CS/2251

LE CONSEIL EST APPELE A CONTRIBUER PLUS CONCRETEMENT A LA PAIX ET LA SECURITE EN AFRIQUE, NOTAMMENT PAR UNE COOPERATION RENFORCEE AVEC L’OUA

30/01/2002
Communiqué de presse
CS/2251


Conseil de sécurité

4460e – après-midi


LE CONSEIL EST APPELE A CONTRIBUER PLUS CONCRETEMENT A LA PAIX ET LA SECURITE EN AFRIQUE, NOTAMMENT PAR UNE COOPERATION RENFORCEE AVEC L’OUA


Après avoir consacré, au cours de ces deux dernières années, près de 60% de son temps aux questions africaines, le Conseil de sécurité doit maintenant matérialiser ses idées et envisager, pour ce faire, la création d’un mécanisme chargé de coordonner une mise en œuvre rapide des programmes et décisions relatifs à l’Afrique.  Ces propos ont été tenus, cet après-midi, par le représentant du Ghana au cours de la réunion que le Conseil a poursuivie sur la situation actuelle en Afrique, «conséquences naturelles de l’histoire», comme l’a décrite le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne.  Hier en effet, le Ministre des affaires étrangères de Maurice, M. Anil Kumarsingh Gayan, en sa qualité de Président du Conseil de sécurité pour le mois de janvier, avait invité membres et non membres du Conseil à répondre à une série de questions portant notamment sur les causes des conflits en Afrique, la coopération entre l’ONU et l’OUA, le rôle des organisations sous-régionales, les sanctions ou encore les situations humanitaires*.


En présence de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Louise Fréchette et du Secrétaire général de l’OUA et de l’Union africaine, M. Amara Essy, 32 délégations dont certaines étaient représentées au niveau ministériel**, ont, à l’instar du Ghana aujourd’hui, défendu leurs idées sur les moyens de renforcer la coopération entre l’ONU et l’OUA dans les domaines du maintien et de la consolidation de la paix et du développement.  Tout comme hier, les sept délégations, qui se sont exprimées cet après-midi, ont salué les initiatives de l’Afrique dans ces domaines en invoquant le renforcement du Mécanisme de l’OUA pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits, le processus de transformation de l’OUA en Union africaine et le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD); le représentant du Kenya faisant part des initiatives de son pays dans le cadre des processus de paix en Somalie et au Soudan. 


L’ensemble des délégations a reconnu, dans ce cadre, la nécessité pour la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité et le système des Nations Unies, à apporter l’appui requis à la mise en œuvre de ces initiatives et à renoncer au «favoritisme humanitaire» comme l’a dit le représentant de l’Inde qui a comparé la frilosité du Conseil vis-à-vis de l’Afrique à la promptitude avec laquelle il a répondu aux crises du Kosovo et du Timor oriental.  Le représentant indien a aussi stigmatisé l’attitude du Conseil qui consiste à rejeter aux pays africains l’entière responsabilité de la paix et la sécurité du continent.  Le mandat en la matière a été confié au Conseil par la Charte des Nations Unies, a souligné le représentant en appelant à l’abandon «de la tendance à la sous-traitance des conflits» qui voit le Conseil déléguer, uniquement lorsqu’il s’agit


de l’Afrique, son mandat aux organisations sous-régionales.  L’Afrique attend un appui réel et la question est la suivante : Aurez-vous la volonté politique d’agir avec détermination? a demandé aux membres du Conseil le représentant de la Libye en ajoutant « nous ne demandons que l’égalité de traitement».  Dans ce contexte, une coopération internationale accrue en matière de lutte contre les trafics illicites des armes et des ressources naturelles et de processus de désarmement et de démobilisation a été perçue comme un facteur déterminant de maintien et de consolidation de la paix en ce sens que ces fléaux sont identifiés comme les moteurs des conflits.  Sur le plan du développement, les appels ont porté sur l’allègement de la dette, l’accès aux marchés ou encore l’augmentation de l’aide publique au développement.


Concluant le débat de ces deux derniers jours, le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, M. Ibrahim Fall, a relevé les propositions faites sur les plan politique, économique, institutionnel et opérationnel.  Sur le premier plan, il a dit avoir noté un accord unanime sur la mise en œuvre des recommandations contenues dans la Déclaration du millénaire, un rôle plus actif du Conseil dans les questions de la paix et de la sécurité en Afrique, la substitution de la culture de réaction par la culture de prévention, l’adoption d’une approche globale et intégrée à la problématique de la paix, de la sécurité et du développement en Afrique, et, par conséquent, sur le renforcement du caractère multidisciplinaire des opérations de maintien de la paix en Afrique.  L’Afrique est majeure, elle connaît ses problèmes et elle a besoin d’une aide pour les résoudre, a dit, pour sa part, le Secrétaire général de l’OUA, M. Amara Essy .  L’Union africaine est une source d’espérances énormes, a-t-il ajouté en estimant qu’à l’instar de l’Union européenne, le salut de l’Afrique tient dans l’intégration.  Aujourd’hui, a-t-il encore souligné, l’Afrique a le «leadership» capable de comprendre cette donnée comme en témoigne l’adoption du NEPAD qui consacre, à juste titre, le lien entre paix et développement.


Outre le Sous-Secrétaire général, le Ghana,  l’Inde, et la Jamahiriya arabe libyenne déjà cités, les représentants de la Jamaïque, de l’Ukraine, de la Malaisie et de l’Ouganda ont pris la parole.


* Lettre datée du 10 janvier 2002, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Représentant permanent de Maurice auprès de l’ONU (S/2002/46)


**Voir communiqué de presse CS/2248 du 29 janvier 2002


LA SITUATION EN AFRIQUE


Déclarations


M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a fait valoir qu’après des années de réformes économiques douloureuses, peu de pays africains ont trouvé dans cette phase de post-libéralisation la croissance soutenue qu’ils escomptaient.  La conséquence en est que les gouvernements ne disposent pas des ressources nécessaires au financement de programmes sociaux indispensables dans les domaines de la santé ou de l’éducation.  D’autant que les problèmes sont décuplés du fait de la pandémie du VIH/sida et des autres maladies endémiques comme la tuberculose ou le paludisme.  Le délégué ghanéen a par ailleurs évoqué les efforts en cours sur le continent pour traiter des questions de gouvernance, de gestion des conflits et paix et sécurité par le biais du Nouveau Partenariat pour le développement en Afrique (NEPAD).  Il a appelé le Conseil de sécurité à coopérer avec les organes établis dans le cadre du NEPAD et avec l’Organisation de l’unité africaine (OUA). 


Le représentant s’est dit préoccupé de la tendance croissante du Conseil à se retirer des zones de conflit avant que la situation ne soit réellement stabilisée et au risque de mettre en danger le processus de paix en cours.  Aussi, a-t-il demandé que l’engagement reste total à toutes les étapes du processus de paix et, surtout, dans la phase post-conflit.  A cet égard, il a noté que, souvent, les ressources allouées au processus de réintégration des ex-combattants étaient inadéquates.  Enfin, le représentant du Ghana a plaidé en faveur d’une plus grande coopération entre l’ONU et l’OUA et avec les organismes régionaux que sont la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), en envisageant de renforcer les capacités de ces deux dernières au maintien de la paix.


Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) s’est félicitée du rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits et la promotion d’une paix durable en Afrique ainsi que de ce débat qui souligne la nécessité d’une meilleure collaboration entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales.  Elle a souligné la nécessité pour les gouvernements, les Nations Unies et les organisations régionales d’adopter une approche intégrer pour apporter des solutions durables notamment en matière de prévention des conflits, de restauration de la paix et de la sécurité et de promotion du développement économique et social.  Car, a-t-elle ajouté, il existe de toute évidence un lien étroit entre la persistance des problèmes économiques et la prolifération des conflits.  Dans ce contexte, Mme Durrant a salué l’initiative du Secrétaire général de mettre en place un bureau du Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest. 


En ce qui concerne les situations de conflits, la représentante de la Jamaïque s’est félicitée des progrès notables réalisés en Sierra Leone, en Ethiopie et en Erythrée, ainsi qu’en République démocratique du Congo tout en regrettant certaines insuffisances en ce qui concerne les situations en Angola, en Somalie et au Soudan.  Elle a également souligné la nécessité d’une aide au développement adéquate pour les pays sortant de situations de conflit.  Dans le même ordre d’idées, elle a appelé le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social à mettre en oeuvre les recommandations du rapport du Secrétaire général sur la prévention des conflits armés.  Par ailleurs, Mme Durrant a considéré que les pays développés devraient saisir l’opportunité offerte par la tenue du Sommet sur le financement du développement en mars 2002 à Monterrey (Mexique) pour s’engager dans la prévention des conflits armés et la paix durable dans le monde et, en particulier en Afrique.   En conclusion, elle a cité en exemple la volonté politique avec laquelle a été traitée récemment la question du terrorisme international, en formant le vœu que la communauté internationale puisse faire preuve de la même volonté et de la même détermination pour aborder les problèmes liés aux causes des conflits, comme la pauvreté et le sous-développement. 


M. KAMALESH SHARMA (Inde) a appelé les partenaires de l’Afrique à soutenir le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) pour permettre à ce continent d’atteindre ses objectifs de développement.  Plus que le maintien de la paix c’est la marche du progrès qu’il faut assurer, car il sera le meilleur garant de la paix, a-t-il précisé.  Dans le même ordre d’idées, il a appelé la communauté internationale à mettre en oeuvre les recommandations du Sommet du millénaire.  En ce qui concerne tout particulièrement les opérations de maintien de la paix, M. Sharma a regretté que l’Afrique n’obtienne pas l’attention qu’elle mérite.  A cet égard, il a souligné la prudence extrême qui a marqué la mise en place de la Mission d’observation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC), et qui est en contradiction avec la promptitude avec laquelle les Nations Unies ont répondu aux crises du Kosovo et du Timor oriental.  Néanmoins, il s’est félicité de la coopération en cours entre les Nations Unies et l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et du nombre croissant de pays africains fournissant des troupes aux opérations de maintien de la paix, en particulier en Afrique. 


Faisant référence au commerce illicite des armes légères et de petit calibre, le représentant a demandé qu’à l’instar de ce qui a été proposé pour combattre le trafic illicite des drogues et le transfert illégal des diamants, un contrôle soit exercé à la source et la communauté internationale dans son ensemble s’engage à ne pas livrer d’armes à des groupes non-étatiques.  Dans le cadre des situations post-conflictuelles de conflits internes, il a souligné la nécessité pour le Conseil de sécurité d’adopter une approche intégrée multidisciplinaire dans les domaines de la justice, du développement économique et du progrès social.  Mais le plus important, a-t-il ajouté, est de reconnaître que le meilleur ingrédient pour une solution durable aux conflits est d’assurer le progrès économique.  C’est pourquoi, nous attachons la plus grande importance à la coopération technique et économique avec l’Afrique, a déclaré M. Sharma.  Dans ce contexte, le représentant de l’Inde a précisé que son pays avait déjà adressé à plus de 15 000 militaires africains une formation dans des domaines comme la banque, le commerce international, les communications, l'électronique ou encore l’agriculture.  En conclusion, il a formé le vœu que ces délibérations puissent permettre au Conseil de sécurité et à la communauté internationale de mieux répondre aux problèmes de l’Afrique et notamment aux questions relatives à la paix et à la sécurité internationales.


M. VALERIY KUCHINSKY (Ukraine) a qualifié d’unique la présente discussion sur la situation en Afrique au sein du Conseil de sécurité, dans la mesure où elle offre l'occasion de recentrer l'attention et l'engagement de la communauté internationale sur un renforcement de la paix et de la sécurité dans cette région.  Les conflits en Afrique constituent à ce jour un des plus grands défis qui se posent aussi bien au continent africain qu'à la stabilité mondiale, a-t-il estimé.  A cet égard, il a noté des évolutions positives, tout en rappelant les nombreux conflits armés qui subsistent ainsi que les problèmes de reconstruction de la paix après les conflits, comme en Guinée-Bissau et en République centrafricaine.  Rendant hommage à la contribution du Conseil de sécurité dans ce domaine, il a relevé que celui-ci avait donné l'occasion à de nombreux dirigeants d'échanger leurs points de vue et d'attirer une plus grande attention sur les sujets brûlants concernant ce continent.  Le débat d'aujourd'hui devrait donner un nouvel élan à l'action internationale en faveur de l'Afrique.


L'Ukraine a toujours fait preuve de détermination quant à sa contribution concrète aux efforts internationaux de paix en vue de résoudre les conflits en Afrique, a indiqué M. Kuchinsky, rappelant la participation d'Ukrainiens aux opérations de maintien de la paix.  Il a estimé que la nature complexe des conflits en Afrique appelle une réponse générale et intégrée, ainsi qu'une action tant de la part du Conseil de sécurité que des autres institutions des Nations Unies.  Il a aussi indiqué soutenir la politique de l'Union européenne pour promouvoir une culture de paix.  En ce qui concerne les efforts de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et des autres organismes régionaux et sous-régionaux, le représentant ukrainien a considéré que la communauté internationale doit continuer à les soutenir.  Son pays a d'ailleurs proposé de collaborer avec l'OUA aux efforts de développement en Afrique.  La rencontre du Secrétaire d'Etat ukrainien aux affaires étrangères avec le Secrétaire général de l'OUA, en janvier dernier, illustre bien cette coopération.


M. ABUZER OMAR DORDA (Jamahiriya arabe libyenne) a cité les conflits, les rivalités, l’endettement, les maladies, les pressions extérieures et même les excès de la nature dont souffre l’Afrique et qui sont autant de raisons pour justifier l’urgence du débat d’aujourd’hui et des réponses à trouver.  Dans ce contexte, il a déclaré qu’il fallait être conscient que ces situations étaient pour la plupart le fruit d’une histoire particulière que l’Afrique a eue à subir.  Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il faille les accepter et ne rien entreprendre, a-t-il ajouté.  Le représentant a également lancé un appel à la communauté internationale pour accorder une attention particulière à l’Afrique, tout en précisant que son pays déploie des efforts considérables pour promouvoir la stabilité et le développement sur ce continent.  Parmi les actions menées, il a évoqué l’initiative lancée par la Libye pour la réconciliation et la paix au Soudan qui a abouti à amener à la table des négociations toutes les parties au conflit.  Dans le même ordre d’idées, il a également souligné les efforts de son pays dans les négociations de paix menées dans différents pays africains comme la République centrafricaine, le Burundi, la Somalie ou encore la Sierra Leone.


En ce qui concerne la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre, le représentant libyen a insisté sur le rôle joué par son pays dans le financement de la démobilisation et du désarmement de tous les combattants en Somalie.  Nous contribuons également au financement de nouvelles infrastructures dans ce pays, a-t-il encore précisé.  Pour ce qui est du domaine du maintien de la paix, il a demandé que l’Afrique soit traitée comme les autres régions du monde en souhaitant que des ressources adéquates et conséquentes soient trouvées pour financer les missions de maintien de la paix en Afrique.  Par ailleurs, il a demandé au Conseil de sécurité d’appuyer les requêtes et initiatives des organisations régionales et  sous-régionales africaines en matière de développement.  Evoquant le fardeau de la dette du continent africain, il a dénoncé la responsabilité du colonialisme qui a donné lieu à un véritable gaspillage des ressources africaines et a appelé la communauté internationale, et les pays développés en particulier, à faire face à leurs obligations dans ce domaine.   


M. HASMY AGAM (Malaisie) a rappelé que le rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique identifie bien les causes des conflits sur le continent.  Il a jugé que le plus important pour le Conseil et les Nations Unies en général était, à défaut d’éliminer ces causes, tout au moins de les réduire afin de prévenir les risques de conflits futurs.  Dans le même temps, les organes et institutions concernées de l’ONU doivent être pleinement engagés dans les processus de consolidation de la paix dont le succès est tout aussi vital que les processus de paix eux-mêmes.  S’il incombe en premier lieu aux pays africains de traiter les questions africaines, y compris la gestion de leurs conflits, a poursuivi le délégué, les autres membres de la communauté internationale doivent, pour leur part, faire tout ce qui est en leur pouvoir pour appuyer les efforts des pays africains, dans la mesure où l’instabilité et l’insécurité en Afrique affectent, directement ou indirectement, la communauté mondiale.  Dans un monde aussi interdépendant, l’appel de l’Afrique mérite une réponse positive de la part de la communauté internationale, et en particulier des Nations Unies et autres organismes pertinents. 


De l’avis de la délégation de la Malaisie, le suivi des actions par toutes les parties concernées, y compris l’ONU et le Conseil, est essentiel.  Les problèmes que connaît l’Afrique exigent que les membres du Conseil de sécurité fassent preuve d’une véritable volonté politique, qu’ils prennent les mesures nécessaires et qu’ils en assurent leur suivi.  Faute de quoi, a-t-il prévenu, il y a un risque réel d’inaction, d’indécision et de paralysie du Conseil.  Le représentant de la Malaisie a donc appelé les membres du Conseil, notamment les membres permanents qui disposent d’un droit de veto, à accorder la priorité aux  intérêts de l’ensemble de la communauté.


M. BOB F. JALANG’O (Kenya) a déclaré que ce débat était une manifestation de l’intérêt des Nations Unies et du Conseil de sécurité en particulier dans la recherche d’une paix et d’un développement durables en Afrique.  Néanmoins, il a regretté que, depuis la Déclaration du millénaire qui a engagé la responsabilité du monde à l’égard des problèmes africains, aucune évolution n’ait été notée dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, la pandémie du VIH/sida et d’autres maladies, le poids de la dette ou encore le commerce illicite des armes légères ou de petit calibre.  A cet égard, il a fait observer que cette journée était beaucoup trop courte et que davantage de temps devait être accordé à l’Afrique et à l’étendue de ses problèmes. 


Par ailleurs, le représentant du Kenya a attiré l’attention sur trois domaines particuliers que sont la situation en Somalie, les accords de paix au Soudan et la mise en oeuvre du Programme d’action de la Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.  En ce qui concerne la Somalie, il a précisé qu’à l’issue d’une rencontre tenue à Nairobi du 13 au 24 décembre 2001, les parties en conflit ont approuvé la mise en place d’un gouvernement commun sur la base d’un partage de pouvoir équitable entre les clans et du renoncement à la violence, accompagné d’un désarmement et d’une réhabilitation sous les auspices des Nations Unies.  S’agissant du Soudan, M. Jalang’o a souligné les progrès accomplis sous l’égide du Sommet de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) qui s’est tenu à Nairobi en juin 2001 avec la participation des Présidents du Soudan, de l’Ouganda, de Djibouti, de l’Ethiopie ainsi que du président du Mouvement de libération du peuple soudanais.  En ce qui concerne la lutte contre le commerce illicite des armes légères ou de petit calibre, il a regretté qu’aucun progrès n’ait pu être enregistré.  Dans ce contexte, il a appelé à la mise en oeuvre des programmes d’action en la matière.  En conclusion, le représentant a appelé la communauté internationale à appuyer la transition de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) vers l’Union africaine et à soutenir le Nouveau Partenariat pour le développement (NEPAD) dans le but d’atteindre les objectifs de la Déclaration du millénaire. 


M. SEMAKULA KIWANUKA (Ouganda) a rappelé que son pays est en première ligne du processus d’unification et d’intégration régionale de l’Afrique et, dans ce contexte, il s’est félicité de l’inauguration de l’Assemblée de l’Afrique de l’Est ainsi que de la création d’une cour d’appel pour l’Afrique de l’Est constituée de juges de trois pays.  La levée progressive des tarifs douaniers est également une avancée importante.  Cependant, l’Afrique doit choisir la voie de l’industrialisation et tenter de régler les conflits qui freinent son expansion.  Le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) est, à cet égard, un moyen d’établir de nouvelles relations entre l’Afrique et le reste du monde.  Il permettra également d’améliorer les infrastructures et le cadre microéconomique africains et de dépasser la « balkanisation excessive » des 53 pays d’Afrique par la création de blocs économiques tels que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) 


Le représentant a également estimé que d’importantes réformes doivent être menées dans les pays développés en matière de subventions accordées au secteur de la production et de l’exportation agricoles dans la mesure où, par exemple, les agriculteurs ougandais n’ont pas de place dans le contexte de la production et du commerce agricole mondial.  Par conséquent, M.Kiwanuka a lancé un appel en faveur de l’abandon des politiques protectionnistes, en particulier dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).  En ce qui concerne le règlement des conflits, le Conseil de sécurité devrait jouer un rôle plus actif, notamment en République démocratique du Congo et au Burundi.  Il est néanmoins encourageant de constater, a conclu le représentant, que le Conseil continue d’oeuvrer en étroite coopération avec les dirigeants régionaux afin de faciliter le dialogue intercongolais et d’accélérer le processus de désarmement, de démobilisation, de réinsertion, de rapatriement et de réintégration. 


M. IBRAHIM FALL, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, s’est félicité de la richesse des débats qui se sont succédés durant ces deux jours.  A ce sujet, il a noté quatre séries de déclarations.  Tout d’abord, celles de portée générale sur la situation en Afrique en général ou certaines régions en particulier, puis celles sur les politiques nationales en faveur de l’Afrique, ensuite celles concernant l’action du Conseil de sécurité en Afrique, et enfin une série de propositions d’initiatives et d’action du Conseil de sécurité pour l’avenir.  Il a classé  les conclusions en  trois niveaux : politique, institutionnel et opérationnel.


Celles de nature politique s’articulent tout d’abord autour d’un accord unanime pour demander la mise en oeuvre rapide de la Déclaration du millénaire sur les questions africaines.  M. Fall a également noté le souhait de voir le Conseil de sécurité jouer un rôle plus actif par un engagement plus résolu, à temps, sans sélectivité avec des forces et des ressources en adéquation avec les réalités à l’image de ce qui est entrepris ailleurs dans le monde.  Dans le même ordre d’idées, il a partagé l’unanimité sur la nécessité de passer d’une politique de réaction à une politique de prévention.  En outre, il a relevé que les délégations souhaitaient que le Conseil adopte  une approche globale et intégrée de la problématique de la paix et du développement en Afrique, et renforce le caractère multidisciplinaire des opérations de maintien de la paix en Afrique.  Enfin, il a relevé les attentes pour des mesures qui permettent de mettre un terme à la prolifération des armes légères en accord avec la Déclaration de Bamako et des dispositions de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest sur cette question.  Enfin, sur le plan économique, il a noté les demandes unanimes pour que soit soutenu le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD).


S’agissant des conclusions d’ordre institutionnel, M. Fall a relevé la volonté de : renforcer sur le plan institutionnel le cadre de coopération entre le Conseil de sécurité et du Conseil économique et social, de créer un cadre de coopération consultatif entre le Conseil de sécurité et l’organe central de l'Organisation de l'unité africaine chargé des questions de maintien de la paixd’ établir un point focal pour la coordination des activités multisectorielles des Nations Unies en Afrique, d’améliorer la coopération entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods en matière de paix et de développement en Afrique, et enfin de soutenir les organisations régionales et sous régionales de l'OUA.


Evoquant les conclusions d’ordre opérationnel, M. Fall a déclaré que le temps de l’action avait sonné.  A cet égard, il a cité la volonté de voir rapidement mises en œuvre les déclarations et résolutions déjà adoptées par le Conseil de sécurité relatives à la coopération entre l'OUA et le Conseil de sécurité, l’établissement au niveau du Conseil de sécurité d’un groupe de travail sur l’Afrique avec un mandat clair et orienté vers l’action, davantage de visites de Conseil de sécurité sur le terrain - tout particulièrement en ce qui concerne les opérations de maintien de la paix -,  la mise en place d’un mécanisme de suivi des sanctions appliquées par le Conseil de sécurité, ainsi que le souci de voir ces sanctions ciblées afin de préserver les populations civiles.  Enfin, Le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques a relevé la volonté de voir mis en œuvre un mécanisme structurel de coopération entre l’OUA et le Comité antiterrorisme du Conseil de sécurité en accord avec la Déclaration d’Alger sur la lutte contre le terrorisme.  Il a relevé la déficience du financement  des opérations dites des DDR, en particulier les volets «réinsertion et reconstruction» et le souhait d’obtenir des ressources plus visibles pour éviter les syndromes du Libéria et de Guinée-Bissau.  Il a en outre relevé l’accueil favorable de la proposition de l’ECOSOC de créer un groupe consultatif sur le pays émergeant d’une situation de conflit.


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