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DEV/2389

LA LIBERALISATION DU COMMERCE CONJUGUEE AUX EFFETS DE L’INVESTISSEMENT ETRANGER DIRECT ET DE L’APD, ELEMENT FONDAMENTAL DU FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT

19/03/2002
Communiqué de presse
DEV/2389


Conférence internationale sur le

financement du développement

2e séance – après-midi


LA LIBERALISATION DU COMMERCE CONJUGUEE AUX EFFETS DE L’INVESTISSEMENT ETRANGER DIRECT ET DE L’APD, ELEMENT FONDAMENTAL DU FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT


MONTERREY, 18 mars -- La libéralisation du commerce et la levée de mesures protectionnistes contribueraient au développement des pays du sud qui pourraient tirer d’un commerce international sans barrières injustes quelque 500 milliards de dollars par an, ce qui représente dix fois le montant annuel de l’aide publique au développement (APD) et un peu plus de quatre fois le montant annuel de l’investissement étranger direct (IED).  C’est ce qu’a déclaré, en substance, M. Seichi Kondo, Secrétaire général adjoint de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) au cours de l’échange de vues  ministériel qui a eu lieu, cet après-midi, dans le cadre de la Conférence internationale sur le financement du développement de Monterrey, prévue jusqu’au 22 mars.  Si les promoteurs commerciaux et les investisseurs pouvaient coordonner leurs actions, des synergies se créeraient, renforceraient et multiplieraient les bénéfices cumulés des IED et des revenus commerciaux, ce qui permettrait de rapidement atteindre les objectifs de développement du Millénaire a-t-il ajouté. 


C’est également sur la libéralisation du commerce international qu’est intervenu M. Rubens Ricupero, Secrétaire général de la CNUCED, qui, entre autres, a dénoncé la pratique des subventions agricoles et des mesures de soutien à certains secteurs économiques clés dans les pays développés qui représentent une distorsion majeure du financement du développement et ne font qu’exacerber les effets négatifs de la baisse de l’APD, mettant par ailleurs en garde contre un risque de crise de la dette commerciale si de telles distorsions n’étaient pas corrigées.  En ouvrant cet échange de vues, M. Jorge G. Castañeda Gutman, Ministre mexicain des affaires étrangères, a souhaité que le rendez-vous de Monterrey entre dans l’histoire comme étant un jalon dans la lutte contre la pauvreté et pour le développement.  Cette Conférence, a-t-il observé, se situe à la croisée des chemins entre le Sommet du millénaire de septembre 2000 et le Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg, prévu en septembre 2002.  Pour M. Ivan Simonovic, Président du Conseil économique et social, «Un monde dans lequel 80% des ressources sont entre les mains de 20% de la population n’est pas un monde juste et encore moins stable».  M. Simonovic a jugé que la crédibilité des Etats et des Gouvernements était en jeu à Monterrey. 


Pour être crédible, la Conférence de Monterrey devra tenir compte des attentes des pays en développement, en particulier des pays africains car, comme l’a souligné M. Mark Malloch Brown, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), plus de 70 pays en développement ne pourront atteindre les objectifs du Millénaire si les tendances actuelles persistent.  Il a regretté, la faiblesse des contributions annoncées à l’APD à ce jour qui sont encore loin des 50 milliards de dollars supplémentaires par an dont ont besoin les pays pauvres pour renouer avec le développement durable à l’horizon 2015.


La grande majorité des intervenants ont admis qu’il fallait saisir l’élan imprimé par la rencontre de Monterrey pour promouvoir davantage de cohérence entre les politiques financière, commerciale et monétaire, ainsi qu’entre les initiatives nationales, régionales et internationales.  Intervenant en ce sens,

M. Trevor Manuel, Ministre des finances sud-africain et Président du Groupe du Comité de développement de la Banque mondiale et du FMI, a estimé qu’à l’échelle de l’Afrique, la mise en oeuvre des engagements figurant dans le Consensus de Monterrey se traduirait dans le programme du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) qui est la base sur laquelle travailleront les pays du continent.  A ce titre, il a jugé impératif qu’un accord soit atteint sur le Fonds pour le redressement et le renouveau de l’Afrique ainsi que sur les autres fonds concessionnels pour le développement.


En fin de séance, la réunion ministérielle a adopté le Projet de conclusions et de décisions de la Conférence internationale sur le financement du développement (Consensus de Monterrey) et décidé de le transmettre pour adoption à la réunion au sommet.


Outre les intervenants déjà mentionnés, les Présidents du G-10, du G-20, du G-24, du Forum de stabilité financière et de la Banque asiatique de développement, du Comité préparatoire du Sommet mondial pour le développement durable et les Coprésidents du Séminaire ministériel du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) ont pris la parole.  Se sont également exprimés les représentants des organismes des Nations Unies, des organismes intergouvernementaux et des institutions financières suivants : Banque islamique de développement, BERD, PNUD, CNUCED, FIDA, UNICEF, PNUE, ONUDI, FNUAP, OCDE, OUA, CARICOM, Commonwealth, Francophonie, Fonds commun des produits de base, Habitat, FAO, PAM, UNIFEM, OIT, OMS et ONUSIDA.  La Présidente du Parlement latino américain est intervenue de même que les représentants des Forums des affaires, de la société civile, des parlementaires et des autorités locales. 


ECHANGE DE VUES


M. TREVOR MANUEL, Ministre des finances de l’Afrique du Sud et Président du Comité de développement de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, a déclaré que le Comité de développement a discuté de l’importance de la Conférence de Monterrey avec M. Kofi Annan et les opinions du Comité sont reflétées dans le projet de document final de Monterrey, qui met l’accent sur la responsabilité de chaque pays en ce qui concerne son propre développement.  En l’an 2000, les dirigeants du monde ont adopté la Déclaration du Millénaire dans laquelle ils s’engagent à libérer tous les êtres humains de la pauvreté et du besoin. Durant le processus préparatoire, un consensus s’est dégagé autour de la nécessité de créer un cadre propice au développement, en particulier, l’intégration de tous les pays à la mondialisation.  Mais c’est la mise en oeuvre des engagements figurant dans le Consensus qui déterminera le succès de nos actions, a estimé M. Manuel.


En ce qui concerne l’Afrique, le programme du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) est la base sur laquelle travailleront les pays du continent.  Les contraintes nationales auxquelles font face les pays en développement exigent que des mesures soient prises en leur faveur au niveau mondial sur les questions touchant au commerce, à l’aide publique au développement (APD) et à la coopération financière internationale.  Il est impératif qu’un accord soit atteint sur le Fonds pour le redressement et le renouveau de l’Afrique, et sur les autres fonds concessionnels de développement.


Il faut reconnaître qu’il faut mettre en place, aux niveaux international et national, des structures nouvelles et sans doute plus complexes pour donner une chance de réussite aux programmes de lutte contre la pauvreté. Il y a un besoin urgent de mieux harmoniser les politiques nationales et internationales.  Sur le plan commercial, Monterrey sera importante pour faire en sorte que Doha soit vraiment un cycle de développement.  Les contradictions et affrontements politiques ne servent l’intérêt de personne.  Le Consensus exige un partenariat renforcé au niveau de la gouvernance financière internationale, et nous espérons que ses engagements bénéficieront du même degré d’engagement politique que la Déclaration du Millénaire.  L’accès aux marchés et la question de l’allègement de la dette sont des objectifs cruciaux à atteindre.  Nous devons nous demander si l’Initiative PPTE est suffisante pour régler la question de la dette des pays pauvres.  Le Comité de développement restera au service du processus de Monterrey, et le Sommet mondial pour le développement durable sera une occasion unique de faire avancer les décisions prises à Monterrey. 


M. IVAN SIMONOVIC (Croatie), Président du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), a déploré que la réalisation des objectifs de développement de la Déclaration du millénaire ait pris beaucoup de retard.  Nous sommes en retard parce que nous n'avons pas fait assez d'efforts, a dit le Président du Conseil économique et social.  Mais au lieu de nous rejeter mutuellement la faute, nous devons lancer un message clair à Monterrey: nous devons simplement déployer plus d'efforts et coopérer de manière plus efficiente.  Nous arrivons trop tard pour tous ceux qui ont déjà été victimes de la pauvreté, de la faim, du manque de soins ou qui n'ont eu aucune chance d'éducation simplement parce qu'ils étaient trop pauvres.  L'aide publique au développement n'a fait que décroître, et le peu de ressources nationales ou d'aide disponible a été mal géré.  Les barrières commerciales et la corruption ont fait leur part de dégâts et les quelques efforts positifs que nous avons déployés n'ont pas été suffisamment coordonnés.  Ces comportements, qui nous ont fait honte au 20ème siècle ne doivent pas être acceptés au 21ème siècle qui est celui de l'interdépendance.  En ce nouveau siècle, le partage des bénéfices de la mondialisation est un impératif de paix, de sécurité et de bien-être à la fois pour les pays en développement et en transition et pour les pays développés.  Un monde dans lequel 80% des ressources appartiennent à 20% de la population n'est pas un monde juste et encore moins stable.  Après les promesses faites au plus haut niveau lors du Sommet du millénaire, c'est la crédibilité même des Etats et des gouvernements qui est en ce moment en jeu.  Nous avons quelques raisons d'espérer après les efforts collectifs qui ont permis de réaliser un certain nombre de progrès à la fois en terme de substance dans le Consensus de Monterrey, et de méthode, à travers la manière dont ces progrès ont été possibles. 


En ce qui concerne la substance, le Consensus de Monterrey contient des recommandations qui sont des percées dans certains domaines.  En premier lieu, il faut se féliciter de l'accord sur les efforts à déployer pour une participation accrue et plus effective des pays en développement et en transition aux prises de décisions et à l'établissement de normes économiques internationales.  Ensuite, il faut relever l'accent qui est mis par le Consensus sur l'attention à porter à la création d'un mécanisme de résolution de la question de la dette qui engagerait les créditeurs et les débiteurs à restructurer les dettes insolvables de manière efficiente et sur des périodes de temps déterminées.  Troisièmement, la communauté internationale doit se féliciter du soutien que le Consensus apporte à l'augmentation des financements concessionnels pour le développement, à l'accroissement des dons financiers, et à la prise de mesures visant à significativement réduire le coût des transactions financières liées à l'aide au développement.  L'ECOSOC se réjouit de la manière dont la Conférence de Monterrey a été préparée et qui a vu la participation de toutes les parties prenantes à l'agenda du développement. 


La réunion de printemps avec la Banque mondiale et le FMI a créé une plate-forme d'interactions avec ces institutions.  Dans un mois, nous nous en servirons comme forum de suivi de la Conférence de Monterrey quand l'ECOSOC discutera avec les ministres des questions de cohérence, de coordination et de coopération.  En tant que forum de discussion de haut niveau des politiques et organe de coordination du système de l'ONU, le Conseil économique et social est bien placé pour jouer sa part dans le suivi des recommandations de Monterrey, et il stimulera les efforts mondiaux visant la réalisation des objectifs du millénaire.  L'approche générale de l'ECOSOC envers le développement a été marquée depuis un certain temps par la conviction que sa réalisation est liée à celle des objectifs de paix, comme l'ont montré les débats de sa session de fond de l'an dernier sur l'Afrique. 


M. DIDIER REYNDERS, Ministre belge des finances et Président du G-10, a précisé que le G-10 est le forum le plus ancien de coopération et de concertation entre Ministres des finances et gouverneurs de Banques centrales.  Créé, il y a plus de 40 ans, pour consolider le système monétaire international, le G-10 tient des réunions régulières entre décideurs des politiques économique et financière, notamment avec le FMI, a précisé M. Reynders.  Les membres du G-10 procèdent à des analyses approfondies des politiques économiques internationales en s’appuyant sur les capacités analytiques des banques centrales et des ministères des finances.  Plusieurs groupes nouveaux ont émergé depuis la création du G-10, notamment le G-20 et le G-24, a observé le Ministre, suggérant d’intensifier la coopération entre ces structures.  Le but du G-10 est d’améliorer le système économique mondial par un rôle actif dans la gestion des crises de liquidités financières internationales.  Présentant la stratégie du G-10 pour relever les défis, M. Reynders a recommandé que des programmes complémentaires soient développés par les institutions financières internationales.  Améliorer la résolution des crises financières internationales et améliorer le rôle des entreprises dans le système international sont l’une des voies pour aboutir à une meilleure gestion financière des instituions et des marchés.  Le G-10 doit collaborer plus étroitement avec le G-7 et organiser de nouveaux dispositifs de coopération régionale en tenant des consultations régulières avec les pays en développement.  Il a souhaité que la Conférence de Monterrey soit l’encouragement permettant d’accroître l’APD et de renforcer les mécanismes d’allègement de la dette.  


M. ARUN SHOURIE, Ministre de la privatisation de l’Inde et Président du

G-20, a expliqué que le G-20 est un forum relativement jeune qui représente un «microcosme» opérationnel des acteurs du dialogue entre le Nord et le Sud.  Le G-20 rassemble ainsi le G-7, les pays en développement et les institutions de Bretton Woods.  Le Groupe, a poursuivi M. Shourie, est parvenu à un consensus sur la nécessité d’améliorer l’efficacité des institutions internationales comme condition préalable d’un système financier fort et stable; de mettre au point des politiques visant à réduire la vulnérabilité des pays aux crises financières; de créer un environnement favorable à l’intégration des pays pauvres très endettés dans l’économie mondiale; de promouvoir la création de filets de sécurité pour les populations vulnérables; et de renforcer la lutte contre les délits financiers.


Sur la question des crises financières, M. Shourie a fait part du consensus du G-20 selon lequel le choix d’un régime de taux de change doit être appuyé à la fois par des politiques macroéconomiques appropriées et des institutions financières saines.  En la matière, divers arrangements existent et il serait faux de croire qu’il existe un type d’arrangements universel, a-t-il souligné.  S’agissant de la nécessité d’une stratégie globale pour réduire la vulnérabilité aux crises financières, M. Shourie a jugé important d’accorder une attention particulière aux questions de la gestion de la dette et de la promotion des normes internationales pour combler les lacunes dans la diffusion des informations économiques et financières et pour assurer la transparence dans l’élaboration des politiques macroéconomiques.  En la matière, des ressources techniques et financières doivent être mises à la disposition des pays en développement.


M. JOSEPH SANUSI, Gouverneur de la Banque centrale du Nigeria et Président du G-24, a rappelé que 25 années se sont écoulées entre l’échec du dialogue Nord-Sud, à Paris, sur la coopération internationale économique et la rencontre de Monterrey.  Au cours de cette période, des progrès importants ont été enregistrés, notamment en matière de libéralisation des marchés, de développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, d’intégration régionale qui ont conduit à la création d’une monnaie unique en Europe, mais ces progrès n’ont pas été équitablement partagés.  Cette Conférence est l’occasion de mettre au point un mécanisme de nature à relever les défis posés par la mondialisation.  A cette fin, M. Sanusi a recommandé une réflexion sur le rôle des banques régionales dans les efforts de financement du développement, notamment par une rationalisation du capital national et une mobilisation des capitaux étrangers.  Ce sont là certains des objectifs principaux du G-24, a observé le Gouverneur, estimant que la lutte contre la corruption et la promotion d’une bonne gouvernance ne seront pas suffisants pour promouvoir le développement sans un accroissement de l’aide publique au développement. 


M. Sanusi a jugé également que le rapport inégal entre les acquis de la libéralisation internationale et la redistribution des richesses ne doit pas être perdu de vue.  Il a souligné que le G-24 accorde une importance particulière aux questions relatives au déclin de la valeur des produits de base, aux mécanismes de financement compensatoires en impliquant le Fonds monétaire international et la Banque mondiale.  Le G-24 demande par ailleurs une augmentation de l’aide publique au développement (APD) pour permettre de financer les capacités des pays en développement.  Pour rationaliser l’APD, les coûts de transaction de l’apport de l’aide doivent être réduits, notamment par une meilleure coordination des mécanismes d’apports et par des regroupements permettant aux donateurs de financer directement des projets dans les pays destinataires et éviter ainsi de passer par le biais d’institutions fixant des conditionnalités.  Il a souligné aussi la nécessité de prendre en compte les besoins locaux de liquidités au niveau international pour fixer les montants de droits de tirages spéciaux (DTS) et d’allouer des fonds issus des DTS à un fonds de développement.  Les créanciers privés, a-t-il ajouté, ne peuvent prendre de décisions s’agissant du remboursement de la dette sans tenir compte des mécanismes existants au sein du Fonds monétaire international et ils doivent respecter les principes de souveraineté.  Afin de surmonter les obstacles posés dans l’application de l’Initiative PPTE renforcée, le G-24 recommande de compléter l’action de financement des politiques de réduction de la dette par l’allocation de ressources additionnelles issues notamment de la vente de réserves en or et de droits de tirages spéciaux des pays développés.  M. Sanusi a estimé que les quotas du FMI doivent être revus pour permettre aux pays en développement de faire entendre leurs droits. 


M. ANDREW CROCKETT, Président du Forum de stabilité financière et Directeur général de la Banque pour les établissements humains, a déclaré que les systèmes financiers nationaux et mondiaux sont de plus en plus tournés vers les marchés, dont ils sont de plus en plus dépendants.  Si les marchés fonctionnent bien, les processus de développement pourront se faire de manière harmonieuse dans les pays en développement et en transition, a estimé M. Crockett.   Il est nécessaire de réduire l’instabilité et la volatilité des marchés par la mise au point de codes et de normes de bonne conduite qui régiraient les activités des banques et des sociétés de régulations boursières.  La transparence des données est d’autre part essentielle.  Le Forum est un cadre permettant de prévoir l’évolution des marchés.  Le Forum a été créé au même moment que le G-20, a précisé M. Crockett.  Il faudrait faire pleinement participer la Banque mondiale et le FMI au Forum et y intégrer les pays qui ne sont pas encore parties prenantes à son fonctionnement.


C’est en élargissant le nombre de parties au Forum qu’on pourra étendre son action et promouvoir des règles de transparence et d’efficacité financière.  Nous faisons déjà participer les autorités de pays non membres à nos groupes de travail et à nos ateliers, a dit le Président.  L’amélioration de la qualité des flux financiers est indispensable pour l’ensemble des pays et des opérateurs financiers et économiques, et le Forum est prêt à s’impliquer dans le processus qui sera issu de la Conférence de Monterrey.


M. MYOUNG-HO SHIN, Vice-Président de la Banque asiatique de développement, a souligné que la région Asie-Pacifique est la région en développement la plus grande du monde en termes d’aide géographique, de populations et de revenus.  La région représente, 42% du PIB de tous les pays en développement et a connu une croissance sans précédent, ces trente dernières années, qui s’est accompagnée d’une une baisse de la pauvreté absolue.  Malgré ces succès, a-t-il convenu, près des deux tiers des pauvres du monde se trouvent dans la région.  En Asie du Sud, le nombre réel de pauvres s’est accru depuis 1987 même si le pourcentage a baissé modérément au cours des années 90.  La crise asiatique, a-t-il poursuivi, a donné la preuve douloureuse que les acquis de la croissance peuvent disparaître très rapidement.  Heureusement, a-t-il souligné, la Banque s’est toujours adaptée et est passée d’un statut d’argentier des projets à celui d’institution de développement à part entière.  Elle a adopté une stratégie à trois volets à savoir la croissance économique, le développement social participatif et la bonne gouvernance. 


Pour ce faire, trois thèmes multisectoriels ont été identifiés, la promotion du rôle secteur privé, l’appui à la coopération régionale et la durabilité écologique.  Pour garantir la sélectivité des interventions de la Banque au niveau des pays, quatre principes ont été choisis à savoir l’appropriation par les Etats des efforts de développement, la promotion d’une vision à long terme, l’efficacité dans l’élaboration des mesures stratégiques et l’évaluation des résultats.


M. EMIL SALIM, Président du Comité préparatoire du Sommet mondial pour le développement durable, a précisé l’approche retenue dans le processus préparatoire de Johannesburg, soulignant que les consultations avaient débuté au niveau sous-régional, régional puis international avec la tenue de la deuxième session préparatoire au début de l’année à New York.  Cette session a été l’occasion de retenir des thématiques telles que la promotion des ressources naturelles, le développement durable dans un monde globalisé, la santé et le développement, et également des initiatives pour l’Afrique et pour les petits Etats insulaires en développement.  Il a ajouté que le but du processus préparatoire est de parvenir à un partenariat entre le public et le privé.  Un plan d’action sera ébauché lors de la prochaine session préparatoire, la semaine prochaine à New York, qui permettra de promouvoir un programme sur la gouvernance en faveur du développement durable.  Il a indiqué que ce document se fonderait sur les conclusions de la conférence de Doha et devra s’appuyer sur un mécanisme public/privé.  La réunion ministérielle de Bali du 27 mai au 7 juin, dernière session préparatoire de Johannesburg, permettra d’aboutir à un consensus qui sera soumis aux chefs d’Etat et de Gouvernement présents à Johannesburg en septembre, a souhaité M. Salim. 


Mme CLARE SHORT (Royaume-Uni), co-Présidente du Séminaire ministériel du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), a déclaré que la communauté internationale a trop fait de déclarations n’ont pas été suivies d’actions concrètes.  Grâce aux engagements de Monterrey nous devrons aller à Johannesburg armés de convictions fortes, a-t-elle poursuivi.  Les programmes de développement ne doivent plus être rédigés et imposés de l’extérieur, mais devront être le fruit de la réflexion de chaque pays et viser la satisfaction des besoins de son peuple. L’APD doit être un outil destiné à l’amélioration de la vie des peuples et non pas à l’entretien de bureaucraties.  Nous devons alléger les formalités qui existent dans l’emploi de l’APD.  Nous espérons faire avancer la réflexion sur les questions de développement de manière à léguer à nos enfants une planète à la fois moins pauvre et plus saine, a déclaré Mme Short.


M. VALLI MOOSA (Afrique du Sud), co-Président du Séminaire ministériel du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), a souhaité que le dialogue se poursuive entre Monterrey et Johannesburg pour assurer un développement véritablement durable.  Il a appelé à la mise au point d’un plan d’action réaliste dont le financement sera possible. Il nous faut un programme économique qui permette la croissance grâce à l’accès aux marchés et à l’investissement étranger direct (IED), a-t-il insisté.  Aujourd’hui, le but est qu’après la Conférence de Monterrey, les ressources intellectuelles et autres qui existent dans les institutions de l’ONU et de Bretton Woods soient mobilisées pour veiller à ce qu’à Johannesburg, un programme d’action détaillé soit élaboré, lequel doit être fondé sur l’action et pouvoir offrir un message d’espoir, «non pas un message politique et envoûtant» mais un message qui dise, par exemple, aux femmes des pays en développement, «Voilà ce que nous allons faire concrètement pour défendre la cause de votre émancipation».   


M. AHMAD MOHAMMED ALI, Président de la Banque islamique de développement, a déclaré que la banque compte 23 Etats membres et que l’un de ses grands défis est de mettre au point de nouveaux systèmes de développement économique.  La Banque islamique de développement a adopté un système sans taux d’intérêts pour répondre aux attentes du monde en développement.  Il a regretté que les sources de financement des pays en développement aient diminué de même que la chute des investissements étrangers directs (IED).  Les banques régionales ont un rôle important à jouer dans la promotion de la coopération au développement et il faut mettre en œuvre un traitement spécial pour les pays les moins avancés (PMA), notamment dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce a défendu M. Ali.  Au cours des trente dernières années, la Banque islamique de développement a joué un rôle central dans la promotion du développement et dans la mobilisation des ressources financières.  Elle est disposée à mettre en place un partenariat ouvert et transparent avec la communauté internationale pour remplir les objectifs de la Déclaration du Millénaire. 


M. APOLINO RUIZ LIGERO, Banque de développement du Conseil de l’Europe - BERD), a dit que cette banque a passé de nombreux accords avec les autres institutions financières, dont les plus importantes, pour assurer une synergie dans de nombreux domaines évoqués à la Conférence de Monterrey.  La BERD agit dans la promotion du bien-être des populations et dans la promotion de la protection de l’environnement, et elle participera au suivi des engagements du Consensus de Monterrey.


M. MARK MALLOCH BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déclaré que les objectifs de développement du millénaire ne sont pas seulement des aspirations idéalistes. 189 Etats, a rappelé M. Malloch Brown, se sont engagés lors du Sommet du millénaire, à faire de la lutte contre la pauvreté une responsabilité collective de toute la communauté internationale.  Les objectifs du millénaire doivent être réalisés de façon quantifiable, sur des durées de temps déterminées de manière à améliorer la vie des populations les plus pauvres du monde, scolariser tous les enfants, mettre fin aux effets dévastateurs des grandes pandémies que sont le VIH/sida, le paludisme, et les maladies infectieuses; et promouvoir les droits des femmes et mettre fin à la malnutrition.  Si la Déclaration du millénaire a jeté les bases d’un contrat mondial en faveur du développement international, la Conférence de Monterrey doit nous aider à tracer la carte de tout ce qui doit être réalisé et elle doit donner un coup d’accélérateur à l’agenda du Sommet mondial pour le développement durable qui aura lieu à Johannesburg dans quelques mois.  A Johannesburg, a estimé M. Malloch Brown, nous devrons oeuvrer en vue d’arriver à un accord sur ce dont les pays en développement ont besoin pour voir s’accomplir les objectifs du millénaire.


Le Rapport sur le développement humain du PNUD indique que plus de 70 pays, dont la majorité sont en Afrique, ne pourront atteindre les objectifs du millénaire si les tendances actuelles se maintiennent.  En ce qui le concerne, le PNUD lancera, en travaillant avec un certain nombre de partenaires, une stratégie de recherche mettant l’accent sur un “Projet du millénaire” qui étudiera les coûts des projets liés aux objectifs du millénaire et ceux des actions de partenariats et des plans à mettre en oeuvre pour les atteindre.  Ensuite, nous lancerons une “campagne de sensibilisation du millénaire” en vue d’informer les populations et les acteurs institutionnels.  Le PNUD publiera ensuite, aux niveaux national et international, des “rapports du millénaire” pour évaluer régulièrement les progrès accomplis.  Nous espérons que les données que ces rapports mettront à la connaissance du public permettront de convaincre les esprits sceptiques du bien-fondé et de l’utilité de l’APD.  La semaine dernière, à Washington et à Barcelone, un tournant historique a été pris, les dirigeants du monde industrialisé ayant compris que le débat sur l’APD devait être réglé de manière favorable aux plus démunis.  Les annonces que l’on a entendues ne sont qu’un début, car elles sont encore bien loin des 50 milliards de dollars supplémentaires par an dont les pays en développement ont besoin.


M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a souligné que le financement du développement n’est pas une question abstraite et technique mais une donnée essentielle de l’amélioration du sort de millions de personnes dans le monde.  La tragédie argentine, par exemple, ne devrait pas nous laisser indifférents, a dit le Secrétaire général qui a imputé la situation au manque de cohérence dans les politiques.  Il a appelé à la cohérence entre les politiques financière, commerciale et monétaire, ainsi qu’entre les politiques à court terme et celles à long terme, entre le national et l’international, le régional et l’interrégional, le gouvernemental et l’intergouvernemental, le secteur public et le secteur privé ou encore entre le gouvernement et la société civile.  Par-dessus tout, il faut de la cohérence entre le national et l’international, a estimé M. Ricupero.  Le monde aurait dû réaliser depuis la Conférence de Bretton Woods que le financement du développement est une question trop complexe pour être réduite à une solution unique.  Il nous faut des règles qui se renforcent mutuellement et impliquent tous les protagonistes nationaux et internationaux.  Selon lui, Monterrey a déjà réussi en ce qu’elle a placé la question du financement du développement au centre des préoccupations.  Il nous faut maintenant trouver une approche cohérente, conséquente et conforme aux circonstances.  Il s’agit-là d’une tâche qui consiste à anticiper les défis et éviter de recourir à la solution unique.  L’Argentine est là qui montre les conséquences d’une adhésion à la pensée dominante. 


A ce propos, le Secrétaire général de la CNUCED a condamné la tentation de punir tout un peuple qui a été «induit en erreur par des abus administratifs tolérés par la majorité des membres des institutions financières internationales».  Le risque croissant de voir disparaître un marché en Amérique latine fait naître des craintes quant au processus de développement sur l’ensemble du continent.  Il faut une cohérence entre les finances, l’aide et le commerce, a insisté M. Ricupero en appelant à des actions cohérentes multilatérales de la part des institutions internationales et de l’OMC.  Sans libéralisation du commerce, a-t-il prévenu, le risque d’une crise de la dette commerciale se précise.  L’utilisation des subventions agricoles et des mesures de soutien à des secteurs représente une distorsion majeure du financement du développement qui ne font qu’exacerber les

effets négatifs de la baisse de l’APD.  Il est impératif, a poursuivi M. Ricupero, d’augmenter les flux d’APD.  Il a estimé que des politiques appropriées sont importantes pour encourager les flux de capitaux privés vers un plus grand nombre de pays mais aussi pour optimiser leur capacité à exporter et à générer des ressources aux fins du développement.  Monterrey doit être le début d’un processus fondé sur un processus solide.  La CNUCED, est naturellement prête à contribuer au suivi d’un financement juste et adéquat, «qui est un défi et un problème moral et la seule manière d’éviter que ne se répète les tragédies inutiles comme celles infliger au peuple argentin», a conclu M. Ricupero. 


M. LENNART BAGE, Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), a déclaré que le volume de l’aide publique au développement (APD) tout comme son utilisation à bon escient représentent une donnée essentielle de la réalisation des objectifs du Millénaire.  Etant donné que le fardeau résultant de la pauvreté et de la vulnérabilité se rencontre surtout dans les régions rurales, M. Bage a jugé logique que les dépenses sociales s’effectuent en priorité dans les régions rurales, en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation.  Toutefois, a-t-il prévenu, l’investissement dans le secteur social sera vain sans une hausse de la production et des revenus.  Il faut donc, a-t-il souligné, assurer un équilibre entre l’investissement dans le secteur social et l’investissement dans les activités productives des populations pauvres.  Ceci exige des politiques qui encouragent la croissance rurale et agricole, a-t-il insisté.  Citant les chiffres de l’OCDE, M. Bage a regretté que l’APD dans le secteur de l’agriculture ne représente que 8% du total.  Il a donc pris note des appels à un doublement de l’aide publique en déclarant que si, dans l’immédiat, l’objectif semble ambitieux, il demeure néanmoins important que Monterrey marque le signal d’une véritable augmentation de l’APD.


Mme CAROL BELLAMY, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a estimé qu’au lendemain de la Conférence de Monterrey, les pays en développement devront lutter efficacement contre la pauvreté, attirer les investissements privés et lutter contre la corruption pour promouvoir le développement durable tandis que les pays développés devront consentir des efforts en matière d’aide au développement, de promotion des investissements étrangers directs et d’allègement de la dette.  Elle a exhorté la Conférence à se pencher sur la question des droits des enfants, soulignant que Monterrey est la première occasion prometteuse, depuis le Sommet mondial pour les enfants de 1990, de travailler à la mobilisation de ressources permettant de faire des enfants et des jeunes les moteurs du développement.  La session extraordinaire de l’Assemblée générale, qui se tiendra au mois de mai à New York, constituera une étape essentielle entre Monterrey et Johannesburg, a estimé Mme Bellamy, qui a appelé les dirigeants de la planète à ne pas oublier et négliger cette occasion de prendre en compte les droits et les besoins des enfants et des jeunes.  Aujourd’hui, a-t-elle regretté, des centaines de millions d’enfants souffrent encore de nombreux maux, dont le VIH/sida, les conditions d’extrême pauvreté, l’exclusion scolaire ou les conflits armés.  Pourtant, a-t-elle dit, les droits à la participation, à l’éducation et au développement des enfants devront être considérés comme des conditions premières de lutte contre la pauvreté. 


M. KLAUS TOEPFER, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a déclaré que la pauvreté était la pire des pollutions, car elle entraîne toutes les autres.  Nous nous félicitons que la Déclaration du Millénaire se soit préoccupée de la préservation de l’environnement, a dit M. Toepfer.  Sans cette dimension cruciale, il ne saurait y avoir de développement durable.  La pollution environnementale crée des problèmes sanitaires qui se répandent de plus en plus dans toutes les parties du monde, et la question de l’eau potable est l’une des plus urgentes à résoudre pour l’ensemble de l’humanité.  Il faudra travailler à un développement durable respectant la liberté de commerce et d’échanges de biens commerciaux, mais promouvant aussi des normes de production et des habitudes de consommation qui ne mettent pas en péril les écosystèmes.  Nous attachons beaucoup d’importance à la biodiversité et à sa préservation.  Les pays en développement, détenteurs de richesses génétiques immenses, peuvent en tirer les ressources dont ils ont besoin pour le financement de leur développement.  Le PNUE espère que la communauté internationale et notamment les pays riches, auront à cœur de refinancer le Fonds mondial de l’environnement (FEM)qui joue un rôle irremplaçable dans le financement de la préservation des écosystèmes dont le développement durable a besoin.


M. CARLOS MAGARINOS, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a indiqué que le processus du financement du développement peut permettre de rallier les pays en développement aux courants des capitaux et au commerce mondial par une amélioration de la productivité.  Il faut à tout prix, faciliter l’intégration du monde en développement dans l’économie mondiale, par l’industrialisation.  L’ONUDI, a-t-il expliqué, a formulé un programme à l’intention de 50 pays au moins en mettant l’accent sur la compétitivité et le renforcement des capacités de production.  Pour l’ONUDI, la communauté internationale a un rôle important à jouer dans l’augmentation des flux de l’APD et de l’investissement étranger direct (IED) dans les pays en développement.


Mme THORAYA AHMED OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a regretté les inégalités dans le monde qui s’accroissent à mesure que la population augmente.  Il est inacceptable que 20% de l’humanité vive avec plus des 80% de richesses mondiales alors que dans le même temps, plus d’un milliard d’êtres humains vivent avec moins d’1 dollar par jour a dénoncé Mme Obaid.  La pauvreté économique et sociale ne connaît pas de barrières de générations et il importe de réaliser rapidement les objectifs du millénaire afin de rendre le système mondial plus équitable pour les prochaines générations.  Le FNUAP, a-t-elle précisé, travaille étroitement dans les pays en développement pour promouvoir les droits des femmes et la réduction de la fécondité.  De tels programmes permettent de libérer des ressources pour le développement et de réaliser de meilleurs investissements dans les besoins des jeunes et des personnes âgées.  Elle a rappelé que les idées développées lors de la Conférence du Caire étaient importantes dans la perspective des efforts actuels de développement durable et de croissance économique.  Cependant, beaucoup de pays pauvres où le FNUAP intervient en sont encore au début du processus de régulation démographique et de développement de programmes de santé génésique.  Les Gouvernements ont

convenu au Caire de mettre en oeuvre les moyens financiers nécessaires pour la santé génésique.  Cependant, malgré les objectifs du Caire, visant à mobiliser 17 milliards de dollars en l’an 2000 pour les activités démographies seulement 11 milliards ont été mobilisés.  Les pays en développement n’ont pas atteint 50% des objectifs de mobilisation des ressources mais ont fait beaucoup avec le peu de moyens dont ils disposaient.  S’agissant du FNUAP, Mme Obaid a regretté le déficit de 50 millions de dollars à son budget en raison du retrait de contributions de certains pays et du retard d’un pays contributeur important dans le versement de sa part. 


M. SEICHI KONDO, Secrétaire général adjoint de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), a déclaré que l’OCDE considère que le renforcement des capacités est indispensable dans les pays en développement si on veut les aider à rentabiliser l’aide financière, quelle qu’elle soit.  Nous estimons qu’il faut lever toutes les mesures qui créent des distorsions dans les échanges commerciaux mondiaux, a dit M. Kondo.  Il faudrait aussi accentuer la cohérence des politiques.  Si l’aide et la coopération sont importantes, elles ne peuvent cependant se faire dans le vide, a fait remarquer le représentant.  Quelques chiffres montrent la nature des questions auxquelles la communauté internationale doit faire face.  L’APD était de 50 milliards de dollars en l’an 2000, alors que les bénéfices cumulés que pourraient tirer les pays en développement d’un commerce sans barrière injuste pourraient s’élever à 500 milliards de dollars par an.  Ces pays ont d’autre part ensemble reçu 120 milliards de dollars d’IED en l’an 2000.  Si les promoteurs commerciaux et les investisseurs pouvaient coordonner leurs actions, des synergies se créeraient et renforceraient et multiplieraient les bénéfices cumulés des IED et des revenus commerciaux, ce qui permettrait de rapidement atteindre les objectifs de développement du Millénaire.  Au vu de tous ces constats, l’OCDE propose que les Etats, la société civile, les milieux d’affaires et les organisations internationales travaillent plus étroitement ensemble pour avancer vers des politiques plus responsables et en même temps plus efficaces et plus rentables.


M. VIJAY S. MAKHAN, Sous-Secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), a dressé un tableau sombre au sujet du développement de l’Afrique, rappelant que 34 des 49 PMA se trouvent sur le continent, 50% de la population vit avec moins d’un an dollar par jour, l’espérance de vie est moins de 50 ans ou encore que le taux d’analphabétisme est de 41% pour les personnes âgées de plus de 15 ans.  Mais les statistiques les plus poignantes portent sur les ravages du paludisme, de la tuberculose et du VIH/sida.  Sur les 36 millions de personnes frappés par ce virus, plus de 25 millions vivent en Afrique.  A l’aube du nouveau millénaire, le plus grand défi est la réalisation du développement durable.  C’est pourquoi, l’Afrique attend beaucoup de la Conférence qui ne doit pas être à l’image des rendez-vous internationaux qui ont eu un impact insignifiant sur le développement.  Ce continent, a souligné le représentant de l’OUA, a été exclu des avantages de la mondialisation. 


M. Makhan a proposé qu’on le reconnaisse que l’élimination des obstacles au développement suppose une action concertée par les Africaines et leurs partenariats du développement.  Ce partenariat, a-t-il voulu, doit reposer sur la confiance et la coresponsabilité.  En août 2001, le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) a été adopté, de même qu’a été créée l’Union africaine.  Cette Union a pour but d’accélérer l’intégration du continent à l’économie mondiale.  Or, le paradoxe est que les efforts africains n’ont pas été complétés par ceux de la communauté internationale comme le montrent la chute de l’APD et d l’IED.  Monterrey doit mettre en place un cadre de financement des efforts de développement de l’Afrique, a ajouté le Sous-Secrétaire général de l’OUA.  La dette des pays africains, devra être annulée d’autant plus que l’HIPC s’est révélée insuffisante.  L’accès aux marchés, la création d’un système financier international participatif et le renforcement des capacités humaines et institutionnelles sont d’autres points sur lesquels a insisté M. Makhan.


M. EDWIN CARRINGTON, Secrétaire général de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a regretté que le Consensus de Monterrey ne lance pas un appel fort en faveur d’une aide spéciale aux petits Etats insulaires en développement, et notamment ceux des Caraïbes.  Il est aussi dommage, a dit le représentant, que le niveau de l’APD soit toujours fixé à 0,7% du PNB des pays riches, alors que quand ce chiffre avait été agréé en 1969, la moyenne des différences de revenu entre les personnes vivant dans les pays les plus pauvres et celles vivant dans les pays industrialisés était de 25 contre 1.  Ce taux est aujourd’hui de 100 contre 1.  Les pays de la CARICOM devraient voir leurs vulnérabilités mieux reconnues et plus prises en compte quand on décide des critères d’aide au développement, a estimé l’orateur.  Les petits Etats insulaires portent sur leurs épaules une part disproportionnée des retombées négatives des problèmes économiques mondiaux, a-t-il estimé.


Leur petite taille et leur extrême vulnérabilité, due à la rareté de ressources naturelles dont ils souffrent, devraient pourtant les classer dans une catégorie à part.  Nos petits Etats doivent cesser d’être considérés comme des curiosités géographiques.  Nous avons appliqué les recommandations qui nous étaient faites et avons libéralisé nos structures économiques et financières.  Mais à ce jour, nous n’avons pas tiré grand bénéfice de certains sacrifices, et la CARICOM espérait que cette Conférence allait identifier des nouvelles ressources qui pourraient aider ses Etats membres à parer aux difficultés qui naissent du fait de la libéralisation du commerce, de la dégradation accélérée de l’environnement, et de l’insécurité croissante.


La CARICOM pensait aussi que les règles d’accès aux ressources de développement allaient prendre en compte la situation des petits Etats insulaires et qu’elles allaient abaisser le coût de l’accès au crédit pour les pays les plus petits en éliminant certaines bureaucraties coûteuses et les conditionnalités techniques onéreuses qui obèrent le coût du crédit.  Après les évènements du 11 septembre et les premiers pas positifs accomplis à Doha en matière commerciale, nous espérons que les dirigeants mondiaux mettront en place, ici à Monterrey, des mécanismes de financement du développement efficaces.


Mme BISHAKHA MUKHERJEE, s’exprimant au nom du Secrétaire général du Commonwealth, a estimé que cette Conférence devait faire la différence pour atteindre les objectifs du développement.  La mondialisation a créé des conditions sans précédent de développement technologique et scientifique et, si elle est bien gérée, elle peut contribuer à améliorer considérablement les conditions des pays en développement a-t-elle jugé.  La Mondialisation doit oeuvrer dans l’intérêt de la majorité et doit englober réellement les pays en développement et les aider à sortir des conditions actuelles de pauvreté.  A ce titre, elle a estimé que les barrières commerciales ne représentent plus vraiment un obstacle tandis que les barrières agricoles qui sont encore de l’ordre de 40%, portent un préjudice aux pays en développement.  Le montant annuel des subventions agricoles de l’Union européenne permettrait d’offrir à chaque vache européenne un tour du monde en première classe a-t-elle ironisé.


Le partage des bénéfices de la mondialisation doit s’accompagner de mesures pour aider les pays en développement à mobiliser les investissements étrangers en réduisant les coûts et les risques.  Le Commonwealth suggère un système novateur permettant aux banques commerciales de canaliser les financements vers les entreprises locales afin de les aider à se développer.  Le Secrétariat s’emploie également à sensibiliser les opinions sur la vulnérabilité des pays en développement membres du Commonwealth.  L’objectif est également d’aider ces petits Etats à se faire entendre au sein des organisations internationales, c’est le cas aux Nations Unies et c’est un des objectifs au sein de l’Organisation mondiale du commerce, a-t-elle précisé.  Elle a appelé les participants à tout faire pour ne pas échouer dans la phase critique de mise en œuvre des objectifs contenus dans le Consensus de Monterrey.


M. RIDHA BOUABID, Organisation internationale de la francophonie, s’est réjoui de l’implication des différentes parties prenantes dans la préparation de la Conférence qui «seule peut contribuer à la réalisation des objectifs contenus dans la Déclaration du Millénaire».  Il a jugé, à cet égard, important que les pays qui ne l’ont pas encore fait prennent des mesures concrètes pour réaliser l’objectif visant à octroyer 0,7% de leur PNB à l’APD.  Il est également impératif de donner une suite complète aux engagements pris à l’issue de la Troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA.  Le continent africain, a-t-il poursuivi, exige des efforts tout particuliers.  Il a donc salué le NEPAD auquel, a-t-il annoncé, la Francophonie apportera sa contribution «en tenant compte de la spécificité de ses missions».  Le développement doit être durable, a-t-il encore dit, et intégrer les préoccupations économiques, sociales et environnementales.


Dans ce cadre, le représentant a jugé impératif de mettre au titre des priorités la réduction de la pauvreté et le respect de la diversité culturelle et linguistique.  Il est tout aussi essentiel d’assurer une bonne gestion des affaires publiques, a-t-il ajouté en mettant l’accent sur la détermination de la Francophonie à aider les pays en développement dans la réalisation des objectifs en la matière et en matière du respect des libertés, des droits de l’homme et de l’état de droit.  Il a aussi plaidé pour un environnement international propice au développement par la promotion des flux de l’IED, la prise en compte des objectifs dans le programme de travail l’OMC, une hausse de l’APD, l’allègement de la dette et la cohérence entre les systèmes monétaire, financier et commercial. 

Il a conclu en faisant état des initiatives de son organisation pour aider les pays en développement à participer aux négociations de l’OMC ou encore à mettre en place le cadre requis pour la sécurisation des investissements et des relations commerciales.  Une aide est également octroyé pour contribuer à l’élaboration de projets éligibles auprès des institutions de crédit.


M. ROLF W. BOEHNKE, Directeur général du Fonds commun de promotion des produits de base, a déclaré que la Conférence de Monterrey est une occasion unique pour renforcer le système financier international et trouver des réponses aux problèmes qui se posent aux pays producteurs et exportateurs de produits de base.  La majorité des pays en développement dépendent essentiellement de l’exportation de quelques produits de base, principale source de revenus financiers et de devises de leurs économies.  Les réussites de quelques pays qui ont pu parvenir à des taux d’exportation de produits élevés par habitant, démontrent que le développement de nombreux pays du sud pourraient se baser sur la production et la transformation de ces produits si les revenus qu’ils en tirent étaient stables.  Il revient à la communauté internationale de fournir à ces pays les financements dont ils ont besoin pour renforcer leur production et leur capacité d’exportation et de transformation.  Les pays du sud ont besoin de diversifier leurs bases de produits et de leur adjoindre de la valeur ajoutée.  Pour cela ils ont besoin d’assistance technique et de renforcement de capacité.  Dans le même temps, il faudrait arriver à stabiliser les cours des produits dont dépend la survie de nombreuses populations et leur assurer des revenus rémunérateurs et motivants.  Le Fonds commun des produits de base joue un rôle de sensibilisation et de renforcement des capacités des producteurs et exportateurs de produits et c’est à cet égard qu’il est partie au processus de mobilisation de ressources et de financement du développement.


Mme BEATRICE PAREDES, Membre du Congrès mexicain s’exprimant au nom du Parlement latino-américain, a estimé que la région d’Amérique latine ne peut se développer que grâce à la coopération de tous les pays.  Elle a fait part des propositions du Parlement latino-américain et souhaité que la Conférence de Monterrey permette de renforcer le rôle des Nations Unies pour améliorer l’ordre économique mondial en servant de cadre de concertation.  Elle a recommandé de créer un mécanisme de suivi des accords de la Conférence où seraient représentés les parlementaires dans la mesure où ils sont à l’origine des lois.  Consolider le cadre institutionnel en envisageant une meilleure participation des pays en développement aux décisions du Fonds monétaire international.  Elle a proposé la mise en œuvre de financements à taux d’intérêts nuls pour les projets réalisés par les femmes et d’autres mesures pour enrayer l’instabilité des flux financiers internationaux.  Elle a notamment jugé que des normes officielles doivent être respectées pour le développement et exhorté les pays industrialisés à faire de l’aide publique au développement un processus stable et durable.  Les pays en développement devraient avoir un plein accès à des financements d’urgence du Fonds monétaire international pour faire face aux crises financières.


Mme ANNA KAJUMULO TIBAIJUKA, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains, s’est félicitée de ce que le projet de Consensus de Monterrey souligne la nécessité de créer des possibilités pour un investissement orienté vers le développement, y compris le développement de logements, ainsi que la nécessité de renforcer les efforts dans l’amélioration des capacités, y compris dans le domaine du financement hypothécaire.  Elle s’est félicitée des références à la bonne gouvernance à tous les niveaux.  En effet, a-t-elle expliqué, la bonne gouvernance urbaine peut déterminer, à biens des égards, la manière dont les villes et les cités du monde en développement seront en mesure dd tirer parti des opportunités offertes par la mondialisation, dont les flux d’IED.  En concluant, la Directrice exécutive a assuré les délégations que son organisme entend jouer son rôle dans le maintien du processus du financement du développement à l’ordre du jour de l’habitat, comme le demande d’ailleurs le <Consensus de Monterrey.  A cette fin, a-t-elle ajouté, trois questions ont été jugées prioritaires, à savoir le renforcement de la Fondation pour l’habitat, la réduction de la pauvreté urbaine et la promotion de la bonne gouvernance urbaine.


RAPPORTS DES FORUMS DU SECTEUR PRIVE ET DE LA SOCIETE CIVILE


Mme MARIA LIVANOS CATTAUI, Secrétaire générale de la Chambre de commerce internationale, a fait rapport à la Conférence des points de vue et propositions du secteur privé sur la question du financement du développement.  Toutes nos propositions actuelles, a-t-elle dit, seront soumises aux gouvernements au cours de la Conférence lors des tables rondes.  La première question à résoudre que nous avons identifiée est celle de l’amélioration du flux  d’informations entre le monde international des affaires, les Etats en développement et leur secteur privé.  Ensuite nous pensons que nous pouvons collaborer avec les pays dans la mobilisation des ressources nationales et la facilitation du crédit, un accent particulier devant être mis sur la promotion du microcrédit.  Le secteur privé est intéressé par des partenariats dans la promotion de biens publics comme l’eau et l’électricité.  La Chambre de commerce internationale a lancé, en ce qui la concerne, un projet avec la CNUCED qui vise à faciliter la mise au point de programmes d’investissements privés dans les pays en développement.  Nous espérons pouvoir trouver des formules permettant de minimiser les obstacles qui se posent souvent aux hommes d’affaires intéressés par les opportunités qui existent dans les pays en développement ne disposant cependant pas d’un cadre d’investissements aux normes habituellement reconnues.


Mme LAURA FRADE, Présidente d’Alcadeco (Mexique), rendant compte du Forum sur la société civile, a précisé que les 600 organisations qui ont participé au Forum ne souscrivent pas au projet de Consensus de Monterrey qui ne précise aucune statistique en terme d’obligation de financement du développement.  Le Forum a condamné les politiques néo-libérales et les résultats qu’elles ont eus sur les populations des pays en développement, soulignant que la Ville de Monterrey est elle-même un exemple d’effet néfaste de la mondialisation et du développement industriel.  La pleine réalisation du droit des individus au développement suppose un modèle de développement durable fondé sur l’équité et la justice.  Aussi, a-t-elle jugé que la Banque Mondiale, le FMI et l’OMC doivent rendre compte devant la Commission des droits de l’homme.  Le Forum recommande également la taxation des échanges financiers internationaux et des transferts de capitaux privés pour financer le développement.  Il souhaite aussi une démocratisation de la prise de décision au sein des organisations internationales et un arbitrage juste et transparent de la dette des pays du sud afin de parvenir à son annulation pure et simple.  La société civile prône en outre la suppression des conditionnalités et de l’aide liée, la lutte contre la spéculation et le respect de l’objectif de 0,7% du PNB consacré à l’aide publique au développement (APD). 


M. NATIVIDAD GONZALAS PARAS, sénateur de l’Etat du Nuevo León, a rendu compte des travaux du Forum des parlementaires.  Ce faisant, il a mis en lumière les éléments de la Déclaration que les parlementaires ont adoptée à l’issue de leurs travaux.  Le sénateur a ainsi cité les questions de l’élimination de la pauvreté et de la création d’un système économique mondiale plus équitable.  Les réformes structurelles, a-t-il estimé, ont permis d’améliorer les données macroéconomiques et de réduire les taux d’inflation sans pour autant améliorer les niveaux de vie ou la création d’emplois.  La polarisation dans la répartition des revenus s’est aggravée, en même temps que la dette publique.  De même les processus de la mondialisation et de libéralisation commerciale ont eu pour conséquence que les gouvernements ont, face aux multinationales, perdu de leur importance dans la stratégie nationale.  En conséquence, les parlementaires plaident pour l’adoption de mesures visant à établir des systèmes fiscaux efficaces et à augmenter l’aide publique au développement ainsi qu’à réduire la dette et à mettre en place des capitaux privés pour lutter contre l’instabilité.  L’adéquation des systèmes économique et commercial aux besoins d’un monde inégal et interdépendant et l’importance du commerce dans le développement, grâce à une lutte contre les pratiques protectionnistes et les fluctuations des prix, représentent des mesures visant le renforcement du financement pour le développement.


M. FELIPE DE JESÚS CANTÚ, Maire de Monterrey, a déclaré, au nom du Forum des autorités locales, que ce Forum s’est réuni les 15 et 16 mars à Monterrey.  Notre Forum souscrit aux objectifs du Programme des Nations Unies pour l’habitat, a dit le Maire de Monterrey.  Nous souhaitons un allègement de la dette des pays du sud dont les ressources dégagées seraient ensuite orientées vers l’amélioration du cadre de vie et de l’habitat des populations.  Nous appelons les Etats à tenir compte de la dimension locale de la lutte contre la pauvreté, où les autorités locales jouent un rôle de premier plan.  Nous espérons que les gouvernements trouveront par conséquent une nouvelle formule de répartition de l’APD, dont les collectivités locales devraient recevoir une part.


SUITE DE L’ECHANGE DE VUES


M. DA HAEN, s’exprimant au nom du Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), a exhorté les participants à accroître la production agricole dans les pays en développement, à lutter contre la faim, et à s’investir dans le développement des zones rurales.  Malgré les progrès réalisés ces dernières années en matière de sécurité alimentaire, 800 millions de personnes sont encore privées du droit le plus fondamental, le droit à l’alimentation.  Pourtant, les nations du monde se sont engagées lors du Sommet de Rome en 1996 à faire passer à 400 millions le nombre de personnes sous-alimentées.  Or, les efforts de croissance économique et de développement durable sont compromis par les problèmes d’alimentation.  Pour parvenir à l’objectif fixé à Rome, la réduction du nombre de personnes sous-alimentées devrait être de 22 millions par an, alors que ces dernières années elle n’est que de six millions, a déploré le représentant.  Soulignant que la question du développement du secteur agricole est au cœur du développement durable, il a recommandé un accroissement de l’investissement public et privé dans l’agriculture afin d’inverser les tendances actuelles. 


M. JEAN-JACQUES GRAISSE, Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), a dit partager les préoccupations des autres institutions quant au déclin constant des ressources financières aux fins du développement rural et agricole.  Il s’est félicité que le Consensus de Monterrey reconnaisse l’interdépendance entre les différents moyens de financer le développement.  En la matière, a indiqué le représentant du PAM, le Programme a mis au point deux sortes de stratégies: la première voie qui est celle de l’aide immédiate aux populations pauvres et la deuxième qui est celle de l’investissement à long terme dans un développement rural et agricole essentiel à une réduction durable de la pauvreté.  L’aide alimentaire aux fins du développement, a-t-il expliqué, participe de la première voie.  Répondant aux critiques sur la pertinence de cette forme d’aide, le représentant a souligné que s’il est une chose que le Consensus de Monterrey doit enseigner c’est qu’aucune source de financement du développement ne doit être ignorée; la question est trop urgente.  La solution consiste à améliorer l’aide alimentaire et non à la supprimer.  C’est exactement ce que fait le PAM, a conclu le Directeur exécutif adjoint du Programme.


Mme NOELEEN HEYZER (Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) a estimé que la Conférence de Monterrey devait participer à la création d’un système financier mondial plus juste et plus équitable entre hommes et femmes.  Cette Conférence doit appuyer les objectifs du millénaire.  Rentrant d’Afghanistan, a dit Mme Heyzer, nous sommes conscientes de la place que doivent jouer les femmes dans le développement et de la place qu’elles doivent avoir à la table de prise des décisions.  La perspective spécifique que les femmes apportent à la vie sociale et au développement doit être prise en compte.  Il est essentiel que les engagements qui seront pris à Monterrey participent à la lutte contre la féminisation de la pauvreté, un phénomène que l’on observe de plus en plus.  Les femmes doivent avoir accès à toutes les ressources de développement, et non pas seulement au microcrédit.  La santé des femmes est pour sa part trop souvent négligée.  Nous devons lui consacrer plus d’attention et les hommes doivent être pleinement impliqués dans les programmes visant la promotion de la femme dans ce domaine.  Il y va de l’avenir de toutes les sociétés.  L’UNIFEM est d’avis qu’il faut évaluer les politiques à la fois par secteur et par sexes en Afrique, les barrières institutionnelles qui empêchent la participation des femmes au commerce, que ce soit au niveau local ou international, doivent être éliminées.  


M. JOHN LANGMORE, Organisation internationale du Travail (OIT), a indiqué que le Consensus de Monterrey inclut plusieurs initiatives concrètes mais il représente néanmoins un travail inachevé.  Cet accord suggère que les pays riches entendent maintenir ses sujets dans l’ordre du jour international.  Il faut donc que la prochaine étape soit la mobilisation d’une volonté politique pour concrétiser les choses.  Il est urgent  de renforcer la capacité internationale de promouvoir les objectifs sociaux en même temps que les objectifs économiques.  Dans ce cadre, l’OIT a créé une Commission mondiale de haut niveau sur la dimension sociale de la mondialisation qui est présidée par les chefs d’Etat des deux pays les plus stratégiques du Nord et du Sud à savoir la Finlande et la Tanzanie.  La Commission doit être perçue comme un effort sans précédent pour promouvoir le dialogue international sur des idées qui peuvent faire du processus de mondialisation, un processus élargi à tous et soucieux d’une répartition équitable de ses bénéfices. Il faut encourager le dialogue, le consensus et le partenariat, en cette ère de mondialisation.  L’OIT, avec sa structure tripartite, peut contribuer à faire le pont entre les différentes parties prenantes.


M. ANDREW CASSELS, Organisation mondiale de la santé (OMS), a dit qu’en matière de santé il faut établir des objectifs clairs et quantifiables.  Ensuite des estimations très précises doivent être faites pour savoir ce que coûtera la réalisation de ces objectifs.  Les critères de performances et de résultats devraient être soigneusement établis, et les pays obtenant les meilleurs résultats positifs devraient recevoir des encouragements financiers.  Nous devrions mieux coordonner l’aide en provenance des pays et organismes donateurs de façon à pouvoir leur présenter des résultants transparents sur l’usage qui a été fait des ressources.  En ce qui la concerne, l’OMS sait obtenir les meilleurs résultats possibles avec les fonds qui lui sont confiés.  L’expérience nous a montré qu’en matière de santé, il faut inclure le secteur privé et la société civile dans la réalisation de systèmes de santé qui seront ensuite gérés par tous ces acteurs, ce qui permet de maximiser la qualité de soins fournis et de tirer le meilleur parti des fonds engagés.  Les fonds mondiaux, comme celui contre le VIH/sida et les maladies infectieuses, permettent de fournir aux pays pauvres qui autrement n’auraient pas eux-mêmes les moyens de sauver leurs populations souffrantes, des soins de qualité à un coût raisonnable.  La création de ce genre de fonds permet non seulement de mobiliser de l’argent au niveau mondial  mais aussi de créer un cadre-pilote de soins que l’on ne pourrait développer au niveau national.


Mme MARIKA FALHEN, Programme ONUSIDA, a estimé que l’épidémie du VIH/sida n’est plus seulement une question de santé publique mais une priorité des politiques de développement durable et de sécurité humaine.  Il est reconnu aujourd’hui que la propagation de l’épidémie constitue un obstacle à la réalisation des objectifs de la Déclaration du Millénaire, a-t-elle souligné, en indiquant que plus de 60 millions de personnes étaient infectées en 20 ans.  Aujourd’hui, plus de 26 millions de personnes sont mortes du sida, ce qui en fait la pire épidémie de l’histoire de l’humanité.  A la fin de 2001, 40 millions de personnes vivaient avec le virus dont plus d’un tiers avait entre 15 et 24 ans.  En cette seule année, plus de 5 millions de personnes ont été infectées en 2001 et 3 millions de personnes dont presque 600 000 enfants de moins de 15 ans sont morts du VIH/sida.  Le virus représente actuellement l’une des plus importantes sources de mortalité en Afrique où l’espérance de vie a chuté.


A cause du VIH/sida, dans certains pays le PNB pourrait tomber de 8% d’ici 2010 et il pourrait chuter de 25% d’ici 2020 dans les pays les plus touchés.  Des actions ciblées et des ressources bien utilisées peuvent non seulement faire reculer l’épidémie mais aider d’autres secteurs du développement.  Il faut un partenariat public/privé.  L’investissement dans la recherche des vaccins et dans la capacité autochtone de recherche a été présenté comme un élément essentiel.  Vu les besoins considérables en matière de financement, elle s’est félicitée que le Consensus de Monterrey lance un appel à l’assouplissement des critères d’éligibilité à l’Initiative HIPC.  L’importance de l’APD doit être soulignée, a-t-elle conclu en regrettant que les promesses de contribution faites au Fonds pour la lutte contre la malaria, la tuberculose et le VIH/sida ne s’élève qu’à 2 milliards de dollars, alors que les besoins sont estimés à 10 milliards de dollars.  Le sida risque d’éliminer 50 années d’acquis en matière de développement dans plusieurs pays et il est impératif que la lutte contre le VIH/sida figure parmi les mécanismes de financement qui seront préparés après la Conférence.


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