plans stratégiques mis en place en 1994 par l’Autorité palestinienne dans les domaines de la santé, de l’assainissement, de l’environnement et de l’eau ont été ruinés par l’attaque lancée par Israël.  C’est la raison pour laquelle, tout comme de nombreux intervenants, il a lancé un appel à la communauté internationale pour que les déclarations politiques sur l’avenir de l’humanité soient suivies d’effet.


Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays suivants se sont également exprimés: Union des Comores, Sao-Tomé-et-Principe, Palaos, Îles Cook, Guinée-Bissau, Tadjikistan, République tchèque, Bélarus, Niue, Estonie, Inde, Jamaïque, République dominicaine, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Angola, Tunisie, Moldova, Cameroun, Seychelles, Niger, Andorre, Sainte-Lucie, Australie, Lettonie, République centrafricaine, Grenade, Gambie, Timor oriental.


Débat général


M. AZALI ASSOUMANI, Président de l’Union des Comores, a estimé que le développement durable est une approche novatrice et porteuse d’avenir.  Les Comores qui, dans leur nouvelle architecture constitutionnelle, ont accordé la priorité à la lutte contre la pauvreté, placent de grands espoirs dans le processus enclenché à Johannesburg.  Après quatre années d’instabilité dans notre pays, la création de l’Union des Comores a consacré la volonté du peuple de dépasser cette crise afin de s’engager sur la voie du développement.  Nous sommes loin d’avoir satisfait aux engagements pris par la communauté internationale dans Action 21 et lors du Sommet de Rio, et les indicateurs de pauvreté, de santé, d’éducation et de développement économique ne sont pas satisfaisants.  Il importe donc de consentir des efforts en faveur du développement, tels que l’augmentation des flux d’aide publique au développement et d’investissements, et la levée des barrières discriminatoires imposées au commerce mondial par les pays développés, et ce afin de permettre aux économies en développement de s’intégrer dans le commerce mondial.  L’Union des Comores est un petit État insulaire en développement confronté comme les autres aux coûts élevés en termes d’infrastructures, de transports, de services sociaux, et menacé également par la montée du niveau des mers.  10% de la population des Comores devra être transférée et réinstallée d’ici à 2025, a souligné M. Assoumani, recommandant un examen approfondi de la situation des pays en développement. 


M. FRADIQUE BANDEIRA MELO DE MENEZES, Président de la République démocratique de Sao-Tomé-et-Principe, a rappelé que dix années se sont écoulées depuis la Conférence de Rio.  La communauté internationale continue cependant d’assister à la dégradation de l’environnement.  La réalisation des objectifs de Rio a pourtant une importance capitale car elle offre la possibilité pour l’humanité d’assumer la grande responsabilité qui est la sienne.  Le résultat du modèle actuel de développement pour les pays en développement se traduit par un taux plus élevé de mortalité et une plus grande dégradation de l’environnement.  C’est pourquoi nous souhaitons attirer l’attention de la communauté mondiale sur les conséquences de la dégradation de l’environnement sur les petits pays insulaires et l’éventualité de leur disparition.  Sao-Tomé-et-Principe a procédé à la ratification de toutes les conventions sur les changements climatiques et celles ayant pour objectif de sauver la planète.  Les infrastructures du pays souffrent de l’érosion côtière.  Notre pays souffre en outre d’un accès difficile à l’eau potable.  Le Président a souligné trois principes fondamentaux pour la réalisation des objectifs du développement durable: la consolidation de la démocratie, la bonne gestion des affaires publiques et la transparence dans la gestion des affaires publiques.


M. TOMMY E. REMENGESAU, Président de la République des Palaos, a indiqué que comme petit état insulaire en développement, son pays se trouvait de plus en plus isolé et vulnérable.  En 1997 et 1998, Palaos a perdu un tiers de son récif corallien du fait de sécheresses et de raz-de-marée, ainsi que la majeure partie de sa production agricole du fait des changements climatiques.  Rappelant que dans le Pacifique, la tradition veut que les pêcheurs les plus habiles partagent leur pêche avec la communauté entière, le Président a demandé aux plus grands pêcheurs de partager leur richesse.  Se félicitant des efforts faits dans les dernières

années par la communauté internationale pour reconnaître les vulnérabilités et les spécificités des petits Etats insulaires en développement et pour s’éloigner de la notion fictive qui veut que ces petits pays opèrent sous les mêmes contraintes que les pays développés, Palaos a déclaré être le dernier paradis sur terre et a demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour ne pas en faire un paradis perdu.


M. ROBERT WOONTON, Premier Ministre des îles Cook, a regretté que les objectifs fixés à Rio et dans Action 21 n’aient pas été atteints en dix ans mais a assuré que son pays est disposé à se joindre au consensus sur le Plan d’action de Johannesburg.  Toutefois, nous voulons nous associer à la position exprimée par le Forum des Îles du Pacifique devant ce Sommet concernant les aspirations des petits États insulaires en développement au regard du processus de développement durable.  Nous tenons à ce que la communauté internationale s’engage sur la voie d’une gestion écologique et rationnelle des océans et que des mesures soient prises contre ceux qui continuent de transporter des matières radioactives dans le Pacifique contre la volonté des États insulaires et qui continuent également d’exploiter nos ressources halieutiques.  Dans le cadre de ses politiques de préservation de l’environnement, le Gouvernement des îles Cook a consacré une des cinq îles à la protection de la nature et des espèces d’oiseaux, et nous nous sommes également engagés dans la protection des baleines.  Il a lancé un appel aux pays développés pour qu’ils soutiennent les pays en développement et leur assurent un accès au commerce international, le Premier Ministre sollicitant notamment l’Union européenne afin qu’elle facilite les accords de partenariat commerciaux dans le cadre des accords de Lomé et de Cotonou.  Au nom des générations futures, M. Wooton a demandé à M. Colin Powell et au représentant de l’Australie de ratifier le Protocole de Kyoto. 


M. ALAMARA INTCHIA NHASSE, Premier Ministre de la république de Guinée-Bissau, a fait remarquer que le problème du développement durable trouve sa cause non seulement dans la pauvreté chronique et absolue mais aussi dans l’exploitation exagérée des ressources naturelles.  Pour changer ces attitudes, la communauté internationale et les pays riches ont la responsabilité d’aider les pays pauvres grâce à des partenariats en tenant compte du fait que la pollution dépasse les frontières.  Le consensus de Rio représentait un pas important.  Le binôme développement durable et conservation de l’environnement doit prévaloir dans tout projet de développement.  En ce qui concerne l’Afrique, le NEPAD représente une vision et une conception commune de tous les africains désireux de s’engager sur la voie du développement durable.  Cette initiative doit être mise en oeuvre de toute urgence.  La Guinée-Bissau a ratifié en 1995 les conventions relatives à la sécheresse, à la diversité biologique et au changement climatique.  Si la bonne gouvernance est une condition du développement durable, la Guinée-Bissau se trouve sur la bonne voie dans la mesure où elle a mis en place un programme national de bonne gouvernance appuyé par le PNUD qui devrait être approuvé prochainement par le Gouvernement.  La création de l’Institut pour la femme et l’enfant et la mise en place de programmes dans les secteurs de l’éducation et de la santé sont des signes encourageants.  Cependant, le VIH/sida entraîne la disparition du tissu de la population.  C’est pourquoi le Gouvernement a défini un programme national de lutte contre le VIH/sida.  Si la stabilité économique est nécessaire au maintien de la paix, notre pays ne doit pas être laissé à son sort.  La communauté internationale et les pays en développement doivent donc nous aider afin d’inverser la tendance grâce à l’intervention des capitaux étrangers. 


M. SAR KHENG, Vice-Premier Ministre du Cambodge, a apporté son soutien au Plan de mise en œuvre du développement durable.  Fustigeant la culture de consommation qui ne cesse de s’étendre et qui met en danger la durabilité du développement, le Vice-Premier Ministre a déclaré que son pays, en tant que petit pays, est particulièrement vulnérable aux crises financières.  Il en découle une insuffisance de l’emploi, et l’engagement de la communauté internationale est inadéquat pour résoudre ces questions.  Au Cambodge, 24% du territoire est constitué d’une réserve naturelle faite de lacs et de montagnes, et le pays s’efforce de conserver la couverture forestière qui atteint aujourd’hui 40 à 50% de la superficie du pays.  Soulignant que la stabilité politique est une condition nécessaire au développement durable, M. Sar Kheng a rappelé que des élections ont été organisées récemment dans son pays, preuve que le Cambodge promeut la démocratie.  Rappelant que les pays pauvres ont besoin d’un appui plus important, il a plaidé en faveur de la bonne gouvernance, facteur clef du développement durable, et s’est prononcé pour un mécanisme qui assure que les pays pauvres ne sont pas les victimes d’une mondialisation.


Pour M. KOZIDAVLAT KOIMDODOV, Vice-Premier Ministre de la République du Tadjikistan, le Sommet de Johannesburg doit traduire en actes concrets les engagements pris il y a dix ans à Rio et qui n’ont pas été suivis d’effets.  Le processus de développement durable est irrévocable pour le Tadjikistan, pays qui sort d’un conflit de trois ans et qui s’est engagé sur la voie de l’économie de marché.  La mise en œuvre des priorités établies dans Action 21 et confirmées à Johannesburg devront nous permettre de lutter contre la pauvreté en développant des infrastructures sanitaires et scolaires et en construisant des installations électriques viables.  Nous poursuivrons nos efforts dans les domaines de la bonne gouvernance et de la démocratisation, ainsi que dans celui de la mise en œuvre des conventions internationales liées au développement durable.  Pour nous permettre d’utiliser au mieux notre potentiel, il nous faut aborder de front la question de la dette publique avec les partenaires du Tadjikistan afin d’assurer une intégration économique et commerciale de notre pays dans le contexte international.  Le maintien des écosystèmes et la lutte contre les conséquences de la dégradation des bassins hydrauliques et la disparition prochaine de la mer d’Aral sont aussi des préoccupations pour le Tadjikistan.  L’eau est une des plus grandes richesses et est indispensable pour assurer le développement durable c’est pourquoi notre Gouvernement a défini un programme triennal pour la protection des ressources en eau.  Cependant, comme tous les pays d’Asie centrale, nous avons besoin de l’aide des agences internationales pour créer un potentiel de développement et il faudrait à cet égard mettre au point une structure d’appui au développement durable aux plans national, régional et international.


M. PETR MARES, Vice-Premier Ministre de la République tchèque, a estimé qu’il est difficile d’entrevoir le développement durable sans éducation.  Il a regretté qu’en dépit de l’existence de signaux d’alarme et d’informations concernant les menaces qui pèsent sur notre planète, l’humanité épuise toujours les ressources naturelles.  Même si le nombre des populations sur la terre croît rapidement, la croissance économique ne suit pas.  Les crues destructives récentes qui ont dépassé les attentes les plus pessimistes en témoignent.  A l’avenir, il nous importe de faire des efforts pour reconstruire le pays en changeant notre approche vis à vis de la nature.  Les tâches importantes qui nous attendent ne pourront pas être menées uniquement pas les ministères et les gouvernements mais aussi par la coopération internationale. 


M. HEDAYAT AMIN ARSALA, Vice-Président de l’Afghanistan, a regretté que les 25 années de guerre qu’a connue son pays ne lui aient pas permis d’accorder aux questions environnementales toute l’attention qu’elles méritent.  Vingt-cinq années de guerre, aggravées par cinq années de sécheresse ont eu des conséquences dramatiques : l’infrastructure est pratiquement détruite, nous avons perdu nos élites, nos structures administratives sont faibles, nos tissus sociaux sont fragmentés, et les femmes et les enfants en sont les premières victimes.  A cela s’ajoute le retour de nombreux réfugiés qui s’installent dans d’immenses taudis en périphérie des villes.  Des conséquences tragiques sont à prévoir si aucune action n’est prise.  De plus, des millions de mines ont saccagé des terres fertiles qui sont désormais inutilisables pour l’agriculture.  M. Arsala a indiqué que le programme de reconstruction qui a été adopté s’inscrit dans la recherche du développement durable et place la priorité sur le capital humain.  Il a lancé un appel à la communauté internationale pour que l’aide financière et économique promise à Tokyo soit débloquée plus rapidement. 


M. VLADIMIR DRAZHIN, Vice-Premier Ministre de la République du Bélarus, a estimé que la communauté internationale est loin d’atteindre les objectifs qu’elle s’est assignés à Rio, puis lors du Sommet du Millénaire et de la Conférence de Monterrey.  La fracture numérique, les crises financières, la chute des montants d’aide publique au développement (APD) et la pandémie du VIH/sida sont autant de facteurs permettant d’expliquer l’accentuation des inégalités entre les pays riches et les pays en développement ou en transition.  Les besoins sont de l’ordre de 130 milliards de dollars supplémentaires par an d’ici 2015 pour atteindre les objectifs fixés lors du Sommet du Millénaire, tandis que l’ouverture des marchés permettrait à elle seule de débloquer des fonds biens supérieurs aux 50 milliards d’APD.  S’agissant des biens publics mondiaux, nous considérons que c’est une notion essentielle qui doit être scrupuleusement observée par chaque État dans le processus de développement durable.  Le Bélarus s’inscrit dans les dynamiques européennes en matière de protection de l’environnement et de développement durable mais notre pays assume encore les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl.  Il importe par conséquent de mobiliser les ressources financières nécessaires pour répondre aux défis posés par cette catastrophe sur l’environnement et c’est pourquoi nous insistons sur l’importance de déployer des partenariats entre pays développés et économies en développement ou en transition pour réaliser les objectifs de Johannesburg. 


M. M TOKE TALAGI, Vice-Premier Ministre et Ministre de l’environnement de la République de Niue, a estimé que les progrès lents réalisés en matière de développement durable ne doivent pas nous éloigner d’une juste cause.  Etant un des pays les plus vulnérables de la planète, nous avons besoin de la communauté internationale.  Nous nous félicitons de ce qu’Action 21 représente une base solide pour nos efforts afin d’améliorer la gestion des océans.  Les problèmes des petites îles en développement ne doivent pas être ignorés de la communauté internationale.  Cependant, il n’y aura pas de progrès sans une bonne gestion des affaires publiques.  Ceci représente la condition d’un travail en commun.  Dans le cadre du développement de la région, nous avons organisé des partenariats entre la société civile, des organisations non gouvernementales et des bailleurs de fonds mais il est important d’assurer que les ressources financières existent car elles sont essentielles au développement durable à tous les niveaux. 


Mme LIINA TÖNNISSON, Vice-Premier Ministre de l’Estonie, a déclaré que son pays a ratifié le Protocole de Kyoto et a réduit de moitié les émissions de CO2 dans les 10 dernières années.  Après avoir idéalisé la société de consommation, «inaccessible pendant des années», et avoir enfin atteint ce stade, nous voyons l’autre côté de la médaille: le besoin de rendre nos structures de consommation et de production plus durables.  L’Estonie partage les responsabilités communes de gestion des ressources mondiales.  La créativité et la flexibilité, les traditions et la durabilité sont autant de facteurs qui constituent notre expérience et que nous souhaitons partager avec la communauté internationale.  Nous pensons que le développement durable ne sera possible que si nous augmentons la richesse nationale; par là nous voulons dire qu’il faut gérer de façon judicieuse nos diverses ressources: naturelles, humaines et celles dont nous sommes les artisans.


M. YASHWANT SINHA, Ministre des relations extérieures de l’Inde, a considéré que les questions abordées à Johannesburg étaient vitales pour l’avenir de l’humanité.  Rappelant que le Mahatma Gandhi suggérait toujours aux décideurs politiques de s’interroger constamment sur les conséquences de leurs choix politiques pour les plus pauvres, il a recommandé aux dirigeants de la planète de ne pas perdre de vue ces conseils.  Le plan d’action de Johannesburg traduit la richesse du débat sur tous les aspects de la vie humaine, au premier rang desquels l’éradication de la pauvreté et les changements nécessaires dans les modes de production et de consommation, a poursuivi le Ministre.  Les modes de production et de consommation actuels ont des conséquences graves et durables sur la dégradation de l’environnement.  La frénésie des pays riches visant à préserver et à élever leurs niveaux de prospérité condamne les plus pauvres de la planète à vivre dans le dénuement comme c’est le cas pour les 2,5 milliards d’êtres humains qui n’ont pas accès à l’assainissement et à l’énergie.  Le Ministre a donné l’exemple de son pays, soulignant que le sous-continent indien a changé son destin grâce à une bonne gouvernance démocratique qui est cruciale pour libérer les énergies, au même titre que l’investissement dans l’homme, dans la santé et l’éducation.  Il a déploré les lacunes dans la compréhension des besoins légitimes des pays en développement, s’inquiétant de la chute des montants d’APD, du protectionnisme des pays riches et de la détérioration des termes de l’échange.  Annonçant que l’Inde avait déposé le 26 août dernier ses instruments de ratification du Protocole de Kyoto, M. Sinha a proposé d’accueillir en Inde la huitième conférence des parties à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques. 


M. A.J. NICHOLSON, Ministre de la justice de la Jamaïque, a rappelé que Rio a jeté un pont permettant de combler les écarts de développement.  Cependant, les Etats ont sous-estimé la complexité et les exigences d’Action 21, de même que les capacités nationales et locales nécessaires à la mise en oeuvre de ses principes.  En 1992, nous ne pouvions pas anticiper les conséquences de la mondialisation et des comportements capricieux de nombreuses compagnies.  En Jamaïque, nous avons cherché à mettre notre économie dans une position qui lui permette d’occuper une place de choix sur l’échiquier international mais nous nous trouvons confrontés à la nécessité de réaliser un compromis entre la réduction de la pauvreté et le développement durable.  La Jamaïque appuie les principes directeurs de la Charte de la Terre comme cadre pour la mise en oeuvre des objectifs du développement

durable et reconnaît qu’il faut poursuivre les travaux dans le cadre d’un véritable partenariat.  A cet égard, nous affirmons la nécessité d’intégrer une perspective sexospécifiques aux objectifs du développement durable.  Cependant, ce type d’initiative doit être mis en place dans le cadre de paramètres précis qui profitent à tous et les partenariats ne doivent pas se substituer à l’aide traditionnelle au développement.  De même, il faut mettre en place des cadres juridiques et institutionnels adéquats.  Si l’on augmente le rôle du secteur privé, il faut donner une attention particulière aux règles qui doivent régir notre engagement dans ce processus, notamment en ce qui concerne les énergies renouvelables. 


M. RAFAEL DE MOYA PONS, Ministre des ressources naturelles et de l’environnement de la République dominicaine, a indiqué que plusieurs des aspirations légitimes des pays en développement n’avaient pas été satisfaites à Johannesburg.  Un pays en développement, qui a connu dans les 10 dernières années le taux de croissance le plus élevé de l’Amérique latine, la République dominicaine a pu se rendre compte des dommages environnementaux créés par cette croissance et est aujourd’hui résolue à lutter contre la pollution.  Premier pays à ratifier le Protocole de Kyoto, la République dominicaine est directement touchée par les changements climatiques.  Elle est d’avis que le maintien des subventions agricoles nuit au développement durable et a demandé aux pays développés de donner un nouvel élan au libre échange et de lutter contre le protectionnisme.  Consciente du rôle crucial des femmes dans le développement durable, la République dominicaine a réservé 54% des postes du Ministère de l’environnement à des femmes.  Elle a enfin proposé que des Ministères du développement durable, avec des pouvoirs plus étendus que les Ministères de l’environnement, soient créés.


M. YOUSEF ABU-SAFIEH, Ministre de l’environnement de la Palestine, a expliqué que le Président Arafat n’a pas fait le déplacement de Johannesburg car le quartier général de l’Autorité palestinienne à Ramallah est assiégé par les forces israéliennes.  Depuis sa mise en place en 1994, l’Autorité palestinienne a lancé un programme national de protection de l’environnement et pris des mesures relatives au renforcement des capacités avec une priorité accordée à l’investissement dans l’éducation.  Le Gouvernement a procédé à la mise en œuvre de plans stratégiques dans les domaines de la santé, de l’assainissement, de l’environnement et de l’eau mais, par la suite, l’attaque lancée par Israël a ruiné les efforts des Palestiniens.  Malgré la quatrième Convention de Genève, plus de 10 000 foyers ont été détruits, plus de 6 000 personnes ont été tuées et les 30000 blessés n’ont pu disposer de soins en raison de la destruction des hôpitaux par Israël.  10 000 hectares de terres arables sont occupés par les forces israéliennes qui ont dévasté l’environnement en tuant plus de 150 000 oiseaux parmi les espèces les plus rares.  Aujourd’hui, 34% de la population palestinienne vit en deçà du seuil de pauvreté contre 22% en 1998 tandis que le chômage atteint 60% dans les villes.  Les femmes palestiniennes sont soumises aux humiliations les plus graves et sont quelque fois forcées d’accoucher devant les

barrages de l’armée israélienne.  Les forces d’occupation ont tué des centaines d’enfants, des centaines d’autres sont en prison et 275 000 enfants souffrent d’anémie et de malnutrition chronique.  Les Israéliens ont détruit des milliers d’usines et de projets et les dégâts se chiffrent à près de 80 millions de dollars.  Les ressources en eau en Palestine sont de 30 litres d’eau par habitant et par jour et ce en raison du siège qui s’accentue.  Il a demandé des mesures de dédommagement pour le peuple palestinien pour les destructions occasionnées par l’occupation israélienne.  Il est bon d’adopter des déclarations politiques sur l’avenir de l’humanité, bon d’avoir un Plan d’action de Johannesburg, mais ce serait encore mieux de les appliquer, a conclu le Ministre. 


M. DOUGLAS SLATER, Ministre de la santé et de l’environnement de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, a rappelé la menace que représentent les politiques de développement économique pour les petits Etats insulaires en développement.  Alors que ces Etats ont fait un effort significatif en matière de développement durable, la communauté internationale a fait très peu.  La menace de changements climatiques s’est accrue et les Caraïbes perdent des milliers de ressortissants qualifiés qui sont recrutés directement par les pays développés.  Nous ne pouvons que regretter que le Plan d’action ne représente pas un engagement fort de la communauté internationale.


M. COLIN POWELL, Secrétaire d’Etat des Etats-Unis, a déclaré que la meilleure formule pour le développement, c’est la liberté.  L’âme américaine a toujours été engagée en faveur du développement, nous touchons là à la passion du peuple américain pour englober tous les pauvres dans un cercle de développement.  Dans les pays en développement, des milliers de personnes vivent dans la pauvreté, font face aux risques du sida et de la désertification.  Au Zimbabwe, le manque de respect de l’état de droit risque de se solder par des milliers de victimes.  Face à la famine, plusieurs gouvernements d’Afrique australe ont demandé une aide d’urgence, et ont rejeté ce qui leur a été envoyé.  Nous, ici, à Johannesburg, sommes engagés en faveur des objectifs définis à Rio, engagés en faveur du respect de la biodiversité.  Cependant, la bonne gestion des affaires publiques et le développement durable vont de pair.  Une gestion saine de l’économie et responsable de l’environnement, ainsi qu’un investissement dans le capital humain sont des éléments essentiels du développement. 


A Monterrey, le Président Bush a promis que 5 milliards de dollars supplémentaires seraient débloqués sur trois ans, sous réserve d’approbation du Congrès, et que cette aide sera réservée aux pays qui sont engagés en faveur d’une utilisation rationnelle des fonds.  Le commerce et l’industrie contribuent à hauteur de 80% aux fonds disponible pour le developpement et restent les moteurs du développement durable.  C’est avec des partenaires issus de ces secteurs que les Etats-Unis travailleront, en faveur du libre-échange.  Les Etats-Unis qui sont engagés dans la réalisation de projets et non dans la rhétorique, viennent de lancer un programme de 1 milliard de dollars pour atténuer les effets de serre et pour faire face aux effets du changement climatique.  Une initiative a également été lancée avec des entrepreneurs d’Afrique du Sud pour la construction de 9 000 maisons.  Nous avons initié des programmes pour améliorer l’accès à l’eau potable et sommes engagés dans la lutte contre le sida et le paludisme. 


      M. JOAO BERTNARDO DE MIRANDA, Ministre des affaires étrangères de la République d’Angola, a estimé que les résultats de Johannesburg doivent pouvoir répondre aux enjeux tels que la pauvreté, les catastrophes naturelles, les maladies comme le VIH/sida, qui affectent singulièrement le continent africain.  Pourtant, notre continent dispose d ’importantese ressources naturelles et du sous-solconsidérables qu’il doit pouvoir exploitervaloriser dans le cadre de son développement.  Pour cela, notre continent a besoin de programmes de transferts de technologies, de renforcement des capacités nationales et locales, d’ouverture aux marchés des pays développés et d’une assistance financière conséquente.  Il importe également de mettre en œuvre derenoncer progressivement aux modes de production et de consommation non durables et de créer des associations conjointes entre pays en développement et pays développés, mais aussi entre secteur privé et public, dans la mise en œuvre des résu lktats de Johannesburg.  En Angola, nous avons défini un programme de réformes et de stabilisation économique qui prévoit, entre autres, de rationaliser l’exploitation des ressources naturelles telles que les mines, le bois et le pétrole.  Toujours dans le cadre de ses politiques environnementales, l’Angola a mis en œuvre des projets de préservation de la biodiversité et de protection des eéspèces raressauvages.  Nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte un soutien financier et technologique au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), initiative authentique de développement de notre continent. 

M. MOHAMMED ENNABLI, Ministre de l’environnement et de l’aménagement du territoire de la République de Tunisie, a insisté sur la nécessité de formuler des partenariats entre le Nord et le Sud pour le financement du développement et d’élever le niveau de l’aide publique au développement.  Les pays développés doivent prendre des mesures adéquates pour juguler les conséquences négatives du développement sur l’environnement.  Les résultats enregistrés par les pays en développement restent en deçà des espoirs nourris.  Tout en s’intégrant dans le système mondial, les pays en développement doivent exiger une harmonisation des politiques commerciales et financières dans le monde.  Le principe de solidarité doit permettre la mise en place des mécanismes appropriés pour surmonter la pauvreté.  C’est pourquoi, la Tunisie lance un appel pour la création d’un fonds mondial pour la solidarité en vue d’alléger les effets de la pauvreté dans les régions les plus démunies.  Notre vœu est que les efforts se conjuguent pour concrétiser les formules et garantir l’efficacité des mécanismes établis.  A cet égard, il est nécessaire de renouveler les engagements sur les conventions internationales pour ce qui est de leur mise en oeuvre et de procéder à la ratification du Protocole de Kyoto. 


M. GHEORGHE DUCA, Ministre de l’écologie et du développement de la République de Moldova, a indiqué que l’expérience du Moldova, pays en transition, prouve qu’il n’existe pas de contradiction entre la démocratisation et le développement durable.  Moldova va ratifier le Protocole de Kyoto avant la fin de l’année.  Cependant, l’agriculture représentant 60% de l’économie, Moldova demande un meilleur accès aux marchés des pays développés et souhaite que les engagements pris à Doha par les pays développés soient tenus.  Le Ministre a émis l’espoir que son pays puisse profiter de l’appui que l’Union européenne va offrir aux pays en développement afin que de leur permettre de bénéficier des opportunités qu’offrira l’ouverture des marchés.  Le Gouvernement de Moldova appuie l’initiative sur l’eau que l’Union européenne a lancée hier et reste fortement engagé en faveur de l’utilisation de technologies modernes pour assurer le développement durable.  Cependant, le besoin de ressources pour se mettre sur le chemin du développement durable se fait sentir, notamment pour convertir des complexes militaires de l’ex-Union Soviétique. 


M. CLARKSON O. TANYI-MBIANYOR, Ministre de l’environnement et des forêts de la République du Cameroun, a jugé que le Sommet de Johannesburg devait être l’occasion de sauver notre planète d’une dégradation imminente et d’assurer une prospérité équilibrée au monde entier.  La mondialisation et ses inégalités ont aggravé les indicateurs sur lesquels reposaient les engagements pris à Rio et c’est pourquoi, il nous faut redoubler d’efforts pour traduire en mesures concrètes les engagements pris il y a dix ans à Rio, et réaffirmés lors du Sommet du Millénaire et de la Conférence de Monterrey.  Le Cameroun a procédé à de nombreuses réformes institutionnelles pour assurer la mise en œuvre d’Action 21, notamment par la mise en œuvre de politiques de décentralisation, de gouvernance et de rationalisation des comportements en matière de protection de l’environnement et de gestion durable des ressources naturelles.  Une Commission nationale consultative de l’environnement et du développement durable a été créée, parallèlement à des comités interministériels chargés de vérifier le respect des questions environnementales dans les programmes de développement de chaque ministère.  Le Cameroun a été au cœur de l’adoption par l’Organisation de l’Unité africaine, en 2000 à Yaoundé, d’un plan sur la conservation et la gestion durables des forêts tropicales.  Le Cameroun est disposé à s’intégrer dans les partenariats mondiaux pour mettre en œuvre les orientations de Johannesburg car nous avons tous un destin commun, a observé le Ministre. 


M. JUAME MATAS, Ministre de l’environnement du Royaume d’Espagne, a estimé que le moment est venu de faire le bilan des résultats obtenus depuis la Conférence de Rio.  La réalisation des objectifs fixés en matière de développement durable nécessite un rapprochement entre les politiques de durabilité et les citoyens.  L’Espagne reconnaît également l’importance de la création d’un forum permanent pour le développement durable.  Une évaluation équilibrée des résultats doit se fonder sur la responsabilité de chaque pays et sur la coopération.  La société a perçu les inconvénients de la mondialisation qui doit à présent tenir compte des exigences du développement durable.  Les gouvernements ont la grande responsabilité de mettre en œuvre les objectifs du Millénaire qui visent à lutter contre la pauvreté.  Il faut également favoriser la participation de la société civile et tenir compte de ses intérêts légitimes.  Une bonne gouvernance est la condition de la paix, de la sécurité, de la stabilité fondée sur la défense des droits de l’homme et l’égalité des sexes.  Le changement des modes actuels de consommation et de production est l’élément clef pour inverser la tendance de la dégradation de l’environnement.  Les enjeux environnementaux consistent à lutter contre les risques associés aux changements climatiques, à ratifier Protocole de Kyoto et à s’engager pour la promotion des énergies renouvelables. 


M. RONNIE JUMEAU, Ministre de l’environnement de la République des Seychelles, a dit que le monde est bien loin des objectifs fixés à Rio, et que l’élan initié à Rio a malheureusement disparu entre 1992 et 2002.  Petit Etat insulaire en développement très exposé aux changements climatiques, les Seychelles ont lancé un appel à l’Australie et aux Etats-Unis pour qu’ils ratifient le Protocole de Kyoto.  Elles ont l’intention de participer aux instances régionales et internationales afin de promouvoir des intérêts des petits Etats insulaires en développement, intérêts qui ne sont pas suffisamment reconnus.  Les Seychelles se

situent aujourd’hui au 47e rang mondial en termes de développement humain et ont un PIB/habitant élevé.  Victime de son succès, elles voient malheureusement l’engagement de la communauté internationale décroître au fur et à mesure que le pays s’enrichit.  Pour assurer le développement du pays, nous avons toléré un tourisme de masse et transformé un nombre important de parcs naturels en zones industrielles, et nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin du soutien de la communauté internationale.


Mme AICHATOU MINDAOUDOU, Ministre des affaires étrangères de la République du Niger, a rappelé que depuis la Conférence de Rio, l’Afrique a fondé d’immenses espoirs sur la mise en œuvre d’Action 21.  A l’heure du bilan, le Niger espère que le Sommet de Johannesburg pourra permettre de rédiger un document basé sur des mesures ambitieuses assorties d’un calendrier d’exécution et de mécanismes d’évaluation précis.  Le développement durable ne peut être réalisé dans les conditions de pauvreté actuelles de l’Afrique, d’où la nécessité de promouvoir des partenariats.  63% de la population nigérienne vit avec moins d’un dollar par jour et par habitant et le Niger est l’illustration parfaite du lien entre dégradation de l’environnement et insécurité alimentaire, dans la mesure où la désertification et les sécheresses affectent le couvert végétal et la biodiversité.  La Ministre a estimé que l’appel d’Agadès sur la lutte contre la désertification des pays africains touchés par ce terrible fléau doit être pris en compte par les pays développés qui doivent également réfléchir, dans le cadre d’un partenariat avec les pays du Sud, à la mise en œuvre d’un mécanisme de financement de la Convention sur la désertification. 


Mme OLGA ADELLACH, Ministre de l’agriculture et de l’environnement d’Andorre, s’est déclarée convaincue que ce qui est important ce sont les actions concrètes qui sont prises en faveur du développement durable.  Les actions aujourd’hui doivent être axées sur deux piliers: favoriser la croissance quantitative et modifier nos valeurs.  Andorre est favorable à un changement de paradigme de développement et regrette que pour l’instant, les progrès soient trop lents.  Andorre a beaucoup de chance car elle fait partie des privilégiés mais elle se rend aussi compte des risques que peut poser un développement non planifié.  La Ministre a mis l’accent sur la protection des eaux et la purification et, consciente du besoin de solidarité entre les pays, dispose d’un directorat des affaires multilatérales et participe au combat contre la désertification. 


M. JULIAN R. HUNT, Ministre des affaires étrangères et du commerce international de Sainte-Lucie, a réaffirmé l’engagement de son pays à poursuivre les efforts conjoints aux niveaux régional et international pour mettre en œuvre le programme de Johannesburg en faveur du développement durable.  Les petits Etats insulaires en développement doivent toutefois faire face à des défis environnementaux qui ne sont pas suffisamment pris en compte par les pays développés.  Nous insistons sur notre vulnérabilité et sur l’importance de la viabilité écologique dans le contexte de la mise en œuvre des dispositions d’Action 21 et du Plan d’action de la Barbade.  Le Ministre a donné trois exemples de vulnérabilité tels que les changements climatiques et ses conséquences sur l’élévation du niveau des mers, la mondialisation et la libéralisation de l’économie qui prive paradoxalement les pays en développement de l’accès aux marchés et la protection de la viabilité et la promotion de la gestion durable des ressources naturelles limitées. 


Pour les petits Etats insulaires en développement, la priorité repose sur la mise en place d’une stratégie orientée vers la coopération dans les domaines de la recherche, des sciences et des technologies.  Il faut aussi réduire la pauvreté en investissant dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’emploi et de l’écotourisme.  Sainte-Lucie va réduire de 35% ses émissions de gaz à effets de serre et faire passer à 20% la part d’énergies renouvelables dans la production énergétique d’ici à 2010 a ajouté M. Hunt.


M. DAVID KEMP, Ministre de l’environnement et du patrimoine de l’Australie, a indiqué que même si, pendant la décennie qui s’est écoulée entre Rio et Johannesburg, on n’a pas réglé tous les problèmes relatifs au développement durable dans le monde, des progrès ont été accomplis.  Des centaines de millions de personnes sont sorties de la pauvreté, des millions ont désormais un accès à l’eau et aux services sanitaires.  Toutefois, il est inacceptable que 1,2 milliard de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour et il est louable à cet égard que le Sommet mondial ait mis l’accent sur les interdépendances entre les aspects sociaux, environnementaux et économiques du développement.  Nous devons trouver un équilibre entre la cohésion sociale et la bonne gouvernance, la protection de l’environnement et le développement économique, et c’est un art.  Certes, l’augmentation de l’assistance internationale au développement est nécessaire, mais c’est aux gouvernements nationaux que revient la tâche essentielle de faire bouger les choses.  Ce sont eux qui peuvent créer les conditions afin qu’investissements et emplois soient au rendez-vous, ce sont eux qui peuvent assurer que l’état de droit et les droits de l’homme sont respectés.  L’Australie est satisfaite que le Sommet mondial ait accordé la priorité aux océans et aux petits Etats insulaires en développement et travaillera de manière inlassable pour atteindre les objectifs en faveur desquels elle s’est engagée à Kyoto.


Pour M. VLADIMIR MAKAROVS, Ministre de la protection de l’environnement et du développement régional de la Lettonie, le Sommet de la Terre de Rio a fourni un bon modèle de développement dont son pays a pu tirer profit pour la mise en œuvre de l’économie sociale de marché.  Il nous faut promouvoir des politiques écologiques modernes efficaces et développer des mécanismes durables de développement économique.  Aujourd’hui, la protection de l’eau, la diversité biologique et le renforcement du cadre de bonne gouvernance démocratique restent des priorités pour la Lettonie.  Nous avons signé et ratifié les principales conventions adoptées à Rio et, soucieux d’attirer l’attention sur l’impact des changements climatiques, la Lettonie demande à tous les Etats qui ne l’ont pas fait de ratifier le Protocole de Kyoto.  Le Ministre a souligné l’importance de la coopération régionale et donné l’exemple du Programme de développement «Baltic 21» qui fait appel à huit secteurs concernés par la planification économique et environnementale dans la sous-région.  Il a ensuite souligné la détermination de la Lettonie à promouvoir les transferts technologiques, citant l’exemple d’un projet de coopération avec les pays d’Afrique de l’Est dans la mise en valeur du Bassin du Lac Victoria. 


M. AGBA OTIKPO MEZODE, Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine, a indiqué que son pays a adopté une politique et des stratégies de développement économique, social et culturel qui concilient les impératifs de croissance avec la nécessité de la conservation des ressources naturelles.  En dépit des difficultés multiformes auxquelles l’économie centrafricaine est confrontée depuis un certain temps, d’importants efforts salutaires ont été déployés.  Afin de freiner le processus de déforestation, le Gouvernement a renforcé des dispositions du code forestier et du code de protection de la faune sauvage.  Il a aussi mis en chantier plusieurs projets de reboisement industriel.  Des essences à croissance rapide dont le balsa et la falcata, en provenance de l’Asie du Sud-Est, ont été introduites avec succès pour reboiser les poches de savane dans le sud-ouest du pays. 


Mme keith mitchell, Premier Ministre de la Grenade, a annoncé que son pays développe en ce moment un projet de plan pour l’énergie durable en partenariat avec d’autres petits Etats insulaires.  A l’issue de la conclusion de ce partenariat, la décision sera prise de désigner Grenade «île des énergies renouvelables».  Il incombe moralement à tous les pays de contribuer à renverser la tendance du réchauffement durable.  Nos infrastructures et nos établissements humains sont situés sur des zones côtières de faible élévation et sont donc très vulnérables aux changements climatiques.  C’est pourquoi, nous nous sommes engagés dans le processus de ratification de Kyoto.  Il faut établir le lien entre le développement durable et le bien-être économique et social de nos peuples.  Alors que 31,1% de notre peuple vit au-dessous du seuil de pauvreté, son éradication est une priorité du Gouvernement qui a mis en place plusieurs initiatives, notamment en matière de santé.


M. BABOUCARR BLAISE JAGNE, Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères de la Gambie, a estimé au nom de son Président, que le Sommet de Johannesburg est un événement significatif et opportun pour assurer la survie de l’humanité et de la planète.  C’est aussi l’occasion de faire le bilan des résultats et des échecs dans la mise en œuvre d’Action 21, a-t-il poursuivi.  En 1992-1993, la Gambie a mis en place un Plan d’action pour l’environnement qui, en dix ans, a permis de développer des capacités dans le domaine de la protection des écosystèmes.  Aujourd’hui, nous entendons développer une approche intégrée du développement durable et de l’environnement en associant tous les secteurs de la société civile et des pouvoirs publics.  Le Ministre a toutefois déploré le manque de ressources et les défis aggravés de la pauvreté et de la progression de la pandémie du VIH/sida qui compromettent les efforts en matière de développement.  Dix ans après Rio, les espoirs sont plutôt déçus et les bénéfices de la mondialisation se sont transformés en facteurs d’aggravation des inégalités entre Nord et Sud.  Il importe dès lors de trouver des mécanismes pour assurer la pleine mise en œuvre d’Action 21 et des engagements pris ici à Johannesburg.  Nous demandons que les pays développés consentent des efforts supplémentaires pour aider les pays en développement à renforcer leurs capacités nationales et locales, en augmentant les montants d’aide au développement et en ouvrant leurs marchés. 


M. JOSE LUIS GUTERRES, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Timor oriental, a jugé que Le projet de déclaration politique est «acceptable», à défaut d’être parfait.  C’est un bon point de départ.  Au Timor oriental, 40% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté et l’aide de la communauté internationale est essentielle.  La lutte contre la pauvreté est la priorité du Gouvernement et nous voulons que d’ici à 2005, 75% des fillettes et petits garçons aillent à l’école.  La lutte contre le paludisme est également prioritaire. Nous avons défini 15 zones protégées et souhaitons ouvrir des parcs naturels.  Insistant sur l’importance de la paix et de la stabilité pour le développement durable, M. Guterres a déclaré que son pays participe aux réunions de l’Association des pays d’Asie du Sud-Est (ANASE) et aux initiatives régionales dans ce sens.  Suite au vote de l’Assemblée générale qui devra, le 27 septembre prochain, consacrer l’admission du Timor oriental à l’Organisation des Nations Unies, le Timor oriental accédera aux principaux instruments juridiques sur l’environnement.


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