ENV/DEV/J/689

L’EDUCATION DOIT ETRE CONSIDEREE COMME UN DOMAINE PRIORITAIRE D’ACTION DANS LE PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT DURABLE

03/09/02
Communiqué de presse
ENV/DEV/J/689


L’EDUCATION DOIT ETRE CONSIDEREE COMME UN DOMAINE PRIORITAIRE D’ACTION

DANS LE PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT DURABLE


La Chine a ratifié le Protocole de Kyoto

alors que la Fédération de Russie s’apprête à le faire


Johannesburg, le 3 septembre -- Nous savons tous ce que nous avons à faire pour promouvoir le développement durable, et Johannesburg doit par conséquent marquer le point de départ de l’action, a déclaré ce matin le Premier Ministre des Pays-Bas, M. Jan-Peter Balkenende, dans le cadre du débat de haut-niveau du Sommet pour le développement durable.  Une action qui passe pour les Pays-Bas par un soutien accru dans le domaine de l’éducation dont la part passera de 6 à 15% dans les budgets alloués à l’aide au développement.  Les investissements dans le domaine de l’éducation constituent un moteur pour la croissance et ne doivent plus être considérés comme un fardeau, a jugé pour sa part le Premier Ministre de la Suède, M. Goran Persson, qui a proposé la création de centres d’excellence dans les domaines de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique au service du développement durable.  La création de ces centres, qui fera l’objet d’un atelier international organisé par la Suède en 2003, aura pour objectif de promouvoir, entre autres, la recherche dans le domaine des énergies renouvelables, la Suède souhaitant que leur part dans la production énergétique à l’échelle mondiale passe à 15% au minimum d’ici 2010. 


Étroitement lié à la promotion de modes de production énergétique plus durables, le Protocole de Kyoto a été au centre des préoccupations de nombreux dirigeants qui ont souhaité sa ratification universelle le plus rapidement possible.  Le Président du Gouvernement de la Fédération de Russie, M. Mikhaïl M. Kasyanov, a annoncé la ratification prochaine du Protocole de Kyoto par son pays.  Depuis le Sommet de Rio, la Fédération de Russie est parvenue à réduire de plus d’un tiers ses émissions de gaz à effets de serre, a-t-il indiqué, en souhaitant que la Conférence sur les changements climatiques prévue à l’automne 2003 soit l’occasion d’examiner les moyens d’augmenter les fonds en matière de préservation de l’environnement.  Rappelant que le Mexique a été le premier pays du continent américain à ratifier ce Protocole, son Président, M. Vicente Fox, a précisé qu’au cours des deux dernières années, le Mexique est parvenu à réduire de 70% la combustion de gaz naturel liée à l’exploitation pétrolière.  Le Premier Ministre de la Chine, M. Zhu Rongji, a également annoncé que son pays vient de ratifier le Protocole de Kyoto. 


Les dirigeants des petits États insulaires en développement ont de leur côté dénoncé, à l’instar du Président des États fédérés de Micronésie, M. Leo A. Falcam, l’indifférence des pays industrialisés qui maintiennent des modes de production et de consommation aux conséquences désastreuses sur les changements climatiques et sur le relèvement du niveaux des océans et des mers.  S’il est déjà trop tard pour des petits pays comme la Micronésie qui sont menacés à terme de disparition, le Sommet de Johannesburg devrait toutefois se préoccuper des changements climatiques et de ses incidences sur les zones côtières pour faire en sorte que des villes comme Calcutta ou Manhattan ne soient pas menacées à leur tour de disparition, a estimé le Président Falcam. 


Intervenant au nom du Forum des îles du Pacifique, le Premier Ministre de la République des Fidji, M. Laisenia Qarase, a invité les participants au Sommet de Johannesburg à sceller un partenariat fort pour sauver la planète et plus particulièrement les petits États insulaires du Pacifique.  Ces États, a-t-il souligné, sont tout simplement menacés de disparition en raison des conséquences environnementales du transport de matières radioactives, des essais nucléaires, de l’exploitation commerciale indiscriminée des océans et du réchauffement de la planète.


Les chefs d’État et de gouvernement, les Vice-Premier Ministres, Ministres et représentants des pays suivants ont pris la parole: États fédérés de Micronésie, Mongolie, Kazakhstan, Pays-Bas, Chine, Pologne, Maldives, Ukraine, Bénin (au nom des pays les moins avancés), Bhoutan, Suède, Fédération de Russie, Albanie, Haïti, Fidji, Rwanda, Cap-Vert, Érythrée, Mexique, Mozambique, Mauritanie, Équateur, Nicaragua, Panama, Argentine, Luxembourg, Pakistan, Sri Lanka, Géorgie, Oman, République démocratique du Congo, Saint-Kitts-et-Nevis, Djibouti et Somalie. 


Le Sommet de Johannesburg poursuivra son débat de haut niveau à 14 heures. 


Débat général


M. LEO A. FALCAM, Président des Etats fédérés de Micronésie, a rappelé que le Sommet de Rio, en 1992, coïncidait avec la fin de la rivalité entre les grandes puissances et ouvrait des perspectives de développement pour les pays du Sud.  Cependant, qu’avons-nous réalisé concrètement depuis Rio et en quoi le développement des nouvelles technologies a servi le développement dans la mesure où 50% de la population mondiale n’a même pas encore accès au téléphone ?  Par ailleurs, les sources de financement de la recherche sur les énergies renouvelables diminuent, la dégradation de l’environnement s’accélère en raison notamment d’une utilisation accrue des combustibles fossiles tandis que les changements climatiques ont des incidences sur la survie des petits Etats insulaires en développement.  Certes, la mise en œuvre éventuelle du Protocole de Kyoto, certaines mesures prises pour la protection des océans et des écosystèmes côtiers, et la Conférence de la Barbade, qui entend relever les défis environnementaux des petits Etats insulaires en développement, satisfont la Micronésie.  Mais dans le même temps, force est de constater que la qualité de vie des pays en développement est en chute libre, tout comme la volonté politique de mettre en œuvre les dispositions de Rio, au premier rang desquelles la notion de responsabilité commune mais différenciée qui a été contestée dans le processus préparatoire de Johannesburg. 


Nous n’avons pas besoin d’accord supplémentaire mais de dispositions claires pour corriger les lacunes dans la mise en œuvre d’Action 21, a dit le Président.  Pour les Etats fédérés de Micronésie, les changements climatiques constituent la première source de préoccupation et il importe que le Sommet de Johannesburg se penche sur la menace posée par le relèvement du niveau de la mer et par les cyclones tropicaux.  Manifestement, les pays industrialisés ne manifestent aucune volonté politique de régler certains problèmes clefs tels que les émissions de gaz à effets de serre et pourtant, s’il est déjà trop tard pour la Micronésie, ces mesures pourraient aider à terme à sauver de grandes villes comme Calcutta ou Manhattan.  Depuis dix ans, le bien-être économique de la planète n’a pas été accompagné d’une redistribution équilibrée à l’échelle planétaire et, alors que le monde en développement lutte pour remporter la guerre contre la pauvreté, les petits Etats insulaires en développement doivent envisager des programmes de réinstallation de leur populations menacées par la montée des océans. 


M. NATSAGIIN BAGABANDI, Président de la Mongolie, a fait savoir que son pays a développé son propre programme national de développement durable en créant un Conseil national de développement durable chargé de coordonner et de surveiller la mise en oeuvre d’Action 21.  Ce programme représente la culmination des aspirations de l’Etat de Mongolie à s’engager sur la voie du développement, en préservant l’environnement.  Le public a fortement soutenu ce Programme d’action.  A présent, la Mongolie dispose de 25 lois et de 25 programmes concrets en matière de protection de l’environnement.  13,2% de la masse terrestre mongole est une zone protégée.  Le Gouvernement a l’intention de placer la quasi-totalité du territoire sous protection juridique internationale pour prévenir la propagation de la désertification. 


En dépit des efforts considérables déployés par le Gouvernement, le pays continue de devoir relever de nombreux défis au premier rang desquels se trouve la propagation de sécheresse, les fortes chutes de neige qui affectent sensiblement le bétail, la pénurie d’eau et la pauvreté.  La Mongolie est prête à collaborer avec les autres Etats Membres dans la lutte contre la désertification, pour la protection des espèces menacées et dans le domaine de l’évaluation de l’impact des changements climatiques. 


M. NURSULTAN NAZARBAYEV, Président de la République du Kazakhstan, a proposé une réduction de 1% des dépenses militaires de tous les Etats et de réaffecter les sommes économisées au développement des pays les plus pauvres.  Le temps est venu pour que l’ONU pèse de tout son poids et mette en oeuvre des programmes visant à accroître la capacité des pays pauvres à s’adapter à la mondialisation.  Le Kazakhstan est lui-même confronté à des problèmes écologiques comme le rétrécissement «à vue d’œil» de la mer d’Aral et la pollution nucléaire.  Or, le pays est toujours en attente de l’aide demandée.  Le Kazakhstan a pourtant contribué au développement durable, à l’échelle mondiale, en renonçant à l’armement nucléaire et en mettant fin aux activités de la centrale de Semipalatinsk.  Sur le plan national, le pays s’est également engagé dans des réformes économiques, politiques et sociales en vue de réaliser le développement durable.  Le pays où vivent plus de cent différents peuples est un exemple patent d’harmonie interethnique et inter-religieuse. 


Toutefois, la communauté internationale doit se souvenir que la misère est la cause des tensions sociales, de l’extrémisme, du terrorisme et du trafic des drogues.  Il est urgent de mettre au point un programme, sous les auspices de l’ONU, pour lutter contre le trafic de stupéfiants en Asie centrale.  Cette région sera un indicateur particulier du succès ou de l’échec de la lutte contre la mondialisation de la criminalité.  Les pays de la région ont adopté des mesures de confiance et de lutte contre le terrorisme international.  Il est également urgent de mettre au point un registre des problèmes écologiques mondiaux pour indiquer dans quels domaines investir.  Il faut prévenir les échecs irréversibles en matière d’environnement et, ce faisant, bien comprendre les problèmes et les défis qui se posent à la planète, a conclu le Président.


Nous savons ce nous devons faire, alors agissons maintenant, a déclaré M. JAN-PETER BALKENENDE, Premier Ministre du Royaume des Pays-Bas.  Agir pour faire la différence entre pauvreté et développement, agir pour mettre un terme à la destruction des écosystèmes et pour sauver la Terre.  Mais pour cela, il faut que nous soyons au clair sur nos ambitions communes et pour les Pays-Bas, il est temps de cesser le pillage des ressources naturelles et énergétiques de la planète et d’agir avec détermination.  L’éducation est un des premiers domaines dans lequel mon Gouvernement entend intervenir dans le cadre de son aide au développement et la part de budget accordé à l’éducation pour le développement durable sera portée de 6 à 15%.  Par ailleurs, notre pays consacre déjà 0,7% de son PNB à l’aide publique au développement (APD), part qui progressera dans les prochaines années tout comme le soutien apporté aux politiques internationales de sauvegarde de l’environnement financées à hauteur de 0,1% de notre PNB. 


Les Pays-Bas plaident pour des modes d’investissement durables dans le secteur des affaires qui doivent se traduire par des partenariats avec le secteur public et le secteur privé.  Le monde des affaires doit pouvoir disposer d’un environnement de bonne gouvernance et de transparence, assuré par les gouvernements, et de son côté, il doit s’engager à respecter des normes sociales et environnementales dans ses investissements à l’étranger.  Il nous faut, à l’échelle mondiale, encourager une production et une consommation écologiquement rationnelles et faire en sorte que les pays en développement aient un accès élargi aux marchés du Nord pour leurs produits qui devront respecter certaines normes de sécurité alimentaire et de qualité.  Mais nous devrons aider également ces pays à renforcer leurs capacités dans le domaine agricole par des politiques de soutien aux programmes agricoles et de biodiversité.  Enfin, les Pays-Bas insistent sur l’appui que la communauté internationale doit apporter au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) qui constitue une manifestation du leadership africain dans la recherche de solutions à ses problèmes. 


M. ZHU RONGJI, Premier Ministre du Conseil des affaires d’Etat de la République populaire de Chine, a souligné l’urgence de réaliser le développement durable alors que depuis la Conférence de Rio, de nouvelles menaces comme l’anomalie climatique, le manque d’eau et la propagation du VIH/sida se sont ajoutés aux vieux problèmes non résolus.  Il reste un long chemin à parcourir à la communauté internationale pour réaliser les objectifs du développement durable fixés dans Action 21.  Dans ce contexte, il a souligné la nécessité de poursuivre nos efforts en tenant compte de l’harmonie Homme-Nature et de l’interaction entre la protection de l’environnement et la promotion de développement.  Selon lui, il serait préférable de pénétrer le sens du développement durable, conjuguer impérativement les efforts de tous les pays du monde, renforcer la coopération scientifique et technologique, créer un environnement économique international favorable au développement durable, et enfin assurer la paix et la stabilité mondiales.  Il a annoncé que la Chine a ratifié le Protocole de Kyoto et précisé que depuis le Sommet de Rio, elle a élaboré un «plan d’Action 21 national» et mis en œuvre deux stratégies, à savoir celle du renouveau de la nation par la science et l’éducation puis celle du développement durable.  La Chine a révisé plus de 120 lois et décrets et règlements portant respectivement sur la population, le planning familial, la protection de l’environnement, la gestion des ressources naturelles, ainsi que la prévention et la réduction des catastrophes naturelles. 


Le Premier Ministre a également expliqué que, grâce à son ouverture sur l’extérieur, la Chine a augmenté son PIB de 158%au cours de la dernière décennie.  De 1998 à 2002, une enveloppe de 580 milliards de yuans RMB, soit 1,29% du PIB de la même période, a été affectée à la promotion de l’environnement et aux projets d’aménagement écologique.  C’est là une somme qui est 1,8 fois supérieure à la totalité des investissements engagés de 1950 à 1997 dans ce domaine.  D’ici à 2005, la dégradation persistante de l’environnement sera endiguée dans son ensemble, et le total des émissions des principaux polluants  réduits de 10% par rapport à l’an 2000.  En 2010, le PIB de la Chine aura doublé par rapport à 2010.  Le Premier Ministre chinois a ajouté que le plus grand pays en développement est pleinement conscient de ses responsabilités.  La Chine est consciente de la fragilité de son environnement et consciente également que son développement économique est déséquilibré dans les différentes régions.  En conclusion, il a réaffirmé la volonté de la Chine de joindre ses efforts à ceux de tous les autres pays du monde pour la protection de l’environnement planétaire, la réalisation du développement durable dans le monde et le progrès dans la solidarité de l’humanité entière.


M. ALEKSANDER KWASNIEWSKI, Président de la République de Pologne, a estimé que les efforts déployés depuis Rio ne sont pas suffisants dans la mesure où les tendances négatives se sont accrues.  Des personnes peuvent vivre dans le confort mais de nombreux enfants meurent tous les jours de faim.  L’analphabétisme, le manque de formation, la pauvreté héréditaire et l’émergence d’extrémismes sont autant de tares qui font obstacle au développement durable.  Le moment est venu pour agir de façon concrète.  Depuis 1989, la Pologne a beaucoup fait pour améliorer son environnement et elle se développe à présent de façon durable.  Nous sommes partie à tous les accords concernant l’environnement et nous avons procédé à la ratification du Protocole de Kyoto la semaine dernière. 


Les problèmes du monde ne seront pas résolus en construisant des murs pour se protéger des besoins des pauvres non plus par la violence ni la terreur.  Il faut se rappeler que c’est toujours le peuple qui doit se trouver au centre des politiques de développement.  L’assistance n’a de sens que si elle peut mobiliser les ressources pour la protection de l’environnement, l’instauration de la démocratie et l’établissement d’une société civile.  La Pologne a procédé à la conversion de sa dette extérieure en investissement dans l’environnement et estime que cela représente une solution novatrice qui peut servir de modèle aux pays en développement s’ils se dotaient des institutions adéquates et du bon cadre juridique.  Cependant, les structures et les institutions ne sont pas suffisantes.  Il faut en appeler à la sensibilité humaine pour que notre perception de la pauvreté change. 


M. MAUMOON ABDUL GAYOOM, Président de la République des Maldives, a rappelé que 1,2 milliard de personnes vivent dans l’extrême pauvreté, et que près de 3 milliards n’ont pas accès à des systèmes d’assainissements satisfaisants.  Il a dénoncé une situation où le monde tire 90% de ses énergies des combustibles fossiles alors que le taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère n’a jamais été aussi élevé depuis 400 000 ans.  Il a fait part de ses craintes face à la montée des eaux, notant que le niveau de la mer s’est élevé de 10 à 20 centimètres au cours de ce siècle.  Face à toutes ces calamités et à leurs conséquences, il a exhorté la communauté internationale à mettre en oeuvre le plan d’Action 21 ainsi que le Plan d’action de la Barbade, à promouvoir une entrée en vigueur universelle du Protocole de Kyoto, et à réaliser les objectifs de développement de la Déclaration du Millénaire.  Pour aboutir à ces résultats, nous n’avons pas besoin de miracle, car nous disposons des ressources et des capacités de protéger notre planète et de promouvoir le bien-être de l’humanité.  Ce qu’il faut est très simple: il faut mettre nos actes en accord avec les mots.


M. LEONID DANILOVICH KUCHMA, Président de l’Ukraine, a déclaré que dans l’intérêt du peuple ukrainien et de la communauté internationale, son pays a fait deux grands pas  au cours de sa brève histoire.  Il a renoncé à son arsenal nucléaire qui était le troisième de la planète et fermé la centrale nucléaire de Tchernobyl.  Parallèlement, l’Ukraine est fermement résolue à honorer ses obligations en matière de développement  durable, tout particulièrement dans le souci de protéger les générations futures ukrainiennes et toute l’humanité de la menace nucléaire.  Le Président a évoqué les inondations, tempêtes et autres calamités à un niveau sans précédent qui frappent l’Est, l’Ouest le Nord et le Sud comme un avertissement face aux conséquences de l’activité humaine sur la nature.  C’est pourquoi, a-t-il affirmé que nous devions être conscients que le développement durable est de l’intérêt de tous.  Il a précisé que les objectifs et buts auxquels nous aspirons méritent des efforts conséquents et que l’Ukraine est disposée à entreprendre tout ce qui est en son pouvoir pour coopérer avec la communauté internationale.


M. MATHIEU KEREKOU, Président du Bénin, au nom des pays les moins avancés (PMA), a rappelé la tenue, ces dernières années, de plusieurs manifestations ponctuées de prises d’engagement, de résolutions et de déclarations en faveur d’un nouveau monde plus juste et plus humain.  Hélas! toutes les initiatives sont restées au stade d’incantations et de vœux pieux.  Stigmatisant la paupérisation du Sud, il a souligné que les braves paysans du monde en développement sont toujours à la tâche pour améliorer la production des matières premières dont on connaît le sort inique et scandaleux sur le marché mondial.  Le Président a lancé des défis aux nantis pour qu’ils s’engagent à soutenir réellement les efforts visant l’avènement d’un monde plus juste et plus humain qui soit débarrassé des disparités et des iniquités.  Face un autre monde hyperdéveloppé, la voie du salut de l’humanité passe incontestablement par la responsabilité commune, la solidarité et le partage dans une nouvelle vision du destin de l’espèce humaine.  Le souhait des PMA est que la deuxième Assemblée du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), prévue pour octobre 2002 à Beijing, adopte une décision permettant au Fonds de devenir le mécanisme financier de la Convention sur la lutte contre la désertification.  Pour cela, le Fonds doit être doté de ressources suffisantes qui permettent aux pays de financer leur développement dans toutes ses dimensions sociales.  Les PMA demandent aux pays nantis de favoriser l’accroissement de la productivité agricole et l’écoulement des produits sur les marchés internationaux.  La lutte contre la pauvreté requiert un surcroît de volonté politique, d’initiatives pertinentes, plus d’engagements palpables et une utilisation judicieuse et équitable des ressources disponibles, a dit le Président. 


M. LYONPO KINZANG DORJI, Premier Ministre du Royaume du Bhoutan, a exhorté les pays développés à répondre aux promesses faites à Rio et plus récemment à Monterrey, pour faire face à l’érosion de nos ressources.  Il a reconnu que le Bhoutan a fait de modestes progrès en matière de mise en oeuvre du plan d’Action 21, et qu’il préfère privilégier la croissance du bonheur national que celle du produit national.  Il a souligné le souci de son pays de répondre aux besoins de son peuple en matière d’équilibre spirituel et émotionnel à travers un développement économique équitable, une bonne gouvernance et la préservation de la culture.  En matière de renforcement des capacités, il a expliqué que le Bhoutan a signé un accord de développement durable avec les Pays-Bas en 1994 basé sur les principes d’égalité, de participation et de réciprocité.  Cet accord a également abouti a un partenariat avec le Bénin et le Costa Rica. 


Le Premier Ministre a rappelé que son pays a ratifié les Conventions des nations Unies sur le changement climatiques et sur la diversité biologique et s’est conformé au protocole de Kyoto.  Il a souligné que le Bhoutan a mis en place une stratégie environnementale nationale (NES) en 1998 sanctionnée par une loi en 2000.  Dans le même ordre d’idées, nous travaillons à la mise en oeuvre d’un cadre politique et juridique dans le domaine de la préservation de l’eau.  Il a déclaré que nos efforts n’auront de conséquences durables que lorsqu’ils seront associés à des efforts similaires et complémentaires aux niveaux régional et mondial.  A cet égard, il a souhaité que ce Sommet puisse s’affirmer comme une plate-forme de lancement de nouvelles stratégies de combat des maux qui menacent notre planète et la survie de l’humanité.


M. GORAN PERSSON, Premier Ministre du Royaume de Suède, a expliqué que sa délégation a fait le déplacement de Johannesburg avec la volonté de voir combler le fossé traditionnel entre belles paroles et actions concrètes.  Il nous faut effectuer un changement réel pour permettre aux générations futures de vivre dans des conditions décentes, a poursuivi le Premier Ministre, prônant un investissement accru dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la protection sociale et de la lutte contre le VIH/sida.  Ces investissements dans les domaines de l’éducation et la santé sont le moteur de la croissance et non pas un fardeau pour le développement durable.  Pour ce qui nous concerne dans les pays développés, il nous importe de renverser les pratiques de consommation et de production non viables et d’assurer un développement plus juste et plus humain dans le domaine socioéconomique.  Il nous faut en outre être à la hauteur des accords déjà conclus et fournir de l’énergie aux 2 milliards de personnes qui en sont privés dans le monde en développement sans pour autant polluer davantage.  Pour cela, il faut que nous mobilisions toutes les parties prenantes, à savoir le monde des affaires, les scientifiques, les syndicats pour promouvoir des énergies renouvelables et de nouvelles technologies. 


La Suède souhaite que, d’ici à 2010, au moins 15% d’énergies renouvelables soient introduites dans la production énergétique à l’échelle mondiale.  La Suède allouera 10 millions d’euros supplémentaires au Fonds pour l’environnement mondial (FEM) à cette fin et nous encouragerons des transferts de technologies accrus.  Davantage d’enseignants doivent aborder l’impact de la consommation des jeunes sur l’environnement, a poursuivi M. Persson qui a proposé la création de centres d’excellence dans les domaines de l’enseignement supérieur et de la science au service du développement durable.  Les pays en développement devront encourager et poursuivre les efforts en matière de gestion plus avisée dans les domaines des droits de l’homme, de la bonne gouvernance. La coopération internationale doit s’intensifier et être plus cohérente, elle doit encourager une libéralisation des échanges, un meilleur accès aux marchés des pays développés, et une élimination des subventions à l’énergie et au commerce qui sont contraires aux objectifs de développement durable. 


M. MIKHAÏL M. KASYANOV, Président du Gouvernement de la Fédération de Russie, a estimé que le Sommet de Johannesburg représente une nouvelle étape du développement durable.  Les efforts de la Russie en la matière se sont concentrés sur la croissance économique, le progrès social et la conservation de l’environnement.  Les questions de l’écologie et de la préservation d’un milieu normal de développement revêtent une importance fondamentale.  A cet égard, la Russie joue un rôle de donateur et se félicite de disposer sur son territoire d’un quart des ressources forestières non touchées assurant l’équilibre de la biosphère.  La Russie se félicite d’être parvenue à réduire de plus d’un tiers l’émission des gaz à effet de serre.  La Russie a en outre signé le Protocole de Kyoto et s’apprête à le ratifier prochainement.  Elle se félicite de la tenue à l’automne 2003 de la conférence mondiale sur le changement climatique à l’occasion de laquelle les Etats seront appelés à examiner les moyens d’augmenter les fonds en matière de préservation de l’environnement. 


La Russie estime qu’il faut supprimer la discrimination dans le commerce et les barrières commerciales de même que les taxes à l’exportation.  Elle s’apprête à procéder à un allègement de la dette des pays en développement de 35 milliards de dollars.  La communauté mondiale doit faire des efforts pour investir en faveur de l’écologie, du développement et d’un partage avec les pays en développement des connaissances en matière d’éducation et de santé.  La Russie fera tout ce qui est en son pouvoir pour que l’esprit de Johannesburg se poursuivre, et souhaite notamment accueillir l’exposition universelle de 2010 afin de pouvoir y présenter les mécanismes pour régler les problèmes du développement durable.


M. FATOS NANO, Premier Ministre d’Albanie, a manifesté l’engagement de son monde à faire du Sommet de Johannesburg un succès.  Il s’agit ici de dépasser les intérêts étroits et de veiller à une meilleure répartition des richesses mondiales.  C’est en tant que représentant d’un petit pays des Balkans que l’Albanie se lance dans cette entreprise visant à garantir l’avenir de la planète.  L’Albanie dispose désormais d’un Ministère de l’environnement.  Elle compte relever les défis dans les domaines de l’eau et de l’assainissement, de l’énergie et du développement rural.  L’Albanie est déterminée à mettre en œuvre les programmes de développement durable comme en témoigne son adhésion à de nombreuses conventions et accords découlant de Rio.  L’Albanie dispose de nombreuses ressources naturelles telle que la biodiversité et ses ressources hydrauliques.  Elle plaide, en conséquence, pour une meilleure utilisation des ressources octroyées dans le cadre d’accords régionaux tels que le Pacte de stabilité.


M. JEAN-BERTRAND ARISTIDE, Président de la République d’Haïti, a évoqué les conséquences de El Niño qui a causé des milliers de morts et des dégâts dont l’estimation oscille entre 32 et 96 milliards de dollars.  Selon les prévisions des scientifiques, les pertes liées aux cyclones tropicaux, à l’élévation de la mer, à l’agriculture, aux adductions d’eau et au réchauffement de la planète pourront s’élever à plus de 300 milliards de dollars par an.  A cet égard, il a déclaré que quiconque veut promouvoir un développement durable à travers le monde, doit reconnaître l’existence d’une corrélation étroite entre la détérioration de notre environnement et la pauvreté abjecte.  Tandis que 24 000 personnes meurent de faim chaque jour, soit 4 par seconde, plus d’un milliard de pauvres n’ont toujours pas accès à l’eau potable, alors que 70% de la surface de la terre en est recouverte.  Les maladies liées à la mauvaise qualité de l’eau provoquent un tiers de tous les décès enregistrés dans les pays en voie de développement, alors que les forêts tropicales disparaissent à raison de 11,3 millions d’hectares par an.  De 1940 à 2002, la couverture forestière d’Haïti est passée de 40% à 1%. 


Le Président haïtien a, par ailleurs, souligné l’importance de promouvoir l’état de droit, la bonne gouvernance, les droits de l’homme, les partenariats entre les secteurs public et privé, mais aussi la lutte contre la pandémie du VIH/sida, la détérioration de l’environnement, la corruption, le trafic de stupéfiants et l’impunité dans le souci d’ouvrir la voie à un monde socialement plus juste et économiquement libre.  Trente ans après le Sommet de Stockholm et 10 ans après Rio, le défi majeur consiste à promouvoir une économie solidaire et un développement durable pour la prospérité de tous.  En conclusion, il a rappelé qu’il a fallu attendre les années 1980 pour découvrir le trou d’ozone et a formé le vœu que le Sommet de Johannesburg soit l’occasion de découvrir la voie qui mène à une renaissance d’une planète vieille de 4,5 milliards d’années. 


M. LAISENIA QARASE, Premier Ministre de la République des Fidji, a appelé le Sommet de Johannesburg à sauvegarder le legs de Nelson Mandela pour la dignité de l’homme.  Se faisant le porte-parole des sans-voix qui tentent de subvenir aux besoins de leurs familles et sont victimes des inégalités croissantes consécutives à la mondialisation, le Premier Ministre a lancé un appel au Sommet mondial pour encourager une gestion saine des ressources de la planète et donner une chance à l’être humain de survivre dans un environnement socioéconomique jusqu’ici hostile.  La planète souffre et commence à être exsangue, ses ressources naturelles sont dévastées, les populations vivent dans la famine et sont décimés par le VIH/sida.  Johannesburg nous offre la possibilité de relever ces défis et de redonner une chance à l’espoir en restaurant la planète et en évitant une grande catastrophe.  Le Forum des îles du Pacifique est soucieux de développer sa coopération avec l’Union européenne dans le cadre des Accords de Cotonou sur le commerce, l’agriculture et les investissements, a poursuivi M. Qarase, demandant aux pays développés d’aller plus loin et de ratifier le Protocole de Kyoto.  En effet, il nous faut un partenariat puissant pour sauver la planète et en particulier les petits États insulaires en développement du Pacifique qui sont menacés par les conséquences écologiques du transport de matières radioactives, des essais nucléaires, de l’exploitation commerciale indiscriminée des océans et du réchauffement de la planète.


M. BERNARD MAKUZA, Premier Ministre de la République rwandaise, a estimé que les catastrophes naturelles récentes exigent d’agir de manière urgente et avec consistance.  En dépit du Programme d’Action 21, la dégradation de l’environnement demeure une menace sérieuse du fait de la perte de la biodiversité, des changements climatiques et de la désertification.  Après Rio, en l’espace de deux ans, le Rwanda été victime d’un génocide qui a détruit le tissu social du pays et a secoué une économie déjà précaire.  Cependant, le pays s’est engagé dans la mise en oeuvre d’Action 21, des objectifs de la Déclaration du Millénaire et de la plate-forme de Beijing.  Le Rwanda a également ratifié et mis en oeuvre toutes les conventions adoptées à Rio relatives à la diversité biologique, la désertification et les changements climatiques.  Nous avons développé des programmes axés sur le développement social et la réduction de la pauvreté, les problèmes de l’habitat, de la modernisation de l’agriculture, la démocratie et la bonne gouvernance.  Un accent particulier a été mis sur les programmes de vaccination, de lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose. 


Le Rwanda fait face à des défis particuliers très complexes et a mis en place des mécanismes pour régler les problèmes de développement durable, de paix et de sécurité afin de souder le tissu social, promouvoir le respect des droits de l’homme et créer un environnement économique propice à la croissance.  Ce Sommet représente une occasion unique de renouveler nos engagements envers les principes de Rio mais il doit accorder une attention particulière au contexte actuel de la mondialisation qui offre des promesses d’innovation.  Cependant, si ces opportunités ne sont pas mises au profit de l’humanité, cette dernière risque de se trouver divisée en deux camps: celui des nantis et celui des laissés pour compte. 


M. PEDRO VERONA RODRIGUES PIRES, Président de la République du Cap-Vert, a qualifié le monde dans lequel nous vivons de monde déséquilibré et instable en exprimant son inquiétude particulière devant l’aggravation de ce déséquilibre sur les plans environnemental, économique et social.  Le Sommet mondial doit trouver un compromis global et solide qui permette l’inversion des tendances perverses, d’une part et la construction des équilibres nécessaires, d’autre part.  Il doit reconnaître que la prospérité de certains doit beaucoup à la dégradation du milieu environnemental et du patrimoine commun.  Le temps est venu de rétablir l’égalité entre les trois piliers du développement durable.  Ce développement doit pouvoir répondre aux besoins des générations présentes et futures.  La paix, la sécurité, la stabilité et la bonne gouvernance sont des conditions préalables au succès des politiques de développement durable.  Ce développement doit aussi assurer la participation de tous les citoyens car la responsabilité solidaire en est un élément fondamental.  De même, la coopération internationale et la solidarité sont essentielles pour vaincre l’indifférence des nantis à l’égard des souffrances des plus désavantagés.  L’heure est venue d’offrir à l’humanité l’espoir d’un avenir prévisible.  Les problèmes fondamentaux qui affectent le développement durable sont connus depuis Rio.  Il reste à gagner la volonté politique susceptible d’engendrer un programme cohérent de mise en œuvre.  Il devient urgent de protéger la nature à travers la rationalisation de l’exploitation de ses ressources naturelles et des modes de production et de consommation durables.  L’élimination de la pauvreté présuppose, quant à elle, une action dans tous les domaines des activités humaines.  Concluant sur la question de la désertification, le Président a indiqué que le Forum de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, qui s’est réuni au Cap-Vert, a appelé à des actions urgentes pour une lutte globale et coordonnée contre ce fléau qui est un facteur d’appauvrissement pour l’homme et pour la terre.  C’est pourquoi, le Forum a demandé que la Convention soit dotée d’un mécanisme financier lui permettant de faire face aux défis.


Pour M. ISAIAS AFWERKI, Président de l’Etat de l’Érythrée, atteindre le développement durable et réduire la pauvreté dans le monde ne sera possible qu’au prix d’une coopération vigoureuse entre monde développé et monde en développement.  Dix ans après le Sommet de Rio dont les objectifs n’ont pas été remplis, le monde a placé beaucoup d’espoir en nous qui sommes réunis à Johannesburg.  Ces dix dernières années, la pauvreté et la dégradation de l’environnement ont continué de s’aggraver et si l’on veut surmonter ces défis, il faudra cette fois-ci traduire les ambitions de ce Sommet en mesures concrètes.  L’inaction aurait des conséquences inacceptables et incalculables tant pour les pauvres que pour les riches, mais il faut bien garder à l’esprit que les pauvres ne peuvent partager les coûts de la prévention de l’environnement.  D’où la nécessité première de s’attaquer à la misère extrême en prenant davantage en compte les intérêts des pays pauvres dans l’économie mondiale.  Ce que nous voulons, ce n’est pas l’aumône mais des mesures concrètes et équitables pour générer des flux d’investissements et élargir le commerce mondial, conformément aux Accords de Doha.  De son côté, l’aide publique au développement (APD) doit être accordée de manière plus souple et sans conditionnalités et les pays industrialisés doivent mettre en œuvre des pratiques mondiales de production et de consommation plus justes et équitables.  L’Erythrée a mis en place une stratégie de développement durable qui comporte, entre autres, des dispositions relatives au renforcement des capacités, à la création d’une association rigoureuses entre public et privé, et qui vise à atteindre l’autonomie pour ne pas dépendre éternellement de l’APD. 


M. VICENTE FOX, Président du Mexique, a déclaré que nous ne pouvons plus accepter que la croissance économique soit synonyme de dégradation des ressources naturelles et d’exclusion sociale.  Il est nécessaire de donner un visage humain au développement et que celui-ci soit basé sur la lutte contre la pauvreté et la préservation de l’environnement.  Pour ce faire, il faut tirer tous les avantages des opportunités offertes par le Sommet de Johannesburg pour faire de la durabilité un modèle du développement mondial.  Il a évoqué les catastrophes naturelles sans précédent en soulignant la nécessité urgente de répondre à ces problèmes.  Il a cité le consensus de Monterrey comme le premier pas vers l’augmentation de l’aide publique au développement (APD) et la recherche de nouveaux mécanismes de financement du développement durable.  Il a souligné la nécessité d’utiliser ces nouvelles ressources de manière efficace, transparente et responsable afin de mieux conduire la lutte pour l’éradication de la pauvreté et des inégalités. 


Le Président a précisé que la protection de l’environnement et des ressources naturelles est une question de sécurité nationale.  C’est pourquoi, le Mexique a ratifié les principaux instruments internationaux relatifs à l’environnement et au développement durable et a été la premier pays du continent américain à ratifier le protocole de Kyoto.  Illustrant les efforts du Mexique, M. Fox a précisé que son pays a, au cours des deux dernières années, réduit de 70% la combustion de gaz naturel liée à l’exploitation pétrolière, équivalant à une réduction de 6,3 millions de tonnes des rejets de dioxyde de carbone, mais aussi une réduction substantielle des rejets de méthane.  En matière de renforcement des capacités, il a déclaré qu’en contrepartie des efforts des pays en développement pour atteindre les objectifs de développement durable, les pays développés se doivent de procurer de nouvelles ressources technologiques et financières dans le besoin de promouvoir, dans l’esprit de la Convention sur la diversité biologique, un régime international permettant de développer une équitable distribution des bénéfices de l’exploitation des ressources génétiques.  En matière de protection de la diversité biologique, il a souligné la nécessité de s’appuyer sur les connaissances et expériences des populations autochtones et indigènes qui vivent en harmonie avec le milieu naturel qu’ils ont su préserver depuis des milliers d’années.  C’est pourquoi, est-il nécessaire de procéder à une valorisation des connaissances traditionnelles des peuples indigènes et les prendre en compte lorsque nous abordons la question des droits à la propriété intellectuelle. 


M. JOAQUIM ALBERTO CHISSANO, Président de la République du Mozambique, a rappelé que les rapports concernant la mise en œuvre des résultats de Rio sont pessimistes.  Il n’y a en effet pas eu suffisamment de volonté politique pour mobiliser et allouer les ressources financières en matière de transfert de technologies.  La vision du développement durable nous échappe toujours.  C’est pourquoi le présent Sommet représente le cadre dans lequel tous les pays du monde responsables pour ce qui est de l’Application d’Action 21 peuvent passer à l’action.  En dépit du sous-développement, les pays d’Afrique sont déterminés à se développer en éliminant la pauvreté.  Les peuples eux-mêmes sont responsables de l’amélioration de leurs conditions de vie.  Le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) s’inscrit dans cette logique mais il ne saurait être viable sans un partenariat avec le reste du monde. 


Au Mozambique, la mise en oeuvre d’Action 21 est une priorité.  Notre pays a ratifié la plupart des conventions relatives à l’environnement et a développé une stratégie nationale en vue d’un développement durable.  La législation nécessaire en matière de protection de l’environnement a été adoptée.  Les questions essentielles qui se posent aujourd’hui à l’Afrique sont celles de la mise en place d’un Plan d’action comportant un calendrier précis et des mécanismes de suivi, de la mondialisation et du commerce international mis au service de la lutte contre la pauvreté, du soutien à la lutte contre le VIH/sida et de l’allègement de la dette pour les pays les plus endettés afin qu’ils puissent mettre en oeuvre leurs programmes de lutte contre la pauvreté.


M. MAAOUYA OULD SID AHMED TAYA, Président de République islamique de la Mauritanie, a déclaré qu’une véritable dynamique de développement requiert des politiques efficaces de protection de l’environnement.  De même, il est évident que la protection des écosystèmes ne peut se réaliser en l’absence d’un développement durable et équitable, seul à même de garantir l’améliorer des conditions socio-économiques des populations.  C’est cette problématique que notre présent Sommet doit s’atteler à résoudre.  La réalisation d’un développement durable requiert la conjugaison des efforts du monde entier.  La Mauritanie, qui fait face depuis de nombreuses décennies à une sécheresse persistante mène une lutte farouche contre une désertification rapide et un environnement naturel des plus hostiles.  Le pays a jeté les bases d’un développement intégré, il a élaboré un Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté.  La Mauritanie, qui soutient fermement le NEPAD, œuvre sans relâche pour le renforcement de la coopération sous-régionale, clef de voûte d’une plus intégration économique au niveau africain.  Afin de soutenir ces efforts, la Mauritanie appelle à la poursuite de l’aide extérieure et à une plus grande ouverture des marchés des pays développés aux exportations des pays du Sud. 


M. GUSTAVO NOBOA BEJARANO, Président constitutionnel de la République de l’Equateur, a déploré que depuis le Sommet de Rio, les menaces à l’environnement continuent d’être incommensurables.  Peu a été entrepris pour mettre en œuvre les dispositions de Rio et pour les pays en développement, le défi est aujourd’hui de garantir la survie de leurs populations pendant que les pays développés regorgent de richesses, de savoir-faire et de technologies.  Le paradoxe est de voir ces pays nous demander d’assumer à leur place les conséquences des modes de production et de consommation peu durables qu’ils ont créés pour assurer leur croissance.  Rappelant les objectifs de la Déclaration du Millénaire visant à éradiquer de moitié la pauvreté d’ici à 2015, le Président a dit qu’il est manifestement impossible de parvenir à cet objectif dans la mesure, par exemple, où l’Amérique latine connaît une crise économique et financière sans précédent qui laisse indifférents les pays développés.  Pourtant, l’Equateur a mis en place des mesures très avancées dans la protection de l’environnement, en protégeant par exemple le patrimoine des Galápagos. 


Mais les politiques d’ajustement imposées par les organisations financières internationales ont des conséquences néfastes sur le développement économique, social et environnemental de nos pays, sans compter les mesures protectionnistes imposées par les pays développés.  Dénonçant les contradictions entre les paroles et les actes, le Président a exhorté les pays riches, qui sont les plus grands pollueurs, à prendre leurs responsabilités car la préservation de l’environnement sans croissance économique est un mirage. 


M. JOSÉ RIZO CASTELLON, Vice-Président de la République du Nicaragua, a dit que le Sommet de Johannesburg représente la possibilité de réaliser des progrès concrets et de rompre le cercle vicieux des modes de consommation et de production non viables.  Il faut reconnaître l’interdépendance des problèmes d’environnement et la menace que fait peser le changement climatique sur tous les pays.  La destruction des forêts et la modification de l’équilibre écologique sont des phénomènes alarmants.  Il ne fait aucun doute que la perte de la diversité biologique mérite toute notre attention.  Les problèmes d’environnement mondiaux requièrent une réponse conjointe et immédiate.  Le Nicaragua a pris les dispositions juridiques nécessaires à la recherche de réponses intégrées afin de réduire la pauvreté et d’instaurer une transparence dans la conduite des affaires publiques.  A cet égard, la création du Conseil national pour le développement durable a constitué un progrès important.  Un travail conjoint entre le gouvernement central, la société civile et les Organisations non gouvernementales a été mené afin de renforcer la démocratie sur la base d’une éthique de la transparence.  Le Gouvernement a mis en place un plan d’action pour réduire la pauvreté et pour stimuler la croissance.  Le Nicaragua lance un appel pour le droit de Taiwan et de la Chine à participer conjointement à la réduction de la pauvreté et à la préservation de l’environnement.


M. ARTUR VALLARINO, Vice-Président de la République du Panama, a souligné que son pays a choisi de se démilitariser pour consacrer ses ressources au développement humain par la stabilité, la démocratie, le respect des droits de l’homme et la paix.  Ainsi le pays a pu avancer de manière sûre dans la mise en œuvre d’Action 21.  Le Panama a été le huitième pays à ratifier le Protocole de Kyoto, et à ce titre, il invite les pays qui ne l’ont pas encore fait à en faire de même.  La région d’Amérique latine et des Caraïbes a fait preuve de maturité en adoptant l’Initiative régionale pour le développement durable.  Toutefois, les enjeux restent énormes, ce qui oblige les pays à prendre des mesures déterminantes pour atténuer l’impact des activités humaines sur l’environnement.  Le Panama veut contribuer au développement durable de la région d’où sa participation au PNUE et au couloir marin d’exploitation durable du Pacifique orientale avec d’autres pays concernés.  Le Panama réitère la nécessité de renforcer la capacité, scientifique, technique et technologique des pays en développement.  Le Panama appelle à la création d’un centre international de développement durable visant l’éducation, l’échange d’expériences et la promotion de la participation des instances communautaires.  Le Panama, qui se propose d’accueillir ledit Centre, se propose aussi de soulever, dans le cadre de négociations bilatérales avec les Etats-Unis, la question de la contamination provoquée par les anciennes installations militaires américaines.


Le Panama réaffirme l’importance du développement pour réaliser un nouvel ordre mondial en harmonie avec la nature.  Les décisions qui seront prise à Johannesburg seront vitales notamment pour les pays en développement.  Le Panama pense que les droits de l’homme, en particulier le droit au développement, sont essentiels pour réaliser le développement durable parce qu’ils comprennent les aspects sociaux, économiques et environnementaux.  Le Panama met, à cet égard, l’accent sur la lutte contre le racisme qui est un obstacle.  Il réaffirme le rôle essentiel des populations autochtones et des peuples africains dans le développement durable.  Il est essentiel de formuler des stratégies pour les secteurs les plus vulnérables de la sociétés telles que les populations autochtones, les femmes et les enfants.  Il convient également d’augmenter l’aide et le financement du développement et les pays développés doivent réaliser l’objectif de 0,7% de l’APD.  Le Panama souligne la nécessité de respecter le principe de responsabilités communes mais différenciées.  Essayons de donner un coup fatal à l’apartheid mondial entre les nations riches et les nations pauvres et faisons preuve de la volonté politique nécessaire, a dit le Président.


M. JUAN CARLOS MAQUEDA, Vice-Président de la République argentine, a rappelé que le Sommet de Rio a fait asseoir les bases d’une vision novatrice de l’homme respectueuse de l’environnement.  Dix ans plus tard, nous tentons toujours d’aller dans le sens d’un monde plus équitable.  Les résultats de Rio montrent qu’il faut aller de l’avant dans la préservation de l’environnement.  Des progrès fondamentaux ont été accomplis, notamment par le biais de la réforme constitutionnelle réalisée en 1994 qui a permis d’introduire dans le système juridique argentin le thème de l’environnement.  Notre congrès national a ratifié toutes les conventions issues du Sommet de la planète ainsi que ses protocoles de mise en oeuvre.  Nous lançons aujourd’hui un appel pour la ratification du Protocole de Kyoto. 


L’Argentine traverse l’une des plus graves crises économiques et sociales de son histoire dont les causes trouvent leurs racines tant dans des facteurs externes qu’internes.  Ce processus a été provoqué par les asymétries du système commercial international marqué par un protectionnisme préjudiciable aux économies en développement portées vers l’exportation.  Il est indispensable d’éliminer tous les types de subventions avec lesquelles les pays développés protègent leurs productions primaires.  Les gouvernements des pays en développement doivent faire face aux priorités que sont la sécurité alimentaire, l’emploi, l’éducation et la santé de tous.  Or, les niveaux d’endettement des pays en développement sont incompatibles avec les critères des organismes internationaux de crédit.  Nous lançons donc un appel pour le développement d’une nouvelle vision du monde portant son attention sur les problèmes de pauvreté et sur la réduction des budgets d’armement.  0,7% du PNB des pays développés doit être consacré au financement du

développement pour améliorer la qualité de vie des pays les moins développés.  L’idée de développement durable n’est pas la même pour tous.  Dans certains pays, il s’agit d’améliorer la qualité de vie mais nous, nous n’avons même pas de qualité de vie. 


La mondialisation est une généralisation des règles du jeu commercial mais elle doit aussi s’accompagner d’une généralisation des avantages du monde moderne.  Nous ne pouvons entrevoir une mondialisation qui ne serait accompagnée d’une éthique de la justice sociale.  Tant qu’il y aura une pauvreté extrême, il n’y aura pas de développement durable.  Il faut réduire la pression que la dette externe fait peser afin de débloquer davantage de ressources pour la lutte contre la pauvreté.  L’incitation à la production de base et la promotion de la science de la technologie sont également des conditions indispensables au développement durable. 


M. CHARLES GOERENS, Ministre de l’environnement, de la coopération et de l’action humanitaire du Luxembourg, a dit que l’heure est à l’action par la prévention et le développement.  Johannesburg doit prendre au moins 7 décisions capitales dans le cadre d’un «global deal».  Les décisions doivent porter sur l’objectif de 0,7% du PNB à l’APD; le Luxembourg s’engageant, pour sa part, à atteindre 1% d’ici 2005.  Les décisions doivent porter sur l’accès aux marchés et l’intégration des normes environnementales et sociales.  Au titre des autres décisions, il faut attendre de Johannesburg une augmentation à 15% des énergies renouvelables par rapport à la consommation globale; la réduction de moitié d’ici 2015 du nombre des personnes privées d’eau et d’assainissement; la création d’un réseau mondial de zones protégées couvrant au moins 5% de la surface de la planète; et l’amélioration de la gouvernance internationale en matière d’environnement avec comme corollaire le renforcement du PNUD.  Le Sommet de Johannesburg doit enfin prendre des mesures concrètes dans la lutte contre le VIH/sida.  Le Fonds mondial constitue un premier pas.  Il faut donc se féliciter que la France, l’Italie, l’Espagne et le Luxembourg, auxquels se joignent les Etats-Unis, encouragent, dans le cadre de l’initiative ESTHER -Ensemble pour la Sécurité Thérapeutique en Réseaux- des hôpitaux du Nord à se jumeler avec des centres des santé du Sud en vue de traiter et d’encadrer des patients atteints du sida et de leur assurer l’accès aux antirétroviraux.


Mme SHAHIDA JAMIL, Ministre de l’environnement, du gouvernement local et du développement rural de la République islamique du Pakistan, a précisé que le Pakistan est victime des changements climatiques, du tarissement des ressources aquatiques et des cours d’eau, de la pollution des fleuves, de la désertification, du déboisement et de six années de sécheresse qui ont complètement modifié la fertilité des sols et les écosystèmes montagneux et côtiers.  Le Pakistan est attaché à l’élimination des modes de production et de consommation non viables et pour cela, des institutions environnementales ont été créées au plan local et provincial.  Des politiques de micro-crédits ont été développées dans les zones rurales, plus de 2000 kilomètres de routes ont été construits pour permettre aux paysans d’acheminer leurs productions vers les marchés.  Un programme de décentralisation orienté sur des critères sexospécifiques a été développé par le Gouvernement qui a encouragé également l’industrie du pétrole à produire de l’essence sans plomb.  Actuellement, le Gouvernement s’emploie à mettre en place des mécanismes de retraitement des eaux polluées et des déchets industriels.  Assurant que le Pakistan est engagé dans une dynamique de bonne gouvernance et de protection de l’environnement, la Ministre a estimé que les besoins d’investissements pour le développement durable sont énormes pour le Pakistan.  Faisant appel au principe de responsabilités communes mais différenciées, elle a prôné une amélioration des termes de l’échange afin de rendre le commerce plus équitable et de donner une chance aux pays du Sud de parvenir à la durabilité du développement. 


M. SHIVAJI RUKMAN SENANAYAKA, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles de la République socialiste démocratique du Sri Lanka, a précisé que le développement durable n’est pas un concept nouveau au Sri Lanka : il est inscrit profondément dans les traditions populaires.  Le Sommet de Rio a permis de renforcer notre volonté d’adopter les principes approuvés du développement durable.  Dans le souci de mettre en oeuvre de le Programme d’Action 21, le Sri Lanka a adopté une législation qui avec un cadre institutionnel et juridique favorable au développement durable et a procédé à la ratification des principales conventions internationales.  Le Protocole de Kyoto sera quant à lui ratifié dans un avenir proche.  Les politiques et les programmes formulés après Rio procèdent d’un leadership exceptionnel et d’une approche consensuelle.  Le Sri Lanka a rencontré des difficultés sociales et économiques énormes mais a eu le courage et la détermination de considérer le développement durable comme une question prioritaire.  Le secteur privé joue à cet égard un rôle essentiel de même que les communautés locales.  Pays insulaire, le Sri Lanka doit suivre la voie de la coopération régionale et, en tant que membre de la communauté internationale, nous ne pouvons nous lancer dans des rivalités car seule l’amitié nous permettra d’achever la tâche du développement durable. 


M. IRAKLI MENAGARISHVILI, Ministre des affaires étrangères de la Géorgie, a invité le Sommet à engager une réflexion sur les conséquences de l’inaction.  Pour la Géorgie, la sécurité constitue une des conditions de la durabilité du développement.  La Géorgie dont l’intégrité territoriale est bafouée et une partie importante de ses ressources consacrées aux réfugiés, voit dans le développement durable un défi considérable. Les conséquences des affrontements sanglants et de l’épuration ethnique menée par les séparatistes constituent des obstacles presque insurmontables à la réalisation des trois piliers du développement durable.  La Géorgie a néanmoins décidé de suivre la voie des transformations radicales orientées vers le marché afin de préserver la croissance de son économie et de renforcer la lutte contre la pauvreté.  Aujourd’hui, la Géorgie s’est engagée dans une utilisation plus large des d’énergies renouvelables.  Mais le lourd fardeau de la dette entrave la capacité à progresser sur cette voie.  En conséquence, la Géorgie appelle au respect des engagements pris à Monterrey.  Le pays est également très attaché à la coopération régionale.  La région a accumulé des ressources intellectuelles et naturelles qui méritent une attention particulière de la part de la communauté internationale.  Dans le cadre de cette coopération, il faut citer l’initiative visant à mettre en place des zones protégées avec une composante sociale très forte et celles concernant la région du Danube et la Mer Noire.  La Géorgie tient à dire que l’initiative Est-Ouest présentée hier à Johannesburg suscite déjà un large appui au sein de sa population.  Le pays entend aussi participer à l’Initiative lancée ici sur l’eau.


M. SAYYID ASSAAD BIN TARIQ AL-SAID, Représentant de Sa majesté du Sultanat d’Oman, a jugé qu’il était urgent de réaliser un équilibre entre l’exploitation des ressources disponibles et la conservation de l’équilibre biologique.  Cet objectif requiert davantage d’efforts et de coopération.  Oman a, pour sa part, réitéré son engagement aux principes fondamentaux de Rio par le développement d’une stratégie nationale visant à protéger l’environnement.  Nous avons lancé des études de faisabilité visant certains programmes de conservation de même que des programmes pour la conservation de la diversité biologique.  Il est essentiel de lutter contre la pollution qui menace les zones maritimes et contre la désertification.  La stratégie à long terme d’Oman a pour objectif de diversifier les ressources naturelles et de faire de la croissance économique une réalité durable.  La rareté de l’eau et la détérioration de sa qualité doivent être inscrits au rang des priorités afin d’assurer la stabilité des populations agricoles.  La pollution marine suppose le déploiement d’efforts pour la mise en place d’installations destinées à se débarrasser des déchets.  Il faut aussi augmenter la surface des zones protégées.  Il est essentiel de revoir les conditions de financement des projets du développement durable et les pays développés doivent respecter l’objectif de consacrer 0,7% de leur PNB au financement du développement.  Il faut aussi mettre l’accent sur la responsabilisation des femmes. 


M. DENIS KALUME NUMBI, Ministre de la planification et de la reconstruction de la République démocratique du Congo (RDC), a souligné que dans un pays comme la RDC, la normalisation et la pacification constituent des conditions préalables au développement durable.  Il a remercié tous ceux qui jouent un rôle actif à la consolidation de la paix en RDC, en particulier le Président sud-africain et le Secrétaire général de l’ONU.  Le Sommet, a-t-il dit, a l’obligation d’aboutir à un résultat riche et concret pour sauver la planète et ce, dans un élan de concertation et de partenariat.  La RDC est ici pour offrir son potentiel en eau, en énergie, en forêts, en biodiversité et en terres arables.  En matière d’eau, le fleuve Congo est à lui seul capable de résoudre, dans le cadre du NEPAD, les problèmes de désertification de l’Afrique.  A cet effet, des projets de partenariats sont les bienvenus.  En matière d’énergie, les potentiels du même fleuve peuvent soutenir un développement durable de l’Afrique grâce aux autoroutes de l’énergie.  La RDC compte mettre en place un cadre institutionnel pouvant faciliter toutes formes de partenariat pour concrétiser les grands projets du barrage hydraulique «Inga».  Pour ce qui des forêts, 8 régions ont déjà été déclarées sites protégés.  La RDC fait appel à la communauté internationale pour appuyer un plan de développement durable des 125 millions d’hectares de forêts qu’elle possède.  Elle a salué le partenariat sur le bassin du Congo avec l’Afrique du Sud et les Etats-Unis.  En matière de terres arables, la RDC possède 80 millions d’hectares capables de nourrir toute l’Afrique grâce à l’irrigation naturelle de fleuve Congo.  La RDC est disposée à exploiter ces terres avec tous les partenaires intéressés.  Avec autant d’atouts, la RDC peut devenir la réponse aux préoccupations de plusieurs africains dans le domaine du développement durable.


La RDC est désireuse de voir ses régions ne servir au développement durable de l’Afrique plutôt qu’à des réseaux militaro-politico-maffieux qui exploitent les guerres afin de piller les ressources naturelles et de se livrer à un trafic généralisé.  Que faire pour effacer ces inquiétudes?  La RDC souhaiterait que ce Sommet fasse le lien entre la paix et le développement durable.  Le Sommet devra imposer la paix en RDC par le renforcement du mandat de la MONUC au lieu du mandat d’observation actuel;

convoquer l’organisation d’une grande conférence internationale sur la paix dans la région des Grands Lacs; et appuyer les efforts pour rétablir la paix dans ce pays et dans la région des Grands Lacs.  L’Afrique a besoin de faiseurs de paix et non de seigneurs de la guerre.


M. TIMOTHY HARRIS, Ministre des affaires étrangères et de l’éducation de Saint-Kitts-et-Nevis, a indiqué que lorsque tout aura été dit, la réussite ou l’échec de ce Sommet sera jugé par les peuples.  La question qui se pose est de savoir si ce Sommet se sera penché sur les moyens de lutter contre la pauvreté.  Il faut placer le peuple au centre du développement durable.  Nous demandons une action suivie concernant l’application de la résolution des Nations Unies visant à promouvoir une approche intégrée de la gestion de la mer des Caraïbes.  Le Sommet du millénaire s’est fixé des objectifs ambitieux, notamment en ce qui concerne le VIH/sida mais nous regrettons que les 10 milliards de dollars requis pour le fonctionnement du Fonds contre le sida, le paludisme et la tuberculose n’aient toujours pas été fournis.  Il faut développer des partenariats élargis et développer des programmes d’éducation.  Des stratégies de prévention doivent dans un premier temps promouvoir l’abstinence qui est une qualité de vertu. 


M. ABDALLAH ABDILLAHI MIGUIL, Ministre du logement, de l’urbanisation, de l’environnement et de la planification de la République de Djibouti, a souhaité que le Sommet de Johannesburg débouche sur la définition d’un plan de mise en œuvre réaliste et viable dans la durée.  Djibouti tente par tous les moyens de remplir les engagements pris à Rio et a notamment inscrit dans ses lois d’orientation économiques et sociales les principes de Rio.  Mais notre pays manque de ressources financières pour atteindre tous les objectifs, malgré des efforts qui ont conduit à la mise en place d’un dispositif national de développement qui sera renforcé prochainement par une Commission nationale du développement durable. Face à la dégradation alarmante de son couvert végétal due aux changements climatiques, Djibouti a mis en place des politiques de mobilisation et de gestion rationnelle des ressources en eau, de lutte contre la désertification, de préservation des écosystèmes et de développement des énergies renouvelables. 


Par un dialogue constant mené en partenariat avec le secteur privé et la société civile, le Gouvernement a pris des mesures notamment dans le cadre de la préservation des zones urbaines, la gestion des déchets ménagers et l’assainissement.  Les engagements pris par les pays développés en matière de financement tardent à se concrétiser, a regretté le Ministre, pour qui il faut encourager une solidarité internationale et des politiques de développement cohérentes.  Il a lancé un appel à un soutien massif de la communauté internationale au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). 


M. ABBAS YUSUF, Chef de la délégation de la République somalienne, a rappelé que la Somalie est un des pays du monde les moins avancés, les plus fortement endettés et en conflit.  Ce glissement dans l’anarchie a été provoqué par l’absence de transfert pacifique du pouvoir et l’effondrement de l’Etat de droit.  Les conséquences d’un système dictatorial sont en partie responsables de notre malheur.  C’est pourquoi le Gouvernement actuel tente

de mettre en place une forme fédérale décentralisée de gouvernement.  Les leçons apprises en Somalie montrent qu’il ne peut y avoir de développement durable sans paix ni de gouvernement élargi possible tourné vers le peuple.  La Somalie n’a pas participé au Sommet de Rio mais constate que la désertification et la dégradation de l’environnement se sont poursuivies et elle regrette que les ressources des Nations Unies consacrées aux problèmes de santé soient insuffisantes. 


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