LA CONFERENCE DE DURBAN SE VOIT PRIER D'INTEGRER AUX RESULTATS DE SES TRAVAUX LA DECLARATION DU FORUM DES ONG
DR/D/946
05 septembre 2001
LA CONFÉRENCE DE DURBAN SE VOIT PRIER D’INTÉGRER AUX RÉSULTATS
DE SES TRAVAUX LA DÉCLARATION DU FORUM DES ONG
Durban (Afrique du sud), le 5 septembre -- Poursuivant son débat général par l’audition de plusieurs organisations non gouvernementales (ONG), la Conférence mondiale de Durban contre le racisme a entendu cet après-midi l’une d’elle lui présenter les résultats du Forum des ONG, réuni parallèlement à la Conférence, qui s’est achevé dimanche dernier. Il a été recommandé à la Conférence par les ONG d’intégrer les résultats de leur Forum à la déclaration et au programme d’action que la Conférence devrait adopter à l’issue de ses travaux qui se terminent dans deux jours conformément à son calendrier.
Dans leur déclaration les ONG, soulignent que l’esclavage, le commerce des esclaves, le colonialisme et l’occupation étrangère ont créé des injustices dont les conséquences continuent de se faire sentir jusqu’à aujourd’hui. Elles reconnaissent le droit des victimes à une réparation sous toutes ses formes.
La déclaration du Forum réaffirme le droit des Palestiniens à l’autodétermination et au retour de ces derniers dans le foyer conformément à la résolution 194 (III) des Nations Unies. La déclaration met également l’accent sur les violations des droits de l'homme, la discrimination et les persécutions dont sont victimes des groupes cibles tels que les Roms, les Kurdes, les Juifs, les peuples du Caucase, de l’Asie centrale, de l’ancienne Yougoslavie et de la Tchétchénie. Elle souligne que les autochtones sont détenteurs de droits individuels et collectifs parmi lesquels figurent le droit à l’autodétermination, le droit légitime d’exercer un contrôle sur leurs ressources, ainsi que le droit de transmettre aux futures générations leurs territoires et identités ancestraux.
Les ONG réaffirment le droit à l’autodétermination de tous les peuples -y compris les peuples hawaïen, kurde et cachemiri, ainsi que les peuples de la partie occidentale de Sumatra et de la Papouasie occidentale, les Sri-lankais, les Tamouls, les Tibétains, les Roms et les peuples des territoires non indépendants des Amériques tels que Porto Rico, la Martinique et la Guadeloupe. Elle reconnaît le trafic d’êtres humains comme une forme contemporaine d’esclavage et souligne qu’il persiste à travers le monde dans plusieurs pays parmi lesquels la Mauritanie, le Soudan, le Cameroun et le Niger.
Une ONG a présenté devant la Conférence les conclusions du Sommet des jeunes, qui s’est réuni à Durban les 26 et 27 août dernier, telles qu’elles figurent dans la Déclaration de la jeunesse adoptée à l’issue de ce Sommet. Ces conclusions mettent l’accent sur le rôle clef que devra jouer la jeunesse en matière de lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance. Ces thèmes ont du reste dominé les interventions des ONG devant la Conférence cet après-midi qui ont dénoncé l’occupation étrangère comme créant des conditions propices à l’épanouissement des formes les plus abominables de racisme et de discrimination comme en témoignent notamment les situations en Palestine et au Tibet, ont-elles précisé. Nombre d’ONG ont attiré l’attention sur les discriminations dont sont victimes un certain nombre de groupes cibles parmi lesquels on peut citer les femmes, les autochtones, les descendants d’Africains et les personnes handicapées. Ont également été dénoncées les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle et sur la religion.
Les représentants des ONG suivantes ont pris la parole : International Steering Committee, International Youth Committee, Women’s Caucus, Sexual Orientation Caucus, Linkage Caucus, Religious and Spiritual Caucus, Education Caucus, International and Oecumenical Caucus, Disability Caucus, African Descendants Caucus,Indigenous People Caucus, Tibetan Centre for Human Rights and Democraty (au nom de plusieurs autres ONG), Organization for Defending Victims of Violence, Centro de Culturas Indias y del Taller Permanente de Mujeres Indigenas Andinas y Amazonias del Peru (CHIPARAQ), Mehr White Home, Suara Rakyat Malaysia (SUARAM), Centre for Development Alternatives.
Sont également intervenus les représentants des institutions nationales de droits de l'homme des Fidji, du Sénégal, du Venezuela et du Ghana.
La Turquie et le Mexique ont pris la parole. Le Sénégal et l’Australie sont également intervenus pour réfuter certaines des conclusions auxquelles sont parvenus le Forum des ONG et le Sommet des jeunes.
La Chine et la Mauritanie ont exercé leur droit de réponse, la première pour rejeter les accusations portées contre elle par une ONG du Tibet et la seconde pour réfuter l’une des conclusions du Forum des ONG qui accuse nommément la Mauritanie de faire partie des Etats perpétuant encore certaines formes d’esclavage.
La Conférence mondiale poursuivra son débat général demain matin, à 10 heures.
CONFÉRENCE MONDIALE CONTRE LE RACISME, LA DISCRIMINATION RACIALE, LA XÉNOPHOBIE ET L’INTOLÉRANCE QUI Y EST ASSOCIÉE
Déclarations
Le représentant de la Turquie a souhaité faire une déclaration concernant la participation de l’administration chypriote grecque aux travaux de la Conférence. Il a rappelé que la République de Chypre a été créée en 1960 mais qu’elle a cessé d’exister en 1963 lorsque la partie grecque chypriote a abrogé partiellement sa Constitution. Les Chypriotes turcs n’ont jamais reconnu cette partition tout comme la Turquie qui estime qu’il n’est pas d’autorité qui puisse représenter les deux parties, chypriote grecque et chypriote turque, encore moins la partie chypriote grecque. Nous ne reconnaissons pas la République de Chypre par notre participation à cette Conférence a conclu le représentant.
Mme SHAMEEN SHAISTA, Directrice de la Commission des droits de l’homme de Fidji : Quand les Etats ou les gouvernements donnent suite aux préjugés dans leurs politiques en établissant des inégalités, ils perpétuent le racisme et la discrimination. Depuis l’adoption de la Convention sur l’élimination de la discrimination raciale`sous toutes ses formes, la Commission axe ses efforts sur les domaines de l’éducation. Sans la contribution des institutions nationales, la promotion des droits de l’homme ne peut être assurée de manière efficace. Nous sommes attachés au respect des droits de l’homme, indépendamment de leur origine, race, couleur, sexe ou religion.
M. ALIOUNE NDIAYE, Secrétaire permanent du Comité des droits de l'homme du Sénégal : Les efforts déployés jusqu’ici pour lutter contre le racisme n’ont pas permis d’éradiquer ce fléau de la surface de la Terre. Il convient de rappeler que la Déclaration de 1978 de l’Unesco sur la race et les préjugés raciaux stipule que tous les êtres humains appartiennent à la même espèce et proviennent de la même souche, ce qui fait écho aux résultats des recherches scientifiques ayant prouvé que les théories racistes n’avaient aucune base scientifique.
La traite négrière a contribué à appauvrir l’Afrique et à enrichir l’Occident. Le pardon pour ces pratiques doit absolument s’accompagner de la reconnaissance par la communauté internationale de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. Il convient de relever que 80% des ressources mondiales sont concentrés entre les mains de 20% seulement de la population mondiale. Les préjugés raciaux ont la vie dure chez ces derniers. Les réparations pour les pratiques de l’esclavage et de la traite des esclaves pourraient prendre la forme d’une mobilisation des investissements étrangers directs en faveur de l’Afrique et d’une réduction voire d’une annulation de la dette.
M. GERMAN SALTRON NEGRETTI, Directeur général du service de l’aide juridictionnelle du Venezuela : Notre service a pour tâche de garantir le respect des lois nationales et règlements internationaux auxquels le Venezuela est partie. Il correspond au service du Médiateur ou de l’Ombudsman et est totalement indépendant des autres institutions judiciaires et administratives. Notre pays est une mosaïque culturelle, ethnique et religieuse et les droits des communautés autochtones sont reconnus par la Constitution. Nous luttons pour que cette Constitution soit mise en pratique et c’est là la mission de notre service. Le Venezuela reconnaît également la double nationalité qui garantit le respect des droits des binationaux. Nous espérons que le programme d’action renforcera les droits de l’homme et servira la cause de la paix dans le monde.
M. KENNETH ATTAFUAH, Directeur de la Commission des droits de l’homme et de la justice administrative du Ghana : La Commission et les groupes de la société civile luttent contre les différentes formes de discrimination et le racisme en élaborant des mesures de prévention. L’esclavage, la traite négrière transatlantique constituent la négation de l’être humain. La Commission est solidaire avec tous les peuples dans leur lutte contre le racisme et l’autodétermination. Elle continue de lutter contre la xénophobie dirigée à l’encontre de ressortissants du Libéria et de la Sierra Leone. Les autorités compétentes dans le domaine de l’éducation doivent prendre des mesures visant à prévenir la discrimination sous toutes ses formes dans les établissements scolaires. Les recommandations formulées par les institutions des droits de l’homme doivent être mises en œuvre rapidement. La Commission exhorte les institutions nationales des droits de l’homme à assumer leur rôle en garantissant le suivi de la Conférence de Durban.
La représentante de l’International Steering Committee a présenté les résultats du Forum des organisations non gouvernementales (ONG) qui s’est tenu parallèlement aux travaux de la Conférence de Durban. Ces résultats reflètent les délibérations qui se sont déroulées à différents niveaux dans le cadre du processus préparatoire à la Conférence. Il est demandé à la Conférence d’intégrer dans les résultats de ses travaux la déclaration et le programme d’action issus de ce Forum. La déclaration du Forum des ONG réaffirme que tous les droits de l'homme sont universels, indivisibles, interdépendants et inaliénables et que tous les êtres humains y ont droit, sans distinction aucune, y compris, notamment, du point de vue de l’appartenance à une caste. La déclaration du Forum des ONG souligne que l’esclavage, le commerce des esclaves, le colonialisme et l’occupation étrangère ont créé des injustices dont les conséquences continuent de se faire sentir jusqu’à aujourd’hui. Elle reconnaît le droit des victimes à une réparation sous toutes ses formes. La déclaration met l’accent sur les violations des droits de l'homme, la discrimination, la persécution dont sont victimes certains groupes cibles tels que les Roms, les Kurdes, les Juifs, les peuples du Caucase, de l’Asie centrale, de l’ancienne Yougoslavie et de la Tchétchénie.
La déclaration finale du Forum des ONG souligne que les autochtones sont détenteurs de droits individuels et collectifs parmi lesquels figurent le droit à l’autodétermination, le droit légitime d’exercer un contrôle sur leurs ressources, ainsi que le droit de transmettre aux futures générations à venir leurs territoires et identités ancestraux. La déclaration du Forum des ONG réaffirme en outre le droit à l’autodétermination de tous les peuples, y compris les peuples hawaïen, kurde et cachemiri, ainsi que les peuples de la partie occidentale de Sumatra, de la Papouasie occidentale, les Sri-lankais, les Tamouls, les Tibétains, les Roms et les peuples des territoires non indépendants des Amériques tels que Porto Rico, la Martinique et la Guadeloupe. La déclaration demande aux Nations Unies de mettre au point des mécanismes et procédures pour assurer la mise en œuvre de ce droit. Elle réaffirme en outre que les discriminations dont sont victimes les femmes réduisent leur capacité à jouir pleinement de tous leurs droits humains et que les structures patriarcales renforcent toutes les formes de discriminations à l’encontre des femmes.
Nous sommes préoccupés par l’impuissance des Nations Unies à faire face aux violations des droits de l'homme commises par des acteurs non étatiques, y compris les institutions financières internationales, les sociétés transnationales et les groupes fondamentalistes. Notre déclaration reconnaît le trafic d’êtres humains comme une forme contemporaine d’esclavage et souligne qu’il persiste à travers le monde dans plusieurs pays parmi lesquels la Mauritanie, le Soudan, le Cameroun et le Niger. Cette déclaration dénonce en outre les stratégies suivies par les accords internationaux qui, à l’instar de l’Initiative andine, du projet de Zone de libre-échange des Amériques et du Plan Colombie, génèrent –notamment- des déplacements internes massifs de populations. Nous reconnaissons en outre que les Roms sont défavorisés et confrontés à la discrimination.
La déclaration du Forum des ONG réaffirme en outre le droit des Palestiniens à l’autodétermination et au retour conformément à la résolution 194 des Nations Unies. Nous sommes en outre préoccupés par l’antisémitisme croissant qui mène à la violence et à la haine ainsi que par la discrimination et l’intolérance dont sont victimes les migrants à travers le monde.
Le représentant de l’International Youth Committee, présentant les conclusions du Sommet des jeunes qui s’est réuni à Durban les 26 et 27 août dernier contenues dans la déclaration de la jeunesse, a souligné le rôle principal que doit jouer la jeunesse, de concert avec la communauté internationale, dans le combat contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance. Aux termes de leur déclaration, les Jeunes, considérant que la jeunesse, en particulier les jeunes indigènes, les descendants africains, les populations rom et dalits, et certains groupes ethniques ont toujours été discriminés, exclus et marginalisés dans les processus de prise de décision à tous les niveaux, dans leurs Etats, avec pour conséquences de limiter leur pleine et active participation politique, économique, sociale et culturelle. Reconnaissant en outre l’existence de formes multiples de discrimination basées sur le genre, les infirmités, l’orientation sexuelle, les castes, l’origine ethnique, la nationalité, la classe, l’âge, la religion, la langue, les capacités sociales et économiques, les jeunes, animés par l’esprit d’amitié, de paix, d’harmonie et de fraternité ont lancé un appel à tous les jeunes du monde, aux gouvernements et aux acteurs non gouvernementaux, de s’engager dans le combat contre le racisme, la discrimination raciale et l’intolérance. Les grandes lignes du plan d’action adopté au Sommet international de la jeunesse prévoit des mesures dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, de la santé, de l’environnement, de la justice. Ils ont également proposé des mesures dans les domaines de la lutte contre la pauvreté, du partage des richesses de la mondialisation, dans les domaines des médias et des nouvelles technologies, de la défense des droits des minorités ou encore des violations basées sur des considérations sexospécifiques. Ils ont également fait des propositions concernant les droits de l’homme et la citoyenneté tandis que, s’agissant du colonialisme, de l’occupation étrangère et des nouvelles formes d’apartheid, les jeunes ont demandé à Israël de mettre fin à l’usage de la violence à l’endroit des Palestiniens. S’agissant enfin de l’esclavage, de la traite et du colonialisme, les Jeunes ont demandé des réparations et des compensations qui se traduiront par des aides dans les domaines éducatifs et de la santé, entre autres.
Le représentant de l’Australie a affirmé que son pays, tout en faisant siens les efforts des ONG de jeunes, regrette la référence faite à la situation au Moyen-Orient dans la déclaration adoptée par le Forum des Jeunes. Cette mention ne peut être acceptée par sa délégation.
La représentante de Women’s Caucus a préconisé que parmi les causes inhérentes de racisme, l’impact spécifique de l’esclavage, le colonialisme, les politiques d’immigration racistes, la mondialisation, et les conflits armés doivent être reconnus en tant que source fondamentale de la féminisation de la pauvreté et de la violence à l’encontre des femmes. Des mesures fermes et efficaces s’imposent pour faire face à la double discrimination, en insistant sur les droits civils, politiques, socioéconomiques et culturels fondamentaux. La mondialisation a conduit à la féminisation de la pauvreté extrême, qui est gravement exacerbée par une discrimination systématique contre les autochtones, les descendants d’Africains, les Africains, les Dalits, les Asiatiques et les autres femmes marginalisées en raison de leur race. Elle a appelé à l’adoption d’actions affirmatives efficaces pour répondre aux aspects socioéconomiques de discrimination et remédier aux violations des droits socioéconomiques concernant chacune des questions à l’ordre du jour de la Conférence mondiale.
Le Caucus insiste fermement sur la suppression dans le projet de programme d’action des crochets concernant la discrimination fondée sur le travail et l’origine. Les castes affectent en particulier les femmes dans ces communautés, dans la mesure ou la combinaison de caste et de sexe les rend plus vulnérables à l’exploitation et aux abus, entravant considérablement leur épanouissement. Le Caucus appelle également à l’adoption des dispositions sur les femmes dans les conflits armés et celles se trouvant sous occupation étrangère. Les gouvernements ne devraient pas exploiter les femmes dans la promotion des politiques d’immigration et de naturalisation xénophobes et racistes. Elles doivent bénéficier de la même égalité que les hommes. Soulignant que les jeunes femmes sont particulièrement vulnérables à toutes les formes de discrimination, le Caucus prie instamment les Etats à respecter et à promouvoir la liberté des femmes d’exercer leurs droits sexuels et de reproduction ainsi que leurs droits de bénéficier des normes de santé les plus élevés, en particulier les femmes de groupes marginalisés qui sont exposées à des risques ou celles affectées par le VIH/sida.
La représentante du Sexual Orientation Caucus a rappelé que le droit à la vie n’est pas accordé aux individus en fonction de leur orientation sexuelle. Chaque individu contribue à la vie de la société dans laquelle il évolue indépendamment de son identité ou de son orientation sexuelle. La déclaration et le programme d’action issus de la Conférence de Durban devraient reconnaître l’intolérance dont sont victimes certaines personnes du fait de leur orientation sexuelle et intégrer à cette fin le paragraphe proposé sur cette question par le Brésil.
La représentante de l’organisation Linkage Caucus a déclaré que l’esclavage, la traite et le colonialisme sont des crimes contre l’humanité qui doivent être condamnés. Elle a ajouté que la mondialisation est une nouvelle forme d’impérialisme et de colonialisme qui doit aussi être condamnée. Nous estimons que les médias ne doivent pas être utilisés pour véhiculer les stéréotypes racistes. Ils doivent fournir aux communautés des possibilités de s’exprimer de manière démocratique. Elle a estimé que la question de l’occupation étrangère devait faire l’objet d’un examen à cette Conférence dans la mesure où elle
constitue une violation flagrante des droits de l’homme et des libertés fondamentales comme c’est le cas en Palestine ou au Tibet. La représentante a également dénoncé le système des castes qui est aussi un système discriminatoire et défendu la cause des minorités. Elle a exhorté les Etats à respecter les enjeux de cette Conférence et à tout faire pour parvenir à un programme d’action efficace et réaliste, avant de plaider en faveur d’un mécanisme de suivi qui garantira la mise en œuvre des décisions prises à Durban.
La représentante des Religions and Spiritual Caucus a estimé que les chefs religieux doivent jouer un rôle important pour encourager la réconciliation et non pas chercher à inciter à la haine et à la discrimination. Les valeurs morales qui doivent marquer ce siècle doivent également comprendre la tolérance et la diversité.
La représentante du Sénégal a déclaré qu’elle avait écouté avec beaucoup d’attention le rapport du Forum des ONG présenté par la représentante de l’International Steering Committee et a salué le rôle joué par les ONG en matière de lutte contre le racisme. Elle a toutefois souhaité clarifier une chose étant donné que le paragraphe 52 de la déclaration adoptée par le Forum des ONG mentionne le Sénégal en affirmant que les griots dans ce pays ferait l’objet d’une discrimination. Ceci est absolument faux, a-t-elle assuré, puisque les griots sont même considérés au Sénégal comme les gardiens de la Constitution et la mémoire de la tradition familiale.
Les représentants de l’organisation Education Caucus ont déclaré que l’éducation devait se fonder sur des valeurs humaines inhérentes à chaque individu et qui doivent se transformer en attitudes sociales. Ils ont estimé que les jeunes doivent recevoir une éducation qui leur inculque un respect de la dignité humaine et souhaité que des programmes artistiques et culturels soient introduits dans les cycles éducatifs. Ces programmes permettraient aux jeunes d’appréhender les rapports avec les autres dans la sérénité, la dignité et la tolérance. Ils ont appelé les gouvernements à tenir compte de l’éducation dans leurs programmes de lutte contre le racisme.
Le représentant de l’International and Oecumenical Caucus a estimé que les églises doivent reconnaître leur complicité et leur participation dans la poursuite du racisme, l’esclavage et le colonialisme. Concernant les questions de l’esclavage, du colonialisme, de l’apartheid et des réparations, il est essentiel pour nos églises et nos gouvernements de reconnaître qu’ils ont bénéficié de l’exploitation des Africains et de leurs descendants, des Asiatiques et des populations autochtones. S’agissant de la question de Palestine, le Caucus appelle à mettre fin à l’occupation par Israël des territoires palestiniens et à leur permettre d’exercer leur droit à l’autodétermination, y compris le droit au retour et la création d’un Etat palestinien souverain. De même, les droits des Dalits doivent être reconnus. Des mécanismes mis en place par les Nations Unies, les gouvernements et la société civile doivent être mis en place en vue d’interdire et de rétablir les injustices commises sur la base du travail et de l’origine. En outre, toutes les entités doivent être solidaires avec les populations autochtones dans leur lutte pour l’autodétermination et leurs efforts visant à édifier des communautés stables et pacifiques, tout en préservant leurs cultures et ressources.
La représentante du Disability Caucus a relevé l’étrange absence des handicapés des travaux de cette Conférence. Il aurait pourtant été bon que soit rappelé au monde les situations de marginalisation et d’exclusion voire d’élimination dont sont victimes les personnes handicapées à travers le monde. Ces personnes –qui représentent 10% de la population mondiale- doivent pouvoir jouir des mêmes droits que tout autre individu. Or elles sont particulièrement vulnérables à la discrimination. Aussi, le Disability Caucus souhaite-t-il que soit appuyée la proposition du Mexique visant l’élaboration d’une convention internationale complète destinée à protéger les droits des personnes handicapées.
La représentante de l’African Descendants Caucus a précise que son organisation regroupe des Africains et des descendants d’Africains résidant aux Etats-Unis, au Canada, en Europe et en Amérique latine. Elle a condamné le retrait des Etats-Unis des travaux de la Conférence contre le racisme et a regretté que certaines questions aient été introduites dans les réunions officieuses et se traitent au détriment et à l’insu de la grande majorité. Elle a rappelé que l’histoire des Etats-Unis était liée à l’esclavage et à la traite qui ont alimenté la richesse de cette grande puissance. Elle a estimé que le Gouvernement des Etats-Unis, en quittant Durban, avait manqué de respect aux millions d’Américains d’origine africaine qui ont été victimes de l’esclavage et de la traite, ainsi qu’aux Africains. Elle a regretté que les questions de l’esclavage et des réparations aient été étroitement associées par les Etats-Unis à celle des Palestiniens et du Moyen-Orient et a accusé le Gouvernement américain de vouloir ainsi esquiver les questions essentielles et se soustraire à leurs responsabilités. Elle a souhaité que les questions telles que la traite des esclaves, le colonialisme et les réparations ne soient plus traitées en informelles mais en Groupe de travail afin d’être reflétées dans les documents finaux de la Conférence.
Les représentants de Indigenous Peoples Caucus (Afrique, Amérique du Nord, Pacifique, Arctique, Asie et Amérique centrale et du Sud) ont regretté la place qui a été accordée aux populations autochtones dans le projet de déclaration finale de la Conférence mondiale. Si les deux paragraphes discriminatoires qu’il contient sont maintenus, alors ce sera l’échec de tous les efforts accomplis pour tenir la Conférence de Durban. Ces deux paragraphes sont contraires aux droits de l’homme universellement reconnus. Il est impératif que la Conférence supprime la référence à l’intégrité territoriale qui est faite aux paragraphes 26, 27 et 51 du projet de déclaration. Les Etats Membres des Nations Unies refusent de reconnaître les populations autochtones en tant que telles et les assimilent à des réfugiés. Les dispositions actuelles du projet de déclaration indiquent que les droits des populations autochtones seront négociés sur le plan international or les droits de l’homme ne sont pas négociables. Si les populations autochtones sont soumises à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des Etats, elles ne seront pas en mesure d’exercer librement leurs droits. Dans les conférences, la participation des représentants des populations autochtones est limitée aux gestionnaires et conseillers et elles ne sont pas consultées pour les décisions les concernant. Les populations autochtones appellent les Etats à tout faire pour éliminer le racisme institutionnel. Grâce à une participation égale au processus de développement et à la protection de l’environnement, les gouvernements et les populations autochtones pourront trouver des solutions appropriées dans ces domaines. Les Etats ne doivent pas redéfinir le droit à l’autodétermination des populations autochtones. Les populations autochtones demandent réparation aux pays dont ils relèvent afin qu’elles puissent exercer leur droit à l’autodétermination.
La représentante du Mexique a indiqué que son pays est convaincu de la justesse des revendications des peuples autochtones qui veulent que tous leurs droits soient reconnus. L’intense débat sur la question, au Mexique, procède de la reconnaissance que les craintes des autochtones ne sont pas sans fondement. Le Mexique ne ménagera aucun effort pour assurer la promotion et la protection des droits des peuples autochtones. Il s’agit là d’un défi constant qui ne pourra être relevé qu’à l’issue d’efforts graduels.
Le représentant du Tibetan Centre for Human Rights and Democracy a déclaré que l’occupation étrangère est une forme de crime contre l’humanité abominable et a condamné la conduite des autorités chinoises au Tibet et dans d’autres régions où les minorités sont discriminées. Il a dénoncé l’implantation de colons chinois au Tibet, et les mesures de contrôle des naissances au Tibet par l’occupant. Il a condamné la discrimination et les transferts de populations chinoises au Tibet. Il a demandé à la Conférence de reconnaître que le Tibet comme une colonie chinoise et à condamner les discriminations infligées par le régime communiste chinois sur les minorités.
Le représentant de l’Organization for Defending Victimes of Violence (ODVV-Iran) a demandé aux délégations d’accorder une attention toute particulière aux femmes et enfants dans les situations de conflits et dans les territoires occupés. Les formes contemporaines de racisme et de discrimination raciale doivent être combattues par des mesures fermes et efficaces.
Le représentant du Centro de Culturas Indias y del Taller Permanente de Mujeres Indigenas Andinas y Amazonias del Peru - CHIPARAQ (Centre de cultures indiennes et de l’atelier permanent des femmes autochtones andines et amazoniennes du Pérou) s’est identifié comme membre de la communauté quechua du Pérou, victime, dans ce pays, de déplacements internes à grande échelle. Il a dénoncé la violence politique qui, au Pérou, prend particulièrement pour cibles les quechuas. Cette violence a déjà provoqué la mort ou la disparition de plus de 25 000 personnes ainsi que le déplacement à l’intérieur du pays de près de 60 000 autochtones. Les autochtones souffrent au Pérou de discrimination et d’exclusion sociale. Cette Conférence devrait mettre l’accent sur la question des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Il convient en outre de mettre l’accent sur la situation des femmes touchées par la violence en Colombie et au Pérou, qui luttent pour surmonter cette violence tout en continuant de s’occuper de leurs enfants.
La représentante de Mehr White Home a expliqué que son organisation non gouvernementale défend les droits de l’homme en République islamique d’Iran. Elle a proposé des mesures d’éducation visant à promouvoir le respect mutuel, l’éducation interculturelle et à faire valoir les principes de diversité et de tolérance. Elle a fait observer que les hommes avaient été créés égaux par Dieu. Elle a déclaré que les livres scolaires devaient refléter la diversité. Aussi, a-t-elle estimé qu’une stratégie visant à inculquer aux enfants et aux adolescents les valeurs de tolérance devait faire l’objet d’une attention particulière dans le programme d’action de la Conférence.
Le représentant de Suara Rakyat Malaysia (SUARAM) a fait observer que les violences ethniques sont la manifestation la plus courante de discrimination raciale qui frappe la Malaisie. Des mesures sont toutefois prises par le Gouvernement pour garantir les mêmes droits à toutes les communautés ethniques du pays. Une politique d’action affirmative a été adoptée pour améliorer la situation de certains groupes ethniques. En dépit de ces efforts, on constate que, dans les domaines de l’agriculture, de l’éducation et de la vie publique, deux millions de personnes subissent les discriminations fondées sur la race et l’origine. D’autres facteurs aggravent parfois ces discriminations.
Le représentant du Centre for Development Alternatives a souligné qu’il ne manque que quatre ratifications pour que la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles puisse entrer en vigueur. Non seulement cet instrument protège les travailleurs migrants mais il protège également les pays récepteurs contre l’immigration clandestine. C’est pourquoi tous les États devraient s’efforcer de mettre en œuvre les dispositions de cette Convention. En particulier, il serait judicieux que les six États qui ont parrainé une résolution sur la question devant la Commission des droits de l'homme de l’ONU ratifie cette Convention, ce qu’ils n’a pas encore été fait. Il conviendrait en outre de se pencher sur les pratiques des sociétés transnationales sous l’angle de la problématique associée aux travailleurs migrants.
Droits de réponses
Le représentant de la Chine a exercé son droit de réponse et a regretté les distorsions présentées par certaines organisations non gouvernementales contre la Chine. Il a rappelé le caractère démocratique de la Chine qui respecte les loi et abrite 56 communautés qui vivent dans l’harmonie, l’égalité et l’unité, y compris les Tibétains. Il a poursuivi que tout le monde en Chine profite des efforts de développement tandis que les citoyens bénéficient de la liberté religieuse, de culte et de mouvement. La Chine accueillera les Jeux Olympiques qui seront l’occasion pour les citoyens du monde entier de constater ces réalités.
Le représentant de la Mauritanie a rappelé que les objectifs de la Conférence de Durban sont tels qu’il serait regrettable de la transformer en foire d’invectives. Le porte-parole du Forum des ONG a fait état de trafic de personnes et de travail forcé. Ces allégations sont fallacieuses. En 1984, le Comité des droits de l’homme avait conclu que ces allégations étaient infondées. L’histoire a montré que la Mauritanie a instauré une démocratie pluraliste fondée sur le respect des droits de l’homme. Le Gouvernement a déployé des efforts considérables visant à accélérer le développement en insistant sur la protection et la participation des groupes vulnérables. La Mauritanie est un pays ouvert, transparent et démocratique.
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