ENV/DEV/J/673

LE SOMMET DE JOHANNESBURG ENTEND DES APPELS EN FAVEUR D’UN ACCROISSEMENT DE 15% D’ICI A 2015 DE LA PART DES ENERGIES RENOUVELABLES DANS LA CONSOMMATION ENERGETIQUE MONDIALE

28/08/02
Communiqué de presse
ENV/DEV/J/673


                                                            ENV/DEV/J/673

                                                            28 août 2002


LE SOMMET DE JOHANNESBURG ENTEND DES APPELS EN FAVEUR D’UN ACCROISSEMENT DE 15% D’ICI A 2015 DE LA PART DES ENERGIES RENOUVELABLES DANS LA CONSOMMATION ENERGETIQUE MONDIALE


Johannesburg, le 28 août -- Alors que l’énergie est indispensable au développement et à la croissance économique, ses modes actuels de production et de consommation perturbent fondamentalement les équilibres naturels.  Soulignant ce paradoxe, les délégations, qui se sont exprimées dans le cadre du débat interactif du Sommet mondial pour le développement durable consacré, cet après-midi, à l’énergie, ont non seulement examiné les moyens de réduire les distorsions qui existent en termes d’accès à l’énergie –20% de la population mondiale consommant 80% de la totalité de l’énergie- mais également la manière d’atténuer les effets de sa consommation sur l’environnement. 


Outre l’eau, la santé, la biodiversité et l’agriculture, l’énergie -qui ne figurait pas en tant que priorités à l’ordre du jour du Sommet de Rio– représente l’un des cinq domaines dans lesquels les efforts déployés lors du Sommet mondial serviront le plus les objectifs du développement durable, selon le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan. 


Dans un contexte mondial où les modes de production, de distribution et d’utilisation de l’énergie ne sont pas viables et influent de façon négative sur les dimensions sociale, économique et environnementale du développement, la majorité des intervenants a plaidé en faveur du développement des énergies renouvelables, à savoir l’énergie solaire, éolienne, hydraulique, géothermique et la biomasse.  Si en 1998, les énergies renouvelables représentaient 2% de la consommation énergétique mondiale, de nombreux représentants de la société civile mais également des hauts fonctionnaires de gouvernements ont souhaité que ce taux atteigne le niveau de 15% de l’énergie totale d’ici à 2015.  Le représentant de l’Allemagne a évoqué les inondations qu’a connues son pays pour démontrer le lien entre des catastrophes naturelles de plus en plus extrêmes et la surconsommation des combustibles fossiles. 


Néanmoins, ces combustibles peuvent jouer un rôle important dans le processus de transition vers les énergies renouvelables, a nuancé leDirecteur de l’Institut international pour l’économie, l’environnement et l’industrie de l’Université de Lund en Suède, M. Thomas Johansson en prônant, pour l’heure, une combinaison judicieuse des ressources énergétiques de types conventionnel et renouvelable.  Mettant également en garde contre la définition d’objectifs irréalistes, le représentant du monde de l’industrie et du commerce a assuré que les décideurs qu’il représente ne seront disposés à contribuer au développement des énergies renouvelables que si le processus de transition privilégie l’adoption d’une démarche intégrée.


C’est pour cela qu’un fonctionnaire du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU a préconisé un partenariat qui soit fort avec les grands groupes et ce, dans l’objectif d’assurer l’efficacité énergétique et de mobiliser les réglementations commerciales à cette fin.  La prise de mesures incitatives à l’intention des marchés et une révision du système de subvention accordées aux énergies fossiles a été recommandée.  Il  pourrait s’agir, entre autres solutions, de les reverser dans un fonds pour la promotion des énergies renouvelables.  Les questions du financement, du renforcement des capacités humaines et institutionnelles aux niveaux national, régional et local, et du transfert des technologies ont été défendues comme des questions prioritaires.


En ouverture de séance, le Sommet a complété la composition de son bureau par l’élection de cinq Vice-Présidents pour le Groupe des Etats d’Asie, à savoir l’Iran, l’Iraq, les Maldives, le Pakistan et Samoa.


Le Sommet poursuivra ses travaux demain matin, jeudi 29 août. 



REUNIONS EN PARTENARIAT SUR L’ENERGIE


Présentation


M. STEPHEN KAREKEZI, African Energy Policy Research Network, a estimé que l’énergie peut jouer un rôle essentiel pour régler les problèmes des pays les moins avancés.  Il faut accroître la productivité agricole des petits et moyens agriculteurs afin de renforcer la valeur ajoutée des cultures, accroître les revenus des pauvres et créer des micro-entreprises.  Le défi qui se pose au monde en développement est la réalisation de profits importants sur la base d’investissements limités.  Il ressort d’études que 5 dollars d’énergie solaire peuvent doubler le revenu d’un ménage en zone rurale et qu’un fourneau d’un montant de 150 dollars peut multiplier le revenu d’un entrepreneur par dix.  Ces énergies profitent généralement aux femmes qui constituent le maillon le plus vulnérable de la population.  Il est donc nécessaire de développer la consommation d’énergie de source locale et la mise en place de programmes locaux.  Dans le même temps, il importe de lancer des programmes à grande échelle pour diffuser les énergies propres.  Ces programmes ne figurent malheureusement pas dans les programmes de financement bilatéraux et multilatéraux.  Il faudrait par conséquent allouer un tiers des budgets énergétiques à la production d’énergies à faible coût. 


M. THOMAS B. JOHANSSON, Directeur de l’Institut international pour l’économie, de l’environnement et de l’industrie de l’Université de Lund en Suède, a déclaré qu’à l’appui des objectifs de la Déclaration du Millénaire, il convient, en matière d’énergie, d’insister sur l’efficacité énergétique dans tous les domaines.  A cet égard, l’orateur a voulu la définition d’objectifs clairs.  Les ressources énergétiques de types conventionnel et renouvelable sont abondantes, seul manque une combinaison judicieuse de ces deux types.  A l’heure actuelle, les politiques en cours en matière d’environnement ne parviendront pas à réaliser le développement durable.  M. Johansson a plaidé pour qu’il soit accordé un rang prioritaire au renforcement des capacités dans les pays en développement.  L’efficacité énergétique est très importante et exige aussi des mesures incitatives à l’intention des marchés.  Il faut faire en sorte que les marchés de l’énergie s’intéressent davantage aux zones rurales.  Des politiques intégrées sont également utiles pour assurer une bonne utilisation de l’énergie afin qu’elle joue son rôle dans le développement durable.  La question est de savoir comment faire pour que les préoccupations énergétiques soient placées dans un contexte plus large.  Les politiques doivent être claires et explicites et viser à créer un cadre propice aux investissements pour encourager les solutions en matière d’offres et de demandes en appui au développement durable.  Cette question concerne surtout les pays qui ont une croissance économique rapide.  S’agissant des pays en développement, il s’agit surtout de savoir comment mobiliser les biomasses au-delà des questions de sécurité alimentaire.  Globalement, il est urgent d’assurer l’efficacité énergétique et de mobiliser les réglementations commerciales à cette fin.  Il faut donc agir sur les institutions et les cadres politiques.


Échange de vues des experts


Ouvrant la discussion avec les experts des agences et institutions spécialisées du système des Nations Unies et avec les représentants des Grands groupes, l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sommet de Johannesburg et Modérateur, M. Jan Pronk, a souligné le lien entre les questions d’énergie et de développement durable qui n’était pourtant pas à l’ordre du jour à Rio et absent dans Action 21.  Cette année, la dimension énergétique est l’un des 5 secteurs prioritaires identifiés par M. Kofi Annan. 

Aussi, s’adressant aux jeunes, M. Pronk leur a demandé comment identifier les besoins de politiques énergétique et si les enjeux énergétiques de ce Sommet les satisfaisaient.  Leur représentante a estimé que rien n’est véritablement prévu en terme d’énergie car il n’y a aucun échéancier précis alors que ce dont les jeunes ont besoin c’est de réponses concrètes.  Elle a suggéré aux gouvernements d’associer les groupements communautaires, les autochtones, les femmes et les jeunes à la définition des objectifs et au suivi des processus de développement d’énergies durables. 


Pour les organisations non gouvernementales (ONG) les propositions énoncées dans le Plan d’action ne sont pas réalistes dans la mesure où elles ne prévoient pas de mettre un terme à l’utilisation de combustibles fossiles.  Les ONG veulent une transition immédiate vers l’utilisation des énergies renouvelables et l’élimination des sources d’énergies traditionnelles.  D’autres part, les subventions énergétiques dans les pays du Nord devraient être supprimées et reversées dans un fonds pour les énergies renouvelables.  Interrogé sur la faisabilité d’une telle transition, M. Johansson a expliqué que beaucoup peut être fait dans le domaine des énergies renouvelables mais que dans le processus de transition, les combustibles fossiles peuvent jouer un rôle car les énergies renouvelables ne peuvent être développées de manière immédiate. 


Le monde des affaires est quant à lui disposé à contribuer au développement des énergies renouvelables selon son représentant mais il a estimé qu’il fallait faire preuve de réalisme dans la mesure où la transition vers les énergies renouvelables dans le domaine industriel ne peut se faire immédiatement.  Il a pris l’exemple d’un pays voisin de l’Afrique du Sud où une usine de production d’aluminium à grande échelle a été montée récemment et utilise à 100% des combustibles fossiles.  Il faut par conséquent tenir compte de cet état de fait et ne pas brusquer la transition en adoptant par exemple une démarche intégrée.  Les énergies renouvelables ne représentent que 5% de la couverture des besoins énergétiques dans le monde actuellement, a ajouté le représentant du monde des affaires, ce à quoi la représentante des jeunes a ajouté que l’objectif devait être de faire passer cette part à 10% d’ici 2010. 


Les femmes assumant un fardeau beaucoup plus lourd que les hommes en matière d’accès à l’énergie, leur représentante a demandé que le Plan d’action intègre une perspective sexospécifique en matière d’énergie.  Le représentant des autorités locales a dénoncé le fait que 100 milliards de dollars soient dépensés chaque année sous forme de subventions destinées à l’industrie du charbon et a plaidé en faveur d’une responsabilisation des parties prenantes, en particulier des autorités locales car ce sont elles qui ont su le mieux préserver les énergies.  Les subventions accordées dans le domaine des combustibles sont perturbantes et doivent être transformées en des mesures incitatives ou être allouées aux entreprises qui utilisent les énergies renouvelables. 


M. Pronk, récapitulant les propositions énoncées, a rappelé qu’il s’agit à présent de mettre en place des technologies pour remplacer les énergies polluantes, de se fixer l’objectif de 10% d’utilisation d’énergies renouvelables d’ici à 2010, de bien définir la notion d’énergie «propre», d’augmenter le prix de l’énergie pour les pays riches, d’assurer un meilleur accès pour les pauvres aux énergies renouvelables et de développer une approche décentralisée et intégrée.  En poussant cette réflexion plus d’avant, le représentant des syndicats a estimé qu’il encourage la ratification du Protocole de Kyoto. 

Les gouvernements doivent identifier les mélanges énergétiques appropriés.  Le représentant des populations autochtones s’est dit préoccupé par le fait que certaines politiques énergétiques entraînent le génocide de certaines populations  autochtones, en particulier lorsque les déchets nucléaires sont envoyés sur les terres autochtones.  Les populations autochtones doivent donc participer au processus de prise de décision.


La représentante des agriculteurs a adhéré à l’idée de promouvoir une combinaison des deux type d’énergie.  Les sources d’énergie renouvelable doivent être mises à la disposition des petits exploitants pour améliorer la vie dans les zones rurales.  Il faut, selon elle, trouver dans l’urgence des solutions intermédiaires en matière d’accès aux sources d’énergie renouvelables.  Commentant ces propos, le représentant de la communauté scientifique a estimé que les questions énergétiques ne peuvent être réglées que dans le cadre de la science.  Tous les aspects de l’énergie «propre», qu’ils soient financiers, commerciaux ou économiques, sont tributaires de l’aspect scientifique.  Il faut donc reconnaître à la science la place qui lui revient.  Réitérant sa proposition de faire en sorte que d’ici à 2015, l’énergie non-polluante représente 10% du total de l’énergie disponible, la représentante des jeunes a aussi soulevé la question de la surconsommation énergétique dans les pays du Nord. 


L’objectif de 2015 est réalisable, a estimé le représentant du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU qui a préconisé, pour ce faire, un partenariat avec les grands groupes.  Abondant dans ce sens, la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel a insisté sur le renforcement des capacités humaines et institutionnelles aux niveaux local, national et régional.  L’humanité a prouvé que tout est possible, a dit en écho le représentant des autorités locales.  De nationalité américaine, il a demandé que l’on ne juge pas les autorités locales de son pays à l’aune des politiques de la Maison Blanche.


Pour répondre aux préoccupations de la représentante des jeunes sur la surconsommation énergétique, la représentante des populations autochtones a insisté sur l’importance de la conservation et de l’utilisation efficace de l’énergie.  A ce propos, le représentant des syndicats a indiqué que de plus en plus, les travailleurs identifient les secteurs où il est possible d’effectuer des économies énergétiques.  Les syndicats, a-t-il affirmé, ont des idées sur la façon d’améliorer l’efficacité énergétique dans les usines, par exemple.


Il faut être franc, a dit la représentante des femmes en soulignant le lien entre la question énergétique et celle de la lutte contre la pauvreté.  Indiquant que les femmes rurales en Afrique consacrent 4 à 5 heures au ramassage du bois, la représentante a estimé que l’absence continue de l’accès à l’énergie est un réel obstacle à la réalisation des objectifs de lutte contre la pauvreté.  


Le représentant du PNUE a fait part des changements intervenus dans le domaine énergétique et, en particulier, dans le cadre de l’information des consommateurs, grâce au système d’étiquetage dans les pays développés, et ce grâce aux gouvernements qui encouragent de telles mesures de transparence. 


Un échange a suivi entre le représentant des scientifiques et des universitaires, qui regrettaient que de moins en moins de jeunes étudient les sciences et les technologies, et la représentante des jeunes qui a estimé que les jeunes s’intéressent à la science et à la mise en œuvre de nouvelles énergies durables et renouvelables.  Les jeunes veulent que des mesures soient prises dans le domaine du développement des énergies renouvelables car cela touche également les modes de production de demain dont ils seront les acteurs a-t-elle fait valoir, interpellant les syndicats sur leur responsabilité dans ce domaine. 


La représentante des femmes a revendiqué un rôle plus actif dans la définition des politiques énergétiques et souhaité que soit établi le lien entre santé et énergie, ainsi que l’accès des femmes aux crédits pour avoir accès à l’énergie.  Les ONG ont demandé que les matériaux de construction soient adaptés aux politiques énergétiques et elles ont estimé que les nouvelles technologies permettent de réduire de 60 a 80% la consommation énergétique.  Le représentant des collectivités locales a illustré certaines innovations dans les zones urbaines où les codes de construction sont redéfinis afin de s’adapter aux nouvelles technologies durables et écologiques. 


M. Pronk, l’animateur de ce débat interactif a demandé au PNUD s’il pensait pouvoir aider les pays à développer les énergies renouvelables et durables, ce à quoi son représentant a précisé que plus de 70% des pays assistés par le PNUD ont des programmes de développement des énergies renouvelables.  Pour le PNUD, comme pour l’ONUDI, l’intérêt des partenariats (public, privé et société civile) est de permettre à des pays en développement qui, à l’instar des petits États insulaires en développement, dépendent de l’importation de combustibles fossiles, de procéder à des restructurations pour tirer profit des nouvelles technologies. 


Débat interactif


Le Ministre du pétrole du Nigéria a regretté que les pays en développement voient leurs populations en prise avec la faim et la pauvreté.  L’absence de perspective économique et de développement est une préoccupation croissante.  Il faut que les populations les plus pauvres puissent avoir accès aux sources modernes d’énergie et que les gouvernements prennent conscience de l’utilité des sources d’énergie renouvelables.  Le Ministre de l’environnement de la Nouvelle-Zélande a souhaité que les sources d’énergie renouvelable représentent 15% de l’utilisation totale d’énergie d’ici à 2015.  Il faut pouvoir augmenter de 2% par an les sources d’énergie renouvelable d’ici à 2010.  Le représentant du Brésil a fait remarquer que la manière dont est utilisée la biomasse dans les pays en développement n’est pas viable.  Il faut par conséquent travailler avec les pays industrialisés pour faire un usage plus responsable de la biomasse et atteindre l’objectif de 15% d’utilisation d’énergie renouvelable. 


Le Ministre de l’environnement de Tuvalu a observé le prix élevé de l’énergie pour des pays comme le sien et réitéré sa proposition d’établir un cadre contraignant pour accélérer les efforts dans le domaine de l’efficacité énergétique.  Cette proposition, a-t-il dit, a été rejetée par ceux-là mêmes qui refusent de ratifier le Protocole de Kyoto, a indiqué le Ministre.  Tuvalu est ainsi pris en otage par ces pays dont les agissements visent à le faire disparaître.  La Ministre du tourisme de la Zambie a attiré l’attention sur la

pollution engendrée par l’utilisation du bois et de la biomasse.  Elle a lancé un appel au Sommet pour qu’il appuie les initiatives visant à améliorer l’accès des pauvres à l’énergie hydroélectrique qui ne fait pas défaut à la Zambie.  Le pays ne dispose pas de moyens nécessaires au financement de microstations, a-t-elle indiqué. 


Le représentant du Costa Rica a dénoncé le manque de volonté politique en se montrant particulièrement préoccupé par la position des pays industrialisés.  Il a rappelé qu’aujourd’hui, son pays produit 90% de son énergie à partir de sources renouvelables, et dans les années à venir, la totalité de la population devrait  bénéficier de l’énergie hydroélectrique.  Le pays, a-t-il précisé, a imposé un moratoire indéfini en matière d’exploitation des ressources pétrolières.  Le pays a fait preuve de cohérence par rapport aux engagements qu’il a pris en vertu de la Convention sur le changement climatique et des autres accords relatifs au développement durable, a souligné le représentant en rappelant l’intention de son Président de faire du Costa Rica une «Puissance écologique».  La Ministre de l’environnement du Lesotho a souligné le lien entre l’accès à l’énergie et la lutte contre la pauvreté en annonçant l’intention de son gouvernement de développer le potentiel hydroélectrique du pays.  Elle a lancé un appel aux partenaires du monde de l’industrie et du commerce pour qu’ils aident les pays en développement dans le domaine de l’accès à l’énergie.  L’eau potable à Johannesburg vient des montagnes du Lesotho et il est ironique de voir les Suthu manquer d’électricité en raison de l’absence de ressources financières.  Le Sommet doit envoyer un signal selon lequel il soulignerait la nécessité de promouvoir l’énergie renouvelable, a dit le Ministre de l’environnement du Danemark, qui s’est exprimé au nom de l’Union européenne.  Il a appelé à des initiatives dans les pays en développement, demandant aux grands groupes de participer à celle de l’Union européenne qui sera financée à hauteur de 7 millions d’euros.  L’Union est disposée à accroître son aide financière à la lutte contre la pauvreté conformément aux engagements pris à Monterrey, a rappelé le Ministre.  


Le représentant du Japon a abordé les questions d’efficacité énergétique en expliquant que son pays qui dépend à 80% de l’étranger dans le domaine de l’énergie n’a eu d’autre choix que de promouvoir une utilisation rationnelle des ressources.  Le Japon est arrivé à une meilleure efficacité en matière de politique énergétique en développant de nouvelles technologies qui s’est manifestée notamment dans la production de voitures fonctionnant grâce à des énergies propres.  La Slovénie, pays confronté à une utilisation massive de combustibles fossiles, s’est lancée, pour sa part, dans le développement d’énergies renouvelables (solaires, éoliennes…) et dans la préservation des écosystèmes forestiers qui a incité le Gouvernement à faire adopter une loi sur les émissions de gaz à effets de serre et de CO2 en 1997.  Le représentant a plaidé pour une élimination progressive des subventions énergétiques dans les pays développés et en faveur de l’introduction par les entreprises privées de technologies écologiquement rationnelles sur le marché. 


Le milieu du commerce et de l’industrie est conscient du rôle important de l’accès à l’énergie comme moyen de lutter contre la pauvreté, a souligné sa représentante qui a assuré que le monde des affaires est disposé à promouvoir la recherche, le développement et l’utilisation des énergies renouvelables dans le cadre de partenariats.  Pour le représentant de l’Arabie saoudite, toutes les

propositions de partenariats dans le contexte du développement d’énergies renouvelables doivent associer les scientifiques afin de pouvoir s’assurer de la pertinence des stratégies de développement durable qui seront mises en œuvre à l’échelle mondiale. 


Les partenariats entre le secteur privé et les pouvoirs publics ont également été mentionnés par le Ministre de l’économie et des finances du Sénégal qui a souligné que l’énergie participe au développement de tous les secteurs clefs tels que la santé, l’éducation et l’économie.  Faisant état des contraintes qui se posent à un pays comme le Sénégal qui, hormis la biomasse -qui constitue les 2/3 des sources énergétiques- dépend essentiellement du pétrole dont l’acheminement est coûteux, il a déclaré que son pays avait fait le choix de miser sur les énergies nouvelles et renouvelables, en particulier en milieu rural.  Le Ministre a mis l’accent sur la valorisation du potentiel hydroélectrique du continent africain dont seulement 5% des capacités sont exploitées et précisé que le NEPAD qui entend tenir compte de ces questions énergétiques devra être financé à hauteur de 40 milliards de dollars américains pour sa première phase.  Cependant, les gouvernements ont prévu que ces ressources viendraient du privé, ce qui a soulevé une nouvelle inquiétude pour le Ministre sénégalais pour qui l’instabilité financière des grands groupes énergétiques privés dans le monde laisse peu augurer d’investissements conséquents dans le cadre du NEPAD, d’où la nécessaire complémentarité de l’APD. 


Soucieux de promouvoir des mesures concrètes en matière énergétique, les Etats-Unis, a dit son représentant, entendent lancer une initiative d’énergie propre concernant toutes les préoccupations mentionnées au cours du débat.  Les Etats-Unis entendent y associer les grands groupes, les gouvernements et les organisations internationales.  La représentante de l’Equateur a estimé qu’aujourd’hui, le monde a une occasion de plus d’agir et de jeter les bases d’une réforme planétaire de l’utilisation énergétique.  C’est la raison pour laquelle, l’Equateur appelle à des objectifs temporels et quantitatifs.  En Equateur, a-t-elle fait observer, il est regrettable que les ressources pétrolières soient consacrées au remboursement de la dette.  Le pays est contraint de lutter pour mobiliser les fonds afin de développer l’énergie renouvelable dont l’hydroélectricité.  La Namibie a fait part des efforts de son pays pour développer l’énergie éolienne, solaire et biogazière.  Mais pour cela, a-t-elle précisé, il faut des connaissances techniques, des ressources financières considérables et un transfert efficace des technologies.  L’aide des donateurs est donc essentielle.  Le Népal a aussi appelé à une démarche commune.  Le Népal compte parmi les pays qui ont un potentiel énorme mais encore virtuel dans le domaine de l’énergie.  Le représentant a soulevé la question des ressources financières.  Il a demandé l’aide des organisations financières internationales.


Quant à la Bulgarie, son représentant a dénoncé l’inertie qui a caractérisé la mise en œuvre d’Action 21.  Il a estimé que le problème vient du concept même de développement durable qui est toujours perçu sous l’angle exclusif du développement économique.  Il a voulu que l’on parle désormais de développement écolo-économique pour consacrer le lien entre l’économie et l’écologie.  Le représentant de l’Allemagne a invoqué les inondations qu’a connues son pays pour illustrer le lien entre les catastrophes naturelles de plus en plus extrêmes et la consommation débridée de combustibles fossiles.


Les Allemands ne se font plus d’illusions, a dit le représentant, ils savent que ces catastrophes révèlent les coûts réels de cette consommation.  Le moment est venu de choisir entre la poursuite de la surconsommation ou le changement.  L’Allemagne s’est fixée de nouveaux objectifs pour l’utilisation de l’énergie renouvelable et d’ici à 2020, elle entend produire quelque 300 000 mégawatts à partir de l’énergie éolienne.  Le pays doit aller plus loin et lancer un appel aux uns et aux autres pour fixer des objectifs visant notamment à placer la part des énergies renouvelables à 10% de la totalité des énergies disponibles.  Il serait également encourageant de voir le Sommet donner lieu  à l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto, a conclu le représentant


Le représentant du Mexique a annoncé le changement de politique de son pays en faveur du gaz et d’une énergie plus propre.  Il a rappelé que son pays présente une initiative au Sommet et s’est rallié à la proposition du Brésil quant à l’utilisation des sources d’énergie renouvelables.  Il a adhéré à l’idée d’imposer des contingents de 10 à 15%. 


Le représentant de l’ONG Fonds du 29 août du Kazakhstan a expliqué que sa région jouit d’un potentiel important hydroélectrique de même que d’un potentiel en matière d’énergie éolienne.  Cependant, cette région a longtemps été au cœur du polygone nucléaire de Semipalatinsk qui, malgré sa fermeture il y a 11 ans, demeure encore contaminé par les séquelles des essais nucléaires qui y étaient pratiqués.  Aussi, le représentant de l’ONG a-t-il souligné la nécessité de disposer de financements substantiels pour développer de nouvelles énergies et assainir cette zone affectée.


Pour le représentant de l’Inde, les pays développés devraient garantir l’accès à moindre coûts aux énergies renouvelables et durables pour les pays du Sud.  Il a fait part des mesures prises en Inde afin d’améliorer l’efficacité énergétique et de développer les énergies renouvelables, notamment d’un programme de recherche sur l’utilisation plus propre de la biomasse qui est une source d’énergie traditionnelle.  Il a mentionné un programme d’électrification de 8 000 villages grâce aux énergies renouvelables dans le courant de la prochaine décennie avant de faire observer que les besoins énergétiques de pays en développement augmenteront dans les prochaines années et qu’il importe de réfléchir au développement d’énergies alternatives grâce aux pays développés qui devraient assumer le fardeau financier et consentir à des transferts de technologies.


Le représentant de l’Algérie a fait part à son tour de la stratégie décennale de développement durable et du plan d’action à court et moyen terme mis en œuvre par le Gouvernement.  Partant du principe qu’il n y a pas de développement durable possible sans maîtrise de l’énergie, l’Algérie a fait le choix d’une utilisation maximale du gaz naturel et du GPL (gaz propane liquéfié) et a opté pour la production d’électricité à partir du gaz à 95%.  Par ailleurs, 87% des zones rurales ont été électrifiées tandis que l’utilisation du gaz dans les zones rurales a été encouragée dans le cadre d’une politique d’accès à l’énergie propre pour tous qui passe en outre par le développement de l’énergie solaire. 


Le représentant du Bhoutan a fait remarquer que son pays dispose d’un potentiel énorme en terme d’énergie hydroélectrique mais a regretté que les terrains montagneux empêchent son approvisionnement.  L’utilisation traditionnelle de l’énergie entraîne au Bhoutan des maladies des yeux et des maladies respiratoires.  C’est pourquoi, il importe de développer les énergies propres.  Le représentant du Maroc s’est félicité de la reconnaissance du rôle de l’énergie dans la réduction de la pauvreté.  Le Maroc suit avec beaucoup d’intérêt les partenariats de type 2 et propose qu’une réunion de fixation des objectifs en matière d’énergie renouvelable soit convenue. 


Le représentant du Chili a estimé qu’il faut intervenir pour augmenter l’utilisation des sources d’énergie renouvelables et a dénoncé les effets nocifs imputables aux subventions pour les énergies non viables, notamment celles qui encouragent l’énergie nucléaire.  Le pollueur doit enfouir ses déchets chez lui.  Le représentant de la Suède a estimé que la question de l’énergie résume le sens de ce Sommet, à savoir  aborder le problème de la pauvreté et prendre des mesures contre une utilisation inefficace des ressources naturelles.  Afin de formuler une stratégie globale, il faut fixer l’objectif d’au moins 15% d’énergie primaire d’ici à 2010 et retirer les subventions destinées aux combustibles fossiles.


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