CS/2297

LE CONSEIL DE SECURITE SE FELICITE DU FONCTIONNEMENT DES INSTITUTIONS PROVISOIRES AU KOSOVO ET DEMANDE AUX DIRIGEANTS DE PROMOUVOIR LE DROIT ET LA SECURITE

24/04/2002
Communiqué de presse
CS/2297


Conseil de sécurité

4518 et 4519èmes séances - matin


LE CONSEIL DE SECURITE SE FELICITE DU FONCTIONNEMENT DES INSTITUTIONS PROVISOIRES AU KOSOVO ET DEMANDE AUX DIRIGEANTS DE PROMOUVOIR LE DROIT ET LA SECURITE


M. Steiner définit devant le Conseil

une série de repères pour l’action future de la MINUK


Le Conseil de sécurité s’est félicité ce matin, dans une déclaration présidentielle, des progrès accomplis dans la formation des organes exécutifs des institutions provisoires du Gouvernement autonome du Kosovo et a demandé aux dirigeants de ces institutions de promouvoir la sécurité, le retour, les droits de l’homme, le développement économique et l’instauration d’une société multiethnique et équitable. 


Par ce texte, le Conseil qui loue les efforts déployés par le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Michael Steiner, en fonction depuis le 17 février, réaffirme l’importance fondamentale des principes du droit dans le développement politique du Kosovo.  Il condamne énergiquement les attaques perpétrées contre la police de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et appuie et encourage la poursuite des efforts afin de faciliter le retour de toutes les personnes déplacées de la communauté serbe et des autres communautés.  Le Conseil considère également que le renforcement du dialogue et de la coopération entre les institutions provisoires du Gouvernement autonome, la MINUK et les autorités yougoslaves revêt une importance cruciale pour l’application intégrale et effective de la résolution 1244 (1999).


Au début de la séance, que présidait le Représentant permanent de la Russie, M. Sergey Lavrov, M. Steiner avait, pour la première fois devant le Conseil depuis son entrée en fonction, détaillé les progrès accomplis et défini deux priorités pour l’avenir: le transfert progressif de l’autorité au sein du Kosovo vers les institutions d’administration provisoires, ce qui nécessitera des institutions multiethniques viables et consolidées; et en second lieu, la relance de l’économie, a-t-il expliqué, déplorant un taux de chômage de 50% actuellement.  La privatisation, selon lui, sera l’élément clef et la seule façon d’assurer des emplois à long terme.


M. Steiner a présenté une série de repères, ou valeurs de référence, qu’il considère comme les conditions minimales avant d’envisager le futur statut politique de la province, parmi lesquelles l’existence d’institutions représentatives et qui fonctionnent, la primauté du droit et le respect du droit pour tous les Kosovars de rentrer et de rester, une économie de marché solide ou un dialogue normalisé avec Belgrade.  M. Steiner a souhaité présenter au Conseil une stratégie de sortie qui soit en fait une «stratégie d’entrée» dans le processus d’intégration européenne et lui a réclamé son soutien, faisant valoir qu’il serait tragique de trébucher si près de l’arrivée.


Le Vice-Premier Ministre de la République yougoslave constituante de Serbie a pour sa part attiré l’attention des membres du Conseil sur la situation sécuritaire préoccupante dans la province en général et dans la région de Metohia en particulier, en raison d’affrontements ethniques et de la hausse d’activités criminelles.  M. Nebojsa Covic a regretté que la MINUK n’ait pas instauré de dialogue avec la communauté serbe et a demandé à la communauté internationale d’exprimer clairement son rejet du nettoyage ethnique et de la criminalité organisée.  Tout en affirmant qu’il était hostile à une partition de la province, il a défendu l’idée de créer des entités sur le modèle de la Bosnie-Herzégovine dans le but de faciliter le développement de gouvernements autonomes locaux et la protection des minorités.


Outre les personnalités citées, les représentants des Etats suivants ont pris la parole au cours du débat: Norvège, Royaume-Uni, République arabe syrienne, Mexique, Chine, Singapour, Etats-Unis, France, Colombie, Irlande, Guinée, Bulgarie, Maurice, Cameroun, Fédération de Russie, Espagne (au nom de l’Union européenne), Ukraine et Albanie.


RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1199 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ


Projet de déclaration du Président sur le Kosovo (S/PRST/2002/11)


Le Conseil de sécurité prend acte avec satisfaction du rapport du Secrétaire général (S/2002/436) et de l’exposé de son Représentant spécial, et appuie tous les efforts déployés par l’Administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et la présence internationale de sécurité (KFOR) aux fins d’assurer la pleine application de la résolution 1244 (1999) du 10 juin 1999, qui demeure le fondement de la construction de l’avenir du Kosovo.


Le Conseil se félicite des progrès accomplis dans la formation des organes exécutifs des institutions provisoires du gouvernement autonome au Kosovo (République fédérale de Yougoslavie) comprenant des représentants de toutes les communautés. Il loue les efforts déployés par le Représentant spécial et note avec satisfaction les priorités décrites par le Secrétaire général dans son rapport, de même que la demande qu’il a formulée, tendant à établir des valeurs de référence afin d’évaluer les progrès accomplis dans le développement des institutions du Kosovo, conformément à la résolution 1244 (1999) et au Cadre constitutionnel. Le Conseil encourage les institutions provisoires du gouvernement autonome, en pleine coopération avec le Représentant spécial et en stricte conformité avec la résolution 1244 (1999), à assumer les tâches qui leur ont été assignées par le Cadre constitutionnel.


Le Conseil réaffirme l’importance fondamentale des principes du droit dans le développement politique du Kosovo. Il condamne énergiquement les attaques perpétrées contre la police de la MINUK à Mitrovica, le 8 avril, et demande à toutes les communautés de respecter pleinement l’autorité de la Mission dans l’ensemble du Kosovo, conformément à la résolution 1244 (1999). Il souscrit aux efforts poursuivis par la MINUK et la KFOR, conjointement avec le Service de police du Kosovo, pour lutter contre tous les types de délit, de violence et d’extrémisme. Le Conseil appuie tous les efforts visant à contrôler les frontières et les lignes de démarcation, renforçant ainsi la stabilité régionale. Il appuie et encourage la poursuite des efforts afin de faciliter le retour de toutes les personnes déplacées de la communauté serbe du Kosovo et des autres communautés. La coordination des progrès dans les domaines de la sécurité publique, du développement politique et de la réforme économique et de la reconstruction contribue à promouvoir des retours durables et exige un maximum d’appui de la part des États membres et des organisations régionales. Le Conseil demande aux dirigeants des institutions provisoires du gouvernement autonome de démontrer activement qu’ils sont résolus à promouvoir la sécurité, les retours, les droits de l’homme, le développement économique et l’instauration d’une société multiethnique et équitable, la coexistence pacifique et la liberté de mouvement devant être garanties à l’ensemble de la population du Kosovo, et à soutenir les efforts déployés à cette fin.


Le Conseil se félicite de la décision prise par le Gouvernement yougoslave de transférer les détenus albanais du Kosovo à la garde de la MINUK et encourage la poursuite des progrès concernant le retour des personnes déplacées au Kosovo et les efforts visant à retrouver les personnes toujours portées disparues parmi les communautés du Kosovo, ainsi que les autres questions mentionnées dans le document commun relatif à la coopération entre la MINUK et les autorités yougoslaves, signé le 5 novembre 2001. Le Conseil considère que le renforcement du dialogue et de la coopération entre les institutions provisoires du gouvernement autonome, la MINUK et les autorités yougoslaves revêt une importance cruciale pour l’application intégrale et effective de la résolution 1244 (1999).


Le Conseil demeurera activement saisi de la question.


Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (S/2002/436)


Dans ce rapport, soumis en application de la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité, le Secrétaire général fait état des faits nouveaux intervenus au Kosovo (République fédérale de Yougoslavie) depuis le 15 janvier 2002.  Il constate que la constitution du Gouvernement a marqué une étape importante dans l'exécution de l'une des tâches principales énoncées dans la résolution 1244 (1999).  Il encourage la Coalition serbe pour le retour au Kosovo (KP) et à participer au Gouvernement.  Il souligne que la participation et la coopération de toutes les communautés est le meilleur moyen d'obtenir des bénéfices tangibles.  Il est donc essentiel de poursuivre les efforts en vue de favoriser le retour des réfugiés et de créer des conditions permettant d'assurer durablement l'existence de toutes les communautés du Kosovo, y compris l'accès équitable aux services et emplois publics.


Le Secrétaire général se félicite du transfèrement au Kosovo des prisonniers albanais du Kosovo détenus en Serbie et apprécie les efforts déployés en ce sens par toutes les parties.  C'est, rappelle-t-il, une question particulièrement sensible qui faisait obstacle à la réconciliation depuis la création de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK).  Il note que des progrès ont été accomplis dans l'application du Document commun  et se félicite de la participation d'un membre des institutions provisoires à la dernière réunion du groupe de travail de haut rang. 


Le Secrétaire général estime que la Mission entre dans une phase potentiellement plus dangereuse.  Avec la mise en œuvre d'initiatives de lutte contre la criminalité, y compris l'entrée en vigueur de législations visant à combattre la criminalité organisée et le terrorisme, explique-t-il, les possibilités de représailles contre la MINUK et la KFOR ne cesseront d'augmenter.  Néanmoins, assure-t-il, la MINUK continuera d'arrêter les criminels et de les traduire en justice.  Et à cette fin, elle aura besoin d'un plus grand nombre de juges et de procureurs internationaux.  La MINUK, poursuit le Secrétaire général, ne restera pas au Kosovo indéfiniment mais, afin de consolider les institutions provisoires d'administration autonome et éviter de saper les résultats obtenus à ce jour, il faudra continuer de fournir un appui politique, technique et financier.  Et de noter qu'un désengagement prématuré pourrait conduire à une vacance des pouvoirs dont profiteraient la criminalité organisée et l'extrémisme. 


Enfin, le Secrétaire général rappelle que le Kosovo est l'une des régions les plus pauvres d'Europe et que beaucoup devait être fait pour créer un climat favorable à la croissance économique et pour la création d'emplois.

Déclarations


M. MICHAEL STEINER, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo et Chef de la MINUK, a expliqué que l’opération des Nations Unies au Kosovo était entrée dans une nouvelle phase, ce qui lui permettait d’émettre de nouvelles propositions pour l’avenir.  S’intéressant tout d’abord à ce qui a été accompli, M. Steiner a énuméré les élections en novembre de l’Assemblée puis du Président, puis la mise en place d’un Gouvernement multiethnique.  Le service public est en cours de constitution, lui aussi faisant place à tous.  La police et la justice fonctionnent et la criminalité a progressivement diminué avec 136 meurtres l’an dernier et seulement seize depuis le début de l’année, ce qui permet d’espérer moins de cent meurtres en 2002.  Au plan économique, le budget 2002 s’élève à 374 millions d’euros et à partir de ce mois la population paie des impôts sur le revenu.


En ce qui concerne les priorités, a poursuivi M. Steiner, il s’agit désormais de transférer l’autorité au sein du Kosovo vers les institutions d’administration provisoires.  Il faut convaincre les Kosovars d’avoir une vision qui aille au-delà de leur province.  Il faut pour cela des institutions viables, consolider les institutions provisoires et faire un effort particulier pour assurer leur caractère multiethnique.  Les Serbes vont finalement nommer un Ministre de l’agriculture et un coordonnateur interne chargé des rapatriements et des retours, s’est-il félicité.  En outre, les élections locales qu’organisera l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe)à l’automne prochain représentent un enjeu particulier.


Il faut en second lieu, selon le Représentant, relancer l’économie car un taux de chômage de 50% n’est pas viable à long terme.  Or la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) a déjà réduit ses effectifs.  Il a cité la privatisation comme un élément clef de la relance et la seule façon d’assurer des emplois à long terme.  A cet égard, il a noté la création légale de la «Kosovo Trust Agency» qui sera l’organisme chargé de la privatisation.  M. Steiner a indiqué que la Mission avait déjà renforcé ses capacités de lutte contre le crime organisé et le terrorisme mais a mis en garde contre «un retour de manivelle», alors que la KFOR et la MINUK ont commencé d’arrêter des criminels et a demandé le soutien du Conseil de sécurité dans ce domaine.


S’agissant des retours, M. Steiner a estimé que les années 2002 et 2003 seraient déterminantes: nous nous engageons, a-t-il déclaré, à instaurer les conditions indispensables à un processus de retour.  Les retours des Serbes dans 14 villages et de minorités non serbes dans sept villages vont commencer: quand ces rapatriements commenceront sur la base d’une approche intégrée, il nous faudra avoir la garantie de disposer d’assez de fonds pour les rapatriés.  Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons parvenir à des retours définitifs, a-t-il prévenu.  Multiethnicité et intégration sont les deux éléments qui se renforcent mutuellement, pour le Représentant: les Albanais du Kosovo doivent se montrer à la hauteur de ce que prêchent leurs dirigeants, ils doivent encourager les communautés les plus petites à rentrer et à rester.  Celles-ci doivent s’intégrer et abandonner toutes structures parallèles.  L’intégration à l’intérieur du Kosovo doit être complétée par des relations renforcées avec Belgrade et par la coopération dans la région.  Les relations avec ses voisins ont une influence sur la situation au Kosovo, a-t-il insisté, notant que Belgrade serait le principal partenaire de l’ONU en la matière.


Pour M. Steiner, la Mission est en train de transférer son autorité aux institutions intérimaires.  Le moment n’est toutefois pas encore venu d’établir le futur statut politique de la province: les institutions et la société ne sont pas encore prêtes, aussi le représentant a-t-il indiqué avoir établi quelques repères qui doivent être honorés, parmi lesquels il a cité l’existence d’institutions représentatives et qui fonctionnent; la primauté du droit et le respect du droit pour tous les Kosovars de rentrer et de rester; jeter les bases solides d’une économie de marché; dialogue normalisé avec Belgrade et, enfin, réduction et transformation du Corps de protection du Kosovo, conformément à son mandat.  En encourageant le débat public, a-t-il poursuivi, il sera possible de dégager le large soutien dont nous avons besoin pour parvenir à ces objectifs.  Le Kosovo, a-t-il estimé, ne pourra progresser dans une société juste et équitable que lorsque ces conditions minima seront remplies et quand les institutions seront viables à long terme, sans présence internationale.


En conclusion, M. Steiner a souhaité présenter une stratégie de sortie qui sera en fait une «stratégie d’entrée» dans le processus d’intégration européenne.  Et pour ce faire, il a souhaité pouvoir compter sur le soutien du Conseil de sécurité.  Il s’est donc dit préoccupé par la réduction du budget des opérations de maintien de la paix au Kosovo: il serait tragique de trébucher si près de l’arrivée, a-t-il souligné.  A l’inverse plus nous investissons maintenant, plus nous aurons un Kosovo stable.  Or un Kosovo stable est fondamental pour une région stable: plus vous investirez, plus vous nous accorderez votre soutien rapidement, plus nous serons rapidement à même de réduire les dépenses internationales, a-t-il fait valoir.  Il a terminé en invitant les membres du Conseil à effectuer une nouvelle visite au Kosovo et à se rendre compte des progrès accomplis.


M. NEBOJSA COVIC, Vice-Premier Ministre de la République yougoslave constituante de Serbie et Président du Centre de coordination de la République fédérale de Yougoslavie et de la République de Serbie pour le Kosovo et Metohia, a attiré l’attention des membres du Conseil sur la situation sécuritaire préoccupante dans la province du Kosovo et de la ville de Metohia.  Il a expliqué que pour des raisons de sécurité, les heures de départ et d’arrivée des bus sont inconnues des passagers.  Les députés de la Coalition serbe se rendent au Parlement dans des véhicules blindés.  Le Kosovo et la ville de Metohia sont la seule zone géographique de l’ensemble de la République fédérale de Yougoslavie où ses habitants ne jouissent pas de la liberté de circulation et où la violence, la peur de la mort et l’insécurité sont alimentés à dessein. 


Nous avons prouvé que nous avions l’intention de normaliser nos relations avec nos voisins et de coopérer avec le Tribunal pour l’ex-Yougoslavie à La Haye.  Nous avons considérablement amélioré l’environnement politique et les relations interethniques en Serbie du Sud.  Sur les 12 500 individus déplacés, près de 10 000 réfugiés albanais sont retournés dans leurs foyers.  Nous avons également mené une campagne de sensibilisation pour que les Serbes participent aux élections.  Nous avons également transféré les prisonniers de souche albanaise de Serbie au Kosovo et dans la ville de Metohia.  Bien que nous ayons conclu un accord sur le transfert de prisonniers serbes, aucun d’entre eux n’a été transféré des prisons du Kosovo et de Metohia aux prisons serbes.


Le Vice-Premier Ministre a attiré l’attention sur le fait que les mouvements de capitaux découlant de la prostitution et du trafic des drogues, d’armes et la traite d’êtres humains n’ont pas cessé.  Aucune mesure n’a été prise pour faciliter le retour d’un quart de millions de personnes déplacées et de réfugiés au Kosovo et la conférence des donateurs qui devaient traiter de cette question a été repoussée à plus tard.  Peu a été fait pour protéger et préserver les biens.  Le retour des personnes déplacées ne peut pas être limité au seul secteur du Nord de Mitrovica ou à quelques enclaves.  Il est de la responsabilité de la MINUK de traiter de ces questions mais malheureusement, la Mission n’a pas instauré de dialogue avec les Serbes.  La seule explication en est l’extrémisme qui a été repoussé de l’ensemble de l’ex-Yougoslavie sauf du Kosovo.  Si cela n’était pas le cas, nous connaîtrions le bilinguisme, la tolérance interethnique, des politiques objectives et l’indépendance du corps judiciaire.  Nous devons trouver des solutions aux problèmes de sécurité non pas en prenant pour base le nombre d’incidents mais sur la base du niveau de liberté de mouvement qui est accordée aux Serbes.  Le Vice-Premier Ministre a fait part de sa préoccupation concernant en particulier la situation à Mitrovica.  Le projet d’accord que nous avons soumis à M. Steiner pour améliorer les relations entre Belgrade et Pristina repose sur des compromis durables et le respect des intérêts des parties.  La résolution 1244 n’a pas été rédigée pour les Albanais de souche uniquement mais pour toutes les communautés ethniques.  De plus, nous n’avons pas vu de signes indiquant que des Albanais seraient traduits en justice pour les crimes commis contre ceux qui ne partagent pas leur religion ou n’appartiennent pas à la même communauté ethnique.


Les dirigeants de souche albanaise ont refusé le dialogue avec les autorités de Belgrade et cette situation ne contribue pas au renforcement des forces démocratiques en République de Serbie et au Monténégro.  Le Vice-Premier Ministre a également demandé que cesse la diffusion de stéréotypes sur les Serbes à travers les médias qui les décrivent comme une menace à l’Europe.  Nous reconnaissons que le régime précédent a commis des erreurs graves et nous avons tenté d’expliquer dans quelle mesure il était difficile de porter ce fardeau hérité du passé.  Nous voulons que la communauté internationale exprime clairement la position selon laquelle le nouveau Kosovo ne doit pas être bâti sur la base du nettoyage ethnique et de la propagation d’activités criminelles. 


Nous sommes disposés à soutenir l’idée de créer des entités au Kosovo et à Metohia sur le modèle de la Bosnie-Herzégovine dans le but de faciliter le développement de gouvernements autonomes locaux et la protection des minorités.  Nous demeurons hostiles à toute partition du Kosovo et de Metohia.  Nous voyons la création d’une province dotée d’une «autonomie substantielle», pour reprendre les termes de la résolution du Conseil de sécurité sur le Kosovo comme faisant partie d’un Etat stable et démocratique composé de la Serbie et du Monténégro intégré aux organisations européennes.  La question du Kosovo et de Metohia doit être appréhendée d’un point de vue régional tout en tenant compte de l’impact de la résolution sur la préservation de l’intégrité de la Bosnie-Herzégovine et de la paix en Serbie, au Monténégro et en Macédoine.  J’appelle à la création d’une approche commune des pays de la région en matière de stabilité et de sécurité.


M. WEGGER STROMMEN (Norvège) a assuré le Représentant spécial du plein soutien de son pays et s’est félicité des progrès dans la formation des structures politiques et administratives et des institutions du Gouvernement, essentielles pour la mise en œuvre et la réussite de la résolution 1244.  L’accord sur la participation des Serbes du parti Povratak aux institutions est une autre preuve de l’intérêt qu’il y a à coopérer avec Belgrade, a-t-il fait valoir.  Il a appelé à la mise en place d’une fonction publique elle aussi multiethnique mais jugé inacceptable que le manque de sécurité pour les minorités entrave encore ces efforts.  La Norvège, a-t-il dit, condamne les attaques perpétrées à Mitrovica contre la KFOR ou la MINUK et a appelé à ce sujet Belgrade à jouer un rôle constructif.  Mais, a-t-il insisté, la sécurité, la liberté de mouvement et une société multiethnique ne peuvent être créées en définitive que par le peuple du Kosovo lui-même.


Le représentant a insisté sur la nécessité de lutter contre le crime organisé dont le trafic des êtres humains, et s’est dit très préoccupé pour le Kosovo mais aussi pour la région et toute l’Europe de leur ampleur.  En ce qui concerne le retour des réfugiés, il a estimé que les conditions nécessaires à un retour viable n’existent pas encore.  Celui-ci ne sera possible, selon lui, que si les dirigeants politiques font preuve de courage.  Par conséquent, la Norvège est convaincue que la coopération entre toutes les parties, Belgrade, la KFOR et la MINUK est indispensable et doit être renforcée.


M. STUART ELDON (Royaume-Uni) a fait part de son soutien aux conclusions du Secrétaire général contenues dans son dernier rapport.  Il a appuyé les priorités identifiées par le Représentant spécial et les repères élaborés dans des domaines critiques permettant de mesurer les progrès réalisés, ce qui est conforme à l’approche suivie par d’autres opérations de maintien de la paix.  Au Kosovo, le développement d’un plan de campagne politique et économique pour les institutions provisoires du Gouvernement autonome et pour la MINUK est un développement positif.  Nous soutenons les propositions visant à renforcer la représentation des minorités au sein du Gouvernement.  A cet égard, nous notons avec regret le retard pris dans la nomination du Ministre chargé des minorités.  Ce retard est négatif pour les intérêts des diverses communautés ethniques.  Le représentant a insisté pour que les dossiers relatifs au rapatriement des personnes disparues et à la restitution des biens soient traités rapidement.  Nous sommes plus que disposés à financer des projets dans ces domaines.  Nous sommes également préoccupés par le niveau de criminalité organisée et d’extrémisme qui ne feront que retarder le développement du Kosovo.  Nous sommes également préoccupés par les actes de violence ethnique et la violence exercée contre la MINUK et la KFOR.


M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) s’est félicité des derniers développements dont la constitution du Gouvernement le 17 février.  Le nouveau Gouvernement, a-t-il rappelé, a insisté sur la nécessité d’intégrer tous les groupes ethniques du pays et de créer des emplois, notamment dans la fonction publique en réservant 10 à 25% des postes aux minorités.  Au plan local, les minorités représentant moins de 10%, a-t-il noté, il a encouragé les autorités à leur réserver des postes, afin de les encourager à présenter des candidats aux futurs postes ministériels.  La Syrie se félicite des efforts entrepris pour encourager le retour de tous les groupes ethniques.  Il s’est dit encouragé par les efforts du Gouvernement et de la MINUK afin d’instaurer des conditions favorables aux investissements et aux échanges, ce qui devrait permettre, selon lui, de relever le niveau de vie au Kosovo, territoire le plus pauvre d’Europe. 


Il faut pour cela lutter contre la criminalité économique, notamment le marché noir et contre tous les actes illégaux perpétrés par le crime organisé, ces actes de violence ne pouvant que déstabiliser le Kosovo.  Ainsi, il a estimé que l’amnistie décrétée permettra à la KFOR de collecter les armes et d’empêcher qu’elles ne passent aux mains de groupes organisés.  Le représentant a jugé indispensable que la MINUK et la KFOR continuent de coopérer avec Belgrade et Skopje pour le tracé de frontières.


M. ADOLFO AGUILAR ZINSER (Mexique) a indiqué qu’avec l’appui de la MINUK et de la KFOR, la province du Kosovo est passée à une étape de consolidation de ses institutions et de son autonomie.  Toutefois, le représentant a relevé des informations faisant état de relations difficiles entre les diverses communautés ethniques et des difficultés du processus d’intégration ethnique au sein du Gouvernement.  On a l’impression de faire face à deux Kosovos.  L’un est animé par les valeurs démocratiques et les droits de l’homme tandis que l’autre est mû par les conflits interethniques et le rejet des différences.  Nous lançons un appel aux autorités du Kosovo pour qu’elles garantissent la sécurité du personnel international déployé sur le terrain.  Le plus important est de parvenir à la réconciliation de tous les habitants de cette province.  L’exclusion rendra impossible l’instauration de la démocratie et ne fera que favoriser l’explosion de conflits.  La réconciliation ne pourra se faire qu’avec un ensemble de mesures qui trouveront leur prolongation dans d’autres initiatives comme le retour dans leur foyer de plus de 200 000 personnes déplacées.  Nous encourageons la MINUK à poursuivre ses efforts en la matière.  Outre la violence politique, le Kosovo est en proie au crime organisé.  L’état de droit ne renforce pas seulement les institutions et les individus mais également la croissance économique et l’intégration sociale.  Le Kosovo a également besoin d’investissements et pour cette raison, nous prenons note de l’annonce faite selon laquelle une institution sera créée pour suivre le processus de privatisation.


M. WANG YINGFAN (Chine) a estimé que le maintien de la liberté de mouvement et la liberté de mouvement des minorités étaient fondamentales, aussi a-t-il espéré que la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et la KFOR puissent encore améliorer les conditions de vie et de sécurité dans la province.  Le représentant s’est inquiété de la situation à Mitrovica et des attaques perpétrées contre les personnels des Nations Unies, rappelant que toutes les parties au Kosovo ont l’obligation d’appliquer les dispositions de la résolution 1244.  Il a souhaité que la MINUK puisse aider à créer les conditions favorables à un retour des minorités, et que la coopération avec Belgrade et entre Belgrade et les institutions intérimaires se poursuivra en se renforçant.


M. ONG HENG YAP (Singapour) a déclaré que son pays soutenait le plan en trois volets de M. Steiner.  A ce stade ces priorités devraient permettre l’application de la résolution 1244.  Nous avons constaté des progrès dans le domaine politique, en particulier la formation d’un Gouvernement de coalition et l’accord permettant d’avoir un représentant serbe au sein des institutions provisoires du Kosovo.  Toutefois, le taux de retour des Serbes est très faible et de nombreux rapports font état d’affrontements ethniques.  Il est impératif qu’il y ait un dialogue entre la République fédérale de Yougoslavie, la MINUK et les institutions provisoires du Kosovo.  Nous devons disposer d’un mécanisme d’examen

régulier qui permette au Conseil de sécurité de revoir les mandats confiés à la MINUK et à la KFOR.  Nous sommes satisfaits de la demande faite par le Secrétaire général à son Représentant spécial d’élaborer des repères clairs permettant de mesurer les progrès réalisés, l’objectif étant de contribuer à la naissance d’un Kosovo viable qui contribue à la stabilité régionale.  Il est également important de déterminer le statut final du Kosovo, conformément à l’Accord de Rambouillet signé le 18 mars 1999 et, à cet égard, il est plus urgent que jamais de mettre en place un mécanisme permettant de le définir.  Nous pensons que cette réflexion doit commencer sans attendre et qu’elle devra s’inspirer des tendances positives actuelles.


M. JAMES B. CUNNINGHAM (Etats-Unis) a salué les repères définis par M. Steiner jugeant qu’ils constituaient un objectif nécessaire pour le Kosovo et pour parvenir à la stabilité dans la région.  Il s’est dit encouragé par la réaction du nouveau Gouvernement notamment en ce qui concerne le retour des Serbes qui, selon lui, incite à croire que les institutions provisoires du Kosovo sont favorables à une société multiethnique.  Il a également réagi aux propos du Vice-Premier Ministre Covic, se disant encouragé par la coopération qu’il développe avec M. Steiner, qu’il a déjà souvent rencontré.  Il a souhaité que cette collaboration se poursuive.


Le progrès sur les retours des personnes détenues a été une bonne nouvelle, a-t-il insisté, souhaitant qu’il en aille de même pour les personnes déplacées dans les semaines qui viennent.  Parmi les Serbes, certains veulent participer aux institutions provisoires, a-t-il noté, mais d’autres pensent qu’il faut des institutions serbes parallèles, ou pensent qu’ils doivent se faire justice par eux-mêmes dans la rue.  Il a ainsi évoqué les troubles à Mitrovica le 8 avril, qui ont blessé 20 policiers de la MINUK: cela indique qu’il faut vraiment faire respecter l’état de droit, partout et par tous les partis, c’est fondamental pour l’avenir, a-t-il assuré.  Le représentant s’est dit satisfait d’entendre que les dirigeants des Serbes et des Albanais font entendre le même point de vue.  Les progrès interdépendants sur tous ces fronts sont la meilleure façon de faire avancer les choses, a-t-il conclu.


M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a salué le rôle décisif de M. Steiner pour sortir de l’impasse politique et permettre l’élection d’un Président et la constitution d’un Gouvernement de coalition.  Les conditions nécessaires à une mise en oeuvre effective des dispositions du cadre constitutionnel de l’autonomie sont donc sur le point d’être réunies, a-t-il souligné.  Pour le représentant, il serait utile de se donner les moyens d’évaluer précisément l’ampleur des progrès accomplis; il s’agirait de mesurer le respect par les institutions provisoires des grands principes de démocratie, d’état de droit et de stabilité régionale posés par la résolution 1244.


Il a jugé positif que le Représentant spécial et les autorités yougoslaves puissent développer un dialogue nourri sur les questions d’intérêt commun.  La mise en oeuvre du Document commun signé le 5 novembre doit se poursuivre, a-t-il insisté, car sur la base de ce texte, le Gouvernement yougoslave a pu décider le transfèrement au Kosovo des prisonniers albanais détenus en Serbie et leur placement sous contrôle de la MINUK.  Il convient donc d’étendre cette coopération et d’appliquer pleinement les dispositions du Document.  De nouveaux progrès sont indispensables notamment pour le retour des membres des communautés minoritaires et le rétablissement de la liberté de mouvement, ainsi que sur le dossier des personnes disparues.

M. Levitte a appelé à progresser dans les domaines de la primauté du droit, du développement économique et de la création d’une société égale pour tous afin qu’un avenir multiethnique puisse être construit.  Il a estimé que la stratégie définie l’an passé pour Mitrovica par M. Haekkerup, à savoir une approche globale par la MINUK et la KFOR, avait commencé de porter ses fruits, constatant la baisse des incidents ces derniers mois.  Mais il a condamné les attaques contre la police de la MINUK et appelé tous ceux qui disposent d’une influence sur les acteurs internes à en user pour faire cesser les violences et les intimidations et obtenir le démantèlement des structures parallèles.  D’une manière générale, il a encouragé toutes les communautés à respecter l’autorité de la MINUK dans tout le Kosovo.


M. JOSE NICOLAS RIVAS (Colombie) s’est félicité des progrès réalisés, notamment la formation d’un Gouvernement autonome et les efforts en cours pour créer une fonction publique multiethnique ainsi que les dispositions pour favoriser le retour des réfugiés.  Il a insisté sur les questions de coopération régionale qui, à ses yeux, sont fondamentales pour garantir le succès de ce processus.  Celui-ci doit mener à la consolidation des institutions provisoires du Kosovo et à la fin de la Mission des Nations Unies qui entre dans une phase potentiellement dangereuse.  Les attaques contre les membres de la police de la Mission méritent d’être condamnées et nous lançons un appel à toutes les parties pour qu’elles travaillent ensemble au respect du mandat de la MINUK et de la KFOR.  Le représentant a appuyé l’initiative du Secrétaire général visant à demander à son Représentant spécial l’élaboration de repères dans les domaines socioéconomiques permettant de mesurer les progrès réalisés.


M. GERARD CORR (Irlande) a exhorté les dirigeants serbes du Kosovo à déployer tous leurs efforts pour résoudre rapidement les problèmes en suspens autour de la participation de la coalition serbe du Kosovo, Povratak, dans les institutions et pour donner voix à l’électorat qu’ils représentent dans le nouveau Gouvernement.  Il est essentiel, a-t-il indiqué, que le Kosovo ait un gouvernement réellement multiethnique, représentatif de son peuple.  La réforme économique et la reconstruction sont essentielles pour assurer une réelle stabilité au Kosovo.  La population du Kosovo, et en particulier les jeunes, doivent connaître l’espoir: l’emploi à cet égard un élément clef.


Il a en outre appelé tous les dirigeants élus du Kosovo à travailler ensemble, y compris avec la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et la Force multinationale de paix au Kosovo (KFOR).  Nous encourageons à nouveau tous les dirigeants élus à développer un authentique dialogue politique, à la fois au sein et entre les communautés du Kosovo.  L’Irlande considère le récent transfert des prisonniers albanais du Kosovo à la MINUK par les autorités de Belgrade comme un élément clef dans le développement du dialogue entre Belgrade et Pristina.  Nous attendons avec impatience, a-t-il poursuivi, de nouveaux progrès concernant le retour des personnes déplacées au sein du Kosovo et le sort des personnes disparues issues de toutes les communautés.  Le faible taux de retour des serbes du Kosovo est préoccupant, a-t-il estimé.  Le représentant a condamné fermement les attaques absolument injustifiables contre la police de la MINUK le 8 avril à Mitrovica.  Tous les dirigeants du Kosovo doivent dire clairement qu’il n’y a aucun avenir dans le soutien à l’extrémisme.  Par ailleurs, a-t-il conclu, les progrès du Kosovo vers l’intégration européenne ne peuvent être déterminés que par le Kosovo lui-même, et par le travail des de ses dirigeants pour ce qui est d’édifier une réelle démocratie et une société multiethnique.


M. BOUBACAR DIALLO (Guinée) a déclaré que sa délégation attend avec intérêt la participation de la Coalition Povratak au Gouvernement, gage certain d'un climat de paix et de sécurité au Kosovo.  Concernant les derniers développements de la situation, la Guinée salue la transformation des départements transitoires en ministères provisoires autonomes, elle encourage les autorités à persévérer dans la mise en oeuvre des programmes à court et moyen termes qu'elles se sont fixées, et se félicite des efforts déployés par les différentes parties pour la mise en place d'une présidence collégiale de l'Assemblée.  Nous appuyons la création, auprès du Premier Ministre, d'une structure chargée de la bonne gouvernance, des droits de l'homme, de l'égalité pour tous et de la question de la parité, et soutenons la préparation des élections municipales qui auront lieu, nous l'espérons, en septembre 2002, a dit le représentant.  La Guinée renouvelle son appui aux trois domaines prioritaires définis dans le rapport et pense qu'en matière de mise en place des bases économiques, la réussite de tout programme sera tributaire de la prise en compte des intérêts de toutes les composantes de la province et des objectifs de stabilisation de la région. 


Concernant la question de la sécurité, nous apprécions que la situation se soit généralement améliorée.  Nous condamnons toutefois les attaques contre la MINUK et encourageons la coopération entre celle-ci et la KFOR.  Nous nous félicitons du transfert progressif des services de police de la MINUK au Service de police du Kosovo.  La Guinée encourage la poursuite des actions en cours pour le retour des réfugiés, la réinstallation des personnes déplacées, la recherche des disparus, le transfert des prisonniers, et l'intégration effective des minorités dans la vie active du Kosovo.


M. STEFAN TAVROV (Bulgarie) a soutenu l’approche du Représentant spécial du Secrétaire général qui vise à définir des priorités tout en mettant l’accent sur la viabilité de l’économie et la lutte contre la criminalité organisée.  Le représentant a fait part du soutien de son pays aux efforts que déploie la MINUK en vue de garantir la participation égale de toutes les communautés à la formation de l’administration centrale et locale au Kosovo.  Il a condamné les manifestations de violence ethnique, en particulier celles dirigées contre les représentants de la MINUK et de la KFOR, qui doivent être condamnées par tous les responsables politiques kosovars.  Le représentant a insisté sur la nécessité de traduire en justice les auteurs du meurtre d’un citoyen bulgare.  L’accord obtenu sur le transfert des réfugiés et des personnes déplacées est un signe de l’amélioration du climat général, a-t-il estimé.  Nous sommes favorables à ce que l’Union européenne et la Banque mondiale élaborent une stratégie de réduction de la dette du Kosovo.  Nous sommes plutôt optimistes sur l’avenir de cette société multiethnique.  La présence de la MINUK et de la KFOR sont des facteurs clef de la sécurité et nous les encourageons à poursuivre leurs activités.


M. BIJAYEDUTH GOKOOL (Maurice) a indiqué que son pays avait totalement souscrit aux efforts entrepris par M. Steiner et s’est dit heureux de constater qu’un accord avait été passé avec la Coalition pour le retour des Serbes au Kosovo concernant sa participation au Gouvernement.  Il s’est toutefois dit très préoccupé par la poursuite d’incidents violents contre les minorités et a noté les initiatives visant à faciliter le processus d’intégration.  Un plein engagement des communautés minoritaires est, selon lui, une façon de créer la confiance.  La création de structures parallèles s’opposant à l’autorité de la MINUK ne serait en revanche sans doute pas profitable à la communauté serbe de Mitrovica, a-t-il estimé, en déplorant les agressions contre la MINUK et la KFOR dans cette région.


Il a appelé ces organismes à reprendre le contrôle au plus vite de la situation dans la région.  Il a invité les communautés au Kosovo, notamment les Serbes, à s’intégrer et à éliminer les structures parallèles, souhaitant que les autorités serbes de Yougoslavie aident à les convaincre de s’intégrer dans une société qui deviendrait vraiment multiethnique.  Le représentant a noté avec satisfaction les initiatives du Groupe de haut niveau concernant les personnes disparues.  Il a souscrit sans réserve à la nécessité d’établir un plan de campagne pour l’avenir du Kosovo avant que la communauté internationale ne se retire du territoire.


M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) s’est félicité des mesures prises pour l’émergence d’une société multiethnique au Kosovo qui ne pourra s’épanouir que si règnent la tolérance et le respect des différences.  Nous avons exposé ces préoccupations tout au long des nombreuses réunions que le Conseil de sécurité a consacrées à la situation au Kosovo.  Il s’agit notamment de renforcer la sécurité, de désarmer les bandes armées, de favoriser le retour des réfugiés et des personnes déplacées et de relancer la vie économique.  Nous sommes satisfaits de constater que ces impératifs ont également été identifiés par M. Steiner.  Nous réitérons notre appel contre la violence et pour la participation effective de tous les partis politiques à la reconstruction du Kosovo qui exige plus que jamais une générosité confirmée de la part de la communauté internationale.  Les objectifs de la résolution 1244 doivent être réalisés dès maintenant et nous devons à cet effet consolider les repères identifiés par M. Steiner.


M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) s’est félicité des mesures adoptées par Belgrade et présentées aujourd’hui par M. Covic, pour faciliter la mise en œuvre intégrale de la résolution 1244 (1999) ainsi que de la présence de M. Steiner.  Pour M. Lavrov, des progrès ont été faits sur le front socioéconomique et la mise en place des institutions, comme la police par exemple, mais toutefois ces améliorations ne bénéficient qu’à la population albanaise et toute une série de problèmes de fond demeurent.  Pour lui il n’y a pas de véritable sécurité dans la province, le retour des réfugiés n’a pas avancé, le crime organisé prospère et la situation au Kosovo représente une menace réelle pour la région mais aussi pour la sécurité européenne.


Qui est responsable? a-t-il demandé.  Il existe bien sûr au Kosovo des forces qui n’ont aucun intérêt à ce que la situation se normalise, toutefois la responsabilité de la situation incombe à la communauté internationale car, aujourd’hui, le Kosovo est un protectorat international: or, nous ne voyons pas se développer une nouvelle crise, un nouveau point d’abcès en Europe.  Il faut pour régler les problèmes se concentrer sur les menaces concrètes.  La priorité est de lutter contre le crime organisé, puis de mettre en place des structures politique, administrative et judiciaire libres de toute pression, vraiment démocratiques et multiethniques; il faut encourager le retour des réfugiés et déplacés serbes et des autres communautés, le dialogue intercommunautaire, le désarmement des anciens combattants de l’UCK; il faut intensifier la coopération entre la présence internationale et Belgrade et le suivi renforcé des activités de la KFOR et de la MINUK par le Conseil de sécurité. 


M. Lavrov a reconnu que de nombreux progrès avaient été accomplis par ces deux organismes.  Mais la situation grave à Mitrovica exige une attention particulière, a-t-il souligné, réaffirmant que la force et les ultimatums étaient inacceptables.  Il a estimé qu’il faudrait la création de deux municipalités indépendantes dotées d’organes particuliers.  En revanche, il a estimé que toute tentative de passer maintenant à la définition du statut politique du Kosovo serait très dangereuse car les conditions actuelles ne le permettent pas.  A propos des repères définis par M. Steiner, il a jugé qu’il était important de ne pas spéculer sur ces repères ou valeurs de référence pour faire passer un discours d’indépendance du Kosovo.  Tout parallèle avec le Timor oriental est particulièrement dangereux, a-t-il prévenu.  M. Lavrov a interrogé le Représentant spécial sur des tentatives de certains à l’Assemblée du Kosovo de revoir le statut du Kosovo ou les frontières de la province.  Il a demandé où se trouvent actuellement les détenus albanais remis par Belgrade à la MINUK et que fait le Tribunal pénal international (TPI) avec les personnes de l’UCK accusées de crimes.  Quant à la privatisation prévue, comment la MINUK entend-elle régler la question des biens fédéraux avec Belgrade?


M. INOCIENCIO F. ARIAS (Espagne), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a indiqué le soutien de celle-ci aux priorités consistant à poser les bases du développement économique, à s’attaquer au crime et à la violence et à construire une société juste et équitable assurant la dignité toutes les communautés.  Nous encourageons tous les acteurs du Kosovo, a-t-il ajouté, à se concentrer sur ces priorités, de façon cohérente conformément à la résolution 1244 du Conseil de sécurité.  Il a précisé que ces trois priorités sont liées entre elles.  Une économie qui fonctionne mieux encourage certainement les retours et décourage l’émigration des provinces, ce qui réduit le terreau du crime et de la violence.  La mise en place d’une culture politique fondée sur la primauté du droit et l’éradication du crime organisé et de la violence créeront une atmosphère plus propice à l’investissement et à la croissance économique, a-t-il précisé.


L’Union européenne se félicite des progrès accomplis vers la formation finale du Gouvernement provisoire, a-t-il ajouté, indiquant qu’il est essentiel pour le Kosovo que les institutions provisoires du Gouvernement autonome (PISG) fonctionnent efficacement.  Il s’est cependant dit consterné que les attaques pour des raisons ethniques continuent.  La démocratie ne s’enracinera pas au Kosovo au milieu de l’insécurité et de la peur.  Il a encouragé les institutions provisoires du Gouvernement autonome et toutes les parties à tout faire pour mettre fin à la violence et à l’extrémisme.  Il a condamné les récents événements de Mitrovica.  Se félicitant du transfert à la MINUK des Albanais du Kosovo emprisonnés en République de Serbie, il a encouragé toutes les parties à continuer de coopérer dans d’autres domaines d’intérêt commun, en ce qui concerne les personnes disparues de toutes les communautés.


Nous nous félicitons, a-t-il poursuivi, du travail entrepris par la MINUK en coordination avec Belgrade visant à permettre le retour au Kosovo de tous les réfugiés et les personnes déplacées.  Plus d’un million de personnes sont toujours déplacées dans la région du fait du conflit, a-t-il précisé.  Le représentant a appelé les autorités de la République Fédérale de Yougoslavie à remplir leur obligation internationale consistant à coopérer entièrement avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.  L’Union européenne se félicite du Sommet de Tirana du 28 mars sur le processus de coopération entre les Etats de l’Europe du Sud-Est (SEECP), estimant que le rapprochement avec l’Union européenne va de pair avec le processus de développement de la coopération régionale.


M. VALERIY KUCHINSKY (Ukraine) a estimé que la tendance actuelle est plutôt positive.  Les réunions sur le Kosovo que le Conseil a tenues ont montré que les membres du Conseil sont proches d’un consensus sur l’avenir de la province.  Les priorités identifiées sont le renforcement de la primauté du droit, la lutte contre la criminalité organisée et le renforcement des liens avec les autorités de Belgrade.  Préoccupé par les affrontements ethniques, le représentant a demandé à la MINUK d’accorder une importance particulière au rétablissement de la confiance et à la KFOR de prendre des mesures musclées pour assurer la sécurité dans la province.


La question du Kosovo doit être perçue sous l’angle interne et externe.  La dimension externe comprend l’élaboration d’un processus sur le statut final tandis que la dimension interne porte sur le développement d’institutions démocratiques, la primauté du droit et le respect des droits de l’homme.  Ces deux voies parallèles doivent être négociées simultanément pour parvenir à un Kosovo stable et démocratique pleinement intégré à la région.  Il sera nécessaire de développer une vision globale et commune qui reflète de nouveaux engagements de la communauté internationale dans les domaines économique et politique.  Il faudra également mettre en place un partenariat entre les institutions autonomes provisoires du Kosovo et Belgrade.  Le transfert récent de prisonniers albanais de Serbie au Kosovo a constitué un développement important et il est nécessaire maintenant d’accélérer le processus d’identification des personnes disparues de toutes les minorités.


M. AGIM NESHO (Albanie) a estimé que le Kosovo constituait une réussite pour l’ONU et la communauté internationale: la mise en place d’institutions démocratiques progresse et les institutions provisoires sont capables d’assumer leurs responsabilités, tandis que nous avons écarté la logique du génocide, a-t-il fait valoir.  Il a souligné que l’attitude démocratique d’un gouvernement était de se montrer responsable envers son peuple, mais que ceci ne créait pas l’obligation d’être appuyé par la communauté internationale.  Il a assuré que les idées de Grande Croatie ou de Grande Albanie étaient tombées dans les oubliettes de l’histoire et personne, désormais, ne voudrait les faire revivre.  Le représentant a assuré que son pays souscrit sans réserve à ce que fait M. Steiner au Kosovo.  Et, selon lui, le moment est venu pour entendre des représentants élus des Kosovars lors d’une prochaine réunion du Conseil de sécurité.


M. STEINER, reprenant la parole a reconnu que beaucoup restait à faire, ainsi la liberté de mouvement des communautés non majoritaires est toujours loin d’être satisfaisante.  A propos des incidents de Mitrovica, souvent évoqués, il a rappelé que le 8 avril des policiers de la MINUK avaient été attaqués à la grenade et aux armes à feu: vingt ont été blessés dont un grièvement.  Il ne s’agit que d’actes purement criminels, selon M. Steiner, pour qui il faut donc calmer la situation sur place et que la présence internationale puisse avoir libre accès, notamment la police et alors seulement on pourra envisager de déléguer les compétences aux municipalités.  Mais pour M. Steiner il faut surtout procéder par ordre: 90% des habitants ne sont pas serbes, a-t-il rappelé.  La réponse ne peut être la division horizontale mais une division verticale, avec une réponse de décentralisation, comme partout au Kosovo, a-t-il dit en réclamant une aide économique pour l’ensemble de la province.


Répondant sur les retours des communautés minoritaires, il a cité les estimations du HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés) concernant 350 000 retours au total, toutes communautés confondues.  Les institutions provisoires envoient le bon message, les représentants des communautés ont été nommés, les Serbes participent avec Belgrade à une approche intégrée sur les retours ce qui constitue, selon lui, un ensemble encourageant.  Sur la frontière avec la Macédoine, il a rappelé la position de la MINUK: respect du tracé. 


M. Steiner a indiqué qu’il avait clairement dit aux institutions provisoires qu’elles n’avaient pas la compétence pour revoir cet accord ni prendre une décision dans ce domaine.  Si certains pensent autrement je ne peux les en empêcher, ni empêcher l’Assemblée d’en débattre.  Quant aux prisonniers transférés de Belgrade, ils sont soit en prison au Kosovo, soit ont été relaxés par des juges internationaux mais tout est décidé par ces derniers.  Enfin, concernant la privatisation des biens, il y a litige sur le fait de savoir ce qui appartient à qui, notamment à la Fédération: pour le moment, les questions de propriétés ont été gelées, a-t-il expliqué en soulignant qu’elle était trop compliquée à régler.  Enfin, il a assuré que la définition du statut politique du Kosovo devra être débattue avec Belgrade le moment venu.  Et nous n’en sommes pas là, a-t-il conclu.


Reprenant la parole, M. COVIC, a souhaité une authentique coopération avec la MINUK qui ne repose pas sur une vision du passé.  Au Kosovo, il n’y aura pas d’intégration dans la région sans l’application du droit au retour, la liberté de circulation et sans que ne soit réglé le problème de la criminalité organisée.  Dans cette région, a –t-il ajouté, il existe une forte interconnexion entre politique et criminalité.  Il a souhaité guider M. Steiner dans les enclaves serbes du Kosovo pour que celui-ci comprenne pleinement quelles sont les conditions de vie de la minorité serbe.  S’agissant du processus de privatisation, il a expliqué que les autorités serbes savent ce qui appartient à qui et ce que doivent les entreprises aux organisations internationales.  La dette contractée est de plus d’un milliard de dollars ce qui est un problème et nous espérons trouver une solution commune en la matière.


Nous avons nos propres critères concernant l’harmonisation régionale qui doivent être compatibles avec ceux identifiés par M. Steiner sans qu’ils ne préjugent du statut final du Kosovo.  Pour ce qui est du district de Mitrovica, nous n’appuyons d’aucune façon la violence ni la provocation et les déclarations de certains chefs de la police qui disent lutter contre des «animaux serbes».  Il sera difficile de régler le problème de Mitrovica si nous ne trouvons pas les moyens de décentraliser le Gouvernement du Kosovo-Mitrovica et si nous n’obtenons pas une plus grande autonomie au Nord de Mitrovica.  Les mesures de confiance sont fondamentales au cours de ce processus et les critères créés doivent prendre en compte des mesures de confiance entre les diverses communautés ethniques.  Il a demandé au Conseil de ne pas oublier que la résolution 1244 est toujours en vigueur et que le Kosovo fait toujours partie de la République de Serbie.  Nous ne pourrons partager les responsabilités sans être perçus comme un partenaire égal dans le cadre de ce processus.  Il a regretté que M. Steiner n’ait pas mentionné Belgrade parmi ses partenaires.


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