CS/2242

LE CONSEIL ENCOURAGE L’ETHIOPIE ET L’ERYTHREE A FAIRE PREUVE D’UNE PLUS GRANDE SOUPLESSE DANS LEUR APPROCHE DU PROCESSUS DE PAIX

16/01/02
Communiqué de presse
CS/2242


Conseil de sécurité

4450e séance – soir


LE CONSEIL ENCOURAGE L’ETHIOPIE ET L’ERYTHREE A FAIRE PREUVE D’UNE PLUS GRANDE SOUPLESSE DANS LEUR APPROCHE DU PROCESSUS DE PAIX


Il confirme son intention d’envoyer une mission dans les deux pays en février 2002


Le président du Conseil de sécurité pour le mois de janvier, M. Jagdish Koonjul (Maurice), a fait ce soir, au nom des quinze membres, la déclaration suivante sur la situation en Ethiopie et en Erythrée :


1.    Le Conseil de sécurité, rappelant toutes ses résolutions et les déclarations antérieures de son Président concernant la situation en Éthiopie et en Érythrée, accueille favorablement le rapport intérimaire du Secrétaire général en date du 13 décembre 2001 (S/2001/1194).


2.    Le Conseil réaffirme l’attachement de tous les États Membres à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Éthiopie et de l’Érythrée. Il réaffirme également son appui résolu à l’Accord de paix global entre le Gouvernement de l’État d’Érythrée et le Gouvernement de la République fédérale démocratique d’Éthiopie, signé à Alger le 12 décembre 2000 (S/2000/1183) ainsi qu’à l’Accord de cessation des hostilités (S/2000/601) signé à Alger le 18 juin 2000, qui l’a précédé (ci-après dénommés collectivement les Accords d’Alger). Le Conseil réaffirme sa détermination inébranlable à contribuer à l’achèvement du processus de paix.


3.    Le Conseil de sécurité attend avec intérêt la détermination du tracé de la frontière par la Commission de tracé des frontières, dont les décisions sont définitives et contraignantes. Le Conseil souligne qu’en vertu de l’article 4.15 de l’Accord de paix global (S/2000/1183), que la communauté internationale appuie pleinement, les parties se sont engagées à accepter sans réserve le tracé qui aura été arrêté par la Commission.


4.    Le Conseil de sécurité note que malgré les questions en suspens, la situation dans la Zone de sécurité temporaire (ZST) est demeurée calme et que l’acquis considérable enregistré à ce jour dans le processus de paix a été préservé.


5.    Le Conseil de sécurité réitère son ferme appui à la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE) et demande aux parties de coopérer sans réserve avec la Mission.


6.    Le Conseil de sécurité note que la MINUEE a démontré le caractère infondé des allégations récemment formulées par les parties, notamment concernant un renforcement de la présence militaire dans la ZST et dans les zones adjacentes au nord de la ZST. Le Conseil se félicite que depuis quelque temps les parties aient moins recours à la guerre des mots et il les encourage à continuer de désamorcer la tension et de faire preuve d’une plus grande souplesse dans leur approche du processus de paix.


7.    Le Conseil de sécurité note que l’Érythrée a commencé à autoriser la MINUEE à se rendre dans la zone adjacente au nord de la ZST sous réserve de notification 24 heures à l’avance et demande de nouveau à l’Érythrée d’accorder à la MINUEE toute la liberté de mouvements dont elle a besoin dans cette zone afin, en particulier, de permettre la surveillance des forces érythréennes redéployées et, partant, de donner suite plus rapidement à toute allégation, ce qui favoriserait la confiance mutuelle.


8.    Le Conseil de sécurité demande en outre à l’Érythrée de communiquer l’importance, les effectifs et le déploiement de sa milice et de sa police à l’intérieur de la ZST et de s’abstenir de tout déploiement à proximité de la limite sud de la ZST, ce qui favoriserait la confiance mutuelle.


9.    Le Conseil de sécurité demande de nouveau à l’Érythrée de conclure avec le Secrétaire général l’accord sur le statut des forces. Il note à cet égard que le modèle d’accord sur le statut des forces, qui figure dans la résolution 1320 (2000) en date du 15 décembre 2000, a pris effet.


10.   Le Conseil de sécurité prend note des renseignements communiqués par l’Éthiopie concernant les mines et lui demande de communiquer à la MINUEE des renseignements complémentaires sur les types de mines utilisées dans la ZST et dans les zones adjacentes, ainsi que des données plus précises sur les champs de mines déjà déclarés par les forces armées éthiopiennes, en vue de faciliter le retour dans leurs foyers des personnes déplacées et les travaux prochains d’abornement.


11.   Le Conseil de sécurité regrette qu’aucun progrès n’ait été fait concernant l’instauration d’un itinéraire de vol direct à haute altitude entre Asmara et Addis-Abeba pour la MINUEE. Il note avec une profonde préoccupation que l’itinéraire rallongé que la MINUEE peut actuellement emprunter entre les deux capitales a des incidences importantes sur les plans de la sécurité, de la logistique et du financement. Le Conseil demande de nouveau aux parties de collaborer avec le Représentant spécial du Secrétaire général dans un esprit de compromis afin de régler la question à l’avantage mutuel de tous.


12.   Le Conseil de sécurité, soulignant combien sont nécessaires les mesures d’instauration de la confiance, demande aux parties de libérer et de remettre sans condition et sans plus tarder, sous les auspices du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), tous les prisonniers de guerre encore détenus et de libérer toutes les personnes détenues par suite du conflit armé, conformément au droit international humanitaire et aux Accords d’Alger. À cet égard, le Conseil se félicite qu’hier 25 prisonniers de guerre éthiopiens détenus par l’Érythrée aient été rapatriés sous les auspices du CICR. Le Conseil encourage les autorités et la société civile éthiopiennes et érythréennes à traiter avec humanité et sans discrimination les ressortissants et les personnes originaires de l’autre pays dans leurs territoires respectifs.

13.   Le Conseil de sécurité, invitant les parties à verser de nouvelles contributions au titre de leurs responsabilités concernant le financement de la Commission de tracé des frontières, se déclare résolu à appuyer la démarcation concrète de la frontière. Il attend avec intérêt les recommandations que le Secrétaire général doit bientôt formuler à ce sujet.


14.   Le Conseil de sécurité, tout en exprimant sa gratitude aux États Membres qui ont déjà versé des contributions volontaires, demande à ceux qui sont en mesure de le faire de renforcer leur appui au processus de paix afin d’améliorer une situation humanitaire difficile et, lorsque les conditions le permettent, de contribuer à la reconstruction et au développement dans les deux pays, notamment en versant des contributions selon les modalités suivantes :


a)    Procédure d’appel global des Nations Unies pour 2002;


b)    Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour le processus de paix en Éthiopie et en Érythrée; et, à la lumière du paragraphe 13 ci-dessus;


c)    Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la délimitation et la démarcation de la frontière créé par la résolution 1177 (1998).


15.   Le Conseil de sécurité confirme son intention d’envoyer une mission dans les deux pays en février 2002.


Au titre de l’examen de cette question, le Conseil était saisi d’un rapport du Secrétaire général.



Rapport du Secrétaire général sur l’Ethiopie et l’Erythrée (S/2001/1194)


Ce rapport, soumis en application de la résolution 1369 (2001) du Conseil de sécurité en date du 14 septembre 2001, rend compte des faits nouveaux sur les plans politique, militaire, humanitaire et sur celui des droits de l’homme, ainsi que du déploiement et des activités de la Mission des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE) depuis le 5 septembre 2001.


Dans sa résolution 1369 (2001) du 14 septembre 2001, le Conseil de sécurité a décidé de proroger pour une période de six mois – à savoir jusqu’au 15 mars 2002 – le mandat de la MINUEE, réaffirmant avec énergie sa position sur un certain nombre de questions fondamentales liées au processus de paix.  Toutefois, en dépit de ses nombreux appels aux parties, le Conseil n’a malheureusement pas été entendu.  Les entretiens privés qu’ils ont eus le 16 novembre avec le Ministre des affaires étrangères de l’Ethiopie, puis avec celui de l’Erythrée, ont offert aux membres du Conseil de sécurité une excellente occasion de faire directement part aux parties de leurs positions et de leurs préoccupations quant au processus de paix.  Pour sa part, le Secrétaire général a profité de la présence des deux ministres à New York pour encourager leurs gouvernements à coopérer étroitement avec son Représentant spécial, M. Legwaila Joseph Legwaila, et à résoudre rapidement toutes les questions restant à régler.  Le Secrétaire général se félicite à cet égard des entretiens de haut niveau que le Secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) a eus en Erythrée pour son appui au processus de paix et pour le précieux concours que l’OUA apporte à la Commission militaire de coordination.


S’agissant de la situation en matière de sécurité, le Secrétaire général fait observer que si les parties sont encore en désaccord sur les limites exactes de la Zone de sécurité temporaire, elles les respectent en fait sur le terrain.  Pendant ce temps, la Mission patrouille et contrôle dans toute la Zone, ce qui est un facteur de stabilisation non négligeable.  La grande majorité des déplacés sont rentrés chez eux ou sont en voie de le faire et les premières moissons d’après le conflit ont eu lieu.  L’Ethiopie, qui travaille avec le Centre de coordination de l’action antimines, a récemment fourni des renseignements supplémentaires sur les champs des mines, initiative qui facilitera le déminage et, par-là, le retour des déplacés que les mines empêchent encore de rentrer chez eux..  Le Secrétaire général regrette toutefois que la tension se soit considérablement accrue dans la zone d e la Mission, chacune des deux parties accusant l’autre d’accumuler des forces militaires.  Elles accusent de surcroît la Mission, sans aucun fondement, de poursuivre une politique d’ « apaisement » et de ne pas s’intéresser aux violations.  La Mission, insiste le Secrétaire général, n’a pu trouver trace, malgré les meilleurs renseignements disponibles, d’une accumulation notable de moyens militaires par l’Erythrée.  Il convient aussi d’insister dans les termes les plus clairs sur le fait que la MINUEE doit être en mesure de se déplacer librement dans les secteurs adjacents au nord de la Zone, selon l’article 13 de l’Accord sur la cessation des hostilités, afin de pouvoir faire des recherches sur les plaintes qu’elle reçoit et apaiser les rumeurs comme celles qui ont circulé récemment.  Pour les mêmes raisons, il est d’une importance décisive que l’Erythrée fasse connaître l’effectif, la puissance et le dispositif de sa milice


et de sa police à l’intérieur de la Zone de sécurité temporaire et qu’elle s’abstienne de mettre en place des unités de police ou de milice près de la frontière sud de la Zone, ce qui ne ferait qu’accroître les tensions.  La position de l’Erythrée, souligne M. Kofi Annan, n’est pas compatible avec l’obligation de transparence, dont le respect est déterminant pour la confiance entre les deux parties.


Le Secrétaire général appelle une fois encore l’Erythrée pour qu’elle apporte sa pleine coopération à la MINUEE, notamment en lui laissant une entière liberté de mouvement dans les secteurs adjacents au nord de la Zone, de sorte que l’Ethiopie, et le Conseil de sécurité lui-même, puissent être certains que l’Erythrée n’a pas d’autre intention que d’accomplir pleinement les obligations qui lui incombent dans le cadre du processus de paix.  En même temps, il invite instamment les deux parties à faire preuve de réserve afin de servir la cause de la paix.  Si la libération récente des prisonniers de guerre malades par les deux Gouvernements est louable, il convient de rappeler à l’Ethiopie et à l’Erythrée qu’elles sont tenues par l’Accord de paix d’Alger et les principes du droit international humanitaire, de libérer sans retard tous les autres prisonniers de guerre.  Les parties devraient aussi faciliter d’urgence la mise en place d’un corridor aérien, selon l’itinéraire le plus pratique, entre Addis-Abeba et Asmara.  Pour sa part, l’Erythrée doit signer sans plus tarder l’accord sur le statut des forces avec les Nations Unies.  Au moment où la Commission du tracé de la frontière est sur le point de rendre sa décision, il est vital pour les parties qu’elles consolident la paix entre elles, avec les encouragements actifs du Conseil de sécurité et des garants de l’Accord d’Alger.  C’est dans cette optique que le Secrétaire général en appelle aussi aux Etats Membres concernés pour qu’ils continuent à aider l’Ethiopie et l’Erythrée à surmonter leurs difficultés humanitaires et à s’engager sur la voie de la reconstruction et du développement.


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